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Glandeuse Pinéale
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Bien le bonjour les psychonautes,
Tout d'abord je voulais juste vous dire que psychonaut est un très bon site où j'ai beaucoup appris sur un tas de choses et au nom de l'anonyme visiteur que longtemps j'ai été je tenais à tous vous remercier de partager vos expériences qu'elles soient belles ou affreuses.
Le trip que je vais raconter est ma quatrième expérience avec le LSD et de loin la plus forte toutes substances confondues. Au-delà de ça ce fût également la plus traumatisante aussi car j'en garde des séquelles aujourd'hui encore. Je m'excuse par avance de la longueur du récit, je vais essayer d'être concis mais c'est pour moi difficile encore aujourd'hui de poser des mots sur cette expérience.
Pour vous resituer le contexte c'était il y a 4 mois au festival d'Ozora où on était allé en stop mon meilleur pote et moi. Avec mon pote nous sommes très liés et je ne compte plus le nombre de teufs, de soirées et bien entendu de perches en sa compagnie. Appelons le Tinlu (c'est le surnom débile qu'on lui donne). Nous a rejoint là-bas T un autre pote qui lui ne prend rien mais qui nous accompagne quand même souvent dans nos aventures. Je vous épargne les détails de voyage sinon on y passera la nuit ^^
Enfin bref on est à Ozora il est mercredi, il fait grand beau depuis notre arrivée le samedi, les gens sont super cool, on a nos hamacs à l'ombre, pleins de weed, à boire, la vie est belle quoi. Le Lundi on avait déjà acheté un carton mais nous n'avions eut que peu d'effet, à peine quelques déformations mais sans plus (mauvaise conservation sans doute). On cherchait des champignons ce jour-là, on avait même une petite pancarte marqué « we are looking for mushrooms ». On fait le tour du festoche en fumant des joints et demandant aux gens mais personne n'en avait. De l'acide, des tazs, d'la coke tant que tu veux mais des champis nada !
Au bout de 2h à chercher Tinlu se vénère un peu et me lance « Bon bah si personne a de champi rien à foutre on prend de l'acide ! »
Bon bah allons chercher de l'acide ça au moins c'est pas dur à trouver.
En environ une minute trente on en avait trouvé. C'était des français le mec nous dit qu'il nous vend ceux qu'ils se gardaient pour eux et qu'il ne sait plus s'ils sont dosés à 250 ou 300µg. Ça commence bien ! Encore sous le coup du carton quasi inefficace du jour d'avant et de la recherche de champotes foiré on se fait pas prier et on les prend en entier. Aujourd'hui encore je ne suis sûre ni du dosage ni de la substance car le carton était un peu plus gros que d'habitude (pas sandwich juste gros) et avait un goût très amer.
Content d'avoir trouvé on se dirige vers le bar où on achète 1L5 de blanc puis on roule un bédo et en avant sur la main stage.
Pendant une bonne demi-heure il ne se passe rien et j'attends patiemment les effets. Le son est cool on danse en fumant, je me sens bien, pas angoissé pour un sous. T'inquiètes mon cochon ça va venir...
D'un coup mes deux potes me disent qu'ils veulent aller plus loin devant les caissons mais moi je suis bien où je suis et je leur dit d'y aller sans moi, que je les rejoint plus tard. Je ne me doutais pas que je ne les reverrais pas avant le matin.
A peine 2 minutes après leur départ je sens que ça commence à monter mais quelque chose cloche : ce n'est pas comme d'habitude, c'est bien plus fort. Tout à coup je me sens oppressé ,là, au milieu de millier de personnes et je décide de m'éloigner un peu du son pour pouvoir respirer un peu. A peine suis-je sorti de la foule que la montée s’accélère vitesse grand V. En 5 minutes de monté c'était déjà bien plus fort que la goûte à 180µg que j'avais pris deux mis plus tôt et qui m'avais quand même bien collé au cerveau.
