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Adolescence 2 - De la transmission des valeurs aux comportement à risque

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Deleted-1

Guest
La société dans ses changements contemporains tend vers un jeunisme généralisé, qui se retrouve dans une forme normalisée d’adulescence. De nombreux parents s’identifient à leurs enfants ou au "style adolescent", en reproduisant leurs comportements immatures et manières d’être je-m’en-foutiste, plutôt qu’à leur servir de supports émancipatoires. Au travers de remaniements tel que le recul du mariage, l’augmentation des divorces et des recompositions familiales, le statut social de la famille en perd toujours un peu plus son rôle de vecteur de socialisation, de culture, et de transmission de valeurs. Les apprentissages les plus élémentaires disparaissent progressivement et sont remplacés par des pratiques à tendance individualiste, dans lesquelles les jeunes individus ont du mal à s’ajuster à un monde où les positions et rôles de chacun deviennent relatifs et indéfinis, mais aussi où les limites de leur possible semblent aussi infinies que floues et incertaines.

Quand les visions d’un avenir prometteur s’amenuisent au profit de situations précaires, les parents se sentent la responsabilité du devenir de leurs enfants, en commençant par leur témoigner le plus d’amour et de confiance possible. Mais la solidarité familiale sans une véritable transmission de codes et limites, autorisant l’enfant à trouver et assumer sa liberté dans une réciprocité nécessaire au lien social, engrange des adolescents aux fragiles espoirs, qui manqueront d’une estime d’eux-mêmes suffisante pour affronter les réalités du système économique et libéral actuel. Cette fragilité et affirmation narcissique se développant de génération en génération, ne permet pas aux adolescents d’advenir à une maturité nécessaire pour évoluer avec autonomie. Ils dépendent de plus en plus longtemps affectivement et financièrement de leur parents, qui sans pouvoir répondre à une nécessité croissante de présence à l’égard de leurs enfants, créent malgré eux de la souffrance et du manque à être, et ce d’autant plus s’ils délaissent leurs enfants en les laissant sans orientation claire, adéquate et réaliste pour exister.

Le modèle capitaliste libérale prônant une vision libertaire, se répand dans une société ayant perdue sa verticalité et la légitimité de son autorité depuis une cinquantaine d’années. Les individus s’y croient libres et réclament toujours plus de droits, mais une liberté qui ne reçoit aucun cadre moral et éthique pour se déployer, ne peut que basculer dans un gouffre de frustration quand ses désirs ne deviennent pas réalité. Ainsi les adolescents exigent toujours plus sans réussir à accepter la frustration, parce que leur parents n’ayant eux-mêmes pas appris à moduler leur sentiment narcissique de toute puissance, ne peuvent transmettre à leurs enfants les vertus du renoncement et de la patience. Aujourd’hui adolescents et adultes impatients se veulent acteur de leur vie, sans qu’ils en aient les possibilités faute de limites de sens pour qu’ils puissent s’interroger sur leur position, et s’inscrire dans une vision et une continuité temporelle existentielle. De cette absence de limite, chaque individu vivant dans l’immédiateté et dans une recherche d’omnipotence primaire et enfantine, s’expose à une brutale confrontation avec le réel, lorsqu’il perd ses naïves illusions.

ABSENCE DE LIMITE

Avant que le modèle patriarcal ne soit mis en défaut, l’autorité paternelle s’appuyait traditionnellement à travers une figure d’autorité forte, dans une transmission de limites des sens moraux. Depuis Mai 68, cette autorité a cédé sa place à une égalisation des rapports parents-enfants, des droits et des devoirs partagés, dans une négociation permanente d’élargissement des possibilités d’agir de chacun. D'une éducation ne transmettant plus de valeurs propres à définir des limites bien assurées à l'individu, son identité s’en voit menacée et il perd en confiance, ne sachant pas vraiment qui il est sur le plan existentiel. Les adolescents qui se dévalorisent en perdant quelques unes de leurs illusions enfantines, et ne se reconnaissant dans aucun rituel symbolisant leur passage à une vie d’adulte, témoignent avec intensité d’un masochisme et d’une violence destructrice, ne demandant qu’à s’exprimer. A tort ou à raison, la pauvreté de leur intériorité les font se sentir impuissants, et dans le terrible sentiment de disparaitre, ils explorent les limites de leur possible et celle des autres en s’activant passivement dans une destruction de soi, parce qu’il ne leur reste plus que ça, faute de ne pouvoir détruire tous les autres.

Lorsque l’on ne sait pas bien qui l’on est, la question des interdits devient problématique. L’éducation vise à conduire hors de soi pour se décentrer de sa personne et être capable d’évaluer et de penser le monde de l’autre afin d’entrer en contact avec lui, sans le refléter aveuglément par mimétisme. L’objectif empathique de l’éducatif, serait de sortir l’adolescent de son égocentrisme en se déprenant de lui-même, afin de devenir un partenaire lors d’un échange social où il y trouverait dignité et confiance en lui. Il est donc indispensable de construire moralement les enfants pour qu’ils deviennent adultes, en leur donnant des clés les aidant à reconnaitre et définir leur personnage, et s’inscrire dans leur existence de manière autonome. Les aînés se doivent d’instruire aux jeunes générations des limites éthiques et morales à ne pas dépasser, pour préserver leur propre intégrité, leur milieu, et leur environnement. Les adolescents encore ignorants ne sont pas toujours en mesure de se montrer légitime dans un débat même si ils ont un avis, et il parait aussi évident qu’essentiel de leur apprendre à s’exprimer pour argumenter et construire leur pensée en vue de favoriser des échanges sociaux, et résoudre les nombreux problèmes qui jalonnent notre existence (autant à l’échelle individuelle que sociétale). Les aînés ne doivent pas céder aux exigences et demandes permanentes des enfants, mais leur transmette des valeurs et limites qui les responsabiliseront en s’interrogeant sur la nature de leurs désirs, et l’utilité de leur satisfaction. Il est connu qu’un enfant a qui l’ont permet et promet tout se montre tyrannique, est faible face à sa frustration qu’il ne peut supporter, et culpabilise son monde en exigeant toujours plus d’autrui.

PERTE D’AUTORITÉ

L’autorité servant à légitimer les interdits, elle prévient de risques en protégeant les individus, et leur assure un échange symbolique avec autrui, dans des inter-dits. L’autorité permet de transmettre des valeurs et des mises en garde incarnées par les ainés, et de définir des repères représentés par différentes figures d’autorité. L’autorité au travers de valeurs morales et éthiques rend auteur de soi-même, lorsque l’individu agit de manière cohérente, réfléchie, et en adéquation avec son entourage et son environnement.

L’autorité parentale n’est ni une contrainte, ni une séduction. En cristallisant la relation, elle est évocatrice d’une parole reconnue mutuellement, parce que plus valable que les autres, tout en autorisant l'enfant à se faire valoir. C’est donc dans une double dynamique, que l’autorité autorise, parce que justement elle interdit. Le parent interdisant des conduites à son enfant, lui permet d’accéder à des manières d’être plus vertueuses, en lui autorisant des satisfactions futures, qui seront les récompenses de toutes ses renonciations. L’autorité dans ses interdits, autorise à se dépasser dans une certaine résignation de soi, et véhicule un patrimoine où les singularités de chacun pourront s’exprimer sur une toile d’universalité, faites de représentations symboliques. De ces représentations symboliques les individus en tirent des limites, desquelles ils peuvent s’identifier et se différencier. L’adolescent à qui l’on explique une valeur symbolique, se projette dans une réalité commune et commence à pouvoir y définir sa place, en sachant qui il est et qui est autrui, ce qu’il peut attendre des autres et ce que les autres attendent de lui.

Sans cette projection de soi dans la collectivité, l’adolescent évolue dans une confusion identitaire où il n’y a pas de réciprocité dans ses échanges, puisqu’il imite ses pairs, sans jamais s’affirmer dans son individualité. Sans recouvrer son unicité grâce à l'empathie, l’adolescent ne distinguant pas les limites entre sa personne et autrui, ne peut trouver sa souveraineté et se résolve à se conformer en faisant comme les autres. Le danger de l’uniformisation est d’entretenir une confusion dans laquelle l’individu se projetant dans le groupe, s’identifierait uniquement de part le reflet qu’il chercherait à y voir...c’est à dire se trouver cool d’être tendance, de suivre telle mode ou tel mouvement de pensée tout en se l’appropriant, mais sans se rendre compte de son mimétisme social. Ce genre de confusion identitaire est présente dans les familles quand l’adolescent dépendant de son environnement s’identifie sans plus de discernement à ses parents, mais aussi dans toutes structures comme les groupes d’amis, les associations, etc. Ainsi la nécessité de l’autorité sans tomber dans l'aliénation, est de définir des limites, que l’adolescent doit expérimenter pour savoir ce qu’il vaut et qui il est, mais en sachant où et quand s’arrêter pour ne pas aller jusqu’à se blesser, ou pire, se tuer.

DIFFICULTÉ DE LA TRANSMISSION DES VALEURS

La transmission des valeurs doit s’effectuer dans la durée, pour que les convictions et principes soient intégrés, admis et surtout compris par l’adolescent. Le problème étant que notre modèle sociétal prône la vitesse et l’urgence, privilégie la flexibilité et le recyclage, impose la précarité, l’adaptabilité, le jetable, la concurrence, l’exaltation de la réussite et de l’argent, bref que, quoi et comment transmettre des valeurs à des adolescents qui ont été bercé dans un monde d’idole, et qui ont pour principal but d’être riche et célèbre ? Les adolescents d’hier étant devenus les parents d’aujourd’hui, ils se sont laissés soumettre à l’immédiateté en acceptant un mode de vie, où tout est de plus en plus instantané. Résultat, adolescents et parents ont démissionné de leur existence qu’il n’est plus possible d’inscrire et vivre sur un long terme, pour chercher à soit disant vivre mais surtout paraitre dans un présent immédiat et éphémère. Aujourd’hui les échéances imposées et autres données à traiter dans un rythme effréné sont telles, que le stress prédomine, et l’individu en est de moins en moins auteur de lui-même par manque de valeurs donnant un sens à ses actions, et parce qu’il n’a plus de repères et de temps pour se penser. La transmission dans un temps long semble désuète et les informations échangées ne s’inscrivent plus dans une durée collective, mais dans des instantanés individualisés comme avec un snapchat. De même un selfie n’a aucun intérêt, et ne fait sens que dans l’instant présent, avant d’être remplacé par une autre donnée, tout aussi éphémère (le piège étant d'y voir un réel partage, alors qu'il ne s'agit que d'une vaine expression narcissique la majorité du temps).

