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Styloplume
Guest
Hé ho, j'ai fait des efforts, cette fois il y a 5300 mots seulement. Reste que c'est assez long, il faut compter un quart-d'heure-vingt minutes pour tout lire.
Encore une fois j'ai fait un PDF, c'est quand même plus simple. Voir la pièce jointe 5401
Trip fait le 25 novembre 2011
La piste de l’hypnose chamanique
Trip report d’une initiation à l’hypnose
par Styloplume
Mes chers amis psychonautes de la défonce spirituelle,
Ca faisait longtemps que je voulais essayer une méthode drug-free pour explorer l'esprit, l'occasion ne s'était pas encore présentée. Alors quelle ne fut pas mon excitation quand j'ai appris que des bons amis à moi, retrouvés cette année pour cause de déménagement, sont des adeptes du développement personnel et sont expérimentés, entre autres, avec l'hypnose ericksonienne. De fil en aiguille, à force de parler de trucs et de machins, on en est venu à se dire: "Ah, faisons une séance d'hypnose régressive!"
Les personnages
(j'invente les surnoms au fur et à mesure):
Karla: Elle pratique régulièrement l'hypnose éricksonienne et a les pieds bien sur terre.
Galaad: Un peu plus perché (la preuve, il est ingénieur, hin hin), il a fait un bon gros chemin dans le développement personnel.
Styloplume: Votre serviteur, étudiant en psycho, sale gosse amateur de sensations fortes (et de drogues psychédéliques)
A noter que Karla et Galaad sont deux fois plus âgés que moi, ils pourraient être mes parents.
Donc, après quelques tâtonnements, on trouve moyen de se faire une séance. Karla insiste pour que Galaad soit là, au cas où ça se passe mal. Par exemple, si je me retrouve dans une ancienne incarnation où je suis un soldat en train de crever sur le champ de bataille, je pourrai partir en bad. Donc c'est pas plus mal d'avoir un sitter en plus de l'hypnotiseur. Yaha, ça part bien comme avant-goût!
Le set & setting
La situation
Un vendredi soir dans la maison de Galaad, on mange et je reste à dormir, on a toute la soirée en somme. Le setting est toujours bien maîtrisé par les deux loustics, vétérans de ce genre de truc.
Quelques appréhensions
Il m'ont dit "Soit ouvert et prêt à tout, sans t'imposer d'objectifs"
Dans la journée avant je m'applique à prendre soin de moi et à faire le vide dans ma tête, ça se passe pas trop mal. Avant de retrouver Karla qui m'emmène en voiture, je fait le point sur mon cahier:
Si tout va bien, ce soir c'est hypnose! Aujourd'hui, pas mal comme journée. Assez dormi, levé à 9:30, parfait. Du temps sur le fofo, discussions profondes en ce moment, Doulite pose les bonnes questions. J'ai écrit un courrier de 4 pages à ma psy. Conclusions: après le trip DXM du plateau 3 par la face nord, mes efforts pour accepter les souffrances de l'enfant portent (modestement) leurs fruits. Je suis sur un bon chemin, ça c'est sûr. Bossé à la BU, très peu productif niveau quantitatif, par contre niveau état intérieur ça a fait du bien. Je sens la confiance en moi venir, niveau fac.
Médité sur la musique: je sens la mort qui se pointe rapidement, surtout si j'ai pas parlé avec l'enfant intérieur auparavant. Si je l'écoute et repasse la journée en revue, je me dis, ouais, pas mal, et la musique redevient cosmique.
L'hypnose, alors. Karla m'a dit qu'il valait mieux que Galaad soit là au cas où je me retrouve dans la peau de quelqu'un qui meurt ou quelque chose comme ça. Que Galaad soit là pour m'en sortir? Deux choses me chiffonnent:
1) L'idée de tomber sur du matériel karmique lourd, et de le réveiller sans l'assimiler. Va-t-il me poursuivre par la suite, comme c'est le cas avec les poussées d'angoisses qui reviennent après un bad? (Réveiller la psychose non merci, j'ai donné avec le DXM....)
2) Karla m'a l'air excitée par l'hypnose comme je le fut avec le DXM. Jouer avec le feu sans avoir confiance en soi me semble pas le meilleur set possible.
Je me trouve les réponses à ces doutes:
1) Même si je tombe sur du matériel karmique lourd sans l'assimiler, ça me fera de la matière pour le prochain trip au DXM, qui lui sera orienté pour accepter la mort (ce trip-là est toujours en projet)
2) C'est bien pour ça que Galaad sera là. Karla connaît ses limites et agit responsablement en préférant la présence de Galaad. Ca me va.
Maintenant je connais les limites du set & setting, maintenant on lâche prise et go go go go!
On embarque dans la soirée
D'ailleurs voilà Karla qui arrive, hop je monte en voiture et c'est parti. C'est marrant de se retrouver entre gens "bizarres". C'est plus un problème d'évoquer la spiritualité, l'hypnose ou... la drogue? Ah, non, Karla est vraiment pas branchée par ce que je lui raconte sur mon chemin avec DXM et LSD. D'ailleurs c'est un peu gênant, elle commence à m'expliquer que sous drogue le corps astral se détache complètement du corps physique (jusque là d'accord, pourquoi pas, ça me parle) et qu'un esprit mal intentionné peut venir prendre la place (oulà....). Des cas de possession à cause de l'usage de drogue? Et toi, Karla, t'as déjà pris de la drogue? "Ah non, je joue pas avec ça, moi, j'ai pas envie de perdre le contrôle". Ah, d'accord, ouais.
Bref, comme d'habitude, le piège c'est toujours de juger les actes des autres à la lumière de sa propre théorie, sans avoir mis le plus petit doigt de pied dans le domaine de l'autre. Enfin bon, on est pas là pour prendre de la drogue, on va se mettre sous hypnose, et Karla s'y connaît. D'ailleurs la conversation est sympa du reste.
Tient, on est arrivé. On se met en cuisine et la bonne humeur règne. Je fais vraiment figure de gamin excité et avide de sensations fortes. D'ailleurs je les saoûle un peu avec mes histoires de drogues. (Mais Galaad a lu quelques uns de mes TRs et je sais qu'il est intéressé, hé hé).
Donc j'en profite pour poser ma question sur le coup du bad trip et du risque de flash back anxieux. La réponse de Karla et Galaad: rien à craindre. D'une, sous hypnose, on se voit de l'extérieur plutôt que de revivre les scènes directement (pas de problème du genre impression de mourir donc), et de deux, on peut en sortir proprement quand on veux.
Bon, ça a l'air bien. On finit de manger, et hop on s'y met, après un peu de temps à se placer. L'ambiance est cordiale, juste j'ai un peu froid dans cette grande maison, et, sachant que c'est Karla qui va m'hypnotiser, je me demande si je lui fait confiance, il y a quelques trucs qui viennent entre elle et moi à cause de mon histoire, mais là c'est vraiment personnel et je voudrais pas conjecturer. Bref, je suis tendu, Karla ne m'a pas expliqué comment ça allait se passer, il y a un protocole à déballer sur le coup. Bon, d'accord.
Alors, quelles sont mes attentes?
Maintenant que je suis sur le canapé à attendre que les deux autres reviennent de la cuisine, je tâche de me détendre sur la musique que j'ai posée. A quoi je m'attends? Et ben, du peu que je connaisse sur l'hypnose, je m'attends surtout à perdre le contrôle et à partir en voyage. Si je ne me goure pas l'hypnotiseur me plonge dans une relaxation en partie artificielle, mon conscient lâche prise et hop je déboule dans un pays étrange et merveilleux. En fait, je m'attends un peu à un K-Hole (jamais expérimenté) en plus tranquille, une sorte de gros vide d'où émerge la voix de l'hypnotiseur, à laquelle j'obéis sans trop me poser de questions. J'ai lu un bouquin d'hypnose super qui explore les vies entre les incarnations terrestres par cette méthode. (Un autre corps pour mon âme, de Michael Newton). Très très intéressant. Aussi je m'attends à une fontaine de couleurs.
Première tentative : raté
Voilà les deux cocos qui reviennent. Ca devient sérieux. Allez, Stylo, tu t'allonges sur le canapé, voilà, voilà, Karla est assise à côté, et moi je ferme les yeux. Galaad est assis plus loin.
- Alors, Stylo, je te propose deux choses différentes. Soit une hypnose régressive, où l'on va se balader dans ta vie ou tes vies d'avant, soit on fait une hypnose plus tranquille à visée thérapeutique sur un point précis de ton corps ou de ton esprit. Pour une première fois c'est mieux de faire une hypnose légère, donc, le deuxième cas.
Le délire thérapeutique je veux pas me lancer dedans. Pas envie que Karla bidouille des trucs dans mon inconscient. Les vies antérieures et tout, ça me tente plutôt (évidemment, en bon amateur de sensations fortes, le genre de crétin qui redrope avant la fin de la montée...). Je lui dit ça. Ok, c'est parti.
D'abord on fait une lecture du corps, en fait une concentration sur chaque partie du corps, pour commencer la relaxation. Il n'y a pas le "Dormez, je le veux" bien cliché. En fait j'ai vraiment froid, je frissone, mais il y a aussi une grosse part d'excitation que je n'arrive pas à maîtriser. Dans ma période DXM je pratiquait une forme de training autogène jusqu'à me dissocier presque du corps, ou à me sentir plein d'énergie. Je m'y prenais sans doute pas comme il fallait, mais au moins j'avais un résultat. Là, je ne parviens à rien de précis. "Tu te sens couler au fond de toi", non non là ça marche pas. Merde merde. Aussi je flippe quand Karla me demande:
- Bien, tu es dans un endroit agréable. Qu'est-ce que tu vois?
- J'ai froid.
- Réponds à mes questions s'il te plaît. Qu'est-ce que tu vois?
- Du noir.
- D'accord. On va remonter de dix ans. Est-ce que tu te vois?
- Heu... non.
- On va remonter un peu plus, peut-être avant ta naissance. Est-ce que tu vois quelque chose?
Je vois que dalle. Mon corps tremble, je ne suis certainement pas dans un état modifié de conscience, je me sens très con de pas avoir décollé, j'ai sûrement raté un wagon en cours de route. J'ai envie de me lever du canapé et d'envoyer tout le monde se faire foutre.
- Je ne vois rien.
- Bien... Tu as quel âge?
Je donne mon âge actuel. Karla soupire: "Il est réfractaire".
Je me lève, je me sens con, et en même temps, ouf c'est fini. Je repense à Bipbip qui avait pris 360 mg de DXM une fois de plus pour voir ce que ça donne niveau inspiration. J'avais débarqué chez lui et j'était parti "Vas-y, pose-toi, tu vas triper." Il l'a fait, il a tripé (et même méchament tripé), mais pas vraiment de son plein gré. Il avait l'air soulagé d'en sortir. Là je me sens pareil. Et en même temps, merde, j'ai raté quelque chose!
Deuxième tentative : on décolle difficilement
Mais Karla propose de le retenter, avec Galaad comme guide. Pas con comme idée, en effet j'ai plus confiance en lui ( ne serait-ce que parce que l'idée de triper à l'acide peut l'intéresser, hin hin). Et puis il a pas la même méthode. D'ailleurs, j'ai expliqué que j'avais vraiment froid, Galaad m'a chopé une couette pour me tenir chaud. Je me roule dedans sur le canapé et lentement je me réchauffe. Me voilà dans de meilleurs conditions pour triper. On va voir si ça marche mieux.
Pareil, lecture du corps, plus approfondie. Galaad insiste sur le fait que j'ai chaud et que je suis bien, et effectivement j'ai chaud, je suis bien. Je me méfie un peu, j'ai toujours des tremblements, mais j'arrive un peu à respirer. Rien de cosmique non plus.
- Maintenant tu vas te représenter un endroit très calme, en paix. La montagne, la mer, la campagne, comme ça t'arrange.
Heu... Mes jambes tremblent, je suis certainement pas dans le K-hole escompté, pas perché, que dalle, mes jambes flagellent, enfin, heu, d'accord... allez, mon truc à moi c'est la forêt.
- La forêt, dis-je d'une voix tremblante.
Tout ceci me rappelle furieusement ma montée de LSD au Hadra, en plein milieu d'une sympathique bande de teufeurs qui m'avaient aidé à me mettre au sec sous leurs bâche. Je tremble d'exitation, je suis dépendant, j'assume plus ou moins, je lâche pas forcément prise. Galaad me rassure:
- La forêt, très bien. Je voudrais que tu t'imagines quelqu'un dans cette forêt.
Heu... ah bon? Je vois vraiment que dalle, comment je suis sensé... enfin bon. Je m'imagine un homme, de toutes façons, debout dans la forêt. Je me le représente assez bien, en fait, une silhouette vue de dos, habillée en bleu. Sur le coup je ne comprends pas que je suis déjà en train de triper.
- Je vois un homme.
- D'accord. Comment est-il habillé?
- J'ai l'impression d'être réfractaire et de tout imaginer.
Karla intervient de sa place: "Tu n’es pas réfractaire. C'est justement ça, c'est ton imagination qui guide tout. Laisse venir." Bon, heu, d'accord. (Haha, on dirait des conseils à quelqu'un qui flippe sous psychés! Laisse monter, tu va voir, tu vas passer un bon trip...)
- En bleu. Vêtements près du corps.
- D'accord. Tu vois son visage?
- Non. Je le vois de dos.
Ce qui est une grosse connerie, en fait je vois très bien son visage, mais ça me semble trop barré pour être honnête. Je vois son visage, c'est le visage barbu d'un ami commun à moi et Galaad. A noter que depuis peu je me laisse moi-même pousser la barbe. Son visage est exalté, un peu la tête d'un prophète en herbe sous LSD, légèrement dépassé par les évènements. Mais ça je ne le dis pas, c'est que j'ai pas compris ce que c'est que l'hypnose, sur le coup. Bref.
- Comment se tient-il?
- Il a les bras écartés vers les arbres.
- Et qu'est-ce qu'il pense?
Ca par contre, aucun problème. C'est moi qui le pense.
- Il pense que nous sommes comme les arbres. Prendre l'énergie du ciel pour la répartir sur la terre. Prendre l'énergie de la terre pour l'élever vers le ciel.
- Est-ce qu'il est en paix?
- Non.
- Pourquoi?
- Parce que les hommes souffrent.
- Pourquoi les hommes souffrent-ils?
- Parce qu'ils oublient qu'ils sont comme les arbres. L'énergie est coupée.
Pendant tout ce temps je suis complètement éveillé et j'ai juste l'impression de raconter ce que je pense, ce qui est vrai. Alors qu'en même temps je suis en train de triper à bloc (D'ailleurs on sent mon angoisse dans les visuels) Galaad embraye:
- Bien. Je voudrais que tu t'imagines quelque chose. Tu es debout dans la forêt, et derrière toi s'approche quelqu'un. Il est très grand, beaucoup plus que toi, et très bon. Il s'assoit derrière toi. Tu sens sa présence, sans le voir...
Ca me plaît pas trop, tout ça. Je vois ça venir gros comme une maison: Galaad veut m'emmener quelque part, et moi, j'ai pas envie d'y aller. Mais bon, j'y vais quand même, parceque je lui fait en partie confiance. Mais c'est dur à imaginer tous ces machins. Bon, je me représente un gros Bouddha assis en position du lotus derrière moi. En même temps mes paupières s'entrouvrent, je peux voir le plafond, je me dit que l'hypnose c'est du chiqué.
- ... tu le sens te prendre dans ses bras. Sa peau est chaude, tu es nu, il est nu...
Heu t'en fais pas un peu trop, là? Rhaa taré de chamane Galaad! Et pourtant, mmh, je suis tenu dans les bras d'un archétype divin archaïque (haha, paye tes mots, je les sors droit d'un bouquin de Jung), et ça fait du bien. J'ai l'impression que ce sont les bras de mon père qui me tiennent quand j'étais un bébé...
-... et tu sens qu'il n'y a plus de soucis, que tu vas bien tu es protégé. Tu peux me décrire ce que tu sens?
Je suis en train de triper grave et je lâche un peu prise. C'est une putain de première matrice périnatale, agréable comme pas possible. J'ai vécu ça sous LSD dans mon trip ultime, et l'élément intéressant, c'est que, comme cette fois-là, je me met à pencher ma tête sur le côté, de contentement, comme un enfant qui s'endort dans les bras de sa mère. Mes tensions dans les muscles ont disparu. Je dit:
- Je me sens bien... dans les bras de ma mère.
- D'accord. Je voudrais que tu me dises à quoi il ou elle ressemble, et si tu veux j'aimerais qu'on se concentre sur le père. Comment est-il?
- Il est barbu.
Comme mon propre père à mon âge. En fait je suis un bébé nu dans les bras d'un brave homme barbu lui-même torse nu. L'éclate totale.
- D'accord. Maintenant je voudrais que tu t'imprègnes de cette sensation, que tu la retienne et que....
Heu là j'ai pas accroché du tout, j'ai commencé à voir clair dans le chamanisme de Galaad et la méfiance a repris le dessus. C'est pas mon chemin! Je veux pas me construire des fausses impressions pour modeler mon inconscient comme ça! Pas l'image du père, comme ça, c'est trop facile! C'est pas prévu, non plus! Olé, Stylo, tu vas pas te laisser faire, allez hop!
- Je veux revenir, dis-je.
Galaad est très réglo là-dessus.
- D'accord. Tu reviens progressivement à toi, tu peux ouvrir les yeux quand tu veux, peut-être en gardant un peu de cette chaleur...
Cause toujours. Je vois clair dans ton jeu.
Et voilà. J'émerge. Je suis moi. Rien n'a changé. Je suis détendu comme pas possible, mais ça je ne veux pas trop l'admettre sur le coup. Et puis je suis chamboulé par ce qui vient de se passer, pas à l’aise en fait.
On refait le trip à deux
Nos points de vue
Bref, il est tard, Karla s'en va, et moi je reste chez Galaad, c'est parti pour une conversation épique au pays merveilleux de l'introspection profonde. Pour que ça prenne pas trop de place à lire je vais détailler nos points de vues séparément et un repère commun, l'ami Erich Fromm .
Styloplume: est branché sur la recherche de l'enfant intérieur. C'est la source d'émotions, de satisfactions comme de déception. Mon but c'est de devenir un bon adulte pour mon enfant intérieur, pour qu'il ait la joie. Par ailleurs, mon but dans la vie c'est d'accepter la mort pour ensuite renaître.
Galaad: est branché sur ce qu'il appelle la Névrose du Père. Notre société est traumatisée par le manque de Père, c'est la culture chrétienne de Dieu le père, du curé qu'on appelle Mon Père, du Pape qui est le Saint Père, ainsi de suite. C'est un problème et en même temps la solution: il suffit de faire confiance au Père (comme le fait le Christ) pour accéder à son amour.
L'idée d'Erich Fromm (pour structurer), c'est que la conception de Dieu passe par différentes phases au cours de la croissance d'un individu.
1) Dans les sociétés primitives, Dieu = la Nature = la Madre de Quetzal. C'est l'amour inconditionnel. Dieu nous aime quoi qu'on fasse.
2) Puis, dans les sociétés patriarcales comme la nôtre, Dieu = le Père. C'est l'amour conditionné. Dieu nous aime seulement si on est obéissant (la fameuse morale judéo-chrétienne).
3) Enfin, le point de maturation de l'individu et de la société, c'est de considérer Dieu ni comme l'un ni comme l'autre, mais avec des conceptions paradoxales. On cite Lao-Tseu: "L'être et le vide s'engendrent l'un l'autre", ou encore "Ce qui est en haut est en bas". Ces conceptions paradoxales sont la clé d'une pensée non-dualiste, etc., etc., bienvenue dans le bouddhisme, la culture mystique, le zen, et ainsi de suite.
Sur l’hypnose
Donc, Galaad et moi on est en pleine discussion. Déjà, on déblaye tout ce qui est hypnose:
- En fait, dis-je, l'hypnose c'est juste laisser défiler les images, les créer en même temps qu'elle apparaissent?
- Exactement.
- Mais c'est comme le LSD!
- Ben oui!
- Mais alors, l'hypnose c'est tout con, c'est pas un état second ou quoi!
- Oh, ça dépend, ça peut percher loin si on se laisse aller.
- Se laisser aller... ça veut dire qu'il faut faire confiance au trip et croire à toutes les images qui passent par là?
- C'est ça.
Rapide cogitation sur mon psychonautisme au DXM.
- ...Mais c'est exactement la même chose que d'habitude alors!
- Et voilà! Qu'il dit Galaad.
Et voilà, la boucle est bouclée. J'ai compris. L'hypnose c'est juste triper sans drogue. Plutôt que de laisser monter les effets, c'est à nous de les faire monter. Autrement dit, il faut créer les images, les exagérer dans un premier temps, pour faire partir l'imagination, et surtout y croire. Après, c'est le même délire que d'habitude. On tape pas des halus, c'est plus comme rêver éveillé, ou plutôt, l'attention se porte ailleurs et non plus sur le corps, sur le milieu... Ouais, c'est ça, c'est comme rêver éveillé, mais on s'endort vraiment pas. Ca y est, j'ai compris. Mais l'hypnose c'est TOUT CON en fait! Et super puissant aussi.
Désaccord avec Galaad
Maintenant, Galaad trouve que je me prends trop le chou avec toutes ces histoires de mort et de renaissance. Il dit que je pourrai y arriver plus vite, plutôt que de chercher l'enfant intérieur.
- Comment donc?
- En faisait confiance au père, directement.
- Ca veut dire accepter ton trip chamanique?
- Oui, justement, lâcher prise, faire confiance.
- En fait, tu me dis de te faire confiance quand tu m'emmènes dans les bras de l'archétype paternel?
- Oui, c'est ça. Ca te permettrai d'avancer beaucoup plus vite.
- Mais je marche pas dans ton délire. Je ne veux pas de toi comme père. C'est à moi de décider des mes trucs.
- Eh ben dis donc ça me fascine ton arrogance!
- Mais OUI je suis arrogant! Je sais ce qu'il me faut!
- Très bien, et moi je sais ce que je pense.
Putain je suis triste, je me sens coupé de Galaad, normalement on s'entend super bien. Je passe par l'abandon du père, la deuxième matrice périnatale. Je suis triste, grave. Il n'y a que moi, je suis coupé de lui. Et en même temps je suis sur mon minimum vital, celui que je me suis construit, et je tient dessus, je survis. Cool.
Haha on a passé peut-être dix ou quinze minutes comme ça, à pas être d'accord. Galaad avec son histoire de père en qui faire confiance, et moi avec mon histoire d'outsider qui fait tout tout seul dans son coin. (Je résume énormément)
On se retouve !
Mais on a finit par revenir dans l’échange constructif. Je sais plus trop comment, on est reparti sur ma quête de l'enfant intérieur, et on s'est rendu compte que pour trouver l'enfant intérieur il faut aussi trouver (voire inventer) l'adulte intérieur.
- Mais alors, faire confiance en l'adulte intérieur, ça veut dire faire confiance en moi!
- C'est ça.
- Donc, chercher mon enfant intérieur, c'est chercher mon père, en fait?
- Voilà.
- Et c'est ça que tu faisais avec ton chamanisme, le père qui me tient dans ses bras?
- Exactement. C'est un exercice courant dans le développement personnel.
- Tu vois, j'étais pas prévenu. Je crois qu'on va en reparler et qu'on va recommencer tôt ou tard. C'est trop puissant comme démarche, pour que je passe à côté. Hé, en fait, faire confiance au Père, c'est aussi accepter la mort, non?
- Oui.
- Et après, dans mon système, on doit renaître, tu sais?
- Oui.
- En fait, j'ai l'impression qu'on vient juste de passer la mort, et qu'on vient de renaître, qu'on a retrouvé le contact toi et moi. On était bloqué, et maintenant ça coule.
- Ah, ça se peut bien, oui.
- Et donc c'est comme un cycle mort/renaissance qu'on vient d'avoir.
- Ah, pourquoi pas!
- Et là ça te gêne pas que j'emploie le terme mort/renaissance pour ça?
- Non, ça ne me gêne pas. C'est même approprié.
- Et on en est sorti! Et ça s'est fait assez rapidement! Je pense bien que plus on se rapproche de soi, mieux on accepte la mort, plus rapidement elle part.
- Oui.
- Et plus ça va, plus ça va vite.
- Oui.
- Et si on pousse le raisonnement à l'extrême de manière mystique, à l'état final, on en arrive à mourir et à renaître en même temps, à chaque instant.
- Exactement.
Bon, c'est bien, Galaad et moi nous sommes branchés sur le même délire, on a touché à la pensée mystique au bout du compte, tout est digéré, bonne soirée. Hop au dodo.
Le lendemain, matinée tranquille, je raconte mon rêve de la nuit à Galaad (je me suis réconcilié avec le dark side de mon enfant intérieur et mes energies naturelles reprennent du poil de la bête, mais le rêve serait long et chiant à expliquer). Hop c'est parti pour la journée. Pendant cette journée je cogite à nouveau et me rends compte que ce qu'on peut faire avec Galaad c'est du chamanisme à l'état pur. Je commence à tirer mes conclusions.
La comparaison hypnose / drogue
Là c'est très différent de ce que je m'était imaginé. Je m'attendais à une sorte de vide mental rempli par la voix du guide, un état de conscience modifié très différent de la défonce. En fait, l'hypnose c'est juste triper consciemment et sans drogue. C'est pas facile à décrire. C'est vraiment exactement comme triper avec de l'acide ou du THC, juste on enlève toutes les halus, tout le bodyload, et il reste quoi? Il reste rien. C'est à nous de tout y mettre. Là ou l'acide amplifie le bruit de fond mental (allez, pour être grossier, l'inconscient) et fait disparaître une partie de notre personnalité rationnelle, sous hypnose c'est à nous de faire l'effort, de supprimer les stimulis extérieurs par la relaxation, de mettre notre personnalité en veilleuse, et de se concentrer sur ce bruit de fond. Dès qu'une pensée passe il faut l'attraper, et une fois qu'on l'a, hop c'est parti, on en parle. Rapidement une autre suit, et hop ça continue, et normalement ça forme une boucle qui s'auto-alimente. On est "sous hypnose". Mais, de même que lorsqu'on est bien tripé il y a une partie de nous qui sait ce qui se passe, de même sous hypnose on reste présent.
Donc, l'hypnose suit exactement les mêmes chemins que la drogue, mais sans drogue. J'en suis absolument sûr. Il est donc possible de triper sans drogue.
Après, les différences c'est dans l'usage qu'on en fait. Avec l'hypnose on peut aussi induire des suggestions dans l'inconscient (cf. l'hypnose de spectacle), avec le LSD on peut faire l'amour avec la musique. Donc chaque chose a son champ d'application propre, et les deux se recoupent au niveau du psychonautisme.
L'importance du guide et du set & setting
C'est là que l'hypnose présente de grosses différences d'avec la drogue. Chez soi on peut se prendre une boîte de DXM, se poser sur son lit et se laisser porter. Avec l'hypnose il FAUT un guide. La confiance est absolument nécessaire, on a vu que le fait d'avoir eu un désaccord avec Karla sur la drogue m'a empêché de lui faire confiance. Par ailleurs, on n'avait pas parlé avec Galaad de ce qu'on allait faire, et ce coup du père, ça ne m'a pas plus tout à fait sur le coup. Ca je ne recommence PAS. Je veux savoir ce qu'on fait avant d'y aller, préparer le set à deux, s'entendre sur la démarche. On reste conscient et tout, mais l'hypnose ça reste quelque chose de puissant et donc de potentiellement dangereux si mal utilisé. A ne pas tester n'importe comment.
La piste du chamanisme
Over-puissant! J'ai halluciné comment j'ai marché à fond dans la combine de Galaad, qui, si on prends du recul, a tout pour elle. Amener quelqu'un à sa propre représentation du Père et le réconcilier avec, ça me semble très bien.
Souvent je me suis demandé à quoi le chamanisme peut ressembler, comment un homme peut-il contrôler la fractale? C'est trop grand pour nous, t'es fou!
Et ben maintenant je sais. Il s'agit pas de contrôler la fractale, il s'agit d'y amener la personne, de l'accompagner pour la mettre en face de ses propres problèmes et surtout en face de ses propres solutions. Si le chamane guide le trip le sujet reste dans ses propres limites et découvre ses possibilités pas à pas, le risque de bad est contrôlé.
Un inconvénient: on est en plein dans l'espace strié tel que décrit par Stelio. C'est le chamane qui impose son modèle et propose des solutions pas forcément adaptées au sujet. Un exemple tiré de ma mémoire: Un docu sur un groupe de Français qui partent en Amérique du sud pour un séjour initiatique d'Ayahuasca autour d'un chamane. La plupart tripent comme il faut, ça se passe bien, leur set & setting est guidé et le trip fait le reste. L'une des françaises est clairement dépassée par les évènements et a du mal a partir, ça part pas en live mais ça décolle pas non plus. Du coup le chamane lui accorde davantage d'attention et lui colle une double dose le dernier soir. La fille tripe sa mère, elle débloque enfin et s'identifie à un esprit animal assez costaud (haha, sur la vidéo on la voit dans la peau d'un jaguar, à marcher royalement à quatre patte et à montrer ses dents). C'est très puissant comme solution, mais ça n'appartient pas à notre culture occidentale. Nous nous sommes détachés de la Nature comme représentation de Dieu, aussi, pour nous unir avec le divin, pour nous, c'est moins l'image de mère Nature que celle de Dieu le Père qui convient. Donc, je m'avance beaucoup, mais il me semble que le système de croyance du chamane en l'occurence n'était pas le plus adapté.
Des perspectives à mon niveau
Pour être honnête, je pense être un bon chrétien frustré du père comme les autres. D'ailleurs, je cite la première matrice périnatale de mon dernier trip au DXM:
"nous ne penserons pas au frère mais au père. Papa?
Papa, Dieu, le moule. Je vous laisse tous mes soucis je me laisse porter."
Voilà, et après je me suis retrouvé embarqué dans un trip pourri pas vraiment assumé dont il a fallu me sortir par mes propres moyens.
Purée! Galaad a voulu m'apporter en face de ma propre solution! Le but du jeu, pour lui, était de m'ammener à mon père intérieur !
Cogitation cogitation. Jusque-là j'étais branché sur la recherche de l'enfant intérieur. La confiance de l'enfant dans l'adulte venais après.
Galaad me propose le chemin inverse pour aller plus vite. Faire confiance en tout premier lieu. C'est vrai que je suis toujours sur la brèche, j'ai du mal à développer la confiance en moi. D'accord, je l’ai, mais je la gagne difficilement. Je veux bien croire qu'il y a moyen d'aller plus vite. D'abord, avoir confiance dans le père, et ensuite...
... ensuite quoi?
Mettons que j'atteigne l'union avec le père, la confiance. Du coup j'aurai aucun problème à accepter la mort, si je lui fait confiance. Je pourrai passer toutes les matrices périnatales sans trop de dégât, et hop renaissance. Evidemment j'imagine tout sous DXM.
J'ai l'impression que je ferai bien de choper ce qu'on me propose. Je pourrai trouver la confiance dans le Père sous hypnose avec Galaad, et puis passer les matrices sous DXM un autre jour. Peut-on passer les matrices sous hypnose? Je n'en doute pas une seconde maintenant que j'y pense. Mais il faudrait voir ça avec Galaad.
Ce qui serait SUR-trippant c'est de combiner les deux. Une session DXM+hypnose. Pendant la montée, passer en hypnose, trouver l'image du père, et, si elle ne vient pas, déclencher la deuxième matrice périnatale. Ca me semble largement faisable, d'autant qu'il suffirait d'une dose moyenne de DXM, mettons, 300 à 350 mg, pas plus. Juste de quoi décoller un peu et intérioriser les affects, afin de mieux les digérer.
Je vais en parler à Galaad, héhé !
En attendant, cette image du père archétypal barbu qui me tient dans ses bras ne me lâche pas vraiment, et oulà ça fait du bien. Haha ouais, ça je le garde, merci à mon chamane personnel, en fin de compte on ve remettre ça !
Pour une fois j’ai pas de citation biblique, alors on va mettre une jolie image.
évidemment c'est rogné par le fofo...
Encore une fois j'ai fait un PDF, c'est quand même plus simple. Voir la pièce jointe 5401
Trip fait le 25 novembre 2011
La piste de l’hypnose chamanique
Trip report d’une initiation à l’hypnose
par Styloplume
Mes chers amis psychonautes de la défonce spirituelle,
Ca faisait longtemps que je voulais essayer une méthode drug-free pour explorer l'esprit, l'occasion ne s'était pas encore présentée. Alors quelle ne fut pas mon excitation quand j'ai appris que des bons amis à moi, retrouvés cette année pour cause de déménagement, sont des adeptes du développement personnel et sont expérimentés, entre autres, avec l'hypnose ericksonienne. De fil en aiguille, à force de parler de trucs et de machins, on en est venu à se dire: "Ah, faisons une séance d'hypnose régressive!"
Les personnages
(j'invente les surnoms au fur et à mesure):
Karla: Elle pratique régulièrement l'hypnose éricksonienne et a les pieds bien sur terre.
Galaad: Un peu plus perché (la preuve, il est ingénieur, hin hin), il a fait un bon gros chemin dans le développement personnel.
Styloplume: Votre serviteur, étudiant en psycho, sale gosse amateur de sensations fortes (et de drogues psychédéliques)
A noter que Karla et Galaad sont deux fois plus âgés que moi, ils pourraient être mes parents.
Donc, après quelques tâtonnements, on trouve moyen de se faire une séance. Karla insiste pour que Galaad soit là, au cas où ça se passe mal. Par exemple, si je me retrouve dans une ancienne incarnation où je suis un soldat en train de crever sur le champ de bataille, je pourrai partir en bad. Donc c'est pas plus mal d'avoir un sitter en plus de l'hypnotiseur. Yaha, ça part bien comme avant-goût!
Le set & setting
La situation
Un vendredi soir dans la maison de Galaad, on mange et je reste à dormir, on a toute la soirée en somme. Le setting est toujours bien maîtrisé par les deux loustics, vétérans de ce genre de truc.
Quelques appréhensions
Il m'ont dit "Soit ouvert et prêt à tout, sans t'imposer d'objectifs"
Dans la journée avant je m'applique à prendre soin de moi et à faire le vide dans ma tête, ça se passe pas trop mal. Avant de retrouver Karla qui m'emmène en voiture, je fait le point sur mon cahier:
Si tout va bien, ce soir c'est hypnose! Aujourd'hui, pas mal comme journée. Assez dormi, levé à 9:30, parfait. Du temps sur le fofo, discussions profondes en ce moment, Doulite pose les bonnes questions. J'ai écrit un courrier de 4 pages à ma psy. Conclusions: après le trip DXM du plateau 3 par la face nord, mes efforts pour accepter les souffrances de l'enfant portent (modestement) leurs fruits. Je suis sur un bon chemin, ça c'est sûr. Bossé à la BU, très peu productif niveau quantitatif, par contre niveau état intérieur ça a fait du bien. Je sens la confiance en moi venir, niveau fac.
Médité sur la musique: je sens la mort qui se pointe rapidement, surtout si j'ai pas parlé avec l'enfant intérieur auparavant. Si je l'écoute et repasse la journée en revue, je me dis, ouais, pas mal, et la musique redevient cosmique.
L'hypnose, alors. Karla m'a dit qu'il valait mieux que Galaad soit là au cas où je me retrouve dans la peau de quelqu'un qui meurt ou quelque chose comme ça. Que Galaad soit là pour m'en sortir? Deux choses me chiffonnent:
1) L'idée de tomber sur du matériel karmique lourd, et de le réveiller sans l'assimiler. Va-t-il me poursuivre par la suite, comme c'est le cas avec les poussées d'angoisses qui reviennent après un bad? (Réveiller la psychose non merci, j'ai donné avec le DXM....)
2) Karla m'a l'air excitée par l'hypnose comme je le fut avec le DXM. Jouer avec le feu sans avoir confiance en soi me semble pas le meilleur set possible.
Je me trouve les réponses à ces doutes:
1) Même si je tombe sur du matériel karmique lourd sans l'assimiler, ça me fera de la matière pour le prochain trip au DXM, qui lui sera orienté pour accepter la mort (ce trip-là est toujours en projet)
2) C'est bien pour ça que Galaad sera là. Karla connaît ses limites et agit responsablement en préférant la présence de Galaad. Ca me va.
Maintenant je connais les limites du set & setting, maintenant on lâche prise et go go go go!
On embarque dans la soirée
D'ailleurs voilà Karla qui arrive, hop je monte en voiture et c'est parti. C'est marrant de se retrouver entre gens "bizarres". C'est plus un problème d'évoquer la spiritualité, l'hypnose ou... la drogue? Ah, non, Karla est vraiment pas branchée par ce que je lui raconte sur mon chemin avec DXM et LSD. D'ailleurs c'est un peu gênant, elle commence à m'expliquer que sous drogue le corps astral se détache complètement du corps physique (jusque là d'accord, pourquoi pas, ça me parle) et qu'un esprit mal intentionné peut venir prendre la place (oulà....). Des cas de possession à cause de l'usage de drogue? Et toi, Karla, t'as déjà pris de la drogue? "Ah non, je joue pas avec ça, moi, j'ai pas envie de perdre le contrôle". Ah, d'accord, ouais.
Bref, comme d'habitude, le piège c'est toujours de juger les actes des autres à la lumière de sa propre théorie, sans avoir mis le plus petit doigt de pied dans le domaine de l'autre. Enfin bon, on est pas là pour prendre de la drogue, on va se mettre sous hypnose, et Karla s'y connaît. D'ailleurs la conversation est sympa du reste.
Tient, on est arrivé. On se met en cuisine et la bonne humeur règne. Je fais vraiment figure de gamin excité et avide de sensations fortes. D'ailleurs je les saoûle un peu avec mes histoires de drogues. (Mais Galaad a lu quelques uns de mes TRs et je sais qu'il est intéressé, hé hé).
Donc j'en profite pour poser ma question sur le coup du bad trip et du risque de flash back anxieux. La réponse de Karla et Galaad: rien à craindre. D'une, sous hypnose, on se voit de l'extérieur plutôt que de revivre les scènes directement (pas de problème du genre impression de mourir donc), et de deux, on peut en sortir proprement quand on veux.
Bon, ça a l'air bien. On finit de manger, et hop on s'y met, après un peu de temps à se placer. L'ambiance est cordiale, juste j'ai un peu froid dans cette grande maison, et, sachant que c'est Karla qui va m'hypnotiser, je me demande si je lui fait confiance, il y a quelques trucs qui viennent entre elle et moi à cause de mon histoire, mais là c'est vraiment personnel et je voudrais pas conjecturer. Bref, je suis tendu, Karla ne m'a pas expliqué comment ça allait se passer, il y a un protocole à déballer sur le coup. Bon, d'accord.
Alors, quelles sont mes attentes?
Maintenant que je suis sur le canapé à attendre que les deux autres reviennent de la cuisine, je tâche de me détendre sur la musique que j'ai posée. A quoi je m'attends? Et ben, du peu que je connaisse sur l'hypnose, je m'attends surtout à perdre le contrôle et à partir en voyage. Si je ne me goure pas l'hypnotiseur me plonge dans une relaxation en partie artificielle, mon conscient lâche prise et hop je déboule dans un pays étrange et merveilleux. En fait, je m'attends un peu à un K-Hole (jamais expérimenté) en plus tranquille, une sorte de gros vide d'où émerge la voix de l'hypnotiseur, à laquelle j'obéis sans trop me poser de questions. J'ai lu un bouquin d'hypnose super qui explore les vies entre les incarnations terrestres par cette méthode. (Un autre corps pour mon âme, de Michael Newton). Très très intéressant. Aussi je m'attends à une fontaine de couleurs.
Première tentative : raté
Voilà les deux cocos qui reviennent. Ca devient sérieux. Allez, Stylo, tu t'allonges sur le canapé, voilà, voilà, Karla est assise à côté, et moi je ferme les yeux. Galaad est assis plus loin.
- Alors, Stylo, je te propose deux choses différentes. Soit une hypnose régressive, où l'on va se balader dans ta vie ou tes vies d'avant, soit on fait une hypnose plus tranquille à visée thérapeutique sur un point précis de ton corps ou de ton esprit. Pour une première fois c'est mieux de faire une hypnose légère, donc, le deuxième cas.
Le délire thérapeutique je veux pas me lancer dedans. Pas envie que Karla bidouille des trucs dans mon inconscient. Les vies antérieures et tout, ça me tente plutôt (évidemment, en bon amateur de sensations fortes, le genre de crétin qui redrope avant la fin de la montée...). Je lui dit ça. Ok, c'est parti.
D'abord on fait une lecture du corps, en fait une concentration sur chaque partie du corps, pour commencer la relaxation. Il n'y a pas le "Dormez, je le veux" bien cliché. En fait j'ai vraiment froid, je frissone, mais il y a aussi une grosse part d'excitation que je n'arrive pas à maîtriser. Dans ma période DXM je pratiquait une forme de training autogène jusqu'à me dissocier presque du corps, ou à me sentir plein d'énergie. Je m'y prenais sans doute pas comme il fallait, mais au moins j'avais un résultat. Là, je ne parviens à rien de précis. "Tu te sens couler au fond de toi", non non là ça marche pas. Merde merde. Aussi je flippe quand Karla me demande:
- Bien, tu es dans un endroit agréable. Qu'est-ce que tu vois?
- J'ai froid.
- Réponds à mes questions s'il te plaît. Qu'est-ce que tu vois?
- Du noir.
- D'accord. On va remonter de dix ans. Est-ce que tu te vois?
- Heu... non.
- On va remonter un peu plus, peut-être avant ta naissance. Est-ce que tu vois quelque chose?
Je vois que dalle. Mon corps tremble, je ne suis certainement pas dans un état modifié de conscience, je me sens très con de pas avoir décollé, j'ai sûrement raté un wagon en cours de route. J'ai envie de me lever du canapé et d'envoyer tout le monde se faire foutre.
- Je ne vois rien.
- Bien... Tu as quel âge?
Je donne mon âge actuel. Karla soupire: "Il est réfractaire".
Je me lève, je me sens con, et en même temps, ouf c'est fini. Je repense à Bipbip qui avait pris 360 mg de DXM une fois de plus pour voir ce que ça donne niveau inspiration. J'avais débarqué chez lui et j'était parti "Vas-y, pose-toi, tu vas triper." Il l'a fait, il a tripé (et même méchament tripé), mais pas vraiment de son plein gré. Il avait l'air soulagé d'en sortir. Là je me sens pareil. Et en même temps, merde, j'ai raté quelque chose!
Deuxième tentative : on décolle difficilement
Mais Karla propose de le retenter, avec Galaad comme guide. Pas con comme idée, en effet j'ai plus confiance en lui ( ne serait-ce que parce que l'idée de triper à l'acide peut l'intéresser, hin hin). Et puis il a pas la même méthode. D'ailleurs, j'ai expliqué que j'avais vraiment froid, Galaad m'a chopé une couette pour me tenir chaud. Je me roule dedans sur le canapé et lentement je me réchauffe. Me voilà dans de meilleurs conditions pour triper. On va voir si ça marche mieux.
Pareil, lecture du corps, plus approfondie. Galaad insiste sur le fait que j'ai chaud et que je suis bien, et effectivement j'ai chaud, je suis bien. Je me méfie un peu, j'ai toujours des tremblements, mais j'arrive un peu à respirer. Rien de cosmique non plus.
- Maintenant tu vas te représenter un endroit très calme, en paix. La montagne, la mer, la campagne, comme ça t'arrange.
Heu... Mes jambes tremblent, je suis certainement pas dans le K-hole escompté, pas perché, que dalle, mes jambes flagellent, enfin, heu, d'accord... allez, mon truc à moi c'est la forêt.
- La forêt, dis-je d'une voix tremblante.
Tout ceci me rappelle furieusement ma montée de LSD au Hadra, en plein milieu d'une sympathique bande de teufeurs qui m'avaient aidé à me mettre au sec sous leurs bâche. Je tremble d'exitation, je suis dépendant, j'assume plus ou moins, je lâche pas forcément prise. Galaad me rassure:
- La forêt, très bien. Je voudrais que tu t'imagines quelqu'un dans cette forêt.
Heu... ah bon? Je vois vraiment que dalle, comment je suis sensé... enfin bon. Je m'imagine un homme, de toutes façons, debout dans la forêt. Je me le représente assez bien, en fait, une silhouette vue de dos, habillée en bleu. Sur le coup je ne comprends pas que je suis déjà en train de triper.
- Je vois un homme.
- D'accord. Comment est-il habillé?
- J'ai l'impression d'être réfractaire et de tout imaginer.
Karla intervient de sa place: "Tu n’es pas réfractaire. C'est justement ça, c'est ton imagination qui guide tout. Laisse venir." Bon, heu, d'accord. (Haha, on dirait des conseils à quelqu'un qui flippe sous psychés! Laisse monter, tu va voir, tu vas passer un bon trip...)
- En bleu. Vêtements près du corps.
- D'accord. Tu vois son visage?
- Non. Je le vois de dos.
Ce qui est une grosse connerie, en fait je vois très bien son visage, mais ça me semble trop barré pour être honnête. Je vois son visage, c'est le visage barbu d'un ami commun à moi et Galaad. A noter que depuis peu je me laisse moi-même pousser la barbe. Son visage est exalté, un peu la tête d'un prophète en herbe sous LSD, légèrement dépassé par les évènements. Mais ça je ne le dis pas, c'est que j'ai pas compris ce que c'est que l'hypnose, sur le coup. Bref.
- Comment se tient-il?
- Il a les bras écartés vers les arbres.
- Et qu'est-ce qu'il pense?
Ca par contre, aucun problème. C'est moi qui le pense.
- Il pense que nous sommes comme les arbres. Prendre l'énergie du ciel pour la répartir sur la terre. Prendre l'énergie de la terre pour l'élever vers le ciel.
- Est-ce qu'il est en paix?
- Non.
- Pourquoi?
- Parce que les hommes souffrent.
- Pourquoi les hommes souffrent-ils?
- Parce qu'ils oublient qu'ils sont comme les arbres. L'énergie est coupée.
Pendant tout ce temps je suis complètement éveillé et j'ai juste l'impression de raconter ce que je pense, ce qui est vrai. Alors qu'en même temps je suis en train de triper à bloc (D'ailleurs on sent mon angoisse dans les visuels) Galaad embraye:
- Bien. Je voudrais que tu t'imagines quelque chose. Tu es debout dans la forêt, et derrière toi s'approche quelqu'un. Il est très grand, beaucoup plus que toi, et très bon. Il s'assoit derrière toi. Tu sens sa présence, sans le voir...
Ca me plaît pas trop, tout ça. Je vois ça venir gros comme une maison: Galaad veut m'emmener quelque part, et moi, j'ai pas envie d'y aller. Mais bon, j'y vais quand même, parceque je lui fait en partie confiance. Mais c'est dur à imaginer tous ces machins. Bon, je me représente un gros Bouddha assis en position du lotus derrière moi. En même temps mes paupières s'entrouvrent, je peux voir le plafond, je me dit que l'hypnose c'est du chiqué.
- ... tu le sens te prendre dans ses bras. Sa peau est chaude, tu es nu, il est nu...
Heu t'en fais pas un peu trop, là? Rhaa taré de chamane Galaad! Et pourtant, mmh, je suis tenu dans les bras d'un archétype divin archaïque (haha, paye tes mots, je les sors droit d'un bouquin de Jung), et ça fait du bien. J'ai l'impression que ce sont les bras de mon père qui me tiennent quand j'étais un bébé...
-... et tu sens qu'il n'y a plus de soucis, que tu vas bien tu es protégé. Tu peux me décrire ce que tu sens?
Je suis en train de triper grave et je lâche un peu prise. C'est une putain de première matrice périnatale, agréable comme pas possible. J'ai vécu ça sous LSD dans mon trip ultime, et l'élément intéressant, c'est que, comme cette fois-là, je me met à pencher ma tête sur le côté, de contentement, comme un enfant qui s'endort dans les bras de sa mère. Mes tensions dans les muscles ont disparu. Je dit:
- Je me sens bien... dans les bras de ma mère.
- D'accord. Je voudrais que tu me dises à quoi il ou elle ressemble, et si tu veux j'aimerais qu'on se concentre sur le père. Comment est-il?
- Il est barbu.
Comme mon propre père à mon âge. En fait je suis un bébé nu dans les bras d'un brave homme barbu lui-même torse nu. L'éclate totale.
- D'accord. Maintenant je voudrais que tu t'imprègnes de cette sensation, que tu la retienne et que....
Heu là j'ai pas accroché du tout, j'ai commencé à voir clair dans le chamanisme de Galaad et la méfiance a repris le dessus. C'est pas mon chemin! Je veux pas me construire des fausses impressions pour modeler mon inconscient comme ça! Pas l'image du père, comme ça, c'est trop facile! C'est pas prévu, non plus! Olé, Stylo, tu vas pas te laisser faire, allez hop!
- Je veux revenir, dis-je.
Galaad est très réglo là-dessus.
- D'accord. Tu reviens progressivement à toi, tu peux ouvrir les yeux quand tu veux, peut-être en gardant un peu de cette chaleur...
Cause toujours. Je vois clair dans ton jeu.
Et voilà. J'émerge. Je suis moi. Rien n'a changé. Je suis détendu comme pas possible, mais ça je ne veux pas trop l'admettre sur le coup. Et puis je suis chamboulé par ce qui vient de se passer, pas à l’aise en fait.
On refait le trip à deux
Nos points de vue
Bref, il est tard, Karla s'en va, et moi je reste chez Galaad, c'est parti pour une conversation épique au pays merveilleux de l'introspection profonde. Pour que ça prenne pas trop de place à lire je vais détailler nos points de vues séparément et un repère commun, l'ami Erich Fromm .
Styloplume: est branché sur la recherche de l'enfant intérieur. C'est la source d'émotions, de satisfactions comme de déception. Mon but c'est de devenir un bon adulte pour mon enfant intérieur, pour qu'il ait la joie. Par ailleurs, mon but dans la vie c'est d'accepter la mort pour ensuite renaître.
Galaad: est branché sur ce qu'il appelle la Névrose du Père. Notre société est traumatisée par le manque de Père, c'est la culture chrétienne de Dieu le père, du curé qu'on appelle Mon Père, du Pape qui est le Saint Père, ainsi de suite. C'est un problème et en même temps la solution: il suffit de faire confiance au Père (comme le fait le Christ) pour accéder à son amour.
L'idée d'Erich Fromm (pour structurer), c'est que la conception de Dieu passe par différentes phases au cours de la croissance d'un individu.
1) Dans les sociétés primitives, Dieu = la Nature = la Madre de Quetzal. C'est l'amour inconditionnel. Dieu nous aime quoi qu'on fasse.
2) Puis, dans les sociétés patriarcales comme la nôtre, Dieu = le Père. C'est l'amour conditionné. Dieu nous aime seulement si on est obéissant (la fameuse morale judéo-chrétienne).
3) Enfin, le point de maturation de l'individu et de la société, c'est de considérer Dieu ni comme l'un ni comme l'autre, mais avec des conceptions paradoxales. On cite Lao-Tseu: "L'être et le vide s'engendrent l'un l'autre", ou encore "Ce qui est en haut est en bas". Ces conceptions paradoxales sont la clé d'une pensée non-dualiste, etc., etc., bienvenue dans le bouddhisme, la culture mystique, le zen, et ainsi de suite.
Sur l’hypnose
Donc, Galaad et moi on est en pleine discussion. Déjà, on déblaye tout ce qui est hypnose:
- En fait, dis-je, l'hypnose c'est juste laisser défiler les images, les créer en même temps qu'elle apparaissent?
- Exactement.
- Mais c'est comme le LSD!
- Ben oui!
- Mais alors, l'hypnose c'est tout con, c'est pas un état second ou quoi!
- Oh, ça dépend, ça peut percher loin si on se laisse aller.
- Se laisser aller... ça veut dire qu'il faut faire confiance au trip et croire à toutes les images qui passent par là?
- C'est ça.
Rapide cogitation sur mon psychonautisme au DXM.
- ...Mais c'est exactement la même chose que d'habitude alors!
- Et voilà! Qu'il dit Galaad.
Et voilà, la boucle est bouclée. J'ai compris. L'hypnose c'est juste triper sans drogue. Plutôt que de laisser monter les effets, c'est à nous de les faire monter. Autrement dit, il faut créer les images, les exagérer dans un premier temps, pour faire partir l'imagination, et surtout y croire. Après, c'est le même délire que d'habitude. On tape pas des halus, c'est plus comme rêver éveillé, ou plutôt, l'attention se porte ailleurs et non plus sur le corps, sur le milieu... Ouais, c'est ça, c'est comme rêver éveillé, mais on s'endort vraiment pas. Ca y est, j'ai compris. Mais l'hypnose c'est TOUT CON en fait! Et super puissant aussi.
Désaccord avec Galaad
Maintenant, Galaad trouve que je me prends trop le chou avec toutes ces histoires de mort et de renaissance. Il dit que je pourrai y arriver plus vite, plutôt que de chercher l'enfant intérieur.
- Comment donc?
- En faisait confiance au père, directement.
- Ca veut dire accepter ton trip chamanique?
- Oui, justement, lâcher prise, faire confiance.
- En fait, tu me dis de te faire confiance quand tu m'emmènes dans les bras de l'archétype paternel?
- Oui, c'est ça. Ca te permettrai d'avancer beaucoup plus vite.
- Mais je marche pas dans ton délire. Je ne veux pas de toi comme père. C'est à moi de décider des mes trucs.
- Eh ben dis donc ça me fascine ton arrogance!
- Mais OUI je suis arrogant! Je sais ce qu'il me faut!
- Très bien, et moi je sais ce que je pense.
Putain je suis triste, je me sens coupé de Galaad, normalement on s'entend super bien. Je passe par l'abandon du père, la deuxième matrice périnatale. Je suis triste, grave. Il n'y a que moi, je suis coupé de lui. Et en même temps je suis sur mon minimum vital, celui que je me suis construit, et je tient dessus, je survis. Cool.
Haha on a passé peut-être dix ou quinze minutes comme ça, à pas être d'accord. Galaad avec son histoire de père en qui faire confiance, et moi avec mon histoire d'outsider qui fait tout tout seul dans son coin. (Je résume énormément)
On se retouve !
Mais on a finit par revenir dans l’échange constructif. Je sais plus trop comment, on est reparti sur ma quête de l'enfant intérieur, et on s'est rendu compte que pour trouver l'enfant intérieur il faut aussi trouver (voire inventer) l'adulte intérieur.
- Mais alors, faire confiance en l'adulte intérieur, ça veut dire faire confiance en moi!
- C'est ça.
- Donc, chercher mon enfant intérieur, c'est chercher mon père, en fait?
- Voilà.
- Et c'est ça que tu faisais avec ton chamanisme, le père qui me tient dans ses bras?
- Exactement. C'est un exercice courant dans le développement personnel.
- Tu vois, j'étais pas prévenu. Je crois qu'on va en reparler et qu'on va recommencer tôt ou tard. C'est trop puissant comme démarche, pour que je passe à côté. Hé, en fait, faire confiance au Père, c'est aussi accepter la mort, non?
- Oui.
- Et après, dans mon système, on doit renaître, tu sais?
- Oui.
- En fait, j'ai l'impression qu'on vient juste de passer la mort, et qu'on vient de renaître, qu'on a retrouvé le contact toi et moi. On était bloqué, et maintenant ça coule.
- Ah, ça se peut bien, oui.
- Et donc c'est comme un cycle mort/renaissance qu'on vient d'avoir.
- Ah, pourquoi pas!
- Et là ça te gêne pas que j'emploie le terme mort/renaissance pour ça?
- Non, ça ne me gêne pas. C'est même approprié.
- Et on en est sorti! Et ça s'est fait assez rapidement! Je pense bien que plus on se rapproche de soi, mieux on accepte la mort, plus rapidement elle part.
- Oui.
- Et plus ça va, plus ça va vite.
- Oui.
- Et si on pousse le raisonnement à l'extrême de manière mystique, à l'état final, on en arrive à mourir et à renaître en même temps, à chaque instant.
- Exactement.
Bon, c'est bien, Galaad et moi nous sommes branchés sur le même délire, on a touché à la pensée mystique au bout du compte, tout est digéré, bonne soirée. Hop au dodo.
Le lendemain, matinée tranquille, je raconte mon rêve de la nuit à Galaad (je me suis réconcilié avec le dark side de mon enfant intérieur et mes energies naturelles reprennent du poil de la bête, mais le rêve serait long et chiant à expliquer). Hop c'est parti pour la journée. Pendant cette journée je cogite à nouveau et me rends compte que ce qu'on peut faire avec Galaad c'est du chamanisme à l'état pur. Je commence à tirer mes conclusions.
La comparaison hypnose / drogue
Là c'est très différent de ce que je m'était imaginé. Je m'attendais à une sorte de vide mental rempli par la voix du guide, un état de conscience modifié très différent de la défonce. En fait, l'hypnose c'est juste triper consciemment et sans drogue. C'est pas facile à décrire. C'est vraiment exactement comme triper avec de l'acide ou du THC, juste on enlève toutes les halus, tout le bodyload, et il reste quoi? Il reste rien. C'est à nous de tout y mettre. Là ou l'acide amplifie le bruit de fond mental (allez, pour être grossier, l'inconscient) et fait disparaître une partie de notre personnalité rationnelle, sous hypnose c'est à nous de faire l'effort, de supprimer les stimulis extérieurs par la relaxation, de mettre notre personnalité en veilleuse, et de se concentrer sur ce bruit de fond. Dès qu'une pensée passe il faut l'attraper, et une fois qu'on l'a, hop c'est parti, on en parle. Rapidement une autre suit, et hop ça continue, et normalement ça forme une boucle qui s'auto-alimente. On est "sous hypnose". Mais, de même que lorsqu'on est bien tripé il y a une partie de nous qui sait ce qui se passe, de même sous hypnose on reste présent.
Donc, l'hypnose suit exactement les mêmes chemins que la drogue, mais sans drogue. J'en suis absolument sûr. Il est donc possible de triper sans drogue.
Après, les différences c'est dans l'usage qu'on en fait. Avec l'hypnose on peut aussi induire des suggestions dans l'inconscient (cf. l'hypnose de spectacle), avec le LSD on peut faire l'amour avec la musique. Donc chaque chose a son champ d'application propre, et les deux se recoupent au niveau du psychonautisme.
L'importance du guide et du set & setting
C'est là que l'hypnose présente de grosses différences d'avec la drogue. Chez soi on peut se prendre une boîte de DXM, se poser sur son lit et se laisser porter. Avec l'hypnose il FAUT un guide. La confiance est absolument nécessaire, on a vu que le fait d'avoir eu un désaccord avec Karla sur la drogue m'a empêché de lui faire confiance. Par ailleurs, on n'avait pas parlé avec Galaad de ce qu'on allait faire, et ce coup du père, ça ne m'a pas plus tout à fait sur le coup. Ca je ne recommence PAS. Je veux savoir ce qu'on fait avant d'y aller, préparer le set à deux, s'entendre sur la démarche. On reste conscient et tout, mais l'hypnose ça reste quelque chose de puissant et donc de potentiellement dangereux si mal utilisé. A ne pas tester n'importe comment.
La piste du chamanisme
Over-puissant! J'ai halluciné comment j'ai marché à fond dans la combine de Galaad, qui, si on prends du recul, a tout pour elle. Amener quelqu'un à sa propre représentation du Père et le réconcilier avec, ça me semble très bien.
Souvent je me suis demandé à quoi le chamanisme peut ressembler, comment un homme peut-il contrôler la fractale? C'est trop grand pour nous, t'es fou!
Et ben maintenant je sais. Il s'agit pas de contrôler la fractale, il s'agit d'y amener la personne, de l'accompagner pour la mettre en face de ses propres problèmes et surtout en face de ses propres solutions. Si le chamane guide le trip le sujet reste dans ses propres limites et découvre ses possibilités pas à pas, le risque de bad est contrôlé.
Un inconvénient: on est en plein dans l'espace strié tel que décrit par Stelio. C'est le chamane qui impose son modèle et propose des solutions pas forcément adaptées au sujet. Un exemple tiré de ma mémoire: Un docu sur un groupe de Français qui partent en Amérique du sud pour un séjour initiatique d'Ayahuasca autour d'un chamane. La plupart tripent comme il faut, ça se passe bien, leur set & setting est guidé et le trip fait le reste. L'une des françaises est clairement dépassée par les évènements et a du mal a partir, ça part pas en live mais ça décolle pas non plus. Du coup le chamane lui accorde davantage d'attention et lui colle une double dose le dernier soir. La fille tripe sa mère, elle débloque enfin et s'identifie à un esprit animal assez costaud (haha, sur la vidéo on la voit dans la peau d'un jaguar, à marcher royalement à quatre patte et à montrer ses dents). C'est très puissant comme solution, mais ça n'appartient pas à notre culture occidentale. Nous nous sommes détachés de la Nature comme représentation de Dieu, aussi, pour nous unir avec le divin, pour nous, c'est moins l'image de mère Nature que celle de Dieu le Père qui convient. Donc, je m'avance beaucoup, mais il me semble que le système de croyance du chamane en l'occurence n'était pas le plus adapté.
Des perspectives à mon niveau
Pour être honnête, je pense être un bon chrétien frustré du père comme les autres. D'ailleurs, je cite la première matrice périnatale de mon dernier trip au DXM:
"nous ne penserons pas au frère mais au père. Papa?
Papa, Dieu, le moule. Je vous laisse tous mes soucis je me laisse porter."
Voilà, et après je me suis retrouvé embarqué dans un trip pourri pas vraiment assumé dont il a fallu me sortir par mes propres moyens.
Purée! Galaad a voulu m'apporter en face de ma propre solution! Le but du jeu, pour lui, était de m'ammener à mon père intérieur !
Cogitation cogitation. Jusque-là j'étais branché sur la recherche de l'enfant intérieur. La confiance de l'enfant dans l'adulte venais après.
Galaad me propose le chemin inverse pour aller plus vite. Faire confiance en tout premier lieu. C'est vrai que je suis toujours sur la brèche, j'ai du mal à développer la confiance en moi. D'accord, je l’ai, mais je la gagne difficilement. Je veux bien croire qu'il y a moyen d'aller plus vite. D'abord, avoir confiance dans le père, et ensuite...
... ensuite quoi?
Mettons que j'atteigne l'union avec le père, la confiance. Du coup j'aurai aucun problème à accepter la mort, si je lui fait confiance. Je pourrai passer toutes les matrices périnatales sans trop de dégât, et hop renaissance. Evidemment j'imagine tout sous DXM.
J'ai l'impression que je ferai bien de choper ce qu'on me propose. Je pourrai trouver la confiance dans le Père sous hypnose avec Galaad, et puis passer les matrices sous DXM un autre jour. Peut-on passer les matrices sous hypnose? Je n'en doute pas une seconde maintenant que j'y pense. Mais il faudrait voir ça avec Galaad.
Ce qui serait SUR-trippant c'est de combiner les deux. Une session DXM+hypnose. Pendant la montée, passer en hypnose, trouver l'image du père, et, si elle ne vient pas, déclencher la deuxième matrice périnatale. Ca me semble largement faisable, d'autant qu'il suffirait d'une dose moyenne de DXM, mettons, 300 à 350 mg, pas plus. Juste de quoi décoller un peu et intérioriser les affects, afin de mieux les digérer.
Je vais en parler à Galaad, héhé !
En attendant, cette image du père archétypal barbu qui me tient dans ses bras ne me lâche pas vraiment, et oulà ça fait du bien. Haha ouais, ça je le garde, merci à mon chamane personnel, en fin de compte on ve remettre ça !
Pour une fois j’ai pas de citation biblique, alors on va mettre une jolie image.
évidemment c'est rogné par le fofo...
