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Le trouble de la personnalité limite (TPL) ou trouble de la personnalité borderline (TPB) est un trouble de la personnalité, caractérisé par une impulsivité majeure et une instabilité marquée des émotions, des relations interpersonnelles et de l'image de soi. Ce trouble, qui a ses racines dans les états paranoïdes ou dépressifs, amène l’individu à se libérer de tension interne irrépressible, quitte à se mettre en danger.
De ces deux comportements principaux que sont l’impulsivité et l’instabilité émotionnelle, le diagnostic du trouble est difficile comme il comprend un large panel de comportements, que l’on regroupe selon cinq catégories pour résoudre ce problème : émotionnel, comportemental, relationnel, cognitif, et l’image de soi.
ÉMOTIONNEL
L’individu est souvent très sensible, il ressent ses émotions plus profondément et plus longtemps que la normale, et celles-ci occupent donc un espace important dans sa vie. L’hypersensibilité favorise une réactivité émotionnelle intense, et l’individu met plus de temps à retrouver un état stable après avoir éprouvé vivement une émotion, surtout négative. Si ses sentiments négatifs s’estompent très lentement, une impression de désorganisation mentale ou de chaos psychique trouble d’autant plus l’individu, qui ne saurait dire de quoi il a peur, mais plutôt qu’il ne sait pas ce qu’il ressent (l'objet intérieur inconnu de l'angoisse). Sans arriver à saisir ou exprimer ses ressentis, l’humeur de l’individu est instable voire incontrôlable, et il en subit les fluctuations malgré lui.
Cette instabilité émotionnelle a d'importantes répercussions, pouvant effrayer l’individu ne se maitrisant pas, et dont l'excitation émotionnelle intense perturbe généralement sa manière d'agir. D’un sentiment de perte de contrôle générant des angoisses qui augmentent la blessure émotionnelle, l’état de l’individu en proie à un tracas indéfinissable peut alors empirer, et aboutir au désespoir et à une dépression dans le pire des cas. Oscillant dans ses humeurs, l’individu a du mal à se concentrer en restant attentif, et sans vraiment passer d’un sentiment de joie à déprime, il passe plutôt de la colère à l’anxiété, et de la déprime à l’anxiété. Ce qui pousse paradoxalement l’individu dans un repli émotionnel face à l’intensité des siennes, d’où une évolution vers un sentiment durable de vide et d'absence d'émotion.
La sensibilité, l'intensité, et la durée des émotions ressenties peuvent avoir un impact à la fois positif ou négatif pour l’individu. Si celui-ci est souvent idéaliste en ayant un fond adorable et heureux, il pourra ressentir de réelles extases et éprouver de véritables joies de vivre. Cependant, en fonction des aléas de la vie et selon les différents problèmes rencontrés au quotidien, il peut être dépassé par ses sentiments de déception ou frustration, et sombrer dans les méandres de ses émotions négatives, avec toutes les difficultés du monde pour en sortir. S’en suit une intense douleur psychologique plutôt que de la tristesse, de la honte et des sentiments d'humiliation plutôt que de l'embarras, de la colère plutôt que de l'ennui, et une peur panique plutôt que de la nervosité.
Le trouble de la personnalité borderline étant motivé par l’angoisse d’une perte d’objet, l’individu est spécifiquement plus sensible au rejet, à l'isolement et aux sentiments d'échec. Lorsqu’il est confronté à des situations où l’on retrouve ces schémas, l’individu tend à éprouver un sentiment de détresse mentale ou émotionnelle. Ses efforts pour tenter d'échapper ou calmer ses émotions négatives, associés à une dépression s’étant installée progressivement mais durablement, peuvent mener à un comportement suicidaire et d'automutilation, ou à des prises de risque volontaire. Souvent conscient de l'intensité de ses réactions émotionnelles négatives et, sans pouvoir les réguler, l’individu voulant se protéger de lui-même, cherche à les dissimuler quitte à les cacher complètement en paraissant froid et distant.
COMPORTEMENTAL
Face aux sentiments de malaise et de désespoir, et selon les profils des personnes atteintes du trouble de la personnalité limite, chacun trouvera une manière d’agir pour compenser ses souffrances psychiques. On retrouve couramment les abus de drogues pouvant mener à des comportements addictifs, les dysfonctions alimentaires (anorexie et boulimie), l’automutilation, et les comportements à haut risque, qui sont des recours pour diminuer l'état de tension, ou écarter les sentiments désagréables. Faute de ressentir des émotions stables et positives, l’individu ennuyé et se sentant vide intérieurement, cherche des sensations fortes pour pallier à ce manque. Cela peut aller du simple fait de voler un objet, à des pratiques très dangereuses où l’on met sa vie en jeu, tel les sports extrêmes où l’adrénaline fait se sentir vivant. Les cas les plus graