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Il semble que le "2C-T" (selon la terminologie d'Alexander Shulgin dans "PiHKAL") n'ait pas encore fait l'objet d'un compte-rendu ici et c'est avec un plaisir certain que je viens en rendre compte 48h après avoir rejoint vos rangs.
Merci aux éclaireurs de RC, 5tr4t0 et williamsii, pour leurs utiles indications à cet effet. Chapeau notamment au premier : pour un "post [qui] n'a pas vocation à verser dans l'exhaustivité", on en est pourtant vraiment pas loin ! ;-D De manière générale, je suis épaté de la qualité des contributions des psychonautes francophones ; le niveau rédactionnel est élevé : ça fait carrément 30 ans que je forumise à tout va et je suis assez rarement tombé sur une communauté parvenue à un tel bon équilibre (volonté de contribuer substantiellement et clairement, sans pour autant tomber dans la frime conflictuelle, "j'écris mieux que les autres", "je pense/sais mieux que toi"). Bravo, et mine de rien, ça a du sens, ça dit que ceux qui aiment les expérimentations avec les substances psychoactives savent en faire bon usage dans le grand processus de construction de soi, dans le partage de connaissances et dans la relation positive et engagée à l'autre. Allez, à moi de turbiner :
1 - Identification de la molécule et considérations de nomenclature
Mon CR porte sur le 2,5-dimethoxy-4-methylthio-phenethylamine.
On rencontre aussi les formes "methylsulfuryl" au lieu de "methylthio" et "phényléthylamine" au lieu de la contraction "phenethylamine" ; pour l'instant, je me contente de reprendre le nom utilisé par Shulgin.
Il s'agit de la substance #39 décrite lui, dont la fiche est ici :
Erowid Online Books : "PIHKAL" - #39 2C-T
Shulgin a été très méthodique dans ses travaux "officieux" (sur son "home labo", avec sa femme Anne, alors qu'il était chimiste-chercheur pour un grand laboratoire pharmaceutique dans la journée et avant la retraite !), et il a cherché à donner des noms cohérents aux substances qu'il synthétisaient, mais il en a synthétisé tellement que sa nomenclature n'a pas pu être strictement cohérente.
Dans cette série de noms (2C), la base "phénéthylamine" n'est pas mentionnée, elle est implicite. le "2C" signifie qu'il y a 2 radicaux "méthoxy" (CH3O), ici en position 2 et 5 des valences de la molécule de base. Après le tiret, Shulgin donne une indication du radical qui fait la différence, qui distingue la molécule des autres de la série. Ainsi, "-B" désigne un radical Brome, "-C" un atome de Chrome, "-E" un radical Ethyl (CH3CH2), etc. (mais certaines lettres n'ont pas de rapport avec le nom du radical spécifique).
Le préfixe "-T" s'applique aux déclinaisons dans lesquelles le radical spécifique est souffré (le mot grec pour "soufre" est "theio"). Et il y en a beaucoup, d'où les T-2, T-4, -7, -8, etc. !
Dans le "2C-T" tout court, probablement le premier qu'il a synthétisé et expérimenté, le radical spécifique est "methylthio" (CH3S).
2 - Puissance, dosage, durée - Motivation d'usage
Sasha Shulgin fixe la plage posologique normale à 60 - 100 mg. Mes 2 expériences ont été faites avec un dosage de 60 mg chaque fois, et dès que j'aurai remis la main sur le produit, je compte tester un dosage de 100 mg.
Shulgin indique 3 à 5h de durée ; je confirme là aussi dans les grandes lignes, mais la métabolisation totale est tout de même bien lente. Au bout de 3-4 heures, j'ai senti un certain retour à un palier inférieur, mais les effets restent actifs dans une moindre mesure en tout une dizaine d'heures.
Question puissance, c'est une des substances les plus légères que j'aie jamais prises. Aux yeux de Shulgin (et de bon nombre de "heads" du coin, sans doute ), elle manque de force par rapport aux 36 autres trucs qu'il synthétisait et expérimentait, mais pour moi, au point de l'aventure où j'en suis, c'est une qualité majeure. Dans son quasi-exhaustif sticky post, 5tr4t0 écrit -- entre nombreuses autres -- une fort juste considération en ce domaine : "il convient donc de définir quelles sont les substances susceptibles de vous plaire". Sur le fil "2C-T-7" créé par Djox, je livrais quelques éléments sur ma définition à moi at this point.
=-=-=-=-=-=-=-=-=
Je ne pense pas, toutefois, que "ça pourrait m'intéresser", je préfère les trucs qui augmentent nos potentiels ou traits existants (sensoriels, intellectuels, cognitifs, voire moteurs, etc.) plutôt que les trucs qui nous sortent trop de nous-mêmes, nous confrontent à des phénomènes irréels destinés à nous "bouger" le plus possible, etc. Bon, mais c'est aussi une question de période : bien sûr que je me suis envoyé plein de trucs qui m'ont bien bougé à une époque, et que ça a été tout à fait utile, ça aguerrit.
=-=-=-=-=-=-=-=-=
Je commentais également avec plus de détails la "légèreté" du 2C-T :
=-=-=-=-=-=-=-=-=
Maintenant, c'est vrai que c'est plutôt léger, l'effet, si tu veux l'ignorer, s'il te tombe tout à coup des trucs à faire, tu peux sans problème, genre tu oublies que t'as pris un truc. Mais justement, moi (qui n'ai plus tout à fait l'âge de vouloir me prendre tout plein de psychédélisme en pleine face), j'y vois un avantage. C'est le truc dont je suis quasi sûr que ça ne fera de mal à personne ; ma femme en a pris avec moi la 2e fois, elle est hyper-bio, presque puriste de la santé, etc., même si elle a fumé avant qu'on ait les enfants, et elle a adoré, beaucoup aimé le côté doux, et est tout à fait prête à en reprendre.
=-=-=-=-=-=-=-=-=
Personnellement, je ne suis plus dans une phase d'expérimentation purement individuelle des substances mais dans une phase où j'expérimente dans le contexte de la relation à l'autre. j'en dirai peut-être un peu plus là-dessus en conclusion.
3 - Effets, qualités, avantages
Bon, voilà, on en vient au plus important. Je vais partir des descriptions de Shulgin qui, lorsque je les ai consultées après coup, se sont avérées totalement conformes aux miennes sur le fond, mais un peu différentes dans la conclusion. Dans sa fiche référencée ci-dessus, ces commentaires portent sur différentes posologies de 60, 75 et 100 mg (+ 120, que j'omets), les voici :
AS> Poetry was an easy and natural thing. Both the reading of it and the writing of it.
Quelle entame originale pour décrire l'effet d'une molécule ! ) Qui dit bien tout de suite ce qui la distingue. Et qui fait écho au fait qu'ici, on trouve des forums "Spiritualité, art, philosophie, musique...". Hier, j'ai fait lire ça à Gena (my American wife, avec qui j'ai fait la 2e expérience de 2C-T), et, boy, ça lui a plu, elle a dit, "c'est exactement ça !". Qu'on entame la description d'effets psychotropes en évoquant quelque chose de spirituel, d'artistique, de littéraire rassure tout le monde, rééquilibre en, mettons, respectabilité une activité souvent décrite comme sulfureuse, axée sur l'étourdissement ou la confrontation bien challenging. ;->
La première qualité du 2C-T, c'est d'être inspirant. Lors du 2e trip, nous étions en vacances en Normandie et avons passé un moment, le soir, dans le jardin du gite où nous logions, confortablement installé dans le "salon de jardin". Depuis 2-3 ans, grâce à une super appli sur iPad, "Planets", nous avons dépassé le stade "Grande Ourse/Petite Ourse" et identifions de mieux en mieux les constellations ; et puis la lune n'était pas loin d'être pleine et les nuages jouaient avec. Après avoir repéré quelques étoiles, nous sommes restés bien 10-15 minutes dans le silence à contempler toutes ces beautés, dans une grande sérénité. Le 2C-T n'a aucun effet proprement empathogène comme la MDMA, mais comme on se sent dans un puissant état de contemplation et qu'on sait que l'autre éprouve les mêmes bonnes sensations, il y a une connivence automatiquement plus forte, qui n'est donc pas biochimique mais cognitive ou intelloaffective.
AS> This is a potentiel MDMA substitute since it opens things up but it doesn't do anything to get in the way.
Je n'ai (enfin) essayé la MDMA qu'en juin 2011. J'ai adoré rencontrer un ensemble d'effets tout à fait nouveaux pour un mec qui a pourtant testé pas mal de trucs en 40 ans. J'ai beaucoup aimé analyser comment ça opérait, ce que ça favorisait, ce que ça empêchait ; j'ai dû en prendre une dizaine de fois depuis, quasiment à chaque fois dans un contexte "one-on-one".
Et pourtant, après avoir fait l'expérience du 2C-T, je suis assez étonné de ne plus être attiré tant que ça par la MD. Et alors que le 2C-T n'a aucun effet empathogène, il est un peu curieux de voir Shulgin en parler comme d'un substitut potentiel à la MDMA. Je viens toutefois d'évoquer un effet dopant du rapport à l'autre qui fonctionne sur un autre plan ; c'est une 1ère explication. Il faut bien lire Shulgin pour saisir la suite :
"Ça ouvre grand", dit-il, "mais l'avantage du 2C-T, c'est qu'il ne place à titre secondaire *aucun* obstacle à l'exploitation des bénéfices de cette ouverture" ! Autant la MD est excitante et extra dans ses effets positifs, autant il faut convenir que l'euphorie qu'elle provoque est un peu trop forte (genre dans 8-9 trips sur 10, je sais que j'ai répété plusieurs fois "Qu'est-ce que je suis bien !!" ;-D) ; et puis il y a une légère déprime après coup pendant 24h, par exemple ; et puis c'est un peu trop fusionnel (oui, oui, c'est bon ! ).
Le 2C-T n'a aucun effet désagréable ou handicapant, nothing, nada.
AS> [The effect] develops very quickly, but very quietly.
Yep, c'est doux tout du long !
AS> There are no visuals at all...
Non, résolument rien de psychédélique.
AS> ...but, rather, a tactile sensitivity, with warm close feelings. This could be very erotic.
You bet! C'est tout à fait ce que j'ai relevé, une légère chaleur agréable sur tout le corps, le physique qui donne un peu la sensation d'être en vibration. Shulgin a eu bien tort de ne pas aller au-delà du conditionnel concernant l'érotisme et de préférer des molécules plus fortes ! C'est le meilleur aphrodisiaque que j'aie jamais testé et Gena avait l'air plus que d'accord sur ce point (sans avoir besoin de mots pour le dire, yeah), en fin de soirée !
AS> The drop-off was extremely relaxed, with a good body feeling. After five hours, I was able to drift into excellent, deep sleep, with busy dreams. In the morning, I felt refreshed and active, without apparent deficit.
Encore une super qualité de la substance : il n'y a carrément PAS de descente ! Un sentiment de bien-être continue de nous habiter légèrement... jusqu'au matin après une bonne nuit de sommeil.
AS> The only true negative [...] is that there is a certain emotional removal. One tiny step removed. One is connected with feelings, certainly, but there is a tendency for the intellect to be more evident, in me, than the heart. All this is moderately so. Nothing extreme.
