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[Poésie] Tristes psychotropiques

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TristesPsycho

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"Un recueil vraiment stupéfiant", comme je dis quelques fois. Dans l'ordre : des phénés, des tryptas/acides lysergiques, des dissos, de la Salvia, de la MD, des cannabinoïdes, et de l'alcool. Et, à cela, des expériences drug-free que j'y rattache : le combat, la maladie, le rêve, la méditation, l'amour, la rando/cataphilie et la religion.

Je suppose que... bah, qu'au final je suis plus content d'être lu par des personnes qui ne me connaissent pas et n'ont pas forcément les mêmes conceptions artistiques que moi, mais partagent un vécu peut-être plus profond.

http://www.mediafire.com/view/2q3jrcqy8u3bg2p/Tristes_Psychotropiques_09-02-14.pdf pour une version pdf mise à jour le 23/02/14 (donc presquepresque finie) avec des notes en bas de page, des morceaux, des illustrations trop cool et des filles à poil.



I- J'ERGOTAI
1)*Gravé dans un cénotaphe
2) Morrígan


II - VIN ORPHELIN
1) Le ciel tombe sur la Galatie
2) Gare au septentrion !
3) Spaceraum
4) Ornemensonges
5) An dro Breizh
6) Le destrier du maître
7) Wurte runoR heldaR / Bractéate de Tjurkö


III - LA SAUGE DES DEVINS
1) Aube pourpre
2) Chemise d'ours
3) Les mains de Ba'al
4) Fin d'été
5) Un œil grand fermé
6) Le cinquième postulat d'Euclide
7) Fusion


IV - EXTASES
1) Sépulcre
2) A travers un trou de serrure
3) Éphémère
4) Laudes
5) Soñj un noz hañv / Songe d'une soirée d'automne


V - QUADRUPLE EAU DE CHANVRE
1) Retour en avant
2) Fuite vers la source
3) Bout du monde
4) Cosmétropolite
5) Illusions
6) La noire lune des mes nuits blanches
7) Balade étrange
8) Nach Wahlhalle


VI - APOLLON ET DIONYSOS
1) Weine !
2) Wie man mit dem Wandern philosophiert / Équinoxe d'été
3) Vile
4) Invictvs
5) Sommernatt
6) Gilbhart
7) ALU
8) Am Rande der Wörter
9) Belenos



- I - J'ERGOTAI


1) Gravé dans un cénotaphe


Car je n'entends ma poitrine battre
Que dans le vide, les lentes mers
Dont le silence a l'odeur douceâtre
De la poussière et le froid d'un âtre,
Ou les ténèbres aux sons amers.



2) Morrígan


Elle avait sur mes yeux déroulé tout un pan
De sa robe de jais à nulle autre pareille,
Et sa voix cristalline emplissait mes oreilles
En planant dans l'air noir sans un souffle de vent.

Je sentis approcher, ô divine merveille,
Entre moi et le ciel, un nuage - vol lent
D'innombrables corbeaux sans arrêt croassant,
Qui d'un œil trop humain le silence surveillent.



- II - VIN ORPHELIN


1) Le ciel tombe sur la Galatie


Dans la steppe oubliée, quelque part en Asie,
L'horizon mordoré fut fiché sur sa pique.
Il nageait sous les cieux la lueur évanouie
D'une lune à la forme intrigante et mystique
Au travers de laquelle on sentait scintiller
Des étoiles chromées et des souffles d'éther,
Où les signes secrets semblaient croître et rouiller,
Ignorants du grand vide où régnait cette terre,

Quand d'équins corvidés et des anges sans nom
Se saisirent de moi dans leurs ailes lugubres,
Et plongèrent vers l'astre envoûtant et sans fond
Dont la brume démente en mon âme insalubre
Écrivait pour toujours ses odeurs inouïes,
À jamais délivrées de l'espace et du temps
Par un mur où frappait chaque vague de nuit.
Quel étrange présage, existences d'antan*!



2) Gare au septentrion !


C'est la Gare du Nord à sept heures du soir,
Qui m'ignore et me fixe avec vingt effigies
Tout de marbres jaunis et de mornes regards.
Doucement, je lui dis : "Dédaigneuse vigie,

Ne vois-tu donc jamais, sous tes vains sept pilastres,
La résine et la poudre, et les sommes d'argent
Qui transitent sans cesse en-dessous de chaque astre,
A l'insu de tes yeux et des chiens des agents ?"

Et j'écris tous ces vers sur la blanche notice
D'un sirop pour la toux, qui me fait voyager
Bien plus loin que les trains de la vieille bâtisse,
Dont la face souillée finissait son chantier.



3) Spaceraum


Dans l'espace, un éclat orangé terrifiant,
Sur la mer volatile, un éther de chamane,
Et autour... le grand vide ; à l'endroit, à l'instant
Où le sage et le fou lentement se pavanent.

Cet éclat orangé, oppressant et mortel,
Scintillait en la nuit comme un phare funeste
Ou l'étendard d'un chevalier venu de l'est,
Qui vrille sous mon crâne, au fond de mes prunelles,

Et le plomb noir qui coule à travers mon cerveau
Me glace et me fait fondre au milieu de la pièce...
Mais je frappe où je tombe, et partout mon caveau
Résonne, dure, et réfléchit la morne messe.



4) Ornemensonges


Au fond d'une grotte aux parois de pierre rare
Se tenait un dieu, qui en silence dansait.
Le parfum de ses yeux clos, flûtiau de curare,
Me transperça en plein vol le glacial abcès

Qui saigne et purule encore un peu ce matin,
Caressant la source en or bleu plein d'amertume,
Répondant au soleil grave, à la lune vin,
Sous les branchages osseux d'un rêve qui fume.



5) An dro Breizh


Sous de longs rayons de merveille
Coulait la pluie, dans la forêt
Que bordait un profond marais,
Et ses cheveux, joyaux d'abeille,

Autour des branchages osseux
Se prélassaient en serpents pâles
Dont la peau semblable aux râles
Avait l'odeur d'un jeune feu*;

Quand le vent suprême et mon âme
Soudain se lèvent ; par leur doigt,
Fol éclair, forgent l'argent froid
D'un anneau cher comme une femme.



