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(cannabis fumé) Soirée parfaite entre amis + grosse introspection

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Styloplume
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Styloplume

Guest
Salut tout le monde,

Encore du cannabis! Encore de l'angoisse? Et non, pas forcément. Hier ça s'est très bien passé, et ça a été encore très intéressant.

Hier, grosse journée. Levé tôt pour un cours un peu rébarbatif sur la déontologie des psychologues, j'ai eu en fait un super moment à me remettre en question à propos des règles que j'avais "transgressées", comme par exemple "Ne pas forcer quelqu'un à révéler ce qu'il ne veut pas dire". Ensuite, matinée cool. Un cours de psychologie clinique avec un prof super-charismatique et émissif, qui ne m'a pas laissé intact. Une après-midi passée à la bibliothèque à travailler, à croiser des têtes connues...

C'est la rentrée cette semaine ! Tout n'est pas réglé niveau logement et tout, mais c'est en progrès, et puis je range ma chambre, je range ma tête, ça ne se passe pas mal !

Bien bien, l'après-midi je me promène en ville, je croise deux bonhommes que je connais déjà. Appellons-les Voltage et Siméon. Ils sont frères et ça se voit, et en ce moment ils sont posés à côtés d'artistes de rue qui jouent de la guitare-percu, ça les inspire pas mal. Je me pose avec eux, puis je repars. La dernière fois que je les ais vu, c'est dans une après-midi musique sur le château, passée à rencontrer plein de monde, gros truc fluide en gros comité, un vrai trip collectif spontanné.

Je repasse auprès d'eux. Ils s'apprêtent à bouger. Eux aussi ont eu une après-midi fluide, toute leurs journée s'articule sans contrainte, le terreau est propice. Moi j'explique que je vais partir manger, eux disent qu'ils vont à tel bar. Bon, mais moi je vais manger. "Hé, dit Siméon, ils font à manger au bar ! " Et c'est le début d'une soirée excellente passée avec eux.

Siméon a 18 ou 19 ans, et compte partir voyager en Nouvelle-Zélande bientôt. Voltage a lui une licence de psycho (ce que j'aurais dans un an, je suis en troisième année), et compte lui aussi partir en Nouvelle-Zélande pour faire un morceau de vie là-bas. Je sens les mecs dans le même état d'esprit que moi au moment de partir à la conquête de l'Allemagne, il y a quelque années.

On va au bar, on se pose, on mange, rapidement on parle du Hadra, du LSD, etc. Ils ont tenté l'acide cet été, on a un échange assez cool, d'ailleurs je leurs raconte mon gros trip mort/renaissance, du moins toute la partie extase puis le vide. Ils réagissent là-dessus, le vide ça leurs parle. Et on embraye là-dessus, on discute, on discute, on s'entends bien dites donc !

Leur père passe en voiture, ils déchantent. Le voilà qui s'approche et qui les rappelle à l'ordre "Et alors, ta sécu ? Et alors, ton boulot, qu'est-ce que t'attends pour t'y mettre ?" et ainsi de suite. Ca dure un quart d'heure je dirais. Moi je me demande ce que je peux faire là-dedans, et je décide de m'intéresser à lui. Je lui demande ce qu'il fait de sa vie, et là c'est parti, ça embraye, la grosse conversation où le gars, devant ses deux fils, me raconte sa vie, ses études interrompues, ses différents métiers, son pélerinage à Compostelle, ses pères spirituels, etc. Méchamment intéressant.

Voltage se met à me parler de cinéma, du film documentaire sur Bob Marley qui l'a beaucoup touché, et moi je suis connecté à ce qu'il raconte, ah, ça y est, le père n'est plus un perturbateur, mission accomplie. D'ailleurs, le père s'en va. Petit épisode de téléphathie avec Voltage qui a eu l'idée en même temps que moi : un câlin ! Oh que c'est bon. Un câlin avec Siméon aussi, bien sûr, c'est parfait.

Une fois le père parti, on reste ensemble, et on décide de bouger, on va sur le château, où Siméon joue sur sa guitare pendant qu'on fait les con avec les jeux pour enfants, on se promène sur les remparts, tout est parfait, on chante "il est libre Max". Je phase comme un malade sur le dernier couplet:

Comme il n´a pas d´argent pour faire le grand voyageur
Il va parler souvent aux habitants de son cœur
Qu´est-ce qu´ils s´racontent, c´est ça qu´il faudrait savoir
Pour avoir comme lui autant d´amour dans le regard

Je me sens perché naturellement, un super trip à blanc. Dans ma tête je cogite déjà, je me dit que de l'acide avec ces gars-là ça marcherai bien. J'ai des cartons, pourquoi pas? Mais d'abord il faut aller chez moi, c'est ce qu'on a prévu. On passe acheter un kebab et quelques bières, et hop tous dans la piaule de Noé.

