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Elfe Mécanique
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Je m'essaie pour la première fois à l'exercice du TR. Plein de bonnes intentions, j'avais souhaité prendre des notes pendant le trip ; résultat : 2 phrases sur mon carnet ! Je pourrai donc difficilement tout retracer avec précision, mais vu le peu de retours sur cette molécule, je me dis que c'est mieux que rien.
Allez, c'est parti pour le fameux cartouche d'intro :
:arrow: Substance : 6-APB + THC + éthanol
:arrow: Dosage : 120 + 50 pour moi (qui ai un IMC de 17) et 120 + 120 pour mes 2 acolytes
:arrow: Je vous passe l'inventaire des trucs essayés, disons que mes drogues préférées sont l'herbe et les champignons.
Set & setting : Cela faisait un moment que je n'avais pas cédé à la tentation des RC, sachant que j’entretiens avec ces molécules un rapport complexe d'attirance / répulsion, lié au fait que je paie très cher mes prises par des descentes généralement catastrophiques (bide en vrac, mal au crâne, mâchoire tendue et surtout, moral dans les chaussettes). Mais il faut croire que parfois, ma mémoire, très sélective, a besoin d'être réactivée par une nouvelle expérience...
Après moult lectures pour décider quelle "nouvelle" (pour moi) molécule j'allais me taper (ma dernière prise était un combo méphé / méthy en festos en plein air), j'opte pour le 6-APB, qui sur le papier avait l'air de bien correspondre à mes desseins. Sitôt la commande passé sur un site allemand "certifié SOS", je passe une petite annonce auprès de mes potes pour savoir s'il y a des volontaires pour jouer les rats de labo. Rapidement, mes potes Alcor et Actarus se dévouent pour la science.
Nous avons bloqué 2 jours : le jour 1 car les infos trouvées sur le net parlent de 6h d'effets, et le lendemain car il est souvent relaté que la molécule empêche complètement de trouver le sommeil.
Avec Alcor et Actarus, nous nous connaissons depuis des années, et nous adorons avoir nos expériences psychédéliques ensemble. Alcor est très curieux, et n'a pas manqué de se renseigner abondamment. Actarus est curieux également, mais préfère expérimenter sans idée préconçue, (il nous "reprochera" à un moment de trop intellectualiser les effets des drogues que nous consommons. C'est sans doute vrai.) Nous nous sommes déjà côtoyés dans des états pas possibles, sans clash ni bad trip. Je ne suis pas dans leur tronche et parlerai à la 1ere personne, mais en tous cas être avec eux me fait plaisir et me fait me sentir parfaitement en sécurité, physique et émotionnelle. Nous n'en sommes pas à notre première expérience, et nous aimons quand ça "tape" : en matière de drogue, on aime quand ce sont elles qui nous prennent, et pas l'inverse.
Le frère d'Alcor nous a prêté sa maison, qui sera un havre de paix à l'abri des femmes, des gosses, (ah, les responsabilités...) et de Babylone ;-) Enfin, tout ça mis bout-à-bout fait que nous sommes en confiance, certains d'avoir un set and setting parfait (en plus, on a un président de gauche !), et en cela nous ne sommes pas loin de la vérité, je pense rétrospectivement que de ce point de vue nous avons mis toutes les chances de notre coté.
Nous nous retrouvons donc vers 15h00, je fais procéder mes acolytes au test anti-allergique dans la voiture avec 2 micro-doses (2 mg ? 3 mg ?) que je leur avais préparé (pour moi, c'était déjà fait), et nous nous mettons en route directement vers la maison. Nota : berk, c'est pas bon le 6-APB. Comme avant chaque prise de molécule inconnue, j'ai une petit boule dans le ventre, un mélange de crainte et d'excitation. Alcor est, d'après ce qu'il nous dit, dans le même état, et je le crois bien volontiers. Actarus, à son habitude, aborde le truc de façon assez zen, genre "Que sera sera". En fait, son principal souci est qu'il vient de réaliser que le frère d'Alcor a des chats, et qu'il n'a pas son prod anti-allergies. Tant pis, il dormira dehors s'il le faut !
