Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

Le forum des amateurs de drogues et des explorateurs de l'esprit

NIHILISME 2 - DIAGNOSTIQUE DE CE MAL MORAL COMPORTEMENTAL

Laura Revenudelaba

Elfe Mécanique
Inscrit
12/7/22
Messages
395
NIHILISME 2 – ÉCHELLE INDIVIDUELLE ET INTER-PERSONNELLE – DIAGNOSTIQUE DE CE MAL MORAL COMPORTEMENTAL


Partons du principe que dans nos personnalités contradictoires, ambivalentes, nous sommes souvent ce que nous dénonçons (moi le premier, et pas qu’un peu), du fait que les vertus que nous prônons s eraie nt le pendant positif des vices contre lesquels nous luttons, en nous, mais que souvent par vanité nous projetons sur autrui. Toute construction morale s’établit ainsi, au travers de relations inter-personnelles où se reflètent nos personnalités ainsi reconnues ou déniées, aimées ou détestées, s’imitant dans la collaboration ou l’opposition. R ien de nouveau depuis des millénaires que l’humain a conscience de lui-même, en vue de pratiques éthiques pour générer du bon, à partir de ce qu’il estime moralement comme étant bien.

Bref, le plus appelle le plus.

R este d onc à définir ce plus vers quoi l’on veut positivement aller, plutôt que de critiquer en négatif ce qui nous énerve. Ce qui perpétuerait l’ alimenta tion d e circuits neuronaux qui, en nous, génèrent de l’impuissance acquise, répétée, réapprise, d es idées/comportements peu enviables , mais ainsi diffuser de proche en proche. De transf ert s de culpabilités en passions tristes se répandant, l’inexorable malheur humain . A surmonter !

« Qui qualifies-tu de mauvais ? — Celui qui veut toujours faire honte.
Qu'y a-t-il pour toi de plus humain ? — Épargner la honte à quelqu'un. »

Friedrich Nietzsche, Le Gai savoir


DÉPASSER SON NIHILISME PAR L’ACTION PRO-SOCIALE

Accouder au comptoir de l’ère du temps, broyer du noir. S ombre période n’est-ce pas ? S’abreuver de quelques nouvelles idées éclairantes , s’enivrer d ans une appréhen sion édifiante de no s mécaniques idéologiques, et autres dialectiques intériorisées, qui façonn e nt no s schémas de pensées. Nos comportements, mimés, reproduits, formatés. Amer arrière-goût, dans le souvenir des notions d ’exploitation et d’ aliénation chez Marx. Puis, a près une brève médi t ation, t remper ses lèvres dans la connaissance de soi et goûter le plaisir de savoir, afin de moins se subir.

Se sentir libér é de saisi r les causes extérieures qui, jusque là, aveuglément nous déterminaient.

La problématique nihiliste dans notre société de sur-consommation relève du désir. D es désirs rendus infinis, sans plus de limites dans leur s objets démultipliés autant que p ossible sur les marchés, dans les magasins, entre nos mains, à portée de porte-monnaie . D’où des désirs perpétuellement insatisfait s, avec ses lots d’ infinies frustration s . Frustration s de ne pas avoir ce que l’autre possède, de ne pas tirer vraiment plaisir de ce qu’on a. Toute névrose empêche de jouir, véritablement, sans faux-semblant. Sans rentrer dans une analyse à teneur psychanalytique, intéressons-nous au phénomène d’idéalisation vis-à-vis du nihilisme :

Désirer tend à idéaliser.

Toute idéalisation enjolive sa réalité qui, édulcorée en imagination dans quelques rêveries, pousse alors à se bercer d’illusion s . Plus grandes sont ses idéalisations, plus hautes ses illusions, plus important est l e risque de chute. Dans un abattement moral sans parachute doré. Comme l u précédemment, d e la désillusion émerge le nihilisme, ce spleen contemporain, éprouvé commun d’individus désabusés, paumés face à l’adversité . C onfront és à de pénibles multiples changements, non désirés, déniés ou refoulés, jusqu’à ce qu’ils s’imposent à soi . Avec plus ou moins de violence...

