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Guest
À propos d'une chose :
Caractère de ce qui est vain et inutile, de ce dont la réalité ou la valeur est illusoire, en ne pouvant que rester sans effet.
À propos d'une œuvre d’Art :
Représentation picturale évoquant la précarité de la vie et l'inanité des occupations humaines.
À propos d'une personne :
Caractère d'une personne satisfaite d'elle-même, et étalant complaisamment son plaisir de paraître.
La vanité recouvre donc plusieurs aspects selon le domaine d’étude dans lequel nous l’observons, et je propose dans cet article une première approche des caractéristiques comportementales et psychologiques, induites par la vanité (qui peut-être plus ou moins avéré chez les individus).
Les principaux traits de personnalité du vaniteux sont d'être amoureux de l’approbation et très attaché au jugement extérieur, c'est pourquoi il cherche toujours à se distinguer et attirer l’attention d’autrui, en se faisant remarquer. Il parle, éternue et rie bruyamment, ses talons claquent fort pour avertir de sa présence, aussi il s’habille de manière à être vu et reconnu, en miroitant des apparences brillantes ou ostentatoires (tatouages, maquillages, parures et autres extravagances). Occupant une place considérable dans son environnement et voulant plaire, le vaniteux se met en avant pour s’attribuer des mérites, et autres flatteries ou applaudissements. Etant donc avide d’admiration, il aime se faire caresser dans le sens de son poil luisant de gel, où reflète un besoin de paraître bien peigné selon les codes de son milieu socio-culturel. Mais si le fait de paraître est trop souvent négativement connoté, quand nous jugeons instinctivement les apparences de nos pairs en quelques secondes, avant de nous en justifier par des préjugés, essayons de brosser un portrait plus détaillé de la mentalité du vaniteux.
Cette émulation à resplendir a d'abord deux faces :
Le premier versant représentatif d’un excès de paraître, amène à l’ambition, quand la vanité pousse l’individu à bien faire, en se manifestant dans des actions ayant de grands buts, des dimensions phénoménales, ou nécessitant un rigoureux travail. La finalité de tous ces efforts ne pouvant qu’être félicité et honoré par ses pairs, la vanité permet de remporter des victoires si elle est intelligemment utilisée.
Le second versant moins reluisant, fait preuve de vanité lorsque toute action est en lien avec une tâche futile, sans véritable effet. L’inutilité de cette condition étant inefficace et dénouée de valeur, c'est en manquant de courage face à sa réalité, que le vaniteux se trouve de fausses excuses pour justifier ses actes. Prenons un exemple frappant, quand durant les soldes du BlacK Friday 2016, l'entreprise Cards Against Humanity a proposé aux internautes d’envoyer des fonds afin de creuser un gigantesque trou en direct sur YouTube, à l'aide d'une pelleteuse. La diffusion a duré plus de cinquante heures, comme la compagnie a amassé plus de 100.000 dollars ! Le plus aberrant est que certains ont été jusqu’à envoyer 1000 dollars pour agrandir le trou, et que sur leur page web, CAH revendique clairement que leur action n’a aucun but. Il est ainsi expliqué dans la section «Questions/Réponses» que «Vous êtes censé penser que c'est drôle. Vous ne comprendrez peut-être pas immédiatement, mais l'an prochain, vous vous marrerez en silence en repensant au trou». Toujours plus édifiant, en 2014 CAH a vendu pour 180.000 dollars de boîtes d'excréments de taureau, et en 2015 l’entreprise a récolté 70.000 dollars, en vendant du rien à 5 dollars l’unité... God Bless America !