De ce besoin de valorisation personnelle a court terme, découle une perte des valeurs de loyauté, d’engagement, de confiance et d‘amitié, qui sont le liant des échanges sociaux cordiaux et pérennes. Aussi les repères entre les classes d’âge se fractionnent et l’on ne sait plus bien qui est jeune ou qui est vieux, ni qui est cool ou qui est has been. Autant certains parents se plaisent à ressembler à des adolescents, autant des enfants copient les adultes en s’identifiant à des codes socio-culturels déterminés, dont les aspects conditionnés sont incompréhensibles à leurs âges. Ainsi s’opère une rupture générationnelle entre parents et enfants évoluant chacun dans leur bulle, dans des époques pourtant rapprochées mais que l’histoire ne semble pas reliée. Dans le même temps ils partagent les mêmes tenues et habitudes, en usant de technologie pour projeter leur image sur la toile virtuelle des réseaux sociaux. Ici et tout de suite l’individu surfe sur la vague du buzz et du zapping, où le passé est dépassé et l’avenir assurément devant soi, mais aussi imprévisible qu’aléatoire. Dans l’univers des choix multiples, la transmission perd de sa consistance et les valeurs que sont le respect et l’honnêteté se noient dans l’anonymat du web. L’information désinformante et le formatage imposent un savoir de l’instant, où l’individu se tient au courant des actualités dans une continuité sans perspective, mais imprégnée de l’ambiance du moment, ce qui ne permet pas de s’assurer des assisses psychiques stables et rassurantes au long terme, parce que l'adolescent ne sait pas où il en est.

Au final les valeurs partagées par les parents ne sont plus celles de leurs enfants, et ni les uns ni les autres ne se reconnaissent dans une vision commune. Le savoir de plus en plus disponible est de moins en moins accessible aux esprits, à cause d’une obsolescence des données, qui dans l’immédiateté de l’information ne permettent pas de développer une fresque mettant en perspective ces mêmes informations, pour se situer soi et autrui, dans son époque où le divertissement et la passivité sont rois. La valeur du savoir devient donc relative, voire péremptoire, quand le principal intérêt est de transmettre une donnée momentanément, et non de proposer à un esprit de traiter cette information pour en tirer et faire, quelque chose, dans un avenir plus ou moins proche. La complexité de notre société accentue la difficulté de transmission des valeurs, et rend provisoire son importance dans une destruction des symboles hiérarchiques et autoritaires. Le mouvement de transmission n’est donc plus vertical en venant d’une autorité familiale, scolaire ou sociale, mais c’est l’individu qui le recherche autour de lui, en se l’appropriant à sa manière, et comme il le peut.

DES FIGURES MÉDIATIQUES COMME MODÈLES

« La génération des parents est démunie face à ses enfants. Dans nos sociétés, l’effacement du père laisse le champ libre à la culture des pairs, c’est-à-dire une culture centrée sur le même, mais qui ne prépare pas, à elle seule, à l’ouverture à l’altérité qu’est la vie sociale. L’enfant se vit souvent dans la conviction de son auto-engendrement avec le sentiment de rien devoir à personne. Les figures qui s’imposent sont des figures médiatiques, des modèles pour le succès ou la notoriété (stars de la téléréalité, animateurs, chanteurs, musiciens, etc.). Pendant que les parents perdent leur autorité éducative, que l’école peine à établir les règles d’une citoyenneté partagée, les jeunes générations entrent sous l’influence d’une culture toute entière régie par l’univers de la consommation et de la publicité, accentuant encore l’écart entre les générations. La transmission s’horizontalise et circule avec vivacité dans la sociabilité juvénile à travers des matrices de sens (chaînes câblées, magazines, radios « jeunes » comme Skyrock, Internet, etc.) qui échappent à la connaissance et à la compétence de parents enclins au « laisser-faire » et à l’identification à leurs enfants. »

FUITE DES PARENTS

Certains parents en viennent donc à ne plus intervenir auprès de leurs enfants, en les laissant livrés à eux-mêmes, se construire en fonction de leurs expériences propres. Pour justifier leur démission affective et éducative, et cette inconsistance de l’autorité familiale, les parents tiennent un discours d’autonomie, où ils permettent toujours plus de chose à leurs enfants. La tendance du parent copain se normalise, et la responsabilité des aînés se dissolve dans des relations de séduction, contraires à une relation d’éducation. Les adolescents n'estiment plus légitime leurs parents, dans lesquels ils trouvent des miroirs d’immaturité et non des figures d’autorité. Les parents éprouvent dans ce relâchement un bénéfice narcissique au détriment de l’enfant, qui si il n’est pas utilisé pour prolonger la jeunesse de ses parents, se retrouve confus dans ses repères générationnels et identitaires. Cette absence de sens hiérarchique ne permet pas à l’enfant de se montrer légitime envers ses parents, qui ne le sont pas eux-mêmes en étant remplis de contradictions entre ce qu'ils disent et ce qu'ils font. Le pire étant de tout permettre à son enfant, qui verra dans se laisser faire une marque d’abandon et d’indifférence à son égard, sans plus prendre en compte les avertissements et dires parentaux.

En n’interrogeant pas leurs enfants, les parents achètent à bas prix une tranquillité dans leur foyer, où prospèrent les non-dits et un manque de communication évident. La faiblesse des échanges révèle la distance entre parents et enfants, qui ne peuvent se comprendre et s’accepter en continuant de s’ignorer et s’imaginer se connaitre. Souvent les parents ne reconnaissent pas la souffrance de leur enfant, s’indigne devant la virulence de ses propos, et découvrent un beau jour qu’il est un écorché vif. Ils s’en étonnent, et ne comprennent pas la situation, alors qu’ils ne lui ont jamais rien refusé, en lui offrant tout son confort matériel. Le paradoxe étant qu’un enfant ne manquant de rien, n’a pas accès à la sensation de manque pour apprendre à y faire face, et ne peut ainsi pas s’estimer correctement pour se positionner vis à vis d’autrui, qui est plus ou moins dans son cas. D’un autre côté, il est très difficile en tant que parents, d’avouer que son enfant n’a pas eu de véritable interlocuteur pour l’écouter, le considérer, et l’aimer pleinement dans sa différence, et non par rapport à l'image que les parents ont voulu de lui. Et si l’autonomie dont font mention les parents à l’égard de leur enfant s’effectue dans l’indifférence, il n’en ressentira qu’un sentiment d’abandon avec des carences affectives et tout un lot de souffrance en prime, ce qui peut le pousser à faire des bêtises.

« Pour que l’enfant ou l’adolescent s’affirme, il lui faut débattre, dans la reconnaissance de sa personne, avec une loi, des interdits, une opposition, bref une transmission. Il doit se sentir porté par le sentiment de sa valeur personnelle et de sa reconnaissance par les autres dans un lien de réciprocité où chaque génération est à sa place. L’adolescence est une période de construction de soi dans un débat permanent avec les autres, surtout les autres en soi, dans la mesure où la quête est alors celle des limites : savoir ce que les autres peuvent attendre de lui et ce qu’il peut attendre des autres. »

AUGMENTATION DU PHÉNOMÈNE DE TROUBLE BORDERLINE (ÉTAT-LIMITE)

L’enfant qui n’a pas intégré les limites nécessaires pour s’adapter à la vie en société et au système en place, a du mal à trouver sa place à l’école, en remettant en cause ses enseignants et en rentrant en conflit avec les autres élèves. Sans respecter les interdits, et ne se soumettant pas à l’autorité, il cherche à satisfaire ses désirs dans une opposition délibérée et manipulatrice. Intolérant, impatient et perçu comme insupportable ou dérangé, l’enfant dont le sentiment d’identité est flou, fragile et incertain, n’accepte pas la frustration et tempère mal ses émotions et ses humeurs. Sa colère le rend agressif ou le pousse à déprimer en se repliant sur lui-même, sans comprendre et réussir à définir son mal-être. Cette incapacité à symboliser l’évènement et comprendre le point de vue d’autrui par manque d’empathie, empêche l’enfant à se remettre en cause et, n’écoutant personne d’autre que son ego, il se blinde dans son orgueil en se croyant persécuté.

Cette souffrance intérieure et méconnue, laisse dans l’indifférence l’enfant qui s’ignore, tout en recherchant perpétuellement des limites en se confrontant à celles des autres. Au delà de l’absence de limite et de valeurs porteuses, la souffrance adolescente est caractérisée par des carences affectives, l’indifférence des parents, des brisures d’identité après des traumatismes comme des humiliations répétées ou des abus sexuels. L’adolescent ne reconnait pas de frontière précises entre lui et autrui, entre ce qui est à l’intérieur et à l’extérieur de sa personnalité mouvante et troublée. Par manque de repère identitaire il reste indécis, mais réagit de manière impulsive quand l’émotion lui est insoutenable, ce qui peut l’amener à prendre de mauvaises décisions, des risques inconsidérés, se droguer, ou s’auto-mutiler. Dans cette fuite en avant et souvent déniée, l’adolescent en souffrance cherche à se repérer d’après des limites qu’il n’a pas, ou qui ne font pas sens tant elles se contredisent. Ils se cherchent en bravant l’autorité d’autrui (parents, professeurs, police, la forte tête d'un groupe), toujours pour se rassurer dans son sentiment d‘insécurité intérieure, d’où des comportements vaniteux et orgueilleux d’arrogance, de présomption et de suffisance, pour se montrer fort et ainsi masquer ses faiblesses et vulnérabilités.

