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Guest
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Voiture garée on commence notre randonnée/ascension, je marche en tête suivit de Y, F et P, chacun notre buvard de 25i sous la langue. Il fait chaud, très chaud sous le soleil d'Espagne, pourtant la mer Méditerranée n'est qu'à un kilomètre, c'est l'avantage des Pyrénées, la montagne se termine dans la mer, j'apprécie ce double paysage.
Au bout de 15 minutes de marche nous sommes arrivés à la fin du chemin, nous cherchons à aller plus loin mais en vain, impossible de poursuivre dans cette végétation faite d'épineux. Il en faut plus pour me décourager, je veux grimper cette montagne alors je cherche un accès, un endroit où la végétation serait moins dense pour pouvoir s'y frayer un passage. C'est en revenant sur nos pas que je repère un éboulis de rocher situé à une centaine de mètre au dessus d'où nous sommes, par contre va falloir traverser pas mal d'arbustes avant d'y arriver.
Let's go.
Je passe en premier, c'est tout de suite pénible, de plus que je suis en caleçon de bain, j'évite au maximum les épines mais ça pique bien quand même, autant au niveau des jambes que du torse. J'essaye au mieux de guider P et F, je ne m'en fais pas pour Y. D'ailleurs il passe devant moi au bout de 50 mètres, à son tour d'ouvrir la route. En dessous on en chie comme pas permis, il faut passer des murets de pierre d'environ 50 centimètres alors que le terrain est bien pentu. On essaye de s'agripper aux branches des conifères tout en évitant bien les ronces. Sous nos pieds les cailloux se dérobent en petits éboulis, je préviens les autres qu'il faut laisser une distance de sécurité entre nous pour ne pas se prendre un caillou sur la tête au cas où.
Y est maintenant une vingtaine de mètre devant nous, il est presque arrivé à la coulée de pierre d'une cinquantaine de mètre qui nous permettra d'accéder au sommet de la colline, mais pour l'instant on galère en dessous avec P, quand à lui, F est essouflé 20 mètres plus bas, faut dire qu'il a pas un physique facile pour faire ce genre de connerie, et encore moins sous cette chaleur estivale (il n'y a pas un pet' d'air, on sue à grosses gouttes).
On est pas inconscient non plus, on a chacun une bouteille d'eau fraiche, on boit à bonne gorgée. Et c'est justement lorsque l'on s'arrête qu'on se rend compte que le trip monte, et pas qu'un peu. En me laissant phaser la montagne se met à respirer au fil de mes inspirations et expirations. A ce moment là je commence à me dire qu'on est en train de faire une connerie, j'ai du mal à envisager une bonne issue dans notre marche, même si on arrive au sommet, on sera complètement cramé et après faudra redescendre, ça va plomber le moral de tout le monde et vu le trip qui se charge, ça va se transformer en bad général.
Pour l'instant je me contente de me reconcentrer dans mon escalade pour rejoindre Y. On se concerte et d'un seul regard je comprend que lui aussi en chie, et si Y en chie c'est que P et F souffrent atrocement. P nous rejoint quand on lui fait part de notre imminente descente vers le sentier une centaine de mètre plus bas.
Y fait son furieux, il trace à travers les ronces en mode bas les steacks, il atteindra le sentier en l'espace d'une minute. Pour ma part j'ai entrainé P et F dans ce merdier, à moi de les en sortir. P pour qui c'est son premier vrai trip me dit que là ça va moyen pour lui, je le rassure en lui expliquant qu'il n'a qu'à se concentrer sur la descente et que dans dix minutes on est de en sécurité. La peur n'a pas à l'envahir, après tout on voit le sentier d'où on est, faut juste retraverser les multiples murets entourés d'épineux arf.
