hatsu
Holofractale de l'hypervérité
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Vagues dissociatives
POURQUOI JE DROPE TROLOLO
Hatsu : Mercredi, petite soirée prévue à la coloc, je n’ai pas envie de boire et d’être bourrée. J’ai envie de drop du DXM! Avec Styloplume dans les parages, le dex ça doit pouvoir le faire. Je réfléchis au dosage avec lui, 360mg, j’ai déjà drop cette dose auparavant, je connais ces effets. Il me propose d’expérimenter avec le jus de pamplemousse, c’est OK.Dex acheté, jus de pamplemousse aussi, c’est parti je bois quasiment le litre entier. Deux heures plus tard je drop mes horribles et infâmes capsules de ******. J’ai la nausée, le pamplemousse, le goût du ******, j’ai vraiment la nausée. La gorge serrée. J’essaie de ne pas y penser, je me dis que ça va passer.
Notes sur le cahier, en italique : DXM (Again!) 19h. J’ai bu tout plein de super pamplemousse tout dégueu. =D
->Sale nausée. Je commence un peu à appréhender.
Genre juste pour la prise de toutes les capsules... Je veux pas vomir ahah.
Qu’est ce que j’attend de cette perche?
Être défoncée.
 La grosse disso !

 Et qu’est ce qui me stresse?
- Qu’il y ait pas de soirée -> être toute seule high. 
Je veux pas qu’on me rejette...

->Sale nausée. Je commence un peu à appréhender.
Genre juste pour la prise de toutes les capsules... Je veux pas vomir ahah.
Qu’est ce que j’attend de cette perche?
Être défoncée.
 La grosse disso !

 Et qu’est ce qui me stresse?
- Qu’il y ait pas de soirée -> être toute seule high. 
Je veux pas qu’on me rejette...

20h30 Tout il est droppé. =D
Styloplume : Du DXM, c'était pas prévu, Hatsu et moi on voulait droper du LSD ensemble samedi, et moi demain jeudi je pars chez Bipbip droper du DXM... Pour moi, ce soir, le DXM, c'est non. J'ai conseillé Hatsu sur sa dose, et sur le jus de pamplemousse blanc, qui modifie le métabolisme du DXM et rends la dissociation plus psychédélique. Pour le reste, mon mot d'ordre c'est : tolérance. Ne pas juger la conso de l'autre. Les dés sont jetés, je ne m'en fais pas.
Début de la montée...
20h58 Ça monte. Tout doucement. Ayaaaa. Genre kikoolol. Un peu chaud, le smile. =D
 Le moins, j’ai mal dans le bas du dos. Mais le positif, je me sens légère, agréable. 
Je ne suis plus trop la conversation.
Il faut préciser qu'au moment où Hatsu drope nous sommes trois dans la chambre : Hatsu, son ami Iram (faux nom), étudiant en architecture comme elle, et moi-même. Un schéma classique de triangle amoureux se met en place : il est évident qu'Iram est amoureux d'Hatsu.Hatsu et moi nous affirmons comme couple, parlons des prods et du Hadra devant Iram. Nous nous définissons comme psychonautes et cela nous plaît beaucoup.Il faut que j'ai une conversation avec Iram, entre hommes. Lui parler de cette rivalité inévitable.
Styloplume sort avec Iram de ma chambre, ils vont dehors où je sais pas trop quoi, je décide de m’installer dans mon lit, sur ma mezzanine, dans le noir. (Le noir est d’accord)Je met de la musique, je m’allonge dans mon lit, j’éteins les lumières, hop voilà. C’est stressant, ça ne me détend absolument pas, chaque bruit de la musique m’effraie, et m’angoisse. J’ai peur que les garçons rentrent et que je ne les entende pas, j’ai peur qu’ils me surprennent là haut dans mon lit, dans mon intimité. Et en même temps j’attend avec impatience qu’ils reviennent, je n’ai pas envie de triper seule, j’ai envie de triper en mode social. Je souhaite leur laisser du temps pour discuter, Styloplume est mon amoureux, et j’ai eu des relations ambigües avec Iram, mon meilleur ami.Je bloque vraiment sur mon envie d’être avec des gens, de discuter, de décrire à Styloplume ce que je ressens vis à vis de la montée de DXM. Qui est lente, assez douce, mais insidieuse. Mes pensées sont vraiment tournées vers l’angoisse de l’abandon, et de la solitude. Je veux triper avec Stylo, je veux échanger, je veux dialoguer, j’ai l’impression d’être bourrée. Je ne tiens pas en place dans mon lit. Je crois voir quelqu’un rentrer, je vérifie, non, personne. Je fais ça plusieurs fois, il n’y a jamais personne qui rentre. Je décide de rallumer la lumière. J’essaie de triper sur la musique, mais je n’y arrive pas, c’est difficile d’être seule, je ne supporte plus, plus du tout. Alors je redescend, avec l’ordinateur, la musique, je m’assied face à la porte, je surveille, je suis touIramurs dans l’attente. Dans l’attente de la montée du prod, et du retour des mecs.
Pendant ce temps, je me promène dans le parc avec Iram. J'ai abordé notre rivalité potentielle, chose qu'il trouve parfaitement normale. Puis, nous discutons avec enthousiasme de nos parcours et projets professionnels. Je reconnaît en lui un homme sensible et réfléchi, notre conversation est un vrai plaisir malgré son malaise évident : je suis avec la femme qu'il aime.Mais il me montre un vrai respect, en plus d'être franchement intéressé par mon chemin de vie, intérêt tout partagé. Bien que nous soyons rivaux. Non. Parce que nous sommes rivaux.Amusant comme la vie nous amène de telles contradictions.
Ça fait un peu plus d’une heure qu’ils sont partis, je commence à partir en introspection, et vraiment, mon trip ne s’oriente pas tel que je le voudrais. Je décide de sortir de ma chambre, de croiser des gens, je suis toute euphorique. J’ai passé une étape, je suis sortie de ma cachette, je m’affiche aux autres. Le problème étant que je me rend compte que je suis bien dissociée, bien prodée, et que ça se voit. Je ne veux pas afficher mon état de défonce aux autres. À mes colocs qui, bien que se doutant que j’utilise parfois des drogues dites «dures», n’envisagent probablement pas que j’en prenne comme ça sans raison. J’apprend alors que la soirée est annulée. Personne ne va venir, personne ne va boire, je suis défoncée toute seule au milieu de gens totalement sobre ; je n’ai aucune excuse pour avoir l’air autant arrachée...Je culpabilise alors, je vais prendre mes clés dans ma chambre, et je sors dans le parc.
Nous autres hommes décidons de rentrer comme de bons chevaliers pour prendre soin de la princesse à ne pas laisser trop seule sous DXM.
Je me promène, et en rentrant j’entend Styloplume et Iram dans l’escalier. Retour de l’euphorie psychédélique. Grosse distorsion de la perception de l’espace, ils sont près de moi, mais ils sont loin, je veux les rattraper, les distances me semblent infranchissable. Je cours, dans le couloir, et je «saute» comme je peux sur Stylo. Ah, ils ont capté que j’étais montée, et pas qu’un peu. On retourne dans ma chambre. Je suis montée, le DXM est bien là, il va lentement être digéré en DXO par mon corps. J’en prend conscience. Je suis totalement confiante, je sais où je vais, je connais le DXM, je connais ses effets, je n’ai pas peur, je me sens grande, forte, et supérieure à la drogue.
Fin de la montée, début du plateau, et de l’angoisse.
22h25 J’ai la nausée. Un peu mal au ventre. J’angoisse.
 Meuh pas tant que ça.
Pas genre le badtrip ou quoi !!
 Juste je n’aime pas le bodyload... 
Tout va bien sinon. Stylo a discuté avec Iram. Longuement.
J’adore Iram. J’ai besoin de lui au Jour le Jour. 
J’aime Emmanuel. Je veux que l’on fasse quelque chose de BIEN.
J’ai vraiment la nausée, j’ai le goût mentholé du ****** qui remonte, la menthe qui m’a anesthésié la gorge, j’ai l’impression d’étouffer constamment. Je ne veux pas vomir, mes colocataires se douteront vraiment vraiment de quelque chose. Je ne veux pas vomir je ne veux pas sortir des choses «sales» de mon être. Je veux rester dans le bon trip, le parfait. Je rejette totalement l’idée de vomir. Mais je bloque, et j’y pense constamment. Je suis assise avec Stylo et Iram dans ma chambre. Ils veulent se faire à manger, très bien, ils me laissent encore seule. Très bien, non pas très bien. Décidément rien ne se passe comme je voudrais. C’est juste l’anarchie totale, j’essaie sans cesse de me dire que j’ai le contrôle des choses, alors que je ne contrôle rien. Les êtres qui m’entourent font ce qu’ils veulent, sans se soucier de moi, ils me laissent tous tomber, pour manger, pour faire des choses qui ne m’intéressent pas. Ils me laissent constamment seule, j’ai l’esprit totalement embrouillée. Je veux être avec eux, je ne veux pas être seule. Je les rejoins.
Nous autres hommes partons nous faire des pâtes, c'est qu'on est content de se connaître, on force la camaraderie pour contrer notre rivalité, ha ha, de vrais hommes d'honneur. En ce qui me concerne, je vois Hatsu qui affiche un comportement euphorique, donc je ne m'en fait pas pour elle.