DÉPERSONNALISATION

Sans ressentir l’évidence d’exister, en étant trop peu souvent soi-même ou à l’aise dans son corps et son esprit, l’adolescent est en proie à la dépersonnalisation. Du fait de manquer de repère, de sens et de valeur, ses incertitudes l’anime d’une ambition qui le pousse à croire qu’il vaut quelque chose et qu’il a sa place dans ce monde. Ainsi il se leurre en croyant qu'on l'attend, et en perdant ses illusions à chaque fois qu’il se confronte au réel, il en vient à multiplier les épreuves personnelles pour se prouver sa véritable valeur, et non celle qu’il s’imaginait en se rêvant plus grand qu’il ne l’est. Les conduites à risques font parties de cette quête de soi, pour se sortir d’un sentiment de confusion et de manque à être, qui sont le moteur de ses angoisses existentielles. On retrouve ces comportements borderlines quand la transmission générationnelle n’a pas permise à l’adolescent d’être rassurée sur sa condition. Et au travers de ces prises de risque, l’intention de l’adolescent n’est pas de mourir, mais de trouver un sens à son existence, et si auto-destruction il y a, le but n’est pas de se donner la mort, mais te tuer son image dévalorisée de soi.

DÉPRIME ET FOND DÉPRESSIF

Presque un adolescent sur dix est touché par la dépression, et bien plus vivent des états de déprime réguliers, en lien avec des troubles identitaires typiques de cette période de changement. Dans sa détresse dépressive, l’adolescent en souffrance peut se sentir insignifiant, rejeté et méprisé, et en venir à risquer sa vie pour se prouver qu’il est vivant, qu’il existe bel et bien, et que sa vie à un sens et une valeur. il arrive aussi que l’adolescent lutte seul en affrontant des blessures ignorées par ses proches, et qui lui sapent sa confiance en soi comme il n’est pas soutenu dans l’épreuve. Les conduites à risque sont des moyens pour se défaire de ses tensions, s’estimer positivement ou négativement, et déterminer sa valeur en testant et remettant en cause ses principes et manières d’être. Ce sont des tentatives d’accéder à soi, quand le cadre dans lequel l’adolescent évolue ne le lui permet pas, ou trop peu. En recherchant des sensations au travers de divers rituels, il tend à se rapprocher de son corps et de ses ressentis, pour lutter contre son sentiment d’impuissance et de vide intérieur.

RECHERCHE DE RITUEL

Notre société ne reconnait pas le passage qu’est l’adolescence, en ne l’accompagnant d’aucun rite unanime et l'initiant à son individuation, dans un monde adulte. L’adolescent avance seul parmi une somme d’individu, sans être guidé par des repères fixes et des valeurs et principes stables. Sans rôles définis et institutionnalisés, l’adolescent doit lui-même baliser son existence, se différencier pour être reconnu et se reconnaitre, ainsi que se légitimer d’exister en trouvant un sens à sa vie. Il doit donc faire sa place dans une société d’individus toujours plus individualistes, et ainsi s’instituer par soi-même, ce qui est souvent difficile quand l’adolescent égocentrique, se sent tout puissant en croyant que la société l’attend, et lui a réservé une place attitrée, selon son rang et son niveau d’étude.
En se confrontant au réel et prenant quelques claques, l’adolescent en vient à faire ses armes via des conduites à risques, s’apparentant à des rites personnels de passage individuels, même si partagés par des milliers d’autres jeunes, dans la même situation d’inconfort psychique. Le rituel est là pour donner un sens et une valeur à sa vie, en flirtant avec le danger, ou la mort. La douleur est tolérée tant que l’adolescent se l’admet volontairement, comme si il arrivait à se contrôler émotionnellement en gérant ses décharges de tension dans des jeux masochistes et risqués. Cette conjuration du mal par le mal est tout ce qui lui reste comme défense contre ses passions tristes, et ses désillusions par apport aux échecs de son entourage à l’accueillir, et lui donner le sentiment de sa nécessité personnelle, ici bas.

PLUS A PROPOS DES COMPORTEMENTS A RISQUE

Les comportements à risque dépendent de la confiance de l’adolescent, qui elle-même dépend des expériences de sécurité qu’il a connues étant enfant, en étant protégé par ses parents. L’adolescence est donc le moment révélant l’état psychique de l’individu, en fonction de si il a les assisses narcissiques nécessaires pour s’estimer et entreprendre des choses, ou si il a un sentiment d’insécurité interne l’empêchant d’aller de l’avant (problème du manque narcissique). Passé la puberté, l’adolescent ne peut plus rester attaché à l’image de sa mère pour se sentir en sécurité, et doit accepter ses changements physiques et oser affronter le monde extérieur. Ceux qui ne sont pas rassurés dans leur intériorité subissent ses changements pubertaires de plein fouet et perçoivent leur environnement comme une menace. De ces multiples angoisses existentielles, ils cherchent à trouver un certain contrôle par le biais de prise de risque, et ainsi espèrent maitriser leurs propres corps et leurs environnements.

C'est donc en se posant des questions que l’adolescent expérimente l’aspect philosophique de sa vie. Il se demande « Qu’est-ce que je peux choisir dans la vie ? Qu’est-ce qui m’appartient ? Sur quoi puis-je agir ? », et se rend ainsi compte que son corps se transforme malgré lui, et qu’il n’a pas choisi sa famille, son genre, sa morphologie, son milieu social, etc. De ces prises de conscience peuvent en découler des frustrations et des rancunes sur la vie en générale, qui se reporteront sur les parents, les proches ou des groupes, où dans des expériences et situations extrêmes que l’adolescent aura l’impression d’avoir choisi. Il a besoin de se différencier et d’affirmer ce qui lui appartient, ce qu’il veut et ce qu’il est, souvent dans les excès pour trouver sa propre mesure en voyant jusqu'où il peut aller. Ces excès peuvent être valorisants lorsqu’ils sont créatifs comme dans le travail, dans les relations ou dans le sport par exemple, mais ils peuvent aussi être destructeurs et amené à des provocations puériles et régressives pour être remarqué, en rendant l’adolescent toujours plus dépendant de son environnement. On remarque cette dépendance notamment dans les apparences des djeun’s, qui se présentent maquillés, percés ou tatoués de manière démonstrative et provocante, en disant à qui veut l’entendre, qu’ils font ce qu’ils veulent parce que c’est leur choix. Ces choix personnels affichés aux yeux de tous pour bien affirmer sa différence, et allant jusqu’à provoquer des réactions pour être remarqué par autrui, et ainsi avoir le sentiment d’exister, toujours au travers du regard des autres.
 
Intéressant comme texte merci bien !
 
Dans la suite du sujet il y a aussi l'adulescence. Pouvant aller du simple repli à la perdition de tous les repères. Surtout si le jeune adulte se retrouve confronté à lui même trop brutalement et qu'il n'a pas les ressources pour lutter de front avec la réalité.

Les substitutions affectives seront alors le travail, les amis, une nouvelle forme d'indépendance.
Ou la drogue et l'enfermement dans le virtuel si le sujet ne trouve pas les ressources nécessaires pour dépasser le mal être initial.

Je suis partit assez tôt de chez mes parents et j'ai vécu ce malaise. Mais mon premier appart fus une collocation. Ça ma sauvé. Même si les comportements addictifs de l'adolescence ne m'ont jamais quitté. Une forme de derniere soupape après tout le reste. Ainsi qu'un amour immoderé pour le virtuel et le fantasme. Mais ça je garde. Ça me sert.

Mais certain vois leurs parents mourirs très tôt. Dans ces cas la le passage est d'autant plus difficile que le deuil est parfois un isolant destructeur.

Impro total donc grabouilli. Je lance ça malgré tout.
 
Yep l'adulescence est la résultante de ce manque de repères sociétaux et générationnels, j'ai lu un article qui décrit bien le phénomène, je vais aller le poster ça pourrait en intéresser certains :

https://www.cairn.info/revue-etudes-2003-7-page-37.htm

Sinon pareil, en quittant le foyer familial je me suis fait bouffé par moi-même et j'ai sombré dans la drogue plus que je n'y étais déjà enfoncé...et je me rends compte que j'ai du mal encore aujourd'hui à m'assumer en tant que jeune adulte, normalement plus responsable que je ne le suis..
 
Je voudrais simplement signaler un livre très intéressant: "L'enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime" de Philipe Ariès. Il permet de mettre en question, sous un éclairage historique, beaucoup de faits présentés aujourd'hui comme une décadence.

Ainsi, le rôle moindre de la famille dans l'éducation. Dans une conception linéaire de l'histoire (avant: la famille, maintenant: l'individu), c'est peut-être une catastrophe. Dans une conception plus modulée, voire cyclique, appuyée sur l'étude des documents anciens, on s'aperçoit que la famille telle qu'on la connaît apparaît à peu près ves le dix-septième, et ce dans une certaine classe de la population: la classe bourgeoise (ni les paysans, ni les aristocrates). Avant cela, l'enfant était éduqué par son entourage au sens large: la famille élargie, les amis, les voisins. L'enfant était un peu l'enfant de tout le monde. Il était jeté tôt dans la vie, apprenait par lui-même et par imitation. On ne lui soupçonnait pas d'innocence, on se comportait devant lui comme devant un adulte. Il quittait tôt ses parents, et s'installait dans la communauté plutôt que dans la famille.

Tout cela pour dire que les modèles sociétaux évoluent, et qu'il serait irréaliste d'attacher une notion de bien ou de mal à cette évolution, car elle a déjà eu lieu plusieurs fois, en bien des formes, et aura encore lieu souvent, en bien d'autres formes.
 
Oui ce n'est ni bien ni mal, par contre les conséquences de ce modèle familial chez l'individu dans notre style de société, peuvent être jugées comme bonnes ou mauvaises pour l'individu et tous ses pairs.

