La Lyre Souterraine du Post-Situationnisme Existentialiste

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Canin
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Les vieux cataphiles aiment les graffitis, il faut juste que ce soit moche, monochrome, et plus vieux qu'eux. Un vague dessin du 19e, c'est du patrimoine, une date et un nom du 18e c'est l'orgasme instantané.

Pour les gens nés vieux, il semblerait que, comme eux, rien de ce qui est ancien n'ait un jour été nouveau.
 
J'ai R compris ce qu'on vous avez palabré. En plus, vous dites que vous devriez écrire ailleurs, je capte rien.
Le situationnisme du néolithique c'est Lasco, le post situationnisme du néolithique c'est 2CRIRE SUR DES TABLETTES EN PUTAIN D4ARGILE EN FAISANT DES BATONNNNNNNNNNNS, tout ça dans une masure sombre en MESOPOPOPOPOTAMIE
Les vieux cataphiles aiment les graffitis, il faut juste que ce soit moche, monochrome, et plus vieux qu'eux. Un vague dessin du 19e, c'est du patrimoine, une date et un nom du 18e c'est l'orgasme instantané.
Pour une fois que tu parles vrai
 



plages privées ah ah
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Dernière édition:
Sans prendre un seul mg d'un dérivé chelou de PCP, la dissociation arrive brutalement.

Au milieu d'un sombre couloir fait de main d'humains, mais dans lequel seules les personnes autorisées ont le droit de circuler. Les traces d'outils, des banches à béton, sont toujours là et resteront là, jusqu'à ce qu'une couche de peinture aérosol ne laissent plus voir que le volume qu'elles occupent à travers leur ombre projetée.

Etre ici, c'est quelque chose que j'ai pensé, dont j'ai rêvé. Et là maintenant, je le vis en dirigeant mon corps comme s'il n'était pas moi. Dans cet espace c'est des fantasmes, des envies, des fantômes et des sécus fatigués qu'on rencontre. La vision de nuit, mode navigation, est activée. La vie comme un jeu vidéo. Finalement c'est peut être ça le but. Celui qu'on cherche tous là, depuis l'avènement du développement personnel et de l'individualisme. Le fameux but, le sens de la vie, celui qui fait qu'on se sent bien dans ce qu'on fait.
Et bien, paradoxalement, on peut le trouver ici. En faisant un vrai travail de rat. En s'infiltrant, en dégradant, pour reconstruire derrière. En faisant des espaces libres des espaces de liberté.

Le bruit des bottes en caoutchouc se confond avec l'écho des gouttes qui tombent du plafond. Appelons le CIEL comme le faisaient les carriers.
Le chant des outils dans un tunnel parallèle résonne, celui des trains en contrebas nous arrive par les jours dans le béton. J'en aperçois un qui passe par cette fenêtre ! La grande chenille mécanique, mille-pattes souterrain animé par le courant haute tension. Moment d'admiration du monde, entrecoupant notre mission : baliser l'entrée.

Ce soir le tunnel devient une cathédrale. La messe commence exceptionnellement ce samedi à 23h, pour finir à 7h.
Un vrai travail de rats : ce monde qu'on déteste, on va l'occuper, le détourner. Faire exactement ce qu'on nous demande de ne pas faire. Mais attention, avec sérieux ! Un truc pareil ça ne se fait pas à l'arrache.

Ce travail est bénévole. Rémunéré en plaisir, et parfois en prunes.
Transformer le monde à l'échelle de son clan, c'est un vrai but.

 
Je suis entré dans une église baroque presqu'entièrement ornée de marbre chantourné.

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Sur une colonne, j'ai cru reconnaître les visuels que je vois sous 4-HO-MET. Ce n'est pas exactement ça, mais c'est ce qui s'en rapproche le plus dans tout ce que j'ai vu jusqu'ici : des motifs floraux à la frontière entre l'organique et le géométrique.

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J'ai alors pensé que l'église entière ressemblait à un trip. Les motifs partout, avec en particuler ces tapis de visuels :

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Mais aussi la juxtaposition des formes et des textures, la complexité spatiale, l'ornementation de chaque détail de bout de truc pour lui faire prendre plusieurs plans, les énormes sculptures : tout ça désoriente de fou.

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Ça donne l'impression - et c'est volontaire - d'un univers parallèle, un espace dans l'espace. Le principe étant de signifier à læ visiteurice qu'el entre dans un territoire sacré, extrait des préoccupations temporelles et matérielles, humaines. Et ça fonctionne ! Au moins au niveau perceptif. Si bien que j'en reviens aux trips, en particulier psychédéliques : c'est impression, que j'ai toujours quand je monte, d'entrer dans un autre monde, qui n'obéit pas aux mêmes règles. De passer une sorte de seuil.