Le chemin jusque la cuisine me semble interminable, l’espace se dilate, je marche comme un robot. Je fais des pas saccadé, je me tiens au mur, je croise un de mes colocs qui me demande si ça va, je répond que oui tout va bien. Tout me semble faux, le ton de ma voix, les regards des autres sur moi. Arrivée à la cuisine, il faut garder le contrôle, je dois garder le contrôle, je dois avoir l’air sobre. Je tente d’aider Stylo et Iram à faire la cuisine, de nourrir «mes» Hommes. Super instinct maternel, j’fais de la merde, ils me font remarquer, je suis incapable de coordonner mes gestes. J’ai envie d’aider, j’ai envie d’être en société, mais c’est juste impossible. Je ne suis plus sur la même planète, dans le même espace temps, je suis trop haut, trop loin, et j’essaie désespérément de me raccrocher à la réalité. Alors je souffre, je souffre en silence, d’être spectatrice de ces scènes de la vie quotidienne. Mes colocs, mon amoureux, mon meilleur ami, tous là à partager, à discuter, et je suis en dehors.Ce qu’il se passe concrètement, c’est que mon sentiment de malaise habituel est exacerbé, je me sens exclue et anormale. Je ne me sens pas en phase avec le monde. Je m’assied sur les genoux de Styloplume en tournant le dos aux autres, c’est dur tout ça. Je décide de retourner dans ma chambre.
Le lâcher prise.
De retour dans ma chambre, je met le son à fond, du bon gros dub des familles; High Tone. Le son me vrille les oreilles, les basses sont parties intégrantes de mon être. Je prend un plaisir sexuel à être allongée sur mon sol froid, à me laisser tortiller sur la musique. Néanmoins, les effets de la drogue sont de plus en présents, je sens la grosse disso, la difficulté à bouger, et le plaisir qui me prend dans tous les sens. J’ai honte de ce plaisir, j’ai honte de prendre plaisir avec du dub. Et puis je réalise, j’écris. Allongée par terre dans ma chambre j’écris sur mon carnet, je laisse ma main écrire mes pensées...Le dub c’est le père. Le dub c’est lourd, c’est violent, c’est protecteur, le dub m’enveloppe me rassure et me rend heureuse. Je trip bien, je trip dans le bon sens. J’apprécie d’avoir trouver une alternative, je me sens complète. Ah, j’ai des amis, j’ai trouvé le Père. Il est là avec moi, dans moi, en moi, je suis toute ces vibrations et sa force. Je suis capable de m’en détacher, mais je l’aime et je vibre. Je vibre totalement. Je m’allonge en position de croix, je fais Jésus Christ crucifié. Et je me laisse mourir, tout doucement, j’entre dans la disso, j’y entre à fond, ou j’en sors. Je me sépare totalement de mes sensations physiques, de mes angoisses, je me dissocie. J’aime ce qui m’arrive, mais je bloque.
Si quelqu’un rentre dans ma chambre? si quelqu’un entre dans ma chambre de quoi aurais je l’air...
Pendant ce temps les hommes font cuire leurs pâtes et ne se doutent de rien. Quand je passe chez Hatsu pour récupérer du sel, je la vois sur le sol à s'écouter du dub. Elle a l'air d'une vraie psychonaute. Tout va bien, hi hi. Moi aussi j'aime triper comme ça.
L’apparence, encore, encore. Je me lève, je me regarde dans le miroir, j’ai les yeux défoncés. Je ne me reconnais pas, j’essaie de me rassurer, c’est la disso qui fait ça. Je ne suis plus moi, je suis séparée de tout ça. C’est effrayant, pourquoi je me drogue? Pourquoi je fais ça? Je ne sais plus, je ne sais plus pourquoi j’ai pris du DXM, quel est le sens de mes actes. Pourquoi je suis seule, désespérément seule et différente. Je voudrais rentrer dans le moule, être comme les autres. Je le note. J’ai peur des autres, et j’ai peur de moi, j’ai peur de faire peur aux autres. J’ai peur de la société, et d’être enfermée dans un moule, mais je ne rentre pas dedans, je suis différente de par mon histoire. Mais il y en a beaucoup d’autres, les psychonautes, qui ont cette différence, ces douleurs et ces angoisses. Ah , et les autres aussi ont des angoisses, mes colocataires, les gens qui ne prennent pas de drogues. Ils sont tous comme moi, et pourtant nous sommes tous différents.Je me perd dans mes réflexions, je me rallonge, en position foetale, sous mon bureau. Dans un espace totalement protégé des invasions extérieures. Oui, les autres veulent m’envahir, me prendre mon espace vital, ils ne m’acceptent pas. Et le son doit les gêner, je décide d’ignorer ça. Je me vrille les oreilles, je vibre à nouveau, j’écris toute mes pensées dans mon carnet, je suis recroquevillée sous mon bureau, les yeux vrillés, écoutant la musique à fond, accrochée à un petit carnet qui semble tout droit sorti d’un ouragan vu son état. J’oscille, je suis bien je suis mal ; ma porte s’ouvre à la volée.
Retour à la réalité
Un de mes colocs, A, entre dans ma chambre, regard incrédule. En effet, je suis bien allongée, me tortillant, sur le sol, en dessous de mon bureau, à écrire comme une acharnée sur un carnet en morceau. Les larmes aux yeux, les yeux éclatés, le sourire éclatant, tremblotante, et fébrile. Je reprend mes esprits, lui demande ce qu’il veut, me met debout, dans une position normale, il veut utiliser mon ordinateur pour discuter avec quelqu’un sur facebook. Très bien, je lui laisse ma chambre, je sors, marche difficilement jusque la cuisine, j’aborde Stylo avec un regard totalement désespéré. J’essaie de lui transmettre mes peurs, mes angoisses ; loupé. J’ai besoin qu’il me tienne la main, m’aide à trouver un endroit pour que je reprenne mon trip de manière calme, et privée. Je ne veux pas que les autres se rendent compte que mon état de défonce. J’ai envie d’être avec Stylo. J’ai envie de partager mon trip, mais je n’y arrive pas, je suis totalement fermée sur moi même. Totalement enfermée dans mes angoisses, mes désirs, mes peurs. Je reste assise sur ses genoux, je patiente.
Et moi je ne me doute de rien, je suis dans une mini-soirée entre architectes, je mange des pâtes, tout va bien.
Ils mangent, je les regarde, le temps me semble extrêmement long, très très long. D’autres de mes colocs sont dans la cuisine, je suis de plus en plus loin, je ne contrôle presque plus mes gestes. Des amis à moi débarquent, ils croient qu’il y a une soirée, il n’y a rien. Heureuse de les voir je les serre dans mes bras, puis, retour sur moi même, c’est clairement visible que je suis déchirée.Retour sur moi même. La boucle. Pourquoi je fais ça? Pourquoi je me drogue? Pourquoi je suis différente? Pourquoi je ne sais pas m’intégrer? Je décide de retourner voir si A. a finit avec mon ordi. Je marche de manière automatique dans le couloir, je suis un robot, je me convainc de ça. Je suis un robot, je suis un tas de chair et de sang, je suis programmée pour vivre et pour mourir. Pas pour avoir des sentiments, c’est une erreur, nous sommes des erreurs, et nous avons consciences d’être des erreurs. C’est l’enfer dans ma tête. J’oscille. Arrivée dans ma chambre, A. est touIramurs là, il n’a pas fini, il prend son temps. Je ne veux pas le virer de ma chambre, je me doute qu’il se doute que j’ai pris de la drogue, j’essaie de m’immiscer dans ses pensées, je me dissocie, debout, et je ne sens rien autour de moi. Du froid, du vide, rien. Je sonde spirituellement l’espace, il n’y a rien, rien ici. Que moi. Et pourtant A. est là, pianotant sur mon ordi. Il me jette un regard interrogateur, ah oui, je m’en vais. Je sors de ma chambre, et le laisse. J’ai envie de me laisser tomber au sol, mon corps est lourd, très lourd, de plus en plus lourd. J’ai beaucoup de mal à marcher, à penser, c’est une épreuve. Le temps est au ralenti.
Peu importe, je vis ! Et je vois Styloplume à nouveau. La lumière, la lumière. Il est là, je suis là, les autres n’existent plus tellement, j’ai envie de me laisser aller au trip entre ses bras, de triper avec lui, qu’il tripe avec moi. Je voudrais qu’on construise notre couple dans le trip. Je ne retrouve pas l’esprit de défonce que j’ai habituellement quand je drop. Non, je voudrais faire quelque chose de constructif. Encore une fois, je me laisse aller à la disso, entièrement. J’essaie de me laisser aller à Styloplume, d’être avec lui. Mais ils sont tous complètement fermés autour de moi. Et je n’y arrive pas, je souffre, j’oscille, encore. Le bien, le mal, le vide, le plein, les sentiments, c’est difficile. Je lui témoigne de mon envie d’être seule dans ma chambre, et de mon malaise à virer A. Il propose de m’aider, je refuse, je souhaite gérer la logistique par moi même. Je souhaite m’endurcir. Encore et encore, je veux gérer mon trip par moi même.Mon comportement est contradictoire, je veux être avec lui, je veux son aide, et je la refuse. Je me sens sombrer dans la folie, dans une belle crise borderline. Je le savais, je connaissais cet effet du DXM sur moi. Je ne veux pas gérer une crise d’angoisse, une crise de vide, je ne veux pas me revoir sombrer au fond.