C'est que depuis le Hadra ça me plaît comme idée, d'inviter des gens chez moi pour triper. Et nous voilà chez moi! Enfin, chez Noé, qui me prête sa piaule en attendant d'obtenir une chambre universitaire. Le super plan intermédiaire. Je suis à côté de la fac, j'ai amené mon ordi, c'est assez spacieux pour ramener du monde, et en plus j'ai de quoi poser du son. Aller, du Carbon Based Lifeforms histoire d'être tranquilles, on se pose sur les fauteuils en mousse, on mange.

J'en viens à proposer le trip à l'acide, mais on décide que non, pour plusieurs raisons. Déjà, triper en intérieur ne leurs va pas. Ensuite, ils doivent rencontrer une autre fille pendant la soirée, donc ils vont bouger. Or, interdiction de triper sous acide avec un groupe à géométrie variable. Vu, on laisse tomber.

...

Par contre, un joint, ça passerai crème !

Et voilà, Voltage roule un joint, pendant qu'on discute de l'intérêt des drogues. Réplique retenue: "Le cannabis, c'est pas une drogue... c'est un plaisir". C'est que mes hôtes sont des habitués du pétard, ils n'ont pas ma sensibilité. Ils ne savent pas à quoi s'attendre avec moi, mais j'ai bien compris qu'ils savent tenir la main de leurs co-tripés, je leurs fait confiance. Y'a de la lumière dans ces gars-là.

Alors, go, on fume. Il est 22 heures. C'est moi qui allume le joint, d'ailleurs! Je tire trois ou quatres taffes, et très rapidement ça part très loin, heu, mais vraiment loin, comme d'habitude. Je m'allonge, leurs demande de me tenir la main, que je tends vers eux. Ils sont étonnés mais ils suivent, et je me laisse monter sur Shpongle.

Les gars n'ont pas l'air d'être trop impressionnés par ma montée subite et violente. Ils ne se formalisent pas. Je lâche la main, leur fait confiance, me place pour leurs parler, boah, c'est cool. Ils aménagent l'éclairage, allument les bougies, éteignent la lumière, c'est vraiment cool.

Allez savoir comment, je me met à raconter mon histoire du gros trip mort/renaissance, en passant par le vide. Je refais ma renaissance devant eux, ranger ma chambre, ranger ma tête, je mime tout, je rentre à fond dedans, j'y suis à nouveau. Au moment d'avoir le déclic de la renaissance, je suis naît à nouveau, je me tourne vers eux.

Je fais l'effort de m'intéresser à eux au lieu de tourner autour de mon propre nombril, j'écoute parler Voltage, dont les yeux phasent sur Electricsheep, mon économiseur d'écrant psychédélique. Il se confie à moi, ce mec ! Il m'explique qu'il aimerai avoir ce déclic, aussi. Il ne parle pas de drogue, non, il parle d'un déclic qu'il attend dans sa vie, ce gars prends beaucoup de recul, et là, je le VOIS ce mec ! Ah, la vache, c'est Corto Maltese ce mec, avec ses longs cheveux en bataille, qui ont l'air de flotter au vent, et son regard tourné vers l'horizon. Il est BEAU ! Je le vois comme l'image de l'aventurier, comme un héros de bande dessiné, ah, il est beau !  Je lui dit, boah, c'est cool.

Ensuite, le cannabis pousse vraiment fort, je me rends compte que ça fait tout juste une demi-heure qu'on a fumé, alors que pour moi, une heure au moint s'est écoulée, la grosse faille temporelle, je m'en prends plein la gueule. Je rigole et j'explique qu'il va falloir que je me pose. J'aménage mon matelas pour être bien. Je suis posé à côté de Voltage, qui me tient encore une fois la main. Les mecs ne se formalisent pas de ce que je fais pour gérer mon trip, ils respectent complètement. On parle sans problème, j'accepte leurs présence, je suis content qu'ils soient là et de pouvoir passer une mini-soirée étudiante dans les règles.

Bon, à leur tour de partager leur façon de triper. Ils me font écouter Nicolas Jaar, Mi mujer, je suis allongé devant l'enceinte, le son est faible mais je profite, je me cambre, sur le ventre, je couine de plaisir, et quand ils poussent le son c'est juste magnifique. On se met à danser, à chanter avec la musique, boah, tout est parfait les mecs. Et je sens qu'ils profitent autant que moi. Ce son est une tuerie, mais alors, une TUERIE.