Nombreuses sont les désillusions dans un monde se réchauffant, dans une société néo libérale se dépérissant dans une fuite en avant numérique et digitale. Surveillance autoritaire. De l’accélération technique de ces deux derniers siècles, nos sociétés ont chang é à toute vitesse. Trop vite pour s’y adapter, s’y retrouver dans une avalanche d’impromptus changements - nerveux, moraux, cérébraux, cognitifs, comportementaux. Au vue des utopies transhumanistes, quel équilibre physiologique pour l’humain de demain. L’homéostasie d’un robot qui ressentirait des affects...? Retour vers un état inanimé, tout en se voulant éternel...

Bre f.

Dans cette incessante destruction créatrice, disruption ultra -libérale au service d’un capitalisme effréné, prédations industrielles financiarisées aboutissant à de perpétuelles guerres, quelles sont désormais nos valeurs, nos spiritualités ? Accumuler sans partager ? Le profit à tout prix sans vraiment en profiter ? Avoir sans être ? (Se) faire souffrir en croyant (se) faire plaisir ? Qui a vraiment l’impression de profiter quand, de moins en moins, l’on sait que le futur ne sera pas aussi gai que prévu, dans cette merveilleuse croissance verte et bleue qu e permettrait le Saint P rogrès ? N ous ne sommes plus des enfants qu’on abuse facilement. Mais désabusés de se faire infantilis er , quand il faut se comporter en adulte face aux problèmes actuels et à venir.

N ous valons mieux que ça, au fond de nous le savons. Mais revenons-en à nos moutons (bien que nous n’en soyons pas, ou plus autant qu’avant ).

D'illusions en désillusions, face à la complexité de nos sociétés en voie d’abstraction, d’externalisation numérique dans les réseaux du grand cerveau internet , se révèle toujours plus l'absurdité d’une mondialisation prônant une libre concurrence, soit disant méritocratique, au nom de libertés économiques. L a responsabilité et l'initiative personnelle au nom de libertés individuelles, tant que no s projets et manières de faire adhèrent aux lois des marchés, s’imposant dans l’ordre social . E xpression préformatée de notre capacité de régression individualiste, en vue d’une autonomie digne de robots dans un monde digital , sur fond de nihilisme latent. Persistant. Être morne face à son écran est d evenu norme.
Peut-être serait-il vraiment temps de questionner la valeur de nos valeurs, comme le préconisait Nietzsche, en médecin opérant un subtil diagnostique des maux de notre société occidental e aux démocraties dégénérées… et où de s foules d’individus cour e nt en tous sens sans vraiment savoir où ils vont, n i ce qu’ils font, et encore moins qui et ce qu’ils sont .


QUELQUES FORMES CLINIQUES COMPORTEMENTALES

Le nihilisme est donc cette disposition d'esprit pessimiste, caractérisée par un désenchantement moral après désillusion. Qu’en est-il plus précisément sur le plan comportemental, à une échelle individuelle et inter-personnelle ?

Le nihiliste, dans ses attitudes, postures et comportements, nie l'existence des valeurs morales et sociales, ainsi que leurs hiérarchies. Si tout se vaut, rien ne se vaut vraiment (les médias mainstream étant les rois pour dévaloriser des informations capitales, mises au même plan qu’un fait divers par exemple - on se rappelle de la sortie du dernier rapport du GIEC occultée par l’arrivée de Messie au PSG) . C omme tout lui est égal, le nihiliste n'aspire à rien de particulier . Rien, au-delà de son confort, de ses opinion s apparente s , de ses indignations souvent hypocrites , ne fait vraiment sens. Tout lui paraît insensé, mais c’est ainsi, qu’il est résigné à vivre dans l’ absurdité. Quitte à être le plus absurde en se voulant marginal, quand tout le monde se veut marginal .

Ne croyant plus en lui, e t encore moins e n le collectif, il est cet individu moralement isolé, inlassablement déprimé, fatigué de lui-même, des autres. Au point de se tromper en trompant autrui, à force de tout le temps faire semblant. L’inauthenticité comme norme relationnelle et existentielle. Blasé de tout, il n'attend plus rien en s’endur ciss ant dans un aigre ressentiment, ou des rires de façades . Désespéré, il se fuit dans un déni feint d’optimisme, ou sombre dans le cynisme, quitte à trouver du sens à sa vie en recherchant son propre néant. Maîtriser sa finitude en orchestrant sa propre néantisation. Voire celle d'autrui. La hausse des dépressions et suicides, ou les récurrents attentats, en attestent tristement. Mais le plus inquiétant reste le grand déni climatique.

