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Apprentis chercheurs en quête d'absolu.

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aure

Glandeuse Pinéale
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Retour sur les expérimentations de mon adolescence. Ce soir là j’avais 16 ans, nous étions en 1997.
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Il devait être aux alentours de 21h, mon pote et moi-même étions confortablement installés sur le grand canapé en cuir gris de cette maison spacieuse, exités comme deux ados sur le point de franchir un cap important dans nos parcours de toxicomanes en devenir.
Nous avions préparé quelques bierres (un pack de 24 pour tous les deux semblait honnête) et quelques grammes de shit en guise d’accompagnement. J’étais impatient. Mon pote se décida à ouvrir le petit képa et nous accédions enfin à notre saint-graal, une poudre brunatre dégageant cette odeur écoeurante caractéristique _ une sorte de mélange sucré d’opium, de produits chimiques, et de poisson pas frais_ que les initiés connaissent parfaitement.

Nous avons posé le gramme de poudre sur la table basse et avons pris un temps pour nous délecter de ce moment, bien conscient de l’aspect solennel de cette soirée. En aucun cas nous n’aurions fait marche arrière mais avec les drogues, nous avions appris à savourer l’instant d’avant, un joyeux mélange d’excitation, de peur et d’euphorie.
Nous jouissions sans complexe de notre statut privilégié. Nous savions que, contrairement à l’immense majorité des jeunes de notre age, nous avions assez de curiosité et d’inconscience pour ouvrir cette foutue porte, en mode carpe that fucking diem, parceque ce soir c’était le grand soir. Nous étions sur le point de franchir la ligne rouge et je dois bien avouer que nous étions particulièrement fier de nous.


“Avec ce genre de trucs, mieux vaut prévenir que mourrir.”


Les préparatifs terminés, nous nous sommes penchés sur la vitre en verre de la table basse et avons sniffé ensemble les 2 petites traces soigneusement préparées quelques minutes auparavant, avant de nous avachir dans le canapé au son de l’album 666.667 de Noir Des’. Nous étions encore novices en la matière et ne savions donc pas vraiment à quoi nous attendre. Une chose est sure, nous imaginions quelque chose de beau, d’intense, de puissant. Après tout, certains parlaient de “flash”, d’une “défonce comparable à l’orgasme”… Il y avait de quoi être impatient.
Après une demie heure d’attente perplexe et un effet qui peinait à se faire sentir, nous avons décidé de remettre ça. Après tout, nous avions peut-être été trop prudent sur la quantité. Avec ce genre de trucs, mieux vaut prévenir que mourrir (maintenant que j’y repense, c’est vrai que les lignes n’étaient pas grosses). Mais bizarement, même après cette deuxième prise, il nous était toujours difficile de ressentir un quelconque effet hormis un état cotonneux et une legère envie de vomir qui nous laissait dubitatifs.


- “Eh ? Tu crois que c’est ça sérieux ?”

- “J’en sais rien, tu sens un truc toi ?”

- “Bah j’en sais rien… J’me sens un peu bizarre, tout mou, et j’ai les jambes en coton… Bon j’vais pas te dire que ce n’est pas agréable mais franchement si c’est juste ça l’effet, j’vois pas pourquoi on en fait tout un plat. Il doit y avoir un truc nan ? Ton pote nous a peut-être vendu de la merde ?”

- “Ouais c’est chelou, j’sais pas trop. Il en reste de toute façon on pourra retester plus tard pour voir … Mais il y a un truc qui m’échappe aussi, je ne ressens pas vraiment la puissance du produit. Je ne m’attendais pas à ça.”

- “Ouais, t’inkiet’ on réessaiera.”


Je n’ai plus beaucoup de souvenirs du reste de la soirée mais je me souviens m’être reveillé au petit matin sur ce même canapé qui nous avait servi d’espace d’expérimentation la veille. Mon état cotoneux ne s’était pas encore complètement dissipé. J’ai remarqué que nous nous étions endormi sur place. En fait, durant toute la soirée, nous n’avions quasiement pas bougé de ce petit bout de salon qui ne manquait pourtant pas d’espace. Malgré la drogue sniffée la veille, nous n’avons bizarement pas ressenti de descente le lendemain. Disons que pour un produit considéré comme extrêmement puissant et addictif, on avait vu mieux. Nous nous étions préparé à vivre une soirée exceptionnelle et nous n’avons obtenu qu’un état semi-commateux dont les bienfaits nous avaient completement échappé.

En clair, nous étions déçu.

