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Ouais je sais, ça se sent à 2000 km que snappy a encore fait des conneries avec son piper. En plus vous avez raison haha.
Du coup le cadre:
Belle journée aujourd'hui, j'ai rien de particulier à foutre, du coup je prends ma DMT, un briquet, une bougie, une balance et mon piper et hop je marche une heure pour me perdre dans des prairies, sur des petits chemins. Choli choli tout ça ('scusez mon accent suisse-allemand), je trouve un bon spot, dans un champ d'herbes hautes. Je me fous en plein dans les herbes qui bougent avec le vent. Y a aussi un joli paysage, mais ça n'a pas d'importance vu le kick que la DMT m'a foutu dans la face.
Du coup je prépare mon piper. 150 mg de DMT. Oui oui c'est du gâchis blablabla, mais je voulais expérimenter un vrai breakthrough (j'en avais fait un semi à 50 mg, je voulais savoir si y avait moyen d'aller au bout du bout), et puis ma DMT s'était un peu oxydée aussi. Je chauffe tout ça doucement à la flamme de bougie. Au bout d'une minute, une épaisse fumée blanche se forme, très très dense.
J'aspire. Mais impossible de finir ce qu'il y a dans le piper, je tire autant que je peux mais il y a toujours de la vapeur à l'intérieur. Une fois les poumons pleins je garde la fumée environ 15 secondes. Il reste encore de la DMT au fond du piper. J'entends un bourdonnement extrêmement aigu mais de plus en plus lointain donc peu fort. Mes yeux se ferment, je m'écroule dans l'herbe. Tous les sons disparaissent, il ne reste qu'un silence très profond et paradoxalement assourdissant. Puis c'est au tour de mon toucher de disparaitre, et finalement de ma vue. C'est assez compliqué à décrire parce que je ne perçois pas du noir, mais plutôt une absence de tout notion de vision.
Comme lors du semi-breakthrough que j'avais déjà expérimenté, je me mets à réfléchir. Ça me permet d'exister, de m'accrocher, de me réconforter ("je pense donc je suis"), mais je me fais exploser l'ego très violemment assez vite. Puis c'est le tour de ma personnalité, de mes souvenirs, je me sens écartelé comme si ma notion de moi était une feuille de papier déchirée dans le vent, c'est une douleur psychologique extrêmement désagréable. J'essaie de ne pas résister comme j'avais fait l'autre fois.
Du coup voilà. C'est ça l'expérience de ne pas être. C'est étrange. Très. Il n'y a ni Rien, ni Tout, il faudrait un cerveau pour imaginer un concept. Tout ce qu'il y a, c'est de l'indéfinissable. Pas d'alien ou de Dieu non-plus, l'Homme est ridicule à vouloir se créer des concepts qu'il ne peut même pas imaginer dans l'état où j'étais. Il n'y pas de durée à cet état, le concept de durée est absent aussi. Pas de jugement, pas de pensées, pas de réflexion.
C'est un peu un "monde" de négation. C'est l'inverse de tout ce qu'on a pu connaître durant notre existence. Pas dans le sens "j'ai manqué d'amour dans ma vie, il en aura là-bas", mais dans le sens "l'amour n'existe plus, donc tu n'en as plus besoin. D'ailleurs tu n'es plus, pourquoi tu aurais besoin de quoi-que-ce-soit?"
Réveil extrêmement violent. Je respire comme un porc en train de se faire égorger, c'est absolument horrible. J'ai l'impression d'avoir du sang dans la gorge, que ce corps n'est pas le mien. Je revis la scène où je me relève de ma position couchée au moins 5 fois de suite. Je cherche de la musique pour tenter de me reconnecter à un truc "réel" (question de point de vue), mais le temps se découpe et je revois toujours la même chose: je prends mon casque autour de mon cou/stop/je prends mon casque autour de mon cou/stop/je prends mon casque...
J'ai l'impression d'avoir simplement trucidé mon cerveau avec une brosse à dents. Je deviens complètement fou pour 2 minutes mais qui semblent tellement longues, puis je me rappelle qu'il faut que je reste calme et ça passera. Mais impossible de rester calme bordel, je me suis tué merde. "Je" n'existe plus. "Je" n'a jamais existé. Putain ça fait trop. J'ouvre la bouche, je tente de me dire "C'est trop là-bas. Pas trop pour un homme, trop pour la réalité."
