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In my langage - silentmiaow

Tridimensionnel

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Kessessé ? Une vidéo trouvée par hasard (il est beau, le hasard) tournée par une personne autiste. Mais je pense que l'intéressée s'exprime mieux que moi :
 
Amanda Baggs a dit:
La première partie est dans ma "langue maternelle", puis la deuxième partie fournit une traduction, ou du moins une explication. Il ne s'agit pas tant d'un spectacle de monstres voyeuriste que d'une déclaration sur ce qui est considéré comme la pensée, l'intelligence, la personnalité, la langue et la communication, et ce qui ne l'est pas.

[video=youtube]
 
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Partie 1 : Amanda chante, touche des objets, gratte différentes surfaces, les renifle et joue avec.

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La partie précédente de cette vidéo était dans ma langue maternelle. Beaucoup de gens ont supposé que lorsque je parle de cette langue, cela signifie que chaque partie de la vidéo doit contenir un message symbolique particulier conçu pour être interprété par l'esprit humain.
Mais ma langue ne consiste pas à concevoir des mots ou même des symboles visuels que les gens pourraient interpréter. Il s'agit d'être en conversation constante avec chaque aspect de mon environnement. Réagir physiquement à toutes les parties de mon environnement.
Dans cette partie de la vidéo, l'eau ne symbolise rien. Je suis juste en interaction avec l'eau, comme l'eau interagit avec moi. Loin d'être sans but, la façon dont je me déplace est une réponse permanente à ce qui m'entoure.

Ironiquement, la façon dont je bouge lorsque je réponds à tout ce qui m'entoure est décrite comme "être dans un monde à moi", alors que si j'interagis avec des réponses beaucoup plus limitée à une partie beaucoup plus limitée de mon environnement, les gens prétendent que je "m'ouvre à une véritable interaction avec le monde". Ils jugent mon existence, ma conscience et ma personnalité en fonction de la partie du monde minuscule et limitée à laquelle je semble réagir.
La façon dont je pense et réagis naturellement aux choses semble et se sent si différente des concepts standards que certaines personnes ne la considèrent pas du tout comme une pensée ; alors c'est une façon de penser à part entière.
Cependant, la pensée de personnes comme moi n'est prise au sérieux que si nous apprenons votre langue, quelle que soit la façon dont nous avons pensé ou interagi auparavant. Comme vous l'avez entendu, je peux chanter en même temps que ce qui m'entoure. Mais ce n'est que lorsque je tape quelque chose dans votre langue que vous dites que je communique.

Je sens des choses.
J'écoute des choses.
Je touche des choses.
Je goûte des choses.
Je regarde les choses.
Mais il ne suffit pas de regarder et d'écouter, de goûter, de sentir et de ressentir ; je dois faire cela pour les bonnes choses, comme regarder des livres, et ne pas le faire pour les mauvaises choses, sinon les gens doutent que je sois un être pensant et depuis lors, leur définition de la pensée entraîne leur définition de la personne de façon si ridicule qu'ils doutent aussi que je sois une personne réelle.

J'aimerais savoir honnêtement combien de personnes, si vous me rencontriez dans la rue, croiraient que j'ai écrit ceci. Je trouve très intéressant que l'incapacité à apprendre votre langue soit considérée comme un déficit, mais que l'incapacité à apprendre ma langue soit considérée comme si naturelle que les gens comme moi sont officiellement décrits comme mystérieux et déroutants plutôt que d'admettre que c'est vous qui êtes déroutés, et au lieu que les autistes ou les autres personnes souffrant d'un handicap cognitif soient intrinsèquement déroutants.
Nous sommes considérés comme non-communicatifs si nous ne parlons pas la langue standard, mais d'autres personnes ne sont pas considérées comme non-communicatives alors qu'elles sont si inconscientes de nos propres langues qu'elles croient que ceux-ci n'existent pas.

