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[Diphénhydramine / Nautamine] Vivre dans un cauchemar éveillé

MindWalker

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Substance consommée : Di-acefylline diphénhydramine
Qualité : 100%, produit pharmaceutique français Nautamine

Documentation :
Article PsychonautWiki "Diphenhydramine"
Article PsychoWiki "Diphenhydramine, effets, risques, témoignages"
Vault Erowid "Diphenhydramine (Benadryl, DPH)"
Post Psychonaut "Les délirogènes - généralités"

Expérience :
Date : 14.04.2024
Age : 29 ans
Poids : 90kg
Heure de consommation : 22h, puis minuit
Quantité : 720mg de di-acefylline diphénhydramine (correspondant entre 200 et 250mg de diphénhydramine (DPH))
Redosage : Une fois
ROA : Voie orale
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***

Attention : ce Trip Report parle d'un délirogène
Les délirogènes ne doivent pas être considérées comme des drogues hallucinogènes comme les autres psychédéliques et dissociatifs. Par leur action anticholinergique, elles coupent en quelque sorte votre perception de la réalité et créent de vraies hallucinations, la plupart du temps très anxiogènes voire cauchemardesques. Il est dur, voire impossible à haute dose de se convaincre que ce que l'on voit n'est pas la réalité : cela signifie que l'on ne peut quasiment pas faire triompher sa volonté. Le bad trip est plus que commun. Les expériences sont assez souvent traumatisantes et regrettables. Essayez au moins d'avoir un trip-sitter avec vous et renseignez-vous au maximum. Soyez dans un état d'esprit plus qu'optimal et si vous devez le prendre, faites-le en toute connaissance de cause. Si vous devez essayer, faites-le avec une petite dose. Pour plus d'informations, référez-vous au post "Les délirogènes - généralités" dans la documentation plus haut.

Ce Trip Report n'est pas une incitation à la consommation en aucune manière. Il s'est relativement bien passé mais cela ne signifie pas qu'il en sera de même pour vous au même dosage.

***​
Point sur la substance :
La substance prise est de la di-acefylline diphénhydramine et non de la diphénhydramine (DPH) pure. Selon PsychoWiki, elle se convertit telle que 90mg de di-acefylline DPH correspondent à 25mg de DPH pure. Après discussion avec un membre du forum sur Discord, on peut se poser la question de si ça n'équivaudrait pas plutôt 31.4mg de DPH pure au regard de leurs poids moléculaire. Ayant pris 720mg de di-acefylline DPH, on peut donc estimer que la dose de DPH pure prise se situe entre 200mg et 251mg.
***​

Contexte : Seul dans ma chambre avec ma mère dans une pièce à côté
Cela fait maintenant quelques temps que je m'intéresse de loin aux substances délirogènes et dans ce cas particulier, sur les antihistaminiques. C'est venu bêtement alors que l'on m'avait donné de la doxylamine pour guérir une insomnie terrible au mois de janvier. Depuis, j'ai un peu regardé par-ci par-là pour finalement tomber sur la DPH avec le fameux Benadryl outre-Atlantique qui faisait beaucoup parler de lui. Sachant qu'un demi-cachet de doxylamine me filait pas mal de tachycardie et que les expériences avec elle étaient bien moins documentées qu'avec la DPH, je décide de me rabattre sur cette dernière. Petit à petit, je m'arrête sur la dose de 200mg après avoir lu tous (et je dis bien "tous") les TR disponibles sur Erowid sur ce dosage (avec plus ou moins 50mg). Après avoir fait une synthèse, je me dis que je pense tenter l'expérience.

Je l'ai réfléchi et débattu intérieurement pendant des semaines jusqu'à être sûr un soir. Ce soir-là, ma mère est dans la même maison que moi et j'ai un rapport très sain avec elle sur ces sujets-là. Je sais qu'elle me sera d'une grande aide en cas de problème mais que bon, dans l'absolu, si je ne la préviens pas c'est encore mieux. Je ne l'aurai jamais essayé parfaitement seul chez moi. Il est 22h et je suis dans mon lit, sur l'ordinateur. J'ai fait un test allergique en croquant un petit bout d'un cachet qui s'avère être concluant.