Je marche sur l'herbe maintenant et il me semble que le terrain s’allonge sans fin et que jamais je n'atteindrais la lumière des échoppes au loin. La terre sous mes pieds semble s'arrondir et j'ai l'impression de marcher sur une petite planète ronde. C'est immensément badant mais je ne capte pas la beauté de la chose car je sens une sensation bizarre au creux de mon ventre. Habituellement les gens décrivent une sorte de chaleur ou alors quelque chose qui gratte au creux du ventre mais là j'avais impression qu'un fluide brûlant parcourait mon cœur. Le feeling était beaucoup plus froid que lors des autres expériences. C'était comme avoir de l'azote liquide dans les veines. Brûlant de froid. Une terrible angoisse s'empare de moi. Une angoisse dont je ne pourrais dire l'ampleur, j'ai peur jusqu'au plus profond de moi, mon être se sent mourir et me crie sa peur. Je réalise que je suis seul que jamais je ne pourrais retrouver mes potes parmi des milliers de personnes. Je suis seul face à la plus grande épreuve de ma vie. Huit heures t'as dis que ça durais ? Un instant j'eus l'idée de rouler un pet' ou de boire un coup mais c'est Tinlu qui a la fume et la teille et je suis clairement trop perché pour en demander une.
A cet instant je ne sais qu'une chose : si je m'arrête de marcher je vais mourir, littéralement mourir. Alors j'empoigne ma sacoche de toutes mes forces et je me met en marche, n'importe où plutôt que mourir ici. Cette sacoche est le dernier lien que j'ai avec la réalité. Alors débute mon errance, cette marche pour la survie. Marche ou crève.
Je suis seul et terrifié d'être seul et je rassemble tout mon courage pour maintenir ma marche. J'arrive à l'allée commerçante et je vois tout le monde en accéléré comme si on avait mit avance rapide sur la vie. Les lumières s'entourent d'un étrange halo et j'entends les sons de manière très lointaine. J'ai l'impression que le temps se dilate et une seconde est une éternité. Je traverse la foule en sens inverse et je vois tout ces gens qui filent vers le son heureux, qui crient, qui exultent leur joie mais je dois marcher alors je marche.
Arrivé à l'escalier qui mène au plateau surplombant tout le site je l'emprunte. Chaque pas est une épreuve et j’atteins le pic des effets et de l'angoisse. Je croise quelqu'un dans l'escalier. Je voudrais lui dire ce que je vis mais je ne peux pas m’arrêter alors je lui lance le regard de la détresse. Je pense : s'il te plais demande-moi si tout vas bien, je t'en prie. Il file et ne se retourne pas. Alors je continue l’ascension.
Les pensées filent à mille à l'heure dans ma tête et entretiennent la boucle de l'angoisse. Peut-être que ce n'était pas du LSD ? Peut-être que je fais un syndrome sérotoninergique ? Putain je vais crever. Putain... Ce genre de pensées en boucle. J'ai un instant l'idée de chercher le poste de secours mais je me dis merde ils parlent pas français et je sais que je suis incapable de trouver les mots en anglais.
Je me rappelle avoir errer longtemps sur le plateau à la recherche de je ne sais quoi et être passé devant l'endroit où il y avait des peintures psychés et malgré la peur c'était vachement stylé. Les formes prenaient vie et bougeaient dans les cadres, les couleurs se modifiaient et tous les dessins étaient entourés d'un halo de lumière. Seulement je ne pouvais pas m’arrêter.
Chose assez étrange nous étions campé à côté d'une australienne avec qui on avait bien sympathisé et je me suis tout à coup vu lui raconter la scène en anglais. J'avais vraiment l'impression d'y être et à ce moment il y eut comme un déclic dans ma tête et je me suis mis à penser en anglais (chose qui ne m'arrive jamais). C'était comme si on avait changer la langue de ma tête dans les options et sur le coup j'eus très peur que ce sois irréversible mais heureusement cela dura 10 minutes tout au plus.
L'instant d'après je vais pour retourner à mon hamac pour faire demi-tour 20 mètres plus loin. Dès que je prends une décision mille idées viennent se fracasser dans ma tête mais une seule chose demeure : je suis seul dans la nuit. Une seconde après l'avoir pensé j'entends parler en français pas très loin devant moi. Mon dieu je suis sauvé !
Je gueule :s'il vous plaît aidez-moi ! C'était une grande meuf avec des dreads roses, je lui explique que je suis perché, que j'ai perdu mes potes et que j'ai peur. Elle me rassure, me dis que si je veux je peux rester avec elle. Peut-être que c'est vain mais si tu me lis merci à toi tu m'a sauvé la vie meuf...