Vanité et passions tristes
Lorsque le vaniteux n'est plus sous les feux des projecteurs, le regard d'autrui s’intéressant alors à un autre individu, de sa vanité peut naître jalousie, colère et haine, si le sentiment d'amour-propre du vaniteux est blessé. N’existant qu’aux yeux des autres et non par lui-même, si il ne peut plus se montrer puissant et désireux d’impressionner, il enviera de retrouver son statut d’idole éphémère, resplendissant l'image artificielle qu'il a de lui-même. Parce que la vanité est effectivement liée à une image extérieure qu’on a de soi, et qui est construite sur les éloges de notre entourage. Mais si le ramage se rapporte au plumage, alors nous ne sommes le phœnix que de notre entourage, et la morale souligne bien que les flatteurs vivent aux dépends de ceux qui les écoutent. Ainsi les compliments d’hypocrites ne valent rien ou presque, comme l’image faussement idéalisée que l’on se fait de notre propre personne, quand nous ne sommes pas vraiment nous-même.
Comprenons que la vanité est basée sur une forme de non-sincérité et nous fait (nous) présenter une fausse personnalité, poussant le vaniteux à combler le vide pour se faire remarquer, en plus de se donner raison (et ça même s’il a tort, comme il a compris que la vérité n'étant pas des plus recherchée, elle pouvait s'articuler de bien des manières tant qu'elle contente les individus concernés). C'est donc justifié plus ou surtout moins honnêtement, que le vaniteux peut en venir à se gratifier lui-même si les autres ne le font pas, quitte à mentir en s’appropriant des mérites d’autrui, ou même en en inventant pour se valoriser. Dans le cas où le vaniteux serait blessé, et si ses apparences mirobolantes venaient à s’effriter à cause de quelques critiques malveillantes, il fuirait les parages pour déprimer, avant de se reconstituer un nouveau plumage. Trompant ainsi toujours plus son monde, et sa propre personne, à moins d’une réelle remise en cause.
Le caractère parfois innée de la vanité, est la preuve que la vantardise et le paraître marque l’essence de certains individus, qui depuis leur enfance et de part leur éducation renforçant ce caractère, reproduisent des schémas où ils se croient acteur de leur propre vie. Mais précisons que d’autres individus deviennent vaniteux en grandissant, lorsque l’éducation qu’ils reçoivent les pousse à se prendre pour des stars ou des rois. Ce besoin de surestimation narcissique, traduit une faiblesse individuelle, comme dans les cas extrêmes où un sentiment d’infériorité suscite une rage existentielle, menant à un possible complexe de supériorité. Sans associer directement et fatalement les troubles et complexes de supériorité, d’hystérie, de mégalomanie et des pratiques érotomaniaques (conviction illusoire d'être aimé) à la vanité, intéressons-nous aux faiblesses individuelles typiques et non pathologiques des vaniteux.
La déformation vaniteuse de l’ego (à partir des travaux de Paul Diel)
La vanité étant liée à l’ignorance et à la peur, elle est l'une des grandes causes de nos difficultés. Nos angoisses et la peur de soi, et des autres, nous poussent à justifier nos actes, le plus souvent en nous survalorisant, pour ne pas succomber face à notre propre ignorance et inaptitudes (quand l'on se compare aux capacités d'autrui, et aux avancées des savoirs). Si ces difficultés étaient avouées, nous nous sous-estimerions, et notre égo en pâtirait, c’est pourquoi en compensation, nous préférons tout à chacun nous survaloriser pour coller à l’image idéalisée que nous avons de nous-même (toujours en espérant qu’autrui la reconnaisse). Mais ce rapport erroné que nous entretenons avec nous-même est inadéquate, et responsable de notre vanité. Nous nous montrons vaniteux pour fuir notre culpabilité, lorsque confronté à une situation d’échec, ou face à un refus, nous ne pouvons faire autrement que de nous avouer nos torts et difficultés, ou bien fabuler en s’inventant des mérites, pour nous détourner de notre triste réalité. Cette forme de malhonnêteté se dissimulant bien derrière des tournures de phrase induisant en erreur les spectateurs, dans notre for intérieur, nous espérons que les gens interprèteront nos propos fallacieux de manière à continuer d’ignorer nos difficultés, et les leurs. On comprend bien que chacun (se) joue la comédie, tout en étant complaisant de ses proches et de soi, pour tous ensemble se soutenir en déniant nos difficultés, et donc entretenir le film idéalisé de nos vies respectives.