Je n'ai pas l'impression que l'on se sente mieux qu'avant, même si aujourd'hui on a bien plus de confort matériel. Chepa si avant l'ensemble de la population était aussi névrosée et psychotique, ou s’assommait avec ce qu'elle avait à sa portée (alcool entre autre) en mode borderline, mais j'ai l'impression que plus l'on a de confort plus l'on a de possibilité de péter des câbles pour rien, alors que plus on doit s'assumer dans la collectivité pour survivre, moins on se plaint et déprime parce qu'on est constamment insatisfait de sa condition en rêvant à mieux.

Pour moi si il y a catastrophe, c'est lorsque j'observe l'état de notre monde toujours autant inégal en fonction de nos potentiels respectifs et collectifs...on a largement les moyens de tous vivre convenablement (ni trop ni pas assez), mais certains en sont toujours au stade de la survie quand d'autres gaspillent leur argent par exemple. Après que l'on vive dans une société de narcissique pourquoi pas (un selfie ne tue que celui qui s’approche trop près du bord ahah), le problème ça serait surtout l'individualisme égoïste qui pousse les gens au nombrilisme et à se fiche de tout le reste (humanité et environnement ou là on observe une décadence affligeante).
 
Laura Zerty a dit:
Je n'ai pas l'impression que l'on se sente mieux qu'avant, même si aujourd'hui on a bien plus de confort matériel. Chepa si avant l'ensemble de la population était aussi névrosée et psychotique, ou s’assommait avec ce qu'elle avait à sa portée (alcool entre autre) en mode borderline, mais j'ai l'impression que plus l'on a de confort plus l'on a de possibilité de péter des câbles pour rien, alors que plus on doit s'assumer dans la collectivité pour survivre, moins on se plaint et déprime parce qu'on est constamment insatisfait de sa condition en rêvant à mieux.

J'ai cette impression aussi. Mais je ne sais pas si c'est du à l'environnement familiale ou à cette surabondance de cocons virtuels qui nous isolent de plus en plus d'une réalité. Réalité qui doit normalement être dure pour nous apprendre à y faire face, à devenir fort. Hors la surconsommation de virtuel est un échappatoire à ce qui été vécu avant comme un conditionnement normal de l'être humain : se faire au réel.
Je pense que pas mal de névroses viennent de la.

Si on ajoute le fait que les gosses soit aujourd'hui beaucoup plus couvés par leur parents et qu'ils ai accès au virtuel de plus en plus tôt. Bah je pense que le retour au réel est effectivement brutal.

Par exemple quand j'étais gosse je m'ennuyais assez souvent, mais c'était un apprentissage de la patience. Je vois des gamins tu leurs enlève le portable des mains il pètent un câble.
 
Je pense que la réalité est dure, la toujours été et le sera toujours, suffit de regarder la société avec le prisme du mal-être, et on y voit un paquet de gens paumés, isolés, galérant à tous les niveaux et dans tous les milieux. En terme d'inégalité on est bien loti et le libéralisme tout puissant broie les petites gens en installant une précarité qui brise beaucoup d'espoir, sans parler des maladies psychiques et physiologiques liées à toutes les formes de pollution.

Le truc c'est qu'on s'en fiche et de plus en plus, et c'est là tout le problème du nihilisme contemporain où la question de l'humain a été relégué derrière l'envie de possession, quand on préfère consommer ou s'abrutir plutôt que de se penser.

Effectivement le réel n'existe plus lorsque l'on imagine sa personne selon un idéal quasi délirant, et que l'on se représente à partir de modèles proposés par un marché constamment démodé et qui créé une insatisfaction permanente, en gros rien n'a de valeur véritable autre que ce que l'objet de son désir représente aux yeux des autres...par exemple un bout de plastique ultra high-tech qui été moulu sous une forme de téléphone ou de basket, qu'on va payer cher pour qu'autrui le reconnaisse (en bien ou en mal, l'important c'est d'être reconnu et de toujours dire qu'on a raison). Et quand je vois que dès le plus jeune âge on doit être occupé avec un appareil, c'est clair que n'être jamais confronté à la réalité et à soi-même, ça n'apprend pas la patience et le renoncement...je dirais même qu'au contraire ça force à une exigence matérielle se devant d'être toujours plus optimale et pratique, mais sur le plan des idées ça semble creux, ou alors l'idée que l'on se fait de l’outil ou du monde est développée pour expliquer et justifier sa propre exigence matérielle, et ainsi on ne critiquerait pas le modèle qui la déterminé et formaté (je vois bien qu'on tourne tous plus ou moins en rond, souvent en recherchant un but qui n'existe pas tant qu'on ne le s'est pas créé, et qu'on oublie que ça prend du temps de trouver sa voie en voulant tout tout de suite, sans fournir d'effort bien sur lol).

La dernière fois je vais uriner dans un Mac Dal (que je boycott depuis longtemps), et là je vois une armée d'adolescent habillés avec des bonnets Waste et leur bas de pantalon remonté, tous un portable à la main avec l'air niais, et ça m'a fait un choc...pour moi qui avait fait une croix sur ce fast food cher et dégueulasse, je me suis rendu compte que cette marque plaisait toujours autant pour que les plus jeunes s'y identifient et y dépensent leur argent en se salissant le corps et l'esprit...bon rien de nouveau sous le soleil du consumérisme, mais je me suis dis que les choses n'étaient pas prêtes de changer et que ça ne pouvait qu'empirer dans le besoin des apparats et la folie narcissique de chacun, à exister dans un déterminisme toujours plus conditionné (c'est pas comme si les parents ne connaissaient pas les pièges du système où si tu prends la carotte, le lobbyiste t'embroche avec le bâton bien profond, pour être sur que tu sois bien sage et lui reste fidèle...ça se voit autant dans un fast food qu'au sommet de l'Etat, donc y a un moment faudrait dire aux jeunes de se méfier et arrêter d'accepter d'être soumis et d'encaisser comme si c'était normal..).

J'ai hâte de voir le résultat des élections pour estimer ou en est le peuple français sur le plan politique.
 
Laura Zerty a dit:
Le truc c'est qu'on s'en fiche et de plus en plus, et c'est là tout le problème du nihilisme contemporain où la question de l'humain a été relégué derrière l'envie de possession, quand on préfère consommer ou s'abrutir plutôt que de se penser.

Oui c'est dur de sortir du j'menfoutisme (je dirais pas forcement nihiliste. Le nihilisme est intéressant en tant que destructeur de dogmes et les visions du nihilisme sont plurielles).

C'est dur de sortir de l'indifference ambiante. Mais sérieusement je connais TRES PEU de choses qui soit facile en ce monde. Et l'humain à une tendance naturelle à la paresse et à la facilité. C'est dommage mais je suis moi même très paresseux concernant pleins de trucs donc je peux comprendre qu'on ai du mal avec quelque chose d'aussi difficile que prendre ses responsabilisées en tant qu'humain et citoyen.

Ce que je veux dire c'est qu'a mon humble avis tu est un peu severe. Tout le monde n'a pas ta maturité ou ton recul sur les choses. C'est triste mais c'est ainsi.

Et si on veut éduquer les ados et les sensibiliser cela se fera sans aucun doute avec leurs outils technologiques et de compréhension.

En ce qui me concerne j'ai envie de tout sauf de devenir un vieux con qui ne bite plus rien au monde et qui ne ferait que ressasser les même vieilles obsessions et rancunes encore et encore.

C'est aussi dur de leur coté que ça l'est pour nous. Enfin que ça va le devenir. On n'est nous même pas très vieux ^^
Et puis je sens une bonne énergie de la part de ceux qui s'investissent. Tout est en train de changer.

En tout cas je boycott aussi le Mac Dal. Pas pour des raisons de santé ou de gouts mais simplement à cause de leur politique. Maintenant quand je junk food c'est kebab. En plus c'est nettement plus sympa comme ambiance (je m'entend très bien avec mon kebabier ^^).
 
Idem, si je junkfood c'est dans un petit établissement, pas une multinationale !

Mr Sandman a dit:
Ce que je veux dire c'est qu'a mon humble avis tu est un peu severe. Tout le monde n'a pas ta maturité ou ton recul sur les choses. C'est triste mais c'est ainsi.

Et si on veut éduquer les ados et les sensibiliser cela se fera sans aucun doute avec leurs outils technologiques et de compréhension.

La maturité ça se construit, et dès le plus jeune âge...hier au taffe je balance comme ça un "vivement quand il y aura de la philo au primaire", et là stupeur de la part de mes collègues qui me répondent cash "mais les enfants ne sont pas capables de comprendre la philo".........................alors que les enfants sont les êtres qui se posent le plus de questions et sont largement aptes à comprendre et appréhender les concepts les plus basiques qui soit, comme la vie et la mort, le bon et le mauvais, bref ce qui nous touche dans notre être sensible au quotidien, et que l'on peut penser avec abstraction à un niveau très simpliste ou très compliqué (pas besoin de lire Platon et aller à l'université pour philosopher, suffit de se poser une question et chercher à y répondre).

Je leur dis donc que l'on peut expliquer à des enfants des concepts simples pour qu'il apprennent à penser avec des abstractions et développer leur intériorité dans une forme d'introspection, et là mes collègues me disent que c'est vrai que parfois ils ne sont pas capables de répondre à leurs enfants...et je leur répond que si on leur avait apprit à l'école quelques bases de vie, ils seraient peut être moins bêtes, bon là je suis sévère, je pense en particulier à une de mes collègues qui a le don pour sortir les pires bêtises.

En tout cas si la technologie permet de faire réfléchir, j'ai plus l'impression que l'aspect ludique du numérique fait que les gens s'en servent pour jouer et s'oublier...mais une chose est sure, y aura jamais de télé dans mon foyer, je vois les dégâts que ça occasionne dans ma famille déjà..
 