Je pars donc avec elle pour rejoindre ses potes seulement ils veulent aller taper du pied devant le son. Il te faut du caisson qu'elle dit. D'habitude je suis un ardent bouffeur de caissons seulement une fois arrivé près du son l'impression d'oppression se repointe alors je m'en vais et les boucles repartent.
L'angoisse est moins fortes que tout à l'heure mais elle est quand même présente et là au détour d'un chemin j'entends encore parler français et je vois une lumière qui virevolte dans la nuit. Maintenant que je sais que c'est de compagnie dont j'ai besoin alors je cherche d'autres français. La lumière est en fait un dreadeux qui faisait virevolter une lampe au bout d'un fil entouré de ses potes. Je me pose avec eux et commence à délirer sur des trucs à la con genre le mec se prenait pour un alchimiste ayant trouvé une bête de recette en mélangeant la ké et les tazs et ça m'a fait pas mal rire. Je me sens mieux en leur compagnie et j'arrive à peu près à gérer les effets. On discute bien mais bon eux aussi retournentau son pour taper du pied et je me sens de nouveau un peu mal alors je m'en vais encore.
Peu après je suis dans une grande maison en bois proche du son. Toute la baraque vibre au rythme des basses et j'ai l'impression d'entendre le son par couche comme si chaque ligne de basse était vraiment une ligne et que la totalité du son n'était qu'un grand empilement de lignes et putain c'était bon ! Je suis encore bien perché mais les effets sont moins forts. Je me pose à une table avec des français tout pleins de MD. Ils sont trois, deux meufs et un mec et j'essaye de leur parler mais j'oublie tout ce qui se dit une seconde après et c'est très laborieux. Je les vois rire d'un rire qui à cet instant me semble démoniaque car chimique. J'ai l'impression de voir des monstres qui rient de me voir tout perché tout perdu. Leurs visages se déforment et leurs dents poussent et sur le coup ils me font assez peur même si je suis le plus perché du lot.
Je me souviens de peu de choses de l'heure qui suit. Je me souviens de moi rentrant à la tente. Il est à peu près 4h et on a gobé vers 19h. Les effets diminuent doucement même si tout bouge encore et je rentre le long du chemin jusqu'à nos tentes qui sont à l'entrée du festoche à environ 2km de là. Sur le chemin je croise des marseillais avec qui je me pose un peu, qui me paye du pastis <3 et avec qui on chante des chansons payardes. Le « mets ta poire dans ton vagin » jeudi matin au bord du chemin c'était nous
J'arrive finalement à ma tente après avoir un peu galéré à trouver et je constate que mes potes sont pas encore rentré mais je vois un de nos voisins alsacien posé entrain de fumer un bédo alors je me pose avec lui et je lui raconte le bordel que ça a été. La weed relance un peu les effets mais je suis si soulagé de revoir enfin un visage connu que je n'ai plus peur. On discute une bonne heure et au bout de ce temps je vois quelqu'un qui s'approche de nous. Putain c'est mon pote T qui rentre à la tente. Je cours et je lui saute dans les bras. Je suis tellement heureux de l'avoir retrouvé ! Je lui explique aussi et il décide d'aller se coucher pendant que moi je me motive pour une « mission Tinlu » et je repars direction le festival pour essayer de retrouver mon pote. Je vous épargne les suite je l'ai pas trouvé et ça s'est fini en tailleur devant le soleil levant à parler au dreadeux vendeur de coke ^^
Enfin je suis rentré à la tente vers 7h pour y trouver le Tinlu vautré dans son hamac qui dort tout déchiré. Un grand sourire se dessine sur mon visage. Je les ais retrouvé tout les deux et je suis encore en vie. On aura sans doute pleins de choses à se raconter le lendemain. Je m'endors finalement quand le soleil commençait à darder ses rayons avec ce dernier regard sur mon pote qui voulait dire « putain je t'ai retrouvé maintenant je te lâche plus » et un dernier sentiment : le bonheur d'en être sorti vivant et rien à foutre si l’arbre bouge encore un peu, tout le monde va bien c'est l'essentiel.
