PsyRitual
Matrice Périnatale
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Bonsoir à tous,

Pour resituer le contexte, ça va faire 5 ans que je n'ai pas publié sur ce forum, mon ancien pseudo étant Aldous Snow et traitant de mes premiers pas dans le monde des psychédéliques, j'ai décidé de recommencer à zéro, après cinq années de remises en questions perpétuelles, de réflexions ésotériques, philosophiques, puis un retour dans le monde concret de la physique et de la biologie, de la zététique et de l'esprit critique, c'est avec beaucoup de recul et d'appréhension que je vous livre aujourd'hui la version subjective de ce qui se révèle comme l'expérience psychédélique la plus intense de ma vie.
Pour information j'ai plus d'une cinquantaine de trips au LSD/dérivés (2c-X, 25-XnBomes, DOX) à mon actif depuis ces cinq dernières années (oui j'ai déconné oui ...) une bonne trentaine d'expériences à la kétamine dont trois K-Holes, de même pour les champignons et truffes (jusqu'à 6g sec de McKennaï en une prise), deux expériences avec de la psilocybine pure, une quinzaine de trips à la Salvia et deux expériences à la DMT.
Mon dernier trip avant ce voyage à la sauge divinatoire s'est réalisé avec un très bon ami, également étudiant en psychologie, le 5 janvier soit 7 jours précisément avant (si tant est que cela ai une importance quelconque) et dont je ferais peut être prochainement un TR.
Si j'ai parfois eu l'impression de sortir de mon corps lors de ces expériences, cela n'avait jamais semblé relever d'une expérience entière, non-dissocié de mon égo. Ce que je veux dire, c'est qu'ayant contemplé d'infinie fractales pendant de longues dissolutions lysergiques, jamais je n'avais été confronté à ce genre d'univers en pleine conscience de mon égo, de ce que je suis, de façon psychique mais aussi charnelle.
Avant de commencer ce trip report, je voudrais signaler qu'il m'a fallu près de 6 jours pour décoder et/ou interpréter ce trip, tant sur le plan philosophique que psychologique, ce qui fait qu'il n'est pas impossible que la réinterprétation et la potentielle remodélisation de mes souvenirs n'influent sur ce que je partage aujourd'hui, d'autant plus que j'en ai ma propre version subjective, en complément de la version légèrement plus objective de mes potes comme ils me l'ont rapportée à posteriori.
Néanmoins, certaines images, impressions, sensations ou représentations de façon plus générales, de ce que j'ai pu ressentir lors de ce voyage, me semblent impossibles à oublier tant par leur puissance que par la façon qu'elles ont eue de s'imposer à moi.
Je précise que j'ai un certain passif avec dame Salvia, c'est à dire trois ou quatre trips que je considèrerais comme "puissants" pour une quinzaine de trips. Allant du niveau 1 à 5 sur la soi-disant "échelle" S.A.L.V.I.A (qui soit dit en passant me paraît maintenant bien dérisoire..) Je croyais connaître la Salvia Divinorum comme un psychédélique brouillon, qui ne laissait que peu de souvenir et surtout l'impression d'avoir été mâchouillé par quelque chose de beaucoup plus grand, comme une dissolution abstraite de notre conscience dans des conceptions végétales, fractaliques, impossibles à appréhender pour l'esprit humain...
Tout commence ce vendredi 12 janvier, entre minuit et 2h du matin, je n'ai pas le souvenir exact de l'heure à laquelle s'est déroulée mon expérience. Pour poser le contexte, je suis avec trois potes que je connais depuis quelques mois mais avec qui le courant passe plutôt bien et surtout avec qui je me sens plutôt en confiance (deux mecs que l'on appellera B. et M. et une pote que l'on appellera H.) Nous prenons l'apéro depuis quelques heures, à base de bière, d'un peu de beuh et de bon pilon sa mère... ^^
On se tape tous de bonnes grosses barres, bref, une soirée de jeudi soir d'étudiants qui profitent de la vie... quand me revient à l'esprit qu'il me reste de la salvia, un extrait de x15 avec laquelle j'avais eue quelques expériences peu concluantes les mois précédents, notamment avec M. qui semble plutôt réceptif à cette molécule. J'ai déjà fait tester la Slavia à M. quelques mois plus tôt et B. a un certain passif avec les psychédéliques. H. décide ne pas tenter l'expérience.
