J
Ji-doo
Guest
Attention: Je publie ce compte rendu à la demande de Chandler (alias Chandly pour les intimes). Je ne suis pas l'auteur de ce récit autobiographique, mais à la demande de l’intéressé (n'ayant plus de compte ici et ne souhaitant plus être actif sur le forum) et avec son accord, je vous transmets le texte qu'il a pris le temps d'écrire afin de témoigner de sa dépendance à la MDPV (méthylènedioxypyrovalérone) et de mettre en garde les usagers potentiels.
----------
Salut à tous,
Après un long silence, j’ai décidé avec ma femme de raconter mon histoire sans aucune prétention mais juste pour moi et peut-être pour en aider certains qui sont malheureusement perdus là dedans.
Je tiens aussi à travers ce récit à remercier certaines personnes qui ont beaucoup compté pour moi et qui pour l’une d’entre elle m’a permis de sortir de ce calvaire.
A l’heure actuelle je suis abstinent depuis 7 mois et 15 jours, et je vis une vie que j’aime et dont je n’aurais jamais cru à l’époque qu’elle soit possible.
Pour situer les choses, je suis ChandlerBing pour ceux qui me connaissent, ex modo et co-co-co-co fondateur de l’association Not For Human que vous connaissez sans doute.
Je suis obligé de précisé que tout ce qui va suivre est à l’encontre totale de la RDR, de la conduite à avoir avec les drogues et surtout c’est mettre sa santé en grand danger et son intégrité physique en jeu. Même si je sais que dire ça à un drogué est peine perdue et qu’il pense être unique ( à juste titre généralement ) dans son histoire et sa conso, et que personne ne peux le comprendre, je sais qu’avec du recul j’ai pris d’énorme risques et les séquelles que j’ai ne sont toujours pas partit après quasiment 8 mois. Et je regrette vraiment car les neurones perdues sont perdus à jamais, malheureusement il est trop tard…
Je souhaites avant toutes choses remercier celle qui a toujours été la pour moi, du début à la fin, qui a vécu toute ma folie aux premières loges, qui m’a permit de sortir de ma maladie et des profondeurs de la morbidité, qui m’a pardonné mes fautes, qui m’a aimé et qui m’aime encore, celle pour qui j’ai changé radicalement et avec qui je vis une magnifique histoire d’amour (mhhh ça sent l’eau de rose mais je vous crotte, j’assume et je suis fier de nous). Merci mon amour.
Je remercie également ceux qui m’ont soutenue avant, pendant, et après, qui m’ont épaulé et qui m’ont accordé de leur temps pour me faire aller mieux, ou tout du moins me tenir compagnie quand j’étais au plus mal.
Merci Jhi-dou, Ouro, Strato, Sludge, Para, Schtroumpfette, DasFrog, Tissu ma petite serviette à moi, Bijord, Gamida. Et désolé pour ceux que j’oublie.
Mon histoire avec la MDPV à commencée alors que j’étais déjà addict aux stimulants, et pour résumé sans rentrer dans les détails, une polytoxicomanie de 5 ans, une très forte aux opiacés et une occasionnelle aux benzos qui pouvait se résumer à 100mg d’étizolam en 2 semaines.
J’ai commencé la MDPV par curiosité, en prise orale, sans conviction et je n’ai pas été satisfait du résultat qui m’a paru très peu euphorique et trop physique.
J’avais abandonné le pochon pendant quelques mois, jusqu’à une soirée ou je n’avais plus rien d’autre en stock, et ou j’ai commencé la soirée en la sniffant.
Le sniff m’a procuré une sensation plus agréable que l’orale, sans pour autant me faire prendre mon pied, j’étais stimulé et je ressentais une petite sensation agréable de bien-être, suffisamment pour me faire retaper toutes les heures et passer ma soirée sur le forum à lire la section anglaise et l’achever avec un poste à tendance scatophile que Tissu avait beaucoup apprécié d’ailleurs, ou je racontais la chiasse que me provoquait la pv mixé à du lanosyl.
J’ai bingé pendant trois jours avec, la PV ayant l’avantage d’être active à un faible dosage.
A la suite de ça, j’ai laissé le pochon dans ma boîte magique pendant environ un mois. Nous sommes maintenant au mois d’aout 2012 et après un binge d’une semaine à l’EPH couplé à du séléginil ( totalement débile, inconscient et fait en connaissance de risque en plus, pourtant à cette époque je n’avais aucune envie de mourir ou de pensée suicidaire ) , je suis mal à un point très avancée, je suis en dépression, je suis totalement accroc aux stimulants que je me suis même injecté pendant 4 jours quelques temps auparavant, et le shoot d’amphet + EPH m’avait enfoncé encore un peu plus.
Toutes les journées étaient insupportables, déprimantes, léthargiques, et ma formule de l’époque qui était de combattre le mal par le mal voulait que je consomme des choses toujours plus fortes, toujours plus longtemps et avec toujours autant de choses totalement contraire à la RDR et dangereuse pour ma santé mentale et physique.
N’ayant plus aucun stims sous la main si ce n’est le reste ( 2/3 environ ) de mon pochon de PV, j’ai donc décidé de tenter le diable, tester ce que le net décrivait comme le diable incarné, la MDPV fumée, enfin vaporisée.
Je prépare donc ma première ampoule sans trop savoir comment faire, je regarde les tutos sur le net, la fameuse « lightbulb » et donc je finis par confectionner ma première ampoule, début d’une longue histoire d’aliénation avec les ampoules.
Mes premiers essaies sont ratés, je ne maîtrise pas la technique, je brûle l’ampoule, et je ne ressent pas grands choses.
Je me renseigne sur le net, et je peaufine ma technique de vaporisation, puis un dimanche matin, je mets environ 5 ou 10mg de PV de l’ampoule, et je la vaporise plutôt correctement…. Et là, grosse surprise, moi qui était quasiment sans espoir, je me tape un rush de dingue, très puissant, instantané, euphorique, vivifiant. Un rush qui me fait oublier mon état misérable et déprimé.
Je m’empresse de le raconter à Tissu qui me dit de faire attention à mes fesses avec la pv (quel prophète, implorez notre Serviette préférée qui avait tout deviné à l’avance).
Le rush dure environ 15 minutes, suivi d’un high de bien-être agréable et libérateur d’environ 1h.
Pour vous situer le plaisir que m’a apporté ce rush, je le comparerais à un rush de crack.
A partir de ce moment, l’aliénation va commencé, car je serais dans une recherche perpétuelle de retrouver ce rush et ce plaisir.
C’est à ce moment là que j’ai rencontré la femme de ma vie, sur l’IRC, à savoir Wombat, Womby pour les intimes huhu.
Paradoxalement j’étais dans un état de totale dépression, et pourtant chaque message échangé avec elle me provoquait un énorme plaisir, et une bouffée d’oxygène que je n’espérais plus.
Fin Août, je venais d’achever quasiment 15 jours de binge, en mixant EPH, 3-mmc, MDPV, 4-FMA, et étant chez ma mère tout seul, sans argent, je n’ai pas pu m’acheter d’opis ou de benzos, j’ai donc subit un sevrage à la dure qui m’a fait passer 48 heures horribles, j’étais en sueur de la tête au pied, j’avais chaud et froid en même temps, j’avais une chiasse infernale, mes genoux me faisaient souffrir horriblement, mes jambes étaient comme martelé de clous, je pleurais sans arrêt, bref c’est ce genre de moments qui fait devenir dans votre esprit le concept de « vie » comme quelque chose de stupide et dénué d’intérêt si ce n’est celui de souffrir, et qui vous fait poser la question de son intérêt, pourquoi vivre si c’est pour souffrir . A vraie dire la seule chose qui me faisait tenir et qui m’apaisait c’était de savoir que je parlerais à Marie dans la journée.
A la fin de ces 15 jours, les stims que je prenais ne me faisait plus aucun effet, si ce n’est stimuler ma psychomotricité et mon cœur. Je pesais 38kg pour 172 cm, et monter des escaliers étaient devenus une épreuve physique extrêmement délicate et pénible.
J’ai décidé le 1er septembre d’entamé un sevrage de stimulants, qui je le pensais allait être horriblement difficile, et pourtant, phénomène bizarre, mais parler à Marie tout les jours m’a permis de ne pas souffrir d’un pet, j’étais apaisé et de bonne humeur, comme si l’amour ( ou en tout cas les prémices ) m’avait enrobé dans un nuage protecteur contre toutes les choses négatives.
J’ai adoré cette période, la découverte de l’autre, cela m’a fait énormément de bien.
Je suis probablement tombé amoureux de Marie très vite, en fait j’en suis sur, sans l’avoir vu IRL pourtant, et je ne l’a verrais en vraie qu’environ 1 an plus tard… C’est à cause de moi, même si elle connaissait mon visage elle ne pouvait pas imaginé à quel point mon apparence de "juif auschwitzien" (décharné) était laide, enfin c’était mon point de vue et objectivement j’avais raison, du coup je l’ai fait attendre 1 an et des poussières avant que l’on se voit. Et même si l’on s’est aimé fort pendant cette période je comprends que pour elle ce fut très difficile à vivre et à comprendre.