Notre prétention vaniteuse, vient donc du fait que nous avons du mal à accepter un grand nombre de nos difficultés, et que nous préférons nous survaloriser pour ne pas nous subir. Mais entretenir une fausse image de soi n’est pas chose aisée, lorsqu’autrui sait faire preuve de critique et de piquant à notre égard, afin de dégonfler notre égo quand nous nous croyons aussi fort qu’un bœuf. C’est pour cela qu’à défaut de nous surestimer par vanité, nous nous dissimulons aussi derrière l’accusation de nos contemporains, en leur reprochant nos propres torts. Ce faisant nous transférons notre culpabilité sur les autres, en pouvant allégrement nous valoriser de cette victoire, continuant d’entretenir notre vanité et la préservation de notre fragile égo. Ainsi nos relations sociales oscillent entre vanité et culpabilité, et évoluent entre quatre pôles, qui sont la surestime et la sous-estime, de soi et d’autrui. Lorsque nous projetons sur autrui notre vanité, nous nous survalorisons grâce aux personnes nous approuvant, et nous accusons celles qui nous critiquent pour ne pas nous sous-estimer. Et lorsque nous projetons notre culpabilité sur autrui, nous nous faisons admirer de ceux avec qui nous nous comparons en infériorité, quand nous accusons ceux qui nous dévalorisent, pour inverser les rôles en nous survalorisant de nouveau.
C’est donc en alternant vanité et culpabilité, que notre égocentrisme nous préserve de nos angoisses et critiques des extérieures, en cherchant à plaire aux flatteurs pour nous rassurer, et à faire culpabiliser les accusateurs pour ne pas nous dévaloriser. Cette structure psychique offre un panel de tendances allant de la névrose obsessionnelle de ses apparences, à un banal manque d'objectivité, typique de la manière dont nous vivons notre quotidien souvent fantasmé. Les individus sympathiques préférant rêver ou s'identifier à quelques imaginaires cinématographiques ou artistiques, plutôt que de (se) reconnaître de manière empathique, et l’alternance de leur estime étant un vecteur de mal-être collectif à l’échelle d’une société, cela entraine suspicion et médisance, ou individualisme et narcissisme. Mais l’estime de soi y est globalement suffisamment développée pour que nous nous préservions des multiples et différentes attaques paranoïaques ou fanatiques, et des catastrophes périodiques suscitées, quitte à continuer de nous leurrer en compatissant, au lieu de nous interroger pour (nous) comprendre.
Fausse motivation et auto-aveuglement vaniteux
En nous survalorisant, nous nous trompons sur nous-même tout en croyant pourtant bien faire. Et couramment les vaniteux prétendent qu’il est impossible de s’observer de manière objective, ce qui les arrange pour se justifier de leur propre auto-aveuglement, quand ils n'osent pas analyser ce qui les dérangerait. Ainsi nous usons de vanité pour nous masquer notre propre vanité, et tous ensemble nous nous assurons de continuer à évoluer dans nos confortables et rassurantes apparences. Mais si il est essentiel de vivre un minimum caché pour maximiser ses chances d’être heureux, individuellement nous sommes néanmoins responsables de notre propre ignorance, et de notre aveuglement face aux dénis et grands maux de nos sociétés. Quoi de plus vain que de poster un tweet de soutien ou de liker la page Facebook d’une ONG, quand l’instant d’après nous consommons un MacDo en nous divertissant sereinement, fier de notre fausse bonne action ?
