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Des notions d'accoutumance et d'addiction

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Sludge
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Sludge

Holofractale de l'hypervérité
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17/9/11
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Souvent, lorsqu'il est sujet d'addiction, on en vient souvent au sujet de l'accoutumance (tolérance). Les deux sont systématiquement liés par les professionnels de santé. Or j'ai du mal à comprendre pourquoi. Je comprends le danger de l'accoutumance quand une surenchère dans le dosage peut conduire à des accidents graves, mais je ne comprends pas le lien direct avec l'addiction.

La tolérance empêcherait plutôt de consommer pour garder des effets corrects à dose normale, donc pourrait être un frein à l'addiction pour des gens soucieux d'eux-même.

Quelqu'un saurait m'expliquer ? Y a t-il débat sur la connexion systématique de ces deux concepts que ne relient à mon avis que la "drogue" au sens large (pas nécessairement addictive).

D'ailleurs le terme drogue est souvent expliqué par l'addiction, or nombre de substances non addictives sont classées comme "drogues".
 
donc pourrait être un frein à l'addiction pour des gens soucieux d'eux-même.

Pour moi la réponse est là. les professionnels de santé font ce lien systématique car ils rencontrent, le plus souvent, des patients qui ne prennent pas bien soin de leur santé (physique et/ou mentale) et qui se laissent entraîner dans l'addiction.
 
Pour te donner un exemple, quand tu prend des champis et que tu sent que t'en a pas prit assez, bah t'en reprend plus, et si ta habitude d'en prendre chaque week ends (l'accoutumance) et bah t'en reprend toujours + le week end, et comme les drogues ont un potentiel addictif, et que + t'en prend + le potentiel se fait ressortir, et bah t'en reprend encore +. Voilà pourquoi la tolérance et l'addiction sont lié, et que si l'un ne fait pas son travail, l'autre le fait à sa place pour en prendre toujours +.

Et même si ça motive l'arret sur le papier, et que la tolérance fait que tu ne ressent rien, et qui dit que tu ressent rien, c'est que tu n'a rien pris et que t'es sobre, donc pas de problème pour en prendre plus, j'voit ça comme une dose "à blanc", genre j'ai prit mais pas de défonce donc pas d'incidence sur la santé.

Voilà j'espère t'avoir éclairer =)
 
Je ne trouve pas ça logique. Que tu doives reprendre plus pour un même effet ne créée en aucun cas de l'addiction. Pour un produit non addictif physiquement, l'arrêt ne posera pas plus de problème si tu en as pris une dose X ou une dose X². Par contre pour un opiacé par exemple le sevrage sera forcément plus important avec des consommations plus élevées, d'accord, mais pour ton exemple (les champotes), ça n'est pas valable.

Oui en fait je vois où ça peut faire varier la difficulté à stopper une consommation pour des drogues effectivement addictives, mais en aucun cas le fait qu'une drogue créée une accoutumance ne la rend addictive pour autant.
 
Sludge a dit:
Souvent, lorsqu'il est sujet d'addiction, on en vient souvent au sujet de l'accoutumance (tolérance). Les deux sont systématiquement liés par les professionnels de santé. Or j'ai du mal à comprendre pourquoi.

Je ne suis pas sûr que ça soit valable pour toute addiction...
Prenons les addictions sans substance (internet, jeux, etc), il y a addiction mais peut on dire qu'il y a une tolérance ?

Exemple: Etats-Unis: un hôpital pour les drogués d'Internet | Slate.fr
 
Oui désolé j'ai dit champis pour mon exemple parce que je sais que ça te connait, mais revenant-en a nos brebis, le mot accoutumance définit bien le truc pour moi, les gens qui ont l'habitude de manger un painnau chocolat et un jus d'orange le matin, si ça leur procure un énorme plaisir et une expérience extraordinaire (parce qu'on parle de psychotrope quand même), et bien il est normal qu'on souhaite continué la routine et en reprendre au petit déjeuner, après le petit déjeuner est ancré dans le temps, c'est un évènement chronologique, mais comme je disait si ta l'habitude de prendre des champis toute les week end, et bah dans ta tete tu te dit, ce week end, ciné, petite soirée, et champi's time, comme une habitude quoi, la clope du soir.

