Bon, l'heure est venu pour moi de vous faire part de cette drôle d'expérience que j'ai vécu.
Allons droit au but, je n'ai pas eu de bad trip. Je pense au final que la mécanique du bad trip ne correspond pas à la démarche que j'ai entrepris. On ne peut pas provoquer ce genre de choses dans son cerveau. Et lorsque l'on souhaite tout de même le tenter, cela revient au final à se verrouiller. En tout cas, c'est exactement ce qu'il s'est passé pour moi.
Après la prise, j'ai commencé à noter sur un papier quelques thèmes ou sujets auxquels méditer afin de m'explorer / tendre vers des pensées enfouies en moi. Seulement, je ne pensais pas qu'un trip solo était si "dur" dans le sens où il m'a été impossible de mettre de l'ordre dans ma tête. J'ai un peu commencé à délirer, sans pouvoir me concentrer. Au final, je me suis mis à parler tout seul, sans pouvoir m'arrêter. C'était très troublant. Un peu comme si j'utilisais la voix pour réguler le débits de mes pensées. Parler me permettait alors d'interagir avec moi-même, comme si je parlais à quelqu'un d'autre. Je me suis plusieurs fois demander si je venais pas de révéler une schizophrénie.
- "Merde, je parle tout seul. Enfin non, je me parle. Putain, t'es schizo? Mais non t'es con. Hein?"
La première partie du trip fut au final plutôt récréative, tellement j'étais incapable de me plonger dans les idées que je souhaitais, celles que je m'étais même marquées pourtant! J'ai d'ailleurs eu à faire à certains passages plutôt loufoques. J'ai souvenir de plus pouvoir m'arrêter de parler, me demandant même si je parlais vraiment ou si alors je matérialisais juste ma conscience comme un son que l'on pouvait attendre. C'est devenu très perturbant au bout d'un moment, puisque je commençais à m'imaginer que n'importe qui pouvait donc lire dans mes pensées, vu que je pensais à voix haute! Ne sachant plus vraiment si j'étais seul dans la pièce, j'ai commencé à m'inquiéter et à vouloir restreindre mes pensées, par pudeur - mes pensées doivent rester mes pensées, c'est tout! Heureusement, certains éclairs de lucidités m'ont permis à plusieurs reprises de me dire que j'étais seul, chez moi, et que j'avais le droit de penser ce que je voulais. Je me souviens même avoir pensé à ce moment-là à un truc du genre:
- "Mais mec, t'es tout seeeeul! Tu peux penser à ce que tu veux c'est bon. Oh ouai, des seins! Oh, que j'aime les seins. C'est cool de penser à des seins."
S'en est suivi une franche rigolade avec moi-même.
Ce n'est qu'un peu après que j'ai pu me concentrer sur mon but initial. Repenser à ma soirée, et ce qui a pu me faire réagir comme je l'ai fait. Mais malheureusement, je n'ai pas trouver de réelle réponse. Je pense que cela vient du fait que j'avais toujours du mal à me concentrer sur une seule chose à la fois, et surement du fait qu'il n'y avait pas forcément de réponses à trouver. On réagit tous bizarrement parfois, sans raison apparente. Encore plus quand on est bien saoul.
Enfin bref, si je devais donc conclure cette expérience, je dirais au final que cette démarche et cette approche du bad trip n'a été pas très concluante. Plusieurs raisons possibles: ma non-expérience dans les trips en solo, ou alors l'incapacité mentale à s'ouvrir sur un bad trip dû au fait que ce dernier est recherché. Cependant, je ne regrette pas. Ce fut assez spécial et plutôt agréable comme expérience psychédélique. De plus, savoir que dans un moment pareil où j'aurai pu bad tripé je ne l'ai pas fait me rassurera pour d'autres fois, même si on n'est jamais à l'abri, j'en suis conscient.