6) Le destrier du maître


Et, à demi consumée,
La douce mélancolie
De ce mois crépusculaire,
Dans mon esprit embrumé
Se coagulait d'oubli
Tout en me murmurant*: «*Erre...*»



7) Wurte runoR heldaR


Walvater
Wanderer
Windreiter
Wildjager
Willbruder
Weihbruder
Weitvater
Weitfahrer
Wutgeber

Wotanheil



7) Bractéate de Tjurkö


Salut à toi, Odin*!
Tu voyages au loin,
Erres dans toutes places,
Enfantas l'espace,
Es frère du sacré
Et de la volonté.
Toi qui m'offres ta rage
Et qui chasse, sauvage,
Chevauchant sur les vents,
Prend mon esprit mourant*!



- III - LA SAUGE DES DEVINS


1) Aube pourpre


Comme la feuille pour pousser
De verte sève est irriguée,
Que la jeune herbe du printemps
Soit abreuvée par notre sang !

La mélodie des doux ramages
S'accorde au rythme des ravages.



2) Chemise d'ours


À en juger par son regard, j'étais un dieu -
J'avais brillant dans mon iris la pure essence
De la douleur, de la fureur et du grand feu,
Car j'incarnais la volonté de la Puissance :

«*Je n'ai peur ni du froid, ni du sang, ni des gueux.
Marcher seul ? Sans regrets, mais vers là où je veux.

Ne renie rien,
Transcende tout,
Et point ne crains
De sembler fou.*»



3) Les mains de Ba'al


Dans les plaines lacrymales
De mes rêves nietzschéens
Jaillissait la plaie thermale
D'un soleil adamantin.



4) Fin d'été


Comme le jour nait de la nuit
Et l'avenir sort du passé,
Et que la mort, avant la vie,
Serpente en bas pour nous hisser,

Nous n'apprendrons plus jamais rien.
Nous ne serons que souvenirs
De ce qui part, de ce qui vient,
Du grand royaume des soupirs...



5) Un œil grand fermé


Quel étrange royaume, où des rois étrangers
Changent de transe, et pensent, et voient l'aube sans foi !
Quand, dérangés, ils rangent l'eau de par leur voix,
Leurs boyaux, beaux parleurs, la pleurent, saccagés,

Et la sauge sacrée en prend peur, acre et rance,
Mais dans son sang, le miel rapide hume le cyan,
Glacial, et si sucré que l'hôte rend l'offense,
Devient temple marin, si l'augure des vents

Daigne soudain, âme et préscience, y présider,
Sous le pré de diamant et de cuivres sanglants
Dont les bois capiteux aux couleurs faisandées
Masquaient le musc obscène et ses graves relents.



6) Le cinquième postulat d'Euclide


Mais d'un seul coup, le Temps, plein de rage et d'effroi,
De sa mâchoire atroce estropie les longueurs*;
Il démembre l'espace et crucifie ses lois,
Se pend dans un cri noir d'harmonique malheur,

Loin des sommets dont l'encensoir brûlait mon corps.
Soudain, par un grave fracas de vert-de-gris,
La serrure écorchée du portail aux yeux d'or
S'ouvre à tous les vents froids... Rauque charivari,

Et sous le ciel, bien au-dessus des bleus nuages,
Voyagea l'océan, où pensaient mille danses.
Au milieu d'un duvet de cent feuilles sans âge

Je flottais, lumineux, loin du flou des passages
Aux dimensions changeant souvent dès qu'on y pense,
Si l'acide de vie sanctifie son image.



7) Fusion


Embrassant tout le ciel de son large regard,
Pleurait un crocodile, impuissant face au piège
Qui fumait dans le froid de son coeur de lézard
Et scintillait d'orgueil sous le sang de la neige.

Rien n'était - ou si peu. La lune et le hasard
Se cachaient sur la brume et la bruine qu'allège
Un grand feu d'agonie plein de brandons hagards,
Quand l'oubli s'avança par un vaste manège.

Alors les arbres, en hurlant leurs cauchemars,
Exhalèrent de plein coeur d'immenses arpèges
Dont la saveur faisait l'orgueil de tous les arts,

Et la folle lune, consumant son cortège,
Grava la bruine et ses branchages faits de dards
Pour finir le trop vaste oubli des sortilèges.


Brûlez, brûlez, ô feuilles mortes !
Votre encens satisfait nos dieux
Et monte, courbe, vers les portes
Pour qui les impies n'ont pas d'yeux.



- IV - EXTASES

1) Sépulcre


Un jour de nuit noire, où le ciel était couvert,
La lune oubliée, et l'horizon plein d'hiver,
Un lourd voile opaque enserrait tout mon esprit,
L'emplissant partout de froid silence et de gris.
Je rôdais, emprisonné, garou prédateur,
Sourd, aveugle, et somnolent, sans pensée, sans cœur,
Dans un brouillard oppressant où rien n'était flou,
De raison pure et glacée - solitaire loup.

Soudain, j'aperçus, à travers mes yeux fermés,
Briller quelque chose, une lueur d'or chromé,
Éthéré, lointain ; et pourtant, plein de chaleur,
Irisant tout l'ombre où je marchais en ce soir.
D'où pouvait jaillir si fort ce flot de couleurs,
Éclairant chaque recoin de l'épais blizzard
Où des cristaux sans éclat masquaient aube et sud ?
Sans elles tout dans ma vie n'était que... prélude.

Courbé dans la nuit, pâle et seul, et trop hagard,
Levant mon esprit, ouvrant enfin mon regard,
Je reçus un ciel, ténébreux et enchanteur,
Sans nuage ou lune, en mes yeux clos - de stupeur.
L'horizon était empli d'azur constellé,
Son bleu sombre illuminé par un grand éther
Forgé d'étoile et d'argent, et d'ombre envolée,
Et d'eau glacée, et d'espoir, inondant la Terre.

La mer et le temps, emmêlés, tendaient leurs bras,
Tirant sur l'espace et sur l'instant de l'éveil,
Les faisant durer, pour toujours et au-delà
Des rayons divins du crépuscule, soleil
Sublimant la perfection d'un soir boréal
Où tu dis, me regardant d'une voix astrale,
Avec tes yeux scintillants cernés de dorée
Chevelure ocre-occident, embrasée : "Va, crée !"