Mais tu voit j'pense qu'il faut pas lier les drogues non addictives à l'addiction physique qu'elle produisent mais plutôt à l'envie et la recherche du plaisir.

Pardonnez la comparaison un peu illogique d'un premier abord mais, c'est comme le sex, sur de courtes durée, on peut avoir envie de partager des moments avec son conjoint, juste pour le plaisir parce que c'est un truc que tu fait de temps en temps le soir, tandis que la vrai envie, "la faim" ne viendra que dans quelque semaine ou quelque mois. Juste notion d'accoutumance.

Et tu as vraiment raison maintenant que j'y pense les champis ne font pas les mêmes accoutumance que d'autre prod, comme le cannabis par exemple.

EDIT:
Jhi-dou a dit:
Je ne suis pas sûr que ça soit valable pour toute addiction...
Prenons les addictions sans substance (internet, jeux, etc), il y a addiction mais peut on dire qu'il y a une tolérance ?

Bah en partant du principe que le temps de surf sur internet augmente et les misens et les parties augmentent également pour le poker en ligne, je pense oui. Mais je suis pas certain y'a 3 centre d'addictologie a coté de chez moi dont un spécialisé pour la toxicomanie j'pourrait m'renseigner si vous voulez ?
 
Je dirai que ça dépend de quels produits tu parle.

Pour une dépendance aux benzodiazépines ou au GHB, le gros problème c'est l'addiction physique.

Pour les stimulants, c'est l'addiction psychique et là la tolérance elle se résorbe très vite et y'a pas de manque physique. Le problème est principalement psychique.

Pour les sérotoninergiques, la tolérance est un facteur limitant comme tu dit je trouve. Il apparait qu'une proportion non négligeable de ceux qui ont perdu la "magie" freine leur conso d'eux même.

Mais chez un consommateur d'opiacé, tant que tu monte la dose, tu aura l'effet, alors la tolérance n'entre pas en compte.

D'ailleurs le terme drogue est souvent expliqué par l'addiction, or nombre de substances non addictives sont classées comme "drogues".

Y'a un super lien sur lucidstate que King Kong a posté à propos de l'addiction, comme un phénomène de découplage entre les systèmes sérotoninergiques et noradrénergiques!

Putain j'arrive pas a le retrouver^^
 
Ou sinon les professionnels de santé qui sortent ces deux termes ensembles ne savent tout simplement pas de quoi ils parlent...
 
Merci papa-perché c'est pas exactement le même lien que je cherchais mais c'est du même chercheur je crois! :D
 
Sludge a dit:
Je ne trouve pas ça logique. Que tu doives reprendre plus pour un même effet ne créée en aucun cas de l'addiction. Pour un produit non addictif physiquement, l'arrêt ne posera pas plus de problème si tu en as pris une dose X ou une dose X². Par contre pour un opiacé par exemple le sevrage sera forcément plus important avec des consommations plus élevées, d'accord, mais pour ton exemple (les champotes), ça n'est pas valable.

Oui en fait je vois où ça peut faire varier la difficulté à stopper une consommation pour des drogues effectivement addictives, mais en aucun cas le fait qu'une drogue créée une accoutumance ne la rend addictive pour autant.

Tu vois la chose comme une "théorie wikipédia", en partant de principes pré établis selon des normes attribuées à chaque produit tu ne pourras pas vraiment comprendre le lien entre l'addiction et la tolérance, tu comprendras juste quelle drogue agit comment sur le corps humain lorsqu'on y est dépendant.

Comme la dit Xochipili "j'pense qu'il faut pas lier les drogues non addictives à l'addiction physique qu'elle produisent mais plutôt à l'envie et la recherche du plaisir. "

Il faut prendre en compte le facteur psychologique en plus du facteur neurologicochimique.

Ok cette drogue là entrainera une plus grande accoutumance que celle ci, mais ça c'est le stade de la cause du problème, la tolérance et l'addiction ce sont les faits, le constat, et le stade le plus important c'est celui où tu cherches à comprendre le sens de tout ce merdier, et bien le sens est psychologique, et c'est la recherche de plaisir effectivement.