Ensuite, en décembre 2012, mes parents ne sachant plus quoi faire pour me « guérir » m’ont forcé la main pour que je fasse une cure à l’hôpital Paul Brousse à Villejuif, j’ai accepté pour leur faire plaisir et pour qu’ils me lâchent avec cette possibilité ( c’est nul je sais mais à ce moment précis ils avaient besoin de me voir entreprendre quelque chose pour changer, et j’ai accepté ) .
La cure durait 3 semaines, commençait le 14 janvier, et donc il fallait que je profite à fond des derniers moments que j’avais pour me buter la gueule et détruire mes beaux neurones, futurs génocidés.
Le 22 décembre je recevait une commande de 15g de MDPV, et 100mg d’étizolam.
Donc 15g pour 23 jours, soit 27 mg par heure. Sachant que pendant ces 23 jours j’ai du dormir 70 heures max, ça fait 31 mg par heure.
Je me suis buté comme un malade, préparant les stocks d’ampoules, les briquets, les bouchons doseurs ( avec la boule, une alternative à l’ampoule ) et les pipes à crack minutieusement, enchainant des doses de mammouth parfois en 20 minutes d’intervalles…
Je me suis retrouvé avec des effets secondaires très inquiétants, traînée de couleur visuelle, impression de voir des taches oranges, rouges partout (j’explique pourquoi après) , perte de la mémoire à court terme, insensibilité totale des membres inférieures, perte partielle de l’élocution et du langage, gestes incontrôlés, gestes stéréotypés, syndromes parkinsoniens.
Pourquoi la tache ?
En fait, le plus aliénant dans le fait de fumer de la MDPV, tout comme le crack, c’est l’éternel insatisfaction, il en faut toujours plus, pour être plus euphorique, plus heureux, et surtout quand vous êtes réellement accroc, faire partir ce sentiment de mal-être total, dysphorique, absolument anéantissant et qui vous supprime toutes les choses importantes de votre vie pour les purgés de leurs intérêts et pour pouvoir remettre les compteurs dans le vert il vous faut obligatoirement re-doser.
La PV ( je parle de quelqu’un qui a dépassé le stade de la découverte et qui est maintenant accroc ) ne procure plus aucun plaisir si ce n’est celui d’effacer pour un moment le mal-être provoqué par cette même PV. Et le cercle vicieux est terrible. Car le sentiment de mal-être grandit au fil des prises, et pour l’apaiser il faut des doses vaporisées de plus en plus conséquentes.
J’en revient à la tâche. Voici le schéma que reproduit pendant des jours et des nuits un pv’addict qui vaporise.
Ouverture de l’ampoule ( en plus moi je faisait des ampoules de compet', je rajoutais un tube en verre qui me permettait de tenir l’ampoule sans me bruler et comme je voulais, et puis j’aimais bien son design, fabriqué une ampoule pour moi, la nettoyée, était presque aussi plaisant que de vaporisé la MDPV, c’était un rituel que j’appliquais avec minutie et qui aurait pu me coûter mon bras ou mes jambes un paquet de fois : en fait pour nettoyé l’ampoule je mettais de l’alcool a brûler dedans, avec du sel, et je chauffais le tout avec un chalumeau, ou un briquet tempête, je me disais toujours que c’était dangereux et que le verre pourrait rompre a tout moment et qu’à cette chaleur là, ma main irait au paradis des mains… mais je le faisait, sans gants, pas parce que je voulait perdre ma main ou me blesser non, mais parce que tout ce qui comptait c’était de vite nettoyé mon ampoule de la manière la plus efficace possible (même si c’est très efficace c’est terriblement dangereux, à l’heure d’aujourd’hui je m’en veux tellement d’avoir été aussi irresponsable que ça et d’avoir mis autant de fois ma vie en danger…). J’ai eu une chance insolente, une chance que je ne méritais probablement pas vu les risques que je prenais en connaissance de cause. Je remercie le verre des ampoules Phillips 105w d’être très très solide.
Puis dépôt d’une dose minimum de 25mg, pouvant monter au maximum de ma tolérance à 85mg (no fake j’ai une photo Marie peux confirmer, et Para peux confirmer que chez lui la balance affichait environ 75mg, puis Jhi-dou, Strato et Sludgy peuvent confirmer aussi.
Fermeture de l’ampoule calée entre les jambes, éclairage de l’ampoule avec un flash ou une lumière forte, briquet enclenché à cinq bon centimètres de l’ampoule, tourner le briquet tout autour de l’ampoule toujours à distance réglementaire pour que la vaporisation soit bien réalisée et respecter le point de fusion ; transformation de la poudre en tâche jaune, aspirer à fond à ce moment là et continuer à faire chauffer l’ampoule sans jamais qu’elle reste fixe, la tache devient liquide et coule en fonction de l’inclinaison de l’ampoule, aspirer encore et toujours, continuer le processus jusqu’à ce que la tâche devienne orange, moi j’appelais ça chasser le "dragonet", continuer afin que la tâche rougisse puis stabiliser l’ampoule et chauffer ( la flamme ne devait jamais toucher l’ampoule ) la tâche rouge qui fume à balle et que vous aspiré le plus longtemps possible pour calciné la tâche, et la terminer
jusqu’à l’obtention d’un résidu noirâtre.
Même après plus de 7 mois raconter ce processus me titille le ventre, c’est d’une telle aliénation… il n’y a plus que vous et votre ampoule qui comptiez, les mains tremblantes et le cœur qui tape fort, la bouche sèche…
Et toujours ce sentiment de satisfaction inachevé, incomplet, frustrant et tellement obsédant.
J’étais devenu une bête, comme un rat de labo qui appuie sur la manivelle de décharge de cocaïne jusqu’à ce que mort s’en suive. Heureusement moi mon corps était plutôt résistant.
Et mon cerveau a résisté aussi longtemps qu’il l’a pu.
Vous vous demandez pourquoi personne n’est intervenu, pourquoi on m’a laissé faire ça dans ma chambre tranquillement ? Ou pas, mais bon tant pis je le dis quand même.
Il n’y avait personne chez moi, habitant chez ma mère, elle était partit pour les fêtes me laissant « profiter » avant ma cure, d’un commun accord, car il était préférable pour ma famille comme pour moi de ne pas leur infliger une conso qui les faisaient déjà beaucoup souffrir.
En revanche je racontais tout à Marie, et je ne lui ait jamais dit mais je faisais en sorte de consommer mes doses qui étaient les plus propices à me faire me sentir « bien » quand je savait que j’allais lui parlé. C’est-à-dire que parfois je me forçais (ou ma dégradation visuelle et physiologique) à faire des pauses de 2 heures, 3 max, pour pouvoir me faire une dose plus conséquente passer ce laps de temps et en profiter avec elle. Puis quand elle partait ou allait se coucher (très tard en général hihi) j’essayais de me « coucher » enfin…car dormir avec un taux élevé de pivie dans le sang est formellement impossible à moins d’avoir englouti plusieurs mg d’étizolam, ce que je faisait à l’œil dans mon pochon de 100mg.
Jhi-dou, Strato, Sludge et moi avions créé l’association le 5 janvier me semble-t-il, nous avions passé un très bon week-end ensemble et ils m’avaient fait un beau cadeau, j’en garde un très bon souvenir même si eux ont du être effrayé par ma conso de PV, je suis désolé les mecs, j’espère enfin je sais que vous ne m’avez pas jugé et que vous êtes resté à mes côtés pour me soutenir par la suite.
Même la présence de personnes qui comptaient pour moi n’atténuait pas ma conso, c’était plus fort que moi, il fallait que je vap' continuellement, et le fait qu’ils soient par moment obliger de terminer mes phrases me faisait me sentir très nul et mon estime personnelle bien qu’ayant déjà atteint le néant continuait à diminuer, mais malgré ça et malgré l’image pathétique que je donnais de moi la pv et ce besoin irrépressible de consommer était plus fort que tout.
Et puis a force de martyriser son corps comme ça, il arrive un moment ou on se fait peur. Le 8 janvier je crois, je ne sentais plus mon pied droit, puis ma jambe droite, complètement insensible, et non réceptives à la douleur. Je panique, je me dis que je vais perdre ma jambe car mon sang ne l’alimente plus en sang. Et en plus ça veut dire que je dois faire une pause d’au moins 5 bonnes heures là, et j’ai pas envie de faire ma pause, j’hésite dans ma tête à reprendre une dose tout de suite pour faire passer le stresse, mais surement aggraver ma jambe, ou alors arrêter et sauver ma santé...
Finalement, j’ai écumé mes 15g 2 jours avant ma cure, et il était hors de question que je passe les 2 derniers jours sans MDPV. Donc j’ai lancé un appel SOS sur la shoutbox, sur FB, et finalement je suis allé récupéré 1 meug chez un pote a 21h du soir à prendre le train et le RER complètement abrutit par ma conso de malade mental, à ne plus se souvenir du trajet énoncé par le pote 1 minute avant, à se tromper de station, à traverser les rails et disposer d’un vocabulaire réduit à 10 mots, et d’une élocution hasardeuse sans cohérence.