EmpathoCouac a dit:
Tu recherches le bad trip. Y accèderas-tu sans difficultés - ou seras-tu confronté à un blocage paradoxal de la part de ta psyché, qui refuseras de te laisser accéder à cet état de façon consciente ? Je suis curieux de connaitre la réponse. Surtout qu'un bad, bien souvent, il faut l'accepter (tout en rationalisant bien sûr) pour le vaincre. Toi tu l'acceptes d'emblée : auras-tu affaire à la mécanique du bad classique ?
Comme tu as pu le voir, le blocage paradoxal que tu évoques est bien réel. En tout cas merci à toi, durant mon trip j'ai pensé au forum, c'est pour cette raison que je suis revenu voir. Et en voyant ton post, alala, j'ai trouvé ça vraiment cool de me dire que des gens que je ne connais pas concrètement puissent agir sur moi et échanger. C'était le moment émotion.
Don_Fouinardo a dit:
Faut voir... la thérapie psychédélique j'y croyais un peu... jusqu'à ce que j'enchaîne quelques bads bien comme il faut. Et depuis, plus moyen d'avaler le moindre psychédélique (voire la moindre substance psychoactive) sans une appréhension monstrueuse. Ce qui a fait que je me suis tapé des bad sur presque toutes mes prises de l'année 2012 au point d'avoir décidé d'arrêter totalement les frais pour le moment.
Le problème avec le bad-trip, c'est que ton inconscient va souvent te balancer à a la tronche, et sans prendre de pincettes, toutes les choses qu'il y a de plus refoulés en toi. Le bon comme le mauvais. Tu risques aussi de te retrouver totalement impuissant face à tes plus grandes peurs et c'est, de mon point de vue, très difficile à vivre lorsque l'on est seul.
Tout le monde réagit différemment et n'a pas le même background, mais en ce qui me concerne, j'ai retiré bien plus de mal que de bien des bads que j'ai pu vivre... peut-être à l'exception de celui au 4-AcO-DMT qui m'a fait prendre conscience, hélas un peu trop tard, que je tirais beaucoup trop sur la corde...
Bref, j'espère que l'expérience s'est bien déroulée pour toi.
Çan'a pas dû être facile j'imagine... En tout cas, je laisse tombé, pas de thérapie psychédélique pour moi. Encore plus en lisant ton vécu. J'espère que ça va mieux pour toi désormais.
Jampearl a dit:
Je suis assez d'accord avec Don_Fouinardo, on a pas forcément BESOIN de savoir ce qu'il y a au plus profond de nous. Ce que tu vas découvrir te plaira pas forcément, et peut être que tu aurais pu t'en débarrasser avec le temps sans en avoir conscience.
Enfin je sais pas moi je trouve cette démarche absurde, peut être parce que mes bads tournent exclusivement autour de la sensation d'être folle et qu'il n'y a donc rien à creuser parce que oui mes états psychédéliques se rapproche de la "folie" par bien des côtés. Cela dit j'ai aussi appris beaucoup de chose sur moi grace à un méchant bad trip devant mes parents, où j'ai remarqué que je délire quand même pas mal depuis que je suis petite (peut être comme tout les enfants).
Enfin tout ca pour dire que mon bad n'était absolument pas VOULU, que je vois pas pourquoi tu devrais forcément badder pour découvrir ce qu'il y a en toi et que si c'est parce que c'est forcément choquant laisse tomber à mon avis les champotes te le montreront pas si t'es dans cet état d'esprit. Ca te tombera dessus quand ca voudra si tu continues à te percher, et ca te fera mal au cul.
En effet, je comprends que l'on puisse trouver ça absurde. Mais sur le coup ça me semblait une décision et une solution éventuellement viable. Alors pourquoi ne pas tester?
En tout cas je te rejoins sur ce point: je n'ai pas subit de bad trip, mais par contre j'ai bel et bien senti le côté folie de la chose. Et au final, je n'ai rien appris de nouveau sur moi.