Sans valeur morale fondamentale ni principe éthique fondateur - supports essentiels de son existence - individualiste narcissique sans véritable foi, c’est focalisé sur mon moi que le nihiliste s’octroie tous les droits, et ce parfois sans respecter les lois. Hors limite, l’individu en voie d’uniformisation se fond dans la collectivité ainsi uniformisée - tous pareil et pareil pour tous. Idéale domestication dans l’élevage de consommateurs sages, votant tous les cinq ans.

Sans borne ni règle dans un monde dérégulé, décadent, le nihiliste politique conquiert le pouvoir, le nihiliste financier amasse de l’argent, le nihiliste drogué s’administre sa dose et le nihiliste sexuel enchaîne les conquêtes. Au nom de sa propre liberté, entre concupiscence et omnipotence, des intérêts particuliers dans des logiques de possessions/consommations immédiates.


Prendre - C onsommer - J eter - R ecommencer.

Honteusement, toujours nos désirs nous consument lorsque nous consommons a veuglément, fièrement . Entre scepticisme sur fond de pessimisme et recherche de plaisir vain dans des divertissements toujours plus malsains, prendre une grosse gorgée. Pour oublier. Puis différencier quelques dynamiques comportementales nihilistes, au travers de différentes expressions selon les personnalités, les situations et périodes de vie :


- Le nihiliste passif est figé dans l’anxiété.

Attentiste dans la douleur et la mélancolie, il fantasme des égéries, idoles sur- idéalisées, qui le renvo ient à ses insuffisances, à sa médiocrité. (Kiffe des séries, de la télé-réalité) Égaré dans le vide d’un mortel ennui, assommé par le violent constat de l’absurdité de sa réalité, dans une logique du « à quoi bon ? », mécaniquement il se désintéresse progressivement de tout, obéi t et se repli dans une parfaite indifférence, bulle protectrice signant sa servitude (in) volontaire. Son corps démotivé et son esprit ainsi affaiblit, s’annihile en lui toute initiative émancipatrice . De changer ce qui ne va pas. Victime de structures déterminant ses volontés, sa passivité le résigne à s’indigner dans de stériles commentaires, et autres discussions de salon. Par peur. Par flemme. Il est ce bon élève, apparent rebelle faussement indiscipliné.


- Le nihiliste actif jouit du culte de l’action pour l’action.

Au nom d’un pragmatisme élémentaire et de manipulation utilitaire, il veut imposer ses vérités. Tel un politicien communiquant ou réformant à tout va, un militant exprimant son mécontentement en s’engageant politiquement, ou dans une forme plus extrémiste, tel un terroriste poseur de bombe ou égorgeur fou. Brûlant de désirs, il fonce, agit coûte que coûte, dans l’immédiateté d’une impulsivité incontrôlée, instrumentalisée. Instable et motivé, déterminé à lutter contre l’absurdité éprouvée, il manifeste, se révolte en vue de remplacer les valeurs perdues ou actuelles, par de nouvelles plus appropriées. Selon ses volontés, ses idéaux. Combattant non résigné, d’une logique conquérante, il revendique et propose ses valeurs de divers manières. Au point de se perdre dans la violence, inutile.


- Le nihiliste fervent idéalise ses volontés comme les meilleures.

Égocentré dans un simple défaut d’altérité, ou dans une parfaite intolérance, pour lui prime sa raison, il ne peut en être autrement, puisque de toute façon il a raison. Sublimation et ascétisme le caractérise, au travers de comportements le convainquant de sa propre puissance narcissique : force, unité, vitalité, enracinement, spiritualité et profondeur d’être. Entre croyances personnelles et obsessions démentielles, athéisme, religiosité ou fanatisme, la ferveur anime cet individu passionné, pouss é à la réaction du fait de grandes affections dans un bouillonnement intérieur . En quête de vérité, de sens à retrouver pour ne pas décompenser, dans des logiques paranoïaques le nihiliste fervent peut basculer du doute à la certitude, du scepticisme au complotisme délirant. D’une essentielle et nécessaire spiritualité, du dogme au culte imposé, point trop n’en faut non plus .


- Le nihiliste intellectuel survole le tout dans une intellectualisation finissant de le détacher des réalités matérielles.

Il croit avoir tout comprit, tout contrôler, commente le réel et les actualités d'après des concepts, des grilles de lectures, dans une expertise plus ou moins pertinente selon ses connaissance s , mais trop souvent il fuit dans le monde des idées. Idéaliste manquant de pragmatisme, s ’il est utile de réfléchir avant d’agir, il ne faut pas oublier de s’investir, s’impliquer en devant choisir. Et s’engager en acceptant des responsabilités.