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Il y a aussi l'impact psychologique d'être confronté à tant de travail, tant de richesse, tant d'efforts... qu'on aurait pu utiliser tellement plus efficacement ! En déambulant, je me disais : c'est dingue. Ils sont dingues. C'est complètement zinzin. Mais qu'est-ce qui leur passe par la tête, à ces humains ? C'est tellement inutile et tellement énorme à la fois que ça fracasse le sentiment de raison - et alors ça témoigne de ce que les humains ne sont pas raisonnables, qu'ils tendent vers cette chose indescriptible, innommable, qu'ils expriment par tant de concepts, pour laquelle ils se saignent et s'entretuent, à laquelle ils dédient des montagnes de thunes et leur créativité... tendre au Vrai ? au Beau ? au Divin ? Mais ça sert à quoi, en quoi ça nous aide à survivre, alors qu'on ne peut même pas le toucher ? Comment ça peut être si impalpable et pourtant rendu si réel ? Déraisons et aspirations qui m'évoquent encore l'usage de psychédéliques, avec ses noeuds de raisonnements, ses illuminations évidentes, son inutilité et pourtant son pouvoir d'attraction.

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J'ai partagé cette impression aux personnes qui m'accompagnaient, en leur montrant des réplications d'hallus pour appuyer mon propos. L'une m'a demandé s'il était possible que les designers de l'église aient, à l'époque, consommé des psychédéliques : j'ai répondu que ce n'est pas impossible, et que l'impact des champignons psilocybes sur la religiosité chrétienne et son expression fait bien l'objet de théories (peu fondées). L'autre m'a posé des questions approfondies sur les effets visuels et cognitifs des psychédéliques, avec l'intention évidente de s'y pencher plus personnellement 😋
 
Introduction à l'exposition Icarus Dream d'Angelo Accardi (Cameroun) par le curateur de la Biennale de Venise. Certaines formulations m'ont fait penser qu'elle avait sa place dans ce topic.

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Ceci étant dit, je ne trouve pas que cette introduction rende bien compte du travail d'Angelo Arccadi.

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Le curateur insiste sur les espoirs migratoires (le thème de la biennale étant : "foreighners everywhere") et l'Italie (car on est à Venise). Et malgré ce qu'il dit, dans l'expo, je n'ai pas trop perçu la dimension nostalgique et passéiste.

Voici ce que j'ai perçu : nous vivons dans un monde d'espoirs préfabriqués, de rêves de grandeur sous copyright. Leurs réalisations sont cheap, fabriquées en série, dépassées avant même d'être installées. Ces rêves sont des mensonges, ils nourrissent notre besoin de sens avec des slogans de pensée positive. Le capitalisme marchand s'approprie toute forme d'idée émancipatrice en la produisant comme un bien de consommation dont l'acquisition renforce le système. Ainsi les rêves des individus alimentent la grande machine à broyer les êtres humains.

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Le tableau ci-dessus est lui-même le pastiche style consumériste d'un triptyque du peintre primitif flamand Jérôme Bosch : le Chariot de Foin.

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il évoque, selon une perspective allégorique moralisante qui condamne en même temps qu'elle cherche à prévenir, le parcours de l'humanité en proie aux vices et aux tentations terrestres, que désigne métaphoriquement le chariot de foin, depuis le Péché originel, sur le panneau de gauche, jusqu'à la Damnation aux Enfers, sur le panneau de droite.​

Le système consumériste a remplacé le système chrétien. À gauche, à la place des anges déchus quittant le Paradis, des exilés traversent la mer sur un canot Amazon Prime. Au centre, au lieu du Christ, un type portant un t-shirt Che Gevara fait osciller deux motivations sous formes de déco générique : HOPE et HOME.

Si ce pastiche vous intéresse, je vous invite à lire la page Wikipedia du Chariot de Foin : vous pourrez approfondir les significations cachées du tableau de Bosch et vous amuser à comprendre, via la comparaison des deux triptyques, ce que signifie chaque personnage dans celui d'Accardi.

Maintenant j'ai envie de me poser la question, non pas de l'authenticité de mes désirs (je ne crois pas en l'authenticité) mais plutôt de leur potentiel : à quel point la réalisation que je leur prévois spontanément nourrit-elle la grande machine à broyer les êtres humains ?
Ça pourrait donner envie de ne plus rien désirer, mais cette idée vient de me traverser l'esprit : le nihilisme serait encore une victoire du capitalisme consumériste. Le nihilisme, c'est d'ailleurs ce qu'on ressent devant l'œuvre d'Angelo Accadi. Il en émane une forme de renonciation : de même que tout homme revient vers le Père dans la cosmogonie chrétienne, tout espoir reviendrait au capitalisme. Pourtant, aucun système n'est éternel. Dieu est mort. La machine mourra un jour aussi
 
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