24h avant mon entrée en cure, ma chambre ressemblait à une crack house, il y avait du verre partout, des ampoules cassés, des pipes à crack sous la couette, des morceaux de verre sous l’oreiller, des briquets et bougies partout. Un vrai capharnaüm dans lequel ma mère avait peur d’entrée, même d’ouvrir la porte, elle pleurait parfois le soir seul dans sa chambre, impuissante, et je regrette tellement la souffrance que je lui ai causé, ainsi qu’à ma future femme à qui j’ai fait beaucoup de mal par lâcheté et manque de volonté. Je ne pensait pas un jour que le remord pouvait être aussi douloureux, j’en souffre encore tout les jours, le soir souvent, et je m’imagine à sa place.
J’aimerais pouvoir réparer mes erreurs, j’aimerais savoir que je ne l’ai pas fait souffrir très fort, car si j’ai bien appris quelque chose c’est que la personne que l’on aime de tout son être, il faut la protéger de la souffrance, de la tristesse, et ne jamais lui faire de mal. Malheureusement j’ai enfreint ce fondamental et j’ai compris trop tard que j’avais fait la plus grosse erreur de ma vie.
Heureusement que c’est une blessure cicatrisé maintenant, enfin du moins que malgré celle-ci Marie et moi vivons heureux et nous aimons encore plus qu’avant.
Désolé de la divagation, j’écris sans plan, au feeling, et du coup je m’excuse pour la physionomie un peu freestyle du texte.
Il reste quelques heures avant le début de ma cure et j’engloutis par deux ou trois les comprimés d’alprazolam, afin d’économiser un peu la pv et être sur d’en avoir jusqu’au lever du soleil.
La cure me paraît irréelle, je suis tellement défoncé et abruti que je ne réalise pas que je vais passé 3 semaines enfermé et couper du monde ( et d’internet ! Et oui, sevrage du net aussi, sûrement le plus dur en fin de compte, enfin non mais ça empire les choses, quelle brillante idée de supprimer toutes distractions à quelqu’un qui est en déplétion totale de dopamine et qui physiologiquement ne peux plus ressentir ni plaisir ni joie, qui a pour compagnie la dysphorie et la tristesse ! L’ennuie totale aurait donc selon ces gens des vertus curatives, notamment sur l’humeur et l’état homéostatique du patient. Allez vous faire allègrement enculer messieurs dames les professionnels de Paul Brousse !
J’ai passé ma dernière nuit à parler avec Marie, en vaporisant des doses massives mais espacés d’au moins une heure.
Je suis finalement rentré le 14 à l’hôpital Paul Brousse soi-disant spécialisé dans les cures de toxicomanes...
J’ai eu du mal à me lever, j’ai tout de suite pris mon ampoule devant mon père dans laquelle il y avait une grosse dose de PV et j’ai allumé. Il c’est énervé comme rarement, j’ai vu de la tristesse et de la détresse dans ses yeux, ça m’a fait beaucoup de peine, mais j’avais besoin de ma dose surtout pour aller commencer une cure de trois semaines.
Donc il m’attends en bas, je fume tout ce que je peux, il crie car nous sommes en retard, je descends avec mon ampoule et mon sac, il gueule et me dis de jeter ça, il me plaque contre la table mais je parviens à garder l’ampoule, il est au bord des larmes et moi ça me fend le cœur, mais je dois garder cette ampoule le plus loin possible, il me faut encore une bouchée, je dois arriver défoncé la bas. Je descends de chez moi, pars vers la voiture et dis à mon père d’attendre, je me retourne et je fume une énorme bouffée, puis je me retournes et jettes l’ampoules devant lui, dans un petit jardin.
J’ai sentit à ce moment la douleur qu’avait mon père, le désarroi et la tristesse d’être impuissant.
Petite anecdote, lorsque vient le moment ou il n’y a plus de PV dans le pochon, commençait pour moi le système D, je récupérais tout les stylos qui me servaient de pailles, et je raclais tout les résidus que je récupérais pour les re-fumer ensuite, ils avaient une couleur un peu verdâtre et sentait mauvais, disposait d’un point de fusion probablement bien moins élevé que la molécule de MDPV originale, puisqu’il se liquéfiait à moindre chaleur et beaucoup plus vite, mais cette métabolite fumée est bien psychoactive puisqu’elle donne des effets semblables, plus courts et rapides mais bien stimulants.
De même (et maintenant avec du recul je me dis que j’avais le comportement d’un animal régit par des pulsions et uniquement par ça et non plus par une logique rationnelle et un sens de la réflexion propre à l’espèce évolué et intelligente qu’est l’homme) je pouvais passer des heures dans la benne à ordure de l’immeuble pour chercher un reste d’ampoule ou un stylo non raclé, j’ai même ramené des poubelles chez moi pour les vider dans la baignoire et fouiller de fond en comble, à la recherche du moindre micro gramme de cette substance qui d’après une étude est encore plus addictive que la méthamphétamine, et quand je me souviens de moi j’ai tout pour y croire.
J’étais prisonnier de cette consommation, ma vie était régulée par la MDPV, je planifiais tout en fonction de cette molécule. Quelques personnes échappaient à la règle du "je peux te parler sous stims mais quand la descente se pointe ça n’a plus d’intérêt"… C’est méchant mais tellement vrai, on écrème beaucoup comme ça. La drogue vous mets dans un état de plaisir intense dû à l’augmentation conséquente des taux extracellulaire de dopamine dans l’ATV et le noyau accumbens, donc tout devient sympatoche car vous êtes happy, mais c’est illusoire, l’intérêt que vous avez porté à la personne durant le high n’était que conséquence des effets dopa-sérotoninergique (après je généralise pas, j’ai moi-même rencontré des personnes que j’estime beaucoup sous drogue et l’intérêt était bien réel, même une fois la descente venue, mais dans ce cas c’est qu’il c’est passé quelque chose qui a fait que
ça a accroché, indépendant de la drogue) et donc une fois ces effets dissipés l’intérêt l’est aussi, c’est triste mais c’est la réalité. L’effet est encore plus traître avec les empathogènes style MDMA qui vous font exploser le système séroto et le nombre de neurotransmetteurs sérotoninergique dans le cerveau, enfin bref c’est pas le sujet mais gare à l’illusion. Enfin bref, tout ça n’est que mon avis, méfiez-vous des relations ou la drogue est omniprésente, demandez-vous si la relation perdurerait sans la drogue justement ?
Perso pendant mes binges je parlais pas mal sur le pc, sur l’irc ou à des gens du forum, bah au final y en a que quelques-uns qui sont restés, avec qui j’appréciais parler même sobre.
Encore merci à eux, Ma femme, Ouro à qui j’ai énormément parlé (tu me manques gros) , Jhi-dou pour ton soutien inconditionnel, Strato pour ces nuits à parler très agréable et son soutien, Tissu pour ces moments de rigolade et son coté cinglant que j’aime. Bibij, Dasfrog…
Enfin non pour être plus précis, Marie était celle avec qui j’avais un besoin irrépressible de parler, même en descente, même en déprime, même en sevrage, tout le temps pour être clair.
C’était mon rayon de soleil dans mon macabre univers triste et tellement pénible, en forme de montagne russe, qui s’allonge au gré des montées et des descentes..
J’ai toujours eu l’espoir qu’un jour Marie me sorte de tout ça, enfin que notre amour me permette d’entrevoir la lumière au bout de ces grands cols et de ces immenses descentes.
Et je la remercie de tout mon cœur de ne jamais m’avoir abandonné, car même si ça a pris du temps, c’était bien la clé de ma guérison. Elle et elle seule.
La cure a été une expérience horrible, j’ai passé les trois semaines les plus pénibles et ennuyantes de ma vie, sachant en plus que je m’étais disputé avec Marie et que ça affectait énormément mon moral. Strato et Vixen m’avait d’ailleurs envoyé une lettre qui m’avait mis du baume au cœur
Aucune activité, 16 alcooliques de 40 piges sur 18 patients, un traitement totalement inadapté et inefficace (Teralène et Atarax + Tercian en option, wouah) , aucun contact avec l’extérieur, des infirmiers blasés, un ennuie mortel etc…
Le seul point positif de cette cure a été de me permettre de faire un check-up complet que je n’aurais pas fait de moi-même.
Un foie en bon état, un cœur en bon état, des poumons en bon état, un nez en bon état. C’est une bonne nouvelle qui me fait me fait prendre un petit peu conscience de ma chance et de l’importance d’un organisme qui fonctionne bien malgré les saloperies que je lui fait subir.
Une fois ces trois semaines de calvaire passé, j’ai eu une permission de sortie le dernier week-end, avec nuit dehors, et j’ai donc passé le week-end chez ma mère qui était très contente de me voir et fier de moi.
Malheureusement j’ai tout gâché, je suis retourné à l’endroit ou j’avais jeté mon ampoule avant de partir et miraculeusement elle était encore en bon état, scindé en deux mais avec un coup de scotch elle était a nouveau opérationnel.
Il restait au fond de l’ampoule une grosse boule noire non calciné que je n’avais pas terminé lors de mon départ ultra rapide pour la cure.
J’ai donc fumé tout le week-end ce qui restait de consommable, j’ai même emmené l’ampoule à l’hôpital pour fumé dans mes toilettes la dernière nuit.
Leurs analyses d’urines n’ont rien révélés, heureusement pour moi car j’ai regretté ce geste très fort, j’aurais fait tellement de mal à mes parents…
J’avais promis à tout le monde et à moi-même de faire une pause de trois mois (pour les stims) et j’ai donc tenu cette promesse, j’ai retrouvé Marie juste avant la fin de ces trois mois, j’attendais ça plus que tout, elle me manquait tellement … Quel bonheur de pouvoir lui reparlé des heures jusqu’à très tard dans la nuit.
