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L'essor inattendu des psychédéliques dans les cercles conservateurs

clekoilo

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Bonjour à tous,

Je lisais le bulletin d'informations psychédéliques de la société psychédélique française du mois de janvier 2025, et je suis tombé sur un article plutôt intéressant. Et si l'essor des psychédéliques polariserait encore plus le monde de demain ?

Le compte rendu de l'article "Shayla Love, The Horseshoe Theory of Psychedelics, The Atlantic, novembre 2024" :

Historiquement, les psychédéliques ont plutôt été associés aux mouvements contre-culturels et progressistes des années 1960 ; ils trouvent cependant aujourd’hui des soutiens inattendus dans des cercles particulièrement conservateurs. Dans cet article, la journaliste Shayla Love explore la popularité croissante de ces substances chez des personnalités américaines très à droite comme Robert F. Kennedy Jr., Donald Trump, Elon Musk et Peter Thiel. Si certain·es, comme Kennedy, valorisent leurs usages thérapeutiques, d’autres y voient des outils permettant d’optimiser la productivité et la performance dans un contexte de culture entrepreneuriale extrême. L’idée d’autonomisation face au système n’est toutefois pas absente de ces positions, certain·es partisan·nes de droite valorisant les psychédéliques pour leurs effets supposés de « déconditionnement » face aux discours institutionnels.

Love souligne combien l’approche de Kennedy, antivax notoire, et à qui Trump a promis qu’il le laisserait « se déchaîner » sur les questions de santé en le prenant au gouvernement, reflète l’intérêt de la droite pour une médecine dite « alternative ». La popularité des psychédéliques auprès de groupes conservateurs se développe ainsi sur fond de méfiance accrue envers les systèmes de santé conventionnels. Pour la journaliste, ces divergences révèlent des conceptions profondément différentes du rôle des psychédéliques : pour certain·es conservateur·rices aux positions libertariennes, ils incarnent une rébellion individualiste contre des « systèmes de contrôle » étatiques perçus comme oppressifs, tandis que les progressistes les envisageraient comme des outils thérapeutiques de connexion, d’empathie et d’amélioration sociétale.

Elle rappelle également les soutien financiers de plus en plus nombreux de libertarien·nes pro-Trump à la recherche psychédélique, à l’image de Musk, de Peter Thiel ou encore de Rebekah Mercer, milliardaire climatosceptique ayant financé la campagne de Trump mais aussi la recherche sur la MDMA à hauteur d’un million de dollars.

Si les psychédéliques peuvent être le vecteur de changements radicaux et profonds, par exemple pris dans un contexte thérapeutique, on sait également combien ils peuvent renforcer les idéaux préalables des personnes qui les consomment, comme le rappellent les travaux de l’anthropologue français David Dupuis, ou encore ceux des chercheurs états-uniens Brian Pace et Neşe Devenot. Dans un contexte où les Etats-Unis viennent de réélire Trump et où la société se divise de plus en plus, l’usage progressivement normalisé des psychédéliques par la population risque selon certains observateur·rices d’amplifier ces polarisations. L’historien Ido Hartogsohn déclare ainsi dans l’article que « le fait que les psychédéliques deviennent mainstream signe peut-être ironiquement la fin de la communauté psychédélique. » Pour Jules Evans, « les gens peuvent prendre les mêmes substances mais leurs imaginaires demeurent différents. »

En dressant un tableau particulièrement sombre de la situation américaine, Shayla Love nous incite à être plus vigilant·es que jamais au sujet de l’émergence des psychédéliques dans la culture française !

Zoë Dubus

Je serais curieux d'avoir vos avis sur les problématiques soulevées 😉 !!
 
Très intéressant et, effectivement, assez surprenant je trouve. Je savais qu'en France des députés macronistes voir Républicains étaient un peu plus ouverts sur al question des drogues en proposant la légalisation du cannabis, mais j'aurais pas cru que des conservateurs soient pour l'essor des psychédéliques.

Ca me fait soulever une autre problématique, comme pour tout sujet lorsqu'il y a soutien de la droite : peut-on tirer partie des soutiens des cercles conservateurs en question qui sont, pour la plupart d'entre nous au moins, je pense, nos adversaires politiques, comme une alliance de circonstance, tout en désapprouvant leurs visions de l'usage des psychédéliques, ou faut-il lutter contre eux autant que l'on lutte contre la vision prohibitif et diabolisée de la drogue ?
 
Les tendances "de droite" américaines en partie ouvertes aux psychédéliques sont aussi les moins représentées en France : pas tellement de libertariens dans le paysage politique français, pas vraiment d'équivalent à l'Alt Right ou en tout cas moins influente (ils ont été les premiers soutiens de Trump et lui ont permis de prendre le pouvoir contre l'appareil interne du Parti Républicain qui lui était très majoritairement opposé). Les thérapies pour vétérans d'Afghanistan et surtout d'Irak ont aussi été un gros vecteur du soutien "de droite" aux psychédéliques, ce qui n'existe pas vraiment en France.

Donc, pour le meilleur comme pour le pire, je pense que la situation n'est pas du tout transposable, à moins que les droites françaises ne s'alignent sur les droites américaines, ce dont on est encore loin. Ce qu'on voit plutôt en France, c'est une partie du "centre / centre-droit" qui cherche à assouplir ou supprimer la répression pour faire des économies sur la police et la justice, et/ou pour en tirer des revenus fiscaux. Donc c'est assez différent de l'Alt Right américaine qui a souvent un intérêt de fond pour les psychédéliques, agit en ce sens via son influence sur Trump (qui a besoin d'eux pour contrer la fraction centriste des Républicains).
 
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