Je vous conseille de prendre le PDF ici, vous aurez des couleurs sur les noms des gens et pas mal de mise en page plus sympa, beaucoup agréable à lire je trouve ! : http://www.2shared.com/document/94by2v0C/Louverture_finale_de_la_grande.html (si au fil du temps l'hébergeur ne marche plus faites moi signe, je le réuploaderais)
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Ce TR est long, trop long, et ne relate néanmoins qu’une infime partie de l’incroyable expérience dont je ressors et qui m’aura profondément transformé. Mais bon, depuis le départ de Stylo on en a plus beaucoup des TR monstres, faut bien contre balancer ! Je remercie d’avance ceux qui en arriveront à bouts et j’espère qu’ils retireront quelque chose de positif de cette lecture. Je pense que le début du TR doit être assez fastidieux, les premières parties sont les moins intéressantes je trouve, le trip se révèle réellement au début de la partie «La danse solaire»
Je vous propose cette musique pour accompagner la lecture, faut aimer le style mais ça colle pas mal à l'ambiance du truc Final Epic Music Medley - YouTube
Set : Cela fait un peu plus d’un an que je n’ai pas pris de LSD, j’ai 3 trips à l’acide à mon actif : un premier à 250µ (lol) qui était assez intéressant mais manquait cruellement de sens, un deuxième à 150µg qui était assez magique, et un troisième à 250µg où en fait il n’y avait presque rien sur les toncars et où je me suis pas mal fait chier :tear:. Entre temps j’ai fait quelques trips fort sympathiques au 2c-e, mais j’ai toujours considéré le LSD bien au-dessus des autres psychédéliques que j’ai pu m‘approcher. Au final ça fait 5 mois que je n’ai pas trippé. Plutôt motivé pour ma 4eme rencontre avec Sir Lysergique donc :drool: !
Setting : Ma mère habite sur la même propriété que mon grand-père, à eux deux ils ont un immense jardin, et ce weekend ils se barrent tous les deux, l’occasion de faire mon premier trip en extérieur, en contact direct dans la nature. Ce côté m’attire beaucoup !
Moi et mes compagnons avons été assez déçus du dernier trip à l’acide qui s’était soldé par un échec pour cause de : presque pas de LSD sur les cartons... Du coup on a prévu un peu trop ce coup-ci, avec dans l’idée de redrop si on se reprend la même feinte, toujours ma source fiable qui nous garantit une assez bonne connaissance du dosage (sauf quand ça déconne comme la dernière fois ^^).
On sera 4 : Moi, Lili : ma copine qui n’est pas encore décidée sur le fait de tripper ou non ce coup-ci, Arthur : mon plus vieux compagnon de trip, et Victor : un très bon pote avec qui j’ai fait mes deux premiers trips à l’acide et que je n’ai pas vu depuis 9 mois.
Le TR : (Je vais essayer de passer rapidement sur les évènements d’avant le trip qui ne présentent que peu d’intérêt par rapport à la suite)
15h : Je vais chercher Arthur et Victor en voiture, Lili est aussi dans la bagnole. On arrive chez moi vers 15h30. Arthur met les buvards au frigo et on commence à parler de tout et de rien, surtout avec Victor que nous n’avons pas vu depuis un très long moment. Bonne synergie de groupe je trouve, ça s’annonce bien:+1:.
Par contre on remarque que mon oncle est chez mon grand-père, il y va des fois pour utiliser son ordinateur, on préfère attendre qu’il soir parti pour commencer…
16h50 : L’oncle est parti, Lili a décidé de tripper avec nous : c’est parti ! Comme moi et Arthur sommes assez rapide à monter (en théorie, bordel… vous allez comprendre…, Lili et Victor droppent maintenant tandis que je droperais dans 30min, histoire d’être syncro. Victor prend 300µg théorique et Lili 200µg.
17h20 : C’est le tour d’Arthur et moi, il prend 300 et moi 200, si jamais les toncars sont foirés et que les effets ne sont pas au rendez-vous il est prévu que tout le monde monte à 400µg théorique afin de tripper quand même:drool:.
Le LSD est toujours monté en flèche chez moi, au bout de 20min je me prend généralement un ascenseur dans la gueule et c’est partir pour Lysergic Land. Mais je n’aurai pas dû généraliser ce phénomène sur seulement 3 prises (dont une un peu foirée)…
En effet, je commence à ressentir les effets vers 17h50, mais c’est juste des décharges de dopamine et une certaine ivresse, rien de bien psychédélique. Par contre mes trois autres compagnons sentent bien le truc, Lili est carrément montée tandis que Victor et Arthur sont sur la bonne pente.
18h20 : Aucune évolution de mon côté, je suis bien défoncé, c’est tout… Tout le monde est perché sauf moi. Je me dis qu’il y a dû avoir une couille avec les buvards, du coup je redrop 200µg. Victor et Arthur redropent 100 (alors qu’ils étaient déjà bien, en mode bourrin un peu… tandis que Lili n’a pas envie de monter plus haut. On est donc à : moi 400, Lili 200, Victor 400, Arthur 400.
Through the acid gate
C’est là que tout bascule : trois minutes après avoir redrop 200µg je me prends une énorme poussée psychédélique en pleine face : MMEEERDE !! Je me suis fait avoir comme un abruti et j’ai redrop avant que le premier soit vraiment monté !! Oh bordel et ça envoie sévère en plus ! C’est du vrai 200µg ça !! Attend 2 secondes là… ça veut dire que j’ai pris 400µg réels :Oo: ?? Hum… Bon aller, le setting a la classe, ça va le faire… enfin j’espère…
Ça commence à partir en couille (une grande partie du trip a été enregistré, j’ai 3h de mémo vocaux sur mon portable ^^) :
Arthur : Faut augmenter le capital ! On a quoi comme capital pour l’instant ?
Victor : La Hongrie !
Moi : Ahah !! Eh mais attend… Mais c’est même pas une capitale ça !
Victor : Attend fallait pas prendre ça si tu voulais avoir des raisonnements absurdes ! Euu.. ; non des raisonnements logiques ! Enfin je sais plus…
Arthur : C’est pas ça le problème. Le problème c’est que ton serpent (ouais j’ai un serpent comme animal de compagnie
:heart, ben faut le vendre à quelqu’un !
Lili : Mais non !!! On le garde il est mignon !
Arthur : Ben alors il faut l’acheter !
Moi : Mais je l’ai déjà acheté !
Victor : Il peut pas rester là putain ?
Arthur : Ah mais… Ah mais vous faites de la rétention de capitaux ! Mais la mobilité des marchés bordel ?! Par exemple : si moi j’ai envie d’acheter un serpent par exemple ?
Lili : Oh putain jme fait bouffer par ta table !
Arthur : Eh ouais, ça c’est parce qu’elle appartient à l’état !
Moi : Mais non c’est ma table à moi !
Arthur : C’est parce que tu l’as racheté ! Faut racheter la table !
Moi : Mais tu veux tout acheter en fait ?!
Arthur : Ben non, enfin… Ah bordel yavait une histoire de serpent je crois ? Pourquoi je voulais acheter un serpent déjà ??
Victor : Pour faire bouger le marché je crois ! T’as pas des réflexions plus sympa pour le contexte acide non ?
Arthur : Je… euu… On a un problème… La musique !! (l’ipad commençait à jouer le morceau suivant, un peu dégueu)
Moi : Ah bordel elle est dégelasse !
Arthur : Bon attend faut que j’opère l’ipad, alors il doit être (il tombe sur le fond d’écran de l’ipad, une énorme fractale multicolore) Ah putain ! Ce truc-là est protégé par des dragons !!
Un pote m’appelle sur mon portable, je décroche tant bien que mal et lui explique à peu près la situation, il se marre et nous laisse :roll:. On ne peut plus s’arrêter de rigoler, tout le monde est écroulé dans son fauteuil/canapé et un simple mot déclenche des fous rires incontrôlables. Je reçois un sms de ma mère, il faut que je réponde, je me concentre et tente de formuler une réponse censée. Au milieu de l’écriture du sms, des centaines d’yeux s’ouvrent sur les lettres du sms, je regarde la pièce : le monde part totalement en couille dans un kaléidoscope géant ! Je fini tant bien que mal mon sms, du coup j’ai l’heure exacte des premières hallus : 18h37.
Le mental est complètement démentiel, je ne comprends plus RIEN ! Le cerveau est noyé sous des tonnes d’informations et la mémoire est partie en vacance… La conversation n’a plus aucun sens. On entre dans la parie du trip dont j’ai le moins de souvenir .
Toujours est-il qu’au bout d’un certain moment on décide d’aller dehors, tout le monde est d’accord sur ce point et on se bouge tant bien que mal. J’ai vraiment du mal à me rappeler ce qu’il s’est passé à ce moment-là, surtout au niveau des effets. On est arrivé devant la maison de mon grand-père pour s’éloigner des vrais voisins, un doute m’a pris et je me suis dirigé tout seul vers la cours. C’est à ce moment-là que j’ai vu la voiture de mon oncle:Oo:. Oh bordel !! Mais c’est pas normal, il était parti là !! Putain le con il est revenu ! Tout le monde se rapatrie chez moi et on ferme la porte, on est tellement perché qu’on pourrait se faire flag à 100m, alors c’est pas le moment de tomber sur l’oncle qui voudrait faire un tour dans le jardin !
Midfuck ? Vous avez dit mindfuck ?
Dès qu’on rentre dans la maison je me remets en question et me demande si j’ai vraiment vu la voiture ou si j’ai raconté n’importe quoi…
Du coup je laisse tout le monde dedans et je ressors seul. Je marche sur le chemin, le fait d’être seul me rend pleinement conscient de la puissance psychédélique qui m’a envahie. J’avance sur le chemin pendant ce qui me semble être une éternité, le monde pars dans tous les sens, le sol se dérobe sous mes pieds et se comporte comme un tapis roulant, me faisant reculer alors qu’en réalité j’avance. Les plantes se fractalisent et me regardent en agitant les bras, des lambeaux de lumières se détachent du ciel pour relier les nuages et les maisons voisines, ma vision pulse et vie, agité de ses propres raisonnements et décisions, sorte de synesthésie.
Je n’ai même plus le recul nécessaire pour exprimer le moindre petit « WTF», j’arrive devant la voiture de mon oncle, je la touche, je fais demi-tour. Au bout de 3 mètres je ne me rappelle plus si elle était vraiment là ou pas… Je me retourne, c’est là que je tombe sur des hallucinations mentales : des dizaines de Victors se tiennent devants moi, je ne les vois pas visuellement mais je ressens très fortement leur présence, je pourrais décrire leurs habits, leur coupe de cheveux . Ils se foutent de moi, me parlent dans des langues étranges et pointent la voiture de mon oncle avec leur doigts. Je suis en train de devenir fou !! Je ne sais même plus ce que je suis censé faire ici… Je m’approche de la voiture et prend soudain peur que mon oncle me voit. J’ai des projections mentales de tous mes compagnons, même de moi, qui regardent le ciel, me montrent du doigt et rigolent. Ma pensée se géométrise, mon esprit lui-même devient une fractale qui raisonne de manière parallèle.
C’est là que j’aperçois Lili, la vraie, qui cours vers moi en mode «bordel tu fous quoi depuis le temps ?», je lui dis que je crois que l’oncle est vraiment là, je me retourne encore une fois et pose mes yeux sur la voiture : « Oui c’est ça, il est là ». Je la suis tant bien que mal pour rentrer dans la maison.
On se retrouve donc enfermé à l’intérieur jusqu’à ce que l’oncle parte. Tout le monde est mort de rire, on ne peut plus s’arrêter de rigoler. Mais je ne ressens pas ça comme un rire naturel, c’est plus un poussée chimique incontrôlable et assez désagréable… Je me sens rapidement à l’étroit, je flippe un peu pour l’oncle, il suffit qu’il ait la bonne idée de vouloir utiliser ma photocopieuse pour qu’il vienne frapper à la porte aranoid: …
Le monde continue de partir complètement en couille, le salon n’est plus qu’un bordel hallucinatoire géant rempli d’yeux et de couleurs, où les dimensions se mélangent. Les objets proches apparaissent comme des motifs sur les objets lointains situés derrière eux, la table fusionne avec les magazines et les verres qui sont posés dessus, c’est comme si on fait peint le motif d’une bouteille sur le bois !
La configuration de la pièce n’arrange rien, tous les volets sont fermés sauf un seul par lequel entre d’immenses flots de lumières. La pièce tangue dans tous les sens, du coup j’ai l’impression d’être dans la cabine d’un bateau, un immense vaisseau psychédélique dont la seule fenêtre ouverte serait une sorte de hublot ouvert vers la mer. Une puissance infinie rayonne d’absolument PARTOUT, je mets mes mains devant moi pour me protéger, comme si j’étais en face d’une interminable explosion ; deux secondes après je me demande pourquoi j’ai les mains levées comme ça ? La mémoire n’existe plus, j’ai énormément de mal à me repérer dans l’espace, je ne comprends RIEN à la conversation, d’ailleurs je crois qu’au final celle-ci n’avait pas de sens, tout le monde prenait très cher à ce moment.
