C'est toujours pour moi un « pied » particulier de faire retour sur Psychonaut.FR, salut à tous, camarades psychonautes !
Très bonne initiative, ce projet de création de « fiches ». Je suis d'ailleurs déjà très épaté par
les 2 séries de dépliants 4 volets que tu as créées,
Tridimensionnel, bravo ! Entre ça et ce sujet-ici, j'en retire tout de suite le sentiment que vous (admins) --
forts d'un long temps de « résurrection » résolue, laborieuse (au sens positif) et sans doute en partie héroïque de ce lieu précieux -- êtes plus dans l'action concrète, et pas bricolée, mais exigeante et plus efficace ; c'est 'achement positif,
'of course', compliments !
oOo
1 | Le cadre règlementaire : jusqu'où peut-on « aller trop loin » ?
Le thème sur lequel tu nous sollicites,
Cookies, est naturellement branchant pour la population que nous sommes. Mais l'esprit pratique, le réalisme et le sens politique me conduisent d'abord, sans vrai goût pour ça, à penser
le cadre légal de ce qui est là en projet.
La désapprobation forte
« du législateur », qui va jusqu'à la mise à l'index (
diabolica) de tout propos présentant ces substances
« sous un jour favorable », en faisant
« l'apologie », est toujours gravé dans le marbre législatif en vigueur depuis cette p....n de loi de 1970 !
Je l'ai vérifié en googlant avec
« apologie » et
« loi », et suis tombé sur une page de «
Drogues Info Service » qui reproduit et commente les termes, toujours en vigueur à l'identique, de l'article L.3421 et suivants du Code de la Santé Publique :
http://www.drogues-info-service.fr/content/view/pdf/23616
...précisant même en conclusion que l'image d'une
« feuille de cannabis » sera
« tolérée dans le cadre d'une publication informant sur les risques du cannabis ».
En 50 ans, rien n'a changé de la position officielle. Principalement parce qu'on est un pays « politique » --
qui privilégions plus les principes structurant et l'intérêt général sur l'intérêt particulier -- que le pragmatique. Mais dans le reste du monde, plus influençable à la vision pratique et économique américaine, les choses ont radicalerment évolué depuis 10 ans. Mais ne nous y trompons pas : ce n'est pas parce qu'ailleurs, on est plus éclairé qu'en France, que les législations sur le cannabis (
voire d'autres substances) se libéralisent ; c'est d'abord parce que ça génère un énorme business légal entièrement nouveau.
Donc
même pour l'État français, les termes de la loi sont de plus en plus intenables. Sur Drogues Info Services,
« Les drogues, c'est mal », et juste ça (
https://www.drogues-info-service.fr/). Mais pour chaque substance, ils ne peuvent que se conformer à la morale de la « RDR », et il y a donc un dernier paragraphe, pour chaque grande substance, où ils sont tout gentils, limite maternels, de sorte que si on consomme quand même (
risquant alors légalement d'être condamné à un an de prison et 3750 euros d'amende), ça se passe au mieux.
C'est encore plus flagrant en ce qui concerne les moyens disponibles sur la place publique pour faciliter l'autoproduction :
« Culture Indoor » s'est implanté (
ha ha) graduellement depuis plus de 15 ans et compte maintenant plus de 100 enseignes dans le pays. C'est en allant au magasin de
St-Maur-des-Fossés, tenu par « John », l'un des deux fondateurs de cette
“success story” à la française, que l'on perçoit le mieux les raisons de ce succès marquant : ils restent DANS LES CLOUS de la règle, du texte de la loi (
sinon de son esprit, mais sur le sujet, l'esprit de l'article est conservé d'antan à la naphtaline !) ; aucune erreur de gestion ou de communication.
Officiellement, c'est conçu pour permettre aux gens de faire pousser des
tomates l'hiver tranquilles, on est tous au courant, c'est mignon, et la fable fonctionne au 2nd degré pour tous les concernés...
...y compris les pouvoirs publics !