T+0mn : Première prise test
Comme expliqué plus haut, je fais de la tachycardie avec de la doxylamine, un autre antihistaminique de première génération. Au lieu de tout prendre d'un coup, je me dis que je vais commencer avec un seul cachet pour voir si je fais justement des palpitations cardiaques. L'idée de tripper avec un délirogène avec supplément tachycardie ne m'enchante pas vraiment et je prends le premier cachet de 90mg.

T+2h : Le grand saut
Deux heures se sont écoulées, période durant laquelle la DPH devrait être bien active déjà et mon cœur ne s'emballe pas. Il bat un peu plus vite certes avec l'appréhension mais ce n'est pas une réelle tachycardie comme me fait un demi-cachet de doxylamine. Je suis assez rassuré et regarde les 7 autres comprimés. J'ai jamais autant hésité à prendre quelque chose comme ça. Je les porte à la bouche avant de les reposer, un peu en appréhension. Et puis, allez, c'est parti je prends les sept autres. Je suis donc à 720 mg de di-acefylline DPH, soit entre 200 et 250mg de DPH.

T+2h15 : Panique et SAMU
Inconsciemment, je me met quand même à paniquer. Et si c'était stupide ? Est-ce que je me crois plus malin ou plus fort que les autres ? Je viens de prendre un délirogène, quelque chose que même certains aguerris ne toucheraient pas avec un bâton de 2m. Et en plus, je fais de la tachycardie avec un autre antihistaminique de 1ère génération... Je discute sur Discord où me dit quand même que les trucs comme ça ne rigole pas avec le cœur. Je me dis que tant pis, il vaut mieux prévenir que guérir et j'appelle le 15. J'explique la situation et on me fait patienter vingt bonnes minutes, durant lesquelles je me calme un peu. Une médecin de garde me prend au téléphone et le summum de l'échange se résume à ceci :
- (La médecin) Pourquoi vous avez pris autant de Nautamine ?
-
(Moi) Je voulais avoir une expérience délirogène
- ...
-
(Moi) Je sais, c'est stupide
-
(La médecin) Vu que vous vous permettez de le dire, effectivement c'est complètement stupide.

Bref, elle me rassure quand même en disant que selon le dosage pris, la tachycardie dangereuse est totalement hors de propos. En revanche, elle s'inquiète plutôt de l'endormissement général et qu'il faudrait que ma mère veille sur moi et voit si je ne peux plus me réveiller. Ça marche ! Elle me dit aussi de boire beaucoup beaucoup d'eau (car les anticholinergiques assèchent énormément la bouche). Mon inquiétude disparait : je ne vais pas mourir et il faudra juste affronter ce qui arrive.

T+2h50 : Engourdissement général
A peine raccroché que je me lève pour aller aux toilettes et je vois que mon corps ne réponds plus bien. Je suis de plus en plus lourd et pataud mais mon esprit arrive toujours à réfléchir. Je me sens exactement comme sous prégabaline avec un corps engourdi et ivre. Plus le temps passe et plus mon corps devient ivre. Une heure plus tard, j'en suis à m'appuyer sur les murs.

T+4h : Le cauchemar
Je n'ai plus de perception précise du temps, je sais juste qu'il est aux alentours de 2-3h du matin et que je suis au pic des effets de la diphénhydramine selon PsychonautWiki. Mon corps est lourd et engourdi mais je reste quand même éveillé. Alors que je suis sur l'ordi et que je discute avec un autre personne, je remarque que le mur en face de moi est devenu convexe, bien arrondi. Comme si de l'eau s'était infiltré et l'avait fait gonfler. Je dis à l'autre personne que je suis en train de tripper et je dois la laisser. Je me lève et touche le mur qui est parfait plat. Amusé, je sors de ma chambre pour remplir ma gourde car ma bouche ne cesse de se dessécher. La maison entière est plongée dans le noir.... Non, pour être exact, elle est en train de plonger dans le noir, elle ne cesse de s'assombrir de plus en plus comme une gamme de Shepard. Je m'avance et je sens que je suis pris d'un sentiment de peur face à l'obscurité. Quand je passe à côté d'une pièce dans le noir, j'ai l'impression qu'il y'a quelque chose dedans et ça me fait peur plus que de raison. Pensant que je ne vais jamais avoir le courage de ressortir de ma chambre, je remplis toutes mes gourdes et bouteilles d'eau et me pose dans la chambre.