J'ai marche à peu près tout le trip soit quelque chose comme huit heures quasiment non stop et je me suis d'ailleurs tapé de ces crampes aux entrecuisse au matin ! J'ai d'ailleurs eus peur sur le coup que ce soit de la vasoconstriction.
Si je devais en faire le bilan c'était déjà beaucoup trop niveau dose et le fait d'être tout seul a beaucoup joué sur ce que j'ai ressenti, je l'aurais peut-être géré si j'étais resté avec eux. Ce trip m'a fait me rendre compte de beaucoup de choses sur ma vie, sur ma consommation et même sur le sens du bonheur. Déjà il a mis un grand stop à ma conso naissante d'acide et à part les champis je n'ai plus touché un psyche depuis. Même aujourd'hui et même face à un produit que je gère j'ai toujours une petite angoisse au fond du ventre qui me rappelle ce qui se passe si on abuse de la dose et depuis je gobe toujours par moitié quelque soit la substance. Il m'a permis de relativiser, non le LSD c'est pas que du bon même si je sais que c'est moi qui ais déconné pas la molécule. Il m'a en quelque sorte vacciné à la Rdr et ce n'est pas un mal.
Régulièrement et quelque soit si je suis dans un état second ou non j'ai des petites montées d'angoisses un peu comme au pire du trip mais ça ne dure en général que 5/10 minutes et ensuite ça s'en va. C'est pas cool mais au moins ça m'entraine à gérer les angoisses avant d'un jour peut-être se sentir prêt à redevenir pote avec ce bon vieil acide. Une chose est sûre : ce sera pas demain et sans doute avec quelque chose comme l'ald-52 car réputé moins vénère.
J'avais juste une question à poser à ceux qui ont vécus des expériences un peu similaires: avez-vous pu reprendre de l'acide comme avant après cela ou votre relation à cette molécule a t-elle été ternie à jamais ?
Voilà j'espère que ce n'était pas trop long et je remercie ceux qui auront eus le courage de me lire jusqu'au bout.
Je vous souhaite à tous de magnifiques voyages et tout le bonheur du monde. Peace !
Tout d'abord je voulais juste vous dire que psychonaut est un très bon site où j'ai beaucoup appris sur un tas de choses et au nom de l'anonyme visiteur que longtemps j'ai été je tenais à tous vous remercier de partager vos expériences qu'elles soient belles ou affreuses.
Le trip que je vais raconter est ma quatrième expérience avec le LSD et de loin la plus forte toutes substances confondues. Au-delà de ça ce fût également la plus traumatisante aussi car j'en garde des séquelles aujourd'hui encore. Je m'excuse par avance de la longueur du récit, je vais essayer d'être concis mais c'est pour moi difficile encore aujourd'hui de poser des mots sur cette expérience.
Pour vous resituer le contexte c'était il y a 4 mois au festival d'Ozora où on était allé en stop mon meilleur pote et moi. Avec mon pote nous sommes très liés et je ne compte plus le nombre de teufs, de soirées et bien entendu de perches en sa compagnie. Appelons le Tinlu (c'est le surnom débile qu'on lui donne). Nous a rejoint là-bas T un autre pote qui lui ne prend rien mais qui nous accompagne quand même souvent dans nos aventures. Je vous épargne les détails de voyage sinon on y passera la nuit ^^
Enfin bref on est à Ozora il est mercredi, il fait grand beau depuis notre arrivée le samedi, les gens sont super cool, on a nos hamacs à l'ombre, pleins de weed, à boire, la vie est belle quoi. Le Lundi on avait déjà acheté un carton mais nous n'avions eut que peu d'effet, à peine quelques déformations mais sans plus (mauvaise conservation sans doute). On cherchait des champignons ce jour-là, on avait même une petite pancarte marqué « we are looking for mushrooms ». On fait le tour du festoche en fumant des joints et demandant aux gens mais personne n'en avait. De l'acide, des tazs, d'la coke tant que tu veux mais des champis nada !
Au bout de 2h à chercher Tinlu se vénère un peu et me lance « Bon bah si personne a de champi rien à foutre on prend de l'acide ! »
Bon bah allons chercher de l'acide ça au moins c'est pas dur à trouver.