J’essaye de me rassurer en me disant que c’est justement pour vivre ça que j’ai pris de l’acide, sauf que tout ce bordel n’est pas productif du tout : ça ne m’apprend rien et ça me fait pas kiffer, donc au final j’attends juste dans mon coin qu’on puisse sortir dehors…
La musique est quand même pas mal, du Pink Floyd je crois, ça colle parfaitement à l’ambiance apocalyptique, le envolées de guitares sont assez géniales ! Ah ben voilà ça commence à devenir sympa ! Je ferme les yeux, une énorme spirale s’impose rapidement, j’avais l’habitude de différencier les visuels en 2D de ceux en 3D, mais là la puissance du trip m’en empêche totalement, du coup je suis même plus capable de dire si elle est collée à mes yeux ou plutôt en mode vision en 3D. Elle se déploie et se complexifie sur le rythme de la musique, changeant de couleur suivant les mouvements de la guitare, c’est juste magnifique :Oo:… La musique est très nostalgique, des larmes commencent à m’envahir les yeux, je sens l’extérieur qui m’appelle, j’ai envie de sortir ! Bordel j’ai pas pris de l’acide avec un setting qui pète pour faire comme les autres fois et rester assis dans mon coin à fermer les yeux putain !! Je veux voir le monde !!
Je me lève en catastrophe et ouvre la porte, je cours vers la cours de mon grand-père sans prêter attention à rien d’autre qu’à la voiture de mon oncle : où est-elle ?! Attend là, elle est plus là ? Ça veut dire qu’il est parti ?? YYYEEESSSSSSSSSSS !!!!!! Je reviens chez moi, manquant de défoncer la porte :
Victor : Eh mec qu’est ce qui t’as pris là ?
Moi : Mon oncle s’est barré ! On peut retourner dehors !!
Tout le monde me regarde… Avant de pousser un grand cri de victoire !! Je crois que tout le monde avait envie de sortir en fait. Victor se met à rouler un bédo et demande qu’on l’attende pour sortir, j’approuve le geste mais j’ai besoin d’être dehors, tout de suite maintenant ! Je prends donc mon casque et c’est parti pour la grande aventure en solitaire !
Au final on a dû rester entre 30min et une heure à l’intérieur avant de ressortir.
La danse solaire
Casque sur les oreilles, je sors dehors : libération ! Toutes les tensions se dissipent dès que je me retrouve baigné de la lumière du soleil ! Ah bon sang ça fait du bien ! Je commence à me diriger vers la cours, même chemin que lorsque j’aillais espionner la voiture de mon oncle. C’est à ce moment-là que je prends réellement conscience de mon état (alors qu’on doit être à T+2). «Je» n’existe plus, tout simplement, tout ce qui me caractérise en tant qu’être humain a disparu ; c’est absolument incroyable, j’avais déjà vécu une perte de l’égo sous LSD, mais le souvenir s’était atténué, et celle-ci va bien plus loin :Oo: ! J’ai une synesthésie TOTALE entre absolument TOUS les sens, si bien que l’esprit devint une sorte de flux visuel et tactile qui se déplace et change de forme en fonction des idées, des pensées, des envies. Je reste totalement abasourdi par ce que je suis en train de vivre, bordel c’est tellement incroyable, l’idée même de corps physique est aboli, seul le flux de pensées compte et guide mes pas, ses pas, ça commence à boucler…
Je ressens les connexions entre toutes les créatures vivantes, c’est comme si les plantes s’échangeaient des flots d’énergie et d’informations entre elles, et ce sur plusieurs mètres ! Je baigne donc dans un océan de courants énergétiques qui ondulent paisiblement, ce n’est pas visuel, c’est du ressenti mental, mais de toute façon la limite entre la vision et la pensée n’existe désormais plus. Je nage dans cet océan, perturbant les courants pour me permettre de progresser, ceux-ci s’enroulent autour de mon flux de pensée (c’est-à-dire moi, puisque c’est la seule chose qui me caractérise à cet instant) et me palpent de toute part :Oo:.
J’avance devant la maison de mon grand-père, le monde est juste SUBLIME ! Il n’y a pas un centimètre de mon champ de vision qui ne soit modifié par les hallucinations, déjà que j’ai un jardin plutôt sympa en temps normal alors là c’est le pied intersidéral ! L’herbe est très drôle, changeant de couleur et s’étirant vers le ciel. Je la remercie du spectacle qu’elle m’offre : «Eh salut l’herbe !». Elle me rend mon salut par un signe de la main, et d’énormes sourires se dessinent sur le sol, je réponds d’un grand éclat de rire, l’herbe fait la holà sur le rythme de la musique. «Eh salut les arbres ! Salut le ciel ! Salut la vie !!» :heart:
Je reste un moment à contempler la cour de mon grand-père, la musique sublime parfaitement toute cette beauté qui m’entoure et me porte dans mon voyage. Je décide de bouger et d’aller de l’autre côté de la maison, à la rencontre du soleil ! Je longe la haie qui se comporte comme une sorte de couloir infini et glacial… J’atteins alors le champ.
BOOOOOOOOOOOOOHHHH !!!!! :heart::Oo::heart: Le paysage est MAGNIFIQUE !!! L’astre du jour inonde de lumière tout ce qui m’entoure, les nuages sont en partie rouges à cause du coucher de Soleil qui commence, tout vie autour de moi, encore plus qu’avant ! Je tombe à genoux devant la puissance et la beauté qui m’entoure tandis que mon flux de pensée s’agite plus que jamais. Je reste un moment les yeux fermés à ressentir la beauté qui m’entoure et les incroyables flots d’énergies qui se mettent à m’entourer.
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J’ouvre les yeux et me met à danser, la musique est sublime, le paysage est sublime. Bordel mec tu l’as enfin ton trip ultime à l’acide sous un magnifique coucher de Soleil :heart: ! Et c’est immensément plus impressionnant que tu ne l’as imaginé !! Je me laisse totalement posséder par la danse, j’agite les membres et tourne sur moi-même de la même manière que les danseurs de flow (le truc plutôt stylé où les mecs jonglent avec des sortes de bolas, pas du tout sur du nom) alors que je n’ai jamais pratiqué ce genre de danse. Rapidement les courants d’énergies s’enroulent autour de mon flux de pensée et de mon corps. Ainsi commence la plus grande valse de ma vie, je virevolte sur moi-même, créant une inertie sur les courants qui m’entourent, ceux-ci se mettent à tournoyer autour de moi en parfaite harmonie avec mes mouvements, mon flux de pensée s’enroule tel un serpent autour d’eux et échange de sensations avec les plantes d’où proviennent les énergies. Des rubans d’énergie colorée provenant des courants prennent place autour de mes bras et tournent autour en suivant mes mouvements, je jongle avec eux en un parfait balai psychédélique. Le temps et l’espace n’ont plus cours, la beauté et la vie sont les deux seules choses qui subsistent en ce monde, mon flux de pensé fusionne alors avec les courants d’énergies des êtres vivants qui m’entourent, je comprends les plantes, les insectes, je SUIS le jardin, VRAIMENT, et le jardin danse sous le Soleil couchant, rayonnant des flots de joie d’une profondeur incroyable ! rayer:
Tout disparait alors petit à petit… Le monde se rapetisse et il ne reste bientôt plus qu’un espace de vie et de lumière tendant vers l’infiniment petit, toute idée même de séparation entre «moi», le monde, la lumière, le futur, la musique, le temps, n’est même pas envisageable. Tout ne forme alors plus qu’un, une d’énergie pure, unie dans ce point de vie infernal ! L’Univers est réduit à son instant initial où tout n’était alors qu’un, défiant toutes les lois de la physique ! rayer:
C’est alors que tout explose, littéralement, BOOOOOOOMMMMM !!!!! La renaissance du monde, accouchant en des flots de lumières et de vies infinis, l’expansion de l’Univers en une fraction de seconde, et je suis cet Univers, cette vie, CES vies ! Projeté de toute pars, écartelé et rayonnant de joie à la fois ! Je décroche alors du monde, je redeviens moi, (enfin à peu près ^^) je m’écroule lourdement sur le sol. J’ai du mal à comprendre ce qu’il vient de se passer, à vrais dire je ne comprends rien, c’est comme si tout ce qui constituait le monde m’avait été enlevé et rendu après un passage dans une énorme machine à laver psychédélique… Bordel c’était quoi ? Bordel je suis qui ? Je suis où ? Mon flux de pensée (c’est-à-dire moi) erre entre sa propre existence et l’incroyable fusion qu’il vient de vivre. Ah ouais ça revient petit à petit… Ouf
La musique s’arrête et passe sur un truc que j’aime moins, du coup je décroche de cet état indescriptible pour la changer. Je ne recommence pas à danser, j’ai besoin de reprendre mes esprits… enfin d’essayer quoi, il s’est passé quoi bordel :Oo: ?! Je regarde aux alentours : l’herbe danse en agitant les bras vers moi, les arbres grandissent et rétrécissent en se tordant sur eux même, d’autres se multiplient en formant des formes complexes avec leurs branches, de vastes spirales fractaliennes se déploient dans le ciel tandis que la haie n’est plus qu’un mur kaléidoscopique vert rempli d’yeux…
Ah tiens c’est bizarre les nuages ne bougent pas trop eux… Aussitôt que cette pensée se forme (au sens littéral, la fusion pensée/visuel/toucher est toujours autant présente) les nuages se modifient et se relient entre eux en formant un étrange complexe gris/rouge dans le ciel. Un énorme vaisseau se crée sous mes yeux ébahis, les arbres tendent leurs branches multicolores vers lui, l’herbe grandie elle aussi, comme si elle voulait d’arracher du sol pour rejoindre la construction nuageuse. J’ai l’impression que c’est le vaisseau originel de toute chose, comme s’il était temps de retourner à la source, la nature veux rentrer chez elle… La musique correspond particulièrement à l’ambiance onirique qui s’installe… OH BORDEL !! Le nom de la musique !! C’est « Return to the origin » !! Le subconscient a reconnu le truc et a orienté les visuels dans ce sens ! C’est juste trop stylé ! Bon sang ce truc n’a décidément pas fini de me surprendre ! Des centaines de petits points lumineux se détachent progressivement du sol et s’envolent vers le ciel… J’agite la main pour faire un signe à l’aéronef , sans réponse évidement. :roll:
Aller c’est reparti pour la danse ! Je retrouve rapidement les serpentins lumineux avec lesquels je me remets à jongler, j’essaye de réaliser des figures de plus en plus complexes. Je me rends rapidement compte que leur trajectoire ne dépend pas entièrement de mes mouvements physique, mais également des déplacements et entrelacements de mon flux de pensée (ouais c’est pas évident à comprendre, et ça ne fait que commencer ^^). J’expérimente donc cette dualité de danse et parviens à des résultats plutôt sympathiques, créant un splendide ballet mental multicolore.
C’est alors que j’entends derrière la musique trois voix qui me sont familières.
Ça aurait pu être pire
Je me retourne et aperçois mes compagnons au loin. Bordel mais ils sont combien ? J’ai l’impression que la moitié de la ville se ramène chez moi. Puis ils passent derrière un arbre et ressortent à trois. Ah parfait, petit coup de flip quand même…
Victor me salut, bédo en main. Je me retourne, dévoilant le magnifique coucher de Soleil :
Moi : Vous savez quoi ? Vous arrivez au bon moment !
Victor : Oh putain !
Lili : C’est trop classe !
Arthur : C’est clair que…
Moi : …ça aurait pu être pire.
Je suis tout emballé par le fait de pouvoir partager cette splendide vue, et elle a l’air de leur faire le même effet qu’à moi :
Victor : Nan mais mec c’est n’importe quoi ! Putain jcrois que j’ai jamais eu un trip aussi visuel ! Vous le voyez le… tout quoi !
Arthur : Il y en a moulte !
Victor : Ouais ça va on en est tous au même stade au moins…
Je me rapproche de Lili, au milieu de mes compagnons subjugués par le paysage. Les pensées défilent à une vitesse ahurissante, la conversation prend une tournure intrigante :
Arthur : Non mais le bordel de l’herbe est assez impressionnant quand même !
Moi : C’est clair qu’elle a rarement été aussi balèze !
Lili : De quoi ?
Victor : Ben l’herbe !
Arthur : Hu ? Mais qui a parlé de l’herbe ?!
Moi : Ben toi !
Lili : Mais yavait un but particulier à parler de l’herbe ?
Victor : Déjà est ce qu’il y a un but à parler ?
Lili : Ben…
Arthur : Ca fait tourner le truc quoi, après le problème vient du fait que quand ça dépasse les mots il faut cloner l’esprit, et ça sera pas fait avant un moment…
Moi : Ben suffit d’attendre alors !
Victor : Ah ben ouais carrément ! Ben voilà on a résolu le problème alors !
Lili : Ouais… mais c’était quoi le problème déjà ?
Victor : Oh bordel…
Moi : Merde…
Le couplage du flux mental prend une tournure ahurissante : alors que pendant ma phase solo les idées en elles-mêmes étaient plutôt clames et paisible, ici l’inverse s’installe. Mon flux de pensée se déplace de plus en plus vite, donnant naissance à des centaines de résonnements, problèmes, solutions, points de vue différents en quelques instants. A cet instant nous vivons TOUS la même chose.
