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Narcissisme 4 - Les affects narcissiques, de l'extase à l'indignation

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LES AFFECTS NARCISSIQUES


Les affects du narcissisme heureux se retrouvent dans une certaine satisfaction de soi-même, dans un sentiment d’intégrité et de dignité, de maîtrise et de possession de soi. Les affects du narcissisme malheureux sont marqués par une fausse satisfaction de soi-même, souvent excessive en prenant des attitudes prétentieuses de suffisance, d’arrogance.

Les points de focalisation du narcissisme

Tout peut être objet de fierté : fierté de son métier, de son art, de la beauté de son ou sa partenaire, de sa collection d’art contemporain, de sa petite ou grosse voiture, de ses performances intellectuelles ou sportives, de ses principes moraux, etc. A partir de là, on traitera des personnalités narcissiques, donc des individus exprimant leur narcissisme par une toute puissance de la pensée, qui affirme les pouvoirs du moi, de leur ego, et s’avère être une érotisation de la pensée. L’expression de leur narcissisme, de leur volonté à être, se fait aussi par l’attirance de la toute-puissance du langage à maîtriser le monde (dimension intellectuelle). Ce n’est pas par hasard si le livre sacré par excellence commence en disant qu’au commencement était le verbe. Le narcisse est un être orgueilleux qui se pense unique, incarné dans son image, dans le reflet de ses apparences, et qui ne rechigne nullement à être tête de turc, même s’il se sent d’une fragilité totale.

Un amoureux insatisfait

Le narcissisme aime. Il n’est pas incapable d’amour comme on le répète souvent. En fait il est insatisfait, d’abord et avant tout. L’insatisfaction vient paradoxalement de ce que les satisfactions reçues libèrent l’individu du désir. Or, c’est insupportable puisque le désir ne peut être que total (Narcisse veut tout ou rien, ici on retrouve la dimension morale du narcissisme, lorsque l’individu préfère renoncer à prendre un seul gâteau, s’il ne peut pas avoir le paquet tout entier comme il le désire). Il y a là une dimension lié aux idéaux de narcisse, il désire un objet absolu parce qu’idéalisé, et comme tout objet absolu ne se prend que dans son ensemble, dans sa totalité, narcisse se contente de l’idéaliser sans jamais réussir à le saisir, afin de l’unifier (disons que narcisse cherche à recoller les morceaux dans sa tête, et qu’atteindre cet objet idéal serait son ultime libération, son ultime jouissance). Ce désir est l’essence de son être, la source de ses illusions et de ses espérances, de ses motivations et ambitions. Ainsi narcisse est exposé à la frustration éternelle, parce qu’il n’atteindra jamais cet idéal absolu, qui n’existe que dans ses rêveries.

L’ascétisme en liens avec les idéaux, est une forme du narcissisme.

« L’ascétisme est serf de l’idéal » en effet. L’idéal ne vise qu’à reconstituer la fameuse unité perdue. Le narcissisme moral, quant à lui, qui prend les formes du messianisme politique par exemple, ou de l’idéalisation collective, correspond parfaitement à ces nécessités narcissiques d’exaltation et de sacrifice. Le tout ou rien, l’expansion et le retrait, tels sont les symptômes de l’agir narcissique. Le narcissisme est « toujours en dette envers l’idéal du moi », lorsque l’individu doit atteindre cet idéal en lui, pour se sentir fier de sa personne. En attendant d’atteindre cet idéal, en devenant qui il est, ne se sent pas coupable, mais son sentiment caché est la honte. Et sa honte ne se partage pas, d’où le fait de la masquer derrière des apparences.

Chers symptômes et nœuds narcissiques

La plupart des symptômes, fussent-ils gênants (traits de caractère égotiques, perversions, croyances) jouent un rôle de verrou par rapport à une déroute narcissique possible. Ainsi le narcissisme peut s’appuyer sur des forfaits ou des non-réussites, ou sur le refus de toute activité réaliste. Le personnage d’Oblomov, dans le roman de Gontcharov, s’installe dans une forme de vie d’allure infantile, ne fait rien de ses journées, refuse l’amour d’une jeune fille aimante, ne quitte guère son lit et se fait dorloter par une femme qui lui fait des petits plats : son narcissisme s’appuie sur un anti-idéal. Des choix ou des particularités personnelles qui ne sont pas considérés comme enviables peuvent constituer le cœur même du narcissisme : « J’aime l’horreur d’être vierge… » énonce l’Hérodiade de Mallarmé. On peut être fier d’activités délinquantes : le sujet ne dit pas « je suis un harceleur sexuel » mais « je suis un libertin ». Un autre, fièrement lui aussi : « je tiens bien l’alcool ». L’étrangeté des influences du narcissisme offre la capacité à supporter de façon masochiste des situations insupportables, par exemple de peser cent vingt kilos, et en être fier.