La route était longue et tordue, et j'avançai
Avec désespoir, car tu restais loin devant ;
Te tournas enfin, quand fourbu, je délaçais
Mes rangers blanchies de neige obscure ou de vent,
Et à tes pieds, tu les mis, de moi les semblables,
Et alors que je peinais devant quatre arcanes,
Tu m'élevas d'un seul geste, alliée adorable,
En soutenant mon esprit et ma main diaphanes.

Retour au réel, au bitume humide et froid,
Pourtant, je persiste en ma chimère et ardeur,
Contre - tout - espoir, me rêvant comme un grand roi,
Attendant, en vain, quelque jolie folle heure,
Me tenant toujours en veille avec ton spectacle,
Ton regard, beau café d'or... à saveur amère
Quand j'aperçois cet argent, à - ton - annulaire
Saisir mon âme en ses doigts comme un sombre oracle.

Qu'importe, après tout, si l'espoir est enfin mort,
Je ne pourrai donc jamais vraiment qu'obéir
À ton ordre altier, - rester seul - et tout écrire
De mes pauvres vers, tout balbutiant, dans l'aurore
Née des yeux, qui d'un instant brisèrent mes ombres,
Dans le flot de tes cheveux, ton rire, tes lèvres,
Balayant - tout - de mon âme, abjecte, en décombres ;
Lavant mes mains ramenées au travail d'orfèvre.

Alors, pour finir, j'ai n'ai plus qu'à te souhaiter
De tout mon cœur tien, et la fortune et la joie,
Mais décide libre, et peu importe ta voie.
Ne te sens en rien sollicitée (achetée ! ),
Je ne veux dans ma douleur que dire un poème
Et merci, t'offrir - un peu - de l'art de mon âme
Grâce à toi seule vivante ; éteinte, sans flammes,
Et crépitant juste assez pour lâcher : "Je t'aime".



2) A travers un trou de serrure


Au sein des longs couloirs d'un vieux sanctuaire
Scintillait la lune et sa lueur trop pâle ;
Quand, seul, les yeux fermés parmi les anciens,
J'aperçus briller, dans l'atmosphère amère,
Le feu d'une bougie - clarté sans égale.

Soudain, elle partit - d'un pas cavalier -
Dans son monde à part où deux-cent-deux statues,
Visages émouvants moulés sur le sien,
Se faisaient l'écho de notre voix mêlée,
Et Elle devint Tu ; je t'ai, là, connue.

Enfin survint le jour, trainé par son astre
(Tu menais les deux), où toute emplie de vie,
Tu fus face à mes yeux, toujours grande louve,
Sous ses rais dorés - pour mon bonheur ? Désastre ? -
Encore plus jolie de corps que d'esprit.

Et nulle, à les compter depuis ces trois heures,
N'a jamais chassé ton trône d'os et d'art*:
Neuf mois se sont passés, toujours je ne trouve,
En pensant à "Femme", au plus profond du cœur,
Que toi, et tes reflets marquant ma mémoire.



3) Éphémère


Tout se casse,
Tout passe,
Tout s'efface
Sans trace :
Bavardages
Des sages,
Folles rages,
Visages
Des gisants...
Les ans,
Les serments
D'amants,
Rien ne reste
Ni leste.
D'un seul geste,
Les vestes
Sont tournées,
Changées -
Hyménée
Fané.



4) Laudes


Le soleil et la lune coloraient l'horizon,
Salués tous les deux par l'éclat d'une étoile,
Qui restait, elle seule, dans le ciel d'électron,
Irradiant la douleur de l'aurore orientale
Dont les longs doigts de rose m'ensaignaient la raison.

5) Soñj un noz hañv


Ar merc'hed Vreizh zo brav,
Tra la lalala la le no,
Ar merc'hed Vreizh zo brav
O tañsal balioù bro,
Ha bravoc'h war ar sec'h -
Emaon o vont gant rec'h...



5) Songe d'une soirée d'automne


Les Bretonnes, jolies
Dans les bals du pays
Sont encore plus belles
Sur les rives de sel*;
Avec elle repars,
Avec elle en mémoire...



- V - QUADRUPLE EAU DE CHANVRE

1) Retour en avant


Amusant, de marcher droit devant quelques heures,
De s'asseoir dans les bois, pour sans haine et sans peur,
D'un coup se rendre compte à quel point il vaut mieux
Être seul, sans personne à quelques mille lieues,
Plutôt que de paraître - amusé, bel et bien -,
Entouré par des gens qui ne deviennent rien ;

Puis soudain dans le soir passe un souffle de vent,
Qui s'aventure entre les branches, soulevant
Vaguement leur manteau hivernal et glaçant,
Puis il hésite un court instant devant le sang
Qui macule en silence et mon corps et mon cœur,
Il tente en vain de me cacher sa sainte horreur*:

Un regard, un sourire, et il tourne le dos,
Toujours poli, fuyant au loin mon noir fardeau
Qu'il regrette à présent d'avoir mis dans le jour.
Il voulait voir, et maintenant fait demi-tour...

Je repars solitaire, et te vois noctambule :
Salut à toi, frère corbeau du crépuscule,
Car toi seul, tu connais toutes mes cicatrices,
Main dans la main, nous célébrons chacun nos vices.



2) Fuite vers la source


En descendant des monts, de retour vers la ville,
Recouverts de sueur, de poussière et de suie,
Notre troupe sauvage, audacieuse et virile,
Recherchait un ruisseau ; ou mieux, un antique puits.

De sinueux sentiers, s'éloignant de la route,
Serpentaient dans la pente entre troncs et rochers,
Et l'enfant du pays déclara sans un doute :
«*Mes amis, descendons ; ici nous faut marcher.*»

Nous voulûmes savoir d'où venait sa parole -
De la mémoire de son sang et de son sol.
Dévalant ce chemin qui courait sur l'Histoire,
Nous arrivâmes à la source du pouvoir,
Où l'esprit de la vie dans la langue des morts
Nous fit plonger sous les mystères de l'aurore.