Ah bon, elle a un aspect négatif, la substance miracle ? Ben non ou en tout cas, ça dépend de ce qu'on recherche, comme disait 5tr4t0. J'ai bien relevé un sentiment modéré de détachement, sans que les affects soient trop amortis, comme il le note. Et après m'être dit que, tiens, c'était plutôt l'inverse de la MD, j'ai trouvé ça tout à fait bien, très positif. On est "on top of things", on peut profiter des "ouvertures" au niveau de l'inspiration et du sensitif, on n'est pas incité à se la raconter en boucle sur le mode "Qu'est-ce qu'on est bien". )
4 - Bonus : potentialisation mutuelle avec le cannabis
C'est la cerise sur le déjà beau gâteau. Autant avec la MD, je ne préfère pas fumer pendant le high mais seulement après, pour bien sentir uniquement la MD pendant la courte heure et demi où ça donne, autant là, ça a paru naturel de fumer assez rapidement. Pour un résultat ravissant !
Le 2C-T, en quelque sorte, protège la vivacité intellectuelle de l'effet de l'herbe, mais laisse opérer tout le reste. Son effet de détachement, de clarté mentale empêche le cannabis d'étourdir, de trop brouiller la lucidité, mais tous les autres bons effets de l'herbe opèrent. Un grand pied !
Et dans l'autre sens, l'herbe exalte les effets du 2C-T. On n'est pas loin du paradis, là, non ? )
5 - Conclusion... provisoire en attendant vos échos et reports !
Le pote qui m'a filé le quart de gramme de diméthoxy-méthylthio-phénéthylamine (et qui ne peut plus remettre la main sur sa source !) voulait mon avis, pour voir s'il corroborait le sien. Je lui ai livré une conclusion très claire, après avoir un peu détaillé comme ci-dessus les effets : c'est la meilleure substance psychoactive que j'aie essayée. Bon, je dis ça parce que c'est "le genre de substance susceptible de me plaire" at this point, c'est un peu relatif, pas absolu. Mais pour cette période de ma vie, j'ai le sentiment que la quête a abouti : c'est ça que je veux dans les années à venir comme outil pour aller plus loin.
J'ai même mieux en stock comme considérations conclusives à la fois pratiques et un peu lyriques !
Bon, d'abord, qui ne rêve pas depuis belle lurette de tomber sur un aphrodisiaque n'ayant aucun défaut ?
Ensuite, moi -- ça se voit peut-être un peu --, je suis bien remonté pour ramener aujourd'hui l'esprit des 60s/70s actualisé pour nous redonner le bon coup de boost dont nous avons besoin. J'ai du discours en stock pour faire valoir ce qui le mérite (y'a de quoi faire ). J'ai aussi de la musique en stock. Depuis le printemps, j'ai lancé mon nouveau projet musical, j'ai une page Facebook bien animée, et les choses avancent bien. Quand j'ai pris ma gratte lors de ma 2e prise de 2C-T, je me sentais vraiment dedans, avec un net supplément d'inspiration, ça coulait, c'était extra. Une 2e application pratique de la molécule, c'est ça, et je me dis notamment déjà que ce sera intéressant que j'en prenne avant un passage en public !
Enfin -- le lyrique, c'est ici --, j'ai carrément le sentiment que ce peut être la substance de la décennie et d'un bon coup de boost pour tous ceux qui y goûteront, à l'instar de l'acide, substance archétypale des 60s/70s. Mais période oblige, là où le LSD envoyait "in the sky with diamonds", secouait fort le conformisme, se concevait comme prise de risque à une époque de confort et "d'avant-crise", le 2C-T, au contraire, me semble indiqué pour, dans une période bien stressante dont beaucoup ne distinguent aucun horizon positif, "ouvrir" la tête et le jeu, calmer par son effet un peu détachant les affects bouillonnants du temps, inspirer les expression artistiques, favoriser la rencontre chaleureuse des corps !