Si l’exemple est caricatural, le fait est que tout un chacun nous perdons malgré nous en lucidité, pour mieux nous réconforter dans nos certitudes et illusions, face à une société aux fonctionnements de plus en plus complexes. Trop peu souvent nous passons de la théorie à la pratique, en vivant dans notre monde fantasmé, où nous confondons la dure réalité avec une fresque sociale et environnementale peinte par notre imagination, idéalisant tout ce que nous ignorons ou ne voulons pas voir. Mais précisons que la vanité nous protège d’une réalité qui nous dépasse, car en tant qu’individu nous ne pouvons rien faire face à des déterminismes naturels ou institutionnels, quand la nature décide de nous mettre ko, ou que les violences politique et économique culpabilisent à grand coup de crise et de dette. Nous adoptons alors facilement les réponses proposées par les médias, qui pour leur grande majorité s’entretiennent en entretenant les lecteurs dans l’ignorance ou la désinformation, pour que les puissants soient eux aussi entretenus, comme ils entretiennent financièrement les médias (le cynisme des politiciens narcissiques s’envoyant des fleurs après avoir creusé un peu plus les inégalités sociales, est aussi révoltant que des médias préférant le buzz et le remplissage à l'investigation objective). La vanité agit donc à tout niveau, dans les structures de nos sociétés comme dans nos psychés respectives, influençant nos modes de vie et de penser, et nos individualités, dans une uniformisation tendant à la nervosité et à la satisfaction immédiate de nos désirs. C'est donc enrôlé dans des schémas nous dépassant, que notre vie nous parait incompréhensible, au point que nous trouverions des raisons d'être évidentes à consommer et nous divertir à tout prix, en banalisant et défendant les douteuses méthodes employées par les pouvoirs, pour ne pas nous renier...par vanité. Mais si paradoxalement nous dénonçons certains travers, et que pour changer son monde il faut commencer par se changer soi-même, intéressons-nous maintenant à une manière de dépasser notre vaine fatalité à nous abandonner.
Introspection vs fausse motivation
La défense opérée par la déformation vaniteuse de notre égo étant essentielle socialement, sur le plan individuel elle peut nous desservir, en nous laissant croire que nous sommes vrais en nous exaltant. Mais il faut bien comprendre que désirer se sur ou sous-estimer monopolise beaucoup d’énergie psychique, et que l’aveuglement vaniteux nous prive d’une lucidité authentiquement valorisante, quand nous sommes en accord avec nous-même. Faire preuve d’esprit nécessite une harmonie intérieure, quand nos passions et désirs sont concomitants avec notre raison, pour que nous puissions penser en des termes sensés. Nous pouvons ainsi nous valoriser ou dévaloriser adéquatement, sans excès vaniteux ou abus culpabilisant, et donc passer de la théorie à l’action en sachant ce et pourquoi nous agissons, au lieu de nous animer impulsivement et vainement, parce que nous sommes en quête de toujours plus de satisfaction, sur la défensive, et prêt à devancer quiconque ne nous encensera pas (ou nous rappellerai que nous ne valons pas autant que nous nous surestimons).
Lorsque nous sommes conscients de nos désirs et envies, nous pouvons échapper au sentiment de ne pas être à la hauteur, en sortant de notre aveuglante affectivité, pour gagner en lucidité. Il s’agit de nous décentrer pour prendre du recul quand à notre égocentrisme, s’apprendre à ne plus faire de ses préjugés des vérités absolues, et penser que l’on agit toujours de manière juste, en luttant contre notre fausse motivation à nous justifier, et court-circuitant ainsi le système alimentant notre vanité. Cette introspection consiste à se voir tel que l'on est, montrant une vraie humilité face à ses difficultés reconnues et assumées, pour comprendre les mécanismes de défense à l'intérieur de chacun de nous, qui visent à protéger notre égo, en nous masquant certaines vérités, blessantes uniquement parce que nous en avons peur et n’avons pas appris à en tirer force.
