Le jugement est un frein à la comprehension de l'autre, voire même une barrière totale. Une entité incarnée, ou un être vivant, est d'une telle complexité sur les plans biologiques et spirituels que passer toute notre vie à étudier ne serait-ce qu'un seul individu serait insuffisant pour prétendre à le connaître, tout simplement parce qu'on ne l'incarne pas. Par exemple, nous vivons tous avec de petites (au mieux) douleurs dans notre corps (physique ou énergétique) desquelles nous nous sommes habitués depuis longtemps. Imaginez un instant échanger de corps avec quelqu'un, vous ressentiriez immédiatement ces douleurs, et même sur quelqu'un en bonne santé cela pourrait devenir incapacitant.
Dès l'instant où mon mental émet un jugement de valeur, je ne peux que l'accepter, car c'est un mécanisme qui vient de la différence d'images entre deux êtres. Je superpose à la réalité et aux êtres des images, qui sont en lien avec l'image que je me fais de l'image qu'ont les autres êtres doués de conscience de moi. Cette image de l'image que les autres ont de moi s'est construite au travers de tout ce que les autres m'ont renvoyé à moi comme ce que j'ai interprété comme étant mon image. C'est donc une somme très complexe d'interprétations, compilée et mixée sur toutes nos années de vies, à telle point qu'elle semble avoir une réelle substance. Or, il apparaît qu'une intéterprétation est systématiquement sujette à la remise en question, au doute.
Alors, comment se baser sur cette image comme fondement solide et concret pour pérenniser notre compréhension de l'autre ? Il semble évident qu'il nous faille se passer de ça, au vu de sa fragilité. Cette construction friable du mental possède tout de même une vocation pratique : étant donné qu'elle est l'image d'une image, il est tout à fait possible de faire notre image de l'image de cette image, et si vous m'avez suivi, on peut boucler à partir de là jusqu'à l'infini, et de fait faire exploser la vérité : cette image n'existe pas : tout jugement sera invariablement faux et de peu voire pas d'intérêt. En outre, l'outil (le mental) qui est à la base de sa création est capable de sa destruction.
Le seul intérêt réside dans le fait que les êtres (je ne m'en exclue pas pour un sou) qui peuplent notre chère Babylone ont tous un égo très fort, et que pour des raisons pratiques il est à l'heure actuelle préférable de le garder sur des niveaux toujours plus bas, pour être équipé au minimum mais ne pas suivre la tendance qui veut faire gonfler l'égo à tout prix, phénomène extrêmement nuisible pour tout le monde. En revanche, travailler à le rendre constamment plus petit permet de s'entraîner à vivre de la sorte, exactement comme un programme de sevrage progressif. Et peu à peu, on sort du brouillard, mais il faut laisser les yeux s'habituer à la lumière pour ne pas les brûler. Un trop plein de lumière peut être tout aussi nuisible qu'un égo surdimensionné pour l'entité que nous incarnons dans l'instant présent.
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