Il est 23:15, ça fait une heure et quelques qu'on a fumé, ils s'apprêtent à partir pour rencontrer une autre amie, et je leur dit au revoir dans la plus grande fraternité. Merci pour ce moment, les mecs. Merci, merci, merci.

Bon, je suis chez moi, pas très vaillant, over-tripé, on va en faire quelque chose ! Tout est réuni pour une séance de psychonautique comme il faut ! Allez, action, je sens que ça va bien percher.

Je réunis tout : le matelas, le casque audio, le cahier, le portable pour l'heure, le stylo (héhé), la bouteille d'eau, lumières éteintes, hop on se cale. Toutes les pensées partent à fond, je fait une playlist avec Astral Projection, Trust in Trance 3, histoire de surfer sur une valeur sûre.

BAM c'est parti. Oulà ça décolle fort. La musique s'enroule, change de forme, devient magnifique, rentre dans mon cerveau, l'entraîne dans un vortex, ça pulse à mort, ça va très vite, et en même temps, je n'arrive pas à lâcher prise complètement pour rentrer dans la spirale. La détente n'y est pas, la préparation non plus, mais dites donc ça pousse fort.

Et voilà les pensées parasites qui débarquent. Déjà, chaque fois que je vois un vortex, je rationnalise direct pour me demander si c'est pas une mort/renaissance, et à partir de là les hallus (oui je tape des hallus, c'est léger mais c'est pas mal) suivent ma pensée plutôt que leurs propre cours. Et je tombe sur une petite représentation de la mort/renaissance (du genre, du noir puis un bouquet de lumière), mais c'est timide, c'est pas vraiment ça. J'en ai marre de calculer tout ce qui se présente, je sens bien qu'il faut que je me laisse porter par le truc.

Bon, en même temps je tripe sur du THC, c'est pas ultra-puissant. Eclair de pensée: et si je faisais un trip au LSD par-dessus? Toutes les conditions sont réunies pour faire quelque chose de très propre et qui peut partir loin en toute tranquilité. Je me met à réfléchir très sérieusement. J'ai assez d'acide pour m'envoyer sur Mars. Je pourrai tout prendre maintenant, et rapidement, ça deviendrait beaucoup, beaucoup plus facile de me laisser porter. A cet instant j'ai bien compris quel enjeu la substance prends: c'est un outil pour lâcher prise. Là où je n'arrive pas à lâcher prise, la substance m'aide à le faire. Je n'arrive pas à me laisser porter ? Le LSD va le faire à ma place.

Hé ho Stylo ! Demain on a du taf à faire ! Les cours à recopier, des TRs à rédiger, plein de trucs qui attendent depuis la semaine. Alors, non, pas d'acide ce soir ! Ca prendrait toute la nuit, une renaissance sans doute, mais en attendant on a déjà assez de taf à faire, pas besoin de rajouter "vivre un trip de la mort et rédiger un TR de 20 pages" par-dessus ! Alors, pas d'acide ce soir !

Je note ça sur le cahier. Je me repose. Et là, la musique se remet à cracher, la lumière à briller : "Tu as pris une bonne décision". Boah, ça fait du bien.

Pensées sur Dieu, et sur le fait que si la lumière brille pendant mon trip, maintenant, c'est parce que j'ai pris des bonnes décisions cette semaine, que j'ai bien géré ma rentrée. Alors je note : "C'est mon père spirituel du quotidien qui m'aide". Mon père spirituel du quotidien, c'est Dieu, bien sûr.

La psytrance me gêne. J'ai renoncé au trip de la mort, alors je renonce à la psytrance avec. Je me cale sur Boris Blenn à la place. Et je passe la soirée en revue. Ah, ces mecs, Siméon et Voltage, sont excellents, vraiment excellents ! C'est eux qui ont fait mon set ! C'est vrai que je suis un type angoissé, dites donc ! Et plus j'y pense, plus je me rends compte que je suis un type angoissé, oui, fort angoissé. Et ça fait partie de moi, et je le gère, et je le gère pas trop mal dites donc ! Pour une fois j'ai fumé avec des gens, sans bader !

Et maintenant que je tripe sur mon matelas dans de bonnes conditions, en sécurité, maintenant, je sais que toute cette angoisse vient de moi. J'écoute la lumière, enfin, la musique, quoi, et je la laisse me tuer, mais non, elle ne me tue pas, elle me fait vivre ! Mais qu'est-ce que c'est que ces pensées parasites de mort/renaissance ! Il n'y a pas forcément de mort ! Parce que la lumière brille ! Alors écoute !

Eh, au fait, Stylo, tu en es où avec le yoga ? Ah, voilà une pensée parasite qui a raison d'être là. Je le note. Il faut que je cherche des cours de Yoga. C'est noté.