Laura Zerty a dit:
La maturité ça se construit, et dès le plus jeune âge...hier au taffe je balance comme ça un "vivement quand il y aura de la philo au primaire", et là stupeur de la part de mes collègues qui me répondent cash "mais les enfants ne sont pas capables de comprendre la philo".........................alors que les enfants sont les êtres qui se posent le plus de questions et sont largement aptes à comprendre et appréhender les concepts les plus basiques qui soit, comme la vie et la mort, le bon et le mauvais, bref ce qui nous touche dans notre être sensible au quotidien, et que l'on peut penser avec abstraction à un niveau très simpliste ou très compliqué (pas besoin de lire Platon et aller à l'université pour philosopher, suffit de se poser une question et chercher à y répondre).

Je leur dis donc que l'on peut expliquer à des enfants des concepts simples pour qu'il apprennent à penser avec des abstractions et développer leur intériorité dans une forme d'introspection, et là mes collègues me disent que c'est vrai que parfois ils ne sont pas capables de répondre à leurs enfants...et je leur répond que si on leur avait apprit à l'école quelques bases de vie, ils seraient peut être moins bêtes, bon là je suis sévère, je pense en particulier à une de mes collègues qui a le don pour sortir les pires bêtises.

C'est vrai que ça serait cool. Par contre faudrait retraduire les livres de philo parce que c'est parfois chaud à déchiffrer. Après on peut philosopher sans les grands nom de la philosophie mais je trouve que ça apporte une vrai richesse de réflexion d'étudier les grands concepts. Et puis il existe déjà des livres de vulgarisation.

En tout cas je trouve que ça serait nécessaire, déjà c'est utile au niveau de l'introspection comme tu dis, et puis on manque cruellement d'intellectuels en France, c'est pas Zemmour et toute la clique qui vont rehausser la barre. Je veux parler d'intellectuels vraiment médiatisés et populaires.

Il y a bien Onfray...Mais est-ce vraiment un philosophe ou un historien (ou un politicien) ?

Mais c'est clair que pour la transmission des valeurs cela serait un grand pas. En primaire cela serait l'idéal. Mais sinon au moins à partir du collège. C'est à cet âge que vont commencer les questions existentielles. D'ailleurs c'est de la que peut venir une forme de mal être. L'adolescent est en pleine crise existentielle mais il n'a pas la philosophie comme support pour structurer sa pensée.
 
Mr Sandman a dit:
Il y a bien Onfray...Mais est-ce vraiment un philosophe ou un historien (ou un politicien) ?

Bien sur que c'est un philosophe, mais pas un historien. Il se sert de l'histoire pour philosopher selon la méthode nietzschéenne, qui consiste à faire de la généalogie, en gros à étudier une chose ou un concept jusqu'à ses origines pour en proposer un développement dans toutes ses formes et dimensions (d'où la nécessité d'être calé en histoire, en politique, en anthropologie, en géologie, enfin dans tous les domaines possibles et imaginables, après faut voir la capacité de son esprit à englober un large panel d'information qui n'ont pas de liens au premier abord).

Le problème d'Onfray c'est les médias et leur fonctionnement, dans le sens où pour être vu par un maximum de personnes, faut aller sur un média qui favorise le buzz au détriment de la réflexion (genre l'animateur coupe la parole non stop, et cherche à piquer l'invité pour l'énerver). Donc même si Onfray est un très bon vulgarisateur, le système médiatique le met dans une posture où il se fait souvent pas respecter voire insulter, et en répondant aux insultes se créé une polémique qui fait le buzz, puis ensuite lorsqu'il est interviewé sur ces buzzmédias, on n'y parle plus que de la polémique en laissant le sujet philosophique de côté...bref c'est nul et ça désert son image de philosophe, en le faisant passer pour un troll narcissique qui a besoin de la ramener, en critiquant tout le monde.

Mais quand tu t'intéresses à ses travaux hors grands médias, il y a de très bons plateaux télés où il peut y développer sa pensée et expliquer les nuances nécessaires pour la comprendre, quand le journaliste qui a bien fait son travail lui pose de bonnes questions pertinentes...ce qui évite les "moi je" et permet un débat ou un échange intellectuel, accessible au plus grand nombre (idem dans ses conférences ou ses cours à l'université populaire qu'il a fondé, tout est abordable pour qui est prêt à se concentrer et rester attentionné, après faut tomber sur les sujets qui plaisent et là c'est du régal de l'écouter parler, parce que c'est un très bon orateur/vulgarisateur).

Maintenant il y aura toujours les rageux qui le critiqueront sur la forme, et jamais sur le fond parce qu'ils en sont incapables (et c'est pour ça qu'ils se contentent de faire du buzz en remuant du vide). Pour le côté politicien, il a sa vision socialiste libertaire/anarchiste, et là pour le coup je trouve ça dommage qu'il est choisi le vote blanc, alors que lorsqu'il évoque sa politique idéale, celle de Mélenchon y correspond plutôt bien, mais il préfère continuer de le critiquer comme si il avait une dent contre lui. Chepa y a un moment faut au moins reconnaitre que Mélenchon propose des idées véritablement de gauche, socialistes et novatrices, et que même si il ne réalise d'un dixième de son programme, ça sera toujours mieux que de continuer dans le système libéral que Onfray dénonce également, et que dans l'état actuel des choses, je trouve qu'il est plus judicieux de soutenir Mélenchon pour contrer les Le Pen/Macron, plutôt que de lui taper dessus comme si c'était un fou furieux...
 
J'aimerais vous faire part d'un constat que j'ai eu sous trip, mais en lisant ce topic, je me vois confronté aux mystères insondables de Laura.
Introduction

Je me permet donc d'y réagir (sans faire l'effort de quoter, désolé). Vois-tu Laura, le constat que tu fais de la société est de l'ordre de l’impressionnisme. C'est vraiment très réussi, mais ah mon avis tu calques trop les conclusions actuelles de la société, notamment au sujet de l'autorité et de la transmission des valeurs. Pourtant, tes idées propres que j'ai pu connaitre de toi dans tes réponses, y compris sur ce topic même, ouvre davantage une dénonciation des inégalités et de l'alliénation.

Je partages ton avis sur l'horizontalité des expériences auxquels les individus sont confrontés (parents comme enfants) qui les conforment petit à petit au gout de la publicité et de la consommation. Cet art de vivre les amenant à chercher la différenciation dans une exposition narcissique de soi et des siens (les biens) en utilisant paradoxalement des canaux proprement commun et uniforme. Ce consumérisme narcissique touche toutes les sphères sociales de la société.

Maintenant je vais venir à ce qui me dérange. Lorsque j'étais en voyage, j'ai apprécié l'idée que l'acte et l'état de rébellion et d'insoumission de adolescence n'était pas qu'une recherche abstraite de limite comme il est invariablement admis. Mais qu'au contraire, en peu dans une conception Bourdienne. Elle était là juste réciprocité d'une violence symbolique reçue de plusieurs type, tel que l'autorité et l'injustice.

Biais de mon conditionnement social
Alors autant désamorcer la bombe tout de suite. Cette idée à vocation universel n'est peut-être qu'une constation égocentré. En effet pour ma part j'ai grandi dans une cité HLM où survie rime avec insécurité et où la structure familiale que tu dépeint me parait presque fantasmé puisque que comme une grande partie des jeunes d'ici j'ai grandi dans une famille monoparental. A ce sujet j'aimerais exprimer le faite que le divorce de la génération de nos parents n'est pas la marque d'une adulescence ou autre mais sa conséquence. Bien souvent l'un des partenaires se comporte en adulescent (ou parfois c'est le couple lui même qui était incompatible) qui cause le divorce. Ce dernier n'est donc pas un acte de je-m’en-foutisme consentit et partagé comme tu avais l'air de le suggérer. Par ailleurs, bon nombre de mes pairs n'ont pas eu de père avant tout pour des accidents de la vie ou pour des raisons politiques ou sociales, ce ne sont pas toujours simplement des problèmes relationnels qui sont en cause. Cependant, maintenant que j'évolue à Paris je comprends bien qu'en dehors de mon origine social qui comporte ses spécificités, le cas que tu dépeint est plutôt et probablement exact. Enfin la jouissance narcissique du consumérisme s'exprime aussi dans nos banlieue, et ce de plus en plus depuis l'émergence de la figure du rappeur/criminel bling bling qui manage comme un parrain. C'est d'un libéralisme parfois encore plus violent que dans les sphères moyennes de la société puisque les lois sont traités avec moins de respects.
L'autorité en question

Bref j'en reviens sur mon idée. Je préfère dénoncer le modèle autoritaire parce que selon moi il ne sert qu'à préserver l'ordre établi, dans l'inertie des choses et des pouvoirs et de manière déconnecté de la raison. Il serait intéresser de savoir si la frustration et la douleur ressenti après avoir subi l'autorité peut réellement être un transmetteur utile de valeur tel que l'empathie. Tel une forme d'empathie dans la souffrance.
Mais dans les faits il n'en est rien. C'est un peu comme lorsque tu as parlé de faire de la philosophie pour les enfants. A mon avis cette idée n'est pas intéressante car comme cela on pourrait mieux répondre aux questionnements des enfants. Mais aussi et surtout parce que l'enfance est créatrice d'idée et de pureté. Or le modèle patriarcal d'enseignement veut que ce soit le maître, l'ancien, le père qui donne avec force la vérité, et que c'est l'enfant qui doit accepter de s'y plier.
Or cela balaye du coup toute remise en cause des défauts et des biais de la figure paternel, celle là même qui fait sa loi à coup d'autorité. Je ne dis pas qu'elle à forcément tort, je dis que sa manière ne sert qu'à préserver l'ordre établi.