3) Bout du monde


Pendant longtemps, et un peu plus encore,
J'ai avancé dans de trop longs couloirs,
J'ai tout franchi, fatigue, soif, mémoire,
J'ai oublié mon jeune esprit, mon corps,
D'où je venais, vers où j'allais, mais pas
Où je me trouve : en ce lieu sombre, humide,
Dont le plafond, que cent fissures rident,
Répond au sol par mes échos de pas*;

Et si, parfois, les maçonneries des arches
Laissent de quoi lever les yeux au ciel,
Et si, toujours, astre blafard, cruel,
Ma lampe éclaire - un peu, trop peu - ma marche,
La pleine lune, ou le soleil, ou même
Juste une étoile, éblouiraient mon âme
Accoutumée à la noirceur infâme
Dans un instant de cécité suprême,
Comme une voûte en infini azur
Partout dessus ma pauvre tête arquée
Me la ferait perdre d'un coup, broyée
Par tant d'espace, et de vrai vent - d'air pur.

Voilà pourquoi je continuai, m'assis
Sur un des bancs de quelque salle ronde
Et restai là, tout seul au bout du monde,
Accompagné d'une ténue bougie.



4) Cosmétropolite


Dans le soir de Paris, au-dessus de la scène,
Je contemple, un peu triste, affalé sur mon siège,
Le spectacle effarant, si commun et obscène,
Du grand noir qui enserre, et étouffe, et assiège
Ce reflet d'astre pâle, entaché par son sang
Qui coulait dans mon dos. J'ai pleuré l'occident.



5) Illusions


Mes névroses
Au bruit de rose
S'étalaient
Sous mon palais,

Et la danse
De leurs fragrances
Me fit voir
Le velours noir
De mes tristes
Jeux sans pistes,

Où je perds,
Dans un désert
Hypnotique
De froides piques,

Avenir
Et souvenirs.



6) La noire lune de mes nuits blanches


Les néons bigarrés tranchaient la nuit ;
De leurs lames coulait l'alarme noire
D'une obscurité stridente d'ennui,
Que ma page blanche aurait voulu boire
Avec le deuil de la lune nouvelle
Et les ténèbres fondues par le gel...



7) Balade étrange


Des jours, des années,
J'ai voyagé ; encore j'erre,
Mais ma peau tannée
Par la poussière des chemins,
La chaleur solaire
Et l'âcre sel de la sueur
Toujours se souvient
Qu'elle fut blanche jusqu'au cœur.



8) Nach Wahlhalle


Cinq heures sonnent
Dans la nuit
Et des oiseaux
Au loin chantonnent -
De joie, d'ennui ? -
Quand un corbeau
Croise ma route
Et crie : "écoute !",
Prend son envol,
Me laisse au sol
Scruter la danse
Du silence.



- VI - APOLLON ET DIONYSOS

1) Weine !


Que ce soit la vie ou la mort,
Que peut bien cela m'importer
Puisque toute existence est d'or,
Et tout existe dans le thé

- Qu'il soit ou non pourvu d'alcool
Tant qu'il est boisson chamanique,
Que mon esprit enfin décolle
Vers son long chemin odinique,

Son ascension spirituelle,
Son fou sentier chevaleresque,
Où tout au bout, elle brille... Elle,
La Joie, l'Épine gigantesque,

La folle joie, la folle heureuse,
La folle foi, la folle femme,
Et folle extase et folle gueuse,
Et folle Asyne, et folle flamme,

L'éternelle et kabyle quête
De la belle Septième Mort
Où le vieux barde encore enquête
Sous les bleus flots du celte Arvor,

Où le Cygne, et les Trois Marins,
Et Arthur, et les mercenaires,
Dansent tous le glaive et le vin
En des ronds ancestraux, millénaires,

Triomphant de tous les Gaulois,
Et des Romains, et des chrétiens,
D'un beau chant de fer bon aloi -
De vrai aryen, non pas de chien -

Car tout est guerre en ces Neuf Mondes :
Le nœud des pendus enragés
Que court son destrier immonde
Dans son entier se fait ronger

Par le serpent Malédiction,
Par le cornu, par la contrainte,
Par la déserte et vieille Sion
Que le vrai vent sans cesse éreinte...



2) Wie man mit dem Wandern philosophiert


Ich wanderte im heilligen Dunkel,
Durch die Wälder und den dünnen Hellen
Die sanft starben im großen Lichtwechsel:
Sterne sangen hoch über den Wolken,
Der rote Mond, riesg und voll von Blut,
Der trank so tief, durstig, an den Wunden
Der Westsonne, erhob sich auch mit Wut -
Der Tag weinte, und blühte wie Rosen,
Dessen Dornen stachen fest die Goldglut.



2) Équinoxe d'été


Tout dort.
Dès lors,
Je marchais au hasard dans les saintes ténèbres,
Au travers des fourrés et de faibles lueurs
Qui mourraient doucement dans le soir, voix funèbres.
Des étoiles dansaient sur la voûte de peur*;
La lune rousse, immense et toute emplie de sang,
Cette assoiffée buvant profondément aux plaies,
Mordant comme enragée le cou de l'occident,
Montait - et fit fleurir le jour comme une haie
De roses.
Osmose...



3) Vile


La ville médisait et gisait tout en bas,
Si semblable, en son fond, à la vilaine loque,
Hideuse, et bien sordide, et prête à mettre bas.
A moitié nue, brillante, elle gémit et choque,

Odeur pestiférée de pute nègre et sale,
Crasseuse, et trop vaseuse, horrible sodomite,
Belle hérétique soule à l'ouverture anale,
Rongeant ma pure essence... Alcool... Putain de mite...



4) Invictvs


Il est en ce monde
Des fous qui croient
À une aube nouvelle.
Ô Soleil, inonde
Ces aveugles ingrats,
Flamme éternelle,
Et montre à ces sots
Que c'est le même
Astre d'or et de sang
Qui scintille haut
Dans la voûte suprême
En chaque temps.



5) Sommernatt


Les lumières du soir, sur mon âme endormie,
Font un bruit de passé, et fleurir mes souvenirs.
Pas un souffle de vent ne dilue mes soupirs
Dans la vaste aquarelle aux tons sombres de lie.

Ô salvatrice averse, douce trêve...
Pluie, belle pluie, toi qui tombes si tard
Et qui fissure le silence noir,
Lourd, de ma nuit estivale sans rêve.



6)*Nebelung


Lune
Au-dessus de ma vie vacillait comme hier
Un blond cristal*; et ce diamant au cœur de glace
Brillait si pâlement qu'on eût cru voir l'éther
Se refléter dans un miroir, froide et fugace
Rune...