Pour citer Adler :" Être homme, c'est se sentir inférieur. "
Caractère de ce qui est vain et inutile, de ce dont la réalité ou la valeur est illusoire, en ne pouvant que rester sans effet.
À propos d'une œuvre d’Art :
Représentation picturale évoquant la précarité de la vie et l'inanité des occupations humaines.
À propos d'une personne :
Caractère d'une personne satisfaite d'elle-même, et étalant complaisamment son plaisir de paraître.
La vanité recouvre donc plusieurs aspects selon le domaine d’étude dans lequel nous l’observons, et je propose dans cet article une première approche des caractéristiques comportementales et psychologiques, induites par la vanité (qui peut-être plus ou moins avéré chez les individus).
Les principaux traits de personnalité du vaniteux sont d'être amoureux de l’approbation et très attaché au jugement extérieur, c'est pourquoi il cherche toujours à se distinguer et attirer l’attention d’autrui, en se faisant remarquer. Il parle, éternue et rie bruyamment, ses talons claquent fort pour avertir de sa présence, aussi il s’habille de manière à être vu et reconnu, en miroitant des apparences brillantes ou ostentatoires (tatouages, maquillages, parures et autres extravagances). Occupant une place considérable dans son environnement et voulant plaire, le vaniteux se met en avant pour s’attribuer des mérites, et autres flatteries ou applaudissements. Etant donc avide d’admiration, il aime se faire caresser dans le sens de son poil luisant de gel, où reflète un besoin de paraître bien peigné selon les codes de son milieu socio-culturel. Mais si le fait de paraître est trop souvent négativement connoté, quand nous jugeons instinctivement les apparences de nos pairs en quelques secondes, avant de nous en justifier par des préjugés, essayons de brosser un portrait plus détaillé de la mentalité du vaniteux.
Cette émulation à resplendir a d'abord deux faces :
Le premier versant représentatif d’un excès de paraître, amène à l’ambition, quand la vanité pousse l’individu à bien faire, en se manifestant dans des actions ayant de grands buts, des dimensions phénoménales, ou nécessitant un rigoureux travail. La finalité de tous ces efforts ne pouvant qu’être félicité et honoré par ses pairs, la vanité permet de remporter des victoires si elle est intelligemment utilisée.
Le second versant moins reluisant, fait preuve de vanité lorsque toute action est en lien avec une tâche futile, sans véritable effet. L’inutilité de cette condition étant inefficace et dénouée de valeur, c'est en manquant de courage face à sa réalité, que le vaniteux se trouve de fausses excuses pour justifier ses actes. Prenons un exemple frappant, quand durant les soldes du BlacK Friday 2016, l'entreprise Cards Against Humanity a proposé aux internautes d’envoyer des fonds afin de creuser un gigantesque trou en direct sur YouTube, à l'aide d'une pelleteuse. La diffusion a duré plus de cinquante heures, comme la compagnie a amassé plus de 100.000 dollars ! Le plus aberrant est que certains ont été jusqu’à envoyer 1000 dollars pour agrandir le trou, et que sur leur page web, CAH revendique clairement que leur action n’a aucun but. Il est ainsi expliqué dans la section «Questions/Réponses» que «Vous êtes censé penser que c'est drôle. Vous ne comprendrez peut-être pas immédiatement, mais l'an prochain, vous vous marrerez en silence en repensant au trou». Toujours plus édifiant, en 2014 CAH a vendu pour 180.000 dollars de boîtes d'excréments de taureau, et en 2015 l’entreprise a récolté 70.000 dollars, en vendant du rien à 5 dollars l’unité... God Bless America !
