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Guest
Pour certains, déjà petits ils en avaient déjà marre. Et pourtant la déprime est présente en chacun de nous, parfois sans que nous nous en rendions compte, comme il est possible de vivre sa vie mélancolique sans nécessairement s’en sentir malheureux.
Je ne veux pas à proprement parler de dépression, parce que c’est un état maladif chronique, ayant des causes diverses comme la génétique ou l’environnement social, et dont il est difficile de sortir sans une aide extérieure ou un traitement approprié. Je souhaite plutôt m’intéresser aux phases mélancoliques de notre quotidien, sur ces petits états de déprime communs, pendant lesquels notre tristesse nous fait opérer un repli sur soi, accompagné d’une baisse d’activité physique et cérébrale. Considérant alors que tout est vain et futile, nous n'enchainons plus nos joies de manières nécessaires en n’arrivant plus à évoluer avec continuité dans une légèreté faite d’allégresse, où une bonne estime de soi apporte la motivation nous poussant à agir de manière éthique et morale. En d’autre terme, nous nous abaissons à rabaisser autrui ou nous même, ayant perdu la valeur du respect que l’on doit à nos contemporains, ainsi qu’à soi.
D’un point de vue cognitif et psychomoteur, dans la déprime apparaissent des difficultés de concentration et une baisse de l'attention, il s’agit d’un ralentissement global de sa personne, pouvant aller jusqu’à un abattement total. Comme lors d’une dépression, sur le plan somatique, on peut constater une perte de l’appétit et des sensations de fatigue brusque ou récurrente, soit une perte d’énergie liée à un manque évident de motivation : c’est la porte ouverte à tout type de procrastination. Psychologiquement, une faible estime de soi n’aide pas à combattre ses sentiments de honte et de culpabilité, grandissant lorsque nous nous sentons tout petit dans la tristesse, et qu’il ne nous reste alors plus qu’à s’oublier sur Netflix ou autres réseaux sociaux.
Mon point de vue est que ce n’est pas grave de déprimer. C’est une tendance naturelle, et quitte à devoir se sentir triste le temps du coup de mou, autant bien déprimer pour en tirer avantage.
Moralement il ne faut pas avoir honte ou se sentir coupable d’aller mal, parce que nous idéalisons un bonheur auquel nous voulons absolument nous identifier pour être bien vu, même si nous ne savons pas réellement de quoi il est question. L’extravagance et l’énergie que certains mettent à paraitre heureux ou occupés à vivre une vie bien remplie, notamment sur les réseaux sociaux, témoignent de leur véritable tristesse. Ils n’acceptent pas l’ennui ou l’insignifiance de leur existence, et leur narcissisme les poussent à s’exhiber selon des codes pré-établis sur différentes plateformes, pour gagner en hypothétique reconnaissance, de la visibilité ou des «likes» par exemple. Après tout il faut bien vivre avec son temps, et en travaillant à l’économie de notre propre personne, il est plus simple de paraitre heureux ou amusé que de s’avouer déprimer, en ne regardant que le côté brillant d’une même médaille.
Le seul moment où il est grave de déprimer, c’est lorsque nous nous stabilisons dans un état dépressif et que nous souffrons chroniquement de manière psychique ou physique. Donc seul l’état pathologique peut légitimer le fait de se sentir coupable de déprimer, parce qu’il s’agit d’une réelle maladie nécessitant une prise en charge particulière. Ce qui moralement est inacceptable, est de se servir indirectement de sa tristesse pour justifier une flemmingite aiguë, une jalousie déraisonné ou des accès de colère impulsifs, parce que l’on se laisse aller par facilité à ses passions, ne sachant pas les gérer faute de les reconnaitre et se les avouer. Plus désespérant encore quand il s'agit de pertes de valeurs, prenons le syndrome du nihiliste ne croyant plus en rien, perdu quant à ce qu’il doit penser et dire pour faire partie de la mouvance et ne pas se sentir exclu du groupe. Notons deux sortes d’expressions de déprime : le repli individuel dans l'orgueil, et l’expansion vaniteuse de sa personne dans le groupe. Toutes deux résultant de notre égocentrisme.
L’orgueilleux sait rester cordial en société tout en s’abandonnant intérieurement à la critique d’autrui, le dévalorisant afin de mieux se valoriser. Cette auto-suffisance travaille en concordance avec ses faiblesses, puis-qu’ayant une haute d’estime de lui même, celle-ci le pousse à s’afficher supérieur parce que justement, il se sent inférieur. Et bien que dans son espace social, il paraisse fort et maitre de son environnement, peu être que plus qu’un autre, la peur qu’il a de lui même et de l'avis de ses contemporains sur sa personne, le fait se perdre entre l’idée qu’il se fait de lui même, l’image idéale qu’il renvoie aux autres, et la personne qu’il est véritablement. La préservation de son égo débordant, repose sur un équilibre précaire composé de nombreux masques, mais le plus tragique est qu’après avoir donné le change en société, son orgueil lui masque à lui même sa nature peureuse, qui par déprime le fait ruminer jalousies, envies, frustrations, et autres passions tristes sans qu’il en soit pleinement conscient.