En fin de compte, je veux que vous sachiez que ceci n'a pas été conçu comme un spectacle de monstres voyeurs où vous pouvez observer le fonctionnement bizarre de l'esprit autiste, mais comme une déclaration forte sur l'existence et la valeur de nombreux types de pensée et d'interaction dans un monde où la proximité avec un type de pensée spécifique détermine si vous êtes considéré comme une personne réelle, un adulte ou une personne intelligente.
Et dans un monde dans lequel ces éléments déterminent si vous avez des droits, il y a des gens qui sont torturés, des gens qui meurent parce qu'ils sont considérés comme des non-personnes, parce que leur type de pensée est si inhabituel qu'il n'est pas du tout considéré comme une pensée.
Ce n'est que lorsque les nombreuses formes de la personnalité seront reconnues que la justice et les droits de l'homme seront possibles.

Page Wikipedia d'Amanda Baggs   Son Site Internet
 
C'est étrange je n'ai pas l'impression que l'on déni un caractère de pensée singulier à l'autisme (c'est même ce qui saute aux yeux). Mais effectivement ce qu'on déni c'est la capacité de ce langage (ou du moins cette forme violente d'adaptation à un trouble) à interagir socialement avec les formes de pensées dites "saines"' et donc à construire les outils normatifs de survie et d'adaptation sociale propre à chaque être humains.

Une personne dans ma famille à travaillé comme éducatrice dans un centre pour enfants autistes et d'après son témoignage, en dehors de la singularité apparente de leurs attitudes, la souffrance des enfants est réelle et intense puisque chaque événements extérieurs, aussi bénins qu'il soit est vu comme une agression. 

Un trouble difficile à vivre mais qui peut se travailler (avec l'art-thérapie entre autre, c'est ce qu'elle faisait), d'ailleurs selon elle la valeur de ce travail avec les autistes est trop souvent déprécié, car il donne de réelles clés à l'enfant pour son bien être futur et pour qu'il se sente plus sécurisé dans ses rapports à son corps et aux autres.

Après les enfants de ce centre étaient très peu communicatifs, voir complètement renfermés. Avec les adultes on peut plus facilement recueillir une parole à sa source, ça c'est précieux j'imagine pour les chercheurs et ceux qui travaillent avec des autistes
 
De la part de gens peu ou mal informés, il reste ce préjugé qu'une personne qui ne communique pas normalement avec son environnement ne communique en fait pas du tout.
L'étymologie du mot autisme, c'est "enfermement sur soi-même" (autos). Il y a beaucoup trop de suppositions sur les états mentaux des personnes autistes comme étant auto-centrés, ou insensibles, ou même déconnectés de l'âme (j'ai lu ça récemment sur le forum), etc. "On" ne comprend pas alors "on" pense que ça n'existe pas. Pire, des interprétations pseudo-psychanalytiques qui font de l'autisme un egocentrisme, etc.
 
Ironiquement, la façon dont je bouge lorsque je réponds à tout ce qui m'entoure est décrite comme "être dans un monde à moi", alors que si j'interagis avec des réponses beaucoup plus limitée à une partie beaucoup plus limitée de mon environnement, les gens prétendent que je "m'ouvre à une véritable interaction avec le monde".

Plus largement, ça ne concerne pas que l'autisme cette vidéo ; ça concerne toutes les personnes dont on serait tenté de les croire inanimées, sans pensées, ou au moins bêtes, parce que leur handicap s'exprime et que les sépare comportementalement de nous. C'est une réflexion sur la part d'humanité qu'on est prêt à reconnaître à la personne différente.
 
J'aimerais savoir honnêtement combien de personnes, si vous me rencontriez dans la rue, croiraient que j'ai écrit ceci.
 
D'un point de vu philosophique tu peux étendre ça plus loin. Beaucoup plus loin. La plupart de nos incompréhensions sont dues à ce qu'on est toujours, à des degrés plus ou moins haut, enfermé en notre propre subjectivité interne (dont Merleau Ponty nous dit quelle est invulnérable et irréductible).