Heureusement la descente est plus rapide que la montée, en une dizaine de minute on est à 5 ou six mètres du sentier, plus qu'à désescalader un passage raide de deux mètres et on est enfin sur le sentier. Y nous y attend, putain je suis content d'être sur le plancher des vaches et non sur ce putain de flanc de montagne à la con, quelle idée stupide d'avoir voulu affronter la nature en slip de bain sous un soleil de plomb, je suis griffé de partout, j'ai les cuisses et les mollets lacérés, idem pour mes bras, c'est n'importe quoi. On se verse de l'eau sur la tête pour se rafraichir, et on rebrousse chemin. Au final je ne regrette juste de ne pas avoir atteint mon objectif, mais faudrait être sacrément orgueilleux pour pousser un délire comme ça jusqu'au bout, ça aurait été faisable, mais sacrément épuisant...on est pas au GIGN...on est en vacances huhu
Enfin je dis ça, mais on est quand même à une petite heure de marche de l'appart' et je ne me sens pas chaud de prendre la voiture, je commence à être bien défoncé, même si le trip n'est pas présent, je sais qu'il se cache derrière l'adrénaline du moment présent et n'attend qu'un soupçon de relâchement pour me péter à la gueule.
F est chaud pour conduire, il nous assure qu'il est clean, oki je le crois, de toute façon j'ai juste envie d'aller à l'appart pour récupérer ma serviette de plage et aller me baquer. Sur le chemin du retour on flippe tous parce que F conduit "sportivement", il s'amuse de notre peur, avec ce qu'on lui a fait subir il se venge en roulant vite alors qu'on lui dit de calmer le rythme. Il nous assure qu'il respecte les limitations de vitesse...mon cul il est à 50 km/h dans des virages de montagne, effectivement c'est limité à 70 km/h...mais je lui dis que personne ne prend ces virages à cette vitesse là, on est secoué comme pas permis dans la voiture, ya de quoi avoir un ulcère.
Ouf enfin arriver, on attend tous que P ouvre la porte de l'appart, le trip pousse de plus en plus, une fois dans le salon la pièce commence à bouger pour moi, je me demande où cette intensité va nous mener, je m'en fais pour les autres, pour F aussi c'est la première fois qu'il bouffe un trip aussi fort, enfin bon il vient de conduire ça à l'air d'aller pour lui. Chacun vaque à chercher ce dont il a besoin, pour ma part je réfléchis peu, je fais plusieurs aller retour entre la porte d'entrée et le salon parce qu'à chaque fois j’oublie une affaire, et puis on part à la plage. En fait non on ne peut pas aller à la plage dans notre état, on décide de se trouver une petite crique où on sera tout seul.
Chose faite on se pose, je suis dans un trip bizarre, je n'ai pas spécialement de visus mais ça pousse fort quand même, un peu moins que dans l'appart et tant mieux d'ailleurs, plus ça aurait été trop...même si en réalité c'est déjà trop, il me manque l'aspect empathique, je suis trop renfermé sur moi même, c'est ma manière de me protéger lorsque je ne suis pas à mon aise. Je met donc mes lunettes de plonger et commence à nager, je longe les rochers, je n'ai aucun but en tête et mon trip est vide de sens, je recherche je ne sais quoi et donc je ne le trouve pas, c'est frustrant. J'essaye de phaser en regardant le fond marin, mais il faut que je prenne ma respiration constamment, c'est pénible, impossible de me relâcher complètement.
Je repère un endroit d'où l'on peut sauter dans l'eau depuis un rocher, ça doit faire environ deux mètres. Je préviens Y, on saute chacun notre tour, on recommence, mais sans émotion tout semble plat, je déteste ces moments où je dois me forcer à communiquer avec les gens, tout me parait faux, et malgré que je sache qu'il suffit d'une étincelle, enfin d'un déblocage émotionnelle pour que l'alchimie nous relie et fasse que l'on se tape des barres, je n'arrive pas à rentrer dans le jeu social.
De retour sur la plage j'ai envie d'être de nouveau seul, je n'adhère toujours pas aux dialogues de mes amis, mais une fois seul je n'adhère pas non plus à ma solitude...Raaah bordel c'est relou d'être défoncé et de n'avoir rien à faire, de ne pas réussir à construire, d'être trop apeuré au point que je n'ai pas envie de m'exprimer, de peur que l'on me juge...putain de défonce à la con !