Le vaniteux est moins discret, il a compris que le ridicule ne tuait pas et ose faire rire en exposant son humour plus ou moins subtil dans les conversations. Sa compagnie pouvant être agréable et sympathique, l'excès de vanité peut le pousser à se transformer en un troll avide de confrontation en tout genre, allant de la blague fédératrice, à un déballage de ses états d'âme ou de ses avis, créateurs de tension quand son égo frôle le burn out. Le but n’étant pas nécessairement de plaire ou vexer, mais simplement d’être vu et entendu. Ses motivations ne servant souvent à pas grand chose d’autre que combler un vide ou un silence qu'il redoute, parce qu'il se retrouverait alors face à lui-même, il est parfois navrant de constater la détresse dans laquelle se trouve le vaniteux, qui ne se sent exister que momentanément, le temps de sa prise de parole. Il agit de la sorte pour s’affirmer, afin de parer à sa tristesse faute d’avoir assez d’intériorité pour se contenter de lui même comme le ferait l'orgueilleux. Vous aurez compris que les réseaux sociaux et les lieux publics regorgent de vaniteux, partageant spontanément ce qui les touchent, en pensant qu’autrui partagera aussi ses ressentis. A ce stade là rien de bien pesant, je parle de vous et de moi menant une banale conversation, le problème survient plutôt dans les excès de vanité, lorsque sans réponse d’un public lassé d'extraversion, le vaniteux va jusqu’à s’auto liker ou commenter sa propre publication, allant jusqu’au bout du processus d’affirmation de son ressenti, toujours alimenté par une déprime agissant inconsciemment (en d’autres circonstances, on peut dire qu’ils en ont clairement trop prit).
Dans les deux cas nous nous distançons de notre être en jouant des rôles formatés par les modes et tendances, quitte à passer pour des clichés, cherchant à nous protéger de la souffrance induite par notre déprime, qui est source d’actions inadéquates à notre évolution émancipatrice. L’action de juger à tout va n’est que rarement constructive puisqu’elle entretient un ressentiment néfaste à son propre bien être, et faire du buzz ou y participer pour se distraire est purement éphémère comme il n’en ressort rien de concret. Mais si le souvenir d’avoir rigolé, ou d’avoir juste passé le temps est agréable, la nostalgie qui s’en suit nous ramène à notre tristesse, à moins d’en rire de nouveau, mais alors nous ne faisons que ressasser le passé, nous répétant une comédie sans que nous nous sentions véritablement heureux. Pour aller plus loin en observant les manières dont s’expriment l’orgueil et la vanité, nous nous rendons compte qu’à différents degrés d’intensité, nous véhiculons tous de l’animosité envers les individus ne pensant pas comme nous, nous faisons au pire preuve d’apathie, au mieux preuve de sympathie en étant compatissant, mais nous délaissons trop souvent l’empathie en ne nous mettant pas à la place d’autrui. Nous envisageons le monde dans nos perspectives égocentriques à l’échelle de l’individu, et ethnocentriques à l’échelle d’une nation, restant sur la défensive parce que nous ne comprenons pas, ne pouvons pas comprendre, ou ne voulons pas comprendre ce qu’il se passe à côté de nous, mais aussi en nous.
Selon moi c’est faire preuve de lâcheté que de s’adonner à ses bas instincts en étant moqueur, haineux ou tout le temps accablés, surjouant nos vies comme des téléfilms, dans lesquels nous nous mettons en scène en nous faisant passer pour des gens cools, ou des victimes à plaindre. Nous passons notre temps à nous déresponsabiliser des situations dans lesquelles nous nous sommes pourtant mis de nous même, et il est trop facile de s’abstenir de faire des efforts pour et par soi, en trouvant des excuses extérieures à nos choix et à nos actes. Le nihilisme contemporain alimenté par notre déprime collective, a fait de cette inactivité physique et cérébrale une norme, nous rendant morne et de plus en plus asservis à un système, que nous critiquons pourtant. Notre je-m’en-foutisme d’individualistes ne se prononçant plus que pour dire si nous aimons ceci ou n’aimons pas cela, faute d’avoir appris à réfléchir et penser en dépassant notre subjectivité, nous fait ré-agir à des stimulations émotionnelle, croyant agir selon notre bon vouloir. Cela se voit lorsque le vaniteux poste une photo de lui avant, pendant et après son footing, ou qu’une partie des occidentaux se disent Charlie en changeant leurs avatars, affichant de la compassion et prônant des valeurs éthiques et morales, avant de retourner à leurs activités personnelles. Le changement, ce n’est pas pour maintenant, la saison 16 de Games Of Thrones est enfin dispo, on verra plus tard pour réaliser nos belles idées.
On comprend alors que la consommation croissante de stupéfiant est une résultante de ces constatations. Que ça soit dans une optique récréative parce que notre quotidien est déplaisant, ou ne nous suffit pas, ou dans une optique méditative pour se retrouver soi même, la déprime est l’initiatrice de notre volonté de nous oublier dans l’extase, ou de se retrouver dans l’introspection. L’intention étant de dépasser son mal-être, en en faisant abstraction dans une dynamique sociale de type extravertie, ou en s’y confrontant dans une dynamique d’introversion. Mais au delà de nos angoisses existentielles, de nos faiblesses individuelles et de nos névroses personnelles, notre culpabilité inconsciente à vivre joyeusement dans un monde en guerre, où la violence et la mort sont omniprésentes, ne nous aide pas à nous sentir heureux. L’iniquité et les inégalités évidentes de notre société capitaliste ne peuvent que nous faire déprimer si nous ne fermons pas les yeux sur les réalités du quotidien. Aussi se rendre compte que nous sommes déterminés à consommer du divertissement en petits chats attendrissant ou en divers médias plus ou moins abrutissant, faisant preuve d’apathie sur la situation globale du monde, est une première étape vers une prise de conscience nécessaire à la connaissance de soi et de son environnement, pour se sortir de ses schémas répétitifs et inutiles puisque n'apportant qu'une fausse joie masquant une véritable déprime. Non pas qu’il ne faille pas se divertir devant une sitcom ou un jeu vidéo, le problème que je cherche à cibler est d’occuper son temps libre à ne faire que ça, faute de savoir canaliser son énergie dans des activités favorisant ses passions joyeuses.
En m'appuyant sur une partie de L’Éthique de Spinoza, je vous propose une vulgarisation de sa vision des passions, envisageant de se sortir de ses passions tristes pour accéder à ses passions joyeuses via à une meilleure connaissance de soi :
- Comprendre que l’on n'est pas libre
La liberté selon Spinoza ne consiste pas à croire que l’on mène sa vie en étant maitre de nos choix, mais à connaitre les mécanismes nécessaires qui nous déterminent, qui ne peuvent être autrement qu’ils sont, en dépit de notre volonté. Je contrôle donc partiellement ma vie lorsque j’accepte que je suis cause de moi même, et que j’en perçois clairement et distinctement les effets en étant actif. Je prends alors des décisions rationnelles en assumant pleinement mes choix.
A contrario, lorsque je suis sujet à des passions, et que je ne n’assume pas être la cause entière de mes choix, j’agis de manière passive, sans me rendre compte de la portée de mes actes. Par exemple si la drogue me procure une sensation de puissance, cette puissance-là est passive puisque je suis aliéné à l’objet qui me donne la joie, et la sensation d’extase peut s’avérer destructrice sans que j’arrête pour autant de consommer de manière abusive ou régulière, puisque je ne contrôle pas mes pulsions et envie de consommer faute de comprendre le mécanisme psychique me poussant à me droguer.
Connaissance intuitive et vie affective sont donc entre mêlées. Mieux nous nous connaissons, et moins nous subissons, parce que subir est désagréable, quand agir ou comprendre est mentalement et physiquement unifiant. L’adéquation entre nos passions et notre raison procure une énergie vitale à notre bien être, en nous permettant de sortir de notre passivité.
- Déprimer est naturel, il faut accepter que ses passions font parties intégrantes de notre être, même si la morale tend à les refouler.
Vouloir mater ses passions et désirs, revient à affaiblir la seule force vitale avec laquelle on est susceptible d’avancer dans la vie. Il ne faut pas imaginer l’homme comme étant capable d’échapper à sa nature animale, parce qu'il est vain de traiter ses passions comme des maladies à éradiquer. L’homme est nécessairement toujours soumis aux passions, suivant l’ordre commun de la nature et lui obéissant, plus ou moins conscient de ne pas être le centre du monde.
Il est difficile de se rendre compte de son égocentrisme lorsque nous sommes encore jeunes, ainsi les passions qui gagnent ne sont pas forcément les meilleures, parce que l’immaturité pousse à la facilité, à agir de manière compulsive afin de kiffer le plus intensément possible, quitte à remettre en cause ses valeurs morales et sa santé. Effectivement le plaisir immédiat l’emporte sur les décisions sages et comme le disait Horace : « Je vois le meilleur et je l’approuve, mais je fais le pire». La vie triste d’individu envieux et désireux, rend les individus impuissants, parce qu’elle les maintient dans des schémas répétitifs, qui ne les aident pas à grandir, ou s’en sortir.
- Comprendre quels déterminismes nous poussent à déprimer en restant inactif.