En environ une minute trente on en avait trouvé. C'était des français le mec nous dit qu'il nous vend ceux qu'ils se gardaient pour eux et qu'il ne sait plus s'ils sont dosés à 250 ou 300µg. Ça commence bien ! Encore sous le coup du carton quasi inefficace du jour d'avant et de la recherche de champotes foiré on se fait pas prier et on les prend en entier. Aujourd'hui encore je ne suis sûre ni du dosage ni de la substance car le carton était un peu plus gros que d'habitude (pas sandwich juste gros) et avait un goût très amer.
Content d'avoir trouvé on se dirige vers le bar où on achète 1L5 de blanc puis on roule un bédo et en avant sur la main stage.
Pendant une bonne demi-heure il ne se passe rien et j'attends patiemment les effets. Le son est cool on danse en fumant, je me sens bien, pas angoissé pour un sous. T'inquiètes mon cochon ça va venir...
D'un coup mes deux potes me disent qu'ils veulent aller plus loin devant les caissons mais moi je suis bien où je suis et je leur dit d'y aller sans moi, que je les rejoint plus tard. Je ne me doutais pas que je ne les reverrais pas avant le matin.
A peine 2 minutes après leur départ je sens que ça commence à monter mais quelque chose cloche : ce n'est pas comme d'habitude, c'est bien plus fort. Tout à coup je me sens oppressé ,là, au milieu de millier de personnes et je décide de m'éloigner un peu du son pour pouvoir respirer un peu. A peine suis-je sorti de la foule que la montée s’accélère vitesse grand V. En 5 minutes de monté c'était déjà bien plus fort que la goûte à 180µg que j'avais pris deux mis plus tôt et qui m'avais quand même bien collé au cerveau.
Je marche sur l'herbe maintenant et il me semble que le terrain s’allonge sans fin et que jamais je n'atteindrais la lumière des échoppes au loin. La terre sous mes pieds semble s'arrondir et j'ai l'impression de marcher sur une petite planète ronde. C'est immensément badant mais je ne capte pas la beauté de la chose car je sens une sensation bizarre au creux de mon ventre. Habituellement les gens décrivent une sorte de chaleur ou alors quelque chose qui gratte au creux du ventre mais là j'avais impression qu'un fluide brûlant parcourait mon cœur. Le feeling était beaucoup plus froid que lors des autres expériences. C'était comme avoir de l'azote liquide dans les veines. Brûlant de froid. Une terrible angoisse s'empare de moi. Une angoisse dont je ne pourrais dire l'ampleur, j'ai peur jusqu'au plus profond de moi, mon être se sent mourir et me crie sa peur. Je réalise que je suis seul que jamais je ne pourrais retrouver mes potes parmi des milliers de personnes. Je suis seul face à la plus grande épreuve de ma vie. Huit heures t'as dis que ça durais ? Un instant j'eus l'idée de rouler un pet' ou de boire un coup mais c'est Tinlu qui a la fume et la teille et je suis clairement trop perché pour en demander une.
A cet instant je ne sais qu'une chose : si je m'arrête de marcher je vais mourir, littéralement mourir. Alors j'empoigne ma sacoche de toutes mes forces et je me met en marche, n'importe où plutôt que mourir ici. Cette sacoche est le dernier lien que j'ai avec la réalité. Alors débute mon errance, cette marche pour la survie. Marche ou crève.
Je suis seul et terrifié d'être seul et je rassemble tout mon courage pour maintenir ma marche. J'arrive à l'allée commerçante et je vois tout le monde en accéléré comme si on avait mit avance rapide sur la vie. Les lumières s'entourent d'un étrange halo et j'entends les sons de manière très lointaine. J'ai l'impression que le temps se dilate et une seconde est une éternité. Je traverse la foule en sens inverse et je vois tout ces gens qui filent vers le son heureux, qui crient, qui exultent leur joie mais je dois marcher alors je marche.
Arrivé à l'escalier qui mène au plateau surplombant tout le site je l'emprunte. Chaque pas est une épreuve et j’atteins le pic des effets et de l'angoisse. Je croise quelqu'un dans l'escalier. Je voudrais lui dire ce que je vis mais je ne peux pas m’arrêter alors je lui lance le regard de la détresse. Je pense : s'il te plais demande-moi si tout vas bien, je t'en prie. Il file et ne se retourne pas. Alors je continue l’ascension.