Le temps d'aller à la maison, de la visiter vite fait pour reconnaitre notre environnement, et de faire une dissolution, et nous voilà prêts. Nous tergiversons quelques minutes sur le dosage pour lequel opter : 50 mg pour tester, et au cas où ce n'en serait pas ? Naan, on est RDR, mais pas au point de passer à coté de cette occaz (nous n'avons pas souvent l'occasion de bloquer 2 jours dans nos vies professionnelles et familiales chargées). 100 mg, apparemment la dose "standard" ? Moui, déjà plus, mais bon, les doses standard, nous en général... Nous nous convainquons finalement que le bon rapport prudence / effet recherché se situe à 120 mg. La solution de 6-APB dans de l'éthanol (Tequila) sera ensuite servie à la seringue dans des verres à shooter, nous garantissant un dosage bien précis. Nous avalons cul-sec nos 12 ml chacun (re-berk, le mélange avec la teq est encore plus crade !), il est 16h00.
Les renseignements pris au préalable nous indiquaient que la montée pouvait prendre 2 bonne heures, nous nous armons donc de patience, mais aussi de clopes, de bière et de Pontarlier Anis (sans excès, une paire de verres bien dilués chacun)
T+1h00 : Au bout d'une heure, nous sommes debout à coté du plan de travail de la cuisine, et nous parlons... à coeur ouvert. Les sujets les plus graves / importants sont abordés, mais dans une légèreté suspecte... Nous nous interrompons, nous nous regardons : bon, OK, c'en est. Nous ne sommes pas hilares, nous ne nous faisons pas tabasser par la came, tout ça s'est fait en douceur, de façon presque insidieuse. Au fond de moi, si j'ai bien la sensation d'être à ma place et d'être bien, on ne peut pas parler d'euphorie ; j'ai la pêche, ça se passe bien, mais je ne me sens pas perché. C'est un état second assez "clean", sans débordement excessif.
T+2h00 : Nous sommes sur la terrasse, en train de savourer des clopes. Chewing-gum en place, mon légendaire bruxisme est activé, il ne me quittera que beaucoup plus tard le lendemain (c'est un trait caractéristique chez moi ; A & A ne seront pas atteints par ce mal). Nous continuons à discuter, tout en ayant des phases de décrochage où un petit blanc s'installe de temps en temps, pendant lequel nous divaguons sur tout et n'importe quoi, en mode introspection ou contemplation selon les moments. Et là, telle une vision, arrive un 3eme pote, que nous appellerons Ryan Gosling (private Joke). Le voir débarquer en silence par le jardin nous fait nous esclaffer, nous sommes particulièrement contents de le voir. Nous discutons aisément avec lui, parlons un peu de tout et de rien, lui demandons si nous avons l'air de ce que nous sommes où si nous pourrions faire illusion. Il semblerait que l'on ne soit pas aussi incognito que l'on en a l'impression...
A partir de là, la notion du temps est perdue jusqu'à nouvel ordre. Nous passerons l'après-midi à traîner sur la terrasse en discutant, et en se faisant des passes avec une petite balle. Cette activité reviendra souvent, par phases. Elle canalise notre impatience, donne une contenance à nos jambes qui ne savent pas quoi faire d'elles-mêmes. En ce qui me concerne, je me sens un peu perdu mentalement ; Alcor, d'après son témoignage, a eu l'impression d'être un peu dans la retenue, de ne pas s'être laissé aller complètement aux effets, un peu comme si la présence de Ryan l'avait relié à la réalité malgré lui.
L'alcool ne nous appelle pas plus que cela, nos verres restent longtemps pleins sur la table basse du salon, nous leur préférons de grands verres d'eau. Par contre, forcément, en tant que gros gourmands du cannabis, nous fumons un pèt', puis un 2eme... Ils sont bons, mais trop courts. C'est en tout cas notre perception à très court terme.