Je propose donc une petite excursion salvinorinesque à notre petite assemblée et le sort fait commencer mon ami B. qui n'a encore jamais expérimenté. Je lui mets donc une dose qui me semble approprié soit légèrement moins de 100mg. Il ne semble pas avoir une expérience très puissante, si ce n'est quelques hallucinations visuelles et sensitives légères, et un sentiment de déception de la part de l'intéressé.. Qui retentera l'expérience un peu plus tard dans la soirée.
Vient le tour de M. à qui je prépare une douille d'au moins 150mg en raison du fait qu'il connaissait déjà légèrement la molécule mais qu'il voulait pousser l'expérience plus loin. Il sembla très confus lors de son trip et ne semble pas avoir tout compris de ce qui lui est arrivé.
Pendant que M. récupère de son voyage (et n'est d'ailleurs certainement pas totalement revenu) je me prépare ma douille. J'essai de doser un peu à l'aveugle, mais une grosse quantité tombe dans la douille, largement de quoi la remplir à moitié (je dirais facilement 300mg). Je pense à en enlever quand me vient à l'esprit que mes dernières expériences n'étaient pas concluantes, et que cela ne coûtait rien de pousser un peu l'expérience...
M. et B. discutent de leurs trips respectifs avec H. tandis que je me pose par terre dans un coin de la pièce, à côté de l'une de mes enceintes, laissant entendre le morceau "Escape" de Carbon Based Lifeforms. :angel:
Je me rappelle m'être formulé lors de mes derniers essais avec Dame Salvia comme une prière puérile à l'esprit de la plante, lui demandant de m'apporter ce qu'elle avait à m'apporter, et me dis que cette fois je ne me ferais pas avoir par une pensée aussi naïve, et que s'il m'arrive une expérience hors du commun, la raison n'en sera que purement chimique, moléculaire et matérielle.
Je commence à chauffer la douille tout en aspirant lentement. Elle se consume totalement et j'aspire en une fois la fumée amère et âcre, si caractéristique de cette substance.
Au bout d'une dizaine de secondes je me dis que je n'arriverai pas à garder la fumée plus longtemps, quand me reviennent à l'esprit mes cours de yoga, les souvenirs de suspension respiratoire, dans des positions absurdes, où il ne semblait qu'à avoir à oublier de reprendre son inspiration pour dépasser ses propres limites. Cette pensée fut mon dernier souvenir pré-trip, je n'ai aucun souvenir d'avoir recraché cette satanée latte...
Je me lève du sol, il le me semble que je suis dans un rêve. Oui, je suis dans un rêve et je m'en rends compte... (à ce moment je n'ai plus aucun souvenir d'avoir consommé de la Salvia). Je vois mes amis à ma droite et me dis qu'ils ne doivent pas avoir conscience qu'ils sont dans mon rêve, puis soudainement je me rappelle avoir consommé une drogue. Je m'entends prononcer un faible :
"Ahhh ouaiis... Oh putain... putain ? ... AAAAAH ouaiiiis..."
