ReportageFr2
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Bonjour à toutes et à tous.
Je fais partie des « jeunes étudiants drogués » filmés par France 2 pour l'émission d'Envoyé Spécial du 4 Avril 2013. Si je me manifeste aujourd'hui à vous, c'est pour dénoncer ce qui a été pour mes amis et moi une énorme manipulation ; et pour le reste de la France par extension aussi.
« Tout de suite les grands mots » ? Non. Cette histoire a été improbable depuis le début ; pourtant, sûrement par naïveté, nous sommes tombés dans le panneau avec une simplicité déconcertante.
Une journaliste a un jour cherché à contacter un ami. Elle se présentait comme étant de France 2, et voulant faire un reportage sur les « nouvelles drogues ». Nous ne sommes pas plus bêtes que vous ; nous connaissons aussi la qualité générale aberrante de leur travail sur ce genre de sujet. C'est de la diabolisation, du sensationnisme de bas étage ; enfin bref, mon ami lui a dit ne pas être intéressé pour ces raisons, sans s'en cacher. Elle n'a pas lâché l'affaire. Son argument était qu'elle comptait justement « ne pas faire un reportage France 2, mais quelque chose de bien et d'objectif ».
Nous avons donc été mis dans la confidence de ce projet fou. Nous n'avons été que trois à être au courant ; pour des raisons évidentes, nous ne voulions pas que nos autres amis soient au courant, avant peut-être la sortie du reportage.
J'étais au début assez dubitative. Mais j'ai téléphoné à la dite journaliste, et elle a réussi à me convaincre aussi. Je me rappelle qu'elle a bien insisté sur le fait qu'elle ferait tout pour que ce ne soit pas un reportage « comme les autres », qui ne viserait qu'à effaroucher la pauvre ménagère devant son écran.
Je me souviens avoir à mon tour, et dans la même période, été contactée par un journaliste M6, pour un sujet sur le cannabis. J'ai réagi de la même façon, lui exprimant mes doutes et appréhensions sur la qualité de son travail ; mais lui n'a pas su me convaincre et me rassurer. Cela puait à plein nez le sujet alarmiste en bois, j'ai donc refusé de lui accorder notre aide.
Notre nous disions que, de toute façon, quelqu'un devrait bien faire ce reportage. Alors autant que ce soit nous. On comptait le faire « à la bien » ; je ne trouve pas que nous soyons ces « bolosses qui ont perdu leur cartable » dont vous vous moquez un peu. Mais comme vous l'avez vu, notre partie ne dure que deux fois deux minutes trente : nous avons pourtant été filmés toute une soirée, et quelques heures du lendemain. Il est alors plus qu'aisé de prendre des images qui nous discréditent et où nous passons pour des idiots finis !
Parce que oui, c'est bien ça : nous avons abondamment parlé de RdR et toutes ces choses qui nous tiennent quand même à coeur ; et au final, ce que je vois, moi, ce sont des connards finis.
Bien. Je vais maintenant vous parler de cette fameuse soirée.
La journaliste et son caméraman sont arrivés tout sourire. Ils étaient sympathiques, ils nous ont immédiatement mis en confiance en nous demandant de les tutoyer. Nous n'avons pas attaqué tout de suite ; nous avons d'abord simplement discuté. Très vite, des confidences : la journaliste nous avoue avoir déjà touché aux drogues, avoir même déjà conduit sous LSD !... Son caméraman nous raconte lui aussi s'être essayé aux champignons.
Nous sommes de plus en plus en confiance ; après tout, eux savent ce que c'est, la drogue, ils savent que ce n'est pas cette entité malsaine dont parle France 2 sans aucune objectivité. Ils nous demandent même s'ils peuvent essayer la MXE avec nous ! Nous n'en avons cependant que trop peu, ce n'est donc pas possible. Ils sont un peu déçus, mais prévoient de boire pour se désinhiber un peu et passer aussi une bonne soirée ; en travaillant toutefois.
Il est un peu tard, les deux envoyés spéciaux veulent aller manger. Nous leur conseillons donc un restaurant, et nous les laissons y aller. Nous restons tous les quatre dans l'appartement, nous discutons de nos impressions. Il était toujours temps de faire demi-tour et de se désister : mais ils ont bien joué leur rôle, et nous nous sentons en confiance. Un peu grisés, même, d'être ceux qui vont enfin rétablir un semblant d'objectivité et de sérieux dans les reportages !
