Salut ! Ton premier message date de quelques jours et je n'ai pas lu les réponses, je vais donc ptet dire des trucs qui t'ont déjà été dits.
Déjà je trouve que tu as une superbe lucidité à propos de ton état psychique, émotionnel, et des addictions. C'est une belle preuve d'intelligence et en ce moment je suis dans le genre de phase où ton message me donne l'impression que la vie s'est auto-créée pour pouvoir se poser ces questions justement, et trancher sur la question du bonheur, des besoins affectif, etc etc... Le fait d'exister quoi! (même si j'ai le sentiment qu'il y a de toute façon bien plus que tout ce que je pourrai imaginer derrière le schmilblick).
Du coup, les "questions concrètes" que tu poses dans ton post orignal me semblent en totale contradiction avec ton témoignage. Elles me semblent relever de la fuite et de la politique de l'autruche. M'fin j'veux dire... Tu as été capable de verbaliser -avec précision- ton état et les sensations que te procure la probable dépression; tu as sûrement déjà beaucoup d'informations sur les données temporelles liées aux dépendances aux opiacés et aux stimulants, et malgré ça tu demandes "combien de temps peut-on abuser sans développer de dépendance physiologique ?". Sérieusement ? Mon œil !
Les réponses a tes deux questions sont très difficile à donner, relèvent du cas par cas, et ce ne serait pas une donnée de confiance pour baser sa conso dessus, genre "je consomme pendant 3 jours et après j'arrête pendant 5 pour éviter de devenir dépendant". Non, ça va foirer à un moment ou un autre. Tu le sais, tu l'as dis. Ton angoisse qu'un jour tu n'aies simplement pas la force de stopper
cold turkey prouve encore ta lucidité, et je vais te dire...
C'est exactement comme ça que ça se passe (dans certains cas), et que tu te retrouves sous traitement de substitution pendant des mois, ou des années, au choix.
Ça peut aussi ne pas être du à un manque de courage du tout, mais à un manque de temps. Imagine par exemple, que tout rentre dans l'ordre subitement, *pouf*, comme par magie, tu te sens mieux et tu disposes du jour au lendemain d'activités
et/ou
de relations
et/ou
de responsabilités intéressantes, qui te motivent. Tu dois être en forme pour les assurer, tu ne peux pas te permettre de les laisser s'échapper sans leur montrer que tu es capable de gérer ça. C'est la vie que tu veux saisir. Tu ne peux pas te permettre de te taper trois semaines de sevrage incapacitant.
Comme ça a été dit (j'ai jeté un coup d'œil aux réponses entre temps), ce n'est pas une honte ni une tare d'être sous TSO. Mais ça peut être un peu handicapant, tout au moins contraignant.
Ça dépend des structures etc. mais il y a le temps de la mise en place, de la stabilisation, de la relation de confiance qui s'établit avec le personnel soignant qui te suit. Tous ces facteurs peuvent faire que ta mobilité peut être fortement réduite pendant un laps de temps variable, car par exemple tu as l'obligation d'aller à la pharmacie tous les 15 jours (voire tous les jours au début, c'est ce que j'ai eu, avec élargissement progressif).
Pas moyen de passer légalement la douane de certains pays avec un mois de traitement méthadone. Ou alors tu peux rentrer mais pas sortir x) Faut se renseigner.
Selon la taille du bled où tu vis, ça peut se savoir et, malheureusement, être stigmatisant à cause de l'image que les gens se font de cette situation.
J'insiste peut-être un peu mais j'admire ta lucidité sur ta situation, même si en étant en plein dedans y'a forcément des choses que tu ne vois pas aussi clairement que si tu avais du recul.
Ne serait-ce que l'historique familial de dépressions et suicide(s).
Il faut que tu t'appuies dessus. Que tu t'appuies, entre autres, sur le fait que ce que tu vis est
, entre autres (encore et bien-sûr)
, dû à une prédisposition génétique et/ou environnementale, une "maladie familiale".
Ça aide d'avoir un peu d'indulgence envers soi-même. La "nature" teste plein de possibilités pour le fonctionnement des êtres vivants, les mutations génétiques sont, selon toute vraisemblance, dues au hasard. Un hasard que "la vie" a su utiliser comme outil de création de la diversité.
Ton
toi est tel que tu disposes d'une certaine sensibilité, de certaines aspirations. Tu n'es responsable d'aucun de ces choix. Et en même temps, tu as beaucoup de pouvoir sur ta vie.
'Fin voilà, j'aimerais te dire des choses plus utiles pour t'aider, mais j'ai pas ça en stock apparemment ! Je peux te confirmer que tu as du nez, tu pressens bien qu'en continuant la consommation dans cet état et dans cette optique, tu cours le risque d'un accrochage fort. S'en détacher sera le processus d'un long travail psychologique, travail que tu devrais de toute façon entamer, si possible avant de développer une forte dépendance plutôt qu'après
Et ne laisse aucun "soignant" te déstabiliser dans ta démarche, ne laisse personne, pas même toi, te faire croire que tu ne mérites pas qu'on s'intéresse à ton cas pour t'aider. Il y a quelques soignant qui ont des discours choquants, je dis ça au cas où.
Tu mérites, comme tout le monde, de travailler sur ta vie intérieure et extérieure, sur tes aspirations, sur la construction de ton bien-être. Ce n'est jamais une démarche égoïste puisque ça s'inscrit toujours dans un cadre de relations avec les autres. Tu pourras apporter du bien aux autres si tu connais le bien-être en toi-même.
Et si tu as un mal psychique tu as Droit à des soins de qualité à la hauteur de tes attentes.
Il y a des professionnels dont c'est
le choix et
l'aspiration d'aider les gens dans ces démarches. Trouve les bonnes personnes.
Dernière chose, fais très attention avec ces opioïdes puissants tels que l'U47700. L'OD mortelle n'est pas loin, à une trace près, à un mélange près... Notamment, vérifie bien les interactions avec d'éventuels traitements anti-dépresseurs que tu pourrais avoir. Par exemple la molécule Mirtazapine dans certains AD est déjà sédative et entraîne une prolongation de l'effet de l'U47700 et une
très forte potentialisation de la dépression respiratoire.
Attention également au mélange benzo + opiacés + fatigue (+ alcool éventuellement). C'est traitre.
Bon, bah je trouve que tu as bien fait d'en parler, et je crois que beaucoup de lecteurs de par le monde (du moins les pays francophones) risquent de se retrouver dans des parties de ton message, car le mal-être est assez répandu semble-t-il. Désolé si ce mot semble minimiser la chose, j'essaye d'englober tout type de douleur psychique, qu'elle soit considérée comme une pathologie ou pas. Je te souhaite de trouver l'envie, la force et la joie de vivre, et je viendrai voir les nouvelles si tu nous en donnes.
Ciao !