Bon, je remonte ce thread d'abord pour féliciter light-my-fire (en partant du principe que t'as pas rechuté :unibrow
, et pour le plaisir de vous faire part d'une petite victoire personnelle : Ça fait pile quatre semaines que j'ai pas fumé une seule latte sur une seule clope \o/
Je considère donc que j'ai arrêté de fumer, et j'en suis bien content. En effet ces derniers temps je sentais de plus en plus l'addiction bête et méchante prendre le pas sur le plaisir, et ma santé en souffrait de plus en plus (mal de gorge gênant au moins deux fois par mois, impossibilité de faire du sport sans taper une crise d'asthme, etc.). De plus je savais qu'il faudrait que j'arrête un jour ou l'autre, à moins de n'avoir vraiment aucun respect pour moi-même (mon corps en souffrait trop pour que ça soit viable sur une dizaine d'années par exemple) ; donc je savais qu'à partir de là il valait mieux ne pas trop repousser l'échéance.
Pour information ça faisait trois ans que je fumais quotidiennement (du fleur du pays) ; j'pense que ça se vit pas de la même manière qu'un arrêt après 20 ans de conso.
Je m'étais déjà préparé à cette idée, et je pensais le faire quand ça me viendrait naturellement, en imaginant ça quelque part entre maintenant et dans deux ans. Le fait d'attendre de sentir le bon moment se pointer tout seul était important, d'ailleurs psychologiquement je marche beaucoup comme ça (et je sais que quand j'ai besoin qu'un truc vienne tout seul, un travail inconscient se fait de manière à ce qu'il vienne effectivement et ne me laisse pas en plan), parce que c'était le seul moyen que j'envisageais pour ne pas le vivre comme une frustration. Une frustration n'aurait pas été une victoire : arrêter de fumer mais souffrir de cette décision, c'est être toujours sous l'emprise de l'addiction. Éradiquer la consommation ne veut pas dire se débarrasser de l'addiction.
Je me considère comme vraiment chanceux parce que je n'ai pas eu à me battre : Arrivé à la moitié du mois de septembre je me suis rendu compte que j'avais plus une miette de tabac, et que j'étais en découvert bancaire. À partir de là j'avais deux choix : Soit je vidais mes cendriers pour récupérer le tabac dans les mégots (ce que je faisais d'habitude), puis je taxais des sous ou des clopes à des potes comme un clochard en ayant honte de moi ; soit je marquais ce moment comme celui où j'arrêtais de fumer (puisque c'est une décision que j'avais de toute façon déjà prise, sans avoir fixé une date d'application).
Et une fois mon choix fait, j'ai plus eu de tentation, puisque j'avais déjà décidé de ne pas fumer. Au début j'y pensais souvent, après chaque repas etc., mais la fierté tirée de mon choix était supérieure au maigre plaisir que j'aurai tiré d'une clope coupable et insuffisante. Le fait de sentir la privation faisait partie du plaisir d'arrêter, puisque c'était une conséquence directe de mon choix, et que je l'avais fait en accord avec ma volonté & mon bien-être.
Je suis aussi chanceux, dans un sens, parce que les conditions étaient parfaites pour arrêter : je suis dans une période ou, en plus d'être pauvre parce que je travaille pas, je fous absolument rien de ma vie. Donc pas vraiment de soirées, pas vraiment d'alcool, bref pas de situations où je suis incapable de me retenir de fumer. À côté de ça ce qui fait que je ressens pas de frustration, c'est évidemment le fait que je fume toujours des joints : je sais que je n'ai pas renoncé au plaisir de fumer, c'est juste de la cigarette dont je me sépare. Et de son mode de consommation addictif. C'est un peu paradoxal, parce que je fume souvent des joints, et qu'il y a du tabac dedans, et que j'y prends du plaisir ; mais pour moi ça n'enlève rien à ma victoire parce qu'aussi fréquents qu'ils soient, ils restent ponctuels dans l'idée. Je peux passer une semaine sans en voir passer un, et n'y penser à aucun moment, ni ne ressentir de manque.
D'ailleurs j'ai pas de beuh chez moi (je fume quand je suis avec des potes), juste de l'AM-2201 (à qui j'ai dit adieu il y a un mois aussi, à cause du comportement beaucoup trop addictif que ça entraîne chez moi — je pense le garder pour les occasions spéciales, par exemple pour les rares fois où je prends de la MDMA vu qu'il s'y combine plutôt bien) et quelques bouts de clopes, et j'ai jamais eu la tentation de fumer ni l'un ni l'autre. Et encore plus étonnant, je me suis pas rabattu comme un junkie sur mon pochon de MXE ; je préfère limite me faire chier que taper quelque chose pour tuer l'ennui. Ça paraît logique mais c'est pas si évident une fois que la tentation est là :unibrow:
Sinon j'ai prévu, quand les conditions feront que j'aurais de la beuh, d'acheter ou de faire pousser des herbes non psychotropes pour rouler mes joints, histoire de pas bêtement retrouver une dépendance à la nicotine.
Un autre truc important qui fait que je ressens pas de frustration (si j'expose tous les détails de mon cas comme ça, c'est dans l'éventualité qu'ils puissent servir de conseil à quelqu'un) : J'ai jamais posé ça comme une interdiction absolue, c'est juste la concrétisation de mon choix et donc de mon envie. C'est-à-dire que si demain j'ai envie de fumer une cigarette, que je pèse le pour et le contre et que ouais j'en ai vraiment envie, ben je m'en priverai pas et j'en tirerai autant de plaisir que possible. Quand je vois un gros plan sur une cigarette ou quelqu'un recracher sa fumée dans un film, je sais que j'en suis toujours amoureux, et je me dis que peut-être dans une vingtaine d'années (quand il sera trop tard pour se préoccuper d'un éventuel cancer eheh) je reprendrai cette habitude ; c'est juste maintenant et pour les prochaines années que ça m'a l'air peu intéressant d'abandonner ma santé, mon argent et ma liberté là-dedans.
Voilà, si je ne fume pas, ce n'est pas pour suivre un principe, c'est parce que je n'en ai pas envie. L'air a très bon goût aussi.
Bref, je sais que selon le regard qu'on porte dessus ça peut manquer de crédibilité (le cliché d'arrêter la clope et de doubler sa conso de spliffs pour se venger est évidemment bien fondé, personnellement je trouve qu'au contraire j'ai par la même occasion retrouvé un rapport au bédo plus raisonnable — ce qui ne m'empêche pas de fumer quand même souvent), mais :
J'ai arrêté de fumer \o/