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Sorence a dit:J'ai souvent des révélations obvious comme celles que vous décrivez, je les prends comme l'équivalent cognitif de cette acuité de perception que l'on acquiert sous psychédéliques. Càd que de la même manière qu'on regarde un œil, un trèfle, un papier peint comme pour la première fois, hé bien toutes les évidences du monde prenne le caractère neuf de l'innocence.
Du coup, je vais plutôt vous décrire une révélation un peu foireuse, genre raisonnement bancal (point d'interrogation).
J'étais en teuf, donc comme de juste ça passait du boum-boum-boum-boum, pas trop mal d'ailleurs, si bien qu'à balle de 60ug de LSD, je dansais en rythme, le même que tous les autres. Je visualisais ce boum-boum, cette alliance de la techno, du rassemblement et des drogues, comme une entité, déité, tentaculaire, un peu Cthulu mais sans le côté flippant. Dans chacun de ses tentacules elle tenait l'un de nous, et le secouait, en rythme : boum, boum. Cette déité, cet égregore, s'emplissait de notre plaisir, de notre énergie, et peut-être étions-nous venu à son appel, pour la nourrir.
On dansait, boum-boum, et ce n'était ni plus ni moins qu'un culte, boum-boum. Qu'une célébration.
Et c'que c'était bon ! Révélation n°1.
Et alors j'ai pensé, dans cette possession collective qui était la nôtre, que décidément la techno, si on s'en tient aux rôles traditionnels de genre, c'est vraiment une musique masculine. Ce boum-boum-boum-boum régulier, qui nous pénètre, nous plie à son rythme, et procure la jouissance, j'ai pas besoin de vous faire un dessin, hein ?
Mais du coup, tous ces garçons cis hétéro qui dansaient avec moi, qui ressentaient la même jouissance, j'ai pensé : c'est probablement l'une des seules, si ce n'est la seule, des situations où ils connaissent le plaisir d'être possédé.
Je veux dire, toujours si l'on s'en tient au rôles traditionnels de genre, les garçons n'ont pas trop l'occasion de se laisser aller à ce qui les dépasse. Même dans le sexe, on attend d'eux l'initiative et le contrôle. Même dans la tendresse, ce sont eux qui donnent les calins-cuiller. Même dans la tristesse, ils tapent dans les murs plutôt que de pleurer.
Les teufs, ces rassemblements où l'on n'est pas là pour draguer mais pour taper du pied, seul bien qu'entouré, dans son rapport intime avec la musique, peut-être que ça leur apporte quelque-chose de particulier, une forme de libération. Révélation n°2.
Et si c'était pour ça que les milieux techno et LGBT sont si imbriqués ? Révélation n°3.
Bon après ça devenait trop foireux et j'ai laissé tomber.
Ca ne me semble absolument pas foireux, dans les traditions scandinaves la pratique des transes divinatoires induites par des chants (seiðr) est considérée comme dé-virilisante (ergi) pour les hommes, au même titre qu'être pénétré sexuellement.
Pour le côté cthulu-esque de la teuf, trippé là-dessus au Hadra par 0°C voui, j'avais commencé à écrire une nouvelle dessus d'ailleurs, où les gens dansent jusqu'à en mourir pour nourrir l'entité lovecraftienne des basses.
Puisque c'est dans le thème du topic, je rappelle que les gros festivals de psytrance sont le lieu et le moment idéal pour des extra-terrestres qui voudraient atterrir discrètement sur Terre (quelle meilleure couverture qu'un endroit avec plein de lumières bizarres et de témoins oculaires qui ne seront jamais pris au sérieux car suspectés d'avoir consommé :idea: )