Assis en tailleur sur mon lit, je sens que je trippe. Jusqu'alors je n'avais eu que quelques effets physiques et j'en avais presque oublié la drogue d'une certaine manière. Maintenant, je suis aux aguets. Le silence est lourd, absolu, assourdissant. Comme dans Astérix où Numérobis dit "c'est trop calme", cet espèce de sentiment d'appréhension que quelque chose va se passer. Ma lampe de chevet est derrière moi et projette mon ombre sur le mur de droite. Mais plus je la regarde, plus elle m'apparait étrangère. Je sais toujours que c'est mon ombre mais elle m'inquiète de plus en plus comme si je m'attendais à ce qu'elle se retourne vers moi de son propre chef. J'éteins ma lumière et me retrouve dans l'obscurité, éclairé par les lumières des lampadaires dans ma rue. Le mur en face de moi est toujours aussi convexe. Des tout petits flashs lumineux comme si on me prenait en photo avec flash de très loin passent devant mes rétines pendant la prochaine heure. J'ai beau essayer de les faire disparaitre, rien n'y fait. Comme si on débranchait toutes les 1 à 2 secondes mon nerf optique pendant un clignement d'œil. Du coin des yeux, je vois des petits points sombres qui courent sur les murs mais impossibles de les voir de face. C'est donc ça les fameux insectes ? Je vois. Pour l'instant, s'ils ne sont que dans ma vision périphérique, ça me va.

Le gros des hallucinations arrive. Les deux premières furent sonores comme un bruit strident d'ongles qu'on écorcherait sur un tableau ou du métal qui crisse dans ma rue. Pourtant, dehors dans ma rue, il n'y a rien. Je me calme et parviens à rationnaliser : je suis en train de tripper c'est normal, ce n'est pas réel. En pleine méditation, un camion passe cette fois-ci pour de vrai dans la rue et le son est assourdissement, ignoble, bien plus fort que n'importe quel putain de camion qui est passé dans cette rue. Je suis pris d'une panique totale et me recroqueville dans mon lit, les mains sur les oreilles alors qu'il passe. Je mets plusieurs minutes à me calmer, respirant fort.

Au bout du lit, je vois mon chat me tournant le dos. Je reconnais sa fourrure noire et ses petites oreilles. Sauf que mon chat ne peut pas être là, il dort toujours avec ma mère dans sa chambre. Il n'a jamais dormi ici parce que je ferme toujours la porte. C'est impossible qu'il soit là. Je me dis donc que c'est une hallucination et la fixe pour la faire partir. Rien à faire. Il est là. Même s'il fait sombre, je le vois et le reconnais. Je me redresse et me rapproche de lui et le voit toujours aussi nettement. Je passe sa main sur sa tête derrière les oreilles pour sentir que c'était mon bloc de chargeur d'ordi et le câble d'alimentation. Putain c'est dingue.

Je ne peux pas fermer les yeux. Quand je les ferme, j'hallucine des choses bizarres en motifs de spirales noires et sombres, poisseuses. Les motifs se réarrangent et plusieurs fois, ils se transforment en visages hurlants comme dans Le Cri d'Edvard Munch. Les spirales se réarrangent parfois en tourbillon de couloirs décrépis qui tournent en rond, ce même couloir que j'avais vu quelques secondes sous LSA. Je garde les yeux grands ouverts et attends que le mal passe, les petits flashs ne s'arrêtant jamais.

Au bout d'une heure ou deux, vers 4 ou 5h du matin, les hallucinations finissent pas s'arrêter pour ne laisser place qu'aux petits flashs lumineux. Le sentiment d'angoisse générale disparait pour laisser place à la fatigue, grandement aidé par la sédation. Sentant que je suis en descente, je m'autorise à m'endormir.

T+1j : Mal-être étrange
Je me réveille après une courte nuit de quelques heures à peine mais je me sens pas bien. Déjà je suis complètement desséché et avale de grandes gorgées d'eau. Mais je me sens étrange, mal à l'aise comme dans un corps qui n'est pas le mien, sentant presque physiquement mon corps piloter mes membres, comme si je "portais" mon corps comme un manteau. Mes interactions sont étranges aussi, détachées, froides, pas les miennes. Il y'a aussi une fatigue assez générale. Les effets disparaissent dans le courant de l'après-midi.​

***
Conclusion : Sans surprise, l'une des pires expériences de ma vie
S'il y'a bien une chose qui a été général, ça a été la peur, voire à certains moments la panique. Dans cette expérience, j'ai réussi à la surmonter mais elle m'a accompagné presque à chaque instant : que ce soit lors de la prise ou pendant 2h complètes pour les effets hallucinogènes. Ce délirogène crée un sentiment d'appréhension sans pareil et ne ressemble à aucune autre expérience que j'ai vécu. J'ai été surtout frappé par la puissance des hallucinations et surtout celle de mon chat. Il était là, c'est sûr et j'avais beau forcer ma volonté, mon esprit à le faire disparaitre car c'était impossible qu'il soit là, rien à faire, mes sens m'ordonnaient de voir mon chat. C'était impressionnant (et donc angoissant) de voir que la réalité m'échappait.