Pour reprendre l'exemple des petits pains au chocolat, je t'assure être quelque peu gourmand quand j'ai envie de me faire plaisir, mais mon problème c'est que chaque matin j'augmente les doses, je suis assez con pour m'enfiler trois voir quatre pains au chocolat juste parce que "j'aime ça", au final ça me déglingue le bide mais je le fais quand même...j'ai associé le bon goût du petit pain à un plaisir, donc je consomme jusqu'à être plein....voir trop plein.

Après un petit pain ça parait inoffensif, en manger trois ou quatre c'est pas non plus la mort, mais quand tu t'habitues à bouffer autant, ton estomac prend du volume et il s'habitue à emmaganiser la masse de bouffe, et au final t'as tout le temps super faim parce que tu t'es habitué à bouffer comme un porc, et il te faut de plus en plus de nourriture pour être enfin rassasier ---> tu vois où je veux en venir, ça se termine par une dépendance au petit pain, au départ il t'en fallait un pour te faire plaisir, mais maintenant il t'en faut sept ou huit...et ça même pas seulement pour te faire plaisir, juste pour manger tout simplement. Désormais t'es habitué à tes huit pains au chocolat, et toi même tu sais que sans tes huit petits pains t'es très ronchon le matin...

Pour en revenir à la dope c'est le même schéma, au départ t'en prend un petit peu pour atteindre un premier pallier, le stade de la découverte et du plaisir nouveau, puis ensuite tu veux y retourner parce que c'était plaisant, mais fini la découverte du stade 1, donc tu vas découvrir le stade 2 en prenant une trace ou un para en plus de la dernière fois...puis après c'est la même histoire avec les stades 3, 4, 5, etc à l'infini.

La grande finalité c'est qu'à force de t'habituer à ceci ou cela, il t'en faut plus pour retrouver le plaisir de la première fois, et à force d'accoutumance le corps est devenu tolérant, donc il lui en faut plus, voir il lui en faut tout court sinon ça va carrément pas : c'est l'addiction.


Enfin si tout ça est encore confus, vois le phénomène avec l'Héroine, c'est le plus flagrant, dépendance physique et mentale hard core au point qu'il t'en faut pour vivre, ce n'est plus une envie mais un besoin à ce stade là, mais ce fonctionnement s'adapte à toutes les autres drogues qui ont chacune leur propre forme d'accoutumance, certaine plus mentale que physique par exemple, et puis il y a aussi les petits pains, enfin la bouffe et tous les pêchés humains...on satisfait tous un besoin à sa manière (la cause), et dans le fond tout ce qu'on recherche c'est surtout à se faire plaisir (le sens du pourquoi du comment de la cause).
 
Ben dis donc Laura, je te félicite !!! Mais vraiment, t'as une putain de lucidité. A quand ton diplôme universitaire d'addictologie ? T'as bien pigé le schmilblick !!

J'ai super déliré sur le "neurologicochimique" je sais pas si c'est exprès mais ça m'a fait éclater de rire merci 1000x !!!
 
Sludge a dit:
La tolérance empêcherait plutôt de consommer pour garder des effets corrects à dose normale, donc pourrait être un frein à l'addiction pour des gens soucieux d'eux-même.

J'aimerais juste rebondir là-dessus. Dans mon cas, il s'agit de la MXE. Substance plaisante et donc addictive, ce sont ses effets néfastes sur les reins et potentiellement la vessie qui jouent le rôle de frein dans ma conso. Je sais que si j'en prends souvent, la tolérance va s'installer et je vais devoir en prendre davantage pour être là où je veux être. C'est pour ça que j'espace les doses, pour laisser le temps à mon organisme d'encaisser et ne pas laisser la tolérance s'installer. Ici, l'accoutumance agit comme un frein à l'addiction, ou bien le potentiel addictif agit comme un frein à l'accoutumance. Tout est question de savoir dans quel sens faire tourner le cercle, vertueux ou vicieux : que l'un et l'autre se freinent mutuellement, ou bien se renforcent.
 
Moi c'qui m'a fait tilter c'est le "soucieux de leur corps" : je connais pas grand monde autour des 18-25 ans prenant soin de son corps... Un minimum quand même, mais ils s'autorisent vite des z'abus.