Iram et moi on fait la vaisselle.
Retour dans ma chambre, encore. Je suis plus insistante, A. s’en va. Je met du Jeff Buckley, je m’allonge en position de croix, et je chante. Allongée sur le sol, je chante, je créé de la lumière, j’illumine ma chambre. Tout est beau, j’attrape mon ukulélé, j’improvise des accords, comme je ne sais faire que défoncée. Le son me semble beau, la musique me semble belle, je chante, allongée sur le sol, et je profite de la musique. Je suis la musique et je suis l’univers et le cosmos. Je suis heureuse, je suis bien. Plus d’angoisse pendant un bref instant, j’ai retrouvé mon intimité. Je baigne dans la douceur. Et puis Stylo et Iram rentrent dans ma chambre. Il est approximativement minuit.
Triangle amoureux (histoire de gonzesse)
Cette fois-ci la situation est beaucoup plus délicate qu'au moment des présentations. Nous sommes de nouveau à trois, Hatsu est montée.
C’est difficile, je suis allongée sur le sol, ou assise sur mon fauteuil de bureau, je ne sais plus. Je ne suis pas vraiment moi. Les histoires de sexe remontent à la surface. Je m’étais totalement détachée de la dimension physique et matériel du monde, et voilà que de nombreuses tension apparaissent au grand jour. Angoisse, je replonge dans la peur.Je suis amoureuse de Styloplume, néanmoins, il y a eu des histoires avec Iram qui introduisent beaucoup d’ambiguité. Je souhaite partager des choses avec chacun, mais dans un duo, je ne souhaite mettre personne à part. Et je ne gère pas cette angoisse. De plus, je ne suis plus en état de parler. Je ne contrôle plus mon corps, plus rien. J’ai beaucoup de désir pour Styloplume, je voudrais qu’il me tienne contre lui, je voudrais me perdre dans ses bras, et je souhaite que Iram s’en aille. Je suis incapable de le lui dire, je l’aime beaucoup et ne souhaite pas lui faire de mal.
La tension est palpable. Nous nous taisons presque tous, dans une gêne partagée et tacite, tous allongés sur le sol, Hatsu entre les deux hommes. Nous tentons tous de le gérer, tous les trois, mais je sens que c'est impossible. Avec Hastu j'échange des mots sur un carnet, Iram en est témoin bien sûr, et le respecte (il n'a pas le choix).
Discussion écrite avec Stylo. J’ai du mal à m’exprimer, la musique m’endors, je ne souhaite pas m’endormir, je souhaite partager avec lui.
C'est ce que j'ai compris depuis le début : il faut que je m'affirme comme un homme, c'est-à-dire que je mette mon rival hors jeu. Une fois que j'ai compris ce qu'Hatsu désire, à savoir la même chose que moi, je me tourne vers Iram et lui demande de nous laisser.
Il décide de dire à Iram de partir, Iram me touche le bras et me dis «Alors comme ça tu me vires? hein?». Je prend assez mal cette remarque qui me conforte dans mon angoisse du trio. Je ne veux fâcher personne.
Une fois dans le couloir où je l'accompagne, la camaraderie chevaleresque a laissé place à une gêne policée entre Iram et moi. Je lui fait une remarque forcément déplacée du genre « J'espère que ça va aller. » Puis, JE retourne dans la chambre. C'est moi ! Ah, je suis content ! J'ai gagné la partie, je suis seul au service de la princesse.
Le BOWDEL moi j’vous dis.
Je tripe sur le sol, avec la musique à fond, j’ai envie de vomir, j’ai envie de faire pipi, j’ai envie de retrouver mon bonheur dans la musique, j’ai envie de faire pipi. Je suis rattrapée par des besoins physiques, que j’ignorais jusque là. Et j’en fais toute une histoire. Je ne veux pas marcher jusqu’aux toilettes, car je ne suis plus du tout en état de voir mes colocs, je suis trop défoncée pour paraître sobre. Je voudrais trouver une alternative, je veux... je veux... uriner dans mon lavabo. AHAH. Oui, oui je veux faire ça. Mais pas avec Styloplume dans ma chambre. J’ai conscience de la stupidité de mon malaise, j’ai du mal à l’exprimer. En tout cas, il s’occupe de moi, descend mon matelas sur le sol, descend la couverture, les oreillers, ah ça va déjà être beaucoup plus confort. J’essaie de lui parler, de lui transmettre ce que je vis, mais il n’est pas là spirituellement, il n’est pas intéressé par les même choses que moi, et je suis complètement tiraillée par l’envie d’être avec lui, et l’envie de le foutre dehors et de triper seule.Il comprend. Et il sort pour cinq ou dix minutes.
C'est exactement le genre de choses que je sais respecter sans problème. Quand on est sous psychédélique on a des besoins parfois difficilement avouables, et la sollitude en fait partie.