Comme il nous restait du produit, nous avons décidé d’attendre une semaine avant de retenter l’expérience (en notant au passage l’absence totale d’accoutumance les jours suivants… encore un mythe qui s’effondrait. A croire que les adultes nous prenaient vraiment pour des cons…). Quelquechose avait du nous échapper, nous ressentions le besoin de comprendre. La fois suivante, nous n’avions plus la même approche. L’appréhension avait fait place à la détermination et cette deuxième expérience fût beaucoup moins déroutante pour nous.


“It's a shite state of affairs to be in Tommy, and all the fresh air in the world won't make any FUCKING difference ! ” T R A I N S P O T T I N G , 1 9 9 6


Comme deux jeunes apprentis chercheurs en quête de nouvelles sensations, nous avons, petit à petit, tenté de percer les secrets de cette poudre brune. D’expérimentation en expérimentation nous avons appris à ressentir l’effet du produit sur notre organisme et à en apprécier cette douce puissance qui se substitue progressivement à l’étrangeté des premiers effets. Après plusieurs soirées, nous avons fini par comprendre que l’héroine correspondait parfaitement à ce que nous pouvions rechercher dans un produit, nous l’avions enfin apprivoisé. Elle était simplement la drogue parfaite (au début du moins). Il faut dire qu’en s’adaptant à n’importe quel type d’environnement, la came avait un avantage certain. Quel bonheur de pouvoir se défoncer partout sans se faire remarquer. Les effets frôlaient la perfection, la sensation de bienêtre était exctement ce dont nous avions besoin, ni trop, ni trop peu… nous étions juste bien (quelques temps plus tard nous allions quand même préférer le speedball pour ajouter un peu de peps dans nos vies).

La drogue s’est donc immiscée, au fil des mois, dans nos quotidiens de lycéens : le soir à la maison, en soirée chez les potes, en cours, en ballade, pour aller faire les courses, pour réviser… E.A.S.Y putain °-° . Hormis nos potes, personne ne remarquait nos minuscules pupilles, et notre bien être aparent passait pour un état naturel du genre “je me suis levé du bon pied ce matin, putain nom de dieu, j’ai la grosse forme aujourd’hui”.

...

Pour un temps, nous avions vraiment l’impression d’avoir dompté le produit et d’avoir été plus malin que les autres. Pourtant, progressivement et sans vraiment nous en apercevoir, nous nous étions déjà fait manger tout cru. A cette époque, j'étais loin d'imaginer que 17 ans plus tard, malgré de nombreuses années d’abstinence et de substitution, cette odeur ne me quitterait plus, comme une empreinte indélébile bien calée au fond de mon cerveau.
 
aure a dit:
Nous avions préparé quelques bierres (un pack de 24 pour tous les deux semblait honnête

comme quoi les djeuns de 1997 n'étaient pas rdr :lol:
 
Bien agréable de te lire, et assez touchant !
 
@Cabotin >> ahah :) Ouais, j'pourrais vous raconter ma pancréatite aïgue quelques années plus tard mwarf mawarf.

Eh bien merci Somesound !
 
Autant ce prod ne m'attire absolument pas, autant ton histoire me dit qu'il faut que je recherche plus en avant histoire de ne pas me faire niquer aussi, on sait jamais. D'autant plus que l'idée que je m'en fait est la même (en plus négatif) que celle que vous aviez au début, on m'aurait trompé?! Saloperie de capitalistes.
Merci du partage :)
 
C'est vrai qu'on a tendance à idéaliser ce genre de produit au début, et du coup à s'en faire une idée fausse. Ce qui débouche fatalement sur une sensation de "ha c'est tout? Mouais c'est pas si méchant". Et c'est là que c'est sournois… On se fait piéger d'autant plus facilement parce qu'on a tendance à sous estimer le produit. Les stims ont cet avantage sur les opis d'être plus cash. Tu sais direct que t'aime ça et tu sens de suite le craving. Tu vois le danger dès la première fois (Ca empêche pas de tomber dedans aussi…).
Alors que là, t'as l'impression de gérer jusqu'au jour où tu t'aperçois qu'en fait ça fait longtemps que tu ne gères plus du tout… D'autant qu'on est incapable de s'en passer bien avant d'être accroché physiquement…
 
@Bootin Repressor, j'sais pas si j'ai bien compris le sens de ton message mais mieux vaut réfléchir à deux fois avant de gouter ce genre de produit...

Mon petit TR 17 ans après n'avait pas pour but de faire l'apologie de la came, juste de donner mon point de vue, lié à ma propre expérience.