Il me semble que je comprend ce qu'il m'arrive, et qu'en même temps il me manque toute une partie de l'équation pour pouvoir réellement comprendre, j'ai l'idée un instant que la Salvia ouvre une porte qui mène vers un autre univers, l'univers des rêves, de la pensée, de l'imagination et de la création. Puis je m'écroule au sol, et sors littéralement de mon corps par l'arrière de mon crâne :
Je me sens comme dans un espace immense, principalement bleu foncé mais teinté de lumières fluorescentes comme des arabesques multicolores, formant des loopings fractaliques. Je me vois délimité par une sorte de fermeture éclair de peau, me reliant à l'arrière de mon crâne, lui même me semblant extrêmement lointain. Il me semble apercevoir dans ces montagnes russes multicolores mon esprit dissout lors de mes dernières dissolutions sous acide, comme si je voyais mes précédentes incursions dans cet univers de la pensée, mais dénuées d'égo, dont je ressens la présence sur le moment. (Comme si lors de mes différents précédents trips au LSD j'avais pénétré cette univers en étant connecté à toute sa substance, alors que dans cette expérience j'arrivai avec "tous mes bagages" comme dirait Terrence McKenna, mon égo, ma pensée primaire, tout ce qui me constitue... )
C'est alors que je fis la rencontre de ces entités.
J'ai pris conscience que je n'avais rien à faire ici. Elles me l'ont fait comprendre, je ne sais pas comment, ni par quel moyen, mais elles m'ont fait comprendre que même si je n'avais rien à faire ici, elles me toléraient dans ce petit carré de peau que formait la fermeture éclair me reliant à mon corps dans cet univers infini. Au début leur présence me sembla apaisante, j'avais l'impression d'être un bébé dont on s'occupait, et en même temps d'avoir la chance de voir quelque chose d'incroyable, d'avoir le privilège de pouvoir ramener quelque chose à la maison.
Elles semblaient me dire :
"Voilà ce que tu as gagné à pousser les limites de la conscience : ce petit espace égoïque dans l'univers de la pensée, un autre endroit où tu peux rester toi tout en dépassant tes limites corporelles."
Puis une terreur inenvisageable me frappa de plein fouet. J'étais pétrifié. Je ne comprenais pas ce que me voulaient ces êtres, qui ils étaient, et ils me semblèrent dédaigneux quand à ma compréhension de ce qu'il se passait.
Je me souviens m'être retrouvé allongé sur un large mur, délimité par de faibles interstices où je pouvais ressentir d'autres êtres humains sur le point d'être réinjectés dans la réalité. Ce mur avançait lentement vers ce que je reconnu comme étant ma chambre, mais vue de l'extérieur, comme si je rentrais par le mur de ma chambre qui se serait détaché dans un univers lointain. Je voyais ma chambre arriver lentement, et de grosses dents composer le bord de ma chambre et le mur sur lequel je me trouvais, les dents s'imbriquant comme un puzzle cosmique, faisant le lien entre les deux réalités.
Je me souviens avoir eu peur, ne pas comprendre, je m'accrochais aux dents du mur et repoussais avec véhémence le sol de ma chambre pour empêcher que ces deux univers ne s'imbriquent, je me rappelle la souffrance de ne pas réussir à les dissocier, et de ne pas comprendre ce qu'il se passait. Je ressentais encore ces entités qui poussaient le mur, qui me disaient que tout allait bien se passer, que c'était normal, que ça allait passer. Quand je me résolus à ne plus repousser la réalité avec mes pieds, ma tête encore coinça contre le mur de notre univers, refusant la jonction totale entre le mur cosmique et le mur de ma chambre, refusant le retour à la réalité.
C'est alors que je vis sur ce mur tout les autres humains en train de revenir également à la réalité, et les yeux de cette entité, qui semblaient par ce regard me dire :
"Tu n'es pas sensé avoir vu ça, tu n'es pas sensé te rappeler de ceci !"
Et je me retrouve tout d'un coup dans ma chambre, les deux murs ayant fait la jonction, comme si le coin de ma chambre refermait la porte de son univers cosmique grâce à une fermeture éclair, recouvrant le rideau de notre réalité
(oui le concept de fermeture éclair est récurrent je le conçois mais je n'y peux rien, mon cerveau a dû conceptualiser les jonctions entre ces univers par ces motifs simples aux allures de puzzles).
Bref, je me retrouve debout face à mes potes avec l'impression d'être dans The Truman Show, j'ai l'impression qu'ils savent ce qu'il s'est passé, que ce sont des acteurs et que tout est calculé. J'ai l'impression d'avoir vu les metteurs en scènes, cameramans et perchistes de cet univers, d'avoir vu l'envers du décor...