Je me débarasse de mes besoins physiques (;D), je m’allonge, me plonge dans le son, et là je comprend. Je comprend. Je comprend toute mes peurs, l’abandon, la mort, la perte des autres, la rupture. Nous nous sommes vraiment pris la tête le dimanche, et ça m’a beaucoup affectée, de plus, les dernières relations avec mon père biologique ont été difficiles. J’ai toujours ce gros soucis de rapport au père. Je ne sais pas le gérer. J’ai peur de la boucle, car j’ai peur de la fin. J’ai peur que tout s’arrête. Et je comprend, et j’écris :
«C’est parce que ça peut s’arrêter que ça continue.»
Oui c’est ça ! Les choses peuvent s’arrêter à tout moment, c’est le sentiment d’éphémère. Mais c’est parce que j’accepterai cette fin, que je pourrais continuer à vivre, à croire, à aimer. Ne pas être dans la résignation, mais savoir que les choses peuvent avoir une fin, et l’accepter, vivre en le sachant, être en accord avec ça.Ok, très bien, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. J’ai peur de la fin, et j’écris donc :
«Mais c’est pas OBLIGÉ»
Non, c’est pas obligé, les choses peuvent continuer, je peux vivre, je peux vivre. Je ne suis pas obligée de mourir, je ne suis pas obligée de croire à la mort froide telle qu’inculquée de nos jours. Très bien, j’avance dans ma réflexion, là allongée sur mon lit, et je me demande, qui a le choix ? Qui fait le choix d’arrêter les choses, qui décide quand ça s’arrête , et quand ça continue. Où est le début de la boucle, qu’est ce que la fractale?Ce qui décide de la fin, ne peut être que fini, car l’infini ne peut se finir. Cela me semble très logique sur le coup, maintenant j’ai plus de mal. Je rejette donc le fait que Dieu puisse accepter de nous imposer une fin quelconque, et d’arrêter quoi que ce soit. Je repense à Dieu, à l’Infini. Oui car Dieu est Infini, et Dieu est lumière. De quel Dieu je parle? Je n’en sais rien. Je ne m’accroche à aucun dogme, à aucune religion, je parle du concept de Dieu, et non pas de Allah, ou Yahweh, ou autres. Non mon Dieu est innommable, mon Dieu a trop de dénomination pour ça, mon Dieu est Lumière, Amour, et Eternité. Je me retrouve baigné dans l’amour cosmique de la salvia. Je suis avec Dieu.
DARK SIDE BABY.
Styloplume rentre dans ma chambre. Je suis à nouveau dans la confusion, j’essaie de lui faire comprendre ce que j’ai écrit, de lui montrer, qu’il lise. Mais il n’est pas dedans, je le sens, ou plutôt je ne le sens pas.
Mais si ! Intellectuellement je comprends très bien, « C'est parce que ça peut s'arrêter que ça continue », ça colle avec plein de choses dans ma tête, avec ma vision du monde, etc. Enfin, je ne le montre peut-être pas très bien.
Il est absent. Tout ce que je sens c’est moi même, mon désir sexuel que je juge sale, mon incapacité à me mouvoir, je ne sais plus marcher. Nous discutons, de Dieu, de l’Infini, de tout ça. Ça se passe bien, mais je suis perdue, entre la réalité, ma disso, j’ai trop de choses à gérer. Trop d’angoisses et de bonheur, je ne veux pas le gêner, je ne veux pas faire quelque chose qui nous amène à la fin, à la destruction de notre relation. En plus, j’ai peur de mourir. Je me sens partir, partir loin de mon corps, dont je ne sais plus faire aucun usage.Discussion, discussion, voyage très drôle jusqu’au toilettes où je fais mon spectacle car marcher me prend beaucoup d’énergie. Je veux faire rire Styloplume, je veux le voir heureux, je ne le vois juste pas. Je m’amuse beaucoup à marcher comme un robot, à lever les genoux super haut, et marcher au ralenti. Faire la mimique. Faire le clown. Retour à la chambre, spectacle made by Hatsu. Je ris, je ris.
C'était vraiment très marrant de marcher comme des zombies sous dextro pour aller aux toilettes dans le couloir vide. Hatsu est vraiment très drôle, pointe du doigt un azimut, puis se met en marche, on a l'impression qu'elle porte des chaussures trop petites qui l'obligent à boîter, ou alors des bottes qui s'accrochent dans de la boue, comme au Hadra.Donc, c'est un moment rayon de soleil, puis nous rentrons dans la chambre.