☮ & ❤
Lee-O
​Voir la pièce jointe 8501
PS : Je dois dire que je me sens monter une grosse envie de dropper MD et 2C-T ensemble, à une dose raisonnable, genre 60 mg + 60 mg, ça devrait être tout à fait intéressant !
Merci aux éclaireurs de RC, 5tr4t0 et williamsii, pour leurs utiles indications à cet effet. Chapeau notamment au premier : pour un "post [qui] n'a pas vocation à verser dans l'exhaustivité", on en est pourtant vraiment pas loin ! ;-D De manière générale, je suis épaté de la qualité des contributions des psychonautes francophones ; le niveau rédactionnel est élevé : ça fait carrément 30 ans que je forumise à tout va et je suis assez rarement tombé sur une communauté parvenue à un tel bon équilibre (volonté de contribuer substantiellement et clairement, sans pour autant tomber dans la frime conflictuelle, "j'écris mieux que les autres", "je pense/sais mieux que toi"). Bravo, et mine de rien, ça a du sens, ça dit que ceux qui aiment les expérimentations avec les substances psychoactives savent en faire bon usage dans le grand processus de construction de soi, dans le partage de connaissances et dans la relation positive et engagée à l'autre. Allez, à moi de turbiner :
1 - Identification de la molécule et considérations de nomenclature
Mon CR porte sur le 2,5-dimethoxy-4-methylthio-phenethylamine.
On rencontre aussi les formes "methylsulfuryl" au lieu de "methylthio" et "phényléthylamine" au lieu de la contraction "phenethylamine" ; pour l'instant, je me contente de reprendre le nom utilisé par Shulgin.
Il s'agit de la substance #39 décrite lui, dont la fiche est ici :
Erowid Online Books : "PIHKAL" - #39 2C-T
Shulgin a été très méthodique dans ses travaux "officieux" (sur son "home labo", avec sa femme Anne, alors qu'il était chimiste-chercheur pour un grand laboratoire pharmaceutique dans la journée et avant la retraite !), et il a cherché à donner des noms cohérents aux substances qu'il synthétisaient, mais il en a synthétisé tellement que sa nomenclature n'a pas pu être strictement cohérente.
Dans cette série de noms (2C), la base "phénéthylamine" n'est pas mentionnée, elle est implicite. le "2C" signifie qu'il y a 2 radicaux "méthoxy" (CH3O), ici en position 2 et 5 des valences de la molécule de base. Après le tiret, Shulgin donne une indication du radical qui fait la différence, qui distingue la molécule des autres de la série. Ainsi, "-B" désigne un radical Brome, "-C" un atome de Chrome, "-E" un radical Ethyl (CH3CH2), etc. (mais certaines lettres n'ont pas de rapport avec le nom du radical spécifique).
Le préfixe "-T" s'applique aux déclinaisons dans lesquelles le radical spécifique est souffré (le mot grec pour "soufre" est "theio"). Et il y en a beaucoup, d'où les T-2, T-4, -7, -8, etc. !
Dans le "2C-T" tout court, probablement le premier qu'il a synthétisé et expérimenté, le radical spécifique est "methylthio" (CH3S).
2 - Puissance, dosage, durée - Motivation d'usage
Sasha Shulgin fixe la plage posologique normale à 60 - 100 mg. Mes 2 expériences ont été faites avec un dosage de 60 mg chaque fois, et dès que j'aurai remis la main sur le produit, je compte tester un dosage de 100 mg.
Shulgin indique 3 à 5h de durée ; je confirme là aussi dans les grandes lignes, mais la métabolisation totale est tout de même bien lente. Au bout de 3-4 heures, j'ai senti un certain retour à un palier inférieur, mais les effets restent actifs dans une moindre mesure en tout une dizaine d'heures.