E n chacun de nous un peu de toutes ces formes mélangées, dont on a conscience, ou pas, chez soi ou chez l’autre retrouvé. Ebauches de solutions morales et éthiques dans l'épisode suivant
 
Il manque le nihiliste religieux. La première graine à fermenter le concept.

Laura Revenudelaba a dit:
Nous valons mieux que ça, au fond de nous le savons.

Rappelons juste que pour Nietzche nous pouvons tendre vers des valeurs plus haute, mais non, nous ne valons pas plus que ça. La valeur d'un homme se mesure à sa vitalité. Vitalité qui pour Nietzche en un sens supra morale se veut souvent très essentialiste.
Nietzsche méprise parfois les détails structuraliste et matérialistes de l'histoire. Il y a des forts parce que la morale des forts, à l'intérieur de leurs cercles concentriques se reproduit sur des générations successives.

Nietzsche ne préconise pas à l'esclave de créer des valeurs nouvelles ou de s'émanciper mais de se soumettre à celles du fort et du bon dans une sublime admiration. La perte de hiérarchie des valeurs concerne l'aristocrate, l'esclave n'étant qu'un instrument à utiliser pour hisser l'homme au dessus de lui même.

Rappelons aussi que rétablir une échelle de valeurs personnelle et d'autant plus complexe qu'a l'intérieur de l'esprit de l'individu se confondent souvent et se mélange nihilisme et morale aristocratique (pour les meilleurs d'entre nous haha).
Nous autres esclaves sommes bercés entre deux eau, entre nos envies moribondes de faire cesser la souffrance produite par la faiblesse et également des sursauts énergiques de violence et de dominations, se traduisant pour Nietzsche à ce qu'on qualifierais de volonté de gauche aujourd'hui : la volonté de s'émanciper de l'oppression pour devenir soi même dominant (de sa propre vie ou de celle des autres).

Nietzsche et souvent contradictoire sur ce point, jugeant selon les livres soit que cette volonté de liberté et naïve, soit qu'elle est un sursaut nécessaire à l'abjuration du nihilisme et à l'acceptation des valeurs.
Dans Zarathoustra on a même l'impression d'une progression morale, d'une guérison de certains nihilistes vers un idéal plus haut.

Je vois ça comme la volonté propre de Nietzsche imprégnant les lignes. Il est parfois dissecteur, froid et méticuleux. Parfois il est poétique, aimant, compassionnel.
Il veut parfois décrire et parfois guérir.
 
Mr Sandman a dit:
Il manque le nihiliste religieux. La première graine à fermenter le concept.

Nietzsche ne préconise pas à l'esclave de créer des valeurs nouvelles ou de s'émanciper mais de se soumettre à celles du fort et du bon dans une sublime admiration. La perte de hiérarchie des valeurs concerne l'aristocrate, l'esclave n'étant qu'un instrument à utiliser pour hisser l'homme au dessus de lui même.

J'ai mixé le nihilisme religieux dans le fervent :)

Par rapport aux valeurs des forts et des faibles, perso je n'adhère pas à la vision politique pro aristocratique de Nietzsche, qui correspondrait à une idéologie de droite aujourd'hui. J'aspire à une vision pro sociale de gauche, sans que les dominés deviennent des dominants.

Si la nature ne nous créée pas égaux, nos droits civiques et juridiques peuvent égaliser les rapports sociaux, dont les inégalités ne cessent de se creuser plus la paupérisation revient ces dernières décennies (l'écart entre les très riches et les très pauvres est revenu à un stade d'avant Première Guerre MOndiale...pas bon pas bon). A partir du moment où les marchés financiers ont été dérégulés dans les années 80's (abolition du Glass-Steagle-Act), les inégalités ne pouvaient qu'advenir aux échelles mondiale et locale...

Pour en revenir à Nietzsche, je pense qu'on a tous un petit esclave et un petit aristo en nous, et que l'idéologie libérale, sous couvert de socialisme, donne envie aux prolos de devenir de petits bourgeois, mais c'est une supercherie, une croyance à déconstruire selon moi, qui prônerait plutôt une forme de décroissance, tout en restant puissant de part ses manières d'être et de penser, plutôt que de part ses possessions matérielles. C'est un combat entre l'être et l'avoir.