Ma voix me fait du bien. Je me parle autant que je peux, j'ai l'impression de devenir schizo mais peu importe, vaut mieux être schizo que mort.
Les effets se dissipent, sur ce qui semble une éternité. Y a des visuels partout mais je m'en fous, je veux juste que ça passe. Lorsque j'arrive à me lever, je ramasse maladroitement mes affaires, puis en repartant je me retourne et regarde l'endroit où j'ai pris ma DMT, et je vois distinctivement un corps inerte. Mon corps inerte.
Ça fait trop, je me barre. En regardant mes mains, je me sens assassin de moi-même. Mais moralement j'en ai rien à foutre. C'était comme un suicide un peu près. Les risques physiques en moins.
S'ensuivent beaucoup de réflexions sur la mort, j'ai désormais une façon claire de comprendre comment ça se passera. J'avais noté ça sur un bout de papier:
Bon ben voilà au final. Beaucoup de peur sur la fin, mais j'ai eu aucune peur durant le trip lui-même, et j'ai à présent une bien meilleure idée de la mort. Ça n'est pas angoissant du tout, c'est revenir après ça qui est traumatisant. "Expérimenter" le non-être c'est quelque chose. On ne peut pas mettre de mots là-dessus, on ne peut même pas vraiment l'expérimenter vu qu'on est plus durant l'expérience, c'est étrange.
Je pense qu'il y a un truc en plus du cerveau tout de même. Sinon je n'aurai juste pas eu connaissance de tout ça, je reste persuadé que ma conscience était hs à 100% durant ce non-être, alors comment je peux me souvenir de ça s'il y avait que la conscience (qui n'était plus à ce moment-là)?
Bwef, des réponses, et c'est agréable, mais énormément de questions en plus au final. Ça me fait penser à une phrase de Lomepal dans Oyasumi:
Du coup si vous avez vous aussi des questions/remarques/critiques ou besoin de précisions, n'hésitez pas, je répondrai comme je pourrai ^^
EDIT : Petite suite du TR 2 ans après ici
Du coup le cadre:
Belle journée aujourd'hui, j'ai rien de particulier à foutre, du coup je prends ma DMT, un briquet, une bougie, une balance et mon piper et hop je marche une heure pour me perdre dans des prairies, sur des petits chemins. Choli choli tout ça ('scusez mon accent suisse-allemand), je trouve un bon spot, dans un champ d'herbes hautes. Je me fous en plein dans les herbes qui bougent avec le vent. Y a aussi un joli paysage, mais ça n'a pas d'importance vu le kick que la DMT m'a foutu dans la face.
Du coup je prépare mon piper. 150 mg de DMT. Oui oui c'est du gâchis blablabla, mais je voulais expérimenter un vrai breakthrough (j'en avais fait un semi à 50 mg, je voulais savoir si y avait moyen d'aller au bout du bout), et puis ma DMT s'était un peu oxydée aussi. Je chauffe tout ça doucement à la flamme de bougie. Au bout d'une minute, une épaisse fumée blanche se forme, très très dense.
J'aspire. Mais impossible de finir ce qu'il y a dans le piper, je tire autant que je peux mais il y a toujours de la vapeur à l'intérieur. Une fois les poumons pleins je garde la fumée environ 15 secondes. Il reste encore de la DMT au fond du piper. J'entends un bourdonnement extrêmement aigu mais de plus en plus lointain donc peu fort. Mes yeux se ferment, je m'écroule dans l'herbe. Tous les sons disparaissent, il ne reste qu'un silence très profond et paradoxalement assourdissant. Puis c'est au tour de mon toucher de disparaitre, et finalement de ma vue. C'est assez compliqué à décrire parce que je ne perçois pas du noir, mais plutôt une absence de tout notion de vision.
Comme lors du semi-breakthrough que j'avais déjà expérimenté, je me mets à réfléchir. Ça me permet d'exister, de m'accrocher, de me réconforter ("je pense donc je suis"), mais je me fais exploser l'ego très violemment assez vite. Puis c'est le tour de ma personnalité, de mes souvenirs, je me sens écartelé comme si ma notion de moi était une feuille de papier déchirée dans le vent, c'est une douleur psychologique extrêmement désagréable. J'essaie de ne pas résister comme j'avais fait l'autre fois.