Est ce qu'il y a quelque chose qui change avec l'apport d'une information ? J'en doute personnellement et je doute que l'empathie apporte plus de grain à moudre quand aux solutions pour que ces personnes se sentent mieux.

Ce que je veux dire par la c'est que ce qu'y importe c'est la compréhension de la personne aidante, soignante. Quand on parle de troubles neurologiques, psychologiques, la compréhension du grand public n'apporte un soulagement que très abstrait.

Mais sa réflexion à elle reste très intéressante, éclairante par rapport à des automatismes qu'on a tous. Paradoxalement ce genre d'éclairage lui apporte une crédibilité sociale que peu de gens peuvent se targuer d'avoir.
 
Mr Sandman a dit:
Ce que je veux dire par la c'est que ce qu'y importe c'est la compréhension de la personne aidante, soignante. Quand on parle de troubles neurologiques, psychologiques, la compréhension du grand public n'apporte un soulagement que très abstrait.

Ce serait vrai si toutes les personnes handicapées vivaient dans une société parallèle constituée uniquement de soignants et d’aidants. Ce qui n’est pas le cas.
Des handicapé.e.s travaillent, se déplacent, ont des potes, une famille, font des achats, vont au cinéma, bref se mêlent au grand public qui, à chaque interaction, les regardera et jugera comme il est coutume entre humains. Et les personnes handicapées ont, comme tout le monde, besoin de respect et de compréhension : ce soulagement-là n’est pas abstrait du tout.
De plus, comme le monde du soin n’est pas une autarcie, les conditions de vie de ces personnes dépendent aussi des théories scientifiques du moment et des décisions politiques. Plus la société les reconnaît comme des personnes à part entière, plus les solutions proposées sont à leur avantage. Ça non plus ce n’est pas abstrait.
 
C'est vrai. T'as raison.

(dsl j'sais pas quoi dire d'autre. J'ai dit n'imp pour le coup).
 
Abandonne pas comme ça Mr Sandman! Regarde, 3 phrases:

Accepter au niveau sociétale le handicap c'est dans le but d'intégrer celui qui le porte au monde du travail, or certain.es sont juste incompatibles à ce monde là, et le regard que porte une société axée sur la croissance sur tout les plans est travaillé pour que les gens voient en ceux qui sont assisté, des parasites, ou une partie du moins. Donc bien que je soit d'accord sur le point de vue, c'est la ressemblance qui nous rassemble (nous rassembler dans quoi d'ailleurs? Dans une machine de d'extinction massive.), les différences font que l'amertume d'une civilisation nihiliste rassemble aussi paradoxalement des personnes qui y sont opposées et qui n'ont rien à voir entre eux, autant au niveau du handicap que de l'idéologie. En un sens je suis d'accord avec Tridimensionnel, mais avec toi aussi Mr Sandman.
 
Justement, sortir de ce regard productiviste est sain. Après c'est un fait pour la plupart des gens le handicap physique ou mental reste une abstraction.

Tout comme les sujets de la mort, de la modification de perception, de la spiritualité, des sciences humaines, de l'art... Dans un monde ou on ne fait que consommer bêtement on passe à coté de pleins de sujets essentiels.

Après je suis plutôt réaliste et je vois bien qu'un travail et fait à tous les niveaux, autant politique qu'humain. Le pessimisme bête et méchant est hors de propos. Et ma remarque était belle et bien bête et méchante. Autant qu'ingrate vis a vis de ceux qui font que tous ce déroule bien. Je vois souvent le coté professionnel, mais du coté des citoyens il y a également des gens qui travaillent sur leurs propre vision des autres, les opinions et les perceptions ne sont jamais jamais figées à jamais.
 
[font=tahoma,sans-serif,arial]Dans un monde ou on ne fait que consommer bêtement on passe à coté de pleins de sujets essentiels[/font] .
Comme?

Sinon je suis d'accord avec toi il y a du progrès sur l'acceptation de la différence, mais il faut être réaliste et admettre qui il y aura toujours du rétrograde.
 
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