Je nage le long d’un récif où je me cale au plus près des petites vagues qui déferlent sur les rochers, j'essaye de trouver un angle de vue optimale qui me ferait rentrer dans une phase, en vain. Je me dirige vers la côte, je flotte dans un mètre d'eau, j'observe les oursins agrippés à la caillasse, j'en défait un pour l'étudier à l’œil nu, putain c'est vraiment de la saloperie ces bestioles là, en fait leurs piquants ne sont pas si rigides, mais ça donne pas envie de mettre le pied dessus !
Une fois sur la plage je phase et en me relâchant j'arrivais à voir la falaise à ma droite en mode cartoon, et les yeux fermés je voyais le caléidoscopes typiques des psychés, mais mes potes que dalle. J'ai essayé de leur expliqué qu'il fallait se relâcher, laisser le trip les envahir, laisser l'émotion prendre le dessus sur l'analyse et la raison. Bref arrêter d'être sur la défensive en se taquinant, et d'enfin accepter de se perdre dans sa tête, la lucidité viendra ensuite, il faut juste passer l'étape du décrochage, selon moi ça sert à ça un trip fort, à passer au delà de soi même (même si en l'occurrence sur le moment, le fait de passer au delà de moi même aurait été de m'investir socialement...).
Donc on se cale tous sur nos serviettes, on se tait, on ferme les yeux, et au bout de 30 secondes P émet un petit rire...c'est pas méchant mais ça montre bien que le contexte n'est pas là, il n'y aura pas de trip aujourd'hui, juste une perche sans émotion particulière avec la défonce qui pousse derrière...tout ce que je déteste puisque ça me coupe socialement et qu'en étant avec des gens je n'arrive pas à me relâcher personnellement. Ça aurait été avec n'importe quelle autre drogue oki, mais avec les psychés ou le canna je ne peux pas, trop anxiogène, lorsque ça pousse fort je ne suis pas du genre à oublier ma peur en m'en prenant aux autres, je suis du genre à me renfermer sur moi même...et vaut mieux ça puisque dans ces états de "stress" je suis tellement premier degré que si je répondais aux surenchères de mes amis je leur mettrai juste super cher...pas envie d'être le dominant en blessant, vaut mieux la fermer.
Le reste de l'aprem' va se passer en phasant à attendre de redescendre pour ma part, je vais écouter mes potes se taquiner et à chaque fois que l'on me sollicitera où que j'essaierai de participer à une conversation, j'écouterai ce que la personne a à me dire sans vraiment répondre quoique ce soit, enfin dans ma tête je serais à 2000 à l'heure à me demander si ce à quoi je pense risque de blesser ou non mon pote, mais dans la réalité nada, un vrai autiste qui se tape sa phase de parano.
Sinon j'ai du lancé 2 ou 3 cents cailloux dans l'eau pour faire des ricochets, bref je trouvais tout et n'importe quoi pour m'occuper sans avoir trop l'air d'être renfermé dans mon coin.
Vers 20h je vais à l'appart chercher de l'alcool, je récupère peu à peu ma personnalité et ma provoc' en tisant, je suis quand même bien redescendu aussi. Les moustiques font leur apparition, il commence à faire nuit, on rentre tous continuer la soirée à l'appart vers 22h. Petite douche avant de me préparer à manger, je tise très tranquilement, mon corps est pas en grande forme, j'accuse bien la descente quand même. Je vais m'embrouiller avec Y en cherchant à lui expliquer que sans émotion il n'y a pas de visu dans un trip, à part en prenant une grosse dose où là c'est normal d'halluciner. Je veux qu'il comprenne qu'en se laissant aller tout est possible avec les psychés, mais pour ça faut il encore comprendre ce que veut dire se laisser aller...non il ne veut pas comprendre, il veut juste me donner tord en me disant que je ne répond pas à sa question...mouai il la lui même oublié sa question quand je la lui demande histoire de repartir sur un sujet commun. En fait on a assez dérivé du sujet pour qu'il me mette en défaut en me disant que je répond vraiment à côté de la plaque, mais au petit jeu de la guerre des égos je plus con que lui, et je lui dis que sa question initiale portait sur une estimation physiologique entre le fait de prendre une certaine dose pour avoir des visus, et que je lui ai tout simplement répondu en apportant une donnée qu'il refuse d'accepter : l'importance de l'émotion dans le trip ---> l'émotion est inconsciente et donc reliée à la créativité qui siège dans l'inconscient, les visus sont créés via notre créativité, donc implicitement ils dépendent de notre état émotionnel. En soi, s'il n'y a pas d'émotion, le trip est plat et sans visu...purement mental quoi.
