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Après une période d’addiction à la nicotine (3 cigarettes / jour) à l’adolescence, j’ai lentement quitté ce produit.
La modification des effets
Ma première étape a été de ne plus en acheter, et de simplement taxer les gens autour de moi. A l’époque ça coûtait pas aussi cher donc il y avait une relative tolérance, en ménageant l’estime de potes j’ai pu fumer assez régulièrement pour pas être sans cesse en manque tout en me déshabituant progressivement.
Dans les premiers temps la clope est redevenue ce plaisir convoité : devant taxer il y avait toujours une tension, c’était une petite victoire, je savourais énormément.
Au fur et à mesure que je m’en déshabituais, ça devenait un marqueur, une récompense. Ce n’était plus anodin.
Insertion sociale oblige, j’ai dû m’habituer à regarder des gens cloper sans en quémander aussitôt. Ça a pris du temps, je pense que pendant bien cinq ans j’ai été la taxeuse reloue (parfois j’offrais un paquet pour me faire pardonner).
Avec la raréfaction du produit j’ai commencé à remarquer le goût, la texture ; comme ça râpe, ça pue, ça laisse la bouche comme un cendrier.
Les effets psychotropes sont réapparus aussi, assez discrètement au début, mais maintenant avec une telle force qu’ils motivent ce retour.
Je détaillerais plus bas mais ca me met maintenant de vraies claques, autant physiques que mentales.
J’ai maintenant assez confiance en moi pour en acheter, une cartouche par ans que je distille pendant les soirées festives.
J’ai pris il y a quelques mois la décision d’arrêter définitivement la consommation de nicotine, qui ne m’apporte plus rien. Mais ça reste difficile en raison de son ancrage sociétal.
Les effets maintenant :
Physique :
Vous rappelez-vous votre première clope ? Assez logiquement, ce sont les sensations que je retrouve là. J’ai la tête qui tourne, mon corps devient plus lourd et plus présent, mes sens s’affûtent, j’ai vaguement la nausée.
J’utilise parfois cet effet très sédatif (sur moi) pour me mettre un dernier taquet dans le crâne avant de dormir. Ça marche de temps en temps.
Psychologique :
C’est peut-être le plus marquant, et ce qui motive en tous cas mon arrêt définitif : la cigarette me déprime. Avec la sensation de lourdeur physique vient une lourdeur morale : tout me fait chier, tout me dégoûte, les gens m’ennuient, ma vie est bouchée, j’ai envie de rien, je ferais mieux de me jeter par la fenêtre. Ouais, ça me fout des idéations suicidaires pendant 5min. C’était pas un effet évident à à isoler parce qu’il s’inscrit dans un loooong passif dépressif dans lequel la clope ne jouait a priori aucun rôle, mais après moult tests c’est acté. A noter que la CE me le fait moins, sûrement en raison du petit plaisir sucré, mais quand même.
Compulsif :
Malheureusement, même avec tous ces désagréments, une tolérance a 0 et vraiment aucune appétence pour le produit, la clope continue de m’appeler. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai pas totalement arrêté. J’ai toujours cette impression que ça va être un petit plaisir, une occasion de partage, un prétexte pour nouer connaissance… même alors que je sais pertinemment que je ne vais pas aimer les effets et me renfermer, je le fais quand même. C’est relou.
Intime :
C’est une chose qui n’a pas beaucoup changé. J’aime que ma ptite clope soit mon moment, c’est une sucette, un doudou, je veux la savourer. J’aime pas fumer en marchant, moyennement fumer en parlant, volontiers en écoutant de la musique… il faut que ça vaille le coup.
Quand le goût est revenu, ça m’a bien perturbé d’avoir cette contradiction intérieure entre tout mon corps qui veut se débarrasser de cet objet puant, et un désir plus intellectuel d’en jouir jusqu’au bout.
En combo :
Alors là ça peut devenir intéressant.
- L’alcool et son effet anxiolytique très prononcé me permettent de binger les clopes sans ressentir de déprime. Comme les deux drogues sont liées à la sociabilité, il y a une sorte de synergie euphorique et compulsive. Dix clopes partent facilement par soirée.
- De manière générale, j’ai l’impression que ça m’ancre dans mon corps et dans le réel. Ça peut casser un délire, ce qui est positif ou négatif selon les situations. C’est pas anodin en tous cas.
Perspectives :
J’ai vu plein de retours de gens qui parlent de la nicotine comme d’un stimulant, aussi je tenais à donner mon ressenti. Chez moi c’est un coup sec derrière la nuque et ma foi, il arrive que ce ne soit pas inintéressant mais je ne veux plus en faire une habitude.
Finalement le plus dur, quand on renonce à la clope, c’est de perdre l’aspect symbolique. Ne plus avoir les mains occupées, ne plus avoir l’air dignement absent, ne plus pouvoir s’offrir de dopamine immédiate, ne plus avoir de prétexte pour engager la conversation.
Je compense en mâchouillant des bâtons de réglisse, en prenant des ballons de proto et plus largement, en apprenant à garder mes mains immobiles et c’est pas grave le silence après tout.
De toute façon, fumer c’est de moins en moins convivial et normal, la société a évolué en même temps que moi, ce qui m’a pas mal aidé.