Après on a tous nos contradictions, et le système capitaliste s'en nourrit allégrement, quitte à les alimenter. Mais légiférer en faveur d'une décroissance collective permettrait de réduire les troubles que l'humanité traverse perpétuellement. Sans retourner à l'âge de pierre, on a par exemple globalement de quoi nourrir toute l'humanité, à condition de répartir les richesses et les ressources. Le fait qu'une main invisible régulerait les marchés sans intervention des États est également une tromperie à démystifier, puisque lorsque le libéralisme part en crise financière/économique, c'est toujours l’État qui intervient pour limiter la casse... Et quand ça n'est pas fait à des fins pro sociales, c'est le fascisme qui occupe les champs politiques (là dessus aussi on devrait s'inquiéter sérieusement vu la montée des nationalismes partout).

S'il faut combattre ce fascisme, qui puisse sa haine dans le ressentiment nihiliste collectif, cela pourrait peut-être se faire en remettant au goût du jour un certain nietzschéisme de gauche. Du moins se servir des concepts nietzschéens comme la volonté de puissance ou la construction d'un idéal ascétique pour se sortir de notre nihilisme, mais à des fins pro sociales et non aristocratiques. Autant individuelles que collectives, avec une action personnelle sur le plan institutionnelle, en gros en finir avec la dépolitisation et l'atomisation des masses. J'y vois là l'épanouissement d'un idéal individualiste anarchiste, qui pourrait s’accommoder avec les libertés individuelles permises par le libéralisme des Lumières, mais dans une optique d'auto gestion dans l'échange et le partage collectif, sans volonté de faire du profit.

Après à quelles échelles, dans quelles conditions exactes, à partir d'une table rase du présent ou en composant avec l'ordre économico-politique actuel, ça ça me dépasse je t'avoue.


Et PS : Nous le valons bien !!!

Je dis ça parce qu'il ne s'agit pas là de suivre la pensée de Nietzsche, mais d'utiliser ses concepts à des fins meilleures que ce qui a pu se faire jusque là. A ce propos j'ai enlevé le premier paragraphe de l'article qui disait ceci :

AVANT TOUTE CHOSE

Je préviens les nietzschéens « purs » que les propos suivants n’ont rien d’universitaires. Il s’agira d’articuler quelques propositions sur le nihilisme, afin de pousser la réflexion, de se construire une petite philosophie, à la portée de tous, qui se voudrait plus pratique que théorique. Se revendiquer nietzschéen reviendrait assurément à se faire mépriser par ce dernier qui, sans maître ni esclave à sa manière, détesterait qu’on le suive tel un mouton obéissant bêtement à des idées tombées des cieux. Il est donc question d’un partage de pensées qui, au fil de nouvelles (re)connexions neurales, visent à véhiculer des manières de voir différentes de la commune doxa, s’émanciper des habituels carcans moraux, imprégnées d’idéologies néolibérales et capitalistes.
 
Laura Revenudelaba a dit:
J'ai mixé le nihilisme religieux dans le fervent :)

Par rapport aux valeurs des forts et des faibles, perso je n'adhère pas à la vision politique pro aristocratique de Nietzsche, qui correspondrait à une idéologie de droite aujourd'hui. J'aspire à une vision pro sociale de gauche, sans que les dominés deviennent des dominants.

Dans le contexte de l'époque de Nietzsche "droite" ne fait aucun sens. Il ne faut pas confondre ici aristocratique et bourgeois. J'ai d'ailleurs usé malgré moi aussi d'un raccourci mais celui ci me paraissait plus à propos, je m'explique:

L'aristocrate peut défendre des valeurs d'amabilité, d'empathie, de compassion, seulement ces actions ne sont pas effectuées dans un mouvement de nécessité morale (comme l'esclave) mais d'un point de vu de force. L'aristocrate jouit d'une telle puissance de vie que son énergie vitale déborde sur l'esclave, il n'est pas compassionnel par passion mais par nature.

Je pose ça ici même si j'ai bien compris que ton enjeux n'est pas d'imposer un dogme Nietzschéen. C'est juste que parler de nihilisme sans remettre en contexte le sujet revient à faire des raccourcis psychologiques douteux.

Ta classification des nihilistes est par définition (celle de Nietzsche) un peu réductrice dans le sens ou un tel concept est essentialisant. C'est le problème en effet mais si on à la prétention de guérir, de proposer une solution il va falloir en passer par les contradictions complexes dont la source sont l'auteur même du concept.