C'est ce qui va m'amener à commettre l'irréparable : le gros pétard trop chargé. Plein de bonnes intentions ("hé ben au moins çui-là, y d'vrait frustrer personne !"), je nous ai en fait lourdement sédatés. L'ivresse cannabique prend alors le dessus, nous nous faisons de plus en plus silencieux, de plus en plus mous, ... Il ne faudra pas plus d'une petite demi-heure pour que le diagnostic d'Alcor tombe comme un couperet : il n'est plus là où il était, c'est très net. Il n'aime pas (il n'aime jamais). Il est presque 21h00. Le sujet "redrop" est lancé.
T+5h00 La discussion prend une tournure habituelle : Alcor est chaud ; pour reprendre son expression "le ver est dans le fruit" : l'envie de redrop est là, la seule question est de savoir quand. Actarus, est immédiatement acquis à la cause. Et moi, je joue mon rôle de connard RDR qui freine des 4 fers car d'une part, je sens bien que je suis sous les effets complexes d'un combo, et d'autre part, j'ai lu ici même des posts qui ne donnent pas envie de redroper. Las, mes 2 compères sont motivés, et leur principal argument fait mouche : ce truc va nous empêcher de dormir, plus tôt c'est gobé, plus tôt on retrouve le droit au sommeil.
C'est reparti pour le débat du dosage ; Alcor et Actarus estiment qu'ils ont pu mesurer et l'effet principal, et certains effets induits, et qu'un redrop à 120 s'impose. Craignant pour mon moral dans les 2 jours qui suivraient, et pour l'émail de mes dents, je me contenterai de 50. Gloups, gloups, gloups, beurk, beurk, beurk.
Dès lors, les choses ont pris un tour différent ; le redrop nous gratifie d'une petite montée, plus sensible. Ce n'est pas Space mountain, plutôt un bon toboggan. Nous restons un moment à profiter en silence de ce moment de plaisir, bien calés sur le canapé grand luxe du grand frère, en écoutant la musique, qui s'avère riche et intéressante, mais pas magique. Puis l'excitation physique reprend nos carcasses, et nous amènera à tourner en rond et à rejouer à la ba-balle, dans le salon, mollement. "C'est très zen ce truc" commentera Alcor. Effectivement, on est là à se passer gentiment une balle en parlant de tout et de rien, on ne remet pas du tout en question ce qu'on est en train de faire, cette activité nous semble naturelle. Nous sommes plongés dans l'acceptation. Nous avons aussi passé du temps sur une balancelle, à nous balancer d'avant en arrière en écoutant le grincement de l'objet, ce qui a suffit à nous contenter un bon moment. La rivière s'écoule, les hommes regardent.
Nous alternons entre des phases debout, à nous dandiner sans cesse dans une gestuelle un peu stressée, et des phases assises, où d'un seul coup la seule perspective de se lever semble complètement déplacée. Je suis dans la contemplation, aucune révélation ne viendra illuminer cette nuit. Nous passons de plus en plus de temps les yeux fermés, silencieux. Nous avons froid, exagérément froid (j'ai un pull, une veste polaire et un manteau à l'intérieur. Il fait 19°.). Actarus nous fait part de ses CEV. "Profite, salaud" lui dis-je, incapable d'en obtenir, même en me concentrant (chose que j'arrive assez souvent à faire avec les psychédéliques, cannabis y compris).
Arrive 4h00 du mat', je tourne un peu en rond mentalement, je décide que le temps de la mise à mort est venu. Je roule un pétard, onni depuis le redrop car nous ne voulions pas réitérer la déplanette de l'après-midi. Nous le fumons avec Alcor, Actarus préfère rester dans sa bulle, et craint le froid extérieur. Nous en fumons un 2eme. Puis décidons d'aller nous allonger à l'étage, au chaud, dans une vrai position de repos (et non la nuque cassée dans un fauteuil).
