Comme quoi il faut un début à tout.
Nan, j'crois pas en fait. C'est pas que je considère tous les psys comme des connards, loin de là, et je pense que l'HP peut être bénéfique, dans certains cas précis. Je pense seulement que les psys de garde se font chier à être de garde, et qu'ils débitent leur savoir comme on récite une poésie apprise par coeur.
Bref, je livre ici ma propre expérience, c'était il y a à peu de près deux mois. J'ai écrit ça juste après, pour me rappeler, toujours, pour exorciser le truc aussi.
Bon, c'est brut de décroffrage hein , comme d'hab !
Décidemment, elle avait du répondant, d’la ressource cachée, la dame ! Comme une pensée fulgurante, le mot INCASSABLE s’était inscrit symboliquement sur le mur blanc.
-« ah, mais oui bien-sûr, j’avais oublié »
Elle revisionnait le film de ces 4 derniers jours : « ouah, j’ai enchainé tout ça à la suite ? » se demandait-elle. Deux jours à aller au plus profond du noir, et coucher sur le papier son histoire, le couac à l’origine de son mal-être chronique. Une nuit à profiter de sa chère md, entre autres sucreries, comme un médicament post-benzo (le monde à l’envers, en somme). A tchater avec un jeune perché - quelle aubaine tombée du ciel ces psychonautes, mon Dieu !
Une dernière nuit, enfin, dans l’univers des dingos.
En toute fin d’après-midi, elle s’était préparée, sans hâte, mais avec l’intime conviction qu’elle n’aurait pas le choix, personne ce soir vers qui se tourner pour stopper ce besoin de s’enfiler ses médocs. 22h30. Perdue, dans le brouillard des médicaments, perdue, dans le RER, perdue, pour trouver St-Anne. La découvrant au bord des larmes, une infirmière lui indique le chemin. Elle entre. Salle d’attente déserte. A peine le temps d’écraser son mégot, qu’elle est reçue par l’infirmier de garde, le seul qui l’écoutera avec bienveillance et sans jugement durant ces longues heures.
« Mais déjà voici l’entretien avec le psychiatre de St-Anne, un gros black très archaïque : le seul truc qu’il retient, c’est que j’ai pris de la md il y a deux jours : mais vous vous procurez où cette mdda (!). Malgré le côté dramatique de ma situation, hein, quand même, quelqu’un qui demande à se faire interner, je n’ai pas pu me retenir de lui sourire, en disant simplement : « monsieeeeeur …….. »
Je lui raconte mon périple de ces dernières semaines jusqu’à mon appel au secours de cette nuit ; il me rétorque discours moralisateur et clinique spécialisée.
- Mais alors vous aussi vous refusez de me protéger, Monsieur ?
J’oubliais, au cours de l’entretien : le gros film.
A force de perlouser discrètement dans son bureau, (ouais, je sais, très poétique), j’ai fini par me dire que si ça se trouve, j’avais chié dans mon benne, avec tous ces médocs ingurgités avec de l'alcool, un truc du genre, ça m’a dilaté grave le sphincter et je m’en rends pas compte. Le psy a du se demander si c’était pas un TOC, à force de tirer sur mon pull pour cacher mon cul…
On me demande d’attendre, et je m’écroule doucement sur l’espèce de paillasse qu’on a laissé à ma disposition : ahhhh, la magie des benzos alcoolisés…
A 2h30 du mat, c’était plié : on m’embarque vers l’inconnu, direction l’HP de mon secteur. C’est quand je vois tous les sas qu’il faut que je traverse pour arriver jusqu’à ma chambre, que je réalise enfin ce qu’il se passe : je vais être internée en hôpital psychiatrique.
Surprise : on te détaille entièrement ton sac, petites culottes comprises pour faire l’inventaire, on te pique tes clopes, TOUTES tes clopes ! Même l’e-clope est interdite. Et cerise sur le gâteau : ton portable. C’est là que j’ai commencé à sentir la moutarde me monter au nez : ah non, pas le portable ! Ou je me tire tout de suite.