Et effectivement, les effets que je décris ici ne durent qu'un temps (court), ensuite vient le deuxième effet kiss-cool : c'est de moins en moins sympa, les soirées festives laissent la place aux soirées de rablateux solitaires (genre, chacun dans son coin avec sa came), je suis devienu un peu égoïste (si je pouvais piquer quelques traces dans le képa de mes potes, je ne m'en privais pas), j'utilisais pas mal d'énergie à chercher de l'argent (quitte à faire quelques éccarts avec ma conscience). Puis un jour j'ai pèté un cable alors j'ai essayé d'arréter... rencontrant au passage mes premiers moments vraiment difficiles. J'ai rencontré des docs et des psys pour me faire aider parceque tout seul je n'y arrivais pas. On m'a mis sous Sub (+anxiolitiques / antidepresseurs), ça a marché un temps et puis rapidement j'ai commencé à tapper mon Sub et à l'utiliser comme de la drogue sponsorisée par l'état. J'suis aussi devenu accroc aux médocs qu'allaient avec, j'aimais bien les benzo. Un jour, un médecin d'un CSST m'a dit que le melange Benzo/Sub c'était pas cool mais comme je ne voulais pas aller faire un seuvrage à l'hosto (à l'époque j'éssayais de suivre un cursus à l'université) on m'a proposé de passer à la métha.

Pour info, aujourd'hui j'suis toujours sous metha, j'suis toujours obligé d'aller à la pharmacie tous les mois (merci l'extension des 14 au 28jours de prescription légale), voir le doc etc. J'peux pas non plus voyager dans certains pays et j'ai régulièrement des périodes un peu relou où j'suis à deux doigts de retapper malgré tous les gardes fou que j'ai essayé de poser au fil des ans (famille, enfant, travail etc.)

Là encore, ce n'est "que" mon expérience mais j'suis bien conscient d'avoir plutôt bien géré mes dépendences. D'autres y ont laissé bien plus que moi.

Donc ouais, mieux vaut bien réfléchir avant de tenter l'expérience.
 
En effet, je parlais simplement de me renseigner, et puis ça fait longtemps que j'ai dit que ce genre de produits était ma limite (et encore, avec beaucoup de marge basse). Ton témoignage n'en est qu'un de plus qui me prouve que j'ai raison. Je disais juste que j'allais lire un peu, par simple curiosité et envie de connaissance (et ne me dites pas "c'est avec la curiosité que ça commence", j'en suis très conscient ;) )
Merci et courage! On lâche jamais son combat! JAMAIS O_O
 
"du genre “je me suis levé du bon pied ce matin, putain nom de dieu, j’ai la grosse forme aujourd’hui”. " putain je pleure :lol:
 
C'est bien écrit et intéressant. Et je te souhaite bon courage pour la suite des événements et je te souhaite de jamais retomber dedans.
 
KetaJesus merci vieux. Moi de même
 
J'ai l'impression de me retrouver dans ton post aure, ça m'a même rendu limite nostalgique, même si nos parcours diffèrent, notamment au niveau des années. J'avais 17 ans, les premières fois étaient magiques et sereines, d'abord les week-end, puis les soirs en semaine, et au fil des jours tu te réveil de bon matin et tu tapes ta trace avant même d'aller pisser. Durant 3 ans j'ai consommé cette poudre brune, toujours en sniff jamais en injection, et ce qui m'a fait me dire stop c'est le jour où j'ai ressenti LE manque du tox, le vrai, l'horrible, celui dont on a l'impression qu'il ne finira jamais, bref le bon gros manque physique quoi. Il est survenu après "seulement" 2 semaines de tappage journalier, matin et soir, alors qu'habituellement j'achetais au détail par ci par là, ce coup-ci je m'étais mis "bien" comme on dit, histoire d'être tranquille et de pas bouger tous les 3 jours.

2 journées durant, je suis resté enfermé chez moi, tantôt couché dans le lit, tantôt dans un bain bouillant espérant tant bien que mal que ça pourrait me soulager, luttant contre les douleurs au dos et aux tripes. "A l'ancienne", j'ai attendu. Sincèrement, je crois que ce furent les pires journées de ma vie, mais elles m'ont servies de leçon. Et là ça a fait tilt, je me suis imaginé ce qu'un type là-dedans depuis 10 ans devait ressentir lorsque lui était en manque ; mes douleurs multipliées par 100, et pendant bien plus que mes deux pauvres jours de keush. Du coup ça a été le coup de pied au cul qu'il m'a fallu pour me sortir de là, j'ai retapé une ou deux fois les mois qui ont suivis, et puis j'ai bannis cette substance depuis maintenant un peu plus de 4 ans.

