Je répondrais peut être plus tard que la question d'aléatoire, mais à la lecture des messages de
@Beya,
@Canin,
@Bobbyjoe, j'avais envie de me lancer dans un tunnel sur la mécanique quantique.
Ahcktually...
Pour être sûr qu'on parle bien toustes de la même chose je me permets de souligner certains points :

- Tous les états, y compris les états (très malheureusement) nommés "superposés", c'est à dire toutes les combinaisons linéaires des αi*|ei> sont des états quantiques "de plein droit".
Aucun vecteur de l'espace des états n'est a priori privilégié, il suffit d'opérer un changement de base sur l'espace des états pour s'en rentre compte. Je prend un état |e> que vous nommez "état superposé" dans l'espace des états engrangé par la base (|e1>, |e2>), je note donc |e> = α|e1> + β|e2>. Mais attention, je peux aussi dire que |e1> = 1/α|e> - β/α|e2>. Alors, qui est un état "propre", qui est un état "superposé" ?
C'est une erreur aussi courante que regrettable de penser que |e> est une superposition de |e1> et |e2> qui eux ne seraient pas superposés, """purs""".

- En revanche, ce qu'on peut dire, c'est que pour un système quantique,
tous les états ne sont pas associés à des grandeurs physiques bien définies. En fait, seule une minorité d'états l'est. Et souvent, on prend cet ensemble d'états associés à des grandeurs bien définies comme base canonique de l'espace des états, mais ça n'a vraiment
rien de fondamental, j'y reviens plus bas.

-
Toute mesure est une interaction. Un système mesuré, un l'appareil de mesure, un observateur sont intriqués lorsqu'ils interagissent. Dans le formalisme de la mq on représente cette intrication par l'opérateur ⊗. Mathématiquement c'est un produit tensoriel entre les vecteurs d'état, mais on s'en fiche un peu tant qu'on ne veut pas donner de valeurs numériques aux choses.

- Déso, c'est un peu lourdingue, mais plus loin j'ai besoin d'expliciter comment la mq formalise le fait de "faire une mesure" :
- J'ai un système S dans un état |e>.
- Je fais une mesure de cet état avec un appareil de mesure M, je note l'état de l'appareil de mesure |M(e)>. Comme toute mesure est une interaction, pour décrire le système, je ne peux plus m'arrêter à décrire S, je dois décrire S∪M. Ce système global est alors un état |e>⊗|M(e)>.
- Je, l'observateur O, observe le résultat. Similairement il y a intrication, je dois maintenant décrire S∪M∪O, ce système sera dans l'état |e>⊗|M(e)>⊗|O(e)>.
- De là, deux possibilités :
- L'état |e> est associé à une grandeur bien définie, mettons "le spin de l'électron est tartanpion".
- L'état final est |"le spin de l'électron est tartanpion">⊗|"l'appareil a mesuré tartanpion">⊗|"j'ai vu tartanpion sur l'écran de l'appareil"> et tout va bien.
- Le système est dans un état pour lequel aucune grandeur bien définie n'est associée.
- Je décompose cette état dans une base d'états associés à des grandeurs biens définies, par exemple α|"le spin de l'électron est tartanpion"> + β|"le spin de l'électron est gluurps">.
- On note ça α|tartanpion> + β|gluurps>. L'état final sera (α|tartanpion> + β|gluurps>)⊗M(α|tartanpion> + β|gluurps>)⊗O(α|tartanpion> + β|gluurps>).
- Or le principe de linéarité de la mq dit que M et O sont des opérateurs linéaires, je peux donc réécrire l'état final α|tartanpion>⊗|M(tartanpion)>⊗|O(tartanpion)> + β|gluurps>⊗|M(gluurps)>⊗|O(gluurps)>.

-
La théorie de la décohérence ne résoud pas le problème de la mesure. Penser le contraire est selon moi une incompréhension fondamentale de ce que décrit cette théorie, j'y reviens plus loin.
sa marche mais c fau
Globalement, j'ai l'impression qu'il y a ici un mélange entre la mq elle même et l'interprétation de Copenhague, mais cette inteprétation, même si elle est efficace pour se faire une idée rapide du comportement de certains systèmes, a des bugs indépassables au niveau fondamental.
À l'échelle quantique plein de choses interagissent en permanence et du principe de linéarité de la mq (plus précisément du caractère linéaire de l'opérateur d'évolution unitaire sur l'espace des états) découle que
les combinaisons linéaires sont préservées lors de ces interactions.
Maintenant, voilà ce qu'on observe au sens strict : après la mesure d'un Σαi|ei>, tout ce qu'on observera du réel par la suite se comportera
comme si toutes les composantes sauf une avaient été subitement anéanties.