J’ai travaillé en tant qu’agent administratif au tribunal de paris 1er, d’avril à Mai, et le premier mai marquait la fin de mes trois mois d’abstinences.
Pendant le dernier mois des 3 mois, j’ai travaillé, du coup j’ai touché 950 euros, et là évidemment ça a pas raté, j’ai tout dépensé dans les prods : PV / 3,4Dichloromethylphenidate / EPH / amphets / 4-FMA …
Et là le début des grosses psychoses ont commencées, hallucinations auditives d’abord, j’entendais mon frère sur Skype avec ses potes qui se foutaient de ma gueule, qui m’insultaient, j’entendais même mes parents qui parlaient avec mon frère par Skype a 23h pour dire des saloperies sur moi.
Faut savoir que les hallucinations auditives avec la MDPV sont en grande majorité similaires aux hallus auditives de la Schizophrénie paranoïde, délires de persécutions.
Ce premier épisode m’a traumatisé, voilà ma première hallucination à laquelle j’ai totalement cru tant elle paraissait crédible.
Puis se sont enchaînés les délires, quand je sortais dehors à pied j’entendais ma mère et ma sœur me persécuter avec une violence, et je cherchais ou était le micro dans mes vêtements, ou avaient-elles mis ce putain de micro miniature qui fait que je les entends n’importe ou je suis….
Ensuite cela c’est aggravé, j’ai commencé à mettre des doses de plus en plus grosses dans mon ampoule, ( Un soir chez Parralel nous avions pesés la quantité de MDPV que je mettais dans mon ampoule et que je considérais comme une dose normale, donc avec redrop toutes les heures, et bien de mémoire on tournait autour des 75mg. Et au summum de mon addiction je pense que la dose que je mettais étais proche des 85, j’avais des photos mais je posterais pas ça ici.)
Et donc ce soir là mon frère était avec des amis à lui, sa c'est collé à la mienne, et cette fois ci j’entendais qu’ils avaient mis des caméras dans ma chambre, qu’ils avaient mis un keylogger sur mon pc et qu’il prenait du plaisir a violer mon intimité comme ça, du coup j’ai pris un gros tournevis, et je suis rentré en furie dans sa chambre en le pointant avec le tournevis et en lui disant d’enlever les caméras. J’ose pas imaginer la honte que je lui ai procuré devant ses potes…
Il m’a jarté de sa chambre, il m’a fait volé, écraser sur mon lit, c’était pas bien difficile vu mes 40kg x)
Ensuite on continue de monter dans la folie, tout ça se passe en une semaine je précise.
Enfin les hallucinations visuelles !
Après avoir vapé comme un gros bourrin toute la nuit, je commence à voir des choses étranges, par exemple j’entends qu’il y a la police chez moi, qu’ils ont traversé un mur pour le rendre transparent et me voir depuis la chambre de mon frère, et là, je vois des "fils" qui bougent partout sur le sol, des fils qui rentrent et sortent de mes murs, des fils qui veulent capturer mon sac dans lequel se trouve mon pochon, je vois tout bouger, il y a des bouts de murs au sol, il y a des fils qui rentrent partout, je perds du terrain et je dois me mettre debout sur ma chaise avec mon sac pour que les fils ne prennent pas mon sac et le ramène aux policiers…. Je suis sortit de chez moi ensuite a la vitesse de l’éclair pour pas que les flics me rattrapent.
Je ne me souviens plus du terme exacte mais en fait j’entendais des voix qui commentaient toutes mes actions et mes pensées négativement, en me persécutant.
J’aurais encore des dizaines d’anecdotes à vous raconter comme ça mais c’est inutile, je pense que c’est suffisamment explicite comme ça. Je suis devenu fou !
J’ai installer des dizaines de logiciels de mots de passes sur mon pc car je pensais que mon frère voyait tout avec ses caméras et son keylogger, alors j’ai inventé des mots de passe dont je ne me souvenais même plus cinq minutes après, car oui la PV vous détruit la mémoire a court terme.
J’ai fait la guerre à mon propre pc pendant des nuits entiers, en bidouillant des options dont je connaissais pas la signification, et qui au final à provoqué sur mon pc une impossibilité d’accéder à tout les dossiers car je n’avais plus les droits….
Je suis devenu FOU, et j’étais à deux doigts de l’hôpital psychiatrique.
A cette époque je ne venais sur le forum seulement quand je consommais des stims, il m’était impossible de lire des choses sur la drogue sans pouvoir me droguer à coté, j’étais modérateur et toutes les règles de RDR que je prônais je les bafouais comme pas possible.
Je regrette le mal que j’ai fait à ma copine qui essayait corps et âmes de me sortir de la et qui a énormément souffert, à ma famille, à ma mère qui à du pleurer une bonne cinquantaine de fois pendant cette période, à mon frère qui garde un traumatisme et avec qui ma relation est ternit à jamais, à ceux qui se sont inquiéter pour moi, certains ne m’ont d’ailleurs jamais lâché (ma copine, Jhi-dou, Ouro, Strato…) et je me suis enfoncé un peu plus pour toucher les bas fond de l’enfer, et c’est vraiment naze de tomber si bas pour un ou des produits.
Fin décembre 2013 j’ai terminé à l’hôpital après avoir avalé 8 grammes de paracétamol, pas pour me suicider mais pour punir ma mère qui avait trouvé ma PV et qui l’avait jeter aux chiottes. A la suite de ça j’ai passé 24h à me poser énormément de question, et j’ai décidé qu’il était temps de changer si je voulais retrouver la personne que j’aurais voulu avoir à mes côtés à ce moment là, ma copine.
Si à l’heure d’aujourd’hui je suis sortit de tout ça, j'ai repris 20 kg, je suis clean et heureux, c’est grâce à ma copine, elle a toujours été la pour moi, elle m’a jamais lâché et pourtant elle aurait pu...qui reprocherait à quelqu’un de quitter un fou ?
Mais non, elle m’a sortit de tout ça, elle a changée ma vie, elle m’a fait retrouver le bonheur et la joie de vivre sans drogue.
C’est une femme merveilleuse et je pense que pour se sortir des pires des addictions il faut trouver l’amour.
J’ai toujours prôné que le plaisir chimique provoqué par la drogue était plus puissant que tout les autres plaisirs, mais c’est faux, vivre pour la personne qu’on aime et se sentir aimé c’est infiniment mieux, c’est saint, c’est apaisant, c’est magique je trouve.
Je tenais aussi à dire que pour ceux qui habitent la région parisienne, je vous conseil fortement l’hôpital Marmottan qui se trouves à Charles de Gaulle Étoile, en RER A ou en Metro 1.
Vous n’êtes pas obliger de faire de cure, moi j’y vais depuis janvier une fois par semaine voir mon médecin qui m’a donné un traitement adapté, j’étais à 10mg de subutex il y a encore 4 mois et maintenant je suis à 1mg.
Concernant les effets néfastes de la PV sur le cerveau, vous pouvez mimer des syndromes parkinsoniens, perdre la faculté de s’exprimer normalement, je vous assure que quand ce sont les gens qui sont obligés de terminer vos phrases car vous ne pouvez plus dire un mot c’est dur à vivre.
Également, je garde des séquelles psychomoteurs, puisque j’ai des mouvements incontrôlés encore maintenant après 7 mois d’abstinence, et surtout mes 2 ans d’addiction aux stimulants ont déclenché chez moi une hyperactivité, des troubles majeurs de déficit de l’attention, et mon médecin me prescrit du concerta maintenant (c’est comme la ritaline) et je peux me concentrer parfaitement.
De plus à Marmottant les traitements sont gratuits, ils vous donnent de la main à la main et il n’y a rien à payer, ni la consultation ni les médicaments.
Bref moi ça m’a aidé et je pense que ça peut aider pas mal de personnes, ils connaissent très bien les RC, il n’y a que des toxicomanes dans ce centre, pas d’alcoolique. Donc voilà.
Trouvez l’amour et faites vous aider par des personnes dont c’est le métier, s’en sortir seul que ce soit pour la PV ou autres c’est très difficile.
Voilà je remercie encore de tout mon cœur ma future femme.
Et merci à Jhi-dou, Ouro, Strato, Sludge, DasFrog, Schtroumpfette, Para, Tissu, Bijord, Gamida et les autres que j’oublie.
Bonnes continuations à tous, et bon courage.
-------------------------------------------------------
EDIT: en ce jour, je viens d'apprendre une bien triste nouvelle. ChandlerBing (alias Dimitri), l'auteur de ce récit est décédé fin octobre. Il s'est défenestré après avoir consommé un dérivé de MDPV (de l'alpha-PVP). Son père m'a expliqué qu'il consommait de grosses doses d'alpha-PVP depuis plusieurs mois et entendait des voix. Il avait dit à un ami commun, quelques temps avant, que seul la mort le délivrerait de ses addictions...
Ce jeune homme avait seulement 24 ans !!! C'est donc officiellement le 4ème membre de Psychonaut à décéder avant 30 ans, après Adrénochrome, Schtroumpfette et Violet. Qui a dit que ça arrivait seulement aux Bluelighters ? Combien de morts avant qu'on le comprenne...