Une synergie INCROYABLE se crée alors entre nous ! Le temps et l’espace s’effacent peu à peu (comme lors de la danse, mais de manière très différente). Seul subsistent les questions, le raisonnement ! Induit par la fusion visuelle/mentale/tactile, mon flux de pensée (c’est-à-dire moi !) se contorsionne, change de couleur, se démultiplie.
Une idée entraine une question, en une fraction de seconde la pensée envisage tous les points de vue possibles et imaginables, ceux-ci se contredisent tous, un point de vue final remporte la joute et domine les autres, il entraine alors une ouverture vers un problème plus global qui a besoin de se baser sur d’autres informations élémentaires pour être résolut. Sauf que le temps de trouver ces informations, l’idée du problème initial a disparu dans les méandres de l’inexistence de la mémoire…
Pour ne rien arranger, mon flux de pensée fusionne avec la conversation elle-même (WTF ?!). C’est-à-dire que la spirale géante de raisonnement qui tourne dans ma tête est similaire à la conversation qui tourne autour de moi (quand je dis «tourner» c’est pas uniquement une image ^^). Du coup je ne sais pas si les idées et les raisonnements se passent dans ma tête ou bien autour de moi.
Ma copine a bien résumé le truc dans un message qu’elle m’a envoyé après le trip :
« Dans le jardin ce qu’on disais correspondait tellement à ce que je pensais que j’avais l’impression de parler toute seule ou de faire de la télépathie»
Chacun vie alors la conversation comme un chant de son propre mental, ce qui donne lieu à des interprétations complètements loufoques, mais qui font tout de même avancer le truc. Pour vous donner une idée ça donne ça des fois :
(gros blanc)
Lili : Bon sang…
Moi : A ce point-là ?
Victor : Peut-être…
Lili : Aie aie aie…
Arthur : Ah !
Moi : Oui oui…
Arthur : Tu crois ?
Lili : Mouais…
Victor : OH PUTAIN OUI !!!! Bordel mais vous avez tellement raisons les gens !!!
Moi : Ah ouais c’est énorme en fait !!!!
Victor : Eh mais on touche un truc de ouf là !!!
Moi : OUAAAIISS !!
Victor : Mais on parle de quoi ?
Lili : Euu…
Arthur : Roh putain…
Victor : Aie aie…
Moi : Ca me rappelle vaguement un truc ça…
Lili : Vous croyez qu’elles en ont marre les vagues de se casser contre la cote ?
Arthur : Pas bête ! Faut poser une étude, passer une annonce pour des interviews, tout ça…
Victor : Si ça se trouve elles s’en foutent…
Lili : Qui ça ?
Arthur : Ben les vagues…
Moi : Ah oui ! Mais ça recoupe un peu le sens de la vie quand même, comment interpréter positivement le fait de se casser la gueule contre de rochers toute la journée ?
Victor : Si ça se trouve elles kiffent bien !
Lili : Ouais ça peut être comme un énorme parc d’attraction, et les manèges c’est la plage !
Les sujets abordés tournent en s’enchainent sans aucune logique, mais chacun est porteur d’un sens inouï ! (quoi vous êtes pas compatissant envers les vagues ? Bandes de sans cœurs). Les thèmes tournent, s’en vont et reviennent de manière fractale (phénomène qui semble grandement intéresser Arthur). C’est le seul moment du trip où je n’étais pas en train d’enregistrer, et pourtant j’aurai tellement du… L’esprit rebondit d’idée en idée à une vitesse folle, le flux de pensée voit les 6 idées suivantes qui vont arriver et les saute pour arriver directement à la 7eme, du coup il n’a pas besoin de les calculer pour avancer. Sauf que pour les «voir» il a justement besoin de les calculer. Donc il les calcule pour ne pas avoir besoin de les calculer… AAAAAAHHHH !!! Ça boooouuuucle !!!
En fait TOUT boucle ! Les trois quarts des raisonnements se mordent la queue et ne se laissent pas déboucler facilement : genre pourquoi les gens rejettent certaines personnes ? Hop pif pam pouf l’esprit choisit comme réponse : car les gens craignent ces personnes… Mais pourtant ils n’ont aucune raison de les craindre ! Oui mais ils ne le savent pas car ils ne les connaissent pas ! Oui mais si ils les rejettent ils ne risquent pas de les connaitre ! Donc en fait ils créent eux même leurs propres peurs !
Le pire restant les raisonnements qui bouclent car la réponse entraine un questionnement sur le raisonnement lui-même ! Genre quand on tient la réponse on se dit : ah mais alors la question ne servait à rien ! Oui mais si j’avais pas posé la question je n’aurai pas pu en conclure qu’elle ne sert à rien ! Donc elle sert à quelque chose ! Mais à quoi alors ? Ben elle sert à savoir qu’elle ne sert à rien ! Mais WTF BORDEL ?????!!!!!!
La notion d’instant présent n’a jamais été aussi claire et limpide, le monde ne se résume qu’à deux chose : le magnifique paysage devant moi, et la forme et les couleurs de mon flux de pensée (avec toutes les idées et raisonnements qu’il exprime à cet instant). Le monde est un pastel incroyable de couleurs et de formes qui s’entremêlent : les nuages se muent en des visages de femmes allongées, en perpétuel mouvement. L’herbe est traversée par des courants de couleurs, elle s’organise également de manière à former des motifs tribaux bien connus sur le sol. Les arbres gonflent et dégonflent, projetant leurs branches tentaculaires vers le ciel avant de fusionner l’espace d’un instant avec celui-ci. Une volée d’oiseaux me survole, instantanément suivi par des centaines de petits points violets qui virevoltent sur leur passage. Je suis toujours baigné dans ces immenses courants d’énergies qui nous entourent, mais la conversation crée également ses propres courants ! Ceux-ci se déplacent entre nous, je les sens toucher mon flux de pensée, DEVENIR mon flux de pensée avant de repartir vers mes compagnons…
Mais tout n’est pas tout rose au pays de Monsieur-je-trippe-sous-le-Soleil. Le flux de pensée se contorsionne donc sans cesse, JE me contorsionne mentalement ; je me fractalise en des centaines de points de vue différents qui se contredisent tous avant de cesser d’exister. Le phénomène me fascine et me terrorise en même temps, c’est à la fois absolument insupportable à vivre et parfaitement génial ! Encore une dualité qui se combat… Tout ce qui est sur c’est que je prend cher, très cher… Surtout qu’une bonne partie de la conversation tourne autour de sujet vachement profonds comme le sens de la vie, et qu’on arrive rapidement à la conclusion que la vie n’a pas de sens… sauf que quand on est face à un magnifique coucher de Soleil c’est pas évident d’être d’accord avec ce point de vue, mais le temps d’arriver à expliquer qu’on est pas d’accord on a déjà tout oublié…
Le langage est également une énorme source de frustration ! C’est juste super chaud de parler, d’arriver à canaliser ce putain de flux en une phrase compréhensible ! Le problème c’est que justement on a trop d’informations à échanger !! Du coup on bugge toutes les 3 secondes, c’est juste trop chiant… Et puis la conversation prend souvent des tournant pas très très glops :
Victor : Putain c’est juste magnifique tout ça…
Moi : J’avoue… tu le sens bien passer le… la beauté de la vie là !
Lili : Mais… mais du coup c’est le LSD qui nous montre ça ? Ça veut dire qu’on peut pas trouver la vie belle ?
Arthur : Mais non… C’est juste que le LSD c’est fait pour ça ! Enfin je veux dire… je sais pas trop…
Lili : Pourquoi on prend du LSD du coup ?!
Victor : Ben ptetre pour vivre ça non ? Je…
Lili : Ouais mais si vivre ça nous amène à nous demander pourquoi on en prend ça fait un peu…
Victor : Pff ça boucle encore !
Moi : Rien que le fait de prendre de l’acide est une énorme boucle au final…
Arthur : Mouais…
Moi : Ouais non t’as raison, c’est pas hyper optimiste comme raisonnement ça…
Lili : Doit y avoir moyen de creuser le truc, on est pas à la fin de l’idée là !
Victor : La fin… la fin…
Moi : La fin de toute chose…
Arthur : …ici et maintenant…
Victor : Quoi ?!
Moi : Bordel c’était dans ma tête ça ou pas ?!
Arthur : Qui a dit ça ?!
Lili : Mais toi !
Victor : Nan mais on parlait de quoi à la base ??
Moi : Pff on sait plus…
Voilà, c’est cette espèce de frustration, de blocage, qui me perturbe tant ; les raisonnements sont hyper profonds (encore plus dans ma tête que dans la conversation, mais il est impossible de se souvenir de tout… mais impossible à creuser… Enfin si, ils sont poussés au maximum durant l’instant qui suit leur apparition, mais l’instant d’après ils n’existent plus… Ça continue dans le même style pendant un long moment, tout le monde est subjugué par la beauté du paysage et des hallus, et en même temps complètement démonté, écartelé, par le coté mental omniprésent…
Il commence à faire de plus en plus sombre, il doit être 22h. Je regarde le sol : le blanc des pâquerettes ressort vachement par rapport à la noirceur de l’herbe. En fixant le sol les fleurs se transforment peu à peu en des dizaines de minuscules méduses bleues claires qui agitent leurs petits tentacules dans le vide à mes pieds. Poooh c’est vachement poétique quand même !
Même si on prend cher on est totalement absorbé par la beauté du truc ; on finit par tous se tenir par les épaules, le regard rivé sur le Soleil couchant. Forcément je me sens complètement chelou, mais il y a une émotion qui domine les autres, par-dessus tout je me sens vivant !! Et à cet instant je sais que chacun d’entre nous vit un moment incroyable de notre vie, qui restera à jamais gravé en nous… Une chose est sure : ça aurait pu être pire !
Victor et Lili croient apercevoir un lapin au fond du champ, j’ai beau regarder je me demande comment ils font pour y voir quelque chose dans ce bordel d’hallus. Arthur se fout de leur gueule, le débat commence sur l’existence du lapin, perso je veux bien les croire mais bon… Arthur demande qu’on lui prouve qu’il y a bien un lapin, on propose un système qui puisse démontrer l’existence ou la non existence de l’animal, lol ça devient un peu nawak tout ça…
On finit par avoir froid moi et Lili, il est 22h30, tout le monde se met d’accord pour rentrer à l’intérieur. Je jette un dernier regard sur le Soleil mourant et c’est parti pour la chaleur accueillante de la maison !
Après avoir traversé la moitié du jardin dans le noir (c’était assez hardcore d’ailleurs) on arrive dans le salon, aaahhh ici au moins il fait chaud ! On ferme les volets et on se pose dans les canapés
Toute chose a un prix
Ça fait du bien d’être au chaud ! On rallume la musique et la discussion continue. Malheureusement le coucher de Soleil n’est plus là, les tournants assez badants des raisonnements se font de plus en plus sentir, on commence sérieusement à prendre très cher… Je commence à descendre, la fusion qui crée le flux de pensée se fait légèrement moins forte, mais elle engendre toujours les mêmes problèmes.
La mémoire est toujours très très fugace, parler demande beaucoup de concentration et m’épuise, je suis épuisé, et pourtant on n’est qu’à T+5… Lili en a marre et demande si on est pas censé redescendre à un moment donné ; on lui répond que oui mais que c’est pas pour tout de suite... Puis 2min après elle demande si c’est normal de pas redescendre, et elle rerepose la question quelques secondes après. Oula je sens que ça tourne mal tout ça, je la prends dans mes bras et lui demande ce qui ne va pas, elle me dit qu’elle en sait rien, quelle a froid, qu’elle en a marre, qu’elle veut aller se coucher… Moi aussi j’aimerai bien que tout s’arrête maintenant, les hallus sont assez moches, j’ai un peu mal au cœur, j’ai mal au bide, j’ai mal à la mâchoire, je suis complètement crevé…
Cette fatigue est déjà bien chiante, mais en plus on continu à poser des raisonnements sur tout et n’importe quoi… J’essaye d’expliquer un truc géométrique à Victor et me surprend à pouvoir créer des hallus mentales à volonté : je veux un carré, et hop un carré apparait sur la table ; ce n’est pas visuel, je ressens le carré ! C’est assez génial pour expliquer des concepts, le seul problème c’est que personne d’autre ne peut voir le truc, mais bon XD. La conversation continue à nous mettre des feintes :
Lili : Tu fais quoi ?
Victor : J’envoie un sms à ma copine
Moi : Bordel t’as vraiment la foi pour écrire un sms quand même…
(gros blanc d’une minute)
Lili : Mais c’était quoi la question ?
Victor : Hein ? Ya pas de question
Moi : C’est toi la question en fait
Arthur : Euu… Ouais non Tisalut t’as merdé là, ya un problème de pointeur objet dans ta phrase, c’est déguelasse, faut revoir tous tes arguments là !
Lili : Quoi ??
Moi : Non ce que je voulais dire c’est que la dernière question c’est toi qui l’as posé en fait !
Lili : Ah ! Et c’était quoi ?
Arthur : Le sms de Victor je crois
Lili : Ah !! Mais… mais pourquoi…
Victor : Oh non plus de pourquoi s’il vous plait, on en a assez eu des pourquoi….