Le morceau change, c'est du Boris Blenn toujours, le morceau Soruce of Emotion, qui commence par des bruits aquatiques de tourbillons, ça n'en finit pas. Je suis un foetus dans le ventre de sa mère, et le bruit me dit bien : le siphon se vide, tu va devoir sortir. Aaaaaaaahhhhhhhh j'ai peur ! Je rentre dans la peur, mon visage se tord, je suis terrorisé, j'ai honte, c'est terrible, la grosse matrice périnatale 3, sauf que c'est pas moi qui rationnalise, c'est Boris Blenn qui est en train de me faire triper à bloc. Et puis, une basse sort du chaos et commence à chanter pour moi. Elle me tue, et puis elle me rassure. Et puis, d'un coup, j'ai froid, j'ai peur, mais je sais que je suis sorti. Et voilà, je suis l'enfant intérieur qui débarque dans ma vie d'étudiant, et oulà, c'est dur.

Bon, allez, on parle un peu. Je suis vraiment mal à l'aise, je suis devenu ce truc angoissé qu'est mon enfant intérieur et qui flippe que ma rentrée se passe mal. Et je lui dit bien : "Ne t'inquiète pas, demain je range ma chambre". Et je sais que je peux le faire, et ça me rassure.

Réplique culte sous psyché : "Bon, ça va, la lumière, je l'ai entendue briller !"

Le morceau de Boris Blenn finit sur une partie fort rythmée. La musique se transforme en discothèque, mais je ne suis pas bien là, parce que c'est trop étriqué comme milieu. Pas moyen d'être moi dans une discothèque. On est mieux au Hadra, là, on peut faire ce qu'on veut.
PAF je suis au Hadra, dans la lumière de la musique. Je vois Ubik danser, et je comprends Ubik. Triper pour triper, ne plus penser à rien. Je comprends d'un coup qui est Ubik, comment il tripe, et comment il perçoit ma façon de triper (on en a parlé ensemble, déjà). Et je comprends que la partie de lui qui s'intéresse à ma façon de triper ne s'intéresse pas à la fractale, mais à ma démarche. Ubik il a déjà compris comment se mettre dans la lumière. Rentrer dans l'angoisse, ça semble pas excellent comme démarche, et je comprends pourquoi. Je comprends tout.

J'ai compris le Hadra et ce que vivent les tranceux ! Ha, j'ai compris bordel !

Bon, assez d'émotion pour ce soir, on met le dodo en chantier. Il est minuit quarante, j'ai passé un peu plus d'une heure à triper comme un dingue sur mon matelas. J'ai vu la confusion d'un côté, la lumière de l'autre. Et entre les deux, il y a moi, et ma liberté. Et ça me fout le vertige. Je n'ai pas le choix : il me faut prendre des décisions (du genre "pas de LSD ce soir") si je veux faire mon chemin entre les deux, et, j'espère, ne plus être torturé par l'angoisse, en permanence. Rassurer l'enfant intérieur, ne plus avoir honte, etc. Il y a du boulot. Il y a beaucoup de boulot. Mais je sais que je suis sur le bon chemin. Voltage, Siméon, merci. Merci du fond du coeur.

Ce matin, j'ai recopié mes cours, j'ai mangé, j'ai rédigé mes TRs, aujourd'hui c'est le bel afterglow. Tout est parfait dans l'équilibre fragile de ma vie.
 
"ça va très vite" je me suis arrêté là car ça demontrait ou du moins ça montrait qu'on avait la même vision du cannabis ou du trip, d'ailleurs moi je dis souvent à mes amis sans qu'ils comprennent vraiment (va savoir pourquoi eux-mêmes étant "defoncés") que ça va "trop vite". Le cannabis c'est beau, fort avec le petit côté effrayant qui peut avoir son charme. M'enfin que quand on est sait exploiter, pas forcement de manière plaisante mais dans la bonne direction la substance elle est redoutable. M'enfin n'empeche (double consonne ' suivi d'un e va savoir pourquoi putain de cannabis encore) que je la trouve très addictive contrairement à ce qu'on en dit, il est certes rapide d'arrêter, le temps de sevrage se limitant à mon égard à 2-3 jours mais qu'il est dur de passer ce seuil et encore après on en est pas sorti. Deuxième point qui me concerne, ça me rend extrêmement hautain et d'une tristesse car je n'arrive jamais à retranscrire tout ce qui me traverse l'esprit sauf quand je mix. Mais j'aimerais tellement pouvoir retranscrire par écrit ma pensée mais dès que le stylo entre entre mes doigts, soit la flemme m'assaille violemment soit l'idée s'en est allée.
 
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