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Vide existentiel et renversement des axiomes

Tridimensionnel

Cheval théorique
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27/4/16
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Bonjour et bonsoir !

Ces temps-ci j’entends beaucoup parler de philosophies, de pensées et de théories bâties sur le même schéma. Je ne citerai pas les références de ces théories, d’abord parce qu’elles trouveront sûrement des échos dans votre propre culture, ensuite parce que ce sont des choses dont j’ai entendu parler, au fil de discussion ou de lectures parallèles, et non que j’ai étudié en détail ou au moins précisément, en tout cas depuis de nombreuses années.

Ce schéma est donc le suivant : la vie [humaine – tout court] est vaine. Toute tentative d’y donner un sens est une fuite : fuite de cet état désagréable qu’on appelle l’angoisse ou l’ennui. Ainsi, nous faisons preuve de constante mauvaise foi envers la réalité métaphysique de l’humain en cherchant à nous divertir : que ce soit par la musique, la fête, le drogues, les relations amicale/amoureuses/haineuses, la générosité, le grignotage, internet, [insérer toute activité possible et imaginable].
Dans ses formes les plus poussées, cette vision postule que l’activité-même de rationnaliser ce mal-être – comme je suis en train de le faire – est une forme de mauvaise foi, de fuite et de divertissement.

Tout d’abord, j’ai une vision des conceptions humaines comme n’étant pas fondées sur la raison. C’est-à-dire : je pense que nous bâtissons des théories à l’aide de notre raison, mais qu’elles reposent elles-mêmes sur quelques axiomes qui, eux, n’ont aucune justification, sinon le sentiment de leur auteur.
Ainsi, l’un des axiomes de la théorie présentée plus haut est, selon moi : que le sentiment d’angoisse, d’ennui, de non-sens ou whatever, est primaire, et que les états non-angoissés, non-ennuyés, sont secondaires.
Que l’angoisse est la réalité, et le bonheur un artifice.
Que l’ennui est la vérité, et la joie un paravent.
Il en découle très naturellement tout ce que j’ai exposé.
Cet axiome ne peut pas être vérifié, il ne peut non plus être falsifié, il ne relève donc pas de la science. Il est relatif à la croyance de chacun et une fois énoncé, la discussion s’arrête ou devient un dialogue de faits, où l’on expose son sentiment sans plus argumenter.

Je voudrais proposer ici un renversement de l’axiome :
Les états de joie, d’amusement, de haine, de distraction, bref de non-angoisse, non-ennui, sont primaires. Les états d’angoisse et d’ennui sont secondaires.
Le bonheur est la réalité, et l’angoisse un artifice.
La joie est la réalité, et l’ennui un paravent.
Ce qu’il en découle : nous sommes faits pour agir, pour être actif dans notre vie, pour trouver ce qui nous fait du bien, pour construire l’environnement qui nous convient, pour réagir à ce qui nous entoure et exprimer nos émotions, etc. C’est le sens de notre vie. En tant qu’être vivant, nous avons non seulement à survivre, mais à organiser notre monde à notre avantage (et c’est bien ce que nous avons fait jusqu’ici).
L’angoisse et l’ennui sont des éperons existentiaux pour nous rappeler à l’ordre quand nous oublions d’être vivants.
Ainsi, lorsqu’on ne fait rien l’on s’ennuie, et alors on se met à grignoter pour faire des gestes & obtenir une petite satisfaction. C’est bon, on est vivant.
Lorsqu’on est empêché d’agir on angoisse, et alors on se tape la tête contre les murs, ou l’on écrit de la poésie. C’est bon, on est vivant.
Cet axiome, comme le précédent, ne peut être démontré, n’est pas falsifiable (même si je pense que le bon sens le valide un peu plus que le précédent). Il est le fruit d’une croyance, d’un élan que l’on a ou pas.

je voudrais ajouter que pour le tenant de l'axiome n°1, celui qui vit selon le n°2 est un imbécile ou un insensé, puisqu'il confond le divertissement et le sens ("ah, les normies qui dansent sur du David Guetta!").
Tandis que pour le tenant de l'axiome n°2, celui qui vit selon le n°1 n'est pas loin de la folie, puisqu'il prend le signal d'alarme d'un égarement pour le fin du fond de la métaphysique.