Vanité et passions tristes
Lorsque le vaniteux n'est plus sous les feux des projecteurs, le regard d'autrui s’intéressant alors à un autre individu, de sa vanité peut naître jalousie, colère et haine, si le sentiment d'amour-propre du vaniteux est blessé. N’existant qu’aux yeux des autres et non par lui-même, si il ne peut plus se montrer puissant et désireux d’impressionner, il enviera de retrouver son statut d’idole éphémère, resplendissant l'image artificielle qu'il a de lui-même. Parce que la vanité est effectivement liée à une image extérieure qu’on a de soi, et qui est construite sur les éloges de notre entourage. Mais si le ramage se rapporte au plumage, alors nous ne sommes le phœnix que de notre entourage, et la morale souligne bien que les flatteurs vivent aux dépends de ceux qui les écoutent. Ainsi les compliments d’hypocrites ne valent rien ou presque, comme l’image faussement idéalisée que l’on se fait de notre propre personne, quand nous ne sommes pas vraiment nous-même.
Comprenons que la vanité est basée sur une forme de non-sincérité et nous fait (nous) présenter une fausse personnalité, poussant le vaniteux à combler le vide pour se faire remarquer, en plus de se donner raison (et ça même s’il a tort, comme il a compris que la vérité n'étant pas des plus recherchée, elle pouvait s'articuler de bien des manières tant qu'elle contente les individus concernés). C'est donc justifié plus ou surtout moins honnêtement, que le vaniteux peut en venir à se gratifier lui-même si les autres ne le font pas, quitte à mentir en s’appropriant des mérites d’autrui, ou même en en inventant pour se valoriser. Dans le cas où le vaniteux serait blessé, et si ses apparences mirobolantes venaient à s’effriter à cause de quelques critiques malveillantes, il fuirait les parages pour déprimer, avant de se reconstituer un nouveau plumage. Trompant ainsi toujours plus son monde, et sa propre personne, à moins d’une réelle remise en cause.
Le caractère parfois innée de la vanité, est la preuve que la vantardise et le paraître marque l’essence de certains individus, qui depuis leur enfance et de part leur éducation renforçant ce caractère, reproduisent des schémas où ils se croient acteur de leur propre vie. Mais précisons que d’autres individus deviennent vaniteux en grandissant, lorsque l’éducation qu’ils reçoivent les pousse à se prendre pour des stars ou des rois. Ce besoin de surestimation narcissique, traduit une faiblesse individuelle, comme dans les cas extrêmes où un sentiment d’infériorité suscite une rage existentielle, menant à un possible complexe de supériorité. Sans associer directement et fatalement les troubles et complexes de supériorité, d’hystérie, de mégalomanie et des pratiques érotomaniaques (conviction illusoire d'être aimé) à la vanité, intéressons-nous aux faiblesses individuelles typiques et non pathologiques des vaniteux.
La déformation vaniteuse de l’ego (à partir des travaux de Paul Diel)
La vanité étant liée à l’ignorance et à la peur, elle est l'une des grandes causes de nos difficultés. Nos angoisses et la peur de soi, et des autres, nous poussent à justifier nos actes, le plus souvent en nous survalorisant, pour ne pas succomber face à notre propre ignorance et inaptitudes (quand l'on se compare aux capacités d'autrui, et aux avancées des savoirs). Si ces difficultés étaient avouées, nous nous sous-estimerions, et notre égo en pâtirait, c’est pourquoi en compensation, nous préférons tout à chacun nous survaloriser pour coller à l’image idéalisée que nous avons de nous-même (toujours en espérant qu’autrui la reconnaisse). Mais ce rapport erroné que nous entretenons avec nous-même est inadéquate, et responsable de notre vanité. Nous nous montrons vaniteux pour fuir notre culpabilité, lorsque confronté à une situation d’échec, ou face à un refus, nous ne pouvons faire autrement que de nous avouer nos torts et difficultés, ou bien fabuler en s’inventant des mérites, pour nous détourner de notre triste réalité. Cette forme de malhonnêteté se dissimulant bien derrière des tournures de phrase induisant en erreur les spectateurs, dans notre for intérieur, nous espérons que les gens interprèteront nos propos fallacieux de manière à continuer d’ignorer nos difficultés, et les leurs. On comprend bien que chacun (se) joue la comédie, tout en étant complaisant de ses proches et de soi, pour tous ensemble se soutenir en déniant nos difficultés, et donc entretenir le film idéalisé de nos vies respectives.