Les pensées filent à mille à l'heure dans ma tête et entretiennent la boucle de l'angoisse. Peut-être que ce n'était pas du LSD ? Peut-être que je fais un syndrome sérotoninergique ? Putain je vais crever. Putain... Ce genre de pensées en boucle. J'ai un instant l'idée de chercher le poste de secours mais je me dis merde ils parlent pas français et je sais que je suis incapable de trouver les mots en anglais.
Je me rappelle avoir errer longtemps sur le plateau à la recherche de je ne sais quoi et être passé devant l'endroit où il y avait des peintures psychés et malgré la peur c'était vachement stylé. Les formes prenaient vie et bougeaient dans les cadres, les couleurs se modifiaient et tous les dessins étaient entourés d'un halo de lumière. Seulement je ne pouvais pas m’arrêter.
Chose assez étrange nous étions campé à côté d'une australienne avec qui on avait bien sympathisé et je me suis tout à coup vu lui raconter la scène en anglais. J'avais vraiment l'impression d'y être et à ce moment il y eut comme un déclic dans ma tête et je me suis mis à penser en anglais (chose qui ne m'arrive jamais). C'était comme si on avait changer la langue de ma tête dans les options et sur le coup j'eus très peur que ce sois irréversible mais heureusement cela dura 10 minutes tout au plus.
L'instant d'après je vais pour retourner à mon hamac pour faire demi-tour 20 mètres plus loin. Dès que je prends une décision mille idées viennent se fracasser dans ma tête mais une seule chose demeure : je suis seul dans la nuit. Une seconde après l'avoir pensé j'entends parler en français pas très loin devant moi. Mon dieu je suis sauvé !
Je gueule :s'il vous plaît aidez-moi ! C'était une grande meuf avec des dreads roses, je lui explique que je suis perché, que j'ai perdu mes potes et que j'ai peur. Elle me rassure, me dis que si je veux je peux rester avec elle. Peut-être que c'est vain mais si tu me lis merci à toi tu m'a sauvé la vie meuf...
Je pars donc avec elle pour rejoindre ses potes seulement ils veulent aller taper du pied devant le son. Il te faut du caisson qu'elle dit. D'habitude je suis un ardent bouffeur de caissons seulement une fois arrivé près du son l'impression d'oppression se repointe alors je m'en vais et les boucles repartent.
L'angoisse est moins fortes que tout à l'heure mais elle est quand même présente et là au détour d'un chemin j'entends encore parler français et je vois une lumière qui virevolte dans la nuit. Maintenant que je sais que c'est de compagnie dont j'ai besoin alors je cherche d'autres français. La lumière est en fait un dreadeux qui faisait virevolter une lampe au bout d'un fil entouré de ses potes. Je me pose avec eux et commence à délirer sur des trucs à la con genre le mec se prenait pour un alchimiste ayant trouvé une bête de recette en mélangeant la ké et les tazs et ça m'a fait pas mal rire. Je me sens mieux en leur compagnie et j'arrive à peu près à gérer les effets. On discute bien mais bon eux aussi retournentau son pour taper du pied et je me sens de nouveau un peu mal alors je m'en vais encore.
Peu après je suis dans une grande maison en bois proche du son. Toute la baraque vibre au rythme des basses et j'ai l'impression d'entendre le son par couche comme si chaque ligne de basse était vraiment une ligne et que la totalité du son n'était qu'un grand empilement de lignes et putain c'était bon ! Je suis encore bien perché mais les effets sont moins forts. Je me pose à une table avec des français tout pleins de MD. Ils sont trois, deux meufs et un mec et j'essaye de leur parler mais j'oublie tout ce qui se dit une seconde après et c'est très laborieux. Je les vois rire d'un rire qui à cet instant me semble démoniaque car chimique. J'ai l'impression de voir des monstres qui rient de me voir tout perché tout perdu. Leurs visages se déforment et leurs dents poussent et sur le coup ils me font assez peur même si je suis le plus perché du lot.