Je lui explique ma démarche en m'appuyant sur l'expérience vécu : cet aprem' on s'est stressé dans la montagne, l'adrénaline a bloqué nos émotions pour ne pas prendre peur, on est resté dans un état de stress ce qui a donné une ambiance tendue où on se taquinait au lieu d'être dans une osmose, sans relâchement du stress pas d'émotion, donc pas d'accès à notre inconscient, donc pas de visu mais un trip qui pousse et qui est vide de ressenti...tant pis, on fera mieux la prochaine fois en choisissant un meilleur sitting.
Y m'a quand même bien énervé, c'est pas la première fois qu'il me fait ce coup là, mais je ne lui en veut pas même si je sais que dans sa tête il est resté sur sa position, je m'efforce de ne pas le plomber à grand coup de remarques blessantes, ça se voit qu'il est défoncé en mode sur de lui, et j'ai pas envie de pourrir l'ambiance en rentrant dans son petit jeu d'ego de foncedé.
Il doit maintenant être 23h, on se tise tranquilou pour amortir la descente, on a rdv à 1h30 dans un bar pour choper de la Weed, putain j'ai pas envie d'y aller, j'ai pas envie de voir du monde. Les autres veulent regober du 25i, ils font de la merde en prenant des gouttes et en les avalant cash (ce qui ne sert à rien), j'apprécie pas cette ambiance de "on se défonce parce que c'est la descente, mais comme on flippe on gâche la dope". Oh et puis après tout laisse les faire et pré-occupe toi de toi. Je bois quelques gorgées rapidement pour que l'alcool prenne le dessus sur la descente, mais je n'ai pas non plus envie d'être ivre mort au bar tout à l'heure. Je prend une trace de 3-MMC qui va me booster 10 minutes avant d'être absorbée par la descente du 25i...putain qu'est-ce qui est plus fort qu'une descente de psyché ?
Allez une petite trace de MxE d'environ 15/20mg et on est parti, sur le chemin je m'efforce d'être cool alors qu'en fait je me sens bizarre, j'ai l'impression d'avancé au ralenti, étrange sensation d'ailleurs. Après ça mes pas deviennent de plus en plus dur...et c'est dur.
Dans le bar on dit vite fait bonjour à la cousine de P, et comme des connards on va s'assoir à l'écart de tout le monde sur le trottoir, en mode les gros exclus arf. P nous rejoint et nous dit qu'on est pas sérieux, moi j'ai la tête posé sur mes genoux, Y est allongé par terre et F ne dit rien à côté de nous...et histoire de bien faire sale on a les teilles de tise sorti...
Quand P nous explique qu'il faut au moins être présent avec les gens le temps que notre contact arrive histoire de sauver les apparences, je ne répond rien, mais comme F y va je me force et j'y vais aussi. La copine de P est mignonne, elle me parle et je lui répond en essayant d'être le plus normal possible. Y nous rejoint mais reste moins d'une minute, j'en profite pour m’éclipser avec lui.
On s'isole à l'autre bout du parking du bar où on va avoir une discussion personnelle pendant une grosse heure, je reprend une trace de MxE, puis P et F nous rejoignent avec deux gros pochons de Weed vers 3h du matin, putain c'est la fête, on rentre à l'appart avant d'aller à la plage faire un feu. Y se baigne pendant une bonne demi heure, nous autres fumons et buvons, puis quand le jour se lève on décide de rentrer se coucher, je croit qu'on a mérité une bonne grosse nuit de sommeil, la journée/soirée/nuit a été assez intense voir éprouvante...le lendemain soir on sera tous Ko.
