Bah tiens, allons-y. La forme d'abord, puisqu'on fantasme ! Mon prod' miracle est à l'état liquide à température ambiante ; la lumière court dessus en se diffractant, et les irisations suivent les ondes et mouvements de cette eau magique, comme l'argent d'un CD qui aurait dégouliné de sa surface - on a là vraiment une sorte de
vif-argent.
A l'état gazeux, l'air est envahi des scintillations microscopiques de notre vif-argent. Les usagers frivoles aiment en glisser quelques gouttes dans les machines à fumée lors de leurs soirées favorites, pour que du sol au plafond de petites étoiles multicolores se condensent (il n'est pas rare qu'un toxicophile ou deux se baladent la langue à l'air, quand ils ne lèchent pas carrément le produit à même les murs).
Les usagers les plus attachés à l'étiquette
psychonautique se tiennent généralement distants face à ces pratiques qu'ils déconseillent pour des raisons évidentes d'hygiène. D'ailleurs, ils recommandent le plus souvent d'obtenir le vif-argent sous sa forme liquide, aisé qu'il est d'en mesurer sa dose à la seringue (pour peu que la drogue soit aux normes de concentration et de pureté promues par l'état), afin de se l'injecter dans le rectum sans autres prérequis (il est quand même plus seyant d'éviter les vêtements fins, afin de minimiser la rondelle qui brille au travers du tissu). D'après la plupart des psychonautes, cela fait comme un "guili-guili" des plus appréciables, d'où le surnom de "Doigt-de-Fée" donné aux commerçants qui en tirent leur profit. "C'est vraiment le costard Armani de la drogue," nous rapporte un usager, "à la différence que c'est lui qui t'enfile", ajoute-t'il la mâchoire crispée et l'air béat de ceux qui vivent quelque chose d'unique.
Dans sa composition, le vif-argent est un cousin lointain du LSD et de la MXE, synthétisé à partir d'urine de kétosaure décantée (nous déconseillons la récolte de l'urine en solo, le kétosaure peut être un saurien agressif malgré son apparente passivité lorsqu'il se réchauffe le sang à la lumière de l'ordinateur).
En terme d'effets, nous avons demandé à différentes catégories d'usagers de définir ce qu'ils ressentaient généralement. En voici quelques extraits, avec pour commencer Lyloo et sa pote Charlotte (mais tout le monde l'appelle Lolotte, ajoute-t-elle) :
"Jsais pas si tu vois, mais c'est comme, tu vois, une chaleur qu'est en toi, et t'as envie de danser tu vois, une folle envie, parce que tu comprends que ta place elle est ici, maintenant, tu vois, parce que les gens sont beaux et que tu kiffes la soirée tu vois"
"C'est pour ça que je viens tous les ans à ibiza t'as vu, parce qu'ici t'as pas honte de prendre du
vif et de t'éclater, et de dire aux gens que tu les aimes t'as vu, d'ailleurs je t'aime trop lyloo" surenchérit Lolotte avant de faire un
selfie.
Aux antipodes, nous avons interrogé un consommateur qui s'inscrit, selon lui, dans une démarche plus réfléchie :
"le
vif, explique-t-il d'un ton pénétrant, c'est pas une drogue ou un jouet. C'est un
rituel. Quand t'as compris ça, tu peux plus en prendre pour le fun, parce que ça devient une
démarche spirituelle. Ca te permet de faire régresser ton moi à un stade infantile, voir
pré-natal, et de t'élever en conséquence tu vois. Attention, je parle pas de bullshit vibratoire de tes chakras éthériques, hein *rires*. Là c'est du sérieux, c'est une
approche délicate, tu
tâtonnes dans le noir jusqu'au jour où tu
touches dieu du bout des doigts, et là tu entres dans une
sacrée merde, parce que tu
pénètres une vérité que t'es pas prêt à endosser. Heureusement, y a une communauté très active d'usagers sur le web, ça fait un espace d'échange où je peux témoigner de ce que j'ai appris
à la Source, et au moins, ça me fait des gens qui me comprennent, vous voyez"
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