Le point sur lequel le 6-APB a le plus tenu ses promesses, finalement, c'est le fait de nous empêcher de dormir : impossible de pioncer (ou peut-être par courtes périodes) avant le lendemain soir 23h00, et encore, ma nuit ne sera pas calme. Nous nous sommes tous les 3 levés avec la gerbe, et toujours pas faim, nous avons du nous forcer à manger pour reprendre des forces. Par contre, il faut rendre à César ce qui est à César, l'impact sur le moral a été assez limité : pas de déprime, d’agressivité passive vis-à-vis de mes proches, juste une bonne fatigue physique et une certaine intranquilité mentale somme toute gérable.
Mon bilan personnel de l'expérience avec le 6-APB :
J'attendais beaucoup de cette molécule, si souvent comparé à la MDMA. Je m'attendais notamment à un caractère empathogène plus marqué, et surtout à des vagues d'euphorie et de plaisir ressenti physiquement. Ce n'a pas été le cas.
Cette molécule a sa propre personnalité, je la trouve plus sociale que psychédélique. En forçant sur le dosage, on peut accéder à un niveau différent, mais qui n'a pas le potentiel d'autres molécules. La comparaison avec la MD est éxagérément flatteuse pour le 6-APB : pour moi, et Alcor est de cet avis aussi, on est très loin des arcs en ciel de bonheur et d'amour que l'on se prend dans la boite cranienne sous MD. La descente est plus gérable sur le plan émotionnel, mais quand même agressive pour mon corps de trentenaire qui supporte moins bien qu'il y a 10 ans le fait de sauter et un repas, et une nuit de sommeil. Elle m'a habité d'une énergie que je qualifierais d'impatiente, une sorte d'incapacité à se stabiliser, plus qu'un rush constructif qui donne envie de se lâcher, de danser... Et surtout, je trouve qu'il manque à cette molécule une vrai montée, et un vrai sentiment de perche à l'issue du drop initial.
Je conclurais en disant que ce produit pourrait s'avérer très intéressant pour une personne connaissant de vrai grosses difficultés à verbaliser ses émotions. Il se trouve que j'étais avec de très bons amis, et donc que je n'avais aucune raison de m'étonner d'avoir eu de telles conversations avec eux, mais je pense que j'aurais pu avoir des échanges similaires avec des personnes dont je me serais senti moins proche. Cette drogue rend en effet les choses dicibles, en permettant de trouver les mots, et de les sortir. Elle est aussi intéressante pour une initiation car, à ce dosage, je ne vois pas comment on peut être effrayé par ce qui se passe.
Après débrief avec Alcor, ses conclusions :
Molécule très intéressante, qui a échoué à s'exprimer à causes des interférences cannabiques. Redrop vraiment appréciable, surtout que la première descente était assez désagréable, car trop subite et arrivée trop tôt. Le redrop a permis de générer un afterglow qui a servi de transition entre l'état le plus haut et le retour à la réalité. Perche très clean dans l'ensemble, sans bodyload, et qui permet d'envisager de côtoyer (de pas trop près quand même) des personnes qui ne sont pas dans le même état.
Effectivement, les effets sont plus subtiles que des grosses cames à même de provoquer des sensations orgasmiques, mais du coup le retour à la réalité est plus facile aussi, et le prod a un coté moins fiendish pour les gros gourmands (le produit ne pousse pas à redroper comme pourrait le faire de la méphédrone par exemple, dont le pochon semble crier ton nom toute la soirée). La solution pour le lendemain : se forcer à bouffer, un pétard, et retourner se coucher 3 heures.
Nous en ressortons donc avec un ressenti différent, qui provient de nos attentes, distinctes, mais aussi sans doute de l'écart de dosage au moment du redrop. L'appréciation ira de "pas mal" pour moi, à "vraiment pas mal" pour Alcor. N'ayant pas débriefé dans le détail avec Actarus, je sais juste que cela lui a bien plu ; il semblerait que ce soit lui qui ait pris le plus cher.
Et après ?
Pour la prochaine, nous prévoyons d'augmenter très significativement la dose du drop initiale. Alcor envisage de programmer le redrop à T + 4/5 pour s'éviter la première descente. La prise se fera certainement dans un environnement plus stimulant (festival).