Une pensée pour ses parents qui après avoir vu sa descente aux enfers doivent encaisser sa disparition.
Repose en paix Chandly.
----------
Salut à tous,
Après un long silence, j’ai décidé avec ma femme de raconter mon histoire sans aucune prétention mais juste pour moi et peut-être pour en aider certains qui sont malheureusement perdus là dedans.
Je tiens aussi à travers ce récit à remercier certaines personnes qui ont beaucoup compté pour moi et qui pour l’une d’entre elle m’a permis de sortir de ce calvaire.
A l’heure actuelle je suis abstinent depuis 7 mois et 15 jours, et je vis une vie que j’aime et dont je n’aurais jamais cru à l’époque qu’elle soit possible.
Pour situer les choses, je suis ChandlerBing pour ceux qui me connaissent, ex modo et co-co-co-co fondateur de l’association Not For Human que vous connaissez sans doute.
Je suis obligé de précisé que tout ce qui va suivre est à l’encontre totale de la RDR, de la conduite à avoir avec les drogues et surtout c’est mettre sa santé en grand danger et son intégrité physique en jeu. Même si je sais que dire ça à un drogué est peine perdue et qu’il pense être unique ( à juste titre généralement ) dans son histoire et sa conso, et que personne ne peux le comprendre, je sais qu’avec du recul j’ai pris d’énorme risques et les séquelles que j’ai ne sont toujours pas partit après quasiment 8 mois. Et je regrette vraiment car les neurones perdues sont perdus à jamais, malheureusement il est trop tard…
Je souhaites avant toutes choses remercier celle qui a toujours été la pour moi, du début à la fin, qui a vécu toute ma folie aux premières loges, qui m’a permit de sortir de ma maladie et des profondeurs de la morbidité, qui m’a pardonné mes fautes, qui m’a aimé et qui m’aime encore, celle pour qui j’ai changé radicalement et avec qui je vis une magnifique histoire d’amour (mhhh ça sent l’eau de rose mais je vous crotte, j’assume et je suis fier de nous). Merci mon amour.
Je remercie également ceux qui m’ont soutenue avant, pendant, et après, qui m’ont épaulé et qui m’ont accordé de leur temps pour me faire aller mieux, ou tout du moins me tenir compagnie quand j’étais au plus mal.
Merci Jhi-dou, Ouro, Strato, Sludge, Para, Schtroumpfette, DasFrog, Tissu ma petite serviette à moi, Bijord, Gamida. Et désolé pour ceux que j’oublie.
Mon histoire avec la MDPV à commencée alors que j’étais déjà addict aux stimulants, et pour résumé sans rentrer dans les détails, une polytoxicomanie de 5 ans, une très forte aux opiacés et une occasionnelle aux benzos qui pouvait se résumer à 100mg d’étizolam en 2 semaines.
J’ai commencé la MDPV par curiosité, en prise orale, sans conviction et je n’ai pas été satisfait du résultat qui m’a paru très peu euphorique et trop physique.
J’avais abandonné le pochon pendant quelques mois, jusqu’à une soirée ou je n’avais plus rien d’autre en stock, et ou j’ai commencé la soirée en la sniffant.
Le sniff m’a procuré une sensation plus agréable que l’orale, sans pour autant me faire prendre mon pied, j’étais stimulé et je ressentais une petite sensation agréable de bien-être, suffisamment pour me faire retaper toutes les heures et passer ma soirée sur le forum à lire la section anglaise et l’achever avec un poste à tendance scatophile que Tissu avait beaucoup apprécié d’ailleurs, ou je racontais la chiasse que me provoquait la pv mixé à du lanosyl.
J’ai bingé pendant trois jours avec, la PV ayant l’avantage d’être active à un faible dosage.
A la suite de ça, j’ai laissé le pochon dans ma boîte magique pendant environ un mois. Nous sommes maintenant au mois d’aout 2012 et après un binge d’une semaine à l’EPH couplé à du séléginil ( totalement débile, inconscient et fait en connaissance de risque en plus, pourtant à cette époque je n’avais aucune envie de mourir ou de pensée suicidaire ) , je suis mal à un point très avancée, je suis en dépression, je suis totalement accroc aux stimulants que je me suis même injecté pendant 4 jours quelques temps auparavant, et le shoot d’amphet + EPH m’avait enfoncé encore un peu plus.
Toutes les journées étaient insupportables, déprimantes, léthargiques, et ma formule de l’époque qui était de combattre le mal par le mal voulait que je consomme des choses toujours plus fortes, toujours plus longtemps et avec toujours autant de choses totalement contraire à la RDR et dangereuse pour ma santé mentale et physique.
N’ayant plus aucun stims sous la main si ce n’est le reste ( 2/3 environ ) de mon pochon de PV, j’ai donc décidé de tenter le diable, tester ce que le net décrivait comme le diable incarné, la MDPV fumée, enfin vaporisée.
Je prépare donc ma première ampoule sans trop savoir comment faire, je regarde les tutos sur le net, la fameuse « lightbulb » et donc je finis par confectionner ma première ampoule, début d’une longue histoire d’aliénation avec les ampoules.
Mes premiers essaies sont ratés, je ne maîtrise pas la technique, je brûle l’ampoule, et je ne ressent pas grands choses.
Je me renseigne sur le net, et je peaufine ma technique de vaporisation, puis un dimanche matin, je mets environ 5 ou 10mg de PV de l’ampoule, et je la vaporise plutôt correctement…. Et là, grosse surprise, moi qui était quasiment sans espoir, je me tape un rush de dingue, très puissant, instantané, euphorique, vivifiant. Un rush qui me fait oublier mon état misérable et déprimé.
Je m’empresse de le raconter à Tissu qui me dit de faire attention à mes fesses avec la pv (quel prophète, implorez notre Serviette préférée qui avait tout deviné à l’avance).
Le rush dure environ 15 minutes, suivi d’un high de bien-être agréable et libérateur d’environ 1h.
Pour vous situer le plaisir que m’a apporté ce rush, je le comparerais à un rush de crack.
A partir de ce moment, l’aliénation va commencé, car je serais dans une recherche perpétuelle de retrouver ce rush et ce plaisir.
C’est à ce moment là que j’ai rencontré la femme de ma vie, sur l’IRC, à savoir Wombat, Womby pour les intimes huhu.
Paradoxalement j’étais dans un état de totale dépression, et pourtant chaque message échangé avec elle me provoquait un énorme plaisir, et une bouffée d’oxygène que je n’espérais plus.
Fin Août, je venais d’achever quasiment 15 jours de binge, en mixant EPH, 3-mmc, MDPV, 4-FMA, et étant chez ma mère tout seul, sans argent, je n’ai pas pu m’acheter d’opis ou de benzos, j’ai donc subit un sevrage à la dure qui m’a fait passer 48 heures horribles, j’étais en sueur de la tête au pied, j’avais chaud et froid en même temps, j’avais une chiasse infernale, mes genoux me faisaient souffrir horriblement, mes jambes étaient comme martelé de clous, je pleurais sans arrêt, bref c’est ce genre de moments qui fait devenir dans votre esprit le concept de « vie » comme quelque chose de stupide et dénué d’intérêt si ce n’est celui de souffrir, et qui vous fait poser la question de son intérêt, pourquoi vivre si c’est pour souffrir . A vraie dire la seule chose qui me faisait tenir et qui m’apaisait c’était de savoir que je parlerais à Marie dans la journée.
A la fin de ces 15 jours, les stims que je prenais ne me faisait plus aucun effet, si ce n’est stimuler ma psychomotricité et mon cœur. Je pesais 38kg pour 172 cm, et monter des escaliers étaient devenus une épreuve physique extrêmement délicate et pénible.
J’ai décidé le 1er septembre d’entamé un sevrage de stimulants, qui je le pensais allait être horriblement difficile, et pourtant, phénomène bizarre, mais parler à Marie tout les jours m’a permis de ne pas souffrir d’un pet, j’étais apaisé et de bonne humeur, comme si l’amour ( ou en tout cas les prémices ) m’avait enrobé dans un nuage protecteur contre toutes les choses négatives.
J’ai adoré cette période, la découverte de l’autre, cela m’a fait énormément de bien.
Je suis probablement tombé amoureux de Marie très vite, en fait j’en suis sur, sans l’avoir vu IRL pourtant, et je ne l’a verrais en vraie qu’environ 1 an plus tard… C’est à cause de moi, même si elle connaissait mon visage elle ne pouvait pas imaginé à quel point mon apparence de "juif auschwitzien" (décharné) était laide, enfin c’était mon point de vue et objectivement j’avais raison, du coup je l’ai fait attendre 1 an et des poussières avant que l’on se voit. Et même si l’on s’est aimé fort pendant cette période je comprends que pour elle ce fut très difficile à vivre et à comprendre.
Ensuite, en décembre 2012, mes parents ne sachant plus quoi faire pour me « guérir » m’ont forcé la main pour que je fasse une cure à l’hôpital Paul Brousse à Villejuif, j’ai accepté pour leur faire plaisir et pour qu’ils me lâchent avec cette possibilité ( c’est nul je sais mais à ce moment précis ils avaient besoin de me voir entreprendre quelque chose pour changer, et j’ai accepté ) .