Je pense que j'ai eu de la chance de m'en sortir aussi "facilement", mais comme tu le dis plus haut, il m'arrive parfois, encore aujourd'hui, d'en rêver la nuit. "Une odeur qui ne me quitte plus, une empreinte indélébile" qui, pour ma part, en plus d'être calée dans mon cerveau, coule encore le long de ma gorge.
 
@Docteur Thomson, eh ouais... C'est clair que 2 semaine de tappage suffisent pour commencer à accrocher. Perso ma plus mauvaise expérience de seuvrage c'était même pas à la rabla c'était au sub. J'avais tenté un arret brutal en passant de 8mg à rien. Quelque jours plus tard j'suis remonté à 12mg, après un belle crise de manque bien sympatoche. Mais comme tu dis, moi non plus je n'ose imaginer ce que c'est de vivre une crise de manque après des années et des années de conso quotidienne. Je suis vraimenbt admiratif des gens qui arrivent à surmonter tout ça.

Du coup de ton côté tu a banni les opiacés mais tu consommes d'autres prod ou tu t'es rangé en mode clean ?
 
J'avais lu ton post Grivois je m'en rappelle. C'est cool de savoir que tu tiens le cap
 
La rupture avec les opiacés ressemble à une nouvelle vie, ça confère aussi très bien avec la fin de Trainspotting ;)
 
@Aure. J'ai pas banni les opiacés pour autant, mais ils sont largement moins fort, de temps à autre un peu de codéine lorsque j'ai mal à la tête ou que je stress un peu, ça me détend. Un peu de tramadol aussi mais c'est extrêmement rare. Et puis je préfère ça que de prendre de l'alprazolam (testé une fois seulement lors d'un stress) ; une amie en consomme et a du mal à s'en passer, du coup j'évite les anxiolytiques.

Sinon oui je consomme d'autres prods très occasionnellement, c, md, quelques rc testés et bien sûr de l'alcool. J'ai fait le tour des psychés naturels de type truffes, champis, et ça ne m'intéresse plus. Les psychés synthétiques jamais test et ça ne m'intéresse pas non plus. Après je reste très safe (pour autant que je puisse le faire) puisque je consomme des prods genre moins de 10x par an, donc ça me va parfaitement. Un usage modéré, c'est la clé du succès ! Et pour toi d'autres prods et à quelle fréquence ?
 
"du genre “je me suis levé du bon pied ce matin, putain nom de dieu, j’ai la grosse forme aujourd’hui”.

Les fois où j'ai vu mon pote sous héro, ça avait pas l'air d'aller comme ça pour lui...
 
@Docteur Thompson ok d'acc, c'est "l'album de la maturité" quoi :) Moi j'ai passé quelques années en mode clean 100% (pas de prod, pas d'alcool, pas de cloppe, juste ma metha) mais depuis quelques années je reconsomme à l'occaz.

En fait j'me suis jamais vraiment interdit les prod autre que les opiacés (qui eux sont clairement dangereux pour moi car je ne maitrise pas ma dépendance avec eux). Pour le reste j'ai quand même vraiment bcp consommé étant plus jeune et je sais maintenant ce qui me convient et ce qui ne me convient pas. Je sais par ex. qu'aujourd'hui les psyché ne sont pas un risque pour moi puisque leur puissance est juste incompatible avec ma vie de tous les jours (taf, obligation parentale etc.) donc j'vais pas m'amuser à bouffer des psilos (par ex.) s'il faut que j'me lève à 7h pour m'occuper de mes filles et enquiller une journée de taf.

Sinon pour tout le reste (hors medoc), bah j'en prend quand yen a. Comme je ne suis plus dans un contexte à risque (genre tu peux acheter facilement, bcp de potes autour de toi, pas d'obligations "sociale" particulières etc.) bah ça me fait une sorte de garde-fou naturel qui me maintient plutôt bien. Je sais que je suis tjrs super fragile tu vois, mais globalement j'me prends bcp moins la tête qu'avant sur ce genre de truc. Comme si j'avais, moi aussi, sorti mon "album de la maturité" ahah :)

@Sue, ouais completement d'accord, ça ne dure qu'un temps (très court) malheureusement :/
 
Ce que je voulais dire, c'est qu'il avait plutôt l'air de s'être pris une bastos qu'autre chose...
 
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