Pfou, j'ai été long finalement, surtout pour une soirée passée à parler, jouer à la ba-balle et écouter de la zik... *Pars changer son pseudo en "Honoré de Belle ZAC"*
Allez, c'est parti pour le fameux cartouche d'intro :
:arrow: Substance : 6-APB + THC + éthanol
:arrow: Dosage : 120 + 50 pour moi (qui ai un IMC de 17) et 120 + 120 pour mes 2 acolytes
:arrow: Je vous passe l'inventaire des trucs essayés, disons que mes drogues préférées sont l'herbe et les champignons.
Set & setting : Cela faisait un moment que je n'avais pas cédé à la tentation des RC, sachant que j’entretiens avec ces molécules un rapport complexe d'attirance / répulsion, lié au fait que je paie très cher mes prises par des descentes généralement catastrophiques (bide en vrac, mal au crâne, mâchoire tendue et surtout, moral dans les chaussettes). Mais il faut croire que parfois, ma mémoire, très sélective, a besoin d'être réactivée par une nouvelle expérience...
Après moult lectures pour décider quelle "nouvelle" (pour moi) molécule j'allais me taper (ma dernière prise était un combo méphé / méthy en festos en plein air), j'opte pour le 6-APB, qui sur le papier avait l'air de bien correspondre à mes desseins. Sitôt la commande passé sur un site allemand "certifié SOS", je passe une petite annonce auprès de mes potes pour savoir s'il y a des volontaires pour jouer les rats de labo. Rapidement, mes potes Alcor et Actarus se dévouent pour la science.
Nous avons bloqué 2 jours : le jour 1 car les infos trouvées sur le net parlent de 6h d'effets, et le lendemain car il est souvent relaté que la molécule empêche complètement de trouver le sommeil.
Avec Alcor et Actarus, nous nous connaissons depuis des années, et nous adorons avoir nos expériences psychédéliques ensemble. Alcor est très curieux, et n'a pas manqué de se renseigner abondamment. Actarus est curieux également, mais préfère expérimenter sans idée préconçue, (il nous "reprochera" à un moment de trop intellectualiser les effets des drogues que nous consommons. C'est sans doute vrai.) Nous nous sommes déjà côtoyés dans des états pas possibles, sans clash ni bad trip. Je ne suis pas dans leur tronche et parlerai à la 1ere personne, mais en tous cas être avec eux me fait plaisir et me fait me sentir parfaitement en sécurité, physique et émotionnelle. Nous n'en sommes pas à notre première expérience, et nous aimons quand ça "tape" : en matière de drogue, on aime quand ce sont elles qui nous prennent, et pas l'inverse.
Le frère d'Alcor nous a prêté sa maison, qui sera un havre de paix à l'abri des femmes, des gosses, (ah, les responsabilités...) et de Babylone ;-) Enfin, tout ça mis bout-à-bout fait que nous sommes en confiance, certains d'avoir un set and setting parfait (en plus, on a un président de gauche !), et en cela nous ne sommes pas loin de la vérité, je pense rétrospectivement que de ce point de vue nous avons mis toutes les chances de notre coté.
Nous nous retrouvons donc vers 15h00, je fais procéder mes acolytes au test anti-allergique dans la voiture avec 2 micro-doses (2 mg ? 3 mg ?) que je leur avais préparé (pour moi, c'était déjà fait), et nous nous mettons en route directement vers la maison. Nota : berk, c'est pas bon le 6-APB. Comme avant chaque prise de molécule inconnue, j'ai une petit boule dans le ventre, un mélange de crainte et d'excitation. Alcor est, d'après ce qu'il nous dit, dans le même état, et je le crois bien volontiers. Actarus, à son habitude, aborde le truc de façon assez zen, genre "Que sera sera". En fait, son principal souci est qu'il vient de réaliser que le frère d'Alcor a des chats, et qu'il n'a pas son prod anti-allergies. Tant pis, il dormira dehors s'il le faut !