Du coup voilà. C'est ça l'expérience de ne pas être. C'est étrange. Très. Il n'y a ni Rien, ni Tout, il faudrait un cerveau pour imaginer un concept. Tout ce qu'il y a, c'est de l'indéfinissable. Pas d'alien ou de Dieu non-plus, l'Homme est ridicule à vouloir se créer des concepts qu'il ne peut même pas imaginer dans l'état où j'étais. Il n'y pas de durée à cet état, le concept de durée est absent aussi. Pas de jugement, pas de pensées, pas de réflexion.
C'est un peu un "monde" de négation. C'est l'inverse de tout ce qu'on a pu connaître durant notre existence. Pas dans le sens "j'ai manqué d'amour dans ma vie, il en aura là-bas", mais dans le sens "l'amour n'existe plus, donc tu n'en as plus besoin. D'ailleurs tu n'es plus, pourquoi tu aurais besoin de quoi-que-ce-soit?"
Réveil extrêmement violent. Je respire comme un porc en train de se faire égorger, c'est absolument horrible. J'ai l'impression d'avoir du sang dans la gorge, que ce corps n'est pas le mien. Je revis la scène où je me relève de ma position couchée au moins 5 fois de suite. Je cherche de la musique pour tenter de me reconnecter à un truc "réel" (question de point de vue), mais le temps se découpe et je revois toujours la même chose: je prends mon casque autour de mon cou/stop/je prends mon casque autour de mon cou/stop/je prends mon casque...
J'ai l'impression d'avoir simplement trucidé mon cerveau avec une brosse à dents. Je deviens complètement fou pour 2 minutes mais qui semblent tellement longues, puis je me rappelle qu'il faut que je reste calme et ça passera. Mais impossible de rester calme bordel, je me suis tué merde. "Je" n'existe plus. "Je" n'a jamais existé. Putain ça fait trop. J'ouvre la bouche, je tente de me dire "C'est trop là-bas. Pas trop pour un homme, trop pour la réalité."
Ma voix me fait du bien. Je me parle autant que je peux, j'ai l'impression de devenir schizo mais peu importe, vaut mieux être schizo que mort.
Les effets se dissipent, sur ce qui semble une éternité. Y a des visuels partout mais je m'en fous, je veux juste que ça passe. Lorsque j'arrive à me lever, je ramasse maladroitement mes affaires, puis en repartant je me retourne et regarde l'endroit où j'ai pris ma DMT, et je vois distinctivement un corps inerte. Mon corps inerte.
Ça fait trop, je me barre. En regardant mes mains, je me sens assassin de moi-même. Mais moralement j'en ai rien à foutre. C'était comme un suicide un peu près. Les risques physiques en moins.
S'ensuivent beaucoup de réflexions sur la mort, j'ai désormais une façon claire de comprendre comment ça se passera. J'avais noté ça sur un bout de papier:
cahier de notes a dit:La DMT c'est la porte intermédiaire entre la vie et la mort. Un truc sensé rendre doux la transition entre l'expérience d'être et de ne plus être. Les décimales dans le binaire.
Bon ben voilà au final. Beaucoup de peur sur la fin, mais j'ai eu aucune peur durant le trip lui-même, et j'ai à présent une bien meilleure idée de la mort. Ça n'est pas angoissant du tout, c'est revenir après ça qui est traumatisant. "Expérimenter" le non-être c'est quelque chose. On ne peut pas mettre de mots là-dessus, on ne peut même pas vraiment l'expérimenter vu qu'on est plus durant l'expérience, c'est étrange.
Je pense qu'il y a un truc en plus du cerveau tout de même. Sinon je n'aurai juste pas eu connaissance de tout ça, je reste persuadé que ma conscience était hs à 100% durant ce non-être, alors comment je peux me souvenir de ça s'il y avait que la conscience (qui n'était plus à ce moment-là)?
Bwef, des réponses, et c'est agréable, mais énormément de questions en plus au final. Ça me fait penser à une phrase de Lomepal dans Oyasumi:
Lomepal a dit:Je me pose des réponses, je trouve des questions
Du coup si vous avez vous aussi des questions/remarques/critiques ou besoin de précisions, n'hésitez pas, je répondrai comme je pourrai ^^
EDIT : Petite suite du TR 2 ans après ici
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