Allongés dans le lit, c’est le bad. LE bad que je ne vois pas venir. Stylo est auprès de moi, il dit vouloir dormir, il m’abandonne, la vie m’abandonne, c’est repartir pour mourir. Je meurs. Je meurs et j’ai peur de mourir. Je pleure, je pleure, je ne sens plus mon corps, je sonde l’espace spirituellement, je ne vois pas de lumière, et pas d’amour, je refuse de me laisser aller, et je meurs. J’ai mal, physiquement mal, mon corps implose, mon cerveau implose, l’espace se fractalise. Il fait noir, et je ne vois rien, je ferme les yeux et je vois des pingouins bleus et noir marcher autour d’une ligne. Plus rien n’a de sens, ou de valeur. Mes hallucinations yeux fermés n’ont aucun intérêt, je ne vois que des conneries de pingouins. Et la mort.
Je me réveille tout de même, prends la main d'Hatsu, la pousse à s'allonger proprement, puis à respirer. Hatsu geint, c'est difficile, je l'encourage tout de même à inspirer, expirer... doucement. Ça marche, Hatsu arrête d'essayer de commenter l'expérience, l'effet du pamplemousse, du DXM ; et elle rentre dans l'expérience. Son corps se tourne vers le côté, automatiquement, se met en position foetale, le visage se tord, tourmenté, et Hatsu me tient un discours qui me semble clair comme de l'eau de roche :
«Styloplume... J’ai peur de mourir. J’ai peur de vivre. J’ai peur d’avoir peur, j’ai peur de la drogue, plus de drogue s’il te plaît. Je ne veux plus de drogue plus jamais. J’ai peur de moi même, j’ai peur du noir, j’ai peur des autres. J’ai peur et encore peur. Mais je n’ai pas peur des choses matérielles comme les araignées, les choses futiles, j’ai peur de Dieu, de l’infiniment grand et de l’infiniment petit.»Je ne sais plus qui je suis. Je ne sais plus où est mon corps, je ne sais plus qu’est ce que le temps, qu’est ce que l’amour, j’ai peur de perdre tout ça, je l’ai perdu, ou je ne l’ai pas perdu. Les pensées s’enchainent, et c’est incompréhensible. Je suis fragile, toute petite, et faible. Je me drogue, la société m’a inculqué que se droguer c’est mal. La drogue ça mène à la perte, je vais finir seule et droguée, pauvre et sous un pont.
Et moi, Stylo, je suis confronté à un cas de conscience. Je sais où se trouve Hatsu. C'est une dissolution de l'égo non assumée. Dans le modèle de Grof, c'est la deuxième matrice périnatale. Et je sais exactement ce qui vient après : la troisième matrice, la mort en elle-même, la confrontation avec l'horreur absolue. Et ensuite, la quatrième matrice : renaissance.Et bien, Styloplume, voici le moment que tu attends depuis un bon moment. Quelqu'un à sortir du côté obscur de la force, en l'y précipitant.Comment faire ? Je le sais bien. Ce qu'il faut faire, c'est forcer Hatsu à accepter la mort. Le mot d'ordre dans la thérapie psychédélique c'est : « Laissez-vous aller à l'expérience ! » Et dans mon optique mort/renaissance, dont je suis convaincu, le motto devient donc « Laisse-toi mourir ! ».Hatsu est déjà passée par là sous Salvia. Je le sais. Je pourrais faire ça, l'encourager à se laisser mourir. Dans ma tête tout est clair.Je lui suggère : « Tu pourrais rentrer dans la disso comme sous salvia, rentre dans l'Infini ». Et Hatsu se défend : « Non, je ne veux pas ! ». C'est de la résistance, complètement normal, c'est là où je peux intervenir en forçant le processus.Et bien, je n'en ferai rien ce soir. Je suis l'amoureux de Hatsu, et non son gourou ou son thérapeute. Je ne vais pas la briser. Je me contente de lui tenir la main et de lui parler avec amour, doucement.
Je ne veux plus triper, c’est trop long, ça fait trop longtemps que je suis défoncée, je veux que ça se finisse, je veux redescendre. Je veux plus du DXM, je déteste le DXM, et je déteste Styloplume qui m’a dit oui. Je me deteste de detester Styloplume qui n’a rien à voir avec le fait que je prenne ou non du DXM. J’essaie de le placer en position de gourou, j’essaie de le forcer à m’exorciser, il ne le fait pas. Styloplume me tient la main, je lui dit que je veux qu’il soit mon amoureux, et il n’y a aucune cohérence entre mes pensées, mes actes, mes paroles. Je ne retrouve plus d’unité dans le tout. La dissociation, la perte de l’égo. Je ne suis plus.