Voilà, je n’ai pas de thèse particulière à vous proposer. Je voulais juste partager cette réflexion qui m’est venue aujourd’hui.
 
On dirait que tu opposes une vision pessimiste à une vision optimiste de nos ressentis, comme si il y avait d'un côté la peur qui dominerait sur la joie, et de l'autre côté la joie dominant sur la peur.

En ne prenant en compte que ces deux émotions de base que sont la joie et la peur, je dirais que le fondement de nos ressentis sont liés autant à la peur qu'à la joie, parce que sans peur il n'y a pas de joie, et que tout ce qui découle de ces deux émotions nécessaires, résultent ensuite de notre environnement (dangereux ou sécurisé). Aujourd'hui on pourrait plutôt vivre dans la joie parce qu'on a plus vraiment de raison d'avoir peur, d'être angoissé comme si notre vie en dépendait tous les jours, puisqu'on la modernité nous fait vivre dans un certain confort. Mais malgré ça on a besoin d'avoir peur pour continuer de s'extasier dans la joie.

C'est pour ça que je n'opposerais pas tes deux axiomes, pour n'en faire qu'un à partir des deux. Ce qui reviendrait à n'être ni optimiste en mettant en avant la joie et le bonheur, ni pessimiste en mettant en avant la peur, l'angoisse et l'ennui, mais en étant tragique, c'est à dire en voyant le réel tel qu'il est, et non tel que je le voudrais. Ainsi j'observerais la joie ou la peur selon les situations, si celle-ci serait plutôt primaire ou secondaire dans mon comportement.

Et si il parait évident que chez certains, l'optimisme prime sur le pessimisme depuis toujours et inversement, il serait intéressant de distinguer quel type de patrimoine génétique favorise le premier ou le second axiome que tu proposes, en fonction des individus et des environnements dans lesquels ils évoluent.

Des chercheurs ont établi ce lien entre les variations génétiques modulés selon son environnement, qui façonnent notre façon de voir les choses et notre manière de nous comporter. C'est à partir de 18min30 qu'il en est question dans ce doc :

 
Beaucoup realisent le vide existentiel. La vie n'a aucun sens, aucune raison d'etre. On l'intellectualise tres bien. On peut le sentir aussi, le percevoir. Je l'ai senti si fort que ca a faillit me tuer. Car je restais dans la vision intellectualisee, ou interpretee. Je restais dans l'experience de la pensee.

C'est en vivant le vide pleinement, en l'embrassant de tout mon etre, que j'ai trouve le bonheur, le vrai, celui qui vient des que ma conscience est en eveil. Quel paradoxe que celui de trouver l'harmonie dans la pleine conscience du vide existentiel ! Mais l'univers est plein de paradoxe, c'est ce qui permet son existence.

Etre pleinement ici et maintenant, dans la presence de l'experience non conditionnee par le mental et ses interpretations/identifications.
That's the key.

Prendre soin du corps aide. Quand je suis crudivore, au fin fond de la jungle avec une source d'eau naturelle, c'est tres facile d'y acceder. Et puis avec la pratique on finit par savoir comment se connecter au phenomene quelles que soient les conditions (hors conditions extremes impropres a la vie aka va mediter dans un volcan).
 
Tridimensionnel a dit:
Tout d’abord, j’ai une vision des conceptions humaines comme n’étant pas fondées sur la raison.


Oui c'est bien ça le problème.