Dans cette expérience, j'ai pris un dosage faible et je m'attendais à peu d'hallucinations (voire pas du tout). J'ai été dans un soft spot où mon esprit arrivait encore à rationaliser les choses, que j'étais sous substance et ce que je voyais n'était pas réel. Malgré tout, entre les bruits stridents et mon chat, il y'a eu des moments où la réalité se faisait remplacer. Ce n'est pas clairement pas aussi atroce que certains TR qu'on peut lire sur le sujet mais je pense qu'un mauvais état d'esprit ou autre peut provoquer un bon bad trip comme il faut.

Enfin, pour finir, je conclus en disant que c'était l'une des pires expériences de ma vie certes, mais je ne peux pas dire que je n'ai pas apprécié. Alors clairement pas de bout en bout mais j'ai trouvé ça quand même vraiment intéressant et impressionant. Je suis content d'avoir pu faire cette expérience et qu'elle se soit déroulé comme ça mais je n'irai ni chercher plus ni des effets équivalents. Car c'était peut-être un coup de chance et il y'a des TR sur Erowid, à 200mg (voire même moins) qui font état de trips réellement cauchemardesques. Ce n'est pas récréatif.
 
Dernière édition:
Hé bein, faut effectivement avoir du culot pour faire ça, sans que j'aille jusqu'à dire que ce soit stupide cependant.

En fait, certains effets décrits me font effectivement penser à mon break psychotique post-OD de 6-APB. L'enfer sur terre.

J'aime bien tes TRs, suffisamment courts pour être digestes (tout l'inverse des miens mdr) et néanmoins très clairs. Ils sont aussi variés, ce que je trouve très appréciable :)
 
Sans être stupide, c'est pas forcément hyper malin quand même je dirai haha

Ouch, ça a duré longtemps ? Perso, rien que de savoir que j'en avais que pour 2 à 3h ça me rassurait pas mal, alors j'imagine pas un break psychotique :/

J'aime bien tes TRs, suffisamment courts pour être digestes (tout l'inverse des miens mdr) et néanmoins très clairs. Ils sont aussi variés, ce que je trouve très appréciable
Merci beaucoup ! :heart: Alors même s'ils sont digestes, je compense en en floodant plus d'un par semaine. Il faut dire que j'expérimente à fond avant de partir haha
 
Expérimenter c'est une chose, mais il y a des écueils que je ne connais que trop bien. La fréquence joue un rôle je trouve, même en switchant les classes de substances car in-fine pour l'écrasante majorité d'entre elles tu spames le circuit de la récompense.
Tant que tu n'utilises pas les drogues comme des échappatoires, j'imagine que ça devrait aller avec les bonnes doses de RdR dont tu sembles user sans modération. Mais si un jour tu as des problèmes dans ta vie, fais très attention à ne pas utiliser les produits comme échappatoires. Car alors la fréquence augmente et finalement la "toxicophilie" se transphorme et quelque chose de plus sombre.
Tu sais tout ça, j'ai conscience d'enfoncer une porte ouverte. Pourtant je le savais de façon théorique moi aussi. Ça ne m'a pas empêchée de finir par glisser.
Ce que j'essaye de dire c'est : prends soin de toi et reste prudent^^ La connaissance sur le bout des doigts des risques et des moyens de les réduire ne protège pas entièrement de déraper en pratique.

Édit: @MindWalker ha et oui, j'ai pas répondu à ça. Ça a duré environ 3 à 6 jours. J'ai complètement perdu la notion du temps. J'ai de la chance d'avoir survécu et d'autres effets iatrogènes ont perduré des mois ensuite (crash dépressif) ou toujours (permatolerance quasi totale, plus aucune euphorie avec les "MDMA-like").
La dernière partie du TR.
 
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