« Tant qu'ils font pousser, ils ne nourrissent pas le trafic des cités et la violence qui va avec ». Bien entendu que c'est le raisonnement du gouvernement. Un raisonnement tout à fait « politique » (
et pas de normativité morale ras-des-pâquerettes). Du moment que Culture Indoor veille à toujours rester dans les clous,
'we got a deal'. Et c'est très cool, sur ce plan, ne nous plaignons pas.
Mais il est relativement facile d'argumenter de façon convaincante que l'État met lui-même, en cela, beaucoup plus « d'eau dans son vin » pratique par rapport au texte théorique.
oOo
2 | Mes idées relatives au projet de Fiches
• On bouffe de la « RDR » à longueur d'années depuis 2 décennies, c'est une expression reprise aux JT et dans tous les débats sur le sujet, bien propre sur elle... Je ne suis pas « psychonaute » depuis un demi-siècle pour me faire bassiner autant par des Shadoks qui sont tout à fait ignorants d'une bonne moitié du champ dans lequel ils pensent avoir compétence à s'exprimer. Si je n'avais pas géré moi-même tous les risques afférents, je ne serais pas là (
en très bonne forme physique pour 67 ans) pour en parler ; c'est donc parfaitement possible, en tendance à quiconque, de gérer ses propres risques.
De plus, les
“flyers” de Tridi font la meilleure synthèse de tous les risques d'association de substances, en complétant de conseils généraux clairs qui sont ceux qu’il faut donner.
• Il nous revient de graduellement évoquer
les raisons positives d'expérimenter avec les substances psychoactives (
sinon, qui le fera ?). Mais tout tient donc à la législation et à sa coloration anachronique. Il s'agit de
« savoir jusqu'où on peut aller trop loin » sans que ça scandalise, en paraissant dans le juste air du temps.
Pour moi, le plus important, le plus responsable, c'est de communiquer que l'
on peut expérimenter en restant *sérieux*, et que c'est ainsi que l'on peut bénéficier de ces expérimentations, en effet plus ou moins risquées.
• Dans les 70s, j'ai un peu abusé, mais en sachant toujours « jusqu'où je pouvais aller trop loin ». Depuis que j'ai enfin pu tester la
MD en 2011 (
Rah, lovely, as expected ;>), toutes mes prises de prod' l'ont été
dans mon cadre, chez moi, tranquille, avec le jardin à disposition, et
toujours à 2 ou à 3, pas plus (
avec au moins un « sachant » expérimenté).
J'aimerais beaucoup que les futures fiches Psychonaut fassent état de ça. La MD pour faire la fête, franchement, je ne comprends pas, c'est gâcher le produit. Pour Shulgin et les autres, dans les 60s, c'était *sérieux* ;
le meilleur usage de la MD, c'était dans les cabinets de psychologues et psychanalystes anti-conformistes : le nouveau patient ou la nouvelle patiente mal dans sa peau, qui mettait d’ordinaire plusieurs semaines voire mois de séances à s'ouvrir... s'ouvrait dès la prise de MD, et ça changeait tout en mieux.
• Autre exemple : la
psylacétine (
meilleure forme de l'essence des champignons, 4-AcO-DMT). Les effets visuels à partir de 30 mg, c'est super une fois (
Woah : tout respire, vibre autour de moi !!), sympa une deuxième, mais
ce n'est pas ça qui est à rechercher en priorité dans ce produit. J'ai déjà dû le dire dans la section appropriée : 45 ans après avoir lu
Carlos Castaneda au pays des «
sorciers Yaqui », j'ai enfin vraiment compris ce que recouvraient tous les rites centre-américains initiatiques à bases de plantes hallucinogènes. Nous ne pouvons plus être dans le même contexte qu'eux, nous sommes trop « aliénés » par une urbanisation galopante qui coupe du monde réel, plus aucun rite initiatique n'est proposé : puisqu'apparemment chacun veut se démerder à sa façon inbdividualiste en tirant au flanc, qu'ils se démerdent !