L'interprétation de copenhague postule qu'il n'y a que lors d'une interaction avec un
instrument de mesure que les choses se comportent différemment. Ça pose une énorme montagne de problèmes : principe de linéarité (fondement de la mq) est contredit, la structure hermitienne associée à l'espace des états s'effondre, la réversibilité de la physique disparaît.
Mais le plus gros problème est un problème de continuité :
qu'est-ce qui rend spécial par nature un instrument de mesure ? Ou, dans d'autres variations de l'interprétation, la conscience humaine ?
L'interprétation de Copenhague contredit les principes de la mq. Il y a donc deux issues possibles :
- La mq est fausse. Problème, les innombrables manips visant à la mettre en défaut ont jusqu'à maintenant échoué. D'un pdv épistemologique il est d'ailleurs remarquable qu'une théorie se soit montrée si juste dans sa description du réel.
- L'interprétation de Copenhague est fausse. Et ça ce n'est vraiment pas difficile à admettre : la question de n'importe quelle personne après avoir été confronté à cette interprétation c'est "pourquoi ?".
Pour autant, l'interprétation de Copenhague est une
simplification très utile. Car tout se passe exactement
comme si elle était vraie. C'est donc un outil très
pratique pour prédire le réel, mais c'est vraiment ou outil
éclaté au sol pour expliquer le réel.
À noter qu'on peut très bien se dire que le but d'une théorie c'est de prédire, pas d'expliquer ; et on peut donc très bien se contenter de l'interprétation de Copenhague. À titre personnel, je ne trouve pas cet état de fait satisfaisant, mais Bohr et Hawkins le font bien alors...
Virgin nilhs bohr vs chad everett
On semble ici dans une impasse. Heureusement le chad Everett arrive à la rescousse dans les années 60, et propose une interprétation alternative.
Je reprends mon spin tartanpion - gluurps de ma petite introduction. On avait montré que l'état final était
α|tartanpion>⊗|M(tartanpion)>⊗|O(tartanpion)> + β|gluurps>⊗|M(gluurps)>⊗|O(gluurps)>
- Selon l'école de Copenhague, lors de l'observation, les α|tartanpion... ou les β|gluurps... sont anéantis. Le système S∪M∪O prend alors l'état |tartanpion>⊗|M(tartanpion)>⊗|O(tartanpion)>OU |gluurps>⊗|M(gluurps)>⊗|O(gluurps)>.
- Selon Everett, lors de l'observation, RIEN NE CHANGE. L'état du système EST TOUJOURS α|tartanpion>⊗|M(tartanpion)>⊗|O(tartanpion)> + β|gluurps>⊗|M(gluurps)>⊗|O(gluurps)>.
Ce qui est remarquable dans le formalisme de la MQ et la raison pour laquelle j'ai tapé ces calculs lourdingues, c'est que la linéarité induit que les deux branches α|tartanpion... et β|gluurps... sont toutes deux en parfaite cohérence interne. À aucun moment je n'ai un |tartanpion>⊗|O(gluurps) par exemple. [EXP]1[/EXP]
En conséquence, il y a souvent des interprétations d'Everett comme "théorie des univers multiples" ou "théorie des consciences multiples". Là c'est plus philo, mais je n'aime pas du tout ces images. Ce que dit Everett c'est simplement que
moi, l'observateur O, suis maintenant dans un état "superposé" après avoir interagi avec le système. Mais par définition,
si je suis dans la ""branche"" |O(tartanpion)> (avec des mots "j'ai observé tartanpion")
, mon "état de conscience" ne me donnne accès qu'à |M(tartanpion)> ("l'appareil affiche tartanpion")
et |tartanpion> ("le spin de l'électron est tartanpion"). On peut aussi le formuler différemment, c'est à dire que
si l'état de S est |tartanpion> je n'ai pas d'autre choix que d'être dans l'état |O(tartanpion)>. ²
Tout cela est très satisfaisant mais pose quand même un problème. Pourquoi cette "séparation" (en réalité rien ne se sépare mais je ne trouve pas d'autre mot) s'opère entre le vecteur d'état |tartanpion> et le vecteur d'état |gluurps>, alors qu'on a dit qu'aucun vecteur d'état n'était privilégié ? Pourquoi cette séparation ne s'opère pas entre une combinaison linéaire quelconque de ces vecteurs ?