J’ai vraiment pris une énorme claque dans la gueule tout à l’heure, et j’aimerais pouvoir me poser pour réfléchir à tout ça dans le calme. Sauf que tout ce bazar continu à partir dans tous les sens et mon esprit aussi… Je veux du calme bordel !! Un sol plat et des murs qui ne font pas la grimace !! C’est trop demander ?! Sauf que oui, je suis au milieu d’un énorme trip au LSD donc en effet c’est trop demander… Et c’est là que je comprends que c’est justement le contrecoup de tout à l’heure, j’ai vécu un truc de ouf et maintenant faut en payer le prix… Bon et bien il va falloir jouer le jeu, j’ai envie de redescendre mais c’est juste pas possible, donc ça sert à rien de se lamenter, il faut faire face et accepter de prendre cher ; au sens propre.
Le bazar vient par vagues, à un moment c’est calme puis ça commence à monter, les hallus forment des boucles qui tournent en rond sur les murs, ça monte ça monte ça monte CA MONTE, CA EXPLOSE !! Bam dans la gueule ! Mais ça n’a rien à voir avec l’explosion de l’Univers de tout à l’heure, là c’est juste déguelasse, comme si la tête avait sauté ! Aie ça fait mal… Et puis ça recommence, et ça recommence ! AAAHHH j’ai l’impression de devenir fou là !! Je recommence à me sentir opprimé par l’ambiance cloitrée de la maison…
Je sens que tout le monde en pète, pas forcément de la même manière que moi, mais tout le monde en chie ça c’est sur… Surtout Lili qui se plaint assez régulièrement… On est trop entassé dans nos raisonnements, on ne peut pas s’empêcher de résoudre des problèmes dans nos têtes et la conversation tourne encore autour de ça, et tout le monde commence à être déprimé à cause de cette mémoire inexistante qui nous empêche de saisir le sens des conclusions auxquelles nous arrivons…
Finalement Arthur et Victor ressortent dehors pour aller fumer, ça fait moins de monde entassé les uns sur les autres, ça va de suite un peu mieux. C’est pas qu’ils me faisaient chier, loin de là, mais le fait d’être à 4 dans ce salon avec des idées qui fusent dans tous les sens était une composante importante du malaise qui s’était installé.
Du coup je parle avec Lili, forcément ça recommence à partir dans des raisonnements qui bouclent, mais vu qu’on est que deux on arrive à peu près à contenir le bordel malgré la mémoire qui se barre. Lili veut dessiner, elle dit que la vie ne sert à rien si on ne crée pas, si on ne partage pas. Yes c’est pas mal comme idée ça ! Ça la sort du ptit bad.
Elle commence à dessiner au crayon, instantanément des sortes de rails de lumières violets apparaissent et se déplacent sur ses traits ; ahah ça je connais ! Je les retrouve tout le temps ces trucs ! Le dessin est assez épique, les traits se baladent sur la feuille comme s’ils étaient posés sur de la glace et qu’on soufflerait dessus. J’essaye de rester le regard fixe sur le dessin sans cligner des yeux, rapidement les dimensions partent en couille et le crayon à papier forme des visions étranges, des créatures humanoïdes semblent danser dans la feuille, avant de se transformer en gigantesques motifs tribaux en 3D qui se mélangent les uns les autres. Je décroche et observe le papier, lol même le grain du papier forme des motifs !
Au final Arthur et Victor sont rentrés et on est reparti dans les infernales boucles de raisonnements à 4. Plus le temps passe et moins on parle, chacun se fait ses propres discours dans sa tête, parler est juste devenu beaucoup trop épuisant…. On en arrive au stade ou personne ne dit un mot pendant plus de 5min, tout le monde a le regard vague. Bon il est temps de se bouger et d’aller se coucher !
Sauf qu’il est une heure du mat, et qu’ya encore pas mal d’hallus partout et que le mental est encore bien en bordel ! Du coup on décide que, tant qu’à ne pas pouvoir dormir, autant faire des trucs utiles ! C’est ainsi qu’à une heure du mat et en pleine descente d’acide on a rangé la baraque .
On s’est couché vers 2h, et j’ai arreté de parler avec Lili vers 3h. Ensuite… rien ! Les visuels avaient tous disparus vers 4h je pense, mais c’était juste pas possible de dormir XD, du coup je suis resté allongé de 3h à 9h du mat sans rien faire, c’était juste horrible ! Je me suis rarement fait aussi chier, surtout que j’étais complètement exténué, que j’avais mal partout et que la simple respiration de Lili à côté de moi de rendait presque fou…
Conclusion :
Je pourrais conclure comme ça ::Oo:... Parce que j’ai tellement eu de mal à comprendre ce qu’il s’était passé que j’ai même hésité à faire un Tr, mais au final il y a tellement à en dire…
Déjà au niveau des raisonnements, j’en parle tout le temps et pourtant je n’en explicite que très peu. Tout simplement parce que j’ai dû en oublier les ¾ et que ceux dont je me souviens pourraient occuper un roman entier… je vais néanmoins reprendre les plus importants (à mon sens) un peu plus loin.
Pour commencer je dirais que ce trip a été le premier à répondre à mes attentes en termes d’expérience psychédélique ; j’ai toujours rêvé de vivre un truc de malade qui m’emmènerait aux frontières de la conscience, à la découverte de choses totalement inexplorées et qui me m’obligerait à repenser totalement notre monde. Eh bien on peut dire que j’ai été servi, et largement, même trop. C’était l’expérience la plus merveilleuse, la plus horrible et la plus étrange de ma vie ! Parce que bordel oui j’en ai chié !! Et les autres aussi ! La descente était tout simplement affreuse et le trip en lui-même était très très éprouvant, j’ai cru devenir fou une bonne dizaine de fois !
Néanmoins je ne regrette rien, si ce n’est que j’aurais peut-être pu retourner dehors avec Lili à la fin pour regarder les étoiles (avec des manteaux du coup ^^) au lieu de rien foutre dans mon lit pendant 6h… Et le fait de m’être fait avoir comme un bleu par la longue montée a finalement été bénéfique, quoique Lili n’a pris que 200µg et elle est parti aussi loin que nous, surement catalysée par l’ambiance générale.
Sinon ouais, j’ai été totalement abasourdis par la puissance du truc, jamais, JAMAIS, je n’aurai pu imaginer ça ! J’ai été une image, une forme, un flux de pensée ! J’ai été un jardin, j’ai vécu la renaissance du monde ! J’ai réalisé un des mes rêves : danser sous LSD sous le Soleil couchant, casque sur les oreilles et entourés par la vie elle-même !
En ce qui concerne l’espèce de big bang qui s’est produit, je ne pense pas que ce soit un processus de mort/renaissance, en tout cas ce n’étais pas vécu comme tel, ce n’était pas MA renaissance, c’était la reviviscence du monde. C’est en y repensant que je me suis posé la question, mais je ne pense pas qu’on puisse appeler ça comme ça, en tout cas ça correspond pas vraiment à ce que j’ai pu en lire. De toute façon ça n’a pas d’importante, l’important est que cette renaissance cosmique reste et restera surement le moment le plus intense de ma vie. Sorte de révélation ultime de mon existence au sein d’un Univers totalement interconnecté.
Au niveau des boucles de raisonnement alors… Bon déjà on peut dire que ça a bouclé sévère, genre très très sévère, m’enfin bref…
La première question qui m’a assez choqué pendant le trip relève de l’intérêt du LSD : pourquoi on a pris de l’acide ? Pour vivre ça, pour admirer la beauté de la nature, de la vie ! Mais alors ça veut dire qu’on est pas capable de faire ça sans acide ? Mmm… on a mis le doigt sur un truc là…
Eh bien en fait je pense que la société dans laquelle nous vivons nous «lobotomise» plus ou moins volontairement, mieux que la propagande durant la guerre, nous avons inventé l’auto propagande : les gens influent sur leur manière de penser eux même en cédant aux trucs débiles que la société propose. Ce n’est pas un raisonnement de conspirationiste anti reptilien, je suis pas là pour me la jouer hippie révolutioniste, c’est simplement une impression. Du coup, à force de passer notre temps dans nos villes, devant nos écrans, à lire des trucs complètements inutiles et à kiffer ça, on perd ce qui fait de nous des êtres humains, on coupe de plus en plus nos relations avec la nature, avec des concepts simples et véridiques, on n’est plus dans le vrai !
Et justement le LSD déformate, il prend le disque dur et vire tout ce qu’il y a dessus pendant l’espace de quelques heures (bon ça dépend du dosage et du set’n’setting hein). Du coup on se retrouve vierge, sans aucuns préjugés sur rien, on redevient des sortes d’enfants innocents. Du coup quand on va dehors et qu’on tombe dans la nature ? On se prend en pleine face ce dont on devrait se rendre compte tous les jours mais qui est plus ou moins masqué par cet espèce d’endoctrinement de merde qu’on vit au quotidien !
Du coup voilà pourquoi on (j’ai) prend (pris) du LSD : pour tout effacer, avoir un point de vue neuf sur la vie, et essayer de s’en souvenir, de conserver cette incroyable vision du monde pour la chérir et progresser dans la vie en essayant de rester proche de ces valeurs.
Ça m’amène sur le classique : « tout le monde devrait prendre du LSD un jour ! », et je ne suis pas vraiment d’accord, la vraie phrase serait : « tout le monde devrait vivre cette fantastique expérience un jour !» avec du LSD ou pas, mais oui le fond de l’idée est bel et bien réelle (après faut pas faire l’amalgame LSD = expérience transcendantale de ouf, il faut réunir pleins de conditions pour que ça fonctionne).
Le deuxième problème qui m’a marqué (parce qu’il est revenu super souvent dans les raisonnements et souvent en négatif) et celui du sens de la vie. Lili avait déjà partiellement répondu à cette question lors d’un ancien trip en disant : A quoi ça sert la vie ? La vie ça sert à être apprécié ! Ce qui est assez stylé comme conclusion je trouve ; mais il y a un côté qui boucle dans la phrase (réfléchissez-y deux minutes vous allez vite vous en rendre compte) qui me dérangeait un peu…
Ce qui est apparu cette fois ci durant le vie est que la vie EST une boucle ! On peut voir ça de différentes manières, on nait on vit et on meurt : boucle au niveau du retour physique à la terre. On peut aussi voir ça en mode : quoique je fasse dans ma vie je mourrais un jour, donc tout ce que je fais ne sert à rien, même si je laisse ma marque dans l’Histoire… Ou aussi en parlant du fait qu’on refait tous les jours à peu près la même chose qu’on a fait la veille etc…
Et c’est là qu’on en arrive au titre du Tr : la grande boucle ! Cette boucle on l’a faite tourner dans TOUS les sens pendant le trip ! Mais vraiment, elle nous a bien rendus nostalgique d’ailleurs... Et ce n’est que l’analyse post trip qui a pu révéler le sens du truc :
La vie n’a PAS de sens ! Quoiqu’on fasse on sera mort un jour, et donc tout ce qu’on aura fait durant notre vie s’arrêtera, tout simplement… MAIS dans tous les cas nous n’avons pas choisi de vivire ! Il reste alors deux choix : vivre ou se suicider. Mon choix est vite fait, la mort doit être tellement intéressante… Donc on a choisi de vivre, très bien. Reste un deuxième choix : être heureux ou pas ? Apprécier et absorber tout ce que la vie nous donne de bon ou alors passer son temps à se plaindre et à ronchonner dans sa barbe. Ca peut sembler étrange comme choix, choisir d’être heureux… mais durant toute ma vie j’ai réellement ressenti ça, et l’analyse post trip l’a réellement mis en lumière !
On rejoint donc la phrase de Lili mais sous un autre aspect : on peut essayer de tourner, tourner, tourner, dans la boucle pour en tirer quelque chose, ou alors on peut s’arrêter et ouvrir la boucle ! Je sais pas si c’est hyper clair, mais je commence à fatiguer moi là .
Tout ça pour dire que ce trip a été une tuerie, j’en suis ressorti totalement traumatisé, dans le bon sens du terme. J’ai jamais autant souffert, j’ai jamais autant été émerveillé, j’en ai jamais autant chié, j’ai jamais autant kiffé… Cette expérience nous a projetés dans des concepts qui dépassent totalement l’entendement de l’être Humain, que notre cerveau n’est pas capable de traiter puisqu’il a lui-même été créé par ces concepts (tient ça boucle encore), la mort, la vie, l’infinie, le sens des choses, l’existence même du futur, du passé etc… Et c’est pour ça qu’on en a autant chié, mais ce fut extrêmement enrichissant et ça m’a fait prendre conscience d’un paquet de trucs ! J’ai envie de découvrir le monde, voyager, rencontrer d’autres cultures, me confronter à la brutalité de la nature, m’émerveiller :heart: ! Ouais une mega perche à l’acide ça a un certain coté hippie quand même .
Take care, mangez des bananes et carpe diem !!