Voiture garée on commence notre randonnée/ascension, je marche en tête suivit de Y, F et P, chacun notre buvard de 25i sous la langue. Il fait chaud, très chaud sous le soleil d'Espagne, pourtant la mer Méditerranée n'est qu'à un kilomètre, c'est l'avantage des Pyrénées, la montagne se termine dans la mer, j'apprécie ce double paysage.
Au bout de 15 minutes de marche nous sommes arrivés à la fin du chemin, nous cherchons à aller plus loin mais en vain, impossible de poursuivre dans cette végétation faite d'épineux. Il en faut plus pour me décourager, je veux grimper cette montagne alors je cherche un accès, un endroit où la végétation serait moins dense pour pouvoir s'y frayer un passage. C'est en revenant sur nos pas que je repère un éboulis de rocher situé à une centaine de mètre au dessus d'où nous sommes, par contre va falloir traverser pas mal d'arbustes avant d'y arriver.
Let's go.
Je passe en premier, c'est tout de suite pénible, de plus que je suis en caleçon de bain, j'évite au maximum les épines mais ça pique bien quand même, autant au niveau des jambes que du torse. J'essaye au mieux de guider P et F, je ne m'en fais pas pour Y. D'ailleurs il passe devant moi au bout de 50 mètres, à son tour d'ouvrir la route. En dessous on en chie comme pas permis, il faut passer des murets de pierre d'environ 50 centimètres alors que le terrain est bien pentu. On essaye de s'agripper aux branches des conifères tout en évitant bien les ronces. Sous nos pieds les cailloux se dérobent en petits éboulis, je préviens les autres qu'il faut laisser une distance de sécurité entre nous pour ne pas se prendre un caillou sur la tête au cas où.
Y est maintenant une vingtaine de mètre devant nous, il est presque arrivé à la coulée de pierre d'une cinquantaine de mètre qui nous permettra d'accéder au sommet de la colline, mais pour l'instant on galère en dessous avec P, quand à lui, F est essouflé 20 mètres plus bas, faut dire qu'il a pas un physique facile pour faire ce genre de connerie, et encore moins sous cette chaleur estivale (il n'y a pas un pet' d'air, on sue à grosses gouttes).
On est pas inconscient non plus, on a chacun une bouteille d'eau fraiche, on boit à bonne gorgée. Et c'est justement lorsque l'on s'arrête qu'on se rend compte que le trip monte, et pas qu'un peu. En me laissant phaser la montagne se met à respirer au fil de mes inspirations et expirations. A ce moment là je commence à me dire qu'on est en train de faire une connerie, j'ai du mal à envisager une bonne issue dans notre marche, même si on arrive au sommet, on sera complètement cramé et après faudra redescendre, ça va plomber le moral de tout le monde et vu le trip qui se charge, ça va se transformer en bad général.
Pour l'instant je me contente de me reconcentrer dans mon escalade pour rejoindre Y. On se concerte et d'un seul regard je comprend que lui aussi en chie, et si Y en chie c'est que P et F souffrent atrocement. P nous rejoint quand on lui fait part de notre imminente descente vers le sentier une centaine de mètre plus bas.
Y fait son furieux, il trace à travers les ronces en mode bas les steacks, il atteindra le sentier en l'espace d'une minute. Pour ma part j'ai entrainé P et F dans ce merdier, à moi de les en sortir. P pour qui c'est son premier vrai trip me dit que là ça va moyen pour lui, je le rassure en lui expliquant qu'il n'a qu'à se concentrer sur la descente et que dans dix minutes on est de en sécurité. La peur n'a pas à l'envahir, après tout on voit le sentier d'où on est, faut juste retraverser les multiples murets entourés d'épineux arf.