Comme toujours entre le normal et le pathologique, ou plutôt entre l’heureux et le malheureux, entre le dynamique et le statique, tout est affaire de degré. Il est impossible de détailler tous les registres dont le narcissisme peut s’emparer ; nous évoquerons seulement des éléments qui se manifestent dans le domaine sentimental, moral, social et le registre corporel.


L’EXPRESSION NARCISSIQUE DES SENTIMENTS

L’exaltation

L’individu ressent un sentiment de plénitude, une puissance noble, jouissive et omnipotente. Il a l’impression d’avoir un pouvoir décuplé, une toute-puissance sans limites. Intense ou plus mesurée, l’exaltation est l’affect narcissique positif par excellence et correspond à l’expérience d’une extension du moi. Mais le sentiment d’exaltation peut prendre des formes plus discrètes et finalement accompagner tout gain dans le domaine du narcissisme : toute perception d’un progrès du Moi s’accompagne de quelque chose qui s’apparente à cet affect plaisant.

La joie

La joie apparaît par exemple lors d’expériences de satisfaction ayant une certaine plénitude, ou lors de retrouvailles avec une personne aimée, lesquelles raniment un domaine du moi qui restait en sommeil, d’où un sentiment d’extension de celui-ci. Mais la reviviscence d’un objet interne enseveli (comme un souvenir ou un sentiment), rétabli dans sa fonction par une parole, une lettre, une phrase musicale, un livre, une pensé, peut s’accompagner de cette forme d’exaltation qu’est la joie. La joie pourrait être considérée comme l’affect correspondant à l’expérience d’une satisfaction pulsionnelle, laquelle étend le Moi, en correspondance avec un objet.

Le triomphe

Il s’agit de jubilation, et non de joie. Qu’il soit modeste ou éclatant, le triomphe résulte d’une emprise réussie sur un objet difficile à atteindre et conquis malgré lui, satisfaction narcissique liée à l’emprise victorieuse plus que satisfaction liée à un partage amoureux : « Je suis le plus fort » plutôt que « J’aime et je suis aimé ». Ce sentiment est proche de celui de l’exaltation.

Le sentiment océanique

Cette forme particulière d’exaltation est une sensation de planer en osmose avec son environnement, comme le fait simple et direct de la sensation de l’éternel. Ce sentiment religieux constitue une forme d’exaltation particulière dans laquelle le moi s’étend à la foule, à l’humanité, à la nature, à l’univers entier, à Dieu…

L’affirmation d’invulnérabilité

Il est une forme d’affirmation narcissique d’invulnérabilité que l’on voit à l’œuvre dans le registre phobique. La peur déclenchée par certaines situations, éventuellement potentiellement dangereuses – la conduite automobile par exemple – est niée et s’inverse par l’instauration d’un sentiment de toute-puissance qui conduit à des prises de risques parfois considérables. Cette inversion sous-tend ce qu’il est convenu d’appeler les conduites contraphobiques. Le sentiment d’exaltation qui accompagne cette affirmation de toute-puissance est souvent frappant… Freud illustre cette attitude par le leitmotiv : « Y peut rien t’arriver… », caractéristique de la « défense narcissique » organisée contre le sentiment de peur et d’impuissance de la phobie.

La dépersonnalisation

L’atteinte du narcissisme menace de désorganisation le fonctionnement psychique tel qu’il s’était équilibré jusque-là, ou, au-delà de la menace, produit un état plus ou moins marqué de dépersonnalisation au cours duquel le sujet éprouve une impression de gêne, d’étrangeté, ne se reconnaît plus tout à fait lui-même. Cet état peut être provoqué par tout changement conséquent (bon comme mauvais) dans la perception de soi-même. L’étudiant qui voit son nom sur la liste des candidats reçus à un concours important éprouve un sentiment étrange, il n’en croit pas ses yeux, se fait confirmer sa lecture. Tout heureux que soit ce changement, il atteint le narcissisme, dans une désorganisation fut-elle minime. La perception d’un accomplissement personnel est un état de dépersonnalisation modéré, et toute exaltation, extension et donc changement du moi, comporte une part de dépersonnalisation. S’il s’agit d’une impression de changement négatif, tout échec vécu comme une perte ou comme une humiliation, constituera une blessure narcissique, une sorte d’état traumatique, qui menace le psychisme dans son unité. Un aspect très particulier de ces moments de dépersonnalisation et d’angoisse peut être lié à l’établissement d’un état amoureux qui vient bousculer l’équilibre narcissique antécédent (comme se mettre en couple quand on était habitué au célibat).