Question puissance, c'est une des substances les plus légères que j'aie jamais prises. Aux yeux de Shulgin (et de bon nombre de "heads" du coin, sans doute ), elle manque de force par rapport aux 36 autres trucs qu'il synthétisait et expérimentait, mais pour moi, au point de l'aventure où j'en suis, c'est une qualité majeure. Dans son quasi-exhaustif sticky post, 5tr4t0 écrit -- entre nombreuses autres -- une fort juste considération en ce domaine : "il convient donc de définir quelles sont les substances susceptibles de vous plaire". Sur le fil "2C-T-7" créé par Djox, je livrais quelques éléments sur ma définition à moi at this point.
=-=-=-=-=-=-=-=-=
Je ne pense pas, toutefois, que "ça pourrait m'intéresser", je préfère les trucs qui augmentent nos potentiels ou traits existants (sensoriels, intellectuels, cognitifs, voire moteurs, etc.) plutôt que les trucs qui nous sortent trop de nous-mêmes, nous confrontent à des phénomènes irréels destinés à nous "bouger" le plus possible, etc. Bon, mais c'est aussi une question de période : bien sûr que je me suis envoyé plein de trucs qui m'ont bien bougé à une époque, et que ça a été tout à fait utile, ça aguerrit.
=-=-=-=-=-=-=-=-=
Je commentais également avec plus de détails la "légèreté" du 2C-T :
=-=-=-=-=-=-=-=-=
Maintenant, c'est vrai que c'est plutôt léger, l'effet, si tu veux l'ignorer, s'il te tombe tout à coup des trucs à faire, tu peux sans problème, genre tu oublies que t'as pris un truc. Mais justement, moi (qui n'ai plus tout à fait l'âge de vouloir me prendre tout plein de psychédélisme en pleine face), j'y vois un avantage. C'est le truc dont je suis quasi sûr que ça ne fera de mal à personne ; ma femme en a pris avec moi la 2e fois, elle est hyper-bio, presque puriste de la santé, etc., même si elle a fumé avant qu'on ait les enfants, et elle a adoré, beaucoup aimé le côté doux, et est tout à fait prête à en reprendre.
=-=-=-=-=-=-=-=-=
Personnellement, je ne suis plus dans une phase d'expérimentation purement individuelle des substances mais dans une phase où j'expérimente dans le contexte de la relation à l'autre. j'en dirai peut-être un peu plus là-dessus en conclusion.
3 - Effets, qualités, avantages
Bon, voilà, on en vient au plus important. Je vais partir des descriptions de Shulgin qui, lorsque je les ai consultées après coup, se sont avérées totalement conformes aux miennes sur le fond, mais un peu différentes dans la conclusion. Dans sa fiche référencée ci-dessus, ces commentaires portent sur différentes posologies de 60, 75 et 100 mg (+ 120, que j'omets), les voici :
AS> Poetry was an easy and natural thing. Both the reading of it and the writing of it.
Quelle entame originale pour décrire l'effet d'une molécule ! ) Qui dit bien tout de suite ce qui la distingue. Et qui fait écho au fait qu'ici, on trouve des forums "Spiritualité, art, philosophie, musique...". Hier, j'ai fait lire ça à Gena (my American wife, avec qui j'ai fait la 2e expérience de 2C-T), et, boy, ça lui a plu, elle a dit, "c'est exactement ça !". Qu'on entame la description d'effets psychotropes en évoquant quelque chose de spirituel, d'artistique, de littéraire rassure tout le monde, rééquilibre en, mettons, respectabilité une activité souvent décrite comme sulfureuse, axée sur l'étourdissement ou la confrontation bien challenging. ;->
La première qualité du 2C-T, c'est d'être inspirant. Lors du 2e trip, nous étions en vacances en Normandie et avons passé un moment, le soir, dans le jardin du gite où nous logions, confortablement installé dans le "salon de jardin". Depuis 2-3 ans, grâce à une super appli sur iPad, "Planets", nous avons dépassé le stade "Grande Ourse/Petite Ourse" et identifions de mieux en mieux les constellations ; et puis la lune n'était pas loin d'être pleine et les nuages jouaient avec. Après avoir repéré quelques étoiles, nous sommes restés bien 10-15 minutes dans le silence à contempler toutes ces beautés, dans une grande sérénité. Le 2C-T n'a aucun effet proprement empathogène comme la MDMA, mais comme on se sent dans un puissant état de contemplation et qu'on sait que l'autre éprouve les mêmes bonnes sensations, il y a une connivence automatiquement plus forte, qui n'est donc pas biochimique mais cognitive ou intelloaffective.
