Jester12
Elfe Mécanique
- Inscrit
- 14/2/13
- Messages
- 496
Salut à tous, Psychonautes!
Voilà ça fait quelques temps que je passe pas mal de temps à lire divers TR pendant mon temps libre et je dois avouer que je trouve cela super intéressant. C'est un peu comme lire des compte-rendu de TP de philo' en fait. J'ai l'impression de plus comprendre les mécaniques du cerveau et de l'inconscient en vous lisant tous plutôt qu'en me plongeant tête baissée dans des bouquins. Bref, face à cet engouement, j'ai décidé de vous raconter ma première fois, la portée qu'elle a eu, ainsi que les différentes gymnastiques que mon cher cerveau est capable de faire sous MDMA...
Ma première fois remonte à deux ans à peu près. Un ami m'en avait parlé comme d'une chose super géniale et qui rend les gens fusionnels. Ahah! Dis comme ça, ça a vraiment l'air sympa! D'autant plus que, après avoir lu à ce sujet et écouté pas mal de mes potes, je remarque que cette substance s'accorde parfaitement avec ma personnalité. Rien qu'avec de l'alcool, je parle beaucoup, à pleins de gens, rigole tout le temps, et essaie de répandre ma bonne humeur autour de moi.
Je parle de tout ça à ma copine, qui elle aussi est très intéressée une fois que je lui décrit bien la chose. Parfait, on trouve le produit, on se procure deux paras chacun. Jusqu'à là tout va bien. Quant au Set & Setting, par contre, là on a foiré un peu. On a décidé de faire ça en semaine (je sais même plus pourquoi...) alors qu'on bossait tout les deux le lendemain matin (elle en cours et moi en stage). Je pense qu'on avait tout simplement pas imaginé à quoi une descente ressemblait. On pensait que ça serait un peu comme une gueule de bois: erreur.
Bref, il devait être 18h. Nous étions à jeun, et prenons le premier avec un peu d'eau. On essai de plus y penser, et on parle de tout et de rien tout en regardant la télé. Très vite, je sens très légèrement mon touché différent. Et sans m'en rendre compte, je suis en train de caresser le canapé comme un gros pervers. Quant à ma copine, toujours rien. Le temps passe un peu, et j'en profite pour lui expliquer ce que je ressens, la douceur qui a envahi mon corps, jusqu'au bout de mes pieds. Oui, je me suis mis pied nus pour mieux caresser ce magnifique tapis. Et je dis bien magnifique, car à ce moment là, tous les superlatifs me venait à l'esprit. Tout était beau, et parfait. Regarder le visage de ma copine était un délice. Je la plaignais qu'elle n'ait encore rien. Cela faisait 30min que nous avions dropé. Je pensais donc que la montée était passé, et que j'avais atteint le plateau avec les sensations que j'avais. Et vu que ma copine n'avait toujours rien, et qu'elle commençait à raler car rien ne marchait avec elle (une prise de champis le mois d'avant, sans succès pour tous les deux), on décide de prendre le deuxième. Encore une autre erreur...
Pendant que je continuais à scruter l'appartement de mon frère (que je squatte souvent, et qui à priori était libre jusqu'au lendemain...), ma copine elle était au téléphone avec une amie. Je me sentais d'une mollesse extraordinaire. Je commençais déjà à réfléchir au pourquoi du comment ce sentiment de bien être suprême pouvait m'être procuré par un canapé, un tapis, et la présence de ma tendre. Mais qu'importe, je trouverai pas la réponse, et ce n'était pas grave, rien n'était grave!
Et tout à coup, ma copine raccroche, puis devient toute blanche. Elle me dit qu'elle à froid, alors que je la regarde avec mes gros yeux de chat. Je lui indique donc que c'est la montée et qu'elle ferait mieux de s'asseoir (le tout comme si je m'adressais à un bébé tellement mon débit de voix était lent et faible). Elle n'a même pas eu le temps de s'exécuter qu'elle commença à trembler. J'avais peur. Mes idées n'étaient plus très claires, mais une m'occupait désormais plus que les autres: et si il lui arrivait quelques chose? Qu'ai-je fait? Serais-je en état de lui venir en aide s'il lui arrive quelque chose? Mon dieu que vais-je faire?!? Ni une ni deux, je me lève en me demandant comment je parvenais à un tel exploit. Je l'attrape et la guide vers le lit. Allongée, je me dis que ça irait peut-être mieux... Je suis mort de peur, elle ne réponds plus à mes questions et tremble comme une feuille morte. Elle ferme les yeux, mais me tiens la main pour me montrer qu'elle est toujours là. Ce moment m'a semblé duré une éternité, et s’apparentait à un combat, côte-à-côte. Moi luttant contre la peur que quelque chose lui arrive par ma faute, et elle avec la substance, gagnant peu à peu tout son corps...
Le célèbre adage disant que tout ce qui a un début a une fin était vrai là aussi. Alors que j'étais derrière elle que je la serrais fort contre moi, elle s’arrêta tout à coup de trembler. Inquiet, je lui demande à de multiples reprises si elle va bien, en insistant. Quelques secondes après, elle tourne sa tête délicatement vers moi en ouvrant à nouveau un peu les yeux et me dis: "... Je suis... vraiment... TROP BIEN." Le tout sur un ton à faire planer un moine tibétain. Et c'est à ce moment là que j'ai compris ce qu'était une montée. Premièrement, en la regardant, et puis deuxièmement, en entendant ces doux mots sortir de sa bouche. C'était la plus belle phrase que j'avais entendu, dit par la plus belle personne que je connaissais, et par celle à qui je tenais le plus. Ce flux de bonheur intense ne s’arrêtait pas, j'avais l'impression de ne plus avoir de sang, et que du bonheur coulait dans mes veines. Oui, mon corps ne vivait plus, il flottait. Le bonheur était devenu quelque chose de palpable, de concret, et ne représentait plus une notion indiquant une humeur. Non, c'était une entité. Une entité qui me voulait du bien, sans rien donner en retour. Un pur moment de bonheur. En y repensant, si je devais décrire cette sensation pour ceux qui n'ont jamais touché à la MD, je décrirai ça comme si j'étais un petit enfant, émerveillé par un rien, un matin de Noël, ou je vois que tout mes cadeaux sont sous le sapin en me levant. Cette sensation de bonheur, innocente, incontrôlable, qu'on ne cherche pas à comprendre, mais qu'on saisit aussi fort que l'on peut jusqu'à la faire traverser tout notre être. C'est ce que j'ai ressenti... Ce que nous avons ressenti. Cela a duré un bon moment comme cela, un bon moment même. Quand soudain, mon frère rentra chez lui prendre deux trois affaires...
Nous ne lui avions pas précisé que nous allions prendre des substances illicites. Surtout que lui n'est pas du tout dans ce trip là... Du coup, la scène était vraiment bizarre. De ce que je me souviens, il est rentré dans la chambre, nous a vu dans son lit (il est au fait que nous dormons dedans quelques fois quand il est pas là), encore habillés, avec des sourires jusqu'aux oreilles. Une envie soudaine me force à lui dire que je l'aime. Je ne lui avais jamais dit, et pourtant sur le coup ça me semblait vraiment la meilleure chose à faire, la plus évidente. J'étais limite fier de pouvoir le dire sans pudeur, et j'en voulais secrètement au monde entier pour les conventions sociales imposées qui brident l'expression des sentiments. On lui a alors expliqué notre état. Il l'a plutôt mal pris tel que je le connais et tel que je m'en souviens. Même si je reste persuadé que les mots que j'ai dit l'ont touché. Au final, il a commencé à nous dire que ce qu'on voyait n'était qu'une illusion, que ce n'était pas le monde réel, qu'il fallait redescendre de notre nuage... Bref, que c'était mal ce qu'on avait fait. C'est comme cela qu'on l'a pris en tout cas. Bien que totalement en désaccord avec lui, aucun de nous deux n'avait la force ni l'envie de lui répondre. C'était comme voir quelque chose tomber, qu'on voulait rattraper, mais que où il était déjà trop tard, ça allait forcément touché le sol avant que l'on puisse faire quoi que ce soit. C'était le même sentiment d'impuissance malgré une envie profonde d'agir. Suite à cela, il est reparti, non pas en étant en colère, mais je pense juste un peu déçu de voir son petit frère faire de telles choses. Mais je ne lui en veux pas, et je le comprends. Notamment pour son speech, il ne devait pas savoir que c'est pas du tout le genre de chose à dire à des personnes perchées... Bref, il est parti, et nous avons tenté de repartir dans l'état dans lequel on était. On ne pensait pas y parvenir, mais... c'était sous-estimer le pouvoir de la MD, et surtout, de l'inconscient. Au final, ce n'est pas la MD qui nous fait autant aimé, c'est tout simplement notre cerveau. La substance active n'est que outil. Il était alors à priori simple de repartir. Nous avions le contrôle. Tout me semblait facile à comprendre, la sérotonine monte, du coup je mooooonte aussi! Et ça a relativement bien marché!
Cet état a duré plusieurs heures. Se regarder dans les yeux nous portait là où on le souhaitait. S'embrasser était divin, meilleur que le sexe, meilleur que toutes les saveurs du monde. C'était comme plongé dans du coton la bouche la première. Et pourtant, quoi de plus banal qu'un baiser? Mais non, rien à voir. Ce n'était plus un baiser. C'était plus que cela; c'était un geste, liant deux personnes, mêlant amour, tendresse, et partage. Le sens du baiser prenait tout son sens. Et de temps en temps, nous parlions. On parlait ouvertement, plus que d'habitude, et de tout. On s'est dit des choses qu'on ne penserait pas dire, et avons même fait des projets. Quand je repense à ce que m'avait dit mon ami lorsqu'il nous avait parlé de la MD la première fois, il avait pas tort: on était fusionnels. Se toucher, sans même arrière pensées sexuelles, était juste divin. Et le lit dans lequel nous étions s’apparentait à un nuage sur lequel on volait tellement on était léger. Notre corps était léger, mais aussi notre esprit. Rien ne le rattacher à quelque chose de déconcertant ou troublant. C'est comme si on nous avait enlevé un voile plein d'impuretés devant nous, et que tout à coup on voyait plus clair. C'était valable pour tout nos sens.
S'en est suivi une période de fou rire. Un poster de Bart Simpson souriant nous a littéralement fait exploser de rire. On s'imaginait qu'il était perché comme nous (grand yeux, dents serrées, si si, la ressemblance était frappante sur le coup! ^^). Une fois notre état un peu plus stable, on décide de prolonger au maximum l'expérience, en voulant nourrir nos sens avec tout ce qu'on avait sous la main. On pense donc à une douche. Après quelques minutes impliquées par notre lenteur, nous y sommes. Dans la pénombre, juste avec l'éclairage du radiateur, sous l'eau chaude. C'était un peu comme si des milliers de petites mains caressaient notre corps tout en voulant notre bonheur. Qu'elles étaient gentilles ces gouttelettes... Après cela, nous avons aussi eu une petite période où nous avons pensé à tous les gens que nous aimions, même si au final, on voulait resté à deux, dans notre monde. Nous retournâmes au lit.
Après un léger sentiment de frustration lié à la descente que nous venions d'amorcer, il était temps de se laissé aller dans les bras de Morphée. Il devait être... 2 ou 3h. Je n'en suis plus certain. C'est à ce moment là que j'ai commencé à faire ce que j'appelle de la gymnastique intellectuelle. On ne parlait plus, on était dans le noir, et on essayait désespérément de dormir. On ne connaissait pas cette sensation de fatigue qu'il est impossible à rassasier. C'est alors que mon cerveau pris les commandes. Et quand je dis mon cerveau, je fais référence au fait que j'avais lâché prise, ce n'était plus ma conscience qui me faisait agir. J'étais spectateur des limbes de mon moi profond. Le début était très brouillon. Je voyais des chiffres partout, et j'étais convaincu qu'il fallait que je résolve une équation pour pouvoir... pour pouvoir je ne sais pas trop quoi au final. Arrêter et passer à autre chose? Dormir? Je manipulais donc les chiffres, je les déplaçais, et je les agençais entre eux de manière à faire de belles équations qui sur le coup me semblaient enfantines tellement tout se faisait à une vitesse hallucinante. Je sentais tout de même la fatigue. Mais ce n'était pas terminé. Après les chiffres, les lettres. Oui, ça peut sembler marrant, mais pour le coup je trouvais ça d'un naturel! Cette fois-ci, les lettres formaient des mots, et je devais placer tout les mots finissant par "i" d'un côté, et tous les autres de l'autre. C'était à n'en plus finir, et je commençais à trouver cela agaçant de par le côté répétitif et envoutant. Mon cerveau grouillait d'information, et comptait bien me le montrer! C'était un peu comme si quelqu'un me disait: "Tu veux dormir? Mais pourquoi dormir? Regarde ce que je peux te faire faire avec des chiffres, et des mots! C'est merveilleux, vient on continue!" Jusqu'au moment où... J'ai réussi, j'ai placé tout les mots en "i" d'un côté. Un grand soulagement, et un sentiment d'apaisement profond procuré par le travail accompli. C'est comme un peu du masochisme. Mon cerveau me fait faire des chose pas top top à première vue, mais quand je termine... Ah, le bonheur. Encore lui. Et ensuite... Dodo.
Nous avions pensé à mettre le réveil avant notre trip. Et oui, on pensait réellement aller au boulot. Le réveil qui ne fut pas si dur que ça, nous révélait tout de même une vérité implacable: je suis incapable de bouger à une vitesse dite normale, si normalité il y a, alors travailler... inimaginable! Et bizarrement, l'idée qui sur le moment semblait la meilleur nous est venue: "et si on allait campait dans les bois? " - "Oh oui, génial! On va d'abord acheter de quoi manger puis on va se poser." Hop, on s'habille, on prend la voiture, et direction le magasin. Le trajet a été une sacrée expérience. La voiture ne roulait pas, non, elle flottait elle aussi. Tournait-elle à la MD elle aussi? La vitesse de croisière était de 30Km/h, ce qui nous semblait vraiment génial pour tout admirer en étant en sécurité. On commençait donc à se demander pourquoi on roulait pas tout le temps à cette vitesse. De même pour le magasin, on se demandait pourquoi les gens marchaient tous vite. Nous avons déduit que tous les gens devraient au moins une fois prendre de la MD dans leur vie. On remettait tout en cause, et souvent pour une meilleure approche. Ce n'est qu'un petit exemple anodin, mais sur le coup nous avons poussé la chose un peu plus et sommes arrivés au fait que quelque soit la substance prise, cela permet généralement de révéler beaucoup sur soi même, mais surtout sur la société dans laquelle on vit. Réflexion désormais faite à chaque prise, MD ou autre.
Nous avons donc terminé toute la matinée en pleine forêt, dans la tente, sans rien manger finalement. On avait pas faim du tout... J'ai appelé mon boulot pour leur dire que je venais que l'aprem car j'étais malade (quelle maladie!), et voilà. Sacré expérience qui depuis reste ancré en nous. Même si nous avons pas fait tout parfaitement, on a réussi a vraiment apprécier. C'est un peu comme la vie, elle n'est pas parfaite, mais il y a toujours moyen d'apprécier les choses qu'elle nous offre. Depuis, on fait encore de temps en temps des soirées MD avec des potes, ou alors en couple, comme cette si belle première fois...
EDIT: Je tiens tout de même à préciser que suite à cette première fois, j'ai tellement était fasciné par les effets produits que j'ai eu du mal à penser à autre chose pendant, sérieusement, au moins une bonne semaine (ma copine également je pense). J'en voulais encore... Mais bon, j'ai mes principes, et je sais là où j'ai placé mes limites donc pas de gros risques de ce côté là. Tout ça pour dire que malgré tout ce qu'on peut avoir comme idées, ou comme convictions concernant les drogues avant une prise, ces dernières seront toujours mises à mal pendant un petit moment après. Suffit de pas céder, mais ça, c'est une autre histoire...
Merci de m'avoir lu, et désolé pour la longueur. Mais tant qu'à raconter, autant y mettre les détails.
Jester12
Voilà ça fait quelques temps que je passe pas mal de temps à lire divers TR pendant mon temps libre et je dois avouer que je trouve cela super intéressant. C'est un peu comme lire des compte-rendu de TP de philo' en fait. J'ai l'impression de plus comprendre les mécaniques du cerveau et de l'inconscient en vous lisant tous plutôt qu'en me plongeant tête baissée dans des bouquins. Bref, face à cet engouement, j'ai décidé de vous raconter ma première fois, la portée qu'elle a eu, ainsi que les différentes gymnastiques que mon cher cerveau est capable de faire sous MDMA...
Ma première fois remonte à deux ans à peu près. Un ami m'en avait parlé comme d'une chose super géniale et qui rend les gens fusionnels. Ahah! Dis comme ça, ça a vraiment l'air sympa! D'autant plus que, après avoir lu à ce sujet et écouté pas mal de mes potes, je remarque que cette substance s'accorde parfaitement avec ma personnalité. Rien qu'avec de l'alcool, je parle beaucoup, à pleins de gens, rigole tout le temps, et essaie de répandre ma bonne humeur autour de moi.
Je parle de tout ça à ma copine, qui elle aussi est très intéressée une fois que je lui décrit bien la chose. Parfait, on trouve le produit, on se procure deux paras chacun. Jusqu'à là tout va bien. Quant au Set & Setting, par contre, là on a foiré un peu. On a décidé de faire ça en semaine (je sais même plus pourquoi...) alors qu'on bossait tout les deux le lendemain matin (elle en cours et moi en stage). Je pense qu'on avait tout simplement pas imaginé à quoi une descente ressemblait. On pensait que ça serait un peu comme une gueule de bois: erreur.
Bref, il devait être 18h. Nous étions à jeun, et prenons le premier avec un peu d'eau. On essai de plus y penser, et on parle de tout et de rien tout en regardant la télé. Très vite, je sens très légèrement mon touché différent. Et sans m'en rendre compte, je suis en train de caresser le canapé comme un gros pervers. Quant à ma copine, toujours rien. Le temps passe un peu, et j'en profite pour lui expliquer ce que je ressens, la douceur qui a envahi mon corps, jusqu'au bout de mes pieds. Oui, je me suis mis pied nus pour mieux caresser ce magnifique tapis. Et je dis bien magnifique, car à ce moment là, tous les superlatifs me venait à l'esprit. Tout était beau, et parfait. Regarder le visage de ma copine était un délice. Je la plaignais qu'elle n'ait encore rien. Cela faisait 30min que nous avions dropé. Je pensais donc que la montée était passé, et que j'avais atteint le plateau avec les sensations que j'avais. Et vu que ma copine n'avait toujours rien, et qu'elle commençait à raler car rien ne marchait avec elle (une prise de champis le mois d'avant, sans succès pour tous les deux), on décide de prendre le deuxième. Encore une autre erreur...
Pendant que je continuais à scruter l'appartement de mon frère (que je squatte souvent, et qui à priori était libre jusqu'au lendemain...), ma copine elle était au téléphone avec une amie. Je me sentais d'une mollesse extraordinaire. Je commençais déjà à réfléchir au pourquoi du comment ce sentiment de bien être suprême pouvait m'être procuré par un canapé, un tapis, et la présence de ma tendre. Mais qu'importe, je trouverai pas la réponse, et ce n'était pas grave, rien n'était grave!
Et tout à coup, ma copine raccroche, puis devient toute blanche. Elle me dit qu'elle à froid, alors que je la regarde avec mes gros yeux de chat. Je lui indique donc que c'est la montée et qu'elle ferait mieux de s'asseoir (le tout comme si je m'adressais à un bébé tellement mon débit de voix était lent et faible). Elle n'a même pas eu le temps de s'exécuter qu'elle commença à trembler. J'avais peur. Mes idées n'étaient plus très claires, mais une m'occupait désormais plus que les autres: et si il lui arrivait quelques chose? Qu'ai-je fait? Serais-je en état de lui venir en aide s'il lui arrive quelque chose? Mon dieu que vais-je faire?!? Ni une ni deux, je me lève en me demandant comment je parvenais à un tel exploit. Je l'attrape et la guide vers le lit. Allongée, je me dis que ça irait peut-être mieux... Je suis mort de peur, elle ne réponds plus à mes questions et tremble comme une feuille morte. Elle ferme les yeux, mais me tiens la main pour me montrer qu'elle est toujours là. Ce moment m'a semblé duré une éternité, et s’apparentait à un combat, côte-à-côte. Moi luttant contre la peur que quelque chose lui arrive par ma faute, et elle avec la substance, gagnant peu à peu tout son corps...
Le célèbre adage disant que tout ce qui a un début a une fin était vrai là aussi. Alors que j'étais derrière elle que je la serrais fort contre moi, elle s’arrêta tout à coup de trembler. Inquiet, je lui demande à de multiples reprises si elle va bien, en insistant. Quelques secondes après, elle tourne sa tête délicatement vers moi en ouvrant à nouveau un peu les yeux et me dis: "... Je suis... vraiment... TROP BIEN." Le tout sur un ton à faire planer un moine tibétain. Et c'est à ce moment là que j'ai compris ce qu'était une montée. Premièrement, en la regardant, et puis deuxièmement, en entendant ces doux mots sortir de sa bouche. C'était la plus belle phrase que j'avais entendu, dit par la plus belle personne que je connaissais, et par celle à qui je tenais le plus. Ce flux de bonheur intense ne s’arrêtait pas, j'avais l'impression de ne plus avoir de sang, et que du bonheur coulait dans mes veines. Oui, mon corps ne vivait plus, il flottait. Le bonheur était devenu quelque chose de palpable, de concret, et ne représentait plus une notion indiquant une humeur. Non, c'était une entité. Une entité qui me voulait du bien, sans rien donner en retour. Un pur moment de bonheur. En y repensant, si je devais décrire cette sensation pour ceux qui n'ont jamais touché à la MD, je décrirai ça comme si j'étais un petit enfant, émerveillé par un rien, un matin de Noël, ou je vois que tout mes cadeaux sont sous le sapin en me levant. Cette sensation de bonheur, innocente, incontrôlable, qu'on ne cherche pas à comprendre, mais qu'on saisit aussi fort que l'on peut jusqu'à la faire traverser tout notre être. C'est ce que j'ai ressenti... Ce que nous avons ressenti. Cela a duré un bon moment comme cela, un bon moment même. Quand soudain, mon frère rentra chez lui prendre deux trois affaires...
Nous ne lui avions pas précisé que nous allions prendre des substances illicites. Surtout que lui n'est pas du tout dans ce trip là... Du coup, la scène était vraiment bizarre. De ce que je me souviens, il est rentré dans la chambre, nous a vu dans son lit (il est au fait que nous dormons dedans quelques fois quand il est pas là), encore habillés, avec des sourires jusqu'aux oreilles. Une envie soudaine me force à lui dire que je l'aime. Je ne lui avais jamais dit, et pourtant sur le coup ça me semblait vraiment la meilleure chose à faire, la plus évidente. J'étais limite fier de pouvoir le dire sans pudeur, et j'en voulais secrètement au monde entier pour les conventions sociales imposées qui brident l'expression des sentiments. On lui a alors expliqué notre état. Il l'a plutôt mal pris tel que je le connais et tel que je m'en souviens. Même si je reste persuadé que les mots que j'ai dit l'ont touché. Au final, il a commencé à nous dire que ce qu'on voyait n'était qu'une illusion, que ce n'était pas le monde réel, qu'il fallait redescendre de notre nuage... Bref, que c'était mal ce qu'on avait fait. C'est comme cela qu'on l'a pris en tout cas. Bien que totalement en désaccord avec lui, aucun de nous deux n'avait la force ni l'envie de lui répondre. C'était comme voir quelque chose tomber, qu'on voulait rattraper, mais que où il était déjà trop tard, ça allait forcément touché le sol avant que l'on puisse faire quoi que ce soit. C'était le même sentiment d'impuissance malgré une envie profonde d'agir. Suite à cela, il est reparti, non pas en étant en colère, mais je pense juste un peu déçu de voir son petit frère faire de telles choses. Mais je ne lui en veux pas, et je le comprends. Notamment pour son speech, il ne devait pas savoir que c'est pas du tout le genre de chose à dire à des personnes perchées... Bref, il est parti, et nous avons tenté de repartir dans l'état dans lequel on était. On ne pensait pas y parvenir, mais... c'était sous-estimer le pouvoir de la MD, et surtout, de l'inconscient. Au final, ce n'est pas la MD qui nous fait autant aimé, c'est tout simplement notre cerveau. La substance active n'est que outil. Il était alors à priori simple de repartir. Nous avions le contrôle. Tout me semblait facile à comprendre, la sérotonine monte, du coup je mooooonte aussi! Et ça a relativement bien marché!
Cet état a duré plusieurs heures. Se regarder dans les yeux nous portait là où on le souhaitait. S'embrasser était divin, meilleur que le sexe, meilleur que toutes les saveurs du monde. C'était comme plongé dans du coton la bouche la première. Et pourtant, quoi de plus banal qu'un baiser? Mais non, rien à voir. Ce n'était plus un baiser. C'était plus que cela; c'était un geste, liant deux personnes, mêlant amour, tendresse, et partage. Le sens du baiser prenait tout son sens. Et de temps en temps, nous parlions. On parlait ouvertement, plus que d'habitude, et de tout. On s'est dit des choses qu'on ne penserait pas dire, et avons même fait des projets. Quand je repense à ce que m'avait dit mon ami lorsqu'il nous avait parlé de la MD la première fois, il avait pas tort: on était fusionnels. Se toucher, sans même arrière pensées sexuelles, était juste divin. Et le lit dans lequel nous étions s’apparentait à un nuage sur lequel on volait tellement on était léger. Notre corps était léger, mais aussi notre esprit. Rien ne le rattacher à quelque chose de déconcertant ou troublant. C'est comme si on nous avait enlevé un voile plein d'impuretés devant nous, et que tout à coup on voyait plus clair. C'était valable pour tout nos sens.
S'en est suivi une période de fou rire. Un poster de Bart Simpson souriant nous a littéralement fait exploser de rire. On s'imaginait qu'il était perché comme nous (grand yeux, dents serrées, si si, la ressemblance était frappante sur le coup! ^^). Une fois notre état un peu plus stable, on décide de prolonger au maximum l'expérience, en voulant nourrir nos sens avec tout ce qu'on avait sous la main. On pense donc à une douche. Après quelques minutes impliquées par notre lenteur, nous y sommes. Dans la pénombre, juste avec l'éclairage du radiateur, sous l'eau chaude. C'était un peu comme si des milliers de petites mains caressaient notre corps tout en voulant notre bonheur. Qu'elles étaient gentilles ces gouttelettes... Après cela, nous avons aussi eu une petite période où nous avons pensé à tous les gens que nous aimions, même si au final, on voulait resté à deux, dans notre monde. Nous retournâmes au lit.
Après un léger sentiment de frustration lié à la descente que nous venions d'amorcer, il était temps de se laissé aller dans les bras de Morphée. Il devait être... 2 ou 3h. Je n'en suis plus certain. C'est à ce moment là que j'ai commencé à faire ce que j'appelle de la gymnastique intellectuelle. On ne parlait plus, on était dans le noir, et on essayait désespérément de dormir. On ne connaissait pas cette sensation de fatigue qu'il est impossible à rassasier. C'est alors que mon cerveau pris les commandes. Et quand je dis mon cerveau, je fais référence au fait que j'avais lâché prise, ce n'était plus ma conscience qui me faisait agir. J'étais spectateur des limbes de mon moi profond. Le début était très brouillon. Je voyais des chiffres partout, et j'étais convaincu qu'il fallait que je résolve une équation pour pouvoir... pour pouvoir je ne sais pas trop quoi au final. Arrêter et passer à autre chose? Dormir? Je manipulais donc les chiffres, je les déplaçais, et je les agençais entre eux de manière à faire de belles équations qui sur le coup me semblaient enfantines tellement tout se faisait à une vitesse hallucinante. Je sentais tout de même la fatigue. Mais ce n'était pas terminé. Après les chiffres, les lettres. Oui, ça peut sembler marrant, mais pour le coup je trouvais ça d'un naturel! Cette fois-ci, les lettres formaient des mots, et je devais placer tout les mots finissant par "i" d'un côté, et tous les autres de l'autre. C'était à n'en plus finir, et je commençais à trouver cela agaçant de par le côté répétitif et envoutant. Mon cerveau grouillait d'information, et comptait bien me le montrer! C'était un peu comme si quelqu'un me disait: "Tu veux dormir? Mais pourquoi dormir? Regarde ce que je peux te faire faire avec des chiffres, et des mots! C'est merveilleux, vient on continue!" Jusqu'au moment où... J'ai réussi, j'ai placé tout les mots en "i" d'un côté. Un grand soulagement, et un sentiment d'apaisement profond procuré par le travail accompli. C'est comme un peu du masochisme. Mon cerveau me fait faire des chose pas top top à première vue, mais quand je termine... Ah, le bonheur. Encore lui. Et ensuite... Dodo.
Nous avions pensé à mettre le réveil avant notre trip. Et oui, on pensait réellement aller au boulot. Le réveil qui ne fut pas si dur que ça, nous révélait tout de même une vérité implacable: je suis incapable de bouger à une vitesse dite normale, si normalité il y a, alors travailler... inimaginable! Et bizarrement, l'idée qui sur le moment semblait la meilleur nous est venue: "et si on allait campait dans les bois? " - "Oh oui, génial! On va d'abord acheter de quoi manger puis on va se poser." Hop, on s'habille, on prend la voiture, et direction le magasin. Le trajet a été une sacrée expérience. La voiture ne roulait pas, non, elle flottait elle aussi. Tournait-elle à la MD elle aussi? La vitesse de croisière était de 30Km/h, ce qui nous semblait vraiment génial pour tout admirer en étant en sécurité. On commençait donc à se demander pourquoi on roulait pas tout le temps à cette vitesse. De même pour le magasin, on se demandait pourquoi les gens marchaient tous vite. Nous avons déduit que tous les gens devraient au moins une fois prendre de la MD dans leur vie. On remettait tout en cause, et souvent pour une meilleure approche. Ce n'est qu'un petit exemple anodin, mais sur le coup nous avons poussé la chose un peu plus et sommes arrivés au fait que quelque soit la substance prise, cela permet généralement de révéler beaucoup sur soi même, mais surtout sur la société dans laquelle on vit. Réflexion désormais faite à chaque prise, MD ou autre.
Nous avons donc terminé toute la matinée en pleine forêt, dans la tente, sans rien manger finalement. On avait pas faim du tout... J'ai appelé mon boulot pour leur dire que je venais que l'aprem car j'étais malade (quelle maladie!), et voilà. Sacré expérience qui depuis reste ancré en nous. Même si nous avons pas fait tout parfaitement, on a réussi a vraiment apprécier. C'est un peu comme la vie, elle n'est pas parfaite, mais il y a toujours moyen d'apprécier les choses qu'elle nous offre. Depuis, on fait encore de temps en temps des soirées MD avec des potes, ou alors en couple, comme cette si belle première fois...
EDIT: Je tiens tout de même à préciser que suite à cette première fois, j'ai tellement était fasciné par les effets produits que j'ai eu du mal à penser à autre chose pendant, sérieusement, au moins une bonne semaine (ma copine également je pense). J'en voulais encore... Mais bon, j'ai mes principes, et je sais là où j'ai placé mes limites donc pas de gros risques de ce côté là. Tout ça pour dire que malgré tout ce qu'on peut avoir comme idées, ou comme convictions concernant les drogues avant une prise, ces dernières seront toujours mises à mal pendant un petit moment après. Suffit de pas céder, mais ça, c'est une autre histoire...
Merci de m'avoir lu, et désolé pour la longueur. Mais tant qu'à raconter, autant y mettre les détails.
Jester12