Le vécu dépressif

Tout échec, toute humiliation subie par un individu est vécue comme une perte de substance qui l’atteint, et compromet chez lui le sentiment de son propre pouvoir, ce qui vient rendre dérisoire toute idée exaltante et joyeuse d’omnipotence. L’individu en éprouve un sentiment de restriction du moi, d’infériorité ou d’inexistence dans un manque à être. Cet affect de restriction du moi constitue un premier degré du vécu dépressif. La dépression, dont on a pu dire qu’elle était d’abord « dépression d’infériorité » est côtoyée trop souvent par les personnalités narcissiques. Faute de pouvoir entamer une forme de travail de deuil qui permet au sujet de se détacher de ce qui a été perdu et de combler la perte, le sujet va tout miser sur ce qui lui reste, sur l’ombre de ce qu’il a perdu (en se focalisant sur son désarroi et ses insatisfactions). Mais ce surinvestissement statique devient douloureux et vide le moi de son énergie, de sa libido, ce qui le restreint aux dimensions de la zone douloureuse. Certaines de ces ombres ou de ces reliques viennent hanter le corps même du sujet, soit sur un mode mineur, le sentiment d’un poids sur les épaules, soit en induisant un état hypocondriaque : d’où la conviction « d’avoir quelque chose », d’être malade.

Dans ses formes les plus lourdes, la dépression prend la forme de ce que la psychiatrie désigne comme « la mélancolie » ; les patients pris dans une telle situation psychique souffrent violemment, écrasés d’une douleur morale permanente, ils se sentent inférieurs, réduits à rien, sans valeur aucune, indignes ; ils sont habités par la honte, et ne pensent qu’à disparaître et risquent de tenter de se suicider (ce sentiment d’indignité est typique de la souffrance narcissique du sujet déprimé). Lorsque la mélancolie vire à l’état maniaque, l’affect de restriction du moi s’inverse en exaltation débordante et le sentiment d’infériorité en état de supériorité absolue. À ce moment-là, la représentation de l’objet devant laquelle le sujet se mortifiait, se prosternait comme devant une puissance tutélaire, devant son idéal, est assimilée au moi, rapatriant sur celui-ci la charge libidinale qui lui était consacrée. « Il se crée toujours un sentiment de triomphe quand quelque chose dans le moi coïncide avec l’idéal du moi », dit Freud en évoquant la manie : chez le maniaque moi et idéal du moi ont conflué, on assiste au retour en force de l’exaltation.


EN LIEN AVEC LA MORALE

L’honneur

Principe moral d'action qui porte une personne à avoir une conduite conforme à une norme sociale, et qui lui permette de jouir de l'estime d'autrui, et de garder le droit à sa dignité morale. Engagement, promesse auquel on ne peut manquer sans se déshonorer. Marque de respect, d'estime; manifestation extérieure qui rend témoignage de la considération, de l'admiration qu'on porte à une personne; privilège accordé à quelqu'un pour le distinguer.
La fierté de soi peut prendre une dimension morale, celle de l’honneur. L’honneur est une valeur narcissique par excellence. Comme la dignité, l’honneur est un bien précieux ; la notion implique un accord entre soi-même et le groupe social auquel on appartient, c’est une notion qui articule narcissisme et besoin de reconnaissance. L’honneur a des exigences considérables si l’on en juge par l’existence des duels d’autrefois, des « crimes d’honneur » d’aujourd’hui et du risque de suicide chez les personnes qui se sentent déshonorées.

La honte et la culpabilité

L’état de désorganisation lié à l’atteinte du narcissisme produit des affects différents selon son intensité et selon la façon dont le sujet la combat. Un exemple souvent donné par les psychanalystes est celui de la honte d’Ajax dans la pièce de Sophocle, honte qui le conduit au suicide. Ajax est d’un orgueil superbe qui en fait un exemple canonique de personnalité narcissique. C’est le triomphe ou la mort…parce que si la honte est intime, elle se lave en publique. À l’inverse la culpabilité est plus facilement relative, mesurée, c’est une partie du psychisme qui encoure les reproches de la part d’une autre, le conflit se déroule entre des instances, entre le moi et le surmoi, garant des exigences morales.