Heureusement la descente est plus rapide que la montée, en une dizaine de minute on est à 5 ou six mètres du sentier, plus qu'à désescalader un passage raide de deux mètres et on est enfin sur le sentier. Y nous y attend, putain je suis content d'être sur le plancher des vaches et non sur ce putain de flanc de montagne à la con, quelle idée stupide d'avoir voulu affronter la nature en slip de bain sous un soleil de plomb, je suis griffé de partout, j'ai les cuisses et les mollets lacérés, idem pour mes bras, c'est n'importe quoi. On se verse de l'eau sur la tête pour se rafraichir, et on rebrousse chemin. Au final je ne regrette juste de ne pas avoir atteint mon objectif, mais faudrait être sacrément orgueilleux pour pousser un délire comme ça jusqu'au bout, ça aurait été faisable, mais sacrément épuisant...on est pas au GIGN...on est en vacances huhu

Enfin je dis ça, mais on est quand même à une petite heure de marche de l'appart' et je ne me sens pas chaud de prendre la voiture, je commence à être bien défoncé, même si le trip n'est pas présent, je sais qu'il se cache derrière l'adrénaline du moment présent et n'attend qu'un soupçon de relâchement pour me péter à la gueule.
F est chaud pour conduire, il nous assure qu'il est clean, oki je le crois, de toute façon j'ai juste envie d'aller à l'appart pour récupérer ma serviette de plage et aller me baquer. Sur le chemin du retour on flippe tous parce que F conduit "sportivement", il s'amuse de notre peur, avec ce qu'on lui a fait subir il se venge en roulant vite alors qu'on lui dit de calmer le rythme. Il nous assure qu'il respecte les limitations de vitesse...mon cul il est à 50 km/h dans des virages de montagne, effectivement c'est limité à 70 km/h...mais je lui dis que personne ne prend ces virages à cette vitesse là, on est secoué comme pas permis dans la voiture, ya de quoi avoir un ulcère.
Ouf enfin arriver, on attend tous que P ouvre la porte de l'appart, le trip pousse de plus en plus, une fois dans le salon la pièce commence à bouger pour moi, je me demande où cette intensité va nous mener, je m'en fais pour les autres, pour F aussi c'est la première fois qu'il bouffe un trip aussi fort, enfin bon il vient de conduire ça à l'air d'aller pour lui. Chacun vaque à chercher ce dont il a besoin, pour ma part je réfléchis peu, je fais plusieurs aller retour entre la porte d'entrée et le salon parce qu'à chaque fois j’oublie une affaire, et puis on part à la plage. En fait non on ne peut pas aller à la plage dans notre état, on décide de se trouver une petite crique où on sera tout seul.
Chose faite on se pose, je suis dans un trip bizarre, je n'ai pas spécialement de visus mais ça pousse fort quand même, un peu moins que dans l'appart et tant mieux d'ailleurs, plus ça aurait été trop...même si en réalité c'est déjà trop, il me manque l'aspect empathique, je suis trop renfermé sur moi même, c'est ma manière de me protéger lorsque je ne suis pas à mon aise. Je met donc mes lunettes de plonger et commence à nager, je longe les rochers, je n'ai aucun but en tête et mon trip est vide de sens, je recherche je ne sais quoi et donc je ne le trouve pas, c'est frustrant. J'essaye de phaser en regardant le fond marin, mais il faut que je prenne ma respiration constamment, c'est pénible, impossible de me relâcher complètement.
Je repère un endroit d'où l'on peut sauter dans l'eau depuis un rocher, ça doit faire environ deux mètres. Je préviens Y, on saute chacun notre tour, on recommence, mais sans émotion tout semble plat, je déteste ces moments où je dois me forcer à communiquer avec les gens, tout me parait faux, et malgré que je sache qu'il suffit d'une étincelle, enfin d'un déblocage émotionnelle pour que l'alchimie nous relie et fasse que l'on se tape des barres, je n'arrive pas à rentrer dans le jeu social.
De retour sur la plage j'ai envie d'être de nouveau seul, je n'adhère toujours pas aux dialogues de mes amis, mais une fois seul je n'adhère pas non plus à ma solitude...Raaah bordel c'est relou d'être défoncé et de n'avoir rien à faire, de ne pas réussir à construire, d'être trop apeuré au point que je n'ai pas envie de m'exprimer, de peur que l'on me juge...putain de défonce à la con !