(Oui c'est l'instant paranoïaque du trip mais il faut me comprendre, à cet instant je viens de revenir d'un univers inconnu et c'est le plus dur retour à la réalité que j'ai eu à endurer).
Je me lève donc et fais tomber un objet, vois mon pote M. le ramasser, j'ai l'impression que tout est lié. Comme dans un déterminisme absolu je me sens avancer autant physiquement que dans ma pensée comme si je n'avais guère de choix que de me comporter de la sorte, comme si toute action physique déterminait toute pensée, déterminant ainsi toute action physique, etc... L'impression horrible que chaque fait et geste, pensée et intention serait prédéterminé par des entités extérieures à notre monde. L'impression d'être manipulé de toute pièce...
Mon retour à la réalité fut relativement long, pendant plusieurs heures encore je me suis sentis choqué, autant physiquement que psychiquement. Beaucoup d'idées m'ont traversé l'esprit, notamment sur le concept de purgatoire, comme si les chrétiens et autres monothéistes n'avaient pas compris que le concept de purgatoire était ce qui caractérisait le mieux notre univers, comme un lieu où il fallait prouver sa bonne foi et son engagement pour pouvoir évoluer, et en avoir l'entière approbation.
D'un oeil externe, mon trip a eu l'air de cela selon mes amis :
Je coule ma douille, puis je me lève, tourne en rond pendant 2-3mn en barbouillant des :
"ohh putain, aaah ouaaais..."
Puis M. intervient dans mon trip (n'étant pas tout à fait redescendu du sien il a pris peur en voyant mon regard vide et inexpressif) et m'attrape le bras en me demandant si ça va.
Puis je m'écroule par terre pendant une dizaine de minutes, me roulant dans l'eau du bang que j'avais renversé dans ma chute.
D'un point de vue psychologique, je dirais que j'ai vécu par ce trip l'expérience de mes névroses refoulées, la peur d'être seul, d'être manipulé, le sentiment d'impuissance par rapport au monde, d'être déterminé..
D'un point de vue plus ésotérique, même si j'ai tendance à préférer écarter ce genre d'explications en raisons de leurs caractères subjectif, invérifiable et irreproductible, j'ai réellement eu l'impression d'avoir eu accès soit à une partie inconsciente de mon esprit, soit à une réelle dimension entre la vie et la mort, entre rêve et "réalité", qui serait façonnée par des êtres différents de tout ce que l'on peut imaginer.
Et si j'avais réellement visité le monde de l'imaginaire, puis m'étais retrouvé devant les administrateurs de ce monde du fait de prendre conscience de mon trip, par la connexion à la réalité qu'a occasionnée mon pote M. ?
Là où j'ai pris depuis plus de 5 ans mes distances dans ma façon de concevoir le monde entre faits objectifs, rationnels et scientifiques, et spiritualité personnelle, faite de sens et de volonté existentielle, je me retrouve aujourd'hui confronté à cette dissonance cognitive qu'occasionne la volonté de concilier science et spiritualité. Et je me retrouve entre une envie de recommencer l'expérience, et une peur énorme de ce que je pourrais y découvrir.
Avec du recul je pense avoir ouvert une porte vers un univers de création et d'imagination, mais que j'ai le temps d'apprivoiser ces sorties de corps, d'en comprendre l'intérêt, et de savoir où je vais.
Et puis après tout, si le monde est si déterminé je n'ai pas à me soucier de ma prochaine prise, elle adviendra quand il le faudra (#jokededéterministesLOL)… :sleepy:
Merci à ceux qui m'auront lu jusqu'au bout, je ne suis clairement pas contre quelques nouvelles interprétations analytiques ou plus ésotériques.
Merci à ceux qui m'auront lu jusqu'au bout, je ne suis clairement pas contre quelques nouvelles interprétations analytiques ou plus ésotériques.
Ce genre de claque..
On pense connaître les psychédéliques et puis un jour ... ^^