La rage narcissique

La rage narcissique est le pendant agressif de la honte, visant à rétablir dans son intégrité l’omnipotence entamée. L’angoisse de castration correspond à une menace, la blessure narcissique est vécue comme s’il y avait castration accomplie. Le capitaine Achab dans Moby Dick, poursuit implacablement la baleine blanche qui lui a pris sa jambe, c'est-à-dire une partie de lui-même. Il est des humiliations, des pertes, des rejets de la part de personnes très significatives, qui sont vécus comme des amputations d’une partie de soi-même ; ce qui vous a été retiré était nécessaire à votre complétude ; et celui qui vous a infligé cette perte doit être impitoyablement châtié, réduit en cendres. La rage narcissique est sous-tendue par une idée de vengeance, une soif de vengeance déclenchée par un tort réellement causé, ou simplement par une atteinte au narcissisme : se sentir méprisé, tourné en ridicule, subir un revers public ; toute situation pourvu qu’elle soit vécue de cette façon peut déclencher une fureur vengeresse.

Des épisodes de rage narcissique peuvent survenir dans différentes circonstances psychologiques, mais elles ne surviennent pas ex nihilo. Ils apparaissent nécessairement sur fond de souffrance narcissique, par exemple chez un homme qui a du mal à avoir confiance en lui malgré ses incontestables compétences professionnelles, facilement déprimé, qui a du mal à penser qu’il sera écouté s’il prend la parole en public et qui, de ce fait, restreint ses contacts sociaux, supportant mal le regard des autres qu’il anticipe toujours comme critique ou méprisant. Lorsqu’un tel sujet se sent négligé ou bafoué par une épouse ou une compagne sur laquelle il compte beaucoup – qu’il y ait matière à penser qu’il y a eu mépris ou non –, il peut entrer dans des états de rage très pénibles au cours desquels il peut perdre le contrôle de lui-même, casser tout chez lui et parfois maltraiter physiquement sa compagne. Il se justifiera, accusant son amie d’être la cause de ses accès de colère, et il détaillera les incidents où le comportement méprisant de sa femme qui aurait été manifeste, refusant d’admettre que c’est sa propre susceptibilité qui est en cause, et que sa réaction est de toute façon disproportionnée à ce qu’il a considéré comme un incident. S’il perçoit que c’est sa vulnérabilité qui est en cause, il éprouve une blessure narcissique de plus à se constater incapable de se contrôler. Il éprouve alors de la honte, et douloureusement…

Cependant dans la plupart des cas, la rage narcissique ne débouche pas sur un passage à l’acte, sur un comportement moteur, mais se borne à des expressions caractérielles, scènes, « coups de gueule », propos injustes, méprisants, acrimonieux ou violents et injurieux. Kohut en a même décrit une forme permanente, la rage narcissique chronique qui s’exprime dans une attitude constamment agressive, revendicative, harcelante, méprisante envers tous et contre tout, ne désarmant pas, sorte de guérilla permanente, préventive de toute éventualité de blessure. Il s’agit de ces gens toujours sur la défensive, qui pensent en devançant. La perception de cette vulnérabilité et des états de rage incontrôlables et pénibles auxquels elle conduit peut amener le sujet à des manœuvres qui visent à l’en protéger : conduites d’évitement relationnel, usages de toxiques comme l’alcool et autres stupéfiants. Certaines addictions sont ainsi déterminées par une rage narcissique potentielle dont le sujet cherche à se protéger.

L’indignation

Le sentiment d’indignation, au plan personnel, est soulevé par l’impression d’avoir été trahi, par le sentiment qu’une atteinte à sa propre dignité, autant dire à son narcissisme, a été commise. « Me faire cela, à moi ! » est le cri de l’indignation personnelle. C’est la forme civilisée de la rage narcissique, à moins que l’on ne définisse la rage narcissique comme le summum de l’indignation. Tout ce qui est vécu comme atteinte personnelle peut soulever de l’indignation, par exemple la mauvaise foi d’un argument, ou le fait d’être déjoué : « Le menteur à qui l’on retire son masque ressent la même indignation que si on le défigurait ». Mais cette atteinte à notre dignité peut être indirecte, liée au monde social. Ainsi selon Stendhal : « L’indignation est le déplaisir que nous cause l’idée du succès de celui que nous en jugeons indigne ». D’une façon moins égotiste, on peut se sentir touché dans sa dignité du fait d’une atteinte portée à un groupe social dont on fait partie, ou à des idéaux dans lesquels on se reconnaît.