Les passions tristes nous transcendent et sont responsables de notre déprime. Du nationalisme au dogmatisme, la colère que l’on retrouve chez de nombreux individus en est une autre. Le désir de conquête amoureuse pour ne pas parler de domination ou de soumission sexuelle, ou la dépendance aux drogues ou aux réseaux sociaux et autres jeux vidéos, sont autant de restrictions de ma puissance d’agir, autant de tristesses grimées en enthousiasmes procurant un plaisir à partir d’une souffrance. La forme la plus perverse étant le masochisme, en recherchant directement le plaisir dans la souffrance, sans même chercher à se l'épargner.
A ce niveau là il ne s’agit pas de juger moralement si c’est bien ou mal, mais de se rendre compte si nos pratiques sont bonnes ou mauvaises pour nous ? en sachant que nous jugeons bonne une chose qui nous procure du plaisir, reste à savoir si notre perception de ce plaisir est en adéquation avec nos idées, nos passions, et la connaissance qu’on en a, ou si on s’autodétruit inconsciemment ?
Connaitre notre propre fonctionnement et celui du réel, lesquels obéissent à des lois strictes, nous procure un certain contrôle vis à vis des décisions que nous prenons. Cette maitrise de soi et de son environnement rend à la fois plus puissant et plus heureux, sans que nous nous blâmions avec des morales dénuées d’un sens éthique, des morales à deux balles qui nous asservissent d’autant plus que nous cherchons à réprimer nos passions, au lieu de composer avec.
- Gagner en objectivité pour se sortir de ses passions tristes en comprenant quels déterminismes nous influencent.
(Je met entre guillemet ma source)
"Toute joie est le sentiment qui accompagne l’accroissement de notre puissance. Il ne faut pas chercher à éradiquer ses points faibles et ce que l’on ne veut pas voir chez soi, mais à fortifier nos points forts et travailler sur nos faiblesses en acceptant l’erreur. Spinoza invite à connaitre ses désirs, de manière à accorder ses affects et ses idées, et à adhérer à la vie que l’on mène. La béatitude en est la récompense au lieu de continuer à errer dans la mélancolie. On peut vivre une vie entière dans laquelle nos affects et nos idées ne s’articulent pas ou mal. On prône la paix, mais avec un cœur plein de colère, on prétend s’appuyer sur la raison alors que l’on est en proie aux émotions les plus vives, on croit aimer alors qu’on est dominé par la haine. Tout l’enjeu est donc de retrouver une unité de sa vie affective et de sa vie rationnelle. Et cette unité, on ne peut la trouver que dans la juste compréhension de son désir en tant que double source de nos émotions et de nos pensées. On ne peut pas décider de soi-même sans se connaitre, donc sans connaitre ses désirs."
- Se servir de sa déprime pour aller chercher en nous des ressources nous permettant de rebondir sur nous même.
"Faire l’expérience d’une idée vraie, n’importe laquelle dans n’importe quel domaine, cela veut dire que tout son être est emporté par une joie qui enfin apparait comme un affect nécessaire et en propre, donc qui ne m’aliène pas à un objet extérieur. D’un point de vue éthique, l’intérêt d’une idée vraie est de faire ressentir une puissance d’un type particulier. L’idée vraie, l’expérience de la vérité, est la seule qui libère univoquement, sans prix à payer, sans «descente» ou gueule de bois, parce qu’on ne dépend plus de l’objet extérieur en pensant sa vérité."
- Cultiver son esprit et rester actif en réalisant ses idées, se satisfaisant d’un résultat concret et d’un travail bien fait.
"La liberté spinoziste consiste ainsi à rejeter les mauvaises passions, celles qui nous rendent passifs, au profit des passions joyeuses, celles qui nous rendent actifs, et par conséquent autonomes. Décider de soi, ce n’est pas choisir sa vie comme un étalage de super marché, c’est plutôt être aux aguets comme un animal pour que, le moment venu où quelque chose s’entrouvre de la vérité, on soit capable de poursuivre ce mouvement de l’intelligence plutôt que de retomber dans ses passions ordinaires." Le but étant d'advenir à soi même, et non d'être conforme à l'idée qu'un tiers se fait de notre vie, trop souvent on fait ce que papa ou maman veulent, mettant de côté ce qui nous anime de l'intérieur.
Je ne dis pas qu'il faille se tuer à la tâche, et oublier de vivre sans prendre de temps pour soi, en se culpabilisant de ne rien faire, mais de se sortir de nos routines quand elles nous font tourner en rond sans en tirer plus de bénéfices qu’une simple occupation, jusqu’à ce que l’on retourne travailler le lendemain. Il s’agit de voir les choses de manière à comprendre son environnement et sa personne, pour mieux s’accepter en vivant le plus harmonieusement sa vie. Il est aussi question de dépasser nos petites susceptibilités, comprenant que nous sommes notre propre premier obstacle à franchir. Ce plus grand dépassement de soi nécessite une connaissance approfondie de sa nature humaine, de ses besoins passionnels, et de ce dont l’on est capable, parce que nous sommes des êtres responsables face aux exigences des épreuves imposées par la réalité. L’ambition de Spinoza étant de «Ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas détester, mais comprendre».
Je ne veux pas à proprement parler de dépression, parce que c’est un état maladif chronique, ayant des causes diverses comme la génétique ou l’environnement social, et dont il est difficile de sortir sans une aide extérieure ou un traitement approprié. Je souhaite plutôt m’intéresser aux phases mélancoliques de notre quotidien, sur ces petits états de déprime communs, pendant lesquels notre tristesse nous fait opérer un repli sur soi, accompagné d’une baisse d’activité physique et cérébrale. Considérant alors que tout est vain et futile, nous n'enchainons plus nos joies de manières nécessaires en n’arrivant plus à évoluer avec continuité dans une légèreté faite d’allégresse, où une bonne estime de soi apporte la motivation nous poussant à agir de manière éthique et morale. En d’autre terme, nous nous abaissons à rabaisser autrui ou nous même, ayant perdu la valeur du respect que l’on doit à nos contemporains, ainsi qu’à soi.
D’un point de vue cognitif et psychomoteur, dans la déprime apparaissent des difficultés de concentration et une baisse de l'attention, il s’agit d’un ralentissement global de sa personne, pouvant aller jusqu’à un abattement total. Comme lors d’une dépression, sur le plan somatique, on peut constater une perte de l’appétit et des sensations de fatigue brusque ou récurrente, soit une perte d’énergie liée à un manque évident de motivation : c’est la porte ouverte à tout type de procrastination. Psychologiquement, une faible estime de soi n’aide pas à combattre ses sentiments de honte et de culpabilité, grandissant lorsque nous nous sentons tout petit dans la tristesse, et qu’il ne nous reste alors plus qu’à s’oublier sur Netflix ou autres réseaux sociaux.
Mon point de vue est que ce n’est pas grave de déprimer. C’est une tendance naturelle, et quitte à devoir se sentir triste le temps du coup de mou, autant bien déprimer pour en tirer avantage.
Moralement il ne faut pas avoir honte ou se sentir coupable d’aller mal, parce que nous idéalisons un bonheur auquel nous voulons absolument nous identifier pour être bien vu, même si nous ne savons pas réellement de quoi il est question. L’extravagance et l’énergie que certains mettent à paraitre heureux ou occupés à vivre une vie bien remplie, notamment sur les réseaux sociaux, témoignent de leur véritable tristesse. Ils n’acceptent pas l’ennui ou l’insignifiance de leur existence, et leur narcissisme les poussent à s’exhiber selon des codes pré-établis sur différentes plateformes, pour gagner en hypothétique reconnaissance, de la visibilité ou des «likes» par exemple. Après tout il faut bien vivre avec son temps, et en travaillant à l’économie de notre propre personne, il est plus simple de paraitre heureux ou amusé que de s’avouer déprimer, en ne regardant que le côté brillant d’une même médaille.
Le seul moment où il est grave de déprimer, c’est lorsque nous nous stabilisons dans un état dépressif et que nous souffrons chroniquement de manière psychique ou physique. Donc seul l’état pathologique peut légitimer le fait de se sentir coupable de déprimer, parce qu’il s’agit d’une réelle maladie nécessitant une prise en charge particulière. Ce qui moralement est inacceptable, est de se servir indirectement de sa tristesse pour justifier une flemmingite aiguë, une jalousie déraisonné ou des accès de colère impulsifs, parce que l’on se laisse aller par facilité à ses passions, ne sachant pas les gérer faute de les reconnaitre et se les avouer. Plus désespérant encore quand il s'agit de pertes de valeurs, prenons le syndrome du nihiliste ne croyant plus en rien, perdu quant à ce qu’il doit penser et dire pour faire partie de la mouvance et ne pas se sentir exclu du groupe. Notons deux sortes d’expressions de déprime : le repli individuel dans l'orgueil, et l’expansion vaniteuse de sa personne dans le groupe. Toutes deux résultant de notre égocentrisme.
L’orgueilleux sait rester cordial en société tout en s’abandonnant intérieurement à la critique d’autrui, le dévalorisant afin de mieux se valoriser. Cette auto-suffisance travaille en concordance avec ses faiblesses, puis-qu’ayant une haute d’estime de lui même, celle-ci le pousse à s’afficher supérieur parce que justement, il se sent inférieur. Et bien que dans son espace social, il paraisse fort et maitre de son environnement, peu être que plus qu’un autre, la peur qu’il a de lui même et de l'avis de ses contemporains sur sa personne, le fait se perdre entre l’idée qu’il se fait de lui même, l’image idéale qu’il renvoie aux autres, et la personne qu’il est véritablement. La préservation de son égo débordant, repose sur un équilibre précaire composé de nombreux masques, mais le plus tragique est qu’après avoir donné le change en société, son orgueil lui masque à lui même sa nature peureuse, qui par déprime le fait ruminer jalousies, envies, frustrations, et autres passions tristes sans qu’il en soit pleinement conscient.
Le vaniteux est moins discret, il a compris que le ridicule ne tuait pas et ose faire rire en exposant son humour plus ou moins subtil dans les conversations. Sa compagnie pouvant être agréable et sympathique, l'excès de vanité peut le pousser à se transformer en un troll avide de confrontation en tout genre, allant de la blague fédératrice, à un déballage de ses états d'âme ou de ses avis, créateurs de tension quand son égo frôle le burn out. Le but n’étant pas nécessairement de plaire ou vexer, mais simplement d’être vu et entendu. Ses motivations ne servant souvent à pas grand chose d’autre que combler un vide ou un silence qu'il redoute, parce qu'il se retrouverait alors face à lui-même, il est parfois navrant de constater la détresse dans laquelle se trouve le vaniteux, qui ne se sent exister que momentanément, le temps de sa prise de parole. Il agit de la sorte pour s’affirmer, afin de parer à sa tristesse faute d’avoir assez d’intériorité pour se contenter de lui même comme le ferait l'orgueilleux. Vous aurez compris que les réseaux sociaux et les lieux publics regorgent de vaniteux, partageant spontanément ce qui les touchent, en pensant qu’autrui partagera aussi ses ressentis. A ce stade là rien de bien pesant, je parle de vous et de moi menant une banale conversation, le problème survient plutôt dans les excès de vanité, lorsque sans réponse d’un public lassé d'extraversion, le vaniteux va jusqu’à s’auto liker ou commenter sa propre publication, allant jusqu’au bout du processus d’affirmation de son ressenti, toujours alimenté par une déprime agissant inconsciemment (en d’autres circonstances, on peut dire qu’ils en ont clairement trop prit).
Dans les deux cas nous nous distançons de notre être en jouant des rôles formatés par les modes et tendances, quitte à passer pour des clichés, cherchant à nous protéger de la souffrance induite par notre déprime, qui est source d’actions inadéquates à notre évolution émancipatrice. L’action de juger à tout va n’est que rarement constructive puisqu’elle entretient un ressentiment néfaste à son propre bien être, et faire du buzz ou y participer pour se distraire est purement éphémère comme il n’en ressort rien de concret. Mais si le souvenir d’avoir rigolé, ou d’avoir juste passé le temps est agréable, la nostalgie qui s’en suit nous ramène à notre tristesse, à moins d’en rire de nouveau, mais alors nous ne faisons que ressasser le passé, nous répétant une comédie sans que nous nous sentions véritablement heureux. Pour aller plus loin en observant les manières dont s’expriment l’orgueil et la vanité, nous nous rendons compte qu’à différents degrés d’intensité, nous véhiculons tous de l’animosité envers les individus ne pensant pas comme nous, nous faisons au pire preuve d’apathie, au mieux preuve de sympathie en étant compatissant, mais nous délaissons trop souvent l’empathie en ne nous mettant pas à la place d’autrui. Nous envisageons le monde dans nos perspectives égocentriques à l’échelle de l’individu, et ethnocentriques à l’échelle d’une nation, restant sur la défensive parce que nous ne comprenons pas, ne pouvons pas comprendre, ou ne voulons pas comprendre ce qu’il se passe à côté de nous, mais aussi en nous.
Selon moi c’est faire preuve de lâcheté que de s’adonner à ses bas instincts en étant moqueur, haineux ou tout le temps accablés, surjouant nos vies comme des téléfilms, dans lesquels nous nous mettons en scène en nous faisant passer pour des gens cools, ou des victimes à plaindre. Nous passons notre temps à nous déresponsabiliser des situations dans lesquelles nous nous sommes pourtant mis de nous même, et il est trop facile de s’abstenir de faire des efforts pour et par soi, en trouvant des excuses extérieures à nos choix et à nos actes. Le nihilisme contemporain alimenté par notre déprime collective, a fait de cette inactivité physique et cérébrale une norme, nous rendant morne et de plus en plus asservis à un système, que nous critiquons pourtant. Notre je-m’en-foutisme d’individualistes ne se prononçant plus que pour dire si nous aimons ceci ou n’aimons pas cela, faute d’avoir appris à réfléchir et penser en dépassant notre subjectivité, nous fait ré-agir à des stimulations émotionnelle, croyant agir selon notre bon vouloir. Cela se voit lorsque le vaniteux poste une photo de lui avant, pendant et après son footing, ou qu’une partie des occidentaux se disent Charlie en changeant leurs avatars, affichant de la compassion et prônant des valeurs éthiques et morales, avant de retourner à leurs activités personnelles. Le changement, ce n’est pas pour maintenant, la saison 16 de Games Of Thrones est enfin dispo, on verra plus tard pour réaliser nos belles idées.