Notre prétention vaniteuse, vient donc du fait que nous avons du mal à accepter un grand nombre de nos difficultés, et que nous préférons nous survaloriser pour ne pas nous subir. Mais entretenir une fausse image de soi n’est pas chose aisée, lorsqu’autrui sait faire preuve de critique et de piquant à notre égard, afin de dégonfler notre égo quand nous nous croyons aussi fort qu’un bœuf. C’est pour cela qu’à défaut de nous surestimer par vanité, nous nous dissimulons aussi derrière l’accusation de nos contemporains, en leur reprochant nos propres torts. Ce faisant nous transférons notre culpabilité sur les autres, en pouvant allégrement nous valoriser de cette victoire, continuant d’entretenir notre vanité et la préservation de notre fragile égo. Ainsi nos relations sociales oscillent entre vanité et culpabilité, et évoluent entre quatre pôles, qui sont la surestime et la sous-estime, de soi et d’autrui. Lorsque nous projetons sur autrui notre vanité, nous nous survalorisons grâce aux personnes nous approuvant, et nous accusons celles qui nous critiquent pour ne pas nous sous-estimer. Et lorsque nous projetons notre culpabilité sur autrui, nous nous faisons admirer de ceux avec qui nous nous comparons en infériorité, quand nous accusons ceux qui nous dévalorisent, pour inverser les rôles en nous survalorisant de nouveau.
C’est donc en alternant vanité et culpabilité, que notre égocentrisme nous préserve de nos angoisses et critiques des extérieures, en cherchant à plaire aux flatteurs pour nous rassurer, et à faire culpabiliser les accusateurs pour ne pas nous dévaloriser. Cette structure psychique offre un panel de tendances allant de la névrose obsessionnelle de ses apparences, à un banal manque d'objectivité, typique de la manière dont nous vivons notre quotidien souvent fantasmé. Les individus sympathiques préférant rêver ou s'identifier à quelques imaginaires cinématographiques ou artistiques, plutôt que de (se) reconnaître de manière empathique, et l’alternance de leur estime étant un vecteur de mal-être collectif à l’échelle d’une société, cela entraine suspicion et médisance, ou individualisme et narcissisme. Mais l’estime de soi y est globalement suffisamment développée pour que nous nous préservions des multiples et différentes attaques paranoïaques ou fanatiques, et des catastrophes périodiques suscitées, quitte à continuer de nous leurrer en compatissant, au lieu de nous interroger pour (nous) comprendre.
Fausse motivation et auto-aveuglement vaniteux
En nous survalorisant, nous nous trompons sur nous-même tout en croyant pourtant bien faire. Et couramment les vaniteux prétendent qu’il est impossible de s’observer de manière objective, ce qui les arrange pour se justifier de leur propre auto-aveuglement, quand ils n'osent pas analyser ce qui les dérangerait. Ainsi nous usons de vanité pour nous masquer notre propre vanité, et tous ensemble nous nous assurons de continuer à évoluer dans nos confortables et rassurantes apparences. Mais si il est essentiel de vivre un minimum caché pour maximiser ses chances d’être heureux, individuellement nous sommes néanmoins responsables de notre propre ignorance, et de notre aveuglement face aux dénis et grands maux de nos sociétés. Quoi de plus vain que de poster un tweet de soutien ou de liker la page Facebook d’une ONG, quand l’instant d’après nous consommons un MacDo en nous divertissant sereinement, fier de notre fausse bonne action ?