7) ALU


Une blanche un peu moins fraiche
Qu'un chemin dont la boue sèche*,
Une blonde souple et belle,
Crépuscule fait de miel*,
Une rousse dans le soir
S'écoulant, sanglante mare*,
Une brune dont l'amer
Surpassait ce noir hiver...



8) Am Rande der Wörter


Pourtant, j'écrivis peu et je marchai beaucoup,
Car le monde est plus grand que les mots ne le sont -
Dans le sol, sous mes pas, s'enfonçaient des tessons
De vers brisés, au fond d'un pâle étang de boue,
Où le spectre lunaire, au-dessus des clairières
Et des branchages, faisait luire, à la surface,
Des éclats troubles et si flous que cette glace
Mélangeait les esprits comme l'eau d'un cratère...



9) Belenos


Le soleil n'était plus qu'un lointain souvenir -
Et son nom dans la nuit, un concert de soupirs.

Quand les vents froids glaçaient nos os de leurs longs râles,
Et leur ordre impérieux qui les pentes dévale
N'épargnait rien qui soit vivant sous les étoiles,

L’œil fou de l'horizon nous fixait à travers
Un froid rideau de brume et l'esprit des montagnes,
Dont la pâleur dépareillait le noir de l'air
Qu'un long frisson d'horreur sacrée lentement gagne...

Le sac et le ressac des brumes sur les flancs
Boisés de la montagne errait avec des vagues
Venues de l'autre monde ; et l'aube d'or, frappant
Le bleu sommet, brilla - comme une antique bague
Passée au doigt du pic qui dominait l'orient.
 
ambulance a dit:
T'as quel age ?


Pourquoi ton image c'est un Koala :roll:

Très jolie partage, je le lirai en entier à l'occasion :)
 
C'est marqué dans mon profil, 18. Et toi donc ?
 
ambulance
Essayé, pas pu.

Messages: 1867
Inscrit le: Mer Juin 24, 2009 19:26
Localisation: Ne sait jamais.

Ban, au bucher comme dirais la serviette :D
 
Quand même, faire ça avec un enfant ! Non, George ne serait pas comme ça.
 
... et pourtant, il a tourné.
 
Mise à jour du lien du premier post pour dl le recueil complet et mieux mis en page : http://dl.free.fr/tr3oNMScG


II - 8) Absurde

Rien n'a de sens
Et jamais nos sens
Ne perçoivent l'essence
De l'étrange évanescence
Qui se diffuse et s'abîme
Tout au fond de l'abyme
Où « meurs » et « arrime »
Peu à peu riment.


III - 8) En face

Sans yeux, l'univers
Me mâche sans cesse,
Et les cieux s'affaissent
Quand j'écoute un nerf
Qui est la salive
Des forêts pensives.


VII- TOUJOURS PLUS D'ARTIFICES

1) Longue ascension

Macabre convergence ;
Gorge sèche qui danse,
Gueule de bois psychique,
Étranges mécaniques...
Et toujours je pense :
« Le vide est immense ».
Seul, je me dilate.
Les piliers grattent
Aux murs de verre.
« Rien » : voilà l'ère
Où l'abysse
Aux bleus vices
Tremble, lance
Six lances
Et pense
D'avance :
« Quelle
Belle
Fin ».

2) Vagues

De vibrantes salves
Me submergent comme un cri
Coulé d'infini,
Puis mon crâne ouvre ses valves,
Et les frontières du vrai
Se dissolvent, jaunes
Comme un torrent de neurones
Tournant sans arrêt...

3) A travers les nuages

Que tremble le Chaos !
Je ne suis rien
Que l'harmonie des eaux ;
Les soldats chiens
Émergent lentement
D'un trou au ciel
Que dix millions d'amants
Privent de sel.

4) Presqu'au sommet des océans

La folie est en marche,
Émet de noires ondes
Et traverse les arches
Qui séparent les mondes.

J'entends ses grands tambours
En os de crocodiles,
Ainsi que le pas lourd
De vipères séniles ;

Et voilà qu'elle frappe
Aux portes de mon âme :
Je la sens qui me happe
Comme l’œil d'une dame !


III - 8) En face

Sans yeux, l'univers
Me mâche sans cesse,
Et les cieux s'affaissent
Quand j'écoute un nerf
Qui est la salive
Des forêts pensives.


IV - 5) Songe d'une soirée d'automne

Les Bretonnes, jolies
Dans les bals du pays
Sont encore plus belles
Sur les rives de sel ;
Avec elle repars,
Avec elle en mémoire...


IV - 6) Une fleur

C'est une bruyère
Qu'en marchant j'ai arraché hier,
Au bord de la mer,

(Car une fleur,
Car un poème,
Que dans un cœur
On sème,
Devient tout à la fois -
Germe sans lois)

Une fleur d'ajonc
Qui se dresse et nous fait un pont
Avec l'horizon,

(Car une fleur,
Car un poème,
Que dans un cœur
On sème,
Devient tout à la fois -
Pousse sans lois)

Et c'est une rose,
Au teint si pâle et si morose,
Embrumé de prose ;

(Car une fleur,
Car un poème,
Que dans un cœur
On sème
Devient tout à la fois -
Éclot sans lois)

Une marguerite
Qui, sortie du sol, fane vite
Sans trouver de gîte ;

(Car une fleur,
Car un poème,
Que dans un cœur
On sème
Devient tout à la fois -
Flétrit sans lois)

Et, au fond d'un val
Où, de loin, on entend un bal,
De vagues pétales

(Car une fleur,
Car un poème,
Que dans un cœur
On sème
Devient tout à la fois...
Renaît sans lois).


IV - 7) Corps et graphies

Nous marchons vers la mort,
Mais marchons en dansant.
Quand viendra notre sort,
Ne serons mécontents

Que le peu qu'il faudra -
Pour que rien, rien n'alarme
Tous les dieux des hourras
Qui déversent leurs larmes.


IV - 8) L'esthétique de l'échec

J'assume tout.
Le ridicule,
L'espoir crédule,
Même - et surtout ! -
Ma plus terrible
Absurdité :
La vanité
Grande et risible
De mes essais
Lorsque j'invite
Ce qui m'évite
(Mais sans succès).