Comme l'a dit Shrödinger, tout dépend dans quel sens on fait tourner le cercle. J'en connais plein qui, parce qu'ils n'ont pas les effets recherchés à cause de l'accoutumance, en prennent simplement + ; et qui consommeront quand l'envie se manifestera plutôt qu'une fois que la tolérance sera redescendue...
Pis c'est sans compter sur la fragilité psychologique de certains : "j'ai de la tolérance mais j'vais en reprendre, même si ça m'fera moins d'effets ce sera cool quand même" puis une fois sous les effets : "ouais c'est quand même pas terrible, bon aller au point où j'en suis j'peux bien m'en renvoyer un peu".
Et plus on s'en envoie plus l'addiction s'installe... à moins qu'on abuse salement et qu'on se dégoûte (en passant par la case hosto ou non \o/)
 
Un produit psychotrope vient sur-stimuler certaines zones du cerveau. Il peut en résulter un plaisir, que l'usager va rechercher continuellement dans son addiction (qui reste psychologique, au même titre qu'on va répéter n'importer quel acte "plaisant"). Seulement, à force de répétition, le cerveau va se dire que c'est désormais ce produit psychotrope qui viendra stimuler ces zones. Donc plus les prises se répètent, moins le cerveau donnera de réponse satisfaisante à l'usager, qui frustré, augmentera les doses... Là, je parle de tolérance neurologique.

Il existe aussi une tolérance métabolique, grâce à l'augmentation de certaines enzymes qui "traitent" le produit à son arrivée. Ce processus aura pour effet d'accélérer le traitement du psychotrope en question, avec diminution du pic d'intensité, évacuation plus rapide du produit. L'usager se retrouve une fois de plus frustré, et va donc augmenter la fréquence de consommation.

Bon, alors pourquoi les médecins relient t-ils ces mécanismes à la dépendance ? Tout simplement parce que la tolérance métabolique fait augmenter la tolérance neurologique, qui à l'arrêt du produit aura pour conséquence cette souffrance psychologique, voir physique selon la classe de psychotrope. Pas de dépendance (au sens neurologique du terme, je ne parle pas de la dépendance psychologique induite par les premières prises là) sans tolérance, ça va ensemble.

Je comprends le danger de l'accoutumance quand une surenchère dans le dosage peut conduire à des accidents graves, mais je ne comprends pas le lien direct avec l'addiction.

Si la tolérance suis, l'usager n'aura jamais d'accident, même avec des doses létales pour le néophyte. En revanche, ce même usager très tolérant, qui réduit beaucoup sa consommation et fait baisser radicalement sa tolérance, n'aura pas intérêt à jouer le warrior avec les dosages d'il y a six mois. Malheureusement c'est ce qui se produit souvent...

La tolérance empêcherait plutôt de consommer pour garder des effets corrects à dose normale, donc pourrait être un frein à l'addiction pour des gens soucieux d'eux-même.

Dans le meilleur des mondes, oui en effet, on aurait des usagers responsable, qui arriverait à gérer leur consommation, en prenant garde à ces signaux d'alertes. Mais ce n'est pas le cas.

D'ailleurs le terme drogue est souvent expliqué par l'addiction, or nombre de substances non addictives sont classées comme "drogues".

Des substances non addictives ? C'est tellement relatif ce que tu dis là... Chacun est différent, et là ça se ressent vraiment. Personnellement, je pars du principe que tout produit psychotrope a un potentiel addictogène, que celui-ci soit d'ordre psychologique ou non. Après, on peut discuter la gravité d'une consommation, en fonction du produit dont on parle. Mais les généralités dans ce domaine n'existent pas, ce n'est que du cas par cas.

EDIT : Petit lien pour les gens bizarres qui kiff le sujet : http://books.google.fr/books?id=qf3...wAA#v=onepage&q=tolérance psychotrope&f=false
 
Laura Zerty a dit:
toi même tu sais que sans tes huit petits pains t'es très ronchon le matin...

Epic punchline
 
Si la tolérance suis, l'usager n'aura jamais d'accident, même avec des doses létales pour le néophyte.

Utile de préciser pour compléter ton propos paralel que parfois il y a une tolérance distincte entre plusieurs effets du produit. Par exemple pour l'héroïne, la tolérance aux effets euphoriques et antidouleur augmente plus vite que la tolérance à l'effet dépresseur sur la respiration. L'utilisateur dépendant qui chasse l'euphorie ayant de moins en moins de marge de manœuvre niveau sureté.

Merci pour le lien :)
 
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