La journaliste et son caméraman reviennent un peu plus tard. Ils ne sont pas venus les mains vides, ils ont bière et alcool forts en leur possession. Ils nous semblent même déjà un peu ivres ; ils ont peut-être bu un peu en mangeant. Cela nous amuse, nous n'imaginions pas des reporters travailler comme ça ! Mais nous trouvons cela « cool », évidemment ; encore un bon point pour eux.
Avant de commencer notre petite affaire et nous repoudrer les naseaux, nous mettons une nouvelle fois au clair les choses : nous tenons à voir le reportage avant sa parution, à être floutés en bonne et due forme, à ce que l'appartement et tout ce qu'il a de personnel (tableaux, babioles) ne soit pas trop exposé ; en bref, à ce que notre anonymat soit protégé, et à pouvoir nous en assurer avant la sortie du reportage.
Je peux vous dire dès maintenant que les engagements n'ont pas été respectés. Encore quelques temps avant la sortie du reportage, la journaliste nous promettait de nous l'envoyer afin que nous puissions contrôler, et éventuellement poser un véto. Maintenant que nous avons vu le reportage, les raisons de cette trahison nous semblent évidentes : qui aurait pu autoriser la parution d'un tel sujet ? On y voit uniquement des gens bad-trippant de façon violente, des imbéciles essayant de nous faire croire que les « drogués » se tapent la tête contre les murs quand ils sont perchés, et puis nous. Nous, tournés en ridicule. Pas un seul mot sur ce que la drogue peu apporter en tant que développement de soi, pas un seul propos objectif pouvant justifier qu'un nombre tout de même important de gens se droguent ; et cela non pas juste pour s'amuser ou pour « oublier ses problèmes ».
Enfin, nous sommes pour le moment loin de nous douter de tout cela. Un ami prépare nos traces ; j'ai vu que nous avons attirés vos foudres car traçant à l'oeil. Ce n'est certes pas des plus RdR. Mais soyez honnêtes avec vous-mêmes ; combien êtes-vous à l'avoir fait ? La MXE, on la connaît, cela faisait déjà un moment qu'on en prenait. Les premières fois ont été faites dans les règles de l'art, avec balance, petites doses, précautions dans les re-drop. Mais au bout d'un moment, ce n'est plus nécessaire. Ce n'était certes pas intelligent de ne pas prévoir de l'avoir pour le reportage ; mais nous avions bien précisé, je m'en rappelle, qu'il ne fallait pas faire comme nous, que nous nous permettions de le faire simplement parce que l'on se connaissait et connaissait la substance.
Bien sûr, ces propos ont été coupés ! Il est beaucoup plus amusant de montrer des jeunes faire ça avec ce qui va être interprété comme de l'inconscience. Mais, je tiens à le répéter, il est évident que nous n'aurions pas fait de même pour d'autres prods.
La MXE commence à faire effet pour nous ; l'alcool pour la journaliste et son caméraman. Dans leur reportage, ils disent en parlant de nous que « très vite, leurs propos deviennent incohérents ». Pourtant, nous ne sommes ce soir-là pas les plus incohérents. Le cameraman se retrouve très vite à filmer n';importe comment, à faire des gros plans sur des lumières ou sur des objets improbables del 'appartement, la journaliste, elle, nous parle de son enfance, de ses problèmes familiaux, casse plusieurs verres et renverse de l'alcool un peu de partout. Nous sommes un peu perplexes, mais nous nous amusons bien quand même ; nous trouvons ça toujours « cool », on se dit que nous sommes vraiment tombés sur les bonnes personnes pour faire un bon sujet, malgré sur le moment leur manque flagrant de sérieux.
Pourtant, quelque chose nous chiffonne : nous avons les discussions les plus intéressantes, celles qui vont le plus au fond des choses, quand le caméraman éteint ou pose sa caméra et ne nous filme plus. Cela nous inquiète un peu, aurait dû nous mettre encore plus la puce à l'oreille ; mais la naïveté et la confiance est plus forte. Je comprends aujourd'hui que leur but était sûrement dès le début de nous duper. Ils étaient certes sympathiques ; mais je me rends compte aujourd'hui que ce n'était qu'hypocrisie pure. Et cela est blessant ; nous leur avons offerts confiance, bon accueil. Ils nous ont avoué le lendemain avoir passé une superbe soirée en notre compagnie, et c'était sûrement le cas. Ils ne sortent apparemment plus trop, surtout pas avec des jeunes, cela a dû leur rappeler« le bon vieux temps ». Mais cela ne les a pas empêchés de faire passer un reportage aberrant, de nous discréditer, et, pire encore, de mettre notre intégrité en danger, en ne protégeant pas vraiment notre anonymat. Il était dit que nos parents, nos amis, ne devraient pas pouvoir nous reconnaître en voyant le reportage ; pourtant plusieurs personnes nous ont déjà reconnus et percés à jour.
Dans le reportage, vous vous souvenez peut-être que la journaliste rencontre un fabriquant en se faisant passer pour une éventuelle acheteuse. Elle y dit que celui-ci lui propose de s'essayer aux drogues qu'elle compte acquérir. Elle en vient presque à jouer l'effarouchée ; pourtant,ce qu'elle ne vous dit pas, mais qu';elle nous a raconté au téléphone, c'est que son caméraman s'est laissé tenter par du 4MEC. Nous connaissons cette substance, nous l';avons déjà essayée sans aucun souci. Mais lui n'a visiblement pas pris les mêmes précautions que nous, car il en a abusé, et a été victime d'un blackout.
Qui sont donc les drogués inconscients, dans l'histoire ?
Aujourd'hui, je suis - nous sommes - à la fois révoltés et dégoûtés de voir ce qu'est véritablement le journalisme. On manipule des gens pour ensuite retourner des images contre eux ; mais on manipule également une population en ne leur montrant que ce que l'on souhaite leur faire croire. On ne s';attendait évidemment pas à un soudain revirement sur les drogues ; mais on comptait sur une objectivité que l'on n'a définitivement pas eue, remplacée par du sensationnel, par ce, qu'après tout, les gens lambda veulent croire et entendre.
Qu'ils se complaisent dans leur ignorance s'ils le souhaitent. Je souhaitais juste que les quelques personnes plus ou moins lucides entendent ce que j'ai - ce que nous avons - à dire, et qui est plus la vérité et la réalité que ce que l'on nous assène dans les médias.
Je fais partie des « jeunes étudiants drogués » filmés par France 2 pour l'émission d'Envoyé Spécial du 4 Avril 2013. Si je me manifeste aujourd'hui à vous, c'est pour dénoncer ce qui a été pour mes amis et moi une énorme manipulation ; et pour le reste de la France par extension aussi.
« Tout de suite les grands mots » ? Non. Cette histoire a été improbable depuis le début ; pourtant, sûrement par naïveté, nous sommes tombés dans le panneau avec une simplicité déconcertante.
Une journaliste a un jour cherché à contacter un ami. Elle se présentait comme étant de France 2, et voulant faire un reportage sur les « nouvelles drogues ». Nous ne sommes pas plus bêtes que vous ; nous connaissons aussi la qualité générale aberrante de leur travail sur ce genre de sujet. C'est de la diabolisation, du sensationnisme de bas étage ; enfin bref, mon ami lui a dit ne pas être intéressé pour ces raisons, sans s'en cacher. Elle n'a pas lâché l'affaire. Son argument était qu'elle comptait justement « ne pas faire un reportage France 2, mais quelque chose de bien et d'objectif ».
Nous avons donc été mis dans la confidence de ce projet fou. Nous n'avons été que trois à être au courant ; pour des raisons évidentes, nous ne voulions pas que nos autres amis soient au courant, avant peut-être la sortie du reportage.
J'étais au début assez dubitative. Mais j'ai téléphoné à la dite journaliste, et elle a réussi à me convaincre aussi. Je me rappelle qu'elle a bien insisté sur le fait qu'elle ferait tout pour que ce ne soit pas un reportage « comme les autres », qui ne viserait qu'à effaroucher la pauvre ménagère devant son écran.
Je me souviens avoir à mon tour, et dans la même période, été contactée par un journaliste M6, pour un sujet sur le cannabis. J'ai réagi de la même façon, lui exprimant mes doutes et appréhensions sur la qualité de son travail ; mais lui n'a pas su me convaincre et me rassurer. Cela puait à plein nez le sujet alarmiste en bois, j'ai donc refusé de lui accorder notre aide.
Notre nous disions que, de toute façon, quelqu'un devrait bien faire ce reportage. Alors autant que ce soit nous. On comptait le faire « à la bien » ; je ne trouve pas que nous soyons ces « bolosses qui ont perdu leur cartable » dont vous vous moquez un peu. Mais comme vous l'avez vu, notre partie ne dure que deux fois deux minutes trente : nous avons pourtant été filmés toute une soirée, et quelques heures du lendemain. Il est alors plus qu'aisé de prendre des images qui nous discréditent et où nous passons pour des idiots finis !
Parce que oui, c'est bien ça : nous avons abondamment parlé de RdR et toutes ces choses qui nous tiennent quand même à coeur ; et au final, ce que je vois, moi, ce sont des connards finis.
Bien. Je vais maintenant vous parler de cette fameuse soirée.
La journaliste et son caméraman sont arrivés tout sourire. Ils étaient sympathiques, ils nous ont immédiatement mis en confiance en nous demandant de les tutoyer. Nous n'avons pas attaqué tout de suite ; nous avons d'abord simplement discuté. Très vite, des confidences : la journaliste nous avoue avoir déjà touché aux drogues, avoir même déjà conduit sous LSD !... Son caméraman nous raconte lui aussi s'être essayé aux champignons.
Nous sommes de plus en plus en confiance ; après tout, eux savent ce que c'est, la drogue, ils savent que ce n'est pas cette entité malsaine dont parle France 2 sans aucune objectivité. Ils nous demandent même s'ils peuvent essayer la MXE avec nous ! Nous n'en avons cependant que trop peu, ce n'est donc pas possible. Ils sont un peu déçus, mais prévoient de boire pour se désinhiber un peu et passer aussi une bonne soirée ; en travaillant toutefois.
Il est un peu tard, les deux envoyés spéciaux veulent aller manger. Nous leur conseillons donc un restaurant, et nous les laissons y aller. Nous restons tous les quatre dans l'appartement, nous discutons de nos impressions. Il était toujours temps de faire demi-tour et de se désister : mais ils ont bien joué leur rôle, et nous nous sentons en confiance. Un peu grisés, même, d'être ceux qui vont enfin rétablir un semblant d'objectivité et de sérieux dans les reportages !
La journaliste et son caméraman reviennent un peu plus tard. Ils ne sont pas venus les mains vides, ils ont bière et alcool forts en leur possession. Ils nous semblent même déjà un peu ivres ; ils ont peut-être bu un peu en mangeant. Cela nous amuse, nous n'imaginions pas des reporters travailler comme ça ! Mais nous trouvons cela « cool », évidemment ; encore un bon point pour eux.
Avant de commencer notre petite affaire et nous repoudrer les naseaux, nous mettons une nouvelle fois au clair les choses : nous tenons à voir le reportage avant sa parution, à être floutés en bonne et due forme, à ce que l'appartement et tout ce qu'il a de personnel (tableaux, babioles) ne soit pas trop exposé ; en bref, à ce que notre anonymat soit protégé, et à pouvoir nous en assurer avant la sortie du reportage.
Je peux vous dire dès maintenant que les engagements n'ont pas été respectés. Encore quelques temps avant la sortie du reportage, la journaliste nous promettait de nous l'envoyer afin que nous puissions contrôler, et éventuellement poser un véto. Maintenant que nous avons vu le reportage, les raisons de cette trahison nous semblent évidentes : qui aurait pu autoriser la parution d'un tel sujet ? On y voit uniquement des gens bad-trippant de façon violente, des imbéciles essayant de nous faire croire que les « drogués » se tapent la tête contre les murs quand ils sont perchés, et puis nous. Nous, tournés en ridicule. Pas un seul mot sur ce que la drogue peu apporter en tant que développement de soi, pas un seul propos objectif pouvant justifier qu'un nombre tout de même important de gens se droguent ; et cela non pas juste pour s'amuser ou pour « oublier ses problèmes ».