Je nage le long d’un récif où je me cale au plus près des petites vagues qui déferlent sur les rochers, j'essaye de trouver un angle de vue optimale qui me ferait rentrer dans une phase, en vain. Je me dirige vers la côte, je flotte dans un mètre d'eau, j'observe les oursins agrippés à la caillasse, j'en défait un pour l'étudier à l’œil nu, putain c'est vraiment de la saloperie ces bestioles là, en fait leurs piquants ne sont pas si rigides, mais ça donne pas envie de mettre le pied dessus !
Une fois sur la plage je phase et en me relâchant j'arrivais à voir la falaise à ma droite en mode cartoon, et les yeux fermés je voyais le caléidoscopes typiques des psychés, mais mes potes que dalle. J'ai essayé de leur expliqué qu'il fallait se relâcher, laisser le trip les envahir, laisser l'émotion prendre le dessus sur l'analyse et la raison. Bref arrêter d'être sur la défensive en se taquinant, et d'enfin accepter de se perdre dans sa tête, la lucidité viendra ensuite, il faut juste passer l'étape du décrochage, selon moi ça sert à ça un trip fort, à passer au delà de soi même (même si en l'occurrence sur le moment, le fait de passer au delà de moi même aurait été de m'investir socialement...).
Donc on se cale tous sur nos serviettes, on se tait, on ferme les yeux, et au bout de 30 secondes P émet un petit rire...c'est pas méchant mais ça montre bien que le contexte n'est pas là, il n'y aura pas de trip aujourd'hui, juste une perche sans émotion particulière avec la défonce qui pousse derrière...tout ce que je déteste puisque ça me coupe socialement et qu'en étant avec des gens je n'arrive pas à me relâcher personnellement. Ça aurait été avec n'importe quelle autre drogue oki, mais avec les psychés ou le canna je ne peux pas, trop anxiogène, lorsque ça pousse fort je ne suis pas du genre à oublier ma peur en m'en prenant aux autres, je suis du genre à me renfermer sur moi même...et vaut mieux ça puisque dans ces états de "stress" je suis tellement premier degré que si je répondais aux surenchères de mes amis je leur mettrai juste super cher...pas envie d'être le dominant en blessant, vaut mieux la fermer.
Le reste de l'aprem' va se passer en phasant à attendre de redescendre pour ma part, je vais écouter mes potes se taquiner et à chaque fois que l'on me sollicitera où que j'essaierai de participer à une conversation, j'écouterai ce que la personne a à me dire sans vraiment répondre quoique ce soit, enfin dans ma tête je serais à 2000 à l'heure à me demander si ce à quoi je pense risque de blesser ou non mon pote, mais dans la réalité nada, un vrai autiste qui se tape sa phase de parano.
Sinon j'ai du lancé 2 ou 3 cents cailloux dans l'eau pour faire des ricochets, bref je trouvais tout et n'importe quoi pour m'occuper sans avoir trop l'air d'être renfermé dans mon coin.
Vers 20h je vais à l'appart chercher de l'alcool, je récupère peu à peu ma personnalité et ma provoc' en tisant, je suis quand même bien redescendu aussi. Les moustiques font leur apparition, il commence à faire nuit, on rentre tous continuer la soirée à l'appart vers 22h. Petite douche avant de me préparer à manger, je tise très tranquilement, mon corps est pas en grande forme, j'accuse bien la descente quand même. Je vais m'embrouiller avec Y en cherchant à lui expliquer que sans émotion il n'y a pas de visu dans un trip, à part en prenant une grosse dose où là c'est normal d'halluciner. Je veux qu'il comprenne qu'en se laissant aller tout est possible avec les psychés, mais pour ça faut il encore comprendre ce que veut dire se laisser aller...non il ne veut pas comprendre, il veut juste me donner tord en me disant que je ne répond pas à sa question...mouai il la lui même oublié sa question quand je la lui demande histoire de repartir sur un sujet commun. En fait on a assez dérivé du sujet pour qu'il me mette en défaut en me disant que je répond vraiment à côté de la plaque, mais au petit jeu de la guerre des égos je plus con que lui, et je lui dis que sa question initiale portait sur une estimation physiologique entre le fait de prendre une certaine dose pour avoir des visus, et que je lui ai tout simplement répondu en apportant une donnée qu'il refuse d'accepter : l'importance de l'émotion dans le trip ---> l'émotion est inconsciente et donc reliée à la créativité qui siège dans l'inconscient, les visus sont créés via notre créativité, donc implicitement ils dépendent de notre état émotionnel. En soi, s'il n'y a pas d'émotion, le trip est plat et sans visu...purement mental quoi.