2[SUP]e[/SUP] psy, une femme cette fois. Je décide de la surnommer aussitôt Mme Voilà. Elle ne cesse de ponctuer ses fins de phrases, par voilà, avec sa bouche en cul de poule. Voilà. Voilà voilà… Comme si j’étais une gourde ! Boufonne, va ! Elle a pas aimé je crois quand je lui ai sorti que si elle considérait que fumer 2/3 pètes par semaine, c’était être dépendant du cannabis, elle était vraisemblablement très étroite d’esprit. Elle me fait parler de mon passé conjugal: je suis mal à l’aise d’un coup, (...)
Elle me fait chier, à devoir remonter tout ça, d’autant plus qu’elle pense avoir touché le cœur du problème, pfff, navrant.
Donc, bla-bla-bla-bla-bla. On vous garde cette nuit , c’est dit. Et non, pas de téléphone même si vous voulez partir…Hop du théralène et au dodo.
Bon.
Le choc que j’espérais un peu est bien arrivé : JE VEUX PAS RESTER LA !!!
Ok, je vais devoir réguler vraiment les médocs ; OK JE VAIS FAIRE CE QU’IL FAUT. Je vais le faire. Oui !
Vers 8h25, on me réveille :
« vous avez trois minutes pour vous habiller, on vous attend pour descendre prendre le petit-déjeuner »
Euh…. Putain j’ai pas montré le meilleur de moi-même là, avec 3 minutes pour me lever. Effectivement en plus, tout le groupe m’observe, je sais pas pourquoi, j’ai envie de leur montrer une façade maussade. Les présentations sont faites dans l’ascenseur, laconiques.
A partir de là, ma peur va monter crescendo. Nous arrivons dans le réfectoire : au moins quarante personnes sont là. La vache, tout le monde est mélangé pour bouffer !
Je mange en silence, une larme descend sur ma joue de temps à autre. 15 mn de petit-déjeuner qui me semblent une éternité larmoyante …
Très vite donc, on remonte à l’étage (oui, j’ai oublié de dire que je suis au 3[SUP]e[/SUP]) : chouette, on va pouvoir enfin fumer, le p’tit dèj est terminé ! On tend à chacun, non pas son paquet, mais … 4 malheureuses clopes.
Interdiction de fumer plus de 4 clopes jusqu’au déjeuner. Dans le fumoir, ça gueule. Un schizo (il se présente comme tel)me dit qu’au rez-de-chaussée, c’est vachement plus cool.
OK, schizo, 3[SUP]e[/SUP] étage… les HP ont tous la même organisation ; je suis donc avec déjà des gens carrément borderline. Mais oui, (putain de mémoire !) l’infirmière de nuit m’avait fortement suggéré de m’enfermer à clé, car certains viennent rendre visite à leurs co-détenus. Super.
C’est la merde, faut que je me barre, et vite. Pourvu qu’ils me laissent partir ! Je redoute l’entretien avec le psy de jour. J’entre et de suite ça démarre mal : ça commence à me gonfler sérieusement d’avoir toujours 2/3 infirmières qui assistent à l’entretien, c’est obligé que je déballe ma vie à tout le personnel ?
Cette fois, c’est un binoclard sec et grisonnant qui me reçoit, l’œil inquisiteur ; ouf, il n’embraie pas sur le déroulé de ma vie, mais parle immédiatement de « mes addictions ». Je sens que ça va être coriace à le convaincre, mais au fur et à mesure qu’il m’assène ses vérités sur mon cas, je sens la détermination qui monte et je lui tiens tête, effrontée et cette fois en pleine possession de mes moyens.
Il finit par me faire signer, à regret, le fameux sésame libérateur, après une demi-heure de bataille.
Je suis dehors moins d’un quart d’heure après, tellement sonnée que je ne trouve pas le bouton de la porte et reviens demander, penaude, à l’accueil …
Je me souviens d’une sensation d’euphorie en marchant jusqu’à l’arrêt de bus. Je suis sortie de cette prison ! Oubliant momentanément que j’étais enfermée dans une autre, dont il est bien plus difficile de sortir. »
Depuis, je me suis débarrassée des benzos. Enfin, bordel!
Voilà, c'était ma petite expérience du HP. Tout ça pour dire, encore une fois, que les benzos, surtout quand on l'associe à de l'alcool, c'est vraiment sale et même pas marrant 5 minutes. Et qu'un passage à l'HP n'est jamais une partie de franche poilade non plus.
Take care ...