EN LIEN AVEC LE SOCIAL - L’APPARENCE VISUELLE ET CORPORELLE, L’APPARTENANCE A UN GROUPE

Le corps et le narcissisme

L’investissement narcissique de l’apparence corporelle par exemple couvre un champ qui va du souci ordinaire de conserver un état de santé convenable, du souci de sa « ligne » et d’être convenablement vêtu, au body-building, au surinvestissement de la performance sportive et, dans un registre plus particulier, à toutes les formes de dysmorphophobies touchant le nez, les lèvres, les fesses, les seins, et pouvant conduire à des interventions de chirurgie esthétique itératives, jusqu’au registre de l’anorexie mentale avec sa menace sur la survie physique de l’individu. L’idée d’un excès de poids est érigée en maxime fondamentale et devient le cœur du système psychique qui vise à éteindre toute émotion et toute sexualité. Dans cette forme de narcissisme extinctif le sujet fait jouer le corps contre l’esprit, inversant à ses risques et périls, la formule de Tocqueville : « C’est l’âme qui apprend au corps l’art de se satisfaire. On ne peut négliger l’une jusqu’à un certain point, sans diminuer les moyens de satisfaire l’autre ». Il faut bien comprendre que le problème du narcissisme, c’est le corps, parce que le corps ne ment pas. Il y a aussi le fait que le corps porte les apparences, et que narcisse est très attaché à son image, à son esthétique.

Le dandysme

L’extrême coquetterie vestimentaire, l’investissement démesuré de la mode, du paraître, peut aller jusqu’au dandysme qui cherche à éviter tout risque affectif, toute possibilité d’orage émotionnel intérieur en créant de toutes pièces un personnage artificiel fondé sur l’apparence. C’est la vie psychique qu’il faut éteindre. Pour Brummel, exemple canonique du dandy, « Quotidiennement se rejoue pour lui le processus de chosification de son personnage. (…) dans la froideur il travaille à se rigidifier, s’amidonner, se pétrifier, se dévitaliser lui-même, se chosifier. (…) Dans le décor feutré et charmant de son appartement, le reflet du miroir lui renvoie l’image satisfaisante de l’artefact neutre qu’il peut lancer par le monde (…) et qu’il s’emploie à priver du sentiment, à vider de l’émotion. ». Forme étrange de narcissisme mis au service de la poursuite de l’extinction de tout monde interne, tout est misé sur les apparences dans un parfait et idéal conformisme vestimentaire, selon une mode ou une tendance particulière. Faut-il considérer les modes adolescentes excessives, « gothiques », les coiffures extravagantes, la surabondance de piercings ou de tatouages comme des formes actuelles du dandysme ? En tout cas il y a là une dynamique narcissique, de changer ses apparences jugées insatisfaisantes.

Le narcissisme social

Si faire partie d’un groupe social où il trouve sa place est de toute façon précieux pour le narcissisme de tout individu, certains sujets ne trouvent leur équilibre narcissique que par l’appartenance à un groupe. L’adhésion, voire l’abandon à l’idéal du moi commun de ce groupe, se substitue au surmoi individuel dont la pression s’amoindrit. La cohésion du moi se trouve assurée par la soumission aux normes du groupe. Dans le champ social, on rencontre fréquemment une forme particulière d’investissement narcissique, heureux ou pathétique, qui dépasse ce que nous venons de signaler : la valeur du sujet à ses propres yeux est essentiellement assurée par ses relations sociales, pourvu qu’elles soient considérées comme valorisantes, soit par leur nombre soit – surtout – par la notoriété, voire la célébrité des personnes rencontrées. On s’estime positivement si l’on estime positivement ses fréquentations. Certaines personnes pratiquent le name dropping, égrenant dans la conversation les noms des personnes importantes qu’elles connaissent, pour se faire valoir « j’ai serré la main du président de la République… », « et alors, qu’est-ce qu’on s’en fout… ».

Ainsi toute perte dans le carnet d’adresse est mal vécue, perçue comme une amputation. Ainsi faire partie d’un groupe ou sous-groupe social peut avoir une valeur véritablement vitale pour l’estime de soi. Appartenir à un tel cénacle peut constituer un soutien incomparable au narcissisme des fidèles – c’est ce qui se passe dans une secte –, en être évincé et perdre son Credo, peut constituer une blessure narcissique considérable. Et que dire des groupes d’adolescents qui communient dans une foi de même nature, qu’il s’agisse de rap, de sport ou de politique ? Être exclu de sa bande d’adolescents devrait être simplement triste, mais c’est bien souvent dramatique, voire tragique, selon l’importance du soutien narcissique que l’adolescent en question y trouvait.
L’engagement dans des activités humanitaires ou politiques, dans des idéologies diverses peut devenir si totalement nécessaire à l’équilibre de l’individu que celui-ci en arrive à perdre tout intérêt pour d’autres champs, à s’y enfermer et délaisser les relations affectives personnelles : « Le danger avec les amateurs de causes éternelles c’est qu’ils n’en voient pas d’autres. ». La nosographie psychiatrique d’autrefois les désignait comme des « idéalistes passionnés ».
 