La modification des effets
Ma première étape a été de ne plus en acheter, et de simplement taxer les gens autour de moi. A l’époque ça coûtait pas aussi cher donc il y avait une relative tolérance, en ménageant l’estime de potes j’ai pu fumer assez régulièrement pour pas être sans cesse en manque tout en me déshabituant progressivement.
Dans les premiers temps la clope est redevenue ce plaisir convoité : devant taxer il y avait toujours une tension, c’était une petite victoire, je savourais énormément.
Au fur et à mesure que je m’en déshabituais, ça devenait un marqueur, une récompense. Ce n’était plus anodin.
Insertion sociale oblige, j’ai dû m’habituer à regarder des gens cloper sans en quémander aussitôt. Ça a pris du temps, je pense que pendant bien cinq ans j’ai été la taxeuse reloue (parfois j’offrais un paquet pour me faire pardonner).
Avec la raréfaction du produit j’ai commencé à remarquer le goût, la texture ; comme ça râpe, ça pue, ça laisse la bouche comme un cendrier.
Les effets psychotropes sont réapparus aussi, assez discrètement au début, mais maintenant avec une telle force qu’ils motivent ce retour.
Je détaillerais plus bas mais ca me met maintenant de vraies claques, autant physiques que mentales.
J’ai maintenant assez confiance en moi pour en acheter, une cartouche par ans que je distille pendant les soirées festives.
J’ai pris il y a quelques mois la décision d’arrêter définitivement la consommation de nicotine, qui ne m’apporte plus rien. Mais ça reste difficile en raison de son ancrage sociétal.
Les effets maintenant :
Physique :
Vous rappelez-vous votre première clope ? Assez logiquement, ce sont les sensations que je retrouve là. J’ai la tête qui tourne, mon corps devient plus lourd et plus présent, mes sens s’affûtent, j’ai vaguement la nausée.
J’utilise parfois cet effet très sédatif (sur moi) pour me mettre un dernier taquet dans le crâne avant de dormir. Ça marche de temps en temps.
Psychologique :
C’est peut-être le plus marquant, et ce qui motive en tous cas mon arrêt définitif : la cigarette me déprime. Avec la sensation de lourdeur physique vient une lourdeur morale : tout me fait chier, tout me dégoûte, les gens m’ennuient, ma vie est bouchée, j’ai envie de rien, je ferais mieux de me jeter par la fenêtre. Ouais, ça me fout des idéations suicidaires pendant 5min. C’était pas un effet évident à à isoler parce qu’il s’inscrit dans un loooong passif dépressif dans lequel la clope ne jouait a priori aucun rôle, mais après moult tests c’est acté. A noter que la CE me le fait moins, sûrement en raison du petit plaisir sucré, mais quand même.
Compulsif :
Malheureusement, même avec tous ces désagréments, une tolérance a 0 et vraiment aucune appétence pour le produit, la clope continue de m’appeler. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai pas totalement arrêté. J’ai toujours cette impression que ça va être un petit plaisir, une occasion de partage, un prétexte pour nouer connaissance… même alors que je sais pertinemment que je ne vais pas aimer les effets et me renfermer, je le fais quand même. C’est relou.
Intime :
C’est une chose qui n’a pas beaucoup changé. J’aime que ma ptite clope soit mon moment, c’est une sucette, un doudou, je veux la savourer. J’aime pas fumer en marchant, moyennement fumer en parlant, volontiers en écoutant de la musique… il faut que ça vaille le coup.
Quand le goût est revenu, ça m’a bien perturbé d’avoir cette contradiction intérieure entre tout mon corps qui veut se débarrasser de cet objet puant, et un désir plus intellectuel d’en jouir jusqu’au bout.
En combo :
Alors là ça peut devenir intéressant.
- L’alcool et son effet anxiolytique très prononcé me permettent de binger les clopes sans ressentir de déprime. Comme les deux drogues sont liées à la sociabilité, il y a une sorte de synergie euphorique et compulsive. Dix clopes partent facilement par soirée.
- De manière générale, j’ai l’impression que ça m’ancre dans mon corps et dans le réel. Ça peut casser un délire, ce qui est positif ou négatif selon les situations. C’est pas anodin en tous cas.
Perspectives :
J’ai vu plein de retours de gens qui parlent de la nicotine comme d’un stimulant, aussi je tenais à donner mon ressenti. Chez moi c’est un coup sec derrière la nuque et ma foi, il arrive que ce ne soit pas inintéressant mais je ne veux plus en faire une habitude.
Finalement le plus dur, quand on renonce à la clope, c’est de perdre l’aspect symbolique. Ne plus avoir les mains occupées, ne plus avoir l’air dignement absent, ne plus pouvoir s’offrir de dopamine immédiate, ne plus avoir de prétexte pour engager la conversation.
Je compense en mâchouillant des bâtons de réglisse, en prenant des ballons de proto et plus largement, en apprenant à garder mes mains immobiles et c’est pas grave le silence après tout.
De toute façon, fumer c’est de moins en moins convivial et normal, la société a évolué en même temps que moi, ce qui m’a pas mal aidé.