Note que je n'ai pas de problème fondamental avec ta classification mais plutôt avec le fait même d'une classification qui se voudrait objective. Je trouve que la sociologie aujourd'hui propose des pistes fonctionnelles plus en accord avec des thérapeutiques fonctionnelles. 

Aborder Nietzsche c'est déjà toucher un fond de l'abime. Après si tu t' adresse à 0.0001% des gens qui seront en mesure d'appréhender la profondeur d'une telle pensée pourquoi pas. Mais dans ce cas tu seras à la fois confronté à la contradiction de la morale de gauche mais aussi à celle de droite. Aucun allié objectif ne t'attend. Si c'est comme ça que tu désire lutter pourquoi pas après tout les plus beaux combats sont ceux qui sont perdus d'avance.

Je te dis tout ça avec un pragmatisme de bas étage, douteux, acerbe. Mais je pense qu'il ne faut jamais oublier de penser avec son temps. Les sociologies d'outres tombes sont belles mais n'ont d'autres vocations que de servir aux asticots.

Pour le reste je suis plutôt d'accord même si au fond je doute qu'on puisse se guérir du nihilisme. Je suis une enflure de pessimiste, Nietzsche dirait que je suis un moribond, ce n'est pas faux. Qui ne l'est pas. Tentons tous de même de vivre, peut être avec une prétention moins maniaque... Histoire d'avoir au moins quelques amis...Je ne sais pas...

Mais ce que tu semble prôner comme idées me semble un peu contradictoire avec les concepts Nietzschéen. Pas sur le plan psychologique mais social. Rien ne nous empêche néanmoins d'être culturiste et de se gonfler les pecs à la Nietzsche, puis de switcher comme des gros tarbas sur un amour humaniste de gauche.
Reste que c'est assez improbable. Sociologiquement parlant. Les 0.0001% quoi...La différence entre l'action et la théorie.
C'est en cela que je suis un peu sceptique sur l'action prosociale. Ton exemple du GIEC montre bien cela.

Addendum: je ne note pas ni ne mentionne tes avis politiques. Je n'ai rien à ajouter ce sont les même que les miens. Je fais juste la distinction claire entre ceux ci et la philosophie de Nietzsche même si comme toi je tiens à rappeler que je ne suis ni un expert ni un universitaire sur le sujet.
 
[/quote]
Aborder Nietzsche c'est déjà toucher un fond de l'abime. Après si tu t' adresse à 0.0001% des gens qui seront en mesure d'appréhender la profondeur d'une telle pensée pourquoi pas. Mais dans ce cas tu seras à la fois confronté à la contradiction de la morale de gauche mais aussi à celle de droite. Aucun allié objectif ne t'attend. Si c'est comme ça que tu désire lutter pourquoi pas après tout les plus beaux combats sont ceux qui sont perdus d'avance.

[/quote]

T'as tout dit...peu de gens pensent par-delà bien et mal, et arriver à son sommet on est souvent seul.

Mais c'est bel et bien à partir de ce constat qu'il faut rebondir, faire autrement, pour ceux qui en sont là. Sortir du monde des idées et se confronter au réel. En redescendant d'un cran, moins cérébral.

Pour ce qui est de la classification, l'apport philosophique de Nietzsche n'est qu'une grille de lecture parmi d'autres. Mais comme tu l'as dis, il ose sonder l’abime, ce qui permet d'avoir un aperçu de ce qui se trame sous la surface, derrière nos représentations déformées par l'ignorance et autres illusions constituées de déni.

Évidemment la sociologie, les neurosciences ou la psychiatrie offrent des classifications ou grilles de lecture plus actuelles, plus pertinentes en essentialisant moins. D'où l'intérêt de s'y intéresser pour multiplier notre appréhension de la réalité et composer au mieux avec. Après tout est engagement, le plus vertueux qui soit selon ses moyens propre, au contraire de végéter et entretenir son malheur ordinaire. Je crois que c'est là toute la magie de Nietzsche, de pousser à l'action en se rendant compte qu'on avait juste les pieds emmêlés, et qu'il suffisait de faire un pas puis un autre pour avancer.
Quand on sort de l'adolescence ça peut aider à s'y retrouver, avant de "se surmonter", dixit Zarathoustra :)
 
Retour
Haut