Je ne peux que confirmer, j’ai déjà un certain nombre d’expériences psychédéliques derrière moi, et j’en ai vu des fractales de malade et des boucles infernales ; mais rien, RIEN n’aurait pu me préparer au vortex psychédélique qui m’a englouti ce samedi après-midi. Voici le TR de la plus grande aventure de ma vie, le point culminant d’un intérêt pour les psychédélique qui a enfin trouvé son sens, et qui m’a laissé abasourdi par la puissance, la beauté et l’horreur qui me sont tombé dessus et qui resteront à jamais gravés en moi. rayer:Sludge a dit:Enfin j'imagine qu'on ne peut pas surestimer une très grosse perche à l'acide.
Voir la pièce jointe 12258
Ce TR est long, trop long, et ne relate néanmoins qu’une infime partie de l’incroyable expérience dont je ressors et qui m’aura profondément transformé. Mais bon, depuis le départ de Stylo on en a plus beaucoup des TR monstres, faut bien contre balancer ! Je remercie d’avance ceux qui en arriveront à bouts et j’espère qu’ils retireront quelque chose de positif de cette lecture. Je pense que le début du TR doit être assez fastidieux, les premières parties sont les moins intéressantes je trouve, le trip se révèle réellement au début de la partie «La danse solaire»
Je vous propose cette musique pour accompagner la lecture, faut aimer le style mais ça colle pas mal à l'ambiance du truc Final Epic Music Medley - YouTube
Set : Cela fait un peu plus d’un an que je n’ai pas pris de LSD, j’ai 3 trips à l’acide à mon actif : un premier à 250µ (lol) qui était assez intéressant mais manquait cruellement de sens, un deuxième à 150µg qui était assez magique, et un troisième à 250µg où en fait il n’y avait presque rien sur les toncars et où je me suis pas mal fait chier :tear:. Entre temps j’ai fait quelques trips fort sympathiques au 2c-e, mais j’ai toujours considéré le LSD bien au-dessus des autres psychédéliques que j’ai pu m‘approcher. Au final ça fait 5 mois que je n’ai pas trippé. Plutôt motivé pour ma 4eme rencontre avec Sir Lysergique donc :drool: !
Setting : Ma mère habite sur la même propriété que mon grand-père, à eux deux ils ont un immense jardin, et ce weekend ils se barrent tous les deux, l’occasion de faire mon premier trip en extérieur, en contact direct dans la nature. Ce côté m’attire beaucoup !
Moi et mes compagnons avons été assez déçus du dernier trip à l’acide qui s’était soldé par un échec pour cause de : presque pas de LSD sur les cartons... Du coup on a prévu un peu trop ce coup-ci, avec dans l’idée de redrop si on se reprend la même feinte, toujours ma source fiable qui nous garantit une assez bonne connaissance du dosage (sauf quand ça déconne comme la dernière fois ^^).
On sera 4 : Moi, Lili : ma copine qui n’est pas encore décidée sur le fait de tripper ou non ce coup-ci, Arthur : mon plus vieux compagnon de trip, et Victor : un très bon pote avec qui j’ai fait mes deux premiers trips à l’acide et que je n’ai pas vu depuis 9 mois.
Le TR : (Je vais essayer de passer rapidement sur les évènements d’avant le trip qui ne présentent que peu d’intérêt par rapport à la suite)
15h : Je vais chercher Arthur et Victor en voiture, Lili est aussi dans la bagnole. On arrive chez moi vers 15h30. Arthur met les buvards au frigo et on commence à parler de tout et de rien, surtout avec Victor que nous n’avons pas vu depuis un très long moment. Bonne synergie de groupe je trouve, ça s’annonce bien:+1:.
Par contre on remarque que mon oncle est chez mon grand-père, il y va des fois pour utiliser son ordinateur, on préfère attendre qu’il soir parti pour commencer…
16h50 : L’oncle est parti, Lili a décidé de tripper avec nous : c’est parti ! Comme moi et Arthur sommes assez rapide à monter (en théorie, bordel… vous allez comprendre…, Lili et Victor droppent maintenant tandis que je droperais dans 30min, histoire d’être syncro. Victor prend 300µg théorique et Lili 200µg.
17h20 : C’est le tour d’Arthur et moi, il prend 300 et moi 200, si jamais les toncars sont foirés et que les effets ne sont pas au rendez-vous il est prévu que tout le monde monte à 400µg théorique afin de tripper quand même:drool:.
Le LSD est toujours monté en flèche chez moi, au bout de 20min je me prend généralement un ascenseur dans la gueule et c’est partir pour Lysergic Land. Mais je n’aurai pas dû généraliser ce phénomène sur seulement 3 prises (dont une un peu foirée)…
En effet, je commence à ressentir les effets vers 17h50, mais c’est juste des décharges de dopamine et une certaine ivresse, rien de bien psychédélique. Par contre mes trois autres compagnons sentent bien le truc, Lili est carrément montée tandis que Victor et Arthur sont sur la bonne pente.
18h20 : Aucune évolution de mon côté, je suis bien défoncé, c’est tout… Tout le monde est perché sauf moi. Je me dis qu’il y a dû avoir une couille avec les buvards, du coup je redrop 200µg. Victor et Arthur redropent 100 (alors qu’ils étaient déjà bien, en mode bourrin un peu… tandis que Lili n’a pas envie de monter plus haut. On est donc à : moi 400, Lili 200, Victor 400, Arthur 400.
Through the acid gate
C’est là que tout bascule : trois minutes après avoir redrop 200µg je me prends une énorme poussée psychédélique en pleine face : MMEEERDE !! Je me suis fait avoir comme un abruti et j’ai redrop avant que le premier soit vraiment monté !! Oh bordel et ça envoie sévère en plus ! C’est du vrai 200µg ça !! Attend 2 secondes là… ça veut dire que j’ai pris 400µg réels :Oo: ?? Hum… Bon aller, le setting a la classe, ça va le faire… enfin j’espère…
Ça commence à partir en couille (une grande partie du trip a été enregistré, j’ai 3h de mémo vocaux sur mon portable ^^) :
Arthur : Faut augmenter le capital ! On a quoi comme capital pour l’instant ?
Victor : La Hongrie !
Moi : Ahah !! Eh mais attend… Mais c’est même pas une capitale ça !
Victor : Attend fallait pas prendre ça si tu voulais avoir des raisonnements absurdes ! Euu.. ; non des raisonnements logiques ! Enfin je sais plus…
Arthur : C’est pas ça le problème. Le problème c’est que ton serpent (ouais j’ai un serpent comme animal de compagnie
:heart, ben faut le vendre à quelqu’un !
Lili : Mais non !!! On le garde il est mignon !
Arthur : Ben alors il faut l’acheter !
Moi : Mais je l’ai déjà acheté !
Victor : Il peut pas rester là putain ?
Arthur : Ah mais… Ah mais vous faites de la rétention de capitaux ! Mais la mobilité des marchés bordel ?! Par exemple : si moi j’ai envie d’acheter un serpent par exemple ?
Lili : Oh putain jme fait bouffer par ta table !
Arthur : Eh ouais, ça c’est parce qu’elle appartient à l’état !
Moi : Mais non c’est ma table à moi !
Arthur : C’est parce que tu l’as racheté ! Faut racheter la table !
Moi : Mais tu veux tout acheter en fait ?!
Arthur : Ben non, enfin… Ah bordel yavait une histoire de serpent je crois ? Pourquoi je voulais acheter un serpent déjà ??
Victor : Pour faire bouger le marché je crois ! T’as pas des réflexions plus sympa pour le contexte acide non ?
Arthur : Je… euu… On a un problème… La musique !! (l’ipad commençait à jouer le morceau suivant, un peu dégueu)
Moi : Ah bordel elle est dégelasse !
Arthur : Bon attend faut que j’opère l’ipad, alors il doit être (il tombe sur le fond d’écran de l’ipad, une énorme fractale multicolore) Ah putain ! Ce truc-là est protégé par des dragons !!
Un pote m’appelle sur mon portable, je décroche tant bien que mal et lui explique à peu près la situation, il se marre et nous laisse :roll:. On ne peut plus s’arrêter de rigoler, tout le monde est écroulé dans son fauteuil/canapé et un simple mot déclenche des fous rires incontrôlables. Je reçois un sms de ma mère, il faut que je réponde, je me concentre et tente de formuler une réponse censée. Au milieu de l’écriture du sms, des centaines d’yeux s’ouvrent sur les lettres du sms, je regarde la pièce : le monde part totalement en couille dans un kaléidoscope géant ! Je fini tant bien que mal mon sms, du coup j’ai l’heure exacte des premières hallus : 18h37.
Le mental est complètement démentiel, je ne comprends plus RIEN ! Le cerveau est noyé sous des tonnes d’informations et la mémoire est partie en vacance… La conversation n’a plus aucun sens. On entre dans la parie du trip dont j’ai le moins de souvenir .
Toujours est-il qu’au bout d’un certain moment on décide d’aller dehors, tout le monde est d’accord sur ce point et on se bouge tant bien que mal. J’ai vraiment du mal à me rappeler ce qu’il s’est passé à ce moment-là, surtout au niveau des effets. On est arrivé devant la maison de mon grand-père pour s’éloigner des vrais voisins, un doute m’a pris et je me suis dirigé tout seul vers la cours. C’est à ce moment-là que j’ai vu la voiture de mon oncle:Oo:. Oh bordel !! Mais c’est pas normal, il était parti là !! Putain le con il est revenu ! Tout le monde se rapatrie chez moi et on ferme la porte, on est tellement perché qu’on pourrait se faire flag à 100m, alors c’est pas le moment de tomber sur l’oncle qui voudrait faire un tour dans le jardin !
Midfuck ? Vous avez dit mindfuck ?
Dès qu’on rentre dans la maison je me remets en question et me demande si j’ai vraiment vu la voiture ou si j’ai raconté n’importe quoi…
Du coup je laisse tout le monde dedans et je ressors seul. Je marche sur le chemin, le fait d’être seul me rend pleinement conscient de la puissance psychédélique qui m’a envahie. J’avance sur le chemin pendant ce qui me semble être une éternité, le monde pars dans tous les sens, le sol se dérobe sous mes pieds et se comporte comme un tapis roulant, me faisant reculer alors qu’en réalité j’avance. Les plantes se fractalisent et me regardent en agitant les bras, des lambeaux de lumières se détachent du ciel pour relier les nuages et les maisons voisines, ma vision pulse et vie, agité de ses propres raisonnements et décisions, sorte de synesthésie.
Je n’ai même plus le recul nécessaire pour exprimer le moindre petit « WTF», j’arrive devant la voiture de mon oncle, je la touche, je fais demi-tour. Au bout de 3 mètres je ne me rappelle plus si elle était vraiment là ou pas… Je me retourne, c’est là que je tombe sur des hallucinations mentales : des dizaines de Victors se tiennent devants moi, je ne les vois pas visuellement mais je ressens très fortement leur présence, je pourrais décrire leurs habits, leur coupe de cheveux . Ils se foutent de moi, me parlent dans des langues étranges et pointent la voiture de mon oncle avec leur doigts. Je suis en train de devenir fou !! Je ne sais même plus ce que je suis censé faire ici… Je m’approche de la voiture et prend soudain peur que mon oncle me voit. J’ai des projections mentales de tous mes compagnons, même de moi, qui regardent le ciel, me montrent du doigt et rigolent. Ma pensée se géométrise, mon esprit lui-même devient une fractale qui raisonne de manière parallèle.
C’est là que j’aperçois Lili, la vraie, qui cours vers moi en mode «bordel tu fous quoi depuis le temps ?», je lui dis que je crois que l’oncle est vraiment là, je me retourne encore une fois et pose mes yeux sur la voiture : « Oui c’est ça, il est là ». Je la suis tant bien que mal pour rentrer dans la maison.
On se retrouve donc enfermé à l’intérieur jusqu’à ce que l’oncle parte. Tout le monde est mort de rire, on ne peut plus s’arrêter de rigoler. Mais je ne ressens pas ça comme un rire naturel, c’est plus un poussée chimique incontrôlable et assez désagréable… Je me sens rapidement à l’étroit, je flippe un peu pour l’oncle, il suffit qu’il ait la bonne idée de vouloir utiliser ma photocopieuse pour qu’il vienne frapper à la porte aranoid: …
Le monde continue de partir complètement en couille, le salon n’est plus qu’un bordel hallucinatoire géant rempli d’yeux et de couleurs, où les dimensions se mélangent. Les objets proches apparaissent comme des motifs sur les objets lointains situés derrière eux, la table fusionne avec les magazines et les verres qui sont posés dessus, c’est comme si on fait peint le motif d’une bouteille sur le bois !
La configuration de la pièce n’arrange rien, tous les volets sont fermés sauf un seul par lequel entre d’immenses flots de lumières. La pièce tangue dans tous les sens, du coup j’ai l’impression d’être dans la cabine d’un bateau, un immense vaisseau psychédélique dont la seule fenêtre ouverte serait une sorte de hublot ouvert vers la mer. Une puissance infinie rayonne d’absolument PARTOUT, je mets mes mains devant moi pour me protéger, comme si j’étais en face d’une interminable explosion ; deux secondes après je me demande pourquoi j’ai les mains levées comme ça ? La mémoire n’existe plus, j’ai énormément de mal à me repérer dans l’espace, je ne comprends RIEN à la conversation, d’ailleurs je crois qu’au final celle-ci n’avait pas de sens, tout le monde prenait très cher à ce moment.