II - 9) Grêve

Ce soir encore
J'ai rêvé de la mer
C'était l'hiver
Et le voile incolore
De l'horizon
Masquait la vieille aurore
Dans sa prison
De verre fourbe
Où je vis mon reflet
Virer violet
Et vibrer être courbe
Puis fusionner
Avec mon corps de tourbe
Emprisonné
Seul sur la plage
Face au ciel océan
Vide et béant
Comme un long sarcophage
Je n'ai rien dit
J'ai fixé mes mirages
Et l'infini


V - 9) Skrik

Sur un pilier tenant quelque plafond pourri,
Au milieu de la boue et des pierres fanées,
D'un coup il prit mes yeux, et là... Je vis le cri.
Il semblait revenu du fin-fond des années,
En noir et blanc, muet, comme un vieux film d'horreur.
J'ai touché de mon doigt ses visqueuses couleurs,
Et j'ai frémi d'effroi : elles n'étaient pas sèches.
Mon cœur, comme soudain percé par une flèche,
Vomit ; puis j'aperçus, choqué, grouillant au sol,
De longs vers disgracieux, sans texture, à l'arôme
Subtil de renfermé, bavant dans leur idiome,
Et tout autre être au monde aurait hurlé au viol.


V - 10) Encendres

J'ai vécu les brouillards
De l'extase mélancolique,
Où l'aube, ce doux phare,
Ornait ma gorge d'un aspic,
Et chaque grain de ville
Se colorait à l'intérieur,
De retour d'un exil
Au-delà du monde et des heures.

J'ai vécu face au mur
Qui cachait certaines étoiles,
Touché les bleus murmures
D'un soleil jeune et ancestral,
Goûté le feu, merveille
Forgée d'eau claire et baignée d'or :
Les oiseaux sans sommeil
Dansaient aux odeurs de l'aurore.

J'ai vécu pour faiblir,
J'ai vécu par simple bravoure,
Vécu comme la cire
Dans une flamme de velours,
Et des fumées fidèles
Ont dessiné sur mon linceul
Un atome arc-en-ciel
En cessant soudain d'être seules.


VI - 10) Aube

Salut à toi, soleil
Que reflètent les âmes !
Tes fils, divine flamme,
Ont fini leur sommeil.

Bénie sois-tu, immense
Sphère d'or et de sang,
Mystère ivre d'encens,
Dans ton ombre je danse !

Ta gloire est grande, roi
Des symboles liquides,
Musique qui nous guide
Hors des mains de l'effroi !

Vis à jamais, fontaine
Qui colore le ciel,
Visage, arbre de miel
Au-dessus de la plaine...
 
Free - Envoyez vos documents : nouveau lien pour dl le recueil dan son état d'avancement actuel (je vous le conseille vivement, bien mieux que de lire ça sur le fofo).

Bon, quelques nouvelles du front pour ceux que ça peut intéresser. La date de publication en auto-édition est pour le moment fixée au 30 septembre, soit un an quasiment jour pour jour après la naissance du concept. D'ici-là, je vais travailler surtout sur le côté graphique, avec quelques amis (il va par ailleurs de soi que je suis ouvert à toutes les collaborations, si vous connaissez quelqu'un d'intéressé, ça m'intéresse), étant donné que la phase d'écriture des textes est quasiment terminée (plus que quelques poèmes à finir, a priori, mais je n'exclus pas des ajouts de dernière minute). Au niveau musical, l'Esthétique de l'échec a commencé son enregistrement, d'autres pièces sont aussi en cours de composition (idem, si y'a des gens qui savent jouer de n'importe quoi - même si j'ai une préférence pour l'electro, vu que je mixe comme une merde - je suis intéressé. Sachant qu'il y a carte blanche, j'ai pas l'habitude d'imposer mes idées).




PASSION

Regarde la lune
Sous l'écorce brune
Des nuages morts.
Tu pleures si fort...

Je ne comprends pas,
Et sans faire un pas
Je pleure avec toi ;
Pleure, et reste là,

Parmi les je t'aime,
Les mauvais poèmes,
La boue et la cendre...
Sans jamais t'entendre.


VERITERREUR

C'est le soir,
La forêt brûle :
On croit voir
Dans une bulle
De savon.
Toutes ces teintes,
Hélas ! vont,
Après cent feintes,

Se vider
Parmi l'écume
Des idées...
L'horizon fume
Puis s'éteint
Comme un mirage
Au matin.
Rien ne surnage ;

Mais tu sais bien,
Sœur païenne,
Frère païen,
Que les chênes
Cèdent avant
Tous les hêtres,
Et que le vent
Va renaître.

Il soufflera
Sur ta flamme ;
Entre ses bras,
C'est ton âme
Qui va jaillir
De la braise !
Plus un soupir...
Tout s'apaise.


HALLUCIDITE

Tu regardes le ciel, et c'est la fin d'une ère.

La forêt brille, nage avec le soleil vert
Des rêves iodés : c'est ce soir qu'on enterre
Le vent qui gémissait en dansant à l'envers.
Tu vois ces bulles bleues sorties des fourmilières ?

Des oiseaux lumineux m'ont dit un jour que Juin
Était né des rayons qui les ont transpercées ;
L'océan les a pris et emmenés plus loin
Derrière le vieux mur des vagues courroucées,

Où les arbres sont doux comme l'écume et l'herbe
Qui jaillit de la terre à côté de l'étang.
La vapeur de tes yeux forme, au-delà du temps,
Une soie douce-amère où se gèle le verbe...

Taisons nous donc, et profitons de cet instant.


COCONSCIENCE

Je ne sais pas, cette nuit-là, si tu as vu
Cet ange si étrange, assis, seul et par terre...
Son regard jaune d'autochtone, sans paupières,
Ne brillait que de paix, quasiment dépourvu
De ces pupilles en aiguille où luit la lune
Quand elle est blonde et ronde. Il était noir bleuté,
A moitié nu en pleine rue pour méditer,
Mais jugeant dans l'instant ma présence importune,
Il s'envola bien au-delà de mes adieux ;
Tout en sachant pourtant, et mieux que nul au monde,
Que sans option, nous partagions notre profonde
Nature, la plus pure - et j'ai ouvert les yeux.


SENS

La corne bleue qui court et frappe dans ses mains
Soudain me mord trop fort. Bientôt naîtra demain :
Le jour se meurt à l'ouest, où l'or du soir fourmille
De douces mélodies que chantent mille filles,
Au rythme de l'amour qui brille dans les bois.
Cet arbre me regarde et prend sa grosse voix
Pour dire aux fleurs qui rient de rire, et rire encore,
De jouir partout de tout, au moins jusqu'à l'aurore.

