Sludge
Holofractale de l'hypervérité
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Depuis 2 ou 3 ans, j’explore le monde des psychédéliques, ces substances étranges qui altèrent notre état de conscience. Le LSD, les champignons, les 2C-X et d’autres plantes ou molécules m’ont fait vivre des expériences nouvelles, la dissociation, la vision de motifs à l’esthétique mathématique et étonnante, yeux ouverts ou yeux fermés, la dépersonnalisation, etc. Amplifiant mes émotions, mes sens, aiguisant ou perturbant le cours de ma pensée.
Hier, je décidais de replonger dans l’expérience des champignons magiques, les psilocybes, avec quelques amis. Nous venions de fumer de la DMT, nous étions détendus et choqués par l’incommensurable puissance de ces sensations, ou visions selon chacun.
L’un avait exploré des décors issus de son subconscient, dévoilant dans un univers loufoque ses fantasmes et lui procurant un sentiment d’amour intense. L’autre avait aperçu mille voiles colorés inonder son champ de vision, sous d’autres dimensions où l’espace s’organise autrement. Je fus pour ma part inondé et décomposé dans le grand tout, me sentant connecté à l’univers, ma propre conscience diluée dans l’infini.
J’avalais 2 grammes de Cubensis séchés, après les avoir mâchés et savouré leur goût forestier.
Lorsque les effets montèrent, je ressentis l’habituel malaise devant la perturbation de ma conscience physique. Je devenais spectateur de mon propre corps, gêné par cette enveloppe qui ne semblait plus la mienne.
Je devenais silencieux et spectateur des conversations des autres. A chaque phrase prononcée par chacun, je voyais l’étendue des possibilités d’interprétation et de réception de cette parole, toutes les façons possibles de heurter la sensibilité de l’autre. J’essayais de participer et de prononcer des phrases, mais cela ne semblait pas naturel, et je ne pouvais suivre tout ce qui se disait, perdu entre mes propres pensées et l’analyse de la situation.
Peur d’être perçu comme bizarre, peur de l’idée que je me faisais de la peur de mon amie à ma vue. Ce sont parmi mes plus proches amis, et je sais la totale confiance que nous avons les uns envers les autres, donc cela me rassure, et je comprends toutes les subtilités d’une relation si complexe, de la profondeur des rapports humains, avec la perception de l’autre, jamais parfaite, mais pourtant plus près de la vérité que celle que nous nous faisons de nous même par moments.
Je me souvenais de trips précédents, au 2C-P ou encore aux champignons, qui avaient pu me faire me nourrir de peurs que je projetais chez les autres, mais qui étaient en fait les miennes. Ces sensations sont en réalité celle qui font mon quotidien, moi qui suis plein de peurs et d’empathie, amplifiées, potentialisées.
Cette prise de conscience sur ce qui fait mon être, les particularités de mon organisme et de mon esprit, résultat du fonctionnement d’une machine, le corps humain, est le cadeau des psychédéliques. Ces expériences, pas toujours celles attendues de drogues qu’on pourrait ingérer pour s’amuser, peuvent amener le genre humain vers un stade nouveau, celui d’une conscience plus aboutie que l’actuelle. Ce n’est pas une baguette magique, puisque tout ce qu’elles mettent sous nos yeux doit toujours faire l’objet d’un travail continu de remise en question et d’analyse sujettes à l’erreur. Mais c’est un outil à l’aura tellement magique qu’elle ne parait pas obéir aux règles de ce monde, et pourtant.
Cette entrée difficile dans un nouveau monde, ou plutôt le voyage vers une vie qui commence ou continue, se clôtura comme souvent par la sensation de libération, d’extase de la sensation d’être parmi les vivants.