J’essaye de me rassurer en me disant que c’est justement pour vivre ça que j’ai pris de l’acide, sauf que tout ce bordel n’est pas productif du tout : ça ne m’apprend rien et ça me fait pas kiffer, donc au final j’attends juste dans mon coin qu’on puisse sortir dehors…
La musique est quand même pas mal, du Pink Floyd je crois, ça colle parfaitement à l’ambiance apocalyptique, le envolées de guitares sont assez géniales ! Ah ben voilà ça commence à devenir sympa ! Je ferme les yeux, une énorme spirale s’impose rapidement, j’avais l’habitude de différencier les visuels en 2D de ceux en 3D, mais là la puissance du trip m’en empêche totalement, du coup je suis même plus capable de dire si elle est collée à mes yeux ou plutôt en mode vision en 3D. Elle se déploie et se complexifie sur le rythme de la musique, changeant de couleur suivant les mouvements de la guitare, c’est juste magnifique :Oo:… La musique est très nostalgique, des larmes commencent à m’envahir les yeux, je sens l’extérieur qui m’appelle, j’ai envie de sortir ! Bordel j’ai pas pris de l’acide avec un setting qui pète pour faire comme les autres fois et rester assis dans mon coin à fermer les yeux putain !! Je veux voir le monde !!
Je me lève en catastrophe et ouvre la porte, je cours vers la cours de mon grand-père sans prêter attention à rien d’autre qu’à la voiture de mon oncle : où est-elle ?! Attend là, elle est plus là ? Ça veut dire qu’il est parti ?? YYYEEESSSSSSSSSSS !!!!!! Je reviens chez moi, manquant de défoncer la porte :
Victor : Eh mec qu’est ce qui t’as pris là ?
Moi : Mon oncle s’est barré ! On peut retourner dehors !!
Tout le monde me regarde… Avant de pousser un grand cri de victoire !! Je crois que tout le monde avait envie de sortir en fait. Victor se met à rouler un bédo et demande qu’on l’attende pour sortir, j’approuve le geste mais j’ai besoin d’être dehors, tout de suite maintenant ! Je prends donc mon casque et c’est parti pour la grande aventure en solitaire !
Au final on a dû rester entre 30min et une heure à l’intérieur avant de ressortir.
La danse solaire
Casque sur les oreilles, je sors dehors : libération ! Toutes les tensions se dissipent dès que je me retrouve baigné de la lumière du soleil ! Ah bon sang ça fait du bien ! Je commence à me diriger vers la cours, même chemin que lorsque j’aillais espionner la voiture de mon oncle. C’est à ce moment-là que je prends réellement conscience de mon état (alors qu’on doit être à T+2). «Je» n’existe plus, tout simplement, tout ce qui me caractérise en tant qu’être humain a disparu ; c’est absolument incroyable, j’avais déjà vécu une perte de l’égo sous LSD, mais le souvenir s’était atténué, et celle-ci va bien plus loin :Oo: ! J’ai une synesthésie TOTALE entre absolument TOUS les sens, si bien que l’esprit devint une sorte de flux visuel et tactile qui se déplace et change de forme en fonction des idées, des pensées, des envies. Je reste totalement abasourdi par ce que je suis en train de vivre, bordel c’est tellement incroyable, l’idée même de corps physique est aboli, seul le flux de pensées compte et guide mes pas, ses pas, ça commence à boucler…
Je ressens les connexions entre toutes les créatures vivantes, c’est comme si les plantes s’échangeaient des flots d’énergie et d’informations entre elles, et ce sur plusieurs mètres ! Je baigne donc dans un océan de courants énergétiques qui ondulent paisiblement, ce n’est pas visuel, c’est du ressenti mental, mais de toute façon la limite entre la vision et la pensée n’existe désormais plus. Je nage dans cet océan, perturbant les courants pour me permettre de progresser, ceux-ci s’enroulent autour de mon flux de pensée (c’est-à-dire moi, puisque c’est la seule chose qui me caractérise à cet instant) et me palpent de toute part :Oo:.
J’avance devant la maison de mon grand-père, le monde est juste SUBLIME ! Il n’y a pas un centimètre de mon champ de vision qui ne soit modifié par les hallucinations, déjà que j’ai un jardin plutôt sympa en temps normal alors là c’est le pied intersidéral ! L’herbe est très drôle, changeant de couleur et s’étirant vers le ciel. Je la remercie du spectacle qu’elle m’offre : «Eh salut l’herbe !». Elle me rend mon salut par un signe de la main, et d’énormes sourires se dessinent sur le sol, je réponds d’un grand éclat de rire, l’herbe fait la holà sur le rythme de la musique. «Eh salut les arbres ! Salut le ciel ! Salut la vie !!» :heart:
Je reste un moment à contempler la cour de mon grand-père, la musique sublime parfaitement toute cette beauté qui m’entoure et me porte dans mon voyage. Je décide de bouger et d’aller de l’autre côté de la maison, à la rencontre du soleil ! Je longe la haie qui se comporte comme une sorte de couloir infini et glacial… J’atteins alors le champ.
BOOOOOOOOOOOOOHHHH !!!!! :heart::Oo::heart: Le paysage est MAGNIFIQUE !!! L’astre du jour inonde de lumière tout ce qui m’entoure, les nuages sont en partie rouges à cause du coucher de Soleil qui commence, tout vie autour de moi, encore plus qu’avant ! Je tombe à genoux devant la puissance et la beauté qui m’entoure tandis que mon flux de pensée s’agite plus que jamais. Je reste un moment les yeux fermés à ressentir la beauté qui m’entoure et les incroyables flots d’énergies qui se mettent à m’entourer.
Voir la pièce jointe 12259
J’ouvre les yeux et me met à danser, la musique est sublime, le paysage est sublime. Bordel mec tu l’as enfin ton trip ultime à l’acide sous un magnifique coucher de Soleil :heart: ! Et c’est immensément plus impressionnant que tu ne l’as imaginé !! Je me laisse totalement posséder par la danse, j’agite les membres et tourne sur moi-même de la même manière que les danseurs de flow (le truc plutôt stylé où les mecs jonglent avec des sortes de bolas, pas du tout sur du nom) alors que je n’ai jamais pratiqué ce genre de danse. Rapidement les courants d’énergies s’enroulent autour de mon flux de pensée et de mon corps. Ainsi commence la plus grande valse de ma vie, je virevolte sur moi-même, créant une inertie sur les courants qui m’entourent, ceux-ci se mettent à tournoyer autour de moi en parfaite harmonie avec mes mouvements, mon flux de pensée s’enroule tel un serpent autour d’eux et échange de sensations avec les plantes d’où proviennent les énergies. Des rubans d’énergie colorée provenant des courants prennent place autour de mes bras et tournent autour en suivant mes mouvements, je jongle avec eux en un parfait balai psychédélique. Le temps et l’espace n’ont plus cours, la beauté et la vie sont les deux seules choses qui subsistent en ce monde, mon flux de pensé fusionne alors avec les courants d’énergies des êtres vivants qui m’entourent, je comprends les plantes, les insectes, je SUIS le jardin, VRAIMENT, et le jardin danse sous le Soleil couchant, rayonnant des flots de joie d’une profondeur incroyable ! rayer:
Tout disparait alors petit à petit… Le monde se rapetisse et il ne reste bientôt plus qu’un espace de vie et de lumière tendant vers l’infiniment petit, toute idée même de séparation entre «moi», le monde, la lumière, le futur, la musique, le temps, n’est même pas envisageable. Tout ne forme alors plus qu’un, une d’énergie pure, unie dans ce point de vie infernal ! L’Univers est réduit à son instant initial où tout n’était alors qu’un, défiant toutes les lois de la physique ! rayer:
C’est alors que tout explose, littéralement, BOOOOOOOMMMMM !!!!! La renaissance du monde, accouchant en des flots de lumières et de vies infinis, l’expansion de l’Univers en une fraction de seconde, et je suis cet Univers, cette vie, CES vies ! Projeté de toute pars, écartelé et rayonnant de joie à la fois ! Je décroche alors du monde, je redeviens moi, (enfin à peu près ^^) je m’écroule lourdement sur le sol. J’ai du mal à comprendre ce qu’il vient de se passer, à vrais dire je ne comprends rien, c’est comme si tout ce qui constituait le monde m’avait été enlevé et rendu après un passage dans une énorme machine à laver psychédélique… Bordel c’était quoi ? Bordel je suis qui ? Je suis où ? Mon flux de pensée (c’est-à-dire moi) erre entre sa propre existence et l’incroyable fusion qu’il vient de vivre. Ah ouais ça revient petit à petit… Ouf
La musique s’arrête et passe sur un truc que j’aime moins, du coup je décroche de cet état indescriptible pour la changer. Je ne recommence pas à danser, j’ai besoin de reprendre mes esprits… enfin d’essayer quoi, il s’est passé quoi bordel :Oo: ?! Je regarde aux alentours : l’herbe danse en agitant les bras vers moi, les arbres grandissent et rétrécissent en se tordant sur eux même, d’autres se multiplient en formant des formes complexes avec leurs branches, de vastes spirales fractaliennes se déploient dans le ciel tandis que la haie n’est plus qu’un mur kaléidoscopique vert rempli d’yeux…
Ah tiens c’est bizarre les nuages ne bougent pas trop eux… Aussitôt que cette pensée se forme (au sens littéral, la fusion pensée/visuel/toucher est toujours autant présente) les nuages se modifient et se relient entre eux en formant un étrange complexe gris/rouge dans le ciel. Un énorme vaisseau se crée sous mes yeux ébahis, les arbres tendent leurs branches multicolores vers lui, l’herbe grandie elle aussi, comme si elle voulait d’arracher du sol pour rejoindre la construction nuageuse. J’ai l’impression que c’est le vaisseau originel de toute chose, comme s’il était temps de retourner à la source, la nature veux rentrer chez elle… La musique correspond particulièrement à l’ambiance onirique qui s’installe… OH BORDEL !! Le nom de la musique !! C’est « Return to the origin » !! Le subconscient a reconnu le truc et a orienté les visuels dans ce sens ! C’est juste trop stylé ! Bon sang ce truc n’a décidément pas fini de me surprendre ! Des centaines de petits points lumineux se détachent progressivement du sol et s’envolent vers le ciel… J’agite la main pour faire un signe à l’aéronef , sans réponse évidement. :roll:
Aller c’est reparti pour la danse ! Je retrouve rapidement les serpentins lumineux avec lesquels je me remets à jongler, j’essaye de réaliser des figures de plus en plus complexes. Je me rends rapidement compte que leur trajectoire ne dépend pas entièrement de mes mouvements physique, mais également des déplacements et entrelacements de mon flux de pensée (ouais c’est pas évident à comprendre, et ça ne fait que commencer ^^). J’expérimente donc cette dualité de danse et parviens à des résultats plutôt sympathiques, créant un splendide ballet mental multicolore.
C’est alors que j’entends derrière la musique trois voix qui me sont familières.
Ça aurait pu être pire
Je me retourne et aperçois mes compagnons au loin. Bordel mais ils sont combien ? J’ai l’impression que la moitié de la ville se ramène chez moi. Puis ils passent derrière un arbre et ressortent à trois. Ah parfait, petit coup de flip quand même…
Victor me salut, bédo en main. Je me retourne, dévoilant le magnifique coucher de Soleil :
Moi : Vous savez quoi ? Vous arrivez au bon moment !
Victor : Oh putain !
Lili : C’est trop classe !
Arthur : C’est clair que…
Moi : …ça aurait pu être pire.
Je suis tout emballé par le fait de pouvoir partager cette splendide vue, et elle a l’air de leur faire le même effet qu’à moi :
Victor : Nan mais mec c’est n’importe quoi ! Putain jcrois que j’ai jamais eu un trip aussi visuel ! Vous le voyez le… tout quoi !
Arthur : Il y en a moulte !
Victor : Ouais ça va on en est tous au même stade au moins…
Je me rapproche de Lili, au milieu de mes compagnons subjugués par le paysage. Les pensées défilent à une vitesse ahurissante, la conversation prend une tournure intrigante :
Arthur : Non mais le bordel de l’herbe est assez impressionnant quand même !
Moi : C’est clair qu’elle a rarement été aussi balèze !
Lili : De quoi ?
Victor : Ben l’herbe !
Arthur : Hu ? Mais qui a parlé de l’herbe ?!
Moi : Ben toi !
Lili : Mais yavait un but particulier à parler de l’herbe ?
Victor : Déjà est ce qu’il y a un but à parler ?
Lili : Ben…
Arthur : Ca fait tourner le truc quoi, après le problème vient du fait que quand ça dépasse les mots il faut cloner l’esprit, et ça sera pas fait avant un moment…
Moi : Ben suffit d’attendre alors !
Victor : Ah ben ouais carrément ! Ben voilà on a résolu le problème alors !
Lili : Ouais… mais c’était quoi le problème déjà ?