Car peut-être (qui sait ?) qu'au matin, l'univers
Ne sera plus qu'un rêve, effacé d'un revers
De fractale et d'oubli. D'ici-là, comment dire...
J'aime vivre – et puis bon, ça pourrait être pire.


RAGE D'ORAGE HORS D'ÂGE

La lumière jaune
Se faufile dans mon cœur,
Lui fait l'aumône
D'un éclat qui se meurt.
Soudain, elle enfante
Un diamant : chaos complet
Où l'orage s'invente,
Le beau est laid,

Les océans se reflètent
Dans l'arbre chantant.
Le monde en fête,
Tout s'arrête le temps
D'un de ces rares sourires
Qui font exister
Et poussent à chérir
L'humanité.


JE TUE LES AILES DES ÎLES

Ah, l’oméga
Jaune émeraude !
Ces loups qui rôdent,
Serpents nougats...

Vois, vieille pierre,
Comment la mort
De notre corps
Fout tes frontières
Au cimetière,
Sous les grands ifs
Gris et lascifs.

Pourquoi la langue
Et tous les mots
Sentent la mangue
Et l'escargot ?


DEJA-VU
Le vent nettoie le sang du ciel
Et rend plus froid mon cœur sans sève :
C'est le début d'un de ces rêves
A la fois fous et si réels...

Je hais ces soirs au peu de lune.
L’œil de la nuit semble si noir
Que je ne sais comment le voir ;
Et tout le long de la lagune,

Rien, pas un seul reflet d'or blanc
Pour éclairer mon âme vide.
Ce grand étang, rien ne le ride :
C'est tout un monde de relents.
 
Avant toute chose, le lien pour télécharger le pdf : Free Cloud Storage - MediaFire

Le pdf est (dans son état d'avancement actuel, soit quasiment fini : il reste des illustrations à ajouter/remplacer et trois poèmes fragmentaires à finir) le recueil, ce que je poste ici n'en est qu'un vague reflet (sans la musique et l'image, donc).

Le bouclage définitif et l'envoi en auto-édition sont prévus pour fin octobre/début novembre (un an, une lune et un jour après la naissance du concept du recueil le 30 septembre dernier).

Bref, place à la dernière fournée de poèmes (11 pour cette fois, portant Tristes Psychotropiques à un total de 84 poèmes dont 3 inachevés).


PRISONNIER DES BARREAUX DE MON ECHELLE

Au fond des yeux d'or fin d'un scarabée violet
Étincelaient sans fin des étoiles lointaines,
Autour desquelles orbitaient des lunes naines
Immenses comme un grain de sable ultraviolet.

J'ai vu le monde à sa façon, pendant des heures
Arrêtées au cadran. J'ai vu les bois dormant
Sous l'étrange tapis des feuilles tombées l'an
Dernier, où des millions de moucherons demeurent.

J'aurais pu prendre tout le ciel avec deux doigts,
Noyer des galaxies dans une seule larme...
L'Univers en entier résonnait du vacarme
De mes murmures sourds. J'étais l'infime roi

D'une souche pourrie vaste comme un atome,
Dieu coprophage et sourd, hurlant toujours mon nom,
Qui résonnait partout jusqu'au plus proche tronc
En dansant tout le long de mes courts chromosomes.


VITALCHIMORT

« Être un artiste, c'est créer ».
Créer ? J'ai éclaté de rire.
Tout se transforme, pour le pire
Ou le meilleur. Sur le fumier

Poussent les fleurs dont les pétales
Vont se faner dans quelques jours,
Rien ne se perd dans le grand bal
(Mais on est parfois à la bourre).

Bâtir, c'est changer, démolir :
On casse toujours pour construire.
Les châteaux de sable ne durent
Pas plus longtemps qu'un clair-obscur.


RÊVES EVEILLES & HISTOIRES A DORMIR DEBOUT

J'aime ses yeux bleu-vert.
Ou bleu-gris, parfois, quand elle se lève
Et qu'ils sont entr'ouverts.
Je les vois si souvent dans chaque rêve
Que je ne sais jamais,
Quand ils croisent les miens, si mes paupières
Ne seraient pas, en vrai,
Aussi bien fermées que son cœur de pierre.
De la fumée, juste de la fumée...

Noire d'un soir sans étoile,
Pâle comme l'aube où l'on voit marcher
Ces cadavres gris aux râles
Faisant geler le sang de ceux qui salent
Les trottoirs à déneiger.

Tout est cendres
Et tu vois fondre tes yeux ;
Il faut descendre
Parmi les rires des dieux.


C'EST UN VASISTAS

Longtemps, j'ai couru sans réponse
En cherchant au milieu des ronces...

Vérité suprême
Se diluant dans le réel, au loin,
Souffle divin
Sur la mer enchaînée qui crie « je t'aime ! »,
Souris ; et dis-moi
Si, malgré tout, ce monde existe encore.
Tes yeux dévorent
Ce qui reste des mots - je suis ma voie.

Rien de plus, sans détours ;
Rien de moins, mon amour.

Ce soir, sur la plage,
Quelques années plus tard, je reviens
Et suis enfin
Prêt à te voir. Le ciel bleu se dégage
Quand j'entends la vie
Chanter sous l'océan, sur le soleil
Du vieil éveil :
« C'est un miroir où vient mourir la pluie ».

En vivant au milieu des ronces,
Soudain, j'ai trouvé ma réponse.

Rien de moins, mon amour ;
Rien de plus, sans détours.


AMALGAME SANS AME

Rouges, orange ou verts selon le moment,
Les feux se conjuguent étrangement
Avec le jaune urinaire
Des vieux lampadaires ;
Cette rue
Pue
Le bitume,
Les mégots qui fument
En crevant sur le trottoir...
Ce soir, comme tous les autres soirs,
La Ville Lumière est mon sombre miroir.


HAGALAZ

Ce matin-ci encor, le vent hurle et me mord,
J'ai l'esprit embrumé comme l'horizon gris :
C'est l'automne, déjà, dont le givre flétrit
Les feuilles et les corps. Je gémis à la mort...