AS> This is a potentiel MDMA substitute since it opens things up but it doesn't do anything to get in the way.
Je n'ai (enfin) essayé la MDMA qu'en juin 2011. J'ai adoré rencontrer un ensemble d'effets tout à fait nouveaux pour un mec qui a pourtant testé pas mal de trucs en 40 ans. J'ai beaucoup aimé analyser comment ça opérait, ce que ça favorisait, ce que ça empêchait ; j'ai dû en prendre une dizaine de fois depuis, quasiment à chaque fois dans un contexte "one-on-one".
Et pourtant, après avoir fait l'expérience du 2C-T, je suis assez étonné de ne plus être attiré tant que ça par la MD. Et alors que le 2C-T n'a aucun effet empathogène, il est un peu curieux de voir Shulgin en parler comme d'un substitut potentiel à la MDMA. Je viens toutefois d'évoquer un effet dopant du rapport à l'autre qui fonctionne sur un autre plan ; c'est une 1ère explication. Il faut bien lire Shulgin pour saisir la suite :
"Ça ouvre grand", dit-il, "mais l'avantage du 2C-T, c'est qu'il ne place à titre secondaire *aucun* obstacle à l'exploitation des bénéfices de cette ouverture" ! Autant la MD est excitante et extra dans ses effets positifs, autant il faut convenir que l'euphorie qu'elle provoque est un peu trop forte (genre dans 8-9 trips sur 10, je sais que j'ai répété plusieurs fois "Qu'est-ce que je suis bien !!" ;-D) ; et puis il y a une légère déprime après coup pendant 24h, par exemple ; et puis c'est un peu trop fusionnel (oui, oui, c'est bon ! ).
Le 2C-T n'a aucun effet désagréable ou handicapant, nothing, nada.
AS> [The effect] develops very quickly, but very quietly.
Yep, c'est doux tout du long !
AS> There are no visuals at all...
Non, résolument rien de psychédélique.
AS> ...but, rather, a tactile sensitivity, with warm close feelings. This could be very erotic.
You bet! C'est tout à fait ce que j'ai relevé, une légère chaleur agréable sur tout le corps, le physique qui donne un peu la sensation d'être en vibration. Shulgin a eu bien tort de ne pas aller au-delà du conditionnel concernant l'érotisme et de préférer des molécules plus fortes ! C'est le meilleur aphrodisiaque que j'aie jamais testé et Gena avait l'air plus que d'accord sur ce point (sans avoir besoin de mots pour le dire, yeah), en fin de soirée !
AS> The drop-off was extremely relaxed, with a good body feeling. After five hours, I was able to drift into excellent, deep sleep, with busy dreams. In the morning, I felt refreshed and active, without apparent deficit.
Encore une super qualité de la substance : il n'y a carrément PAS de descente ! Un sentiment de bien-être continue de nous habiter légèrement... jusqu'au matin après une bonne nuit de sommeil.
AS> The only true negative [...] is that there is a certain emotional removal. One tiny step removed. One is connected with feelings, certainly, but there is a tendency for the intellect to be more evident, in me, than the heart. All this is moderately so. Nothing extreme.
