Seul ? Je persiste à dire qu'il faut sacrement être barré.
C'est trop dangereux. Ca met dans un état de faiblesse physique qui nécessite une assistance constante. Après psychologiquement c'est gérable tout seul, si on a un peu (beaucoup) de pratique "spirituelle". De toute façon il arrive un moment où on est vraiment tout seul avec l'autre (son ?) monde. La confiance est pour moi le point clé. Confiance dans ce qu'il va arriver, confiance dans l'accompagnant, confiance en soi-même. De toute façon, que va t-il arriver à part la manifestation de l'Esprit ? Des prises de consciences ? Des crises de larmes ?
Le plus chaud c'est le physique, les vomissements, les spasmes, la perte de contrôle du corps. Le fait qu'il faille jeûner, je veux dire, pour de vrai, pas je fais un petit dèj le matin, un petit casse-croûte le midi et avant Simone. C'est un IMAO, le moindre truc de travers on crève ou l'on s'en prend plein la gueule. Genre des sensations physiques horriblement désagréable et le sentiment qu'on va crever.
Faut être discipliné, encadré, en sécurité pour des jours voire des semaines.
Je n'ai pas fait ça de façon "officielle", comme dans une association ou un voyage organisé au Machu-Pichu. J'ai la chance de connaître des personnes remarquables qui en connaissent d'autres. Comme des shamans sibériens (amanite) ou africains (iboga). Je suis suffisamment remarquable moi aussi (ahem, modestement) pour intéresser ce genre de personne et les mettre en confiance pour me faire prendre un truc comme ça. Ils risquent la prison si ça tourne mal.
C'est extrêmement dangereux et sérieux, d'un niveau qu'un occidental a du mal à comprendre. C'est loin d'être anodin. Je pensais même le faire qu'une seule fois dans ma vie. Mais là, de fil en aiguille, de connaissances malsaines en connaissances malsaines que j'attire comme un aimant, j'ai replongé. On va dire pas grave, juste la picole et le bédo, à des doses de psychopathe, va sans dire. Je me laisse entraîner tout doucement vers cette sale torpeur, cette lourdeur mentale, je me détruis lentement les poumons et le foie. Plus rien ne m'arrête, ni la peur du gendarme, ni la peur de me faire virer de mon taf. Je recommence à en avoir plus rien à foutre. D'ailleurs, on vient de klaxonner, c'est l'heure d'aller me défoncer..............
Edit:
Ma façon de faire va être la suivante : étant donné que moi aussi j'ai une religion, que je ne suis pas péruvien, que je ne connais personne qui soit dépositaire d'une tradition authentique de l'ayahuasca, je vais me faire accompagner par une personne dépositaire d'une autre grande tradition, le Vajrayana.
Le jeûne préliminaire sera un Nyoung-Né. Le dernier jour, qui se termine le matin au lever du soleil, je resterai paisible et confiant toute la journée, jusqu'au moment de boire le premier infâme breuvage, l'IMAO avec un peu de DMT, Banisteriopsis caapi et Psychotria viridis. Une petite session de méditation et je boirai le DMT. Ensuite... Inch'Bouddha comme dirait l'autre. Je n'ai pas peur. Il ne faut (surtout) pas avoir peur et s'abandonner totalement. D'où l'impérieuse nécessité d'être accompagné.
J'ai quand même un peu l'habitude, parait-il que mon cerveau malade fabriquerai par erreur de la bufoténine. Mon psy n'est pas du tout d'accord avec ça, d'ailleurs il n'est d'accord sur rien, j'imagine que c'est ce qu'il croit être son rôle de thérapeute. Donc, pas peur. Environnement calme et protégé. Deux personnes de confiance. Dont la personne en qui j'ai le plus confiance au monde et à qui je remets ma vie.
Donc, celui qui veut essayer ça tout seul, une fois passé le barrage du goût, 95% de chance que tout seul il ne pourra pas, à cause de la peur, si là pour une raison ou pour une autre il se met à flipper, et quand bien même il ne se mettrait pas à flipper, il risque d'exposer son corps à des situations dangereuses.
Bref, c'est chaud bouillant comme expérience si on prend la dose correcte. Par contre, je crois aux pouvoirs des doses homéopathiques, mais c'est pareil, si on n'a pas une hygiène alimentaire impeccable, une hygiène de vie exemplaire, ça fera que dalle. Une petite gorgée est buvable seul. Les effets peuvent ouvrir les portes de la perception comme savent le faire les enthéogènes, ça n'ira pas plus loin, ce ne sera pas le grand saut dans l'inconnu, le grand trip, le trip shamanique, le vrai truc quoi. C'est le genre de drogue qui permet de l'atteindre mais pour cela il faut le mériter, c'est pas je prends ma petite pilule, mon buvard, ma trace, mon taquet, c'est LE breuvage de merde qui vous file la gerbe à vous faire connaître la saveur immonde de la bile.
Bon on va arrêter là sur le sujet, jusqu'à ma prise. L'expérience elle-même n'est racontable qu'aux personnes avec qui on l'a vécu. C'est trop pas comme d'habitude, c'est presque gênant d'en parler, on a l'impression de trahir quelque chose, de trahir ce qu'on a vécu, alors on raconte des banalités, des expériences de communions spirituelles, de métempsycose, d'exaltation, de dépression. Moi je le ressens comme ça. Et c'était il y a 3 ans.