Tridimensionnel a dit:
c'est-à-dire : je pense que nous bâtissons des théories à l’aide de notre raison, mais qu’elles reposent elles-mêmes sur quelques axiomes qui, eux, n’ont aucune justification, sinon le sentiment de leur auteur

Les axiomes reposent sur des vérités que l'on ne peut nier. Par exemple : "le langage existe" est un axiome que tu ne peux nier car pour cela il faut que tu te contredise.

Les théories brumeuses sur la vie ne sont pas des axiomes. Et elles sont hermétiques au regard d'un quelconque raisonnement.

A partir de la, une théorie de complot reptillien a autant de valeur objective que ton post.

Maintenant concernant le fond de ton post. Tu à l'air de vouloir dualiser l'angoisse et la joie, l'ennui et l'action.
Hors pour moi tout ceci fait partie integrante de la vie. Nous ne sommes pas "fait" pour quelque chose en particulier, nous réagissons simplement au impératifs de nos corps (le corps comprend le cerveau et donc par extension la psyché). Nous adaptant à l'environnement de manière complexe car nos mécanismes cérébraux sont complexes.

Je n'ai jamais accroché à ce genre de croyances manichéennes bonheur/réalité
angoisse/artifice. Cela est une dérive à mon sens de la longue dualité instillée par la culture judéo-chrétienne, opposant le bien et le mal, le corps et l'esprit, la chair et le spirituel.
 
Héhé, chaque fois j'en reviens à ce que dit le Siddhartha de Hermann Hesse, quand il essaye d'expliquer son parcours et son illumination à son ami d'enfance : "De toute vérité, le contraire est également vrai !"
Tu l'illustre joliement avec cette histoire d'axiome sur l'ennui et la joie. C'est cool.
 
Sandman: en ce qui concerne mes croyances personnelles je ne dualise pas grand'chose. En fait, cette petite réflexion était volontairement une schématisation à l'extrême. Je pense qu'on se doit de distinguer, schématiser, un minimum pour produire un discours. Ensuite, peut-être en découle-t-il que tout discours soit insuffisant? Je ne sais pas ;)

Le terme d'axiome, je l'ai choisi parce que je n'en ai pas trouvé de meilleur. Je voulais par là désigner le fond du raisonnement, sa base. Tu dis qu'on axiome est une vérité logique. Soit. Mais il me semble que la logique repose sur des bases indémontrables, qui tiennent du bon sens. Exemple: A OU non-A. On est tous d'accord avec ça, mais je ne crois pas qu'on puisse le démontrer. C'est logique, point.

Eh bien je pense que nous avons, au fond de nos croyances, de semblables axiomes. Ils sont spécifiques à chacun, et rentrent mal dans la dualité évoquée plus haut (parce qu'elle est très grossière, j'en conviens, c'était pour les besoins du discours). Si je parle à un très bon ami, adorable mais pessimiste jusqu'au bout des ongles, il m'apparaît que, pour lui, le vide et l'ennui sont plus véridiques que le bonheur.
C'est comme ça. Je ne peux rien lui dire à ce propos, il ne peut pas me le démontrer, il peut juste me dire: "le bonheur est un paravent à l'ennui" (c'est lui qui le dit, pas moi). Il vit cela aussi sûrement qu'une porte fermée n'est pas ouverte. Et mon expérience à ce sujet n'a aucune incidence sur son opinion (si je venais te voir en disant: "A ET non-A! Je le sais!", ton bon sens ne cesserait pas pour autant de te guider).

Je pense qu'on peut ainsi décortiquer, ramener à quelques axiomes, nombre de croyances, d'opinions, de théories.

Donc oui, ce mot est impropre parce qu'il appartient à la logique alors qu'on parle ici de croyance, mais en tant que métaphore je le trouve bien trouvé.

Les autres, merci pour vos interventions :)
 
Tu veux pas faire des paragraphes s'il te plait. J'ai les yeux qui me brûle et je suis def ce qui n'aide pas. Ta réflexion à l'air compliqué et j'ai du mal à me concentrer avec mes yeux toussa.

Merci ;)
 
Caresse sur tes petits yeux.
 
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