Acromyrex
Fouri croonde
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Bon... les gens ont l'air de bien rire de ce topic alors ça me fait me poser beaucoup de questions sur deux expériences remarquables que j'ai eues avec le tabac.
Pour placer le contexte : je n'ai pas et n'ai jamais eu de dépendance au tabac. Ma consommation c'est quelques fois par an dans des joints, en chicha. Une seule et unique fois j'ai roulé et fumé une clope, dans une fin de soirée fort arrosée, ce qui m'a grave tourné la tête... effet que j'aime beaucoup mais qui est terriblement passager.
Aussi : j'ai déjà induit des rêves lucides depuis l'éveil, c'est-à-dire je sais à quoi ça peut ressemble de rester "consciente" entre le moment où l'on ferme les yeux sur sa chambre et où on les ouvre sur une chambre onirique. Les moments où l'on a peur de s'arrêter de respirer, ou l'on se rigidifie, où une poignée de porte visualisée grossièrement prend de l'épaisseur. S'ils échouent parfois parce qu'une voix imaginée nous hurle soudain quelque chose dans l'oreille, ces moments flous n'ont rien à voir avec ce qui va suivre.
Les deux expériences ne diffèrent qu'en intensité. Les deux fois se déroulent après une soirée avec une bande de potes rêveur·ses lucides, à se faire tourner une chicha pendant des heures en buvant du thé à la menthe. C'est quelque chose qu'on faisait régulièrement et qui chaque fois me mettait assez stone. Il m'est arrivé une fois très chargée (et après une conversation très dure) de manquer de m'évanouir en sortant, de longues minutes à ne pas pouvoir marcher.
La première fois je vais me coucher. J'essaye de dormir, sur le dos. Je sens le sommeil qui vient, je me sens lourde, je m'enfonce dans le matelas à mesure que des hallucinations d'abord très brouillonnes puis de plus en plus tangibles, réalistes et colorées, prennent place partout sous mes paupières. Je sens mon corps. D'abord les hallucinations sont autant de choses que je contemple. Ensuite, plusieurs fois, de peur de ce qu'il arrivait à ce je commençant à se disloquer, je me suis mini-réveillée dans de légers sursauts. Comme pour me rattraper d'une chute. Il y a un vortex de couleurs devant mes yeux qui se complexifie et dont différentes parties battent en rythme avec un morceau de musique. Celui-ci, lointain et simpliste, d'abord juste une basse rythmique, ne cesse de s'enrichir d'instruments, de mélodies, gagnant une profondeur indescriptible. Une voix grave commence à moduler un chant, presque rappé, dans une langue inconnue près de mon oreille gauche. Une voix plus aiguë se met à l'accompagner, près de mon oreille droite. Et je reste là abasourdie, me mettant tantôt à bouger devant l'inconfort de ce je qui se fait la malle, tout en écoutant chaque mesure aussi attentivement que possible. Moins je suis là, plus c'est beau et vrai et changeant et présent. Je cherche à rester dans un état tel que je puisse fredonner après coup le morceau sans succès. Réveillée plus brutalement pendant un sursaut, je reprends mon souffle, médusée devant l'intensité de l'expérience et incapable de dire combien de temps cela a duré. Je finis par m'endormir épuisée.
La seconde fois a été un calvaire par la durée. J'ai l'impression d'avoir essayé pendant des heures de m'endormir sans passer par cette phase de présence profonde à ce moi s'endormant. Même en m'asseyant dans le lit, reprenant ma respiration avant de me rallonger, j'étais chaque fois happée par des choses similaires à ce que je venais de quitter. Il y avait une plage ensoleillée et des gens aux silhouettes peu précises qui y marchaient. J'entendais d'abord le ressac lointain de la mer. Petit à petit venait les conversations de ces passant·es. Comme je me délitais, j'étais projetée depuis là, d'associations d'idées de plus en plus farfelues en sensations d'avoir l'esprit étiré, distendu, vers des expériences d'une nature qui fait qu'il est difficile de s'en souvenir et encore plus de mettre des mots dessus après coup. J'avais plus l'impression de passer au second plan dans moi-même, avec toutes ces choses très vraies qui se déroulaient là, que de mourir. La peur dominait tout : qu'est-ce qui se passait si je lâchais tout à fait ? J'ai essayé de laisser faire sans succès. Ça devenait et effrayant et de plus en plus submergeant et je finissais par résister. Je revenais dans quelque chose de plus calme et connu. Immanquablement, l'endormissement aidant, ces quelques choses prenaient des dimensions inconcevables et la peur le réemportait sur la fascination.
J'avais vécu avant ça et j'ai vécu depuis des expériences vraiment intenses via de simples rêves, dans de simples nuits sobres. Il y a eu, parfois se suivant, des choses belles à pleurer de joie et effrayantes à mourir... mais où la peur ne vient pas d'un scénario mais de comment ce je est ballotté en sillonnant le sommeil. Néanmoins ces deux fois avaient un goût très similaire, étaient situées à l'endormissement, remarquables par leur consistance et leur durée.