J’ai besoin d’un père, j’ai besoin de repère. J’ai besoin de stabilité, et de réponse, je n’ai que des doutes. Est ce que je crois? En quoi je peux croire? La vie? La mort? Dieu? L’éternité? Tout m’effraie. Je repasse tout en revue. Rien ne m’intéresse, je souhaite mourir, mais je ne souhaite pas disparaitre, je ne souhaite plus vivre, je ne souhaite plus m’impliquer dans le monde matériel. Je ne souhaite pas perdre mon corps, ni mes amis, j’aime ma famille, j’aime mon frère. Styloplume reste auprès de moi, sa présence m’est précieuse, et signe de stabilité. Mais je remet sans cesse son amour et sa présence en doute, j’ai peur de le perdre lui aussi. J’ai peur de m’impliquer dans notre relation et qu’elle ne fonctionne pas. Je sais que j’ai trouvé la lumière en moi, je sais que j’ai trouvé la lumière en la Vie, et en l’Infini. J’ai atteint quelque chose un mois auparavant, j’ai touché le cosmos du bout de mon âme. Et avec Stylo, je touche la Lumière en continu.
Il est environ deux heures du matin, je suis vraiment épuisé, de plus nous sommes dans le lit, et je veux dormir. Désolé, j'ai vraiment sommeil.
Il s’endort. Je ne veux pas qu’il dorme, j’ai des hallucinations, je vois des yeux sur les murs, je vois les murs de ma chambre se refermer sur moi même, je vois la Mort ouvrir ma porte et me prendre avec elle. Je vois Stylo partir, je me vois moi morte, dans mon lit. Je suis au dessus de mon corps et je me vois allongée à côté de Stylo. Je le vois lui paisible, et dès que je bouge je me vois bouger, je suis sortie de mon corps, enfin je crois. Je ne veux pas mourir, je me raccroche à chaque sensation infime de vie. Trop angoissée, je le réveille, il discute avec moi, je le sens plus ou moins endormi. Je culpabilise de le réveiller, j’envisage d’aller m’allonger dans le canapé du salon, mais j’ai peur de me retrouver sans la chaleur de son corps, car je n’ai plus de chaleur dans le mien.
Après des heures de bad, je finis par m’endormir, je somnole, j’angoisse sur tout. Je fais des cauchemars, et je ne comprend plus si je dors ou si je suis éveillée. Néanmoins, je me réveille vers dix heure, et je ne suis plus trop défoncée. Juste totalement fatiguée, extenuée, et pas du tout remise du bad. Je continue de pleurer. Stylo va bientôt partir. Il va rejoindre un ami à lui à vingt minute de chez moi, je vais devoir rester seule toute la journée. J’ai du boulot, je ne me sens pas apte à le faire. Je ne me sens capable de rien. Je passerai la journée dans mon lit, à manger des bonbons, boire du café, et du lait, et à squatter mon ordi. A discuter avec divers psychonaut de l’expérience traumatisante que je viens de vivre.
De mon côté je pars chez Bipbip à Lille, chez qui je passe l'après-midi et la soirée sous LSD. Gros trip plein de fous rires, avec une grosse crise de larme où je me rends compte que je suis complètement amoureux d'Hatsu. Ça me fait beaucoup de bien.
CONCLUSION ... ?
Si c’est possible d’établir une quelconque conclusion... A l’heure d’aujourd’hui, je suis toujours plus ou moins à côté de mes pompes. J’ai beaucoup de doutes, et trop peu de certitudes. J’ai cru pendant quelques jours que j’arrêterai les prods pendant un petit bout de temps, or je ne le ferai pas. Le problème est ailleurs.
J’ai fait de gros progrès dans l’art de la dissociation, je suis totalement sortie de mon corps, mais par manque de confiance, je n’ai pas su le gérer. Je me suis totalement fermée du monde extérieur et j’ai beaucoup souffert de l’absence de présence à mes côtés. De ne pas ressentir les personnes qui m’entouraient.
Au niveau set & setting, je croyais être bien dans ma tête, je croyais beaucoup de choses en fait. Beaucoup trop de choses, beaucoup trop de certitudes. C’est toujours dans ces situations là que je me prend une grosse claque de remise en question, allez mange toi ça ! Tu crois en quelque chose? Oublie tout ce en quoi tu crois! Et c’est pas plus mal. Je sais que je suis fragile, mais le reconnaître me rend très forte. Je peux gérer l’angoisse de manière saine, car j’ai de l’angoisse et je le sais.
Je me sens toute petite dans le monde, et j’en ai peur, je me sens parfois toute petite à côté des autres, et pourtant je sais très bien qui je suis, et qui je veux devenir. J’ai beaucoup de doutes quant à des parties de moi que je connais moi bien, l’enfant que j’ai pu être, et l’adulte que je vais devenir. Néanmoins, je sais où je veux aller, avec qui, et pourquoi. Je sais que j’aime vivre, je veux vivre, j’ai cette force en moi qui est indéniable. J’aime la Vie. J’aime l’Infini et la Lumière.
J’aime Styloplume aussi. :grin: