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Source : https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/psychiatrie/du-lsd-et-les-neurones-repoussent-13892.php[/LEFT]
En ces temps où de plus en plus de drogues font figure de médicaments potentiels pour traiter des troubles psychiatriques, un candidat de marque fait son apparition sur cette scène colorée : le LSD. Lui et d’autres de ses cousins psychédéliques comme les amphétamines ou le DMT contenu dans l’ayahuasca (un breuvage à base de lianes consommé par les Indiens d’Amazonie) auraient des vertus antidépressives puissantes.
Un engrais pour neurones
Des chercheurs de l’université de Californie viennent de découvrir son mode d’action : le LSD fait pousser les neurones. Un enrichissement neuronal dont les dépressifs, mais aussi les toxicomanes ou les traumatisés, ont le plus grand besoin.
Lors d’une dépression majeure, le cerveau s’atrophie dans sa partie antérieure. Une zone essentielle à la régulation de l’humeur et de l’impulsivité, le cortex préfrontal, se réduit comme peau de chagrin. Au microscope, les dégâts sont impressionnants : les prolongements des neurones (le long câble appelé axone et les ramifications nommées dendrites) se rétractent, les épines dendritiques essentielles aux contacts avec les neurones voisins disparaissent, et les connexions elles-mêmes, les fameuses synapses, sont éliminées.
D’où l’idée de refaire pousser ces cellules agonisantes en utilisant une sorte d’engrais neuronal. Une première molécule nourricière a été découverte il y a peu : la kétamine.
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Cette substance a récemment révolutionné le champ de la psychiatrie en se présentant comme une alternative très intéressante aux traditionnels inhibiteurs de la sérotonine qui formaient le cœur de l’arsenal thérapeutique, et dont le plus connu est le Prozac. Une seule prise de kétamine suffit ainsi à traiter efficacement certains cas de dépression. Mais le corps médical est en quête d’autres composés pouvant enrichir la palette des thérapeutes. Et c’est ici que le LSD fait son entrée.
Des neurones plus touffus, mieux connectés.
Les neurobiologistes ont infusé du LSD (mais aussi une substance de l’ayahuasca, ou une amphétamine appelée DOI) dans des boîtes de culture contenant des neurones de cortex de rats. Après 24 heures de traitement, ils ont vu les neurones allonger leurs axones, densifier leurs ramifications et multiplier leurs épines dendritiques, si précieuses pour établir des contacts les uns avec les autres. Le même phénomène s’observe in vivo, aussi bien chez des larves de drosophile que chez des alevins de poissons zèbres baignant dans du LSD. Leurs neurones poussent plus dru.
Drogues et Cerveau
Un des principaux intérêts de ces expériences est d’avoir permis d’identifier le mécanisme d’action du LSD : il stimule une sous-classe très précise de récepteurs de la sérotonine, un médiateur impliqué dans la dépression. Et cette stimulation est le point de départ d’une cascade de réactions biochimiques dans les neurones, qui stimule leur croissance.
L’ère des psychoplastogènes
D’où le nom donné au LSD et à ses acolytes : psychoplastogènes, ce qui signifie « stimulateurs de la plasticité psychique ». Leur avantage : provoquer la repousse des neurones aussi bien que ne le fait la kétamine, mais sans l’addiction que provoque cette dernière. Et maintenant que les différents acteurs moléculaires de cette croissance sont identifiés, le but est de concevoir par drug design des psychoplastogènes qui ne produisent pas d’hallucinations…