Tout le monde est narcissique.

Le paradoxe, c'est que c'est ceux ou on trouve une faille narcissique qui obtiennent le diagnostique : la "case" suggererais un symptome positif, alors qu'il y a bien un manque par rapport à la normalité. Je vois ca comme une brulure : de base, on a tout nos reve, et la blessure narcissique fait que certain disparraisse, d'autre font plus mal et il y aura plus d'investissement emotionnel dessus (je laisse faire le rapport aux objets comme tu fais si bien). Apres il y a différente façon d'être narcissique. En tout cas la "case" psychologique est largement mal trouvé. Il s'agit plus de la depression d'une certaine forme d'être.


Au sens social, le narcissique, c'est le mec superieur a toi qui a trouvé moyen de se servir de toi, sa bonté réside dans le fait de comment il se sert de toi (toujours rien a voir avec le narcissisme, c'est juste normal). Au sens école de commerce, le narcissique, c'est le mec qui bosse pas pour moi

La seule chose qui m'intrigue dans tout ces posts, c'est, tu lutte contre quoi comme connaissance.

Je lis vraiment ton texte, la, en gros tout le monde est narcissique, ca ce voit surtout quand tu parle de l'apparence physique.

Bref, mon diagnostique : freudisme aigue. Se pense malade et va rendre par la meme la planete entiere malade. Solution : puiser dans la capacité a inventer des cas pour ecrire des livres, des vrais, et pas de la pseudoscience. N'oublions pas qu'a cause de personnage comme freud, on se retrouve maintenant avec une lignée de psy ayant plus l'apparence d'astrologue doublé d'une soumissionnite aigue que de scientifique, dont on aurai réellement besoin à cet époque ci pour démeler le bordel psychologique généralisé.
 
Je lutte contre la connaissance approximative et généraliste.

Je lutte pour la connaissance précise et nuancée.

L'idée de départ était de comprendre qui était les personnalités narcissiques (le but de cet article http://www.psychonaut.fr/thread-31060.html), puis ce qu'était le narcissisme (les cinq articles de la série présente), et ensuite d'arriver à trouver des voies d'accès vers la matrice, vers le Tout recherché par les psychonauts (les articles et le Tr à venir).

Au fil des articles j'ai compris que tout était interconnecté, et que le liant de tout ça était le narcissisme et ses multiples dimensions.
 
Je viens d'édit

Je ne crois pas a un "type de personne" narcissique mais à plusieur. Le depressif pourrait être aussi une forme de narcissisme.

Moi je ne me base pas sur moi ni mon raisonnement pour le coup, mais sur les typologie de la personnalité (la vérité du moment quoi) + le rapport reve/objet dont je suis concerné aussi. Quelque fois la connaissance n'a pas a etre plus que généraliste.


Si tu enleve la problematique du "will power", si tu ajoute "prendre au serieux sa conscience", un narcissique se transforme en déprimé. La case elle meme est mal faite.

edit :
Le personnage proche d'Oblomov c'est un valet non ? c'est pas une damme je crois.

en vérité j'ai bien aimé ton txt ^^ bien fouillé, cependant jpense que tu n'y es pas encore a distinguer le narcissisme normal du pathologique.
 
J'ai pas tout compris, mais effectivement la dépression est un affect narcissique.

Je ne partage pas ton point de vue sur Freud, parce que notre société pro-scientifique est pro-narcissique, dans le sens où les institutions masturbent les orgueils et les egos de chacun en faisant en sorte que les gens se sentent insatisfaits, mis en concurrence les uns les autres, c'est à dire que leur estime de soi soit merdique...mais tkt que les commerciaux ont de quoi les réconforter avec des biens dont ils n'ont pas besoin.

Les dominants écraseront les dominés, qui feront une dépression, et alors il y a aura des winners et des loosers comme on le dit dans le monde magique de Trump. Bref je ne pense pas que la vanité scientifique actuelle aidera les individus à être plus empathiques et altruistes, mais plutôt que les neurosciences vont délégitimer tout travail en lien avec la métaphysique. La philosophie et la psychanalyse (et ses multiples et différentes branches) n'auront alors plus rien à apporter à des gens obnubilés par leur nombril, ces gens qui ne pensent qu'à se développer afin d'être un winner. C'est surement ça que tu appelles le will power, ça divise les individus, et si à la base tu voulais juste être gentil, tu te fais ken à coup sur...#mondedeconnard
 
Non basiquement je dis la meme chose que toi sur les winner, loser, ect. Il faut juste refuser et trouver sa place, Now c'est la société qui raque si elle est pas capable de maintenir ses individus dans un état convenable. Ce connard de Macron qui dit "si je serais au chomage, déja, je ne me reposerai pas sur les autres". Et ceux qui se reposent sur les autres ? Et ceux qui sont au chomage ? Ce qui serais pas mal c'est que t'admette completement ta place de leader et que tu commence à donne au autre au lieu de rester dans un mental gamin et demonstratif, ok ? Je veux dire, on est loin d'un Nelson Mandela (si je cherche trop loin les comparaisons, souvenez vous qu'il parle d'un gouvernement jupiterien, de maniere extremement humble)... T'es le meilleur, president de la France entiere, si tu fais encore ton pas serieux et ton blabla pseudo philosophe a ta place c'est quoi, c'est que tu voudrais être président des USA en plus ? T'es sur que c est pas juste une sucette que tu veux ? Il y a encore pire que le mec pas empathique, c'est le mec qui fait semblant d'y etre, qui extrapole son cas en se protegeant avec des "tout le monde est parreil". Il faut qu'il fasse gaffe Macron, il est toujours a 2 pas de ressembler un thug du 54 rue Pasteur.
Je vais pas attendre 60 ans qu'ils admettent qu'il y a des limite, que tout le monde n'est pas pareil, ect. Se serer la ceinture, on fait que ca, de plus on voit déja que le taf salarié tel qu'il est n'est pas la solution en période de non crise, alors relativiser en période de crise quand on a que ca comme vision, je lol. Puis on nous abreuve avec de possible névrose, winner, loser, exclue, fort, faible,, je dis stop. Je suis le loser. Celui en bas des fiche de paye, pour qui tu RAQUE lol, pendant que moi jmamuse et que je me fais des potes (ou plutot maintenant je vais vers mes buts, quelqu'il soit, tant pis si c'est du narcissisme ou quoi que ce soit).
Faut arrêter maintenant, on va dans une logique de plus en plus esclavagiste, il n'y a qu'a voir les bulletins concernant le management qui ne veulent jamais admettre le principale, un semblant de vie, un semblant de relation interpersonnelle, et ou l'idéal deviens de plus en plus clairement un monde d'esclave ou il y a 15% des esclave un peu plus haut que les autres qui tire les ficelle, pendant que le but quasi avoué des dirigeant est de choper la vie voulu par les esclaves tout en continuant a rester au dessus et ne valant donc finalement pas mieux. Stop. On peut avoir la bonne vie plus facilement, suffit de vouloir moins. Pour faire de la zik et avoir des amis j'ai pas besoin d'un salaire et surtout pas de bosser 24/24 (bizarrement tout mes potes me lache quand je taff vu comment je deviens, sans parler de la perte d’intérêt pour les choses intéressante). Pour le narcissique, c'est trop tard, il est arrivé a s'admettre que les choses inintéressantes sont les choses intéressante, tu peux plus rien faire.
On ne peut plus se battre, maintenant on se sert de la société comme on peux. L'argent tombe. Vivre dans la rue deviens plus aisé que vivre en tentant des relativisation permanente sur l'avenir de ses actions (dans la rue, t'a l'amour et la drogue - testé et approuvé - société/travail t'a juste la drogue). Alors non je ne choisi pas la rue, maintenant jme démerde pour que la société paye pour moi. Dans une situation ou pas d'avenir, ca ce passe comme ca. Maintenir des morale ? On nous a appris que les valeurs morale n'avais pas de valeurs. <--- ca c'est une démonstration de narcissisme typique dans le cadre du mec en école de commerce pour qui je ne bosse pas. Rien a foutre. Le mec en école de commerce, tout ce qu'il a pour lui dans le fond, c'est d'être depressif et de trouver la vie merdique, il va niquer la vie de 9849284293 personne et va écrire un super livre pour avouer a la fin que le fond est nettement depressif, livre qui sera lu par 483482903820983 mec atteind du syndrome de stockholm.