Si l’exemple est caricatural, le fait est que tout un chacun nous perdons malgré nous en lucidité, pour mieux nous réconforter dans nos certitudes et illusions, face à une société aux fonctionnements de plus en plus complexes. Trop peu souvent nous passons de la théorie à la pratique, en vivant dans notre monde fantasmé, où nous confondons la dure réalité avec une fresque sociale et environnementale peinte par notre imagination, idéalisant tout ce que nous ignorons ou ne voulons pas voir. Mais précisons que la vanité nous protège d’une réalité qui nous dépasse, car en tant qu’individu nous ne pouvons rien faire face à des déterminismes naturels ou institutionnels, quand la nature décide de nous mettre ko, ou que les violences politique et économique culpabilisent à grand coup de crise et de dette. Nous adoptons alors facilement les réponses proposées par les médias, qui pour leur grande majorité s’entretiennent en entretenant les lecteurs dans l’ignorance ou la désinformation, pour que les puissants soient eux aussi entretenus, comme ils entretiennent financièrement les médias (le cynisme des politiciens narcissiques s’envoyant des fleurs après avoir creusé un peu plus les inégalités sociales, est aussi révoltant que des médias préférant le buzz et le remplissage à l'investigation objective). La vanité agit donc à tout niveau, dans les structures de nos sociétés comme dans nos psychés respectives, influençant nos modes de vie et de penser, et nos individualités, dans une uniformisation tendant à la nervosité et à la satisfaction immédiate de nos désirs. C'est donc enrôlé dans des schémas nous dépassant, que notre vie nous parait incompréhensible, au point que nous trouverions des raisons d'être évidentes à consommer et nous divertir à tout prix, en banalisant et défendant les douteuses méthodes employées par les pouvoirs, pour ne pas nous renier...par vanité. Mais si paradoxalement nous dénonçons certains travers, et que pour changer son monde il faut commencer par se changer soi-même, intéressons-nous maintenant à une manière de dépasser notre vaine fatalité à nous abandonner.
Introspection vs fausse motivation
La défense opérée par la déformation vaniteuse de notre égo étant essentielle socialement, sur le plan individuel elle peut nous desservir, en nous laissant croire que nous sommes vrais en nous exaltant. Mais il faut bien comprendre que désirer se sur ou sous-estimer monopolise beaucoup d’énergie psychique, et que l’aveuglement vaniteux nous prive d’une lucidité authentiquement valorisante, quand nous sommes en accord avec nous-même. Faire preuve d’esprit nécessite une harmonie intérieure, quand nos passions et désirs sont concomitants avec notre raison, pour que nous puissions penser en des termes sensés. Nous pouvons ainsi nous valoriser ou dévaloriser adéquatement, sans excès vaniteux ou abus culpabilisant, et donc passer de la théorie à l’action en sachant ce et pourquoi nous agissons, au lieu de nous animer impulsivement et vainement, parce que nous sommes en quête de toujours plus de satisfaction, sur la défensive, et prêt à devancer quiconque ne nous encensera pas (ou nous rappellerai que nous ne valons pas autant que nous nous surestimons).
Lorsque nous sommes conscients de nos désirs et envies, nous pouvons échapper au sentiment de ne pas être à la hauteur, en sortant de notre aveuglante affectivité, pour gagner en lucidité. Il s’agit de nous décentrer pour prendre du recul quand à notre égocentrisme, s’apprendre à ne plus faire de ses préjugés des vérités absolues, et penser que l’on agit toujours de manière juste, en luttant contre notre fausse motivation à nous justifier, et court-circuitant ainsi le système alimentant notre vanité. Cette introspection consiste à se voir tel que l'on est, montrant une vraie humilité face à ses difficultés reconnues et assumées, pour comprendre les mécanismes de défense à l'intérieur de chacun de nous, qui visent à protéger notre égo, en nous masquant certaines vérités, blessantes uniquement parce que nous en avons peur et n’avons pas appris à en tirer force.
Pour citer Adler :" Être homme, c'est se sentir inférieur. "