On comprend alors que la consommation croissante de stupéfiant est une résultante de ces constatations. Que ça soit dans une optique récréative parce que notre quotidien est déplaisant, ou ne nous suffit pas, ou dans une optique méditative pour se retrouver soi même, la déprime est l’initiatrice de notre volonté de nous oublier dans l’extase, ou de se retrouver dans l’introspection. L’intention étant de dépasser son mal-être, en en faisant abstraction dans une dynamique sociale de type extravertie, ou en s’y confrontant dans une dynamique d’introversion. Mais au delà de nos angoisses existentielles, de nos faiblesses individuelles et de nos névroses personnelles, notre culpabilité inconsciente à vivre joyeusement dans un monde en guerre, où la violence et la mort sont omniprésentes, ne nous aide pas à nous sentir heureux. L’iniquité et les inégalités évidentes de notre société capitaliste ne peuvent que nous faire déprimer si nous ne fermons pas les yeux sur les réalités du quotidien. Aussi se rendre compte que nous sommes déterminés à consommer du divertissement en petits chats attendrissant ou en divers médias plus ou moins abrutissant, faisant preuve d’apathie sur la situation globale du monde, est une première étape vers une prise de conscience nécessaire à la connaissance de soi et de son environnement, pour se sortir de ses schémas répétitifs et inutiles puisque n'apportant qu'une fausse joie masquant une véritable déprime. Non pas qu’il ne faille pas se divertir devant une sitcom ou un jeu vidéo, le problème que je cherche à cibler est d’occuper son temps libre à ne faire que ça, faute de savoir canaliser son énergie dans des activités favorisant ses passions joyeuses.
En m'appuyant sur une partie de L’Éthique de Spinoza, je vous propose une vulgarisation de sa vision des passions, envisageant de se sortir de ses passions tristes pour accéder à ses passions joyeuses via à une meilleure connaissance de soi :
- Comprendre que l’on n'est pas libre
La liberté selon Spinoza ne consiste pas à croire que l’on mène sa vie en étant maitre de nos choix, mais à connaitre les mécanismes nécessaires qui nous déterminent, qui ne peuvent être autrement qu’ils sont, en dépit de notre volonté. Je contrôle donc partiellement ma vie lorsque j’accepte que je suis cause de moi même, et que j’en perçois clairement et distinctement les effets en étant actif. Je prends alors des décisions rationnelles en assumant pleinement mes choix.
A contrario, lorsque je suis sujet à des passions, et que je ne n’assume pas être la cause entière de mes choix, j’agis de manière passive, sans me rendre compte de la portée de mes actes. Par exemple si la drogue me procure une sensation de puissance, cette puissance-là est passive puisque je suis aliéné à l’objet qui me donne la joie, et la sensation d’extase peut s’avérer destructrice sans que j’arrête pour autant de consommer de manière abusive ou régulière, puisque je ne contrôle pas mes pulsions et envie de consommer faute de comprendre le mécanisme psychique me poussant à me droguer.
Connaissance intuitive et vie affective sont donc entre mêlées. Mieux nous nous connaissons, et moins nous subissons, parce que subir est désagréable, quand agir ou comprendre est mentalement et physiquement unifiant. L’adéquation entre nos passions et notre raison procure une énergie vitale à notre bien être, en nous permettant de sortir de notre passivité.
- Déprimer est naturel, il faut accepter que ses passions font parties intégrantes de notre être, même si la morale tend à les refouler.
Vouloir mater ses passions et désirs, revient à affaiblir la seule force vitale avec laquelle on est susceptible d’avancer dans la vie. Il ne faut pas imaginer l’homme comme étant capable d’échapper à sa nature animale, parce qu'il est vain de traiter ses passions comme des maladies à éradiquer. L’homme est nécessairement toujours soumis aux passions, suivant l’ordre commun de la nature et lui obéissant, plus ou moins conscient de ne pas être le centre du monde.
Il est difficile de se rendre compte de son égocentrisme lorsque nous sommes encore jeunes, ainsi les passions qui gagnent ne sont pas forcément les meilleures, parce que l’immaturité pousse à la facilité, à agir de manière compulsive afin de kiffer le plus intensément possible, quitte à remettre en cause ses valeurs morales et sa santé. Effectivement le plaisir immédiat l’emporte sur les décisions sages et comme le disait Horace : « Je vois le meilleur et je l’approuve, mais je fais le pire». La vie triste d’individu envieux et désireux, rend les individus impuissants, parce qu’elle les maintient dans des schémas répétitifs, qui ne les aident pas à grandir, ou s’en sortir.
- Comprendre quels déterminismes nous poussent à déprimer en restant inactif.