C'est un problème historique de la physique quantique, très justemment nommé
problème de la base privilégiée. Et à cela on a un élément de réponse qui se dessine :
la théorie de la décohérence.
siissiii jeeejj trèèèè cohéreeentre
Je vais commencer par dire ce que
n'est pas la théorique de la décohérence. Sur le net (et probablement dans les bouquins aussi) on peut souvent lire des trucs qui donnent une image fausee de la chose, personellement ça ne m'a amené qu'à avoir des idées erronées sur la mq.
La décohérence n'est pas une explication justifiant l'indéterminisme de la mesure. En d'autres termes, la décohérence n'explique absolument pas pourquoi quand on mesure, on a l'impression que le système "choisit" aléatoirement une branche en excluant toutes les autres.
On peut parfois lire des trucs du style :
L'instrument de mesure étant nécessairement un gros machin, le fait que ce gros machin (un détecteur, notre oeil...) soit un énorme ensemble de sous-systèmes interagissant fortement avec le système le perturbe. La complexité des interactions fait que le système semble "prendre" un état aléatoire.
Que le machin qui mesure soit gros ne change strictement rien en ce qui relève de l'indéterminisme, ça n'a pas de sens. Quand on mesure, toutes les composantes sauf une se font tej. Quand on mesure pas, toutes les composantes sont conservées (ça reste linéaire). Il y a un problème de continuité.
La décohérence explique que la réduction du paquet d'ondes est progressive (bien que rapide), et qu'elle dépend en gros de la complexité / de l'activité de l'environnement (mathématiquement de son nombre de degrés de liberté). Elle n'apporte aucune explication conceptuelle au fait qu'il semble ne subsister qu'une branche une fois l'observation effectuée, et n'explique pas non plus pourquoi telle ou telle branche serait sélectionnée lors de la réalisation d'une mesure précise.
Les αi des Σαi|ei> et les probabilités |αi|²/Σ|ai|² d'obtenir tel ou tel résultat à la mesure de l'état final
ne suivent pas une évolution continue au gré de la taille du détecteur ou de la complexité de l'environnement, c'est une interprétation erronée. On ne peut pas synthétiser d'environnement complexe suceptible de déstabiliser les probabilités.
Ce qu'explique la décohérence,
c'est pourquoi les états macroscopiques finaux sont les vecteurs d'une base particulière, celle ou les états sont tous associées à des grandeurs bien définies.
La décohérence n'explique pas pourquoi lors de l'observation un système semble "prendre" une valeur, elle explique en quoi quand le système semble avoir cette étrange comportement, les valeurs qu'il prend sont particulières.
Dans le cas du chat dans l'état α|mort> + β|vivant>, elle explique pourquoi à force d'interagir avec un tas de trucs il devient statistiquement impossible que α et β ne soient pas orthogonaux, c'est à dire mutuellement exclusifs (la composante de |mort> sur |vivant> est nulle et réciproquement). Mais elle n'explique pas pourquoi le caractère mort OU vivant observé en pratique suit une loi aléatoire.
Si on exprime l'état du système dans la matrice densité au lieu d'un Σαi|ei>, on voit clairement qu'à la limite on a une matrice diagonale de trace unitaire. Ça traduit bien le caractère mutuellement exclusif des états.
Si la théorie de décohérence expliquait le caractère non déterministe, on aurait à la limite une matrice nulle partout avec un coef valant 1.
Ceci étant, il reste des choses pas claires. On a toujours pas vraiment compris en quoi la base de l'espace des états dans laquelle est exprimée la matrice densité serait particulière. En l'état, un changement de base transforme notre belle matrice diagonale en une matrice quelconque et nous voilà de retour au point de départ.
La folie des grandeurs
Pour bien essayer de comprendre les relations entre le petit monde quantique et le monde classique il faut interroger les notions de grandeur et de mesure.
De fait,
nous ne savons pas mesurer les états des systèmes, y compris les systèmes de la mécanique classique. En revanche, nous savons dénombrer, comparer des grandeurs, donner un sens au fait que quelque chose paraît deux fois plus long qu'une autre, qu'un instant semble trois fois plus court qu'un autre, qu'un objet ait l'air dix fois plus lourd qu'un autre.
La métrologie est un domaine abyssal, les questions comme "c'est quoi un nombre", "c'est quoi une grandeur" sont des sujets très délicats qu'honnêtement je maîtrise très mal. Plutot que de faire un tunnel dans le tunnel, un exermple : on est littéralement incapable de mesurer la température. Mais on peut observer que le liquide dans le thermomètre change de volume lorsqu'elle varie, c'est à dire compter le nombre de graduations, ou encore comparer la longueur que prend le liquide dans le tube avec une longueur de référence.