Par exemple, j'ai moi même grandi dans l'idée (apprise dans tous les produits et morales qu'on donne volontiers aux enfants) que notre place dans l'entreprise dépendait de nos mérites et de nos promotions au sein de l'entreprise. Qu'elle fut ma surprise quand en grandissant j'ai compris que la plupart des patrons des grandes entreprises étaient souvent des parachutés par le système (politique ou financier), qui n'avait aucune expertise et aucune attache sur le sujet même de l'entreprise. L'une des valeurs qu'on m'avait appris étant enfant. Une de ces valeurs qu'on aime répéter pour légitimer le salariat, était en réalité bafoué quasi intégralement dans les S.A. Or ce n'est pas le seul problème dont la génération Y a prit conscience mais qu'il lui est impossible de remettre en cause, du fait de l'autorité, et de la reproduction de ses figures "paternels".
La hiérarchie

Pour essentialiser un peu le propos. Attribuer aux parents le rôle de transmetteur de savoir-être et aux enfants le rôle de pré-adulte en attente de savoir-être c'est hiérarchiser la société. Or le métier de professeur par exemple, que je vise, est un beau métier parce qu'avant tout on est dans une relation avec les étudiants. On leur apprend ce qu'il doit leur être appris, mais pour autant ceux là sont aussi présent pour questionner nos certitudes ou nos incertitudes et pour nous rappeler à nos morales lorsque l'inertie de la société tends à nous mettre des œillères.

Le modèle patriarcal d'autorité que tu présentes, et qui n'a pas du tout été une unique référence dans l'histoire (comme l'a très justement dit Tridimensionnel), est un modèle qui dans les faits (pour ce que je connais, ma famille mes amis) a tendu à rendre faire accepter la soumission à la société et à ses structures sans la remettre en cause pour ensuite l'épuiser et l'acheter par le travail/salariat, l'incitant de fait à préserver l'ordre social qui lui a permis de s'émanciper et de devenir adulte en exerçant l'autorité sur les adolescents.
Les valeurs morales se sont plutôt transmises dans la satisfaction collective, le partage et le mutuellisme qu'on retrouve dans la cour d'école ou dans la fratrie (d'autant plus que dans ma famille depuis toujours on est des familles nombreuses, alors peut-être qu'un enfant unique n'aura pas le même rapport à l'apprentissage que moi).

L'autorité est antinomique de la raison, de l'universel et du partage

Je comprends au fond que tout sujet à besoin de définir ses limites propres. C'est parfaitement logique. Ce que je ne comprends pas en revanche c'est pourquoi on associerai cette recherche à la défiance. Alors que dans d'autre cas on ne résout pas à l'inconnue par la défiance et la violence (lorsque l'on explore une forêt par exemple, on n'agit pas de manière effronté). Au fond j'ai l'impression que cette histoire de limite/autorité sert avant tout à taire les conséquences des injustices sociales.

J'ai beau réfléchir, mais je ne vois pas de quel autre manière pourrait s'exprimer toute la violence qui s'accumule en nous lorsque l'on est victime d'injustice social comme le théorise Bourdieu. Violence qui une fois intégré à l'âge adulte est reproduite, ce qui fait que les classes sociales les plus défavorisés sont les plus réactionnaires et radicales en proportion. (Lire à ce sujet un extrait de Bourdieu sur les biais des sondages).
Au fond, quand on est adulte, la violence (d'autorité, symbolique et social) qu'on subit encore on la déverse sur ceux qui nous "inférieurs" (enfants, femmes etc). Tandis qu'adolescent, lorsque l'on commence à prendre conscience de la réalité du monde, notre seul manière d'exprimer cette souffrance, cette vengeance ou cette revendication, c'est l'acte et l'état de rébellion et d'insubordination.

Là où tu as raison c'est dans l'éclatement de ces figures actives. Aujourd'hui la société est beaucoup plus horizontale qu'avant (même si je pense que c'est un leurre) de par la multiplicité des écrans qui nous bombardent d'informations, de données, brefs d'idées.
Pour autant pourquoi réhabiliter un système qui conduit à la déchéance. La fuite d'autorité, ou la décadence, est condamnable non pas parce que c'est un manque d'autorité sur l'adolescent mais parce que c'est un manque d'échange tout cours. La transmission des valeurs peut se réaliser de bien des manières différentes et il ne faut pas respecter l'autorité uniquement par le raisonnement (d'autorité ^^) qui le place comme seul alternative utilisé. C'est faux. A ce sujet j'ai vu au cours d'un reportage le fonctionnement égalitaire d'une famille japonaise très atypique. Où l'autorité était un gros mot et où tout le monde dormait dans la même pièce. Bien que je ne souscrit pas à toute leur organisation je dois dire que leur exemple témoigne clairement d'une méthode de transmission non autoritaire au sein d'une structure familiale classique. En effet j'aurais tout aussi bien pu prendre pour exemple les cas des sociétés dont parles Tridimensionnel, mais ceux ci ne sont pas d'actualité.
Conclusion

Pour finir j'ai un frère qui de tout temps a été une tête dure. Pourtant c'était pas le plus intelligent. Du coup il en a bouffé des punitions et des actes d'autorité. Aujourd'hui dans la famille c'est celui qui revendique le plus les actes d'autorité, jusqu'à ce que ça en devienne insupportable sur bien des sujets. Comme quoi il a bien été conformé, les punitions ont été fructueuses. Malheureusement, comme la société patriarcal d'antan, il n'a pas su apprendre de ses erreurs et il va répéter un schéma qui l'a fait souffrir de bon nombre d'année. Mais cette fois ci sur les autres.

La perte d'autorité n'est donc pas pour moi la cause de la décadence de la société. Bien au contraire je crois que c'est l'autorité de l'argent (comme "valeur" (d'équivalence) universelle), qui pousse les gens dans le consumérismes en créant chez eux à un sentiment d'incomplétude. Ce qui, au bout de la chaîne des conséquences et des pathos, conduit à un individualisme hiérarchique de plus en plus marqué. Où la séduction et la domination prime sur la persuasion, la conviction et le mutuel. Bien loin des idéaux anarchiques et libertaires qui quand à eux laissé sa juste place universelle à la raison.
 
Compliqué de répondre à tous les points que tu as abordé.

Xochipilli94 a dit:
L'autorité est antinomique de la raison, de l'universel et du partage

Je comprends au fond que tout sujet à besoin de définir ses limites propres. C'est parfaitement logique. Ce que je ne comprends pas en revanche c'est pourquoi on associerai cette recherche à la défiance. Alors que dans d'autre cas on ne résout pas à l'inconnue par la défiance et la violence (lorsque l'on explore une forêt par exemple, on n'agit pas de manière effronté). Au fond j'ai l'impression que cette histoire de limite/autorité sert avant tout à taire les conséquences des injustices sociales.

J'ai beau réfléchir, mais je ne vois pas de quel autre manière pourrait s'exprimer toute la violence qui s'accumule en nous lorsque l'on est victime d'injustice social comme le théorise Bourdieu. Violence qui une fois intégré à l'âge adulte est reproduite, ce qui fait que les classes sociales les plus défavorisés sont les plus réactionnaires et radicales en proportion. (Lire à ce sujet un extrait de Bourdieu sur les biais des sondages).
Au fond, quand on est adulte, la violence (d'autorité, symbolique et social) qu'on subit encore on la déverse sur ceux qui nous "inférieurs" (enfants, femmes etc). Tandis qu'adolescent, lorsque l'on commence à prendre conscience de la réalité du monde, notre seul manière d'exprimer cette souffrance, cette vengeance ou cette revendication, c'est l'acte et l'état de rébellion et d'insubordination.

Là où tu as raison c'est dans l'éclatement de ces figures actives. Aujourd'hui la société est beaucoup plus horizontale qu'avant (même si je pense que c'est un leurre) de par la multiplicité des écrans qui nous bombardent d'informations, de données, brefs d'idées.

Je te rejoins sur ta conclusion dénonçant l'individualisation dans un consumérisme abusif.

Vis à vis de l'autorité, je pense que l'on est sorti du modèle patriarcal d'antan et c'est tant mieux, mais le problème est qu'on a pas remit en place une autorité véhiculant des valeurs éthiques (par exemples l'écologie, la culture et l'enseignement comme tu en as parlé). La montée du capitalisme a progressivement détruit le modèle vertical du Père dominant ses fils en leur imposant des valeurs morales d'honneur et de respect de l'individu pour mieux en faire un produit avec le libéralisme, tout en reléguant la religion hors de l’État, et en abolissant quelques règles morales qui étaient indispensables à défaire (de ce côté là merci à l'avortement par exemple, et la laïcité).

Mais effectivement on est resté dans un modèle où le vertical a toujours sa place à côté de l'horizontal, et au vu des multi connexions qui font notre société, je me dis qu'aujourd'hui il faut nous penser plus loin que dans un modèle vertical ou horizontal, plus loin que dans une optique transcendantale ou immanente, en se voyant dans un modèle en trois dimensions :

- Le vertical agit toujours avec les politiques et le grand patronat et autre actionnariat tout puissant en haut, et dominant le prolétariat en bas (même si ce dernier se différencie en une multitude de classes sociales).
- L'horizontal s'opère dans un partage collectif où par exemple internet permet une offre "gratuite" et surtout à la portée de chacun, qui serait au même niveau que son voisin.
- et dans une seconde abscisse dite d'éthique, s'ouvre tous les champs des possibles entre la nécessité d'avoir une autorité respectueuse des individus, et la nécessité que chacun évolue dans une dimension sociale qui se veut égale en liberté et en droit (la base des droits des humains quoi).

Bon faudrait que je m'éclaire moi-même pour que je comprenne bien ce que je veux dire en étayant mes propos, mais dans mon idée, il ne faut pas chercher à tout aplanir ou à tout verticaliser, il faut sortir des plans uniquement horizontal ou vertical dont on est prisonnier, pour évoluer dans un tout se constituant de ses deux plans, avec en plus la troisième dimension qui offre un volume d'action bien plus large, et où l'on aurait à y définir nos limites sociétales et individuelles, selon les besoins et envies de la modernité (l’individu s'est individualisé, c'est un fait donc il faut faire avec, néanmoins on peut s'en sortir en individuant les individus par le culturel, pour qu'ils apprennent à se décentrés de leur ego).