Les passions tristes nous transcendent et sont responsables de notre déprime. Du nationalisme au dogmatisme, la colère que l’on retrouve chez de nombreux individus en est une autre. Le désir de conquête amoureuse pour ne pas parler de domination ou de soumission sexuelle, ou la dépendance aux drogues ou aux réseaux sociaux et autres jeux vidéos, sont autant de restrictions de ma puissance d’agir, autant de tristesses grimées en enthousiasmes procurant un plaisir à partir d’une souffrance. La forme la plus perverse étant le masochisme, en recherchant directement le plaisir dans la souffrance, sans même chercher à se l'épargner.
A ce niveau là il ne s’agit pas de juger moralement si c’est bien ou mal, mais de se rendre compte si nos pratiques sont bonnes ou mauvaises pour nous ? en sachant que nous jugeons bonne une chose qui nous procure du plaisir, reste à savoir si notre perception de ce plaisir est en adéquation avec nos idées, nos passions, et la connaissance qu’on en a, ou si on s’autodétruit inconsciemment ?
Connaitre notre propre fonctionnement et celui du réel, lesquels obéissent à des lois strictes, nous procure un certain contrôle vis à vis des décisions que nous prenons. Cette maitrise de soi et de son environnement rend à la fois plus puissant et plus heureux, sans que nous nous blâmions avec des morales dénuées d’un sens éthique, des morales à deux balles qui nous asservissent d’autant plus que nous cherchons à réprimer nos passions, au lieu de composer avec.
- Gagner en objectivité pour se sortir de ses passions tristes en comprenant quels déterminismes nous influencent.
(Je met entre guillemet ma source)
"Toute joie est le sentiment qui accompagne l’accroissement de notre puissance. Il ne faut pas chercher à éradiquer ses points faibles et ce que l’on ne veut pas voir chez soi, mais à fortifier nos points forts et travailler sur nos faiblesses en acceptant l’erreur. Spinoza invite à connaitre ses désirs, de manière à accorder ses affects et ses idées, et à adhérer à la vie que l’on mène. La béatitude en est la récompense au lieu de continuer à errer dans la mélancolie. On peut vivre une vie entière dans laquelle nos affects et nos idées ne s’articulent pas ou mal. On prône la paix, mais avec un cœur plein de colère, on prétend s’appuyer sur la raison alors que l’on est en proie aux émotions les plus vives, on croit aimer alors qu’on est dominé par la haine. Tout l’enjeu est donc de retrouver une unité de sa vie affective et de sa vie rationnelle. Et cette unité, on ne peut la trouver que dans la juste compréhension de son désir en tant que double source de nos émotions et de nos pensées. On ne peut pas décider de soi-même sans se connaitre, donc sans connaitre ses désirs."
- Se servir de sa déprime pour aller chercher en nous des ressources nous permettant de rebondir sur nous même.
"Faire l’expérience d’une idée vraie, n’importe laquelle dans n’importe quel domaine, cela veut dire que tout son être est emporté par une joie qui enfin apparait comme un affect nécessaire et en propre, donc qui ne m’aliène pas à un objet extérieur. D’un point de vue éthique, l’intérêt d’une idée vraie est de faire ressentir une puissance d’un type particulier. L’idée vraie, l’expérience de la vérité, est la seule qui libère univoquement, sans prix à payer, sans «descente» ou gueule de bois, parce qu’on ne dépend plus de l’objet extérieur en pensant sa vérité."
- Cultiver son esprit et rester actif en réalisant ses idées, se satisfaisant d’un résultat concret et d’un travail bien fait.
"La liberté spinoziste consiste ainsi à rejeter les mauvaises passions, celles qui nous rendent passifs, au profit des passions joyeuses, celles qui nous rendent actifs, et par conséquent autonomes. Décider de soi, ce n’est pas choisir sa vie comme un étalage de super marché, c’est plutôt être aux aguets comme un animal pour que, le moment venu où quelque chose s’entrouvre de la vérité, on soit capable de poursuivre ce mouvement de l’intelligence plutôt que de retomber dans ses passions ordinaires." Le but étant d'advenir à soi même, et non d'être conforme à l'idée qu'un tiers se fait de notre vie, trop souvent on fait ce que papa ou maman veulent, mettant de côté ce qui nous anime de l'intérieur.
Je ne dis pas qu'il faille se tuer à la tâche, et oublier de vivre sans prendre de temps pour soi, en se culpabilisant de ne rien faire, mais de se sortir de nos routines quand elles nous font tourner en rond sans en tirer plus de bénéfices qu’une simple occupation, jusqu’à ce que l’on retourne travailler le lendemain. Il s’agit de voir les choses de manière à comprendre son environnement et sa personne, pour mieux s’accepter en vivant le plus harmonieusement sa vie. Il est aussi question de dépasser nos petites susceptibilités, comprenant que nous sommes notre propre premier obstacle à franchir. Ce plus grand dépassement de soi nécessite une connaissance approfondie de sa nature humaine, de ses besoins passionnels, et de ce dont l’on est capable, parce que nous sommes des êtres responsables face aux exigences des épreuves imposées par la réalité. L’ambition de Spinoza étant de «Ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas détester, mais comprendre».