Donc, le « sérieux » que je défends, c'est celui nécessaire pour
se bricoler ses petites conditions initiatiques à soi et profiter comme il faut du produit. Ah tiens, j'ai un détail un peu cocasse à ajouter : si je devais résumer ce que m'apporte la psylacétine, je dirais qu'elle me booste le côté « sérieux » !

Et attentif à tout, plus « présent » aux choses que d'ordinaire, moins papillonnant, plus posé. Avec la psylacétine, tout prend l'importance naturelle que ça a, rien n'est négligé comme nous le faisons en courant tous les jours comme des dératés.
• L'idéal, si on trouvait la place pour le faire dans le contexte règlementaire, ce serait de pouvoir
indiquer pour chacune ce que l'on y recherche en termes d'augmentation mentale, morale, spirituelle, physique, etc. quand on y adhère pour les motifs les mieux fondés, façon
“The Doors of Perception” d'
Aldous Huxley (
qui ne me semble pas avoir été interdit pour « apologie »)... ces motifs seraient, à mon avis, inattaquables en raison et en discours public si c'était suffisamment bien fait.
• L'essence de ce message optimal, pour moi, ce serait,
« On ne prend pas ces substances pour 's'éclater' en étant trop désinvolte, pour *oublier* ; on les prend pour faire des expériences initiatiques, qui nous sortent du quotidien, nous font faire 'un pas de côté' par rapport au conformisme, pour "savoir plus" sur nous-mêmes et le monde que ce que recommande conservativement au plus grand nombre la puissance publique (c'est son rôle) ».
• Dernier point : quand j'ai déboulé ici en 2012 et que je m'y suis un peu immergé, je disais et écrivais partout où il y avait lieu combien la situation des psychonautes avait changé entre 1970 et 2012-20 : dans les 70s, on avalait une pilule agréable à regarder (
en forme de « pyramide », go, go, c'est branchant !) ou des bouts de "buvard" qui faisait partie de notre quotidien de lycéen,
sans RIEN savoir de ce qu'elle contenait ni en quelle quantité. C'était l'époque de « l'ADR ».

Et là, dans les années « '10 », on pouvait désormais
en causer tous ensemble en dépit de la géographie, à volonté,
détailler les dosages précis, décrire les effets, consulter le référentiel mondial incontesté d'Erowid, c'est beaucoup mieux informé, partagé, voire auto-encadré. Et puis j'ai trouvé carrément que le
“Trip Report” était passé, du fait de cette évolution, au rang de nouvelle forme littéraire issue d'expérimentations audacieuses.
Donc je soutiens totalement l'idée de Tridi de faire savoir que --
au moins pour équilibrer les messages uniquement préventifs des pouvoirs publics --
c'est dans un lieu communautaire comme celui-ci que l'on aura intérêt à venir chercher le complément d'information utile.
Qu'en pensez-vous ?
| Lee-O |
PS : 1| Je viens de me taper la série d'Aperçus du message nécessaires quand on pose une contribution de 1500 mots, et je pense que le ou la camarade qui a fait remarquer que le nouveau format de texte était moins lisible que celui d'avant est fondée à faire la remarque...
...tant la chose est révélée par ma nature de « moulin à paroles » depuis toujours. ;> Je joins une image de page de mienne contrib' dans l'ancien format, pour qu'on voie mieux la différence... en priant l'assistance de *ne pas lire* le contenu, juste d'en juger en clarté vue de loin. C'est le seul très long fil de discussion que j'ai "archivé", il était nettement polémique, je ne souhaite pas réaborder ces questions ici et troubler la paix ambiante.
2| Paradoxalement, il est moins facile qu'avant de sélectionner la couleur qu'on veut vraiment ; avec ce modèle d'échantillons de couleurs sélectionnables, j'ai galéré nettement pour choisir chaque couleur opportune, en passant par 2-3-4 essais pour chaque.