Haha ! ca fait du bien. Non rassurez vous, je bosse lol.

Le will power j'en parle dans le sens en gros de la capacité à mettre en oeuvre les actions pour aller vers ses buts (probleme typique depressif). Ce n'est pas ce qui divise les gens, ce qui divise c'est si les but font actuellement du mal aux autre/ecrase les autres ou non.


Le point sur freud tout de meme : freud en gros c'est un mec qui a rendu visible des connaissances éparses. Pour ça c'est plutot bien. Le principal probleme reside dans la mise en congé maladie de plusieurs comportement normaux comme la projection (emotionnelle, sensible, spirituelle - bizarrement c'est la projection emotionnelle qui est resté comme maladive, alors que le but est justement qu'elle soit la meilleur possible, la elle devient presque invisible chez les gens l'utilisant bien. Ce qu'il fallait vraiment faire pour soigner les gens c'était les aider pour ça justement), le perfectionnisme, on pourrait presque dire la volonté dans certain cas.
Bon, on peut défendre freud en disant que c'est ce qu'on en a fait socialement qui pose problème. Par contre, une autre chose sociale qui est arrivé, c'est que freud était un narcissique enabler (en gros un sensible qui avait des problème), et que maintenant, la profession se retrouve parasité par des tonnes de mec tous plus pervers les un que les autres, a qui la médication est presque devenu un outil de punition (l'exemple est plus flagrant au USA). Les dégats causé, typiquement tu regarde le forum docti "antidepresseurs", t'a pas une page ou il n'y a pas un voir plusieurs report d'effet secondaire permanent, avec son lot associé de neurologue/psychiatre pour qui la seule réponse est d'augmenter les doses. Heureusement, la psychologie a trouvé la parade bien avant l'arrivé du probleme, ou plutot à renforcé une forme de comportement docile de non-accusation : les gens interprete d'eux meme leurs probleme issue de la médication comme due a autre chose que les anti depresseur - la psychologie offre une variété impressionnante d’interprétation qui serve de manière ultime a dire que ce que tu vie n'est pas ce que tu vie, ce que tu ressent n'est pas ce que tu ressent (a partir de la facile de comprendre pourquoi maintenant on se retrouve avec une blinde de narcissique extraverti et franc dans la profession, le freudisme à donné toute les cartes du jeux).

Je ne suis pas du parti "tout scientifique" non plus, mais pour la médication, on a besoin de la science pour arrêter le massacre. De toute façon ça commence déja, apres 2007-2008 il commence a y avoir de plus en plus d'article qui disent que la raison qui fait qu'on est passé de 15% de chronicisation dans la depression à 60% c'est les AD, que les AD a terme finisse par donner une depression resistante caractéristique meme sous traitement, que le succes des AD est peut être uniquement due a l'apathie qu'il provoque, que les modification au niveau neuronal ne sont pas voulu contrairement à ce qu'on pensait, que la théorie serotoninergie peut être démonté par des eleves de CP. J'espere qu'on va finir par découvrir une forme d'insulte neurologique correspondant à chacun des variant existant au niveau personnalité (les introverti sensible perde leurs sensibilité, les introverti logique devienne narcissique et partent n'importe ou (le plus souvent dans les drogues ou les compléments alimentaires), les extraverti sensoriel devienne amorphe, ect).... Je me fous de savoir si c'est vrai, de toute façon c'est surement multifactoriel, tout ce qui m'importe c'est que ca commence a descendre du nuage "tout médication". Si il leurs faut des autorité plus haute qu'eux pour leurs faire comprendre, bah on va passer par la.

plouf lol
 
Je te rejoins sur l'infâme politique de Macron, et de ses prédécesseurs, parce qu'il ne fait qu'appliquer une logique néo libérale mise en place depuis une quarantaine d'année. Je suis moi-même en bas de l'échelle sociale, et je vois bien qu'il y a quelques genoux et quelques dents qui devraient fracturés pour changer quelques décisions venant de mec déconnecter de la réalité du plus grand nombre.

Pour Freud, c'est clair qu'on peut l'accuser d'avoir imposer sa vision scientifique de la psychologie, au détriment de la spiritualité. Si Jung avait prit le devant, je ne sais pas dans quelle société on vivrait, mais elle serait bien différente...Pour les AD, un jour on fera le procès des psychiatres et des labos pharmaceutiques lol, ils payeront pour tout le mal qu'il sont fait, en croyant bien faire...le narcissique moral croit toujours bien faire, il sait mieux que les autres ce qui est bon pour eux...
 
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