Le temps d'aller à la maison, de la visiter vite fait pour reconnaitre notre environnement, et de faire une dissolution, et nous voilà prêts. Nous tergiversons quelques minutes sur le dosage pour lequel opter : 50 mg pour tester, et au cas où ce n'en serait pas ? Naan, on est RDR, mais pas au point de passer à coté de cette occaz (nous n'avons pas souvent l'occasion de bloquer 2 jours dans nos vies professionnelles et familiales chargées). 100 mg, apparemment la dose "standard" ? Moui, déjà plus, mais bon, les doses standard, nous en général... Nous nous convainquons finalement que le bon rapport prudence / effet recherché se situe à 120 mg. La solution de 6-APB dans de l'éthanol (Tequila) sera ensuite servie à la seringue dans des verres à shooter, nous garantissant un dosage bien précis. Nous avalons cul-sec nos 12 ml chacun (re-berk, le mélange avec la teq est encore plus crade !), il est 16h00.
Les renseignements pris au préalable nous indiquaient que la montée pouvait prendre 2 bonne heures, nous nous armons donc de patience, mais aussi de clopes, de bière et de Pontarlier Anis (sans excès, une paire de verres bien dilués chacun)
T+1h00 : Au bout d'une heure, nous sommes debout à coté du plan de travail de la cuisine, et nous parlons... à coeur ouvert. Les sujets les plus graves / importants sont abordés, mais dans une légèreté suspecte... Nous nous interrompons, nous nous regardons : bon, OK, c'en est. Nous ne sommes pas hilares, nous ne nous faisons pas tabasser par la came, tout ça s'est fait en douceur, de façon presque insidieuse. Au fond de moi, si j'ai bien la sensation d'être à ma place et d'être bien, on ne peut pas parler d'euphorie ; j'ai la pêche, ça se passe bien, mais je ne me sens pas perché. C'est un état second assez "clean", sans débordement excessif.
T+2h00 : Nous sommes sur la terrasse, en train de savourer des clopes. Chewing-gum en place, mon légendaire bruxisme est activé, il ne me quittera que beaucoup plus tard le lendemain (c'est un trait caractéristique chez moi ; A & A ne seront pas atteints par ce mal). Nous continuons à discuter, tout en ayant des phases de décrochage où un petit blanc s'installe de temps en temps, pendant lequel nous divaguons sur tout et n'importe quoi, en mode introspection ou contemplation selon les moments. Et là, telle une vision, arrive un 3eme pote, que nous appellerons Ryan Gosling (private Joke). Le voir débarquer en silence par le jardin nous fait nous esclaffer, nous sommes particulièrement contents de le voir. Nous discutons aisément avec lui, parlons un peu de tout et de rien, lui demandons si nous avons l'air de ce que nous sommes où si nous pourrions faire illusion. Il semblerait que l'on ne soit pas aussi incognito que l'on en a l'impression...
A partir de là, la notion du temps est perdue jusqu'à nouvel ordre. Nous passerons l'après-midi à traîner sur la terrasse en discutant, et en se faisant des passes avec une petite balle. Cette activité reviendra souvent, par phases. Elle canalise notre impatience, donne une contenance à nos jambes qui ne savent pas quoi faire d'elles-mêmes. En ce qui me concerne, je me sens un peu perdu mentalement ; Alcor, d'après son témoignage, a eu l'impression d'être un peu dans la retenue, de ne pas s'être laissé aller complètement aux effets, un peu comme si la présence de Ryan l'avait relié à la réalité malgré lui.
L'alcool ne nous appelle pas plus que cela, nos verres restent longtemps pleins sur la table basse du salon, nous leur préférons de grands verres d'eau. Par contre, forcément, en tant que gros gourmands du cannabis, nous fumons un pèt', puis un 2eme... Ils sont bons, mais trop courts. C'est en tout cas notre perception à très court terme.