On peut aussi faire ça avec d'autres phénomènes physiques, mesurer la température avec des courants électriques ou des tas de systèmes compliqués mais on ne mesure pas l'état du système : on observe quelque chose qui en dérive (un observable), on le quantifie par rapport a une autre chose (une unité de référence), on en déduit une valeur (une grandeur physique).
Nous ne devrions donc pas être surpris.es qu'on soit dans l'incapacité de mesurer directement les états physiques. En mécanique quantique, on ne sait pas mesurer directement les vecteurs de l'espace des états, mais on voir bien qu'en mécanique classique c'est exactement pareil.
Toutefois, à l'échelle macroscopique, on voit bien qu'il y a des choses qu'on arrive assez bien à quantifier : l'intensité du courant électrique, la vitesse, la position, l'énergie... Ces grandeurs, de fait, sont particulières pour nous, dans notre monde macroscopique. Nos instruments savent les mesurer (même de manière indirecte et imprécise). En mécanique classique la valeur de ces grandeurs suffit à caractériser de manière univoque le système puisque chaque état a des valeurs bien définies. Mais ce n'est pas le cas en MQ.
Imaginons qu'on mesure une certaine grandeur G.
Si le système mesuré est dans un état pour lequel une valeur de G est bien définie, la mesure révèle alors cette valeur.
Si le système est dans un état pour lequel une valeur de G n'est pas bien définie, alors par définition la mesure ne pourra pas révéler cette valeur.
Il y a donc bien des états privilégiés du système, ceux pour lesquels la mesure de G révèle une valeur propre à l'état.
Si nous mesurions maintenant une autre grandeur G' sur le même système, il est évident que ce que nous apellerons les états privilégiés du système changeront pour devenir ceux pour lesquels G' est bien définie.
On voit que la base d'états privilégiée n'est pas intrinsèque au système, mais dépendante des grandeurs que nous y mesurons.
Mais il y a un problème épistemologique de taille : dans le monde macroscopique on ne sait pas construire d'instrument de mesure capable de mesurer n'importe quelle grandeur. Peut-être savons nous construire quelque chose capable de mesurer G, mais on est pas capables de fabriquer quelque chose pour mesurer G'. En mq, les bases privilégiées et les états """purs""" n'ont rien de fondamentales, on voit bien qu'elles dépendent simplement de la mesure.
Quand le système est simple, très isolé, il est possible de construire des systèmes de mesures pour mesurer n'importe quelle grandeur. Par exemple, plutôt que de mesurer l'état du chat dans la base (|mort>, |vivant>) on pourrait construire quelque chose capable de mesurer dans (0.5|mort> + 0.5|vivant>, |vivant>). [EXP]3[/EXP] L'appareil de mesure afficherait alors sur son écran "le chat est moitié mort, moitier vivant" ou "le chat est vivant". Dans un tel contexte, l'état qu'on note |mort> n'aurait plus de valeur bien définie associée, si on tente mesurer cet état en répétant l'expérience plusieurs fois, l'appareil affichera 4/5 du temps "moitié mort, moitié vivant" et 1/5 du temps "vivant" !
|mort> = 2(0.5|mort> + 0.5|vivant>) - |vivant>
𝒫(0.5|mort> + 0.5|vivant>) = |2|²/|2|²+|-1|² = 4/5
𝒫(|vivant>) = |-1|²/|2|²+|-1|² = 1/5
Mais pour un système assez complexe ou en forte interaction, on ne peut pas construire ce genre de chose. L'univers entier devient l'équivalent d'un instrument de mesure. Pour mesurer n'importe quelle grandeur de n'importe quel système, il faudrait contrôller la totalité de l'environnement.
Evidemment, ce n'est pas possible, et l'univers macroscopique autour de nous détermine "de facto" une base des états privilégiée pour lesquels les grandeurs sont bien définies.
1 : Ce qui fait fondre mon cerveau dans la sérotonine c'est qu'on arrive à ce résultat d'une manière extrêmement élégante, avec un ensemble extrêmement restreint de suppositions : la physique est linéaire, et on autorise un système à être dans toute combinaison linéaire d'autres états. Je pense vraiment que la physique quantique est une des plus belles qu'il nous ait été donné de formaliser.
2 : La mq n'explique en rien ce qu'est un état mental ou ce qu'est la conscience. De fait on suppose ici qu'il existe des états mentaux "j'ai vu X" ou "j'ai vu Y", car intuitivement on voit bien de quoi on parle. On ne dit rien sur la nature de ces états, c'est quelque chose qui sort du spectre de la mq.
3 : En fait on pourrait pas avec le chat, c'est une expérience de pensée. Mais on peut faire pour de vrai pour mesurer des spins non entiers par exemple.