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Ethnosciences et fiction (Fantasy / SF)

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion TristesPsycho
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TristesPsycho

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10/9/11
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Je trippe un peu en ce moment sur une civilisation de SF / fantasy qui serait soit de type Grèce antique / Renaissance, soit potentiellement avec peu ou pas écriture, voire même des chasseurs-cueilleurs (ou plutôt pêcheurs, voir plus bas), MAIS avec le plus possible de faits culturels qu'on associe à des sociétés postmodernes. Sans suivre le chemin des sociétés européennes, donc sans avoir tout le "package" auquel on s'attend.

Du coup j'essaye de faire une petite liste des choses plus ou moins incongrues attestées dans des sociétés dites "prémodernes" / "primitives", ou qu'on pourrait imaginer comme étant possibles (même si plus ou moins improbables) dans ce type de sociétés. Ce qui peut évidemment faire un contraste marrant avec une société voisine considérée comme "plus avancée" selon les standards occidentaux modernes (écriture-urbanisation-industrialisation) mais "manquant" ces éléments-là.

C'est un peu un bloc-notes, hein, on va pas se mentir, mais je suis certain qu'il y aura bien des gens pour avoir des idées intéressantes à rajouter (et/ou pour signaler le fait qu'un des éléments listés ici nécessite forcément davantage de prérequis que je ne me l'imagine).

(note : une explication un peu facile pour justifier n'importe quelle connaissance dans une société ficitonnelle très peu "développée" selon les critères occidentaux est évidemment d'en faire des survivants post-apocalyptiques ou des naufragés de l'espace ne pouvant pas bâtir de quoi repartir. Comme c'est du deus ex machina, ça tue probablement un peu le jeu, bien que ça puisse ouvrir des possibilités narratives dans l'oeuvre je pense que c'est plus drôle si on s'en abstient ici)

Bref, la liste !

Mathématiques / Astronomie :
* Système de numération binaire pour compter jusqu'à 1023 avec les doigts, et coder des nombres sans limite de taille sur des cordelettes à noeud (ou avec tout autre système de représentation binaire) sans avoir besoin d'écrire des chiffres (dans le cas d'une société sans écriture),
* Fractales et récursivité,
* Espaces en n-dimensions,
* Calendrier luni-solaire exprimé avec des nombres complexes (la partie réelle représentant le nombre de jours solaires écoulés depuis le solstice d'hiver, la partie imaginaire représentant le nombre de jours écoulés depuis la pleine lune),
* Navigation astronomique et peut-être géométrie non-euclidienne (pour de la navigation sur de longues distances, comme les expéditions des Austronésiens / Polynésiens, mais qui eux faisaient sans représentation sphérique de la Terre ?)
* Fakhr al-Din al-Razi (12e siècle) et Giordano Bruno (16e) avaient chacun de leur côté proposé l'idée d'un Univers infini dont ni la Terre ni le Soleil n'étaient le centre, contenant un nombre potentiellement illimité de mondes (Giordano Bruno proposant même des exoplanètes habitées tournant autour des étoiles lointaines).

Médecine :
* Kinésithérapie,
* TCC,
* Chirurgie rudimentaire sous hypnose (avec ou sans complément d'opium),
* Epigénétique ?,
* Prise en compte de la neurodiversité,
* Peut-être une forme de théorie des germes (ou en tout cas des rites d'asepsie/antisepsie avec de l'alcool et/ou une stérilisation thermique),
* Maîtrise de la fertilité par la symptothermie et en cas d'échec des plantes abortives (ce qui n'est pas sans danger, mais pas forcément plus qu'une grossesse dans ces conditions) ?

Autres :
* Solutions mnémotechniques avancées (comme la visualisation cicéronienne et les algorithmes de récitation védiques),
* Rêve lucide et méditation,
* Théorie des jeux,
* Logique floue,
* Biais cognitifs courants
* Potentiellement tout un tas de trucs culturels considérés comme postmodernes (mais j'ai surtout en tête des trucs qu'on trouve déjà dans des sociétés dites primitives, comme l'existence de n-genres avec n>2, de la musique en polyrythmes, etc, alors je sais pas si il y a moyen d'être vraiment inventif ?)

Plus évidemment les classiques comme la phytothérapie (dont usage des psychédéliques en psychothérapie).

Pour ne pas tomber dans le syndrome du Bon Sauvage, il y aurait évidemment un certain nombre de choses qui nous semblent basiques qui ne seraient absolument pas considérées, en gros tout ce qui demande des instruments de mesure fiables et précis ainsi qu'un mètre étalon. Par exemple :
* la mécanique newtonienne, la classification périodique des éléments et plus largement la chimie de base (en-dehors peut-être du principe de conservation déjà postulé par Anaxagore, et d'une vision atomiste à la façon de Lucrèce et l'école Vaisheshika de la philosophie hindoue ?).
* Les principes du raisonnement scientifique pourraient ne pas du tout être considérés comme importants (observation-hypothèse-expérience, critère de falsifiabilité, principe de parcimonie, etc).
* Le modèle terrestre pourrait aussi bien être héliocentrique ou géocentrique : tant qu'on envoie pas de satellites ça ne change concrètement pas grand-chose, le modèle géocentrique de Ptolémée et ses corrections successives calculaient très bien à l'avance le mouvement des "étoiles errantes" (les planètes visibles), ça fait juste des calculs moins élégants et plus complexes, mais au final ça marche pareil et tant qu'on reste sur Terre. Et tant qu'on a pas de télescope pour observer des trucs rigolos comme les phases de Vénus, il me semble qu'il n'est pas possible de prouver le modèle héliocentrique (ce qui est très amusant du point de vue de l'épistémologie et de la philosophie des sciences).
 
Dernière édition:
Calendrier luni-solaire exprimé avec des nombres complexes (la partie réelle représentant le nombre de jours solaires écoulés depuis le solstice d'hiver, la partie imaginaire représentant le nombre de jours écoulés depuis la pleine lune)
je n'ai jamais entendu parler de ça et je ne trouve pas d'infos sur le net, quel est l'intéret ?
 
A part le fait d'être intrinsèquement fun à imaginer, il me semble que ce serait un moyen efficace de représenter ce genre de choses sans avoir le concept de repère orthonormé ou la possibilité d'en tracer un ? Aussi, au-delà de l'aspect astronomique, cela permettrait tout un tas de considérations astrologiques, en établissant des relations rituelles entre certains moments (ce qui n'a pas de conséquences scientifiquement démontrables, mais ils s'en foutent).
 
Dernière édition:
Un système de communication mondialisé par signaux lumineux (miroir et compagnie). Nécessiterait beaucoup d'opérateurices et d'intermédiaires. Utilisé principalement par les voyageureuses, les commerçant-es, les universitaires pour convoyer informations cruciales, mots d'amour et théories de pointe... et par de jeunes nanties qui s'amusent à échanger des Mimes.
 
Hum, j'ai pensé à des choses comme ça, qui concrètement existaient plus ou moins avec les sémaphores. Tu peux coder plein de choses en morse et potentiellement les diffuser très vite si tu as un réseau d'observateurs et de phares dont tu peux occulter rythmiquement la lumière. Ça reste compliqué de franchir les océans, quand même. Mais c'était utilisé en mode portatif : https://en.wikipedia.org/wiki/Heliograph

(par contre ça reste réservé à des sociétés avec écriture, du coup)

A ce compte-là on peut aussi avoir un réseau télégraphique low-tech qui fonctionne avec des dynamos et des bêtes de somme.
 
Dernière édition:
J'imagine la tête de l'opérateurice chargé de transmettre à prix d'or : "cringe de ouf frr"
 
J'étais justement en train de me demander dans quelle mesure c'était faisable de transmettre des mèmes par ce biais, en morse (qui n'est après tout que du binaire). En n&b ou en 32 couleurs basse résolution ça doit pouvoir se faire.

Ce qui est amusant c'est que pour le coup, ça nécessite de grosses infrastructures avec beaucoup de personnel d'astreinte (si on veut une communication 24h/24), et donc soit une organisation politique certes démocratique mais tout de même complexe, soit juste une minorité de très privilégiés qui peuvent faire bosser un max de gens pour eux. Dans tous les cas très loin d'un truc d'an-prim'
 
Système de numération binaire pour compter jusqu'à 1023
Avec un doigt, ru peux faire trois positions : levé, à moitié baissé, baissé. Ça augmente les combinaison jusqu'à 3^10
 
Un mème n'est pas forcément pictural, ça peut être par exemple : "Stay calm and [...]"
 
Avec un doigt, ru peux faire trois positions : levé, à moitié baissé, baissé. Ça augmente les combinaison jusqu'à 3^10
Voui, mais dans les faits c'est pas super pratique, l'annulaire et le majeur ont une mobilité partiellement liée aux doigts adjacents et il peut être difficile de différencier nettement la position intermédiaire dans certaines combinaisons complexes.

Un mème n'est pas forcément pictural, ça peut être par exemple : "Stay calm and [...]"

C'est vrai, mais c'est encore plus drôle d'imaginer des mèmes picturaux transmis par télégraphe ou miroir.
 
Voui, mais dans les faits c'est pas super pratique, l'annulaire et le majeur ont une mobilité partiellement liée aux doigts adjacents et il peut être difficile de différencier nettement la position intermédiaire dans certaines combinaisons complexes.
Une societé de chasseur-cueilleur qui saurait comment prolonger les ligaments et tendons avec la seule liane qui ne provoque pas de rejet de greffe pour rendre le trinaire possible sur ses doigts
 
Trinaire pour toustes !
 
il me semble que ce serait un moyen efficace de représenter ce genre de choses sans avoir le concept de repère orthonormé ou la possibilité d'en tracer un ?
Le truc, c'est que ℂ est plus qu'un ensemble, c'est une algèbre (plus précisément un corps).

Parfois les propriétés de ce corps sont judicieuses pour représenter quelque chose : en électricité, comme on décrit souvent des régimes sinusoïdaux, on utilise des grandeurs complexes car les e[EXP]iωt[/EXP] qui peuplent ℂ de partout sont très utiles pour décrire le déphasage, l'impédance, etc.

En physique quantique on pose que l'espace des états est hermitien (""espace vectoriel sur ℂ"") car ℂ est algébriquement clos (contrairement à ℝ), ce qui est très pratique pour y faire des calculs et formaliser la fonction d'onde.

Je pourrais multiplier les exemples à l'infini, mais l'idée est la même : Il y a des propriétés de ce qu'on veut décrire qui "collent" au règles de calcul dans ℂ, des propriétés de ℂ qu'on a envie d'utiliser car ça nous aide mieux décrire / calculer les choses. Dans ces formalismes, ℜ(z) et ℑ(z) ont par exemple des "sens" particuliers, il ne s'agit pas juste de la projection orthogonale dans 𝔼².

Et je ne vois vraiment pas quelle propriété ton système calendaire et ℂ partageraient ?

Je dirais même que l'utilisation de ℂ est contre-productive, puisque ℂ n'est pas totalement ordonné. Dans ton système, ça voudrait dire que ça permet l'existence de deux dates différentes dont on aurait aucun moyen de dire numériquement laquelle est antérieure / postérieure à l'autre.


Trinaire pour toustes !
À deux doigts d'inventer Malbolge


cela permettrait tout un tas de considérations astrologiques, en établissant des relations rituelles entre certains moments
Pour ton calendrier, je pense qu'une meilleure piste est de regarder du côté de l'arithmétique modulaire puisqu'un certain nombre de cycles de soleil = un certain nombre de cycles de lune.

On pourrait même essayer de trouver une topologie d'espace élégante pour cette arithmétique modulaire, là je pense à un genre de cylindre plongé dans 𝔼[EXP]3[/EXP], qui serait parallèle à l'axe temps et dont les géodésiques seraient incurvées. On y définirait un axelune et un anglesoleil.

On appellerait cette variété riemannienne le clepsylindre. Tout instant serait un point à la surface du clepsylindre.

Valeur d'un point sur l'axelune : distance euclidienne entre l'origine et le projeté orthogonal du point sur la droite de révolution du clepsylindre.
Valeur d'un point sur l'anglesoleil : on définit un plan de section S orthogonal à l'axelune. La valeur est alors la mesure de l'angle formé par le projeté orthogonal du point sur S, l'intersection entre S et l'axelune, et l'intersection entre une génératrice de référence du clepsylindre et S.

Les géodésiques du clepsylindre sont incurvées de manière à ce qu'avancer ou reculer d'un anglesoleil fasse également avancer ou reculer sur l'axelune.

Le "pas" du clepsylindre serait ainsi réglé pour correspondre à l'harmonicité lune-soleil.
 
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