Je lui explique ma démarche en m'appuyant sur l'expérience vécu : cet aprem' on s'est stressé dans la montagne, l'adrénaline a bloqué nos émotions pour ne pas prendre peur, on est resté dans un état de stress ce qui a donné une ambiance tendue où on se taquinait au lieu d'être dans une osmose, sans relâchement du stress pas d'émotion, donc pas d'accès à notre inconscient, donc pas de visu mais un trip qui pousse et qui est vide de ressenti...tant pis, on fera mieux la prochaine fois en choisissant un meilleur sitting.
Y m'a quand même bien énervé, c'est pas la première fois qu'il me fait ce coup là, mais je ne lui en veut pas même si je sais que dans sa tête il est resté sur sa position, je m'efforce de ne pas le plomber à grand coup de remarques blessantes, ça se voit qu'il est défoncé en mode sur de lui, et j'ai pas envie de pourrir l'ambiance en rentrant dans son petit jeu d'ego de foncedé.
Il doit maintenant être 23h, on se tise tranquilou pour amortir la descente, on a rdv à 1h30 dans un bar pour choper de la Weed, putain j'ai pas envie d'y aller, j'ai pas envie de voir du monde. Les autres veulent regober du 25i, ils font de la merde en prenant des gouttes et en les avalant cash (ce qui ne sert à rien), j'apprécie pas cette ambiance de "on se défonce parce que c'est la descente, mais comme on flippe on gâche la dope". Oh et puis après tout laisse les faire et pré-occupe toi de toi. Je bois quelques gorgées rapidement pour que l'alcool prenne le dessus sur la descente, mais je n'ai pas non plus envie d'être ivre mort au bar tout à l'heure. Je prend une trace de 3-MMC qui va me booster 10 minutes avant d'être absorbée par la descente du 25i...putain qu'est-ce qui est plus fort qu'une descente de psyché ?
Allez une petite trace de MxE d'environ 15/20mg et on est parti, sur le chemin je m'efforce d'être cool alors qu'en fait je me sens bizarre, j'ai l'impression d'avancé au ralenti, étrange sensation d'ailleurs. Après ça mes pas deviennent de plus en plus dur...et c'est dur.
Dans le bar on dit vite fait bonjour à la cousine de P, et comme des connards on va s'assoir à l'écart de tout le monde sur le trottoir, en mode les gros exclus arf. P nous rejoint et nous dit qu'on est pas sérieux, moi j'ai la tête posé sur mes genoux, Y est allongé par terre et F ne dit rien à côté de nous...et histoire de bien faire sale on a les teilles de tise sorti...
Quand P nous explique qu'il faut au moins être présent avec les gens le temps que notre contact arrive histoire de sauver les apparences, je ne répond rien, mais comme F y va je me force et j'y vais aussi. La copine de P est mignonne, elle me parle et je lui répond en essayant d'être le plus normal possible. Y nous rejoint mais reste moins d'une minute, j'en profite pour m’éclipser avec lui.
On s'isole à l'autre bout du parking du bar où on va avoir une discussion personnelle pendant une grosse heure, je reprend une trace de MxE, puis P et F nous rejoignent avec deux gros pochons de Weed vers 3h du matin, putain c'est la fête, on rentre à l'appart avant d'aller à la plage faire un feu. Y se baigne pendant une bonne demi heure, nous autres fumons et buvons, puis quand le jour se lève on décide de rentrer se coucher, je croit qu'on a mérité une bonne grosse nuit de sommeil, la journée/soirée/nuit a été assez intense voir éprouvante...le lendemain soir on sera tous Ko.