C'est ce qui va m'amener à commettre l'irréparable : le gros pétard trop chargé. Plein de bonnes intentions ("hé ben au moins çui-là, y d'vrait frustrer personne !"), je nous ai en fait lourdement sédatés. L'ivresse cannabique prend alors le dessus, nous nous faisons de plus en plus silencieux, de plus en plus mous, ... Il ne faudra pas plus d'une petite demi-heure pour que le diagnostic d'Alcor tombe comme un couperet : il n'est plus là où il était, c'est très net. Il n'aime pas (il n'aime jamais). Il est presque 21h00. Le sujet "redrop" est lancé.
T+5h00 La discussion prend une tournure habituelle : Alcor est chaud ; pour reprendre son expression "le ver est dans le fruit" : l'envie de redrop est là, la seule question est de savoir quand. Actarus, est immédiatement acquis à la cause. Et moi, je joue mon rôle de connard RDR qui freine des 4 fers car d'une part, je sens bien que je suis sous les effets complexes d'un combo, et d'autre part, j'ai lu ici même des posts qui ne donnent pas envie de redroper. Las, mes 2 compères sont motivés, et leur principal argument fait mouche : ce truc va nous empêcher de dormir, plus tôt c'est gobé, plus tôt on retrouve le droit au sommeil.
C'est reparti pour le débat du dosage ; Alcor et Actarus estiment qu'ils ont pu mesurer et l'effet principal, et certains effets induits, et qu'un redrop à 120 s'impose. Craignant pour mon moral dans les 2 jours qui suivraient, et pour l'émail de mes dents, je me contenterai de 50. Gloups, gloups, gloups, beurk, beurk, beurk.
Dès lors, les choses ont pris un tour différent ; le redrop nous gratifie d'une petite montée, plus sensible. Ce n'est pas Space mountain, plutôt un bon toboggan. Nous restons un moment à profiter en silence de ce moment de plaisir, bien calés sur le canapé grand luxe du grand frère, en écoutant la musique, qui s'avère riche et intéressante, mais pas magique. Puis l'excitation physique reprend nos carcasses, et nous amènera à tourner en rond et à rejouer à la ba-balle, dans le salon, mollement. "C'est très zen ce truc" commentera Alcor. Effectivement, on est là à se passer gentiment une balle en parlant de tout et de rien, on ne remet pas du tout en question ce qu'on est en train de faire, cette activité nous semble naturelle. Nous sommes plongés dans l'acceptation. Nous avons aussi passé du temps sur une balancelle, à nous balancer d'avant en arrière en écoutant le grincement de l'objet, ce qui a suffit à nous contenter un bon moment. La rivière s'écoule, les hommes regardent.
Nous alternons entre des phases debout, à nous dandiner sans cesse dans une gestuelle un peu stressée, et des phases assises, où d'un seul coup la seule perspective de se lever semble complètement déplacée. Je suis dans la contemplation, aucune révélation ne viendra illuminer cette nuit. Nous passons de plus en plus de temps les yeux fermés, silencieux. Nous avons froid, exagérément froid (j'ai un pull, une veste polaire et un manteau à l'intérieur. Il fait 19°.). Actarus nous fait part de ses CEV. "Profite, salaud" lui dis-je, incapable d'en obtenir, même en me concentrant (chose que j'arrive assez souvent à faire avec les psychédéliques, cannabis y compris).
Arrive 4h00 du mat', je tourne un peu en rond mentalement, je décide que le temps de la mise à mort est venu. Je roule un pétard, onni depuis le redrop car nous ne voulions pas réitérer la déplanette de l'après-midi. Nous le fumons avec Alcor, Actarus préfère rester dans sa bulle, et craint le froid extérieur. Nous en fumons un 2eme. Puis décidons d'aller nous allonger à l'étage, au chaud, dans une vrai position de repos (et non la nuque cassée dans un fauteuil).
Le point sur lequel le 6-APB a le plus tenu ses promesses, finalement, c'est le fait de nous empêcher de dormir : impossible de pioncer (ou peut-être par courtes périodes) avant le lendemain soir 23h00, et encore, ma nuit ne sera pas calme. Nous nous sommes tous les 3 levés avec la gerbe, et toujours pas faim, nous avons du nous forcer à manger pour reprendre des forces. Par contre, il faut rendre à César ce qui est à César, l'impact sur le moral a été assez limité : pas de déprime, d’agressivité passive vis-à-vis de mes proches, juste une bonne fatigue physique et une certaine intranquilité mentale somme toute gérable.