Je me souviens de peu de choses de l'heure qui suit. Je me souviens de moi rentrant à la tente. Il est à peu près 4h et on a gobé vers 19h. Les effets diminuent doucement même si tout bouge encore et je rentre le long du chemin jusqu'à nos tentes qui sont à l'entrée du festoche à environ 2km de là. Sur le chemin je croise des marseillais avec qui je me pose un peu, qui me paye du pastis <3 et avec qui on chante des chansons payardes. Le « mets ta poire dans ton vagin » jeudi matin au bord du chemin c'était nous

J'arrive finalement à ma tente après avoir un peu galéré à trouver et je constate que mes potes sont pas encore rentré mais je vois un de nos voisins alsacien posé entrain de fumer un bédo alors je me pose avec lui et je lui raconte le bordel que ça a été. La weed relance un peu les effets mais je suis si soulagé de revoir enfin un visage connu que je n'ai plus peur. On discute une bonne heure et au bout de ce temps je vois quelqu'un qui s'approche de nous. Putain c'est mon pote T qui rentre à la tente. Je cours et je lui saute dans les bras. Je suis tellement heureux de l'avoir retrouvé ! Je lui explique aussi et il décide d'aller se coucher pendant que moi je me motive pour une « mission Tinlu » et je repars direction le festival pour essayer de retrouver mon pote. Je vous épargne les suite je l'ai pas trouvé et ça s'est fini en tailleur devant le soleil levant à parler au dreadeux vendeur de coke ^^
Enfin je suis rentré à la tente vers 7h pour y trouver le Tinlu vautré dans son hamac qui dort tout déchiré. Un grand sourire se dessine sur mon visage. Je les ais retrouvé tout les deux et je suis encore en vie. On aura sans doute pleins de choses à se raconter le lendemain. Je m'endors finalement quand le soleil commençait à darder ses rayons avec ce dernier regard sur mon pote qui voulait dire « putain je t'ai retrouvé maintenant je te lâche plus » et un dernier sentiment : le bonheur d'en être sorti vivant et rien à foutre si l’arbre bouge encore un peu, tout le monde va bien c'est l'essentiel.
J'ai marche à peu près tout le trip soit quelque chose comme huit heures quasiment non stop et je me suis d'ailleurs tapé de ces crampes aux entrecuisse au matin ! J'ai d'ailleurs eus peur sur le coup que ce soit de la vasoconstriction.
Si je devais en faire le bilan c'était déjà beaucoup trop niveau dose et le fait d'être tout seul a beaucoup joué sur ce que j'ai ressenti, je l'aurais peut-être géré si j'étais resté avec eux. Ce trip m'a fait me rendre compte de beaucoup de choses sur ma vie, sur ma consommation et même sur le sens du bonheur. Déjà il a mis un grand stop à ma conso naissante d'acide et à part les champis je n'ai plus touché un psyche depuis. Même aujourd'hui et même face à un produit que je gère j'ai toujours une petite angoisse au fond du ventre qui me rappelle ce qui se passe si on abuse de la dose et depuis je gobe toujours par moitié quelque soit la substance. Il m'a permis de relativiser, non le LSD c'est pas que du bon même si je sais que c'est moi qui ais déconné pas la molécule. Il m'a en quelque sorte vacciné à la Rdr et ce n'est pas un mal.
Régulièrement et quelque soit si je suis dans un état second ou non j'ai des petites montées d'angoisses un peu comme au pire du trip mais ça ne dure en général que 5/10 minutes et ensuite ça s'en va. C'est pas cool mais au moins ça m'entraine à gérer les angoisses avant d'un jour peut-être se sentir prêt à redevenir pote avec ce bon vieil acide. Une chose est sûre : ce sera pas demain et sans doute avec quelque chose comme l'ald-52 car réputé moins vénère.
J'avais juste une question à poser à ceux qui ont vécus des expériences un peu similaires: avez-vous pu reprendre de l'acide comme avant après cela ou votre relation à cette molécule a t-elle été ternie à jamais ?
Voilà j'espère que ce n'était pas trop long et je remercie ceux qui auront eus le courage de me lire jusqu'au bout.
Je vous souhaite à tous de magnifiques voyages et tout le bonheur du monde. Peace !