Ah bon, elle a un aspect négatif, la substance miracle ? Ben non ou en tout cas, ça dépend de ce qu'on recherche, comme disait 5tr4t0. J'ai bien relevé un sentiment modéré de détachement, sans que les affects soient trop amortis, comme il le note. Et après m'être dit que, tiens, c'était plutôt l'inverse de la MD, j'ai trouvé ça tout à fait bien, très positif. On est "on top of things", on peut profiter des "ouvertures" au niveau de l'inspiration et du sensitif, on n'est pas incité à se la raconter en boucle sur le mode "Qu'est-ce qu'on est bien". )
4 - Bonus : potentialisation mutuelle avec le cannabis
C'est la cerise sur le déjà beau gâteau. Autant avec la MD, je ne préfère pas fumer pendant le high mais seulement après, pour bien sentir uniquement la MD pendant la courte heure et demi où ça donne, autant là, ça a paru naturel de fumer assez rapidement. Pour un résultat ravissant !
Le 2C-T, en quelque sorte, protège la vivacité intellectuelle de l'effet de l'herbe, mais laisse opérer tout le reste. Son effet de détachement, de clarté mentale empêche le cannabis d'étourdir, de trop brouiller la lucidité, mais tous les autres bons effets de l'herbe opèrent. Un grand pied !
Et dans l'autre sens, l'herbe exalte les effets du 2C-T. On n'est pas loin du paradis, là, non ? )
5 - Conclusion... provisoire en attendant vos échos et reports !
Le pote qui m'a filé le quart de gramme de diméthoxy-méthylthio-phénéthylamine (et qui ne peut plus remettre la main sur sa source !) voulait mon avis, pour voir s'il corroborait le sien. Je lui ai livré une conclusion très claire, après avoir un peu détaillé comme ci-dessus les effets : c'est la meilleure substance psychoactive que j'aie essayée. Bon, je dis ça parce que c'est "le genre de substance susceptible de me plaire" at this point, c'est un peu relatif, pas absolu. Mais pour cette période de ma vie, j'ai le sentiment que la quête a abouti : c'est ça que je veux dans les années à venir comme outil pour aller plus loin.
J'ai même mieux en stock comme considérations conclusives à la fois pratiques et un peu lyriques !
Bon, d'abord, qui ne rêve pas depuis belle lurette de tomber sur un aphrodisiaque n'ayant aucun défaut ?
Ensuite, moi -- ça se voit peut-être un peu --, je suis bien remonté pour ramener aujourd'hui l'esprit des 60s/70s actualisé pour nous redonner le bon coup de boost dont nous avons besoin. J'ai du discours en stock pour faire valoir ce qui le mérite (y'a de quoi faire ). J'ai aussi de la musique en stock. Depuis le printemps, j'ai lancé mon nouveau projet musical, j'ai une page Facebook bien animée, et les choses avancent bien. Quand j'ai pris ma gratte lors de ma 2e prise de 2C-T, je me sentais vraiment dedans, avec un net supplément d'inspiration, ça coulait, c'était extra. Une 2e application pratique de la molécule, c'est ça, et je me dis notamment déjà que ce sera intéressant que j'en prenne avant un passage en public !
Enfin -- le lyrique, c'est ici --, j'ai carrément le sentiment que ce peut être la substance de la décennie et d'un bon coup de boost pour tous ceux qui y goûteront, à l'instar de l'acide, substance archétypale des 60s/70s. Mais période oblige, là où le LSD envoyait "in the sky with diamonds", secouait fort le conformisme, se concevait comme prise de risque à une époque de confort et "d'avant-crise", le 2C-T, au contraire, me semble indiqué pour, dans une période bien stressante dont beaucoup ne distinguent aucun horizon positif, "ouvrir" la tête et le jeu, calmer par son effet un peu détachant les affects bouillonnants du temps, inspirer les expression artistiques, favoriser la rencontre chaleureuse des corps !
☮ & ❤
Lee-O
​Voir la pièce jointe 8501
PS : Je dois dire que je me sens monter une grosse envie de dropper MD et 2C-T ensemble, à une dose raisonnable, genre 60 mg + 60 mg, ça devrait être tout à fait intéressant !