Victor : Oh bordel…
Moi : Merde…
Le couplage du flux mental prend une tournure ahurissante : alors que pendant ma phase solo les idées en elles-mêmes étaient plutôt clames et paisible, ici l’inverse s’installe. Mon flux de pensée se déplace de plus en plus vite, donnant naissance à des centaines de résonnements, problèmes, solutions, points de vue différents en quelques instants. A cet instant nous vivons TOUS la même chose.
Une synergie INCROYABLE se crée alors entre nous ! Le temps et l’espace s’effacent peu à peu (comme lors de la danse, mais de manière très différente). Seul subsistent les questions, le raisonnement ! Induit par la fusion visuelle/mentale/tactile, mon flux de pensée (c’est-à-dire moi !) se contorsionne, change de couleur, se démultiplie.
Une idée entraine une question, en une fraction de seconde la pensée envisage tous les points de vue possibles et imaginables, ceux-ci se contredisent tous, un point de vue final remporte la joute et domine les autres, il entraine alors une ouverture vers un problème plus global qui a besoin de se baser sur d’autres informations élémentaires pour être résolut. Sauf que le temps de trouver ces informations, l’idée du problème initial a disparu dans les méandres de l’inexistence de la mémoire…
Pour ne rien arranger, mon flux de pensée fusionne avec la conversation elle-même (WTF ?!). C’est-à-dire que la spirale géante de raisonnement qui tourne dans ma tête est similaire à la conversation qui tourne autour de moi (quand je dis «tourner» c’est pas uniquement une image ^^). Du coup je ne sais pas si les idées et les raisonnements se passent dans ma tête ou bien autour de moi.
Ma copine a bien résumé le truc dans un message qu’elle m’a envoyé après le trip :
« Dans le jardin ce qu’on disais correspondait tellement à ce que je pensais que j’avais l’impression de parler toute seule ou de faire de la télépathie»
Chacun vie alors la conversation comme un chant de son propre mental, ce qui donne lieu à des interprétations complètements loufoques, mais qui font tout de même avancer le truc. Pour vous donner une idée ça donne ça des fois :
(gros blanc)
Lili : Bon sang…
Moi : A ce point-là ?
Victor : Peut-être…
Lili : Aie aie aie…
Arthur : Ah !
Moi : Oui oui…
Arthur : Tu crois ?
Lili : Mouais…
Victor : OH PUTAIN OUI !!!! Bordel mais vous avez tellement raisons les gens !!!
Moi : Ah ouais c’est énorme en fait !!!!
Victor : Eh mais on touche un truc de ouf là !!!
Moi : OUAAAIISS !!
Victor : Mais on parle de quoi ?
Lili : Euu…
Arthur : Roh putain…
Victor : Aie aie…
Moi : Ca me rappelle vaguement un truc ça…
Lili : Vous croyez qu’elles en ont marre les vagues de se casser contre la cote ?
Arthur : Pas bête ! Faut poser une étude, passer une annonce pour des interviews, tout ça…
Victor : Si ça se trouve elles s’en foutent…
Lili : Qui ça ?
Arthur : Ben les vagues…
Moi : Ah oui ! Mais ça recoupe un peu le sens de la vie quand même, comment interpréter positivement le fait de se casser la gueule contre de rochers toute la journée ?
Victor : Si ça se trouve elles kiffent bien !
Lili : Ouais ça peut être comme un énorme parc d’attraction, et les manèges c’est la plage !
Les sujets abordés tournent en s’enchainent sans aucune logique, mais chacun est porteur d’un sens inouï ! (quoi vous êtes pas compatissant envers les vagues ? Bandes de sans cœurs). Les thèmes tournent, s’en vont et reviennent de manière fractale (phénomène qui semble grandement intéresser Arthur). C’est le seul moment du trip où je n’étais pas en train d’enregistrer, et pourtant j’aurai tellement du… L’esprit rebondit d’idée en idée à une vitesse folle, le flux de pensée voit les 6 idées suivantes qui vont arriver et les saute pour arriver directement à la 7eme, du coup il n’a pas besoin de les calculer pour avancer. Sauf que pour les «voir» il a justement besoin de les calculer. Donc il les calcule pour ne pas avoir besoin de les calculer… AAAAAAHHHH !!! Ça boooouuuucle !!!
En fait TOUT boucle ! Les trois quarts des raisonnements se mordent la queue et ne se laissent pas déboucler facilement : genre pourquoi les gens rejettent certaines personnes ? Hop pif pam pouf l’esprit choisit comme réponse : car les gens craignent ces personnes… Mais pourtant ils n’ont aucune raison de les craindre ! Oui mais ils ne le savent pas car ils ne les connaissent pas ! Oui mais si ils les rejettent ils ne risquent pas de les connaitre ! Donc en fait ils créent eux même leurs propres peurs !
Le pire restant les raisonnements qui bouclent car la réponse entraine un questionnement sur le raisonnement lui-même ! Genre quand on tient la réponse on se dit : ah mais alors la question ne servait à rien ! Oui mais si j’avais pas posé la question je n’aurai pas pu en conclure qu’elle ne sert à rien ! Donc elle sert à quelque chose ! Mais à quoi alors ? Ben elle sert à savoir qu’elle ne sert à rien ! Mais WTF BORDEL ?????!!!!!!
La notion d’instant présent n’a jamais été aussi claire et limpide, le monde ne se résume qu’à deux chose : le magnifique paysage devant moi, et la forme et les couleurs de mon flux de pensée (avec toutes les idées et raisonnements qu’il exprime à cet instant). Le monde est un pastel incroyable de couleurs et de formes qui s’entremêlent : les nuages se muent en des visages de femmes allongées, en perpétuel mouvement. L’herbe est traversée par des courants de couleurs, elle s’organise également de manière à former des motifs tribaux bien connus sur le sol. Les arbres gonflent et dégonflent, projetant leurs branches tentaculaires vers le ciel avant de fusionner l’espace d’un instant avec celui-ci. Une volée d’oiseaux me survole, instantanément suivi par des centaines de petits points violets qui virevoltent sur leur passage. Je suis toujours baigné dans ces immenses courants d’énergies qui nous entourent, mais la conversation crée également ses propres courants ! Ceux-ci se déplacent entre nous, je les sens toucher mon flux de pensée, DEVENIR mon flux de pensée avant de repartir vers mes compagnons…
Mais tout n’est pas tout rose au pays de Monsieur-je-trippe-sous-le-Soleil. Le flux de pensée se contorsionne donc sans cesse, JE me contorsionne mentalement ; je me fractalise en des centaines de points de vue différents qui se contredisent tous avant de cesser d’exister. Le phénomène me fascine et me terrorise en même temps, c’est à la fois absolument insupportable à vivre et parfaitement génial ! Encore une dualité qui se combat… Tout ce qui est sur c’est que je prend cher, très cher… Surtout qu’une bonne partie de la conversation tourne autour de sujet vachement profonds comme le sens de la vie, et qu’on arrive rapidement à la conclusion que la vie n’a pas de sens… sauf que quand on est face à un magnifique coucher de Soleil c’est pas évident d’être d’accord avec ce point de vue, mais le temps d’arriver à expliquer qu’on est pas d’accord on a déjà tout oublié…
Le langage est également une énorme source de frustration ! C’est juste super chaud de parler, d’arriver à canaliser ce putain de flux en une phrase compréhensible ! Le problème c’est que justement on a trop d’informations à échanger !! Du coup on bugge toutes les 3 secondes, c’est juste trop chiant… Et puis la conversation prend souvent des tournant pas très très glops :
Victor : Putain c’est juste magnifique tout ça…
Moi : J’avoue… tu le sens bien passer le… la beauté de la vie là !
Lili : Mais… mais du coup c’est le LSD qui nous montre ça ? Ça veut dire qu’on peut pas trouver la vie belle ?
Arthur : Mais non… C’est juste que le LSD c’est fait pour ça ! Enfin je veux dire… je sais pas trop…
Lili : Pourquoi on prend du LSD du coup ?!
Victor : Ben ptetre pour vivre ça non ? Je…
Lili : Ouais mais si vivre ça nous amène à nous demander pourquoi on en prend ça fait un peu…
Victor : Pff ça boucle encore !
Moi : Rien que le fait de prendre de l’acide est une énorme boucle au final…
Arthur : Mouais…
Moi : Ouais non t’as raison, c’est pas hyper optimiste comme raisonnement ça…
Lili : Doit y avoir moyen de creuser le truc, on est pas à la fin de l’idée là !
Victor : La fin… la fin…
Moi : La fin de toute chose…
Arthur : …ici et maintenant…
Victor : Quoi ?!
Moi : Bordel c’était dans ma tête ça ou pas ?!
Arthur : Qui a dit ça ?!
Lili : Mais toi !
Victor : Nan mais on parlait de quoi à la base ??
Moi : Pff on sait plus…
Voilà, c’est cette espèce de frustration, de blocage, qui me perturbe tant ; les raisonnements sont hyper profonds (encore plus dans ma tête que dans la conversation, mais il est impossible de se souvenir de tout… mais impossible à creuser… Enfin si, ils sont poussés au maximum durant l’instant qui suit leur apparition, mais l’instant d’après ils n’existent plus… Ça continue dans le même style pendant un long moment, tout le monde est subjugué par la beauté du paysage et des hallus, et en même temps complètement démonté, écartelé, par le coté mental omniprésent…
Il commence à faire de plus en plus sombre, il doit être 22h. Je regarde le sol : le blanc des pâquerettes ressort vachement par rapport à la noirceur de l’herbe. En fixant le sol les fleurs se transforment peu à peu en des dizaines de minuscules méduses bleues claires qui agitent leurs petits tentacules dans le vide à mes pieds. Poooh c’est vachement poétique quand même !
Même si on prend cher on est totalement absorbé par la beauté du truc ; on finit par tous se tenir par les épaules, le regard rivé sur le Soleil couchant. Forcément je me sens complètement chelou, mais il y a une émotion qui domine les autres, par-dessus tout je me sens vivant !! Et à cet instant je sais que chacun d’entre nous vit un moment incroyable de notre vie, qui restera à jamais gravé en nous… Une chose est sure : ça aurait pu être pire !
Victor et Lili croient apercevoir un lapin au fond du champ, j’ai beau regarder je me demande comment ils font pour y voir quelque chose dans ce bordel d’hallus. Arthur se fout de leur gueule, le débat commence sur l’existence du lapin, perso je veux bien les croire mais bon… Arthur demande qu’on lui prouve qu’il y a bien un lapin, on propose un système qui puisse démontrer l’existence ou la non existence de l’animal, lol ça devient un peu nawak tout ça…
On finit par avoir froid moi et Lili, il est 22h30, tout le monde se met d’accord pour rentrer à l’intérieur. Je jette un dernier regard sur le Soleil mourant et c’est parti pour la chaleur accueillante de la maison !
Après avoir traversé la moitié du jardin dans le noir (c’était assez hardcore d’ailleurs) on arrive dans le salon, aaahhh ici au moins il fait chaud ! On ferme les volets et on se pose dans les canapés
Toute chose a un prix
Ça fait du bien d’être au chaud ! On rallume la musique et la discussion continue. Malheureusement le coucher de Soleil n’est plus là, les tournants assez badants des raisonnements se font de plus en plus sentir, on commence sérieusement à prendre très cher… Je commence à descendre, la fusion qui crée le flux de pensée se fait légèrement moins forte, mais elle engendre toujours les mêmes problèmes.
La mémoire est toujours très très fugace, parler demande beaucoup de concentration et m’épuise, je suis épuisé, et pourtant on n’est qu’à T+5… Lili en a marre et demande si on est pas censé redescendre à un moment donné ; on lui répond que oui mais que c’est pas pour tout de suite... Puis 2min après elle demande si c’est normal de pas redescendre, et elle rerepose la question quelques secondes après. Oula je sens que ça tourne mal tout ça, je la prends dans mes bras et lui demande ce qui ne va pas, elle me dit qu’elle en sait rien, quelle a froid, qu’elle en a marre, qu’elle veut aller se coucher… Moi aussi j’aimerai bien que tout s’arrête maintenant, les hallus sont assez moches, j’ai un peu mal au cœur, j’ai mal au bide, j’ai mal à la mâchoire, je suis complètement crevé…
Cette fatigue est déjà bien chiante, mais en plus on continu à poser des raisonnements sur tout et n’importe quoi… J’essaye d’expliquer un truc géométrique à Victor et me surprend à pouvoir créer des hallus mentales à volonté : je veux un carré, et hop un carré apparait sur la table ; ce n’est pas visuel, je ressens le carré ! C’est assez génial pour expliquer des concepts, le seul problème c’est que personne d’autre ne peut voir le truc, mais bon XD. La conversation continue à nous mettre des feintes :
Lili : Tu fais quoi ?
Victor : J’envoie un sms à ma copine
Moi : Bordel t’as vraiment la foi pour écrire un sms quand même…
(gros blanc d’une minute)
Lili : Mais c’était quoi la question ?
Victor : Hein ? Ya pas de question
Moi : C’est toi la question en fait
Arthur : Euu… Ouais non Tisalut t’as merdé là, ya un problème de pointeur objet dans ta phrase, c’est déguelasse, faut revoir tous tes arguments là !
Lili : Quoi ??
Moi : Non ce que je voulais dire c’est que la dernière question c’est toi qui l’as posé en fait !