Mon bilan personnel de l'expérience avec le 6-APB :
J'attendais beaucoup de cette molécule, si souvent comparé à la MDMA. Je m'attendais notamment à un caractère empathogène plus marqué, et surtout à des vagues d'euphorie et de plaisir ressenti physiquement. Ce n'a pas été le cas.
Cette molécule a sa propre personnalité, je la trouve plus sociale que psychédélique. En forçant sur le dosage, on peut accéder à un niveau différent, mais qui n'a pas le potentiel d'autres molécules. La comparaison avec la MD est éxagérément flatteuse pour le 6-APB : pour moi, et Alcor est de cet avis aussi, on est très loin des arcs en ciel de bonheur et d'amour que l'on se prend dans la boite cranienne sous MD. La descente est plus gérable sur le plan émotionnel, mais quand même agressive pour mon corps de trentenaire qui supporte moins bien qu'il y a 10 ans le fait de sauter et un repas, et une nuit de sommeil. Elle m'a habité d'une énergie que je qualifierais d'impatiente, une sorte d'incapacité à se stabiliser, plus qu'un rush constructif qui donne envie de se lâcher, de danser... Et surtout, je trouve qu'il manque à cette molécule une vrai montée, et un vrai sentiment de perche à l'issue du drop initial.
Je conclurais en disant que ce produit pourrait s'avérer très intéressant pour une personne connaissant de vrai grosses difficultés à verbaliser ses émotions. Il se trouve que j'étais avec de très bons amis, et donc que je n'avais aucune raison de m'étonner d'avoir eu de telles conversations avec eux, mais je pense que j'aurais pu avoir des échanges similaires avec des personnes dont je me serais senti moins proche. Cette drogue rend en effet les choses dicibles, en permettant de trouver les mots, et de les sortir. Elle est aussi intéressante pour une initiation car, à ce dosage, je ne vois pas comment on peut être effrayé par ce qui se passe.
Après débrief avec Alcor, ses conclusions :
Molécule très intéressante, qui a échoué à s'exprimer à causes des interférences cannabiques. Redrop vraiment appréciable, surtout que la première descente était assez désagréable, car trop subite et arrivée trop tôt. Le redrop a permis de générer un afterglow qui a servi de transition entre l'état le plus haut et le retour à la réalité. Perche très clean dans l'ensemble, sans bodyload, et qui permet d'envisager de côtoyer (de pas trop près quand même) des personnes qui ne sont pas dans le même état.
Effectivement, les effets sont plus subtiles que des grosses cames à même de provoquer des sensations orgasmiques, mais du coup le retour à la réalité est plus facile aussi, et le prod a un coté moins fiendish pour les gros gourmands (le produit ne pousse pas à redroper comme pourrait le faire de la méphédrone par exemple, dont le pochon semble crier ton nom toute la soirée). La solution pour le lendemain : se forcer à bouffer, un pétard, et retourner se coucher 3 heures.
Nous en ressortons donc avec un ressenti différent, qui provient de nos attentes, distinctes, mais aussi sans doute de l'écart de dosage au moment du redrop. L'appréciation ira de "pas mal" pour moi, à "vraiment pas mal" pour Alcor. N'ayant pas débriefé dans le détail avec Actarus, je sais juste que cela lui a bien plu ; il semblerait que ce soit lui qui ait pris le plus cher.
Et après ?
Pour la prochaine, nous prévoyons d'augmenter très significativement la dose du drop initiale. Alcor envisage de programmer le redrop à T + 4/5 pour s'éviter la première descente. La prise se fera certainement dans un environnement plus stimulant (festival).
Pfou, j'ai été long finalement, surtout pour une soirée passée à parler, jouer à la ba-balle et écouter de la zik... *Pars changer son pseudo en "Honoré de Belle ZAC"*