pastyputridpulp
Sale drogué·e
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Il y a eu récemment pas mal de discussions sur les drogues, le "bad" et la schizophrénie alors je vais y aller de ma petite histoire perso parce qu'il fait trop chaud et que j'ai pas sommeil...
Ca se passait il y a 2 ans sur paris pendant le mois de juillet/aout, j'étais plus ou moins bloqué sur place en pleine canicule à cause d'un travail d'été qui me laissait assez peu de répis.
Bref j'avais un bon pote K. qui se trouvait en transit dans le capitale pour 2 semaines entre deux destinations vacancières et qui venait chaque soir me remontait le moral en roulant de gros pétards.
Et puis il y avait aussi P., qui faisait je sais plus trop quoi en cette période mais qui passait souvent ses soirées avec nous. P. c'était un gars sympa, un peu éxubérant du genre le roi de la blague foireuse & de la chanson improvisée, en échec scolaire mais pas en rébellion et qui n'avait peur ni du ridicule ni de parasiter ses géniteurs, bref un type gentil, pas une lumière mais agréable.
On fumait, on se couchait à des heures impossibles et je trouvais chaque matin le pouvoir surhumain de me rendre au taff avec une gueule de bois (du shit) carabinée (en plus j'étais vendeur) pour mieux remettre ça la nuit tombée.
Alors un soir comme d'hab avec K. on fume un petit joint, on discute, on trippe un peu sur la ziq, la télé, la vie, les femmes et voilà que P. débarque aux alentours de 1h du matin. Tout excité, ce dernier nous racconte qu'il a réussi à choper un drôle de matos et qu'il faut absolumment qu'on le teste.
Moi et K. on écoute P. un peu sceptique, faut dire qu'il est plutôt bourré et qu'il est connu pour s'être fait plusieurs fois entubé avec du matos à la limite de l'innomable (du shit d'entraînement comme on disait...).
Bon quoiqu'il en soit je ne dis pas non pour en rouler un avec son matos et là je remarque qu'il a effectivement une apparence assez singulière : un petit bout de shit, poreux, verdâtre avec, semble t'il, des minuscules points rouges. P. me met en garde contre la toute puissance de ce qu'il appelle l'hymalayenne (le dealer inconnu lui aurait vendu sous ce nom là) ; je ris gentimment, et je roule un joint bien épais vu qu'on est trois dessus, on fait tourner rien à dire sur le goût (à vrai dire je ne m'en rappelle même plus).
Mais au bout de 2 minutes à peu près il se passe une chose étrange : je ressens des vibrations dans mes membres inférieures qui se transforment rapidement en tremblement incontrolable généralisé à l'ensemble du corps. L'effet est vraiment inattendu, puissant, assez similaire à celui des dissociatifs, à mi chemin entre une excellente weed, le n2o et le dxm (c'est la comparaison la plus parlante que je puisse trouver). Je suis secoué de spasmes nerveux, parcouru de vagues d'euphorie jouissives, vaguement inquiet je dois pourtant avouer que je suis sur le point d'atteindre l'extase, le pied "cannabicé" s'il en est...
Ce qui est intriguant c'est que mon pote K. ressent exactement les mêmes effets que moi, il tremble lui aussi comme une feuille et se marre nerveusement. Je ne me rappelle pas précisemment combien de temps l'effet a duré avant de s'estomper lentement, une bonne demi heure voire une heure sans doute. Je ne sais même pas ce qu'on a fait pendant ce temps là. Enfin si, je me souviens qu'on se forçait à marcher dans l'appart sinon l'effet devenait trop envahissant, qu'on était complétement perché, pas vraiment ce qu'on pourrait qualifier de stone, et que faire du tai chi était devenu pour moi le trip ultime...
Bref une fois à peu près redescendu, K. et moi on commence à disserter sur le matos en question avec une conviction partagée : celle d'avoir vécu un moment exceptionnel, et c'est alors qu'on se rend compte que P. n'est plus avec nous.
En fait P. est à l'autre bout de l'appart en train de faire des allers retours en courant dans le couloir, il a l'air complétement perdu et est à priori encore dans le cosmos, bref P. ne répond pas à nos questions pour le moins étonnées sur sa nouvelle lubie et refuse de s'arrêter de courir. Je comprends que P. est en plein bad trip et j'essaye de lui dispenser quelques conseils élémentaires mais rien à faire c'est à peine s'il remarque notre présence, et soudainement il s'enfuit de l'appart.
K. et moi sommes plus ou moins conscients mais défoncés comme c'est pas permis, nous n'avons ni la présence d'esprit ni la force de le rattraper. Dans la demie heure qui suit, on s'inquiète, on bad doucement et on l'appelle en vain sur son portable. Et voilà qu'on sonne à la porte, à ce moment on a été pris d'une sorte de petit délire parano commun : on était K. et moi catégoriquement persuadés que c'était P. revenu armé jusqu'au dents pour nous découper.
Finalement on ouvre : c'est bien P., blanc comme un linceul qui nous racconte une vague histoire d'animal mort qui l'aurait regardé en bas de l'immeuble. La soirée se termine je ne sais plus trop comment avec un P. redevenu relativement calme quoique mutique qui est finalement rentré chez lui...
P. ne sera en fait plus jamais le même, pendant les 2,3 mois qui ont suivi, il a été très difficile de reprendre contact avec lui, il refusait de voir du monde, et les rares fois ou j'ai pu m'entretenir avec lui ; soit il restait muet comme une tombe soit il tenait des propos absurdes (par exemple ; une intervention chirurgicale qu'il devait subir à la boîte cranienne car celle ci dernier comprimait son cerveau). Bref P. se coupait du monde, restait enfermé chez lui volets fermés, cultivant un univers délirant et paranoïaque, qui lui vaudra finalement d'être interné en psychiatrie : schizophrénie.
Il y a pas de moral à cette histoire, P. était schizo à la base, personne (lui y compris) ne le savait, ce "trip" a juste été un élément déclencheur.
J'aimerais bien savoir à quoi ce shit était coupé, je me dis que peut être du pcp mais j'en sais trop rien...
[Petite parenthèse : Je sais que le cannabis peut avoir des effets hallucinogènes : quand j'étais plus jeune, mes premières fumettes, plutôt catastrophique, s'étaient soldées par des crises d'angoisse, de paranoia incontrolable, accompagnées d'une sensation d'anasthésie très désagréable. Ce n'est qu'au bout de plusieurs années que j'ai su affronté mon "démon" et mettre fin au bad trip inévitable. N'empèche même aujourd'hui il m'arrive assez souvent de devenir un brin paranoïaque en fumant, mais rien de bien méchant.
Bref, un jour j'ai fumé un peu de weed rapporté d'Inde qu'un inconnu avait oublié chez mon ex, j'ai senti une grosse pression sur mes tempes et j'ai du m'allonger, ma vue s'est troublée, a pris une teinte jaune/orange, et pendant 40 minutes j'ai eu des visuels kaléidoscopique vaguement similaire au lsa (que je n'avais pas encore consommé à l'époque, ce n'était donc pas un "flash back"). C'était un effet hallucinogène propre à la weed, assez angoissant, qui me rappelait fortement mes anciens bads trips, sauf que là je pouvais gérer mais en ce qui concerne notre "hymalayenne" l'effet était réellement différent, alien & inédit]