Parce que si l'on continue à évoluer chacun de son côté dans un plan vertical pour certains, et horizontal pour d'autres, personne ne s'entend collectivement, et ne s'y retrouve, d'où une confusion des limites dans une perte de valeurs collectives. La morale on l'a déjà en nous, celle du christianisme n'est pas totalement à mettre à la poubelle quand il est dit qu'il faut s'aimer les uns les autres. Ce qui reste à définir c'est une éthique de vie pour agir de manière adéquate entre nous, et avec notre environnement (la nature). Cela revient à tous se mettre sur un plan d'égalité horizontal (mon patron ne vaut pas mieux que moi parce qu'il est le patron), et de respecter une hiérarchie verticale qui donnerait la direction éthique à suivre pour évoluer dans l'espace contenue entre les plans vertical, horizontal et éthique (si on dit qu'on est une société écolo, alors on l'est tous collectivement en respectant les autorités véhiculant les valeurs écologiques mises en places pour limiter le champ des possibles dans un espace où l'on préserverait la nature).

Aussi je ne vois pas comment les individus peuvent se regrouper en collectivité sans un leader, non pas pour les mener à la baguette, mais pour dire "on va faire ceci, parce qu'on la tous décidé". Il faut une tête dirigeante, qui d'après des têtes pensantes (venant de tous les milieux), donnerait l'envie et la volonté à tous de suivre une direction commune. Aujourd'hui, si il n'y a pas de "leader", n'importe quel groupe d'individu part en vrille, s'embrouille, genre moi je, mais toi pas, enfin on va vu que Hamon et Mélenchon ont préféré leur ego à la cause sociale lors des dernières élections par exemple. D'où le fait que je pense qu'il faille un leader, mais qui n'aurait pas de pouvoir, il serait juste là pour verbaliser et rappeler des valeurs morales et des manières de faire éthiques, qu'il représenterait au nom des autres, en gros c'est une démocratie quoi, et non pas une oligarchie.

Bon c'est fouillis tout ça dans ma tête, mon idée pour l'instant est qu'il ne faut pas enterrer l'autorité parce que ça parait cool d'interdire d'interdire. On a besoin d'autorité pour se reconstituer un cadre de valeurs morales et éthique, un cadre qui imposerait des limites nous permettant de nous y retrouver face à nous-mêmes, au lieu d'une part de nous perdre dans des confusions identitaires amenant à des conduites narcissiques et égocentriques pour se protéger de soi et d'un système oppressant, et d'autre part de se faire rappeler à l'ordre par une autorité à tendance totalitaire.
 
Tu touches là la limite d'un idéal.
En effet en soit il est admis dans la nébuleuse anarchique qu'on peut élire quelqu'un pour un mandat déterminé dans l'action, le but et le temps. De fait on peut aisément créer un leader qui rappelle les règles générales, tant que lui même n'est que le reflet du groupe.
Cependant la limite du modèle libertaire c'est que par absence d'autorité, on peut supposer que si une décision prise à l'unanimité déplait un individu. Alors il devrait avoir la liberté de ne pas respecter cette loi en se mettant à la marge de la société.

Par contre la différence dans nos conceptions tient au fait que tu prends l'autorité comme un moyen alors que je l'a prends comme une fin en soi.
L'autorité par essence c'est imposer par la force. Donc comme la haine appelle la haine. Imposer par la force c'est toujours créer une force de sens contraire en réciprocité. Jusqu'à en venir à bout par l'intérêt, le salaire, les plaisirs de son entre soi social etc.
À l'inverse je postule pour un modèle ou au lieu d'imposer, on convainc, on persuade. Dans les limites du possibles bien entendu. Comme tu l'as très justement souligné, la verticalité de notre société doit être une rémanence de celle de la nature.
Je prends par exemple une situation que j'ai très souvent connu, celle de l'enfant turbulent et capricieux. Dans la petite enfance, le petit est un esprit créatif qui a besoin de connaître une multitude d'expérience. C'est comme ça il a la gigote. Cependant lorsque l'on doit attendre bien tranquillement sur une chaise, il est bien difficile pour lui de débrancher son petit cerveau. Donc par autorité, la plupart des parents préfèrent le mettre en garde d'une punition jusqu'à lui foutre la baffe qui le taiera une fois pour toute et qui mettra fin à l'humiliant public qu'il produit.
Or ma mère a toujours préféré un modèle, c'est celui de l'occupation. Plutot que de demander à un enfant en quête intense d'expérience de renier tout son processus biologique pour se comporter en adulte en attendant bien sagement. Il vaut mieux occuper l'enfant en jouant avec lui dans des disposutions qui ne gênent pas les autres. Si la Gameboy es une solution de facilité pour certains, il y a tout un tas de jeu interactif entre parent et enfant comme le jeu des couleurs etc. De fait on parviens à tenir l'enfant comme on voudrait qu'il soit tout en répondant à ses besoins.

Autre exemple qui met en exergue les limites de ce modéle, notamment par la nécéssité écologique. Si un enfant refuse de manger des haricots verts parce qu'ils n'aiment pas. Déjà il y a de forte chance qu'il n'aime pas parce que ça a été imposé. Mais lui faire unnautre petit plat en cédant à ses caprices serait une erreur. La nature a une autorité et une verticalité qui nous ordonne d'être responsable écologiquement. De fait si il ne veut pas manger son plat on peut lui présenter autrement (cuisine moléculaire etc) ou changer les goûts (condiments, sauce) mais quoi qu'il arrive ce sera ce plat là. S'il n'en veut pas il devra composer avec la faim.

La société, la loi et la nature apporte son lot de bénéfice qui devrait nous inviter à les respecter.

Même si au final on est un peu loin de mon postulat de départ qui traitait de l'adolescence comme acte profond de résistance.
 
Xochipilli94 a dit:
Par contre la différence dans nos conceptions tient au fait que tu prends l'autorité comme un moyen alors que je l'a prends comme une fin en soi.

Tu entends quoi par fin en soi ? enfin c'est quoi ton idée pour que l'autorité soit une fin en soi, plutôt qu'un moyen pour accéder à un choix politique disons ?
 
Laura Zerty a dit:
Tu entends quoi par fin en soi ? enfin c'est quoi ton idée pour que l'autorité soit une fin en soi, plutôt qu'un moyen pour accéder à un choix politique disons ?

Je me suis mal exprimé. Je veux dire que l'autorité n'est pas mon objectif parcequ'en elle même elle fait ressortir ce qu'il y a de mauvais chez l'homme. Donc par essence il faut y renoncer dans la mesure du possible.
En revanche toi lorsque tu parles de l'autorité, tu en parles comme moyen pour ancrer des repères ou des valeurs.

C'est un peu comme si tu me disais qu'un stim c'était utile parceque ça peut nous booster pour le travail. Tandis que moi je disais qu'il fallait y renoncer parcequ'un stim contient en son sein sont lot de désagréments, notamment sur le système vasculaire.
 
Ah oki je comprends mieux, mais je ne vois pas comment on peut renoncer à l'autorité en fait ?

Sans autorité il n'y a ni loi ni règle, chacun fait ce qu'il lui plait et on est sur que ça sera l'anarchie la plus totale, dans un engrenage de la loi du plus fort qui se mettra en place le plus naturellement possible.

C'est là où je trouve indispensable l'autorité, pour moraliser les individus et leur définir des limites à ne pas dépasser dans un cadre éthique bien défini. Il s'agit là de dire, tu respectes ton prochain, tu respectes ta personne, tu respectes la nature, tu respectes les lois qui nous régissent en t'arrêtant au feu rouge, sinon il y a un risque dommageable.

Pour prendre l'exemple du stim, que ça soit bon pour le travail sous certains aspects c'est un fait, que ça nuisible par ailleurs, c'est aussi un fait. Mais faut-il pour autant être pour ou contre ? interdire ou permettre ?

Perso je pense qu'avec l'autorité il est possible de trouver un entre deux, où en connaissance de cause il pourrait être permit d'user d'un stim pour travailler, sans pour autant finir mal parce qu'on aurait consommé en tombant dans quelques pièges.

Si une autorité permet l'utilisation d'un stim en prévenant des risques, et en mettant en place un cadre légale et stricte, donc à ne pas dépasser, il est envisageable de taper sa petite trace de stim pour bosser et sans vriller. L'autorité n'est alors que la garante d'un bon sens commun, d'un cadre mit en place pour effectuer ce bon sens sans dérive parce qu'un tel aurait décidé de ne pas suivre les règles, et de s'envoyer tout le pochon avec les risques que ça lui fait encourir.

En fait je place ça dans une évolution, dans une éducation où il faut donner des limites à des enfants/adolelescents encore ignorants et inexpérimentés, et pour qu'ils respectent ces limites, il leur faudrait des valeurs sur lesquelles s'appuyer. En gros on se servirait de l'autorité pour affirmer une morale garantissant une éthique de vie.

L'autorité serait ce repère à ne pas dépasser pour ne pas être irrespectueux (le but de morale), et assurer que tout le monde agisse dans une manière de faire adéquate (l'éthique). Mais je n'invente rien, c'est ce qui est déjà en place, sauf que les puissants se servent de la morale et de leur autorité pour affaiblir les petites gens, dans une éthique merdique de sur-consumérisme avilissant, abrutissant et asservissant.

Je ne suis pas un anarchiste qui voudrait tout réformer, voire tout détruire, je pense que notre système est efficace et bon tant qu'on le fait fonctionner pour permettre des résultats efficaces et bons. Maintenant si une minorité a préféré marchandiser la majorité, je lutte contre et vote pour un changement politique redonnant à l'éthique une place dans le débat publique, que l'on retrouve des valeurs morales respectueuses et non pas de la fausse morale belliqueuse couvert par de bonnes intentions que l'on ferait miroiter genre on va faire la guerre au nom des Droits de l'Homme, et ceci ne me semble possible qu'en affirmant une autorité nécessaire.