Lili : Ah ! Et c’était quoi ?
Arthur : Le sms de Victor je crois
Lili : Ah !! Mais… mais pourquoi…
Victor : Oh non plus de pourquoi s’il vous plait, on en a assez eu des pourquoi….
J’ai vraiment pris une énorme claque dans la gueule tout à l’heure, et j’aimerais pouvoir me poser pour réfléchir à tout ça dans le calme. Sauf que tout ce bazar continu à partir dans tous les sens et mon esprit aussi… Je veux du calme bordel !! Un sol plat et des murs qui ne font pas la grimace !! C’est trop demander ?! Sauf que oui, je suis au milieu d’un énorme trip au LSD donc en effet c’est trop demander… Et c’est là que je comprends que c’est justement le contrecoup de tout à l’heure, j’ai vécu un truc de ouf et maintenant faut en payer le prix… Bon et bien il va falloir jouer le jeu, j’ai envie de redescendre mais c’est juste pas possible, donc ça sert à rien de se lamenter, il faut faire face et accepter de prendre cher ; au sens propre.
Le bazar vient par vagues, à un moment c’est calme puis ça commence à monter, les hallus forment des boucles qui tournent en rond sur les murs, ça monte ça monte ça monte CA MONTE, CA EXPLOSE !! Bam dans la gueule ! Mais ça n’a rien à voir avec l’explosion de l’Univers de tout à l’heure, là c’est juste déguelasse, comme si la tête avait sauté ! Aie ça fait mal… Et puis ça recommence, et ça recommence ! AAAHHH j’ai l’impression de devenir fou là !! Je recommence à me sentir opprimé par l’ambiance cloitrée de la maison…
Je sens que tout le monde en pète, pas forcément de la même manière que moi, mais tout le monde en chie ça c’est sur… Surtout Lili qui se plaint assez régulièrement… On est trop entassé dans nos raisonnements, on ne peut pas s’empêcher de résoudre des problèmes dans nos têtes et la conversation tourne encore autour de ça, et tout le monde commence à être déprimé à cause de cette mémoire inexistante qui nous empêche de saisir le sens des conclusions auxquelles nous arrivons…
Finalement Arthur et Victor ressortent dehors pour aller fumer, ça fait moins de monde entassé les uns sur les autres, ça va de suite un peu mieux. C’est pas qu’ils me faisaient chier, loin de là, mais le fait d’être à 4 dans ce salon avec des idées qui fusent dans tous les sens était une composante importante du malaise qui s’était installé.
Du coup je parle avec Lili, forcément ça recommence à partir dans des raisonnements qui bouclent, mais vu qu’on est que deux on arrive à peu près à contenir le bordel malgré la mémoire qui se barre. Lili veut dessiner, elle dit que la vie ne sert à rien si on ne crée pas, si on ne partage pas. Yes c’est pas mal comme idée ça ! Ça la sort du ptit bad.
Elle commence à dessiner au crayon, instantanément des sortes de rails de lumières violets apparaissent et se déplacent sur ses traits ; ahah ça je connais ! Je les retrouve tout le temps ces trucs ! Le dessin est assez épique, les traits se baladent sur la feuille comme s’ils étaient posés sur de la glace et qu’on soufflerait dessus. J’essaye de rester le regard fixe sur le dessin sans cligner des yeux, rapidement les dimensions partent en couille et le crayon à papier forme des visions étranges, des créatures humanoïdes semblent danser dans la feuille, avant de se transformer en gigantesques motifs tribaux en 3D qui se mélangent les uns les autres. Je décroche et observe le papier, lol même le grain du papier forme des motifs !
Au final Arthur et Victor sont rentrés et on est reparti dans les infernales boucles de raisonnements à 4. Plus le temps passe et moins on parle, chacun se fait ses propres discours dans sa tête, parler est juste devenu beaucoup trop épuisant…. On en arrive au stade ou personne ne dit un mot pendant plus de 5min, tout le monde a le regard vague. Bon il est temps de se bouger et d’aller se coucher !
Sauf qu’il est une heure du mat, et qu’ya encore pas mal d’hallus partout et que le mental est encore bien en bordel ! Du coup on décide que, tant qu’à ne pas pouvoir dormir, autant faire des trucs utiles ! C’est ainsi qu’à une heure du mat et en pleine descente d’acide on a rangé la baraque .
On s’est couché vers 2h, et j’ai arreté de parler avec Lili vers 3h. Ensuite… rien ! Les visuels avaient tous disparus vers 4h je pense, mais c’était juste pas possible de dormir XD, du coup je suis resté allongé de 3h à 9h du mat sans rien faire, c’était juste horrible ! Je me suis rarement fait aussi chier, surtout que j’étais complètement exténué, que j’avais mal partout et que la simple respiration de Lili à côté de moi de rendait presque fou…
Conclusion :
Je pourrais conclure comme ça ::Oo:... Parce que j’ai tellement eu de mal à comprendre ce qu’il s’était passé que j’ai même hésité à faire un Tr, mais au final il y a tellement à en dire…
Déjà au niveau des raisonnements, j’en parle tout le temps et pourtant je n’en explicite que très peu. Tout simplement parce que j’ai dû en oublier les ¾ et que ceux dont je me souviens pourraient occuper un roman entier… je vais néanmoins reprendre les plus importants (à mon sens) un peu plus loin.
Pour commencer je dirais que ce trip a été le premier à répondre à mes attentes en termes d’expérience psychédélique ; j’ai toujours rêvé de vivre un truc de malade qui m’emmènerait aux frontières de la conscience, à la découverte de choses totalement inexplorées et qui me m’obligerait à repenser totalement notre monde. Eh bien on peut dire que j’ai été servi, et largement, même trop. C’était l’expérience la plus merveilleuse, la plus horrible et la plus étrange de ma vie ! Parce que bordel oui j’en ai chié !! Et les autres aussi ! La descente était tout simplement affreuse et le trip en lui-même était très très éprouvant, j’ai cru devenir fou une bonne dizaine de fois !
Néanmoins je ne regrette rien, si ce n’est que j’aurais peut-être pu retourner dehors avec Lili à la fin pour regarder les étoiles (avec des manteaux du coup ^^) au lieu de rien foutre dans mon lit pendant 6h… Et le fait de m’être fait avoir comme un bleu par la longue montée a finalement été bénéfique, quoique Lili n’a pris que 200µg et elle est parti aussi loin que nous, surement catalysée par l’ambiance générale.
Sinon ouais, j’ai été totalement abasourdis par la puissance du truc, jamais, JAMAIS, je n’aurai pu imaginer ça ! J’ai été une image, une forme, un flux de pensée ! J’ai été un jardin, j’ai vécu la renaissance du monde ! J’ai réalisé un des mes rêves : danser sous LSD sous le Soleil couchant, casque sur les oreilles et entourés par la vie elle-même !
En ce qui concerne l’espèce de big bang qui s’est produit, je ne pense pas que ce soit un processus de mort/renaissance, en tout cas ce n’étais pas vécu comme tel, ce n’était pas MA renaissance, c’était la reviviscence du monde. C’est en y repensant que je me suis posé la question, mais je ne pense pas qu’on puisse appeler ça comme ça, en tout cas ça correspond pas vraiment à ce que j’ai pu en lire. De toute façon ça n’a pas d’importante, l’important est que cette renaissance cosmique reste et restera surement le moment le plus intense de ma vie. Sorte de révélation ultime de mon existence au sein d’un Univers totalement interconnecté.
Au niveau des boucles de raisonnement alors… Bon déjà on peut dire que ça a bouclé sévère, genre très très sévère, m’enfin bref…
La première question qui m’a assez choqué pendant le trip relève de l’intérêt du LSD : pourquoi on a pris de l’acide ? Pour vivre ça, pour admirer la beauté de la nature, de la vie ! Mais alors ça veut dire qu’on est pas capable de faire ça sans acide ? Mmm… on a mis le doigt sur un truc là…
Eh bien en fait je pense que la société dans laquelle nous vivons nous «lobotomise» plus ou moins volontairement, mieux que la propagande durant la guerre, nous avons inventé l’auto propagande : les gens influent sur leur manière de penser eux même en cédant aux trucs débiles que la société propose. Ce n’est pas un raisonnement de conspirationiste anti reptilien, je suis pas là pour me la jouer hippie révolutioniste, c’est simplement une impression. Du coup, à force de passer notre temps dans nos villes, devant nos écrans, à lire des trucs complètements inutiles et à kiffer ça, on perd ce qui fait de nous des êtres humains, on coupe de plus en plus nos relations avec la nature, avec des concepts simples et véridiques, on n’est plus dans le vrai !
Et justement le LSD déformate, il prend le disque dur et vire tout ce qu’il y a dessus pendant l’espace de quelques heures (bon ça dépend du dosage et du set’n’setting hein). Du coup on se retrouve vierge, sans aucuns préjugés sur rien, on redevient des sortes d’enfants innocents. Du coup quand on va dehors et qu’on tombe dans la nature ? On se prend en pleine face ce dont on devrait se rendre compte tous les jours mais qui est plus ou moins masqué par cet espèce d’endoctrinement de merde qu’on vit au quotidien !
Du coup voilà pourquoi on (j’ai) prend (pris) du LSD : pour tout effacer, avoir un point de vue neuf sur la vie, et essayer de s’en souvenir, de conserver cette incroyable vision du monde pour la chérir et progresser dans la vie en essayant de rester proche de ces valeurs.
Ça m’amène sur le classique : « tout le monde devrait prendre du LSD un jour ! », et je ne suis pas vraiment d’accord, la vraie phrase serait : « tout le monde devrait vivre cette fantastique expérience un jour !» avec du LSD ou pas, mais oui le fond de l’idée est bel et bien réelle (après faut pas faire l’amalgame LSD = expérience transcendantale de ouf, il faut réunir pleins de conditions pour que ça fonctionne).
Le deuxième problème qui m’a marqué (parce qu’il est revenu super souvent dans les raisonnements et souvent en négatif) et celui du sens de la vie. Lili avait déjà partiellement répondu à cette question lors d’un ancien trip en disant : A quoi ça sert la vie ? La vie ça sert à être apprécié ! Ce qui est assez stylé comme conclusion je trouve ; mais il y a un côté qui boucle dans la phrase (réfléchissez-y deux minutes vous allez vite vous en rendre compte) qui me dérangeait un peu…
Ce qui est apparu cette fois ci durant le vie est que la vie EST une boucle ! On peut voir ça de différentes manières, on nait on vit et on meurt : boucle au niveau du retour physique à la terre. On peut aussi voir ça en mode : quoique je fasse dans ma vie je mourrais un jour, donc tout ce que je fais ne sert à rien, même si je laisse ma marque dans l’Histoire… Ou aussi en parlant du fait qu’on refait tous les jours à peu près la même chose qu’on a fait la veille etc…
Et c’est là qu’on en arrive au titre du Tr : la grande boucle ! Cette boucle on l’a faite tourner dans TOUS les sens pendant le trip ! Mais vraiment, elle nous a bien rendus nostalgique d’ailleurs... Et ce n’est que l’analyse post trip qui a pu révéler le sens du truc :
La vie n’a PAS de sens ! Quoiqu’on fasse on sera mort un jour, et donc tout ce qu’on aura fait durant notre vie s’arrêtera, tout simplement… MAIS dans tous les cas nous n’avons pas choisi de vivire ! Il reste alors deux choix : vivre ou se suicider. Mon choix est vite fait, la mort doit être tellement intéressante… Donc on a choisi de vivre, très bien. Reste un deuxième choix : être heureux ou pas ? Apprécier et absorber tout ce que la vie nous donne de bon ou alors passer son temps à se plaindre et à ronchonner dans sa barbe. Ca peut sembler étrange comme choix, choisir d’être heureux… mais durant toute ma vie j’ai réellement ressenti ça, et l’analyse post trip l’a réellement mis en lumière !
On rejoint donc la phrase de Lili mais sous un autre aspect : on peut essayer de tourner, tourner, tourner, dans la boucle pour en tirer quelque chose, ou alors on peut s’arrêter et ouvrir la boucle ! Je sais pas si c’est hyper clair, mais je commence à fatiguer moi là .
Tout ça pour dire que ce trip a été une tuerie, j’en suis ressorti totalement traumatisé, dans le bon sens du terme. J’ai jamais autant souffert, j’ai jamais autant été émerveillé, j’en ai jamais autant chié, j’ai jamais autant kiffé… Cette expérience nous a projetés dans des concepts qui dépassent totalement l’entendement de l’être Humain, que notre cerveau n’est pas capable de traiter puisqu’il a lui-même été créé par ces concepts (tient ça boucle encore), la mort, la vie, l’infinie, le sens des choses, l’existence même du futur, du passé etc… Et c’est pour ça qu’on en a autant chié, mais ce fut extrêmement enrichissant et ça m’a fait prendre conscience d’un paquet de trucs ! J’ai envie de découvrir le monde, voyager, rencontrer d’autres cultures, me confronter à la brutalité de la nature, m’émerveiller :heart: ! Ouais une mega perche à l’acide ça a un certain coté hippie quand même .
Take care, mangez des bananes et carpe diem !!