La cure durait 3 semaines, commençait le 14 janvier, et donc il fallait que je profite à fond des derniers moments que j’avais pour me buter la gueule et détruire mes beaux neurones, futurs génocidés.
Le 22 décembre je recevait une commande de 15g de MDPV, et 100mg d’étizolam.
Donc 15g pour 23 jours, soit 27 mg par heure. Sachant que pendant ces 23 jours j’ai du dormir 70 heures max, ça fait 31 mg par heure.
Je me suis buté comme un malade, préparant les stocks d’ampoules, les briquets, les bouchons doseurs ( avec la boule, une alternative à l’ampoule ) et les pipes à crack minutieusement, enchainant des doses de mammouth parfois en 20 minutes d’intervalles…
Je me suis retrouvé avec des effets secondaires très inquiétants, traînée de couleur visuelle, impression de voir des taches oranges, rouges partout (j’explique pourquoi après) , perte de la mémoire à court terme, insensibilité totale des membres inférieures, perte partielle de l’élocution et du langage, gestes incontrôlés, gestes stéréotypés, syndromes parkinsoniens.
Pourquoi la tache ?
En fait, le plus aliénant dans le fait de fumer de la MDPV, tout comme le crack, c’est l’éternel insatisfaction, il en faut toujours plus, pour être plus euphorique, plus heureux, et surtout quand vous êtes réellement accroc, faire partir ce sentiment de mal-être total, dysphorique, absolument anéantissant et qui vous supprime toutes les choses importantes de votre vie pour les purgés de leurs intérêts et pour pouvoir remettre les compteurs dans le vert il vous faut obligatoirement re-doser.
La PV ( je parle de quelqu’un qui a dépassé le stade de la découverte et qui est maintenant accroc ) ne procure plus aucun plaisir si ce n’est celui d’effacer pour un moment le mal-être provoqué par cette même PV. Et le cercle vicieux est terrible. Car le sentiment de mal-être grandit au fil des prises, et pour l’apaiser il faut des doses vaporisées de plus en plus conséquentes.
J’en revient à la tâche. Voici le schéma que reproduit pendant des jours et des nuits un pv’addict qui vaporise.
Ouverture de l’ampoule ( en plus moi je faisait des ampoules de compet', je rajoutais un tube en verre qui me permettait de tenir l’ampoule sans me bruler et comme je voulais, et puis j’aimais bien son design, fabriqué une ampoule pour moi, la nettoyée, était presque aussi plaisant que de vaporisé la MDPV, c’était un rituel que j’appliquais avec minutie et qui aurait pu me coûter mon bras ou mes jambes un paquet de fois : en fait pour nettoyé l’ampoule je mettais de l’alcool a brûler dedans, avec du sel, et je chauffais le tout avec un chalumeau, ou un briquet tempête, je me disais toujours que c’était dangereux et que le verre pourrait rompre a tout moment et qu’à cette chaleur là, ma main irait au paradis des mains… mais je le faisait, sans gants, pas parce que je voulait perdre ma main ou me blesser non, mais parce que tout ce qui comptait c’était de vite nettoyé mon ampoule de la manière la plus efficace possible (même si c’est très efficace c’est terriblement dangereux, à l’heure d’aujourd’hui je m’en veux tellement d’avoir été aussi irresponsable que ça et d’avoir mis autant de fois ma vie en danger…). J’ai eu une chance insolente, une chance que je ne méritais probablement pas vu les risques que je prenais en connaissance de cause. Je remercie le verre des ampoules Phillips 105w d’être très très solide.
Puis dépôt d’une dose minimum de 25mg, pouvant monter au maximum de ma tolérance à 85mg (no fake j’ai une photo Marie peux confirmer, et Para peux confirmer que chez lui la balance affichait environ 75mg, puis Jhi-dou, Strato et Sludgy peuvent confirmer aussi.
Fermeture de l’ampoule calée entre les jambes, éclairage de l’ampoule avec un flash ou une lumière forte, briquet enclenché à cinq bon centimètres de l’ampoule, tourner le briquet tout autour de l’ampoule toujours à distance réglementaire pour que la vaporisation soit bien réalisée et respecter le point de fusion ; transformation de la poudre en tâche jaune, aspirer à fond à ce moment là et continuer à faire chauffer l’ampoule sans jamais qu’elle reste fixe, la tache devient liquide et coule en fonction de l’inclinaison de l’ampoule, aspirer encore et toujours, continuer le processus jusqu’à ce que la tâche devienne orange, moi j’appelais ça chasser le "dragonet", continuer afin que la tâche rougisse puis stabiliser l’ampoule et chauffer ( la flamme ne devait jamais toucher l’ampoule ) la tâche rouge qui fume à balle et que vous aspiré le plus longtemps possible pour calciné la tâche, et la terminer
jusqu’à l’obtention d’un résidu noirâtre.
Même après plus de 7 mois raconter ce processus me titille le ventre, c’est d’une telle aliénation… il n’y a plus que vous et votre ampoule qui comptiez, les mains tremblantes et le cœur qui tape fort, la bouche sèche…
Et toujours ce sentiment de satisfaction inachevé, incomplet, frustrant et tellement obsédant.
J’étais devenu une bête, comme un rat de labo qui appuie sur la manivelle de décharge de cocaïne jusqu’à ce que mort s’en suive. Heureusement moi mon corps était plutôt résistant.
Et mon cerveau a résisté aussi longtemps qu’il l’a pu.
Vous vous demandez pourquoi personne n’est intervenu, pourquoi on m’a laissé faire ça dans ma chambre tranquillement ? Ou pas, mais bon tant pis je le dis quand même.
Il n’y avait personne chez moi, habitant chez ma mère, elle était partit pour les fêtes me laissant « profiter » avant ma cure, d’un commun accord, car il était préférable pour ma famille comme pour moi de ne pas leur infliger une conso qui les faisaient déjà beaucoup souffrir.
En revanche je racontais tout à Marie, et je ne lui ait jamais dit mais je faisais en sorte de consommer mes doses qui étaient les plus propices à me faire me sentir « bien » quand je savait que j’allais lui parlé. C’est-à-dire que parfois je me forçais (ou ma dégradation visuelle et physiologique) à faire des pauses de 2 heures, 3 max, pour pouvoir me faire une dose plus conséquente passer ce laps de temps et en profiter avec elle. Puis quand elle partait ou allait se coucher (très tard en général hihi) j’essayais de me « coucher » enfin…car dormir avec un taux élevé de pivie dans le sang est formellement impossible à moins d’avoir englouti plusieurs mg d’étizolam, ce que je faisait à l’œil dans mon pochon de 100mg.
Jhi-dou, Strato, Sludge et moi avions créé l’association le 5 janvier me semble-t-il, nous avions passé un très bon week-end ensemble et ils m’avaient fait un beau cadeau, j’en garde un très bon souvenir même si eux ont du être effrayé par ma conso de PV, je suis désolé les mecs, j’espère enfin je sais que vous ne m’avez pas jugé et que vous êtes resté à mes côtés pour me soutenir par la suite.
Même la présence de personnes qui comptaient pour moi n’atténuait pas ma conso, c’était plus fort que moi, il fallait que je vap' continuellement, et le fait qu’ils soient par moment obliger de terminer mes phrases me faisait me sentir très nul et mon estime personnelle bien qu’ayant déjà atteint le néant continuait à diminuer, mais malgré ça et malgré l’image pathétique que je donnais de moi la pv et ce besoin irrépressible de consommer était plus fort que tout.
Et puis a force de martyriser son corps comme ça, il arrive un moment ou on se fait peur. Le 8 janvier je crois, je ne sentais plus mon pied droit, puis ma jambe droite, complètement insensible, et non réceptives à la douleur. Je panique, je me dis que je vais perdre ma jambe car mon sang ne l’alimente plus en sang. Et en plus ça veut dire que je dois faire une pause d’au moins 5 bonnes heures là, et j’ai pas envie de faire ma pause, j’hésite dans ma tête à reprendre une dose tout de suite pour faire passer le stresse, mais surement aggraver ma jambe, ou alors arrêter et sauver ma santé...
Finalement, j’ai écumé mes 15g 2 jours avant ma cure, et il était hors de question que je passe les 2 derniers jours sans MDPV. Donc j’ai lancé un appel SOS sur la shoutbox, sur FB, et finalement je suis allé récupéré 1 meug chez un pote a 21h du soir à prendre le train et le RER complètement abrutit par ma conso de malade mental, à ne plus se souvenir du trajet énoncé par le pote 1 minute avant, à se tromper de station, à traverser les rails et disposer d’un vocabulaire réduit à 10 mots, et d’une élocution hasardeuse sans cohérence.
24h avant mon entrée en cure, ma chambre ressemblait à une crack house, il y avait du verre partout, des ampoules cassés, des pipes à crack sous la couette, des morceaux de verre sous l’oreiller, des briquets et bougies partout. Un vrai capharnaüm dans lequel ma mère avait peur d’entrée, même d’ouvrir la porte, elle pleurait parfois le soir seul dans sa chambre, impuissante, et je regrette tellement la souffrance que je lui ai causé, ainsi qu’à ma future femme à qui j’ai fait beaucoup de mal par lâcheté et manque de volonté. Je ne pensait pas un jour que le remord pouvait être aussi douloureux, j’en souffre encore tout les jours, le soir souvent, et je m’imagine à sa place.