Comprend que l'autorité c'est mettre en prison Sarkozy, Fillon, Le Pen, etc, tous ces Cahuzac et autres déchets privilégiés de la politique politicienne, qui accentuent notre décadence dans une déchéance la plus cynique qui soit. Si les règles éthiques et morales de la démocratie étaient respectées grâce à l'autorité des lois, toutes cette clique de parasite narcissique riche et bien portant ne pourrait pas continuer à corrompre un gouvernement se complaisant dans le mensonge et la sournoiserie.
 
Sans autorité il n'y a ni loi ni règle, chacun fait ce qu'il lui plait et on est sur que ça sera l'anarchie la plus totale, dans un engrenage de la loi du plus fort qui se mettra en place le plus naturellement possible.

Pas l'anarchie , les pauvres anards lol, mais plutôt le chaos ?

un monde sans argent, sans education, sans religion, sans famille, sans ami, sans couple...
comment recevoir un cour sans autorité? par exemple

bref plus de civilisation...? je me trompe?


je ne vois pas comment une espèce qui est si dépendante des coups de bâtons, notre espèce, parviendrait ce tour de force ^^. Au mieux on pourra essayer mais je ne nous vois pas vivre sans rapport de domination. Beaucoup de monde adore la violence, parfois pour le plaisir, si on a plus d'autorité sur eux..
 
Comme l'a dit Groovie, ce monde sans loi que tu décris n'est pas l'anarchie mais l'anomie. On l'a déjà évoqué sur le topic de l'anarchisme. L'idéal qu'on soutient c'est plus un idéal égalitaire qui voit la liberté possible que dans la stricte égalité entre les Hommes. Donc pas de pouvoir et pas d'autorité, mais sur ce dernier terme je vais essayer de le définir plus en profondeur.
Par ailleurs cette anomie, où loi du plus fort. C'est un peu la vieille rengaine qui avait été proféré contre le socialisme, qu'ils décrivaient comme la guerre de chacun contre tous. Or si il est vrai que l'état naturel auquel souhaite revenir les divers courants socialistes, anarchistes et communistes contient en son sein une violence entre les partis. C'est aussi cette nature qui pousse à se sociabiliser, à apprendre puis transmettre. Donc en soit la cruauté de la nature, ce chaos écrasant, est un système où toute partie trouve son compte, parfois dans la douleur mais au moins elle est relativement pérenne. C'est une économie circulaire où il n'y a aucun déchet. La dimension qu'il nous faudrait ajouter c'est l'émancipation philosophique des individus, qui n'existe pas à l'état naturel.


Laura Zerty a dit:
C'est là où je trouve indispensable l'autorité, pour moraliser les individus et leur définir des limites à ne pas dépasser dans un cadre éthique bien défini. Il s'agit là de dire, tu respectes ton prochain, tu respectes ta personne, tu respectes la nature, tu respectes les lois qui nous régissent en t'arrêtant au feu rouge, sinon il y a un risque dommageable.

Je quote cette phrase parce qu'elle résume parfaitement le raccourci que tu fais, qui se discute parfaitement mais auquel je ne souscris pas dans le cadre humain. En effet si on t'écoutait, c'est l'autorité, donc la contrainte physique et psychique supposé légitime, qui contraint les individus à respecter la loi. Mais que je sache, on a beau tous risquer 20 ans de prisons pour détention et consommation de drogue, ça ne nous empêche pas de nous droguer. Durant les manifestations, les CRS ont beau être habillés comme des tortues ninjas en interpellant de manière tout azimut, ça ne l'est empêche pas de se faire caillasser.

C'est absolument illusoire de croire que la seul force qui nous soumet à un système, qui nous le fait respecter, c'est la peur de représailles de la part de "l'autorité". Je pourrais entendre que faire ressentir la faiblesse, la douleur, donner une claque, ça parait à l'individu de se reconsidérer (et vers le bas). Cependant je ne crois pas que ce soit un moteur sain d'une organisation sociale.

L'empathie et le respect sont des valeurs qui vont de pairs, cependant si elles viennent à nous, ce n'est pas à cause de du pouvoir que nos pairs pourraient avoir sur nous. C'est avant tout parce qu'à un certain degré de sagesse on s'applique tous à la maxime du "ne fait pas autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasses" et inversement. Personnellement j'ai plein d'exemple de gens que j'ai respecte, dont mes grands-parents, pour qui ce qui légitime le respect pour eux ce sont la transmission et l'amour qu'ils ont pour moi.

Au fond dans l'autorité on distingue deux choses: le pouvoir vertical d'un individu/structure/loi sur un individu et la légitimité.

Or la légitimité n'est pas une valeur "autoritaire", c'est plus une valeur démocratique et horizontal Après tout on aurait aucune difficulté à accepter une forme de justice extérieure à nous même du moment qu'on l'a choisi. C'est ça la légitimité démocratique. Or la légitimité d'un pouvoir exécutif qui contrôle au faciès ou d'un père un peu trop généreux sur les fessés parce que le petit veut pas finir son assiette elle est nulle.

En effet l'autre versant de l'autorité, ce pouvoir exécutif vertical est mauvais et illégitime car il ne fait pas appelle ce qu'il y a de bon dans l'homme. Par exemple le type qui aurait abusé des stims. Bon dans le cas où une loi vraiment légitime démocratiquement aurait interdis l'abus de stim, user de la violence (physique, verbale ou symbolique) et de la punition peut être moins salvateur qu'user de la dialectique pour raisonner les individus. Certes c'est dur de combattre les vices qui sont à chacun de nous, mais jusqu'à maintenant, les meilleurs remèdes qu'on a trouver ce n'était pas un autre mal, mais un bien. Se faire de nouveau pote, résoudre des problèmes, trouver un meilleur cadre de vie, être en harmonie avec son environnement social, ça aide toujours à se sortir d'une vilaine addiction plutôt que de se prendre une lourde amende et se retrouver quelques mois à l'ombre là où on trouve de tout deux fois plus chère.

Je sais bien que toi aussi tu places la clé dans l'éducation. Cependant il ne faut pas tomber non plus dans les travers de "l'aristocratie". Le but n'est pas d'imposer par autorité aux esprits du grand nombre une doctrine du petit nombre, même si elle est bonne. Je ne parle pas là de ploutocratie mais de technocratie à la sauce d'Aristote.

Tout est dans l'éthique. L'ethos c'est le choix. Donc la clé que c'est que chacun puisse vivre en accord avec ses choix, et que dans le cas où une disposition prise par assemblée ne corresponde pas à son affinité, il la respecte par choix et par amour de la démocratie. Au fond si on paie tous nos impôts, c'est pas parce que si on ne les paie pas a des ennuis. C'est aussi parce que ça va dans le package de protection sociale qui nous protège. D'ailleurs les seuls qui veulent s'y soustraire c'est ceux qui y gagnerait à ne plus en payer, soit parce qu'ils ont déjà les moyens de se protéger, soit parce que le cadre actuel des impôts ne les convient pas.


Au fond, même si tu as le droit d'accorder un sens différent que moi à nos mots, c'est la confusion entre légitimité et autorité qui te permet d'affirmer que c'est par l'autorité que s'impose la morale. La morale, elle s'impose à nous même parce que par l'exercice de raison, on est d'accord avec elle.

Pour finir, je comprends bien que l'idéal que tu défends est contraire à celui des Cahuzac Sarkozy et consort. Mais ce que j'essaye de clarifier, c'est que si je dis que l'autorité est fondamentalement mauvaise c'est justement parce qu'elle peut notamment être perverti par ce genre de type. Ça fait partie du logiciel, à partir du moment où tu tolère un pouvoir vertical, tu rends possible la dérive dès que la légitimité/volonté du peuple s'en écarte.

Là faisabilité de cet idéal tiens dans la conjoncture. Toi tu pars de notre système autoritaire parce que ça fait longtemps qu'il existe et parce qu'il a tout de même des réussites. La chose que j'aimerais te rappeler, puisque tu l'as surement vu dans le documentaire sur l'anarchie "Ni Dieu Ni Maître", c'est que cette faisabilité de l'ordre sans le pouvoir est possible. Une anarchiste espagnole disait que l'idéal anarchiste avait été rendu possible parce que plus de 50% de la population y était favorable et acteur. L'ordre tiens dans l'inertie du peuple.




EDIT du Turfu: J'avais pas vu ton edit Groovie. Du coup je te réponds un peu retard.
Ça s'éloigne assez du cadre conceptuel auquel faisait référence Laura.

En faîte je pars du principe qui semble assez évident, que la haine attire la haine et que la violence attire la violence. Il y a des choses dans ce monde qui naturellement, lorsque l'on ne les a pas encore connu, nous font peur, nous font souffrir. Or la seule chose qui permet d'encaisser plus ce genre de violence, c'est la violence elle même. Donc c'est exponentielle, plus on enseignera la violence, plus elle s'imposera aux gens.

Par ailleurs j'aimerais que vous sachiez que je ne sors pas ces idées de ma dernière troupe de jeune anarchiste complètement utopique. En faite cette réflexion m'est venue lorsque j'ai étudié en profondeur la philosophie stoïcienne (j'ai souvent parler de Sénèque ici). Cette philosophie est très riche dans sa méthode d'érudition et de sagesse, mais il faut savoir qu'elle a eu une influence considérable sur les temps qui ont suivi en Europe. Notamment au sein de l'église catholique, ce qui est assez curieux d'ailleurs parce que quand on connais les deux on ne voit pas du tout ce qui les rapproche idéologiquement, et pourtant, avant que la chrétienté subisse cette malheurese dérive (que certains qualifieraient de technocratique), il y avait des moines qui étaient de vrais hippies avant l'heure.

D'ailleurs j'en profite pour caler cette Citation de Cicéron, Ier siècle av J.C, le chef de file du mouvement stoïcien:

Cicéron a dit:
L'autorité de ceux qui enseignent nuit la plupart du temps à ceux qui veulent s'instruire.
 
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