Pour placer le contexte : je n'ai pas et n'ai jamais eu de dépendance au tabac. Ma consommation c'est quelques fois par an dans des joints, en chicha. Une seule et unique fois j'ai roulé et fumé une clope, dans une fin de soirée fort arrosée, ce qui m'a grave tourné la tête... effet que j'aime beaucoup mais qui est terriblement passager.
Aussi : j'ai déjà induit des rêves lucides depuis l'éveil, c'est-à-dire je sais à quoi ça peut ressemble de rester "consciente" entre le moment où l'on ferme les yeux sur sa chambre et où on les ouvre sur une chambre onirique. Les moments où l'on a peur de s'arrêter de respirer, ou l'on se rigidifie, où une poignée de porte visualisée grossièrement prend de l'épaisseur. S'ils échouent parfois parce qu'une voix imaginée nous hurle soudain quelque chose dans l'oreille, ces moments flous n'ont rien à voir avec ce qui va suivre.
Les deux expériences ne diffèrent qu'en intensité. Les deux fois se déroulent après une soirée avec une bande de potes rêveur·ses lucides, à se faire tourner une chicha pendant des heures en buvant du thé à la menthe. C'est quelque chose qu'on faisait régulièrement et qui chaque fois me mettait assez stone. Il m'est arrivé une fois très chargée (et après une conversation très dure) de manquer de m'évanouir en sortant, de longues minutes à ne pas pouvoir marcher.
La première fois je vais me coucher. J'essaye de dormir, sur le dos. Je sens le sommeil qui vient, je me sens lourde, je m'enfonce dans le matelas à mesure que des hallucinations d'abord très brouillonnes puis de plus en plus tangibles, réalistes et colorées, prennent place partout sous mes paupières. Je sens mon corps. D'abord les hallucinations sont autant de choses que je contemple. Ensuite, plusieurs fois, de peur de ce qu'il arrivait à ce je commençant à se disloquer, je me suis mini-réveillée dans de légers sursauts. Comme pour me rattraper d'une chute. Il y a un vortex de couleurs devant mes yeux qui se complexifie et dont différentes parties battent en rythme avec un morceau de musique. Celui-ci, lointain et simpliste, d'abord juste une basse rythmique, ne cesse de s'enrichir d'instruments, de mélodies, gagnant une profondeur indescriptible. Une voix grave commence à moduler un chant, presque rappé, dans une langue inconnue près de mon oreille gauche. Une voix plus aiguë se met à l'accompagner, près de mon oreille droite. Et je reste là abasourdie, me mettant tantôt à bouger devant l'inconfort de ce je qui se fait la malle, tout en écoutant chaque mesure aussi attentivement que possible. Moins je suis là, plus c'est beau et vrai et changeant et présent. Je cherche à rester dans un état tel que je puisse fredonner après coup le morceau sans succès. Réveillée plus brutalement pendant un sursaut, je reprends mon souffle, médusée devant l'intensité de l'expérience et incapable de dire combien de temps cela a duré. Je finis par m'endormir épuisée.
La seconde fois a été un calvaire par la durée. J'ai l'impression d'avoir essayé pendant des heures de m'endormir sans passer par cette phase de présence profonde à ce moi s'endormant. Même en m'asseyant dans le lit, reprenant ma respiration avant de me rallonger, j'étais chaque fois happée par des choses similaires à ce que je venais de quitter. Il y avait une plage ensoleillée et des gens aux silhouettes peu précises qui y marchaient. J'entendais d'abord le ressac lointain de la mer. Petit à petit venait les conversations de ces passant·es. Comme je me délitais, j'étais projetée depuis là, d'associations d'idées de plus en plus farfelues en sensations d'avoir l'esprit étiré, distendu, vers des expériences d'une nature qui fait qu'il est difficile de s'en souvenir et encore plus de mettre des mots dessus après coup. J'avais plus l'impression de passer au second plan dans moi-même, avec toutes ces choses très vraies qui se déroulaient là, que de mourir. La peur dominait tout : qu'est-ce qui se passait si je lâchais tout à fait ? J'ai essayé de laisser faire sans succès. Ça devenait et effrayant et de plus en plus submergeant et je finissais par résister. Je revenais dans quelque chose de plus calme et connu. Immanquablement, l'endormissement aidant, ces quelques choses prenaient des dimensions inconcevables et la peur le réemportait sur la fascination.
J'avais vécu avant ça et j'ai vécu depuis des expériences vraiment intenses via de simples rêves, dans de simples nuits sobres. Il y a eu, parfois se suivant, des choses belles à pleurer de joie et effrayantes à mourir... mais où la peur ne vient pas d'un scénario mais de comment ce je est ballotté en sillonnant le sommeil. Néanmoins ces deux fois avaient un goût très similaire, étaient situées à l'endormissement, remarquables par leur consistance et leur durée.