J’aimerais pouvoir réparer mes erreurs, j’aimerais savoir que je ne l’ai pas fait souffrir très fort, car si j’ai bien appris quelque chose c’est que la personne que l’on aime de tout son être, il faut la protéger de la souffrance, de la tristesse, et ne jamais lui faire de mal. Malheureusement j’ai enfreint ce fondamental et j’ai compris trop tard que j’avais fait la plus grosse erreur de ma vie.
Heureusement que c’est une blessure cicatrisé maintenant, enfin du moins que malgré celle-ci Marie et moi vivons heureux et nous aimons encore plus qu’avant.
Désolé de la divagation, j’écris sans plan, au feeling, et du coup je m’excuse pour la physionomie un peu freestyle du texte.
Il reste quelques heures avant le début de ma cure et j’engloutis par deux ou trois les comprimés d’alprazolam, afin d’économiser un peu la pv et être sur d’en avoir jusqu’au lever du soleil.
La cure me paraît irréelle, je suis tellement défoncé et abruti que je ne réalise pas que je vais passé 3 semaines enfermé et couper du monde ( et d’internet ! Et oui, sevrage du net aussi, sûrement le plus dur en fin de compte, enfin non mais ça empire les choses, quelle brillante idée de supprimer toutes distractions à quelqu’un qui est en déplétion totale de dopamine et qui physiologiquement ne peux plus ressentir ni plaisir ni joie, qui a pour compagnie la dysphorie et la tristesse ! L’ennuie totale aurait donc selon ces gens des vertus curatives, notamment sur l’humeur et l’état homéostatique du patient. Allez vous faire allègrement enculer messieurs dames les professionnels de Paul Brousse !
J’ai passé ma dernière nuit à parler avec Marie, en vaporisant des doses massives mais espacés d’au moins une heure.
Je suis finalement rentré le 14 à l’hôpital Paul Brousse soi-disant spécialisé dans les cures de toxicomanes...
J’ai eu du mal à me lever, j’ai tout de suite pris mon ampoule devant mon père dans laquelle il y avait une grosse dose de PV et j’ai allumé. Il c’est énervé comme rarement, j’ai vu de la tristesse et de la détresse dans ses yeux, ça m’a fait beaucoup de peine, mais j’avais besoin de ma dose surtout pour aller commencer une cure de trois semaines.
Donc il m’attends en bas, je fume tout ce que je peux, il crie car nous sommes en retard, je descends avec mon ampoule et mon sac, il gueule et me dis de jeter ça, il me plaque contre la table mais je parviens à garder l’ampoule, il est au bord des larmes et moi ça me fend le cœur, mais je dois garder cette ampoule le plus loin possible, il me faut encore une bouchée, je dois arriver défoncé la bas. Je descends de chez moi, pars vers la voiture et dis à mon père d’attendre, je me retourne et je fume une énorme bouffée, puis je me retournes et jettes l’ampoules devant lui, dans un petit jardin.
J’ai sentit à ce moment la douleur qu’avait mon père, le désarroi et la tristesse d’être impuissant.
Petite anecdote, lorsque vient le moment ou il n’y a plus de PV dans le pochon, commençait pour moi le système D, je récupérais tout les stylos qui me servaient de pailles, et je raclais tout les résidus que je récupérais pour les re-fumer ensuite, ils avaient une couleur un peu verdâtre et sentait mauvais, disposait d’un point de fusion probablement bien moins élevé que la molécule de MDPV originale, puisqu’il se liquéfiait à moindre chaleur et beaucoup plus vite, mais cette métabolite fumée est bien psychoactive puisqu’elle donne des effets semblables, plus courts et rapides mais bien stimulants.
De même (et maintenant avec du recul je me dis que j’avais le comportement d’un animal régit par des pulsions et uniquement par ça et non plus par une logique rationnelle et un sens de la réflexion propre à l’espèce évolué et intelligente qu’est l’homme) je pouvais passer des heures dans la benne à ordure de l’immeuble pour chercher un reste d’ampoule ou un stylo non raclé, j’ai même ramené des poubelles chez moi pour les vider dans la baignoire et fouiller de fond en comble, à la recherche du moindre micro gramme de cette substance qui d’après une étude est encore plus addictive que la méthamphétamine, et quand je me souviens de moi j’ai tout pour y croire.
J’étais prisonnier de cette consommation, ma vie était régulée par la MDPV, je planifiais tout en fonction de cette molécule. Quelques personnes échappaient à la règle du "je peux te parler sous stims mais quand la descente se pointe ça n’a plus d’intérêt"… C’est méchant mais tellement vrai, on écrème beaucoup comme ça. La drogue vous mets dans un état de plaisir intense dû à l’augmentation conséquente des taux extracellulaire de dopamine dans l’ATV et le noyau accumbens, donc tout devient sympatoche car vous êtes happy, mais c’est illusoire, l’intérêt que vous avez porté à la personne durant le high n’était que conséquence des effets dopa-sérotoninergique (après je généralise pas, j’ai moi-même rencontré des personnes que j’estime beaucoup sous drogue et l’intérêt était bien réel, même une fois la descente venue, mais dans ce cas c’est qu’il c’est passé quelque chose qui a fait que
ça a accroché, indépendant de la drogue) et donc une fois ces effets dissipés l’intérêt l’est aussi, c’est triste mais c’est la réalité. L’effet est encore plus traître avec les empathogènes style MDMA qui vous font exploser le système séroto et le nombre de neurotransmetteurs sérotoninergique dans le cerveau, enfin bref c’est pas le sujet mais gare à l’illusion. Enfin bref, tout ça n’est que mon avis, méfiez-vous des relations ou la drogue est omniprésente, demandez-vous si la relation perdurerait sans la drogue justement ?
Perso pendant mes binges je parlais pas mal sur le pc, sur l’irc ou à des gens du forum, bah au final y en a que quelques-uns qui sont restés, avec qui j’appréciais parler même sobre.
Encore merci à eux, Ma femme, Ouro à qui j’ai énormément parlé (tu me manques gros) , Jhi-dou pour ton soutien inconditionnel, Strato pour ces nuits à parler très agréable et son soutien, Tissu pour ces moments de rigolade et son coté cinglant que j’aime. Bibij, Dasfrog…
Enfin non pour être plus précis, Marie était celle avec qui j’avais un besoin irrépressible de parler, même en descente, même en déprime, même en sevrage, tout le temps pour être clair.
C’était mon rayon de soleil dans mon macabre univers triste et tellement pénible, en forme de montagne russe, qui s’allonge au gré des montées et des descentes..
J’ai toujours eu l’espoir qu’un jour Marie me sorte de tout ça, enfin que notre amour me permette d’entrevoir la lumière au bout de ces grands cols et de ces immenses descentes.
Et je la remercie de tout mon cœur de ne jamais m’avoir abandonné, car même si ça a pris du temps, c’était bien la clé de ma guérison. Elle et elle seule.
La cure a été une expérience horrible, j’ai passé les trois semaines les plus pénibles et ennuyantes de ma vie, sachant en plus que je m’étais disputé avec Marie et que ça affectait énormément mon moral. Strato et Vixen m’avait d’ailleurs envoyé une lettre qui m’avait mis du baume au cœur
Aucune activité, 16 alcooliques de 40 piges sur 18 patients, un traitement totalement inadapté et inefficace (Teralène et Atarax + Tercian en option, wouah) , aucun contact avec l’extérieur, des infirmiers blasés, un ennuie mortel etc…
Le seul point positif de cette cure a été de me permettre de faire un check-up complet que je n’aurais pas fait de moi-même.
Un foie en bon état, un cœur en bon état, des poumons en bon état, un nez en bon état. C’est une bonne nouvelle qui me fait me fait prendre un petit peu conscience de ma chance et de l’importance d’un organisme qui fonctionne bien malgré les saloperies que je lui fait subir.
Une fois ces trois semaines de calvaire passé, j’ai eu une permission de sortie le dernier week-end, avec nuit dehors, et j’ai donc passé le week-end chez ma mère qui était très contente de me voir et fier de moi.
Malheureusement j’ai tout gâché, je suis retourné à l’endroit ou j’avais jeté mon ampoule avant de partir et miraculeusement elle était encore en bon état, scindé en deux mais avec un coup de scotch elle était a nouveau opérationnel.
Il restait au fond de l’ampoule une grosse boule noire non calciné que je n’avais pas terminé lors de mon départ ultra rapide pour la cure.
J’ai donc fumé tout le week-end ce qui restait de consommable, j’ai même emmené l’ampoule à l’hôpital pour fumé dans mes toilettes la dernière nuit.
Leurs analyses d’urines n’ont rien révélés, heureusement pour moi car j’ai regretté ce geste très fort, j’aurais fait tellement de mal à mes parents…
J’avais promis à tout le monde et à moi-même de faire une pause de trois mois (pour les stims) et j’ai donc tenu cette promesse, j’ai retrouvé Marie juste avant la fin de ces trois mois, j’attendais ça plus que tout, elle me manquait tellement … Quel bonheur de pouvoir lui reparlé des heures jusqu’à très tard dans la nuit.