Enfin, nous sommes pour le moment loin de nous douter de tout cela. Un ami prépare nos traces ; j'ai vu que nous avons attirés vos foudres car traçant à l'oeil. Ce n'est certes pas des plus RdR. Mais soyez honnêtes avec vous-mêmes ; combien êtes-vous à l'avoir fait ? La MXE, on la connaît, cela faisait déjà un moment qu'on en prenait. Les premières fois ont été faites dans les règles de l'art, avec balance, petites doses, précautions dans les re-drop. Mais au bout d'un moment, ce n'est plus nécessaire. Ce n'était certes pas intelligent de ne pas prévoir de l'avoir pour le reportage ; mais nous avions bien précisé, je m'en rappelle, qu'il ne fallait pas faire comme nous, que nous nous permettions de le faire simplement parce que l'on se connaissait et connaissait la substance.
Bien sûr, ces propos ont été coupés ! Il est beaucoup plus amusant de montrer des jeunes faire ça avec ce qui va être interprété comme de l'inconscience. Mais, je tiens à le répéter, il est évident que nous n'aurions pas fait de même pour d'autres prods.
La MXE commence à faire effet pour nous ; l'alcool pour la journaliste et son caméraman. Dans leur reportage, ils disent en parlant de nous que « très vite, leurs propos deviennent incohérents ». Pourtant, nous ne sommes ce soir-là pas les plus incohérents. Le cameraman se retrouve très vite à filmer n';importe comment, à faire des gros plans sur des lumières ou sur des objets improbables del 'appartement, la journaliste, elle, nous parle de son enfance, de ses problèmes familiaux, casse plusieurs verres et renverse de l'alcool un peu de partout. Nous sommes un peu perplexes, mais nous nous amusons bien quand même ; nous trouvons ça toujours « cool », on se dit que nous sommes vraiment tombés sur les bonnes personnes pour faire un bon sujet, malgré sur le moment leur manque flagrant de sérieux.
Pourtant, quelque chose nous chiffonne : nous avons les discussions les plus intéressantes, celles qui vont le plus au fond des choses, quand le caméraman éteint ou pose sa caméra et ne nous filme plus. Cela nous inquiète un peu, aurait dû nous mettre encore plus la puce à l'oreille ; mais la naïveté et la confiance est plus forte. Je comprends aujourd'hui que leur but était sûrement dès le début de nous duper. Ils étaient certes sympathiques ; mais je me rends compte aujourd'hui que ce n'était qu'hypocrisie pure. Et cela est blessant ; nous leur avons offerts confiance, bon accueil. Ils nous ont avoué le lendemain avoir passé une superbe soirée en notre compagnie, et c'était sûrement le cas. Ils ne sortent apparemment plus trop, surtout pas avec des jeunes, cela a dû leur rappeler« le bon vieux temps ». Mais cela ne les a pas empêchés de faire passer un reportage aberrant, de nous discréditer, et, pire encore, de mettre notre intégrité en danger, en ne protégeant pas vraiment notre anonymat. Il était dit que nos parents, nos amis, ne devraient pas pouvoir nous reconnaître en voyant le reportage ; pourtant plusieurs personnes nous ont déjà reconnus et percés à jour.
Dans le reportage, vous vous souvenez peut-être que la journaliste rencontre un fabriquant en se faisant passer pour une éventuelle acheteuse. Elle y dit que celui-ci lui propose de s'essayer aux drogues qu'elle compte acquérir. Elle en vient presque à jouer l'effarouchée ; pourtant,ce qu'elle ne vous dit pas, mais qu';elle nous a raconté au téléphone, c'est que son caméraman s'est laissé tenter par du 4MEC. Nous connaissons cette substance, nous l';avons déjà essayée sans aucun souci. Mais lui n'a visiblement pas pris les mêmes précautions que nous, car il en a abusé, et a été victime d'un blackout.
Qui sont donc les drogués inconscients, dans l'histoire ?
Aujourd'hui, je suis - nous sommes - à la fois révoltés et dégoûtés de voir ce qu'est véritablement le journalisme. On manipule des gens pour ensuite retourner des images contre eux ; mais on manipule également une population en ne leur montrant que ce que l'on souhaite leur faire croire. On ne s';attendait évidemment pas à un soudain revirement sur les drogues ; mais on comptait sur une objectivité que l'on n'a définitivement pas eue, remplacée par du sensationnel, par ce, qu'après tout, les gens lambda veulent croire et entendre.
Qu'ils se complaisent dans leur ignorance s'ils le souhaitent. Je souhaitais juste que les quelques personnes plus ou moins lucides entendent ce que j'ai - ce que nous avons - à dire, et qui est plus la vérité et la réalité que ce que l'on nous assène dans les médias.