Tant d'éveils douloureux dans l'aube pâle et froide,
Tant d'occasions manquées, tant de rêves partis,
Mais j'espère toujours, à la fin de ma vie,
Pouvoir revoir l'orient dans ce prisme de jade

En chantant en silence : oui, ça en valait la peine.
Peu importe, après tout, ce qui aurait pu être ;
Et si tout est écrit, qui peut lire ces lettres ?
J'ai choisi mon chemin, voyons voir où il mène.


ALL HAIL THE HOLY HOLE

Givre blanc sur le néant qui pâlit
Au rythme des minuscules étoiles...
Au bout du tunnel d'ossements polis,
Loin, flotte une silhouette spectrale
Dont le manteau est flou comme l'acier
Des anneaux de Saturne. Il prend le large,
Muet, brûlant sous son masque d'osier.
Vers la tombe du temps flotte sa barge ;
Sans cesse il rame dans le vent, portier
Troublant les trous noirs par l'architecture
Exponentielle d'arômes fondus
Que prend parfois son haleine au mercure.
Soudain, il explose comme un obus,
Sème des éclats de rire qui durent
Encore au fond de ces lieux distordus.


PRIS DANS LA TOILE

Un jour encore ?
Allons, allons, juste un dernier poème
Avant la mort,
Car il n'est rien, plus rien d'autre que j'aime
Dans tout ce monde,
Ce monde immonde qui toujours nous ment :
La Terre est ronde,
Nous revenons sur nos pas trop souvent.

Une heure encore ?
Allons, allons, une dernière strophe
Contre le sort
Qui de l'abîme à présent m'apostrophe.
Juste un instant ?
J'aimerais bien, hélas, pouvoir écrire
(Si j'ai le temps)
Un seul bon vers, ou du moins un moins pire...


ALOGIE

Je reste assis, à contempler la flamme
Qui danse seule, en face d'un mur blanc
Servant de scène au plus terrible drame
Que j'aie pu voir ma vie durant.
Hélas, je blâme
Les mots trop faibles pour saisir la profondeur
Des longs sillons creusés au crâne par cette heure
A sourire et ramper jusqu'au bout de l'horreur...


REDESCENTE INDECENTE








Sans savoir où aller, je marche tout droit.





Pour m'y être perdu tant de fois,




Je reconnais cet endroit :



Où est-ce ? Je crois


Que c'est moi.

Moi
...


LE VISAGE DU TROLL

Un soir, je me promenais
Dans la forêt.
Soudain, j'ai vu apparaître
Un de ces êtres
Qui ne peut pas exister.
J'ai demandé
Ce que ça pouvait lui faire ;
Ses congénères
Ont, en sortant du brouillard,
Voulu savoir
Comment c'était d'être au monde.
Trente secondes
Après, je ne riais plus,
Et j'ai bien vu
Le sarcastique sourire
De ces messires.


Mise à jour du sommaire :

I – TOUJOURS PLUS D'ARTIFICES
1) Aube pourpre
2) Chemise d'ours
3) Une idole manchote
4) Vacuité
5) Longue ascension
6) Vagues
7) A travers les nuages
8) Presqu'au sommet des océans
9) Labours
10) Ce que pense la Fractale
11) Prisonnier des barreaux de mon échelle
12) Vitalchimort

II- J'ERGOTAI
1) Gravé dans un cénotaphe
2) Morrígan
3) Heures noires s'écoulant dans un couloir sans couleur
4) Memento moribond
5) Hallucidité
6) Association
7) Sens
8) Rage d'orage hors d'âge
9) Rêves éveillés et histoires à dormir debout
10) C'est un vasistas
11) Amalgame sans âme
12) Hagalaz

III - VIN ORPHELIN
1) Le ciel tombe sur la Galatie
2) Gare au septentrion !
3) Spaceraum
4) Ornemensonges
5) An dro Breizh
6) Le destrier du maître
7) Wurte runoR heldaR
/ Bractéate de Tjurkö
8) Reflaid
9) Grêve
10) Averse
11) Coconscience
12) All hail the holy Hole

IV - LA SAUGE DES DEVINS
1) Fin d'été
2) Un œil grand fermé
3) Le cinquième postulat d'Euclide
4) Fusion
5) Nach Walhalle
6) Dans l'empire de la mort
7) En face
8) Métamorphoses
9) Pris dans la Toile
10) Alogie
11) Redescente indécente
12) Le visage du Troll

V - EXTASES
1) Sépulcre
2) A travers un trou de serrure
3) Éphémère
4) Laudes
5) Illusions
6) Soñj un noz hañv
/ Songe d'une soirée d'automne
7) Une fleur
8) Corps et graphies
9) L'esthétique de l'échec
10) Blanche Marine
11) Transe
12) Relations


VI - QUADRUPLE EAU DE CHANVRE

1) Retour en avant
2) Fuite vers la source
3) BDM
4) Cosmétropolite
5) La noire lune des mes nuits blanches
6) Ballade étrange
7) La pleine lune de mes nuits vides
8) Wyrd
9) Encendres
10) Dissolution
/ No solitudes
11) Passion
12) Vériterreur

VII - APOLLON ET DIONYSOS
1) Weine !
2) Wie man mit dem Wandern philosophiert
/ Équinoxe d'été
3) Vile
4) Invictvs
5) Gilbhart
6) ALU
7) Am Rande der Wörter
8) Belenos
9) Horror
10) Vers après quelques verres
11) Halbtraum
12) Déjà-vu​
 
http://www.mediafire.com/view/2q3jrcqy8u3bg2p/Tristes_Psychotropiques_09-02-14.pdf

Manque genre un vers et demi et trois illustrations. D'ailleurs si quelqu'un se sent chaud pour déblanchir les pages 14 et 18 avec des illustrations inspirées par les phénés (styles et contenus libres) et veut se joindre à l'aventure (comme pas mal de gens qui n'ont pas demandé à ce que leur nom figure dans les crédits), ce serait avec plaisir. Exemplaire papier dédicacé gratos à la clé.
 
Je me permet de up ce topic de 2014 par ce que je réclame la version définitive de ce bijou! Et pour en conseiller la lecture par ce que ç'est un super recueil de poésie barré et foncdé à souhait qui prend des tournures de grimoires par instant.

#bringbacktristespsycho
 
Oui j'avais lu le PDF y'a un moment c'est en effet très beau
 
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