J’ai travaillé en tant qu’agent administratif au tribunal de paris 1er, d’avril à Mai, et le premier mai marquait la fin de mes trois mois d’abstinences.
Pendant le dernier mois des 3 mois, j’ai travaillé, du coup j’ai touché 950 euros, et là évidemment ça a pas raté, j’ai tout dépensé dans les prods : PV / 3,4Dichloromethylphenidate / EPH / amphets / 4-FMA …
Et là le début des grosses psychoses ont commencées, hallucinations auditives d’abord, j’entendais mon frère sur Skype avec ses potes qui se foutaient de ma gueule, qui m’insultaient, j’entendais même mes parents qui parlaient avec mon frère par Skype a 23h pour dire des saloperies sur moi.
Faut savoir que les hallucinations auditives avec la MDPV sont en grande majorité similaires aux hallus auditives de la Schizophrénie paranoïde, délires de persécutions.
Ce premier épisode m’a traumatisé, voilà ma première hallucination à laquelle j’ai totalement cru tant elle paraissait crédible.
Puis se sont enchaînés les délires, quand je sortais dehors à pied j’entendais ma mère et ma sœur me persécuter avec une violence, et je cherchais ou était le micro dans mes vêtements, ou avaient-elles mis ce putain de micro miniature qui fait que je les entends n’importe ou je suis….
Ensuite cela c’est aggravé, j’ai commencé à mettre des doses de plus en plus grosses dans mon ampoule, ( Un soir chez Parralel nous avions pesés la quantité de MDPV que je mettais dans mon ampoule et que je considérais comme une dose normale, donc avec redrop toutes les heures, et bien de mémoire on tournait autour des 75mg. Et au summum de mon addiction je pense que la dose que je mettais étais proche des 85, j’avais des photos mais je posterais pas ça ici.)
Et donc ce soir là mon frère était avec des amis à lui, sa c'est collé à la mienne, et cette fois ci j’entendais qu’ils avaient mis des caméras dans ma chambre, qu’ils avaient mis un keylogger sur mon pc et qu’il prenait du plaisir a violer mon intimité comme ça, du coup j’ai pris un gros tournevis, et je suis rentré en furie dans sa chambre en le pointant avec le tournevis et en lui disant d’enlever les caméras. J’ose pas imaginer la honte que je lui ai procuré devant ses potes…
Il m’a jarté de sa chambre, il m’a fait volé, écraser sur mon lit, c’était pas bien difficile vu mes 40kg x)
Ensuite on continue de monter dans la folie, tout ça se passe en une semaine je précise.
Enfin les hallucinations visuelles !
Après avoir vapé comme un gros bourrin toute la nuit, je commence à voir des choses étranges, par exemple j’entends qu’il y a la police chez moi, qu’ils ont traversé un mur pour le rendre transparent et me voir depuis la chambre de mon frère, et là, je vois des "fils" qui bougent partout sur le sol, des fils qui rentrent et sortent de mes murs, des fils qui veulent capturer mon sac dans lequel se trouve mon pochon, je vois tout bouger, il y a des bouts de murs au sol, il y a des fils qui rentrent partout, je perds du terrain et je dois me mettre debout sur ma chaise avec mon sac pour que les fils ne prennent pas mon sac et le ramène aux policiers…. Je suis sortit de chez moi ensuite a la vitesse de l’éclair pour pas que les flics me rattrapent.
Je ne me souviens plus du terme exacte mais en fait j’entendais des voix qui commentaient toutes mes actions et mes pensées négativement, en me persécutant.
J’aurais encore des dizaines d’anecdotes à vous raconter comme ça mais c’est inutile, je pense que c’est suffisamment explicite comme ça. Je suis devenu fou !
J’ai installer des dizaines de logiciels de mots de passes sur mon pc car je pensais que mon frère voyait tout avec ses caméras et son keylogger, alors j’ai inventé des mots de passe dont je ne me souvenais même plus cinq minutes après, car oui la PV vous détruit la mémoire a court terme.
J’ai fait la guerre à mon propre pc pendant des nuits entiers, en bidouillant des options dont je connaissais pas la signification, et qui au final à provoqué sur mon pc une impossibilité d’accéder à tout les dossiers car je n’avais plus les droits….
Je suis devenu FOU, et j’étais à deux doigts de l’hôpital psychiatrique.
A cette époque je ne venais sur le forum seulement quand je consommais des stims, il m’était impossible de lire des choses sur la drogue sans pouvoir me droguer à coté, j’étais modérateur et toutes les règles de RDR que je prônais je les bafouais comme pas possible.
Je regrette le mal que j’ai fait à ma copine qui essayait corps et âmes de me sortir de la et qui a énormément souffert, à ma famille, à ma mère qui à du pleurer une bonne cinquantaine de fois pendant cette période, à mon frère qui garde un traumatisme et avec qui ma relation est ternit à jamais, à ceux qui se sont inquiéter pour moi, certains ne m’ont d’ailleurs jamais lâché (ma copine, Jhi-dou, Ouro, Strato…) et je me suis enfoncé un peu plus pour toucher les bas fond de l’enfer, et c’est vraiment naze de tomber si bas pour un ou des produits.
Fin décembre 2013 j’ai terminé à l’hôpital après avoir avalé 8 grammes de paracétamol, pas pour me suicider mais pour punir ma mère qui avait trouvé ma PV et qui l’avait jeter aux chiottes. A la suite de ça j’ai passé 24h à me poser énormément de question, et j’ai décidé qu’il était temps de changer si je voulais retrouver la personne que j’aurais voulu avoir à mes côtés à ce moment là, ma copine.
Si à l’heure d’aujourd’hui je suis sortit de tout ça, j'ai repris 20 kg, je suis clean et heureux, c’est grâce à ma copine, elle a toujours été la pour moi, elle m’a jamais lâché et pourtant elle aurait pu...qui reprocherait à quelqu’un de quitter un fou ?
Mais non, elle m’a sortit de tout ça, elle a changée ma vie, elle m’a fait retrouver le bonheur et la joie de vivre sans drogue.
C’est une femme merveilleuse et je pense que pour se sortir des pires des addictions il faut trouver l’amour.
J’ai toujours prôné que le plaisir chimique provoqué par la drogue était plus puissant que tout les autres plaisirs, mais c’est faux, vivre pour la personne qu’on aime et se sentir aimé c’est infiniment mieux, c’est saint, c’est apaisant, c’est magique je trouve.
Je tenais aussi à dire que pour ceux qui habitent la région parisienne, je vous conseil fortement l’hôpital Marmottan qui se trouves à Charles de Gaulle Étoile, en RER A ou en Metro 1.
Vous n’êtes pas obliger de faire de cure, moi j’y vais depuis janvier une fois par semaine voir mon médecin qui m’a donné un traitement adapté, j’étais à 10mg de subutex il y a encore 4 mois et maintenant je suis à 1mg.
Concernant les effets néfastes de la PV sur le cerveau, vous pouvez mimer des syndromes parkinsoniens, perdre la faculté de s’exprimer normalement, je vous assure que quand ce sont les gens qui sont obligés de terminer vos phrases car vous ne pouvez plus dire un mot c’est dur à vivre.
Également, je garde des séquelles psychomoteurs, puisque j’ai des mouvements incontrôlés encore maintenant après 7 mois d’abstinence, et surtout mes 2 ans d’addiction aux stimulants ont déclenché chez moi une hyperactivité, des troubles majeurs de déficit de l’attention, et mon médecin me prescrit du concerta maintenant (c’est comme la ritaline) et je peux me concentrer parfaitement.
De plus à Marmottant les traitements sont gratuits, ils vous donnent de la main à la main et il n’y a rien à payer, ni la consultation ni les médicaments.
Bref moi ça m’a aidé et je pense que ça peut aider pas mal de personnes, ils connaissent très bien les RC, il n’y a que des toxicomanes dans ce centre, pas d’alcoolique. Donc voilà.
Trouvez l’amour et faites vous aider par des personnes dont c’est le métier, s’en sortir seul que ce soit pour la PV ou autres c’est très difficile.
Voilà je remercie encore de tout mon cœur ma future femme.
Et merci à Jhi-dou, Ouro, Strato, Sludge, DasFrog, Schtroumpfette, Para, Tissu, Bijord, Gamida et les autres que j’oublie.
Bonnes continuations à tous, et bon courage.
-------------------------------------------------------
EDIT: en ce jour, je viens d'apprendre une bien triste nouvelle. ChandlerBing (alias Dimitri), l'auteur de ce récit est décédé fin octobre. Il s'est défenestré après avoir consommé un dérivé de MDPV (de l'alpha-PVP). Son père m'a expliqué qu'il consommait de grosses doses d'alpha-PVP depuis plusieurs mois et entendait des voix. Il avait dit à un ami commun, quelques temps avant, que seul la mort le délivrerait de ses addictions...
Ce jeune homme avait seulement 24 ans !!! C'est donc officiellement le 4ème membre de Psychonaut à décéder avant 30 ans, après Adrénochrome, Schtroumpfette et Violet. Qui a dit que ça arrivait seulement aux Bluelighters ? Combien de morts avant qu'on le comprenne...
Une pensée pour ses parents qui après avoir vu sa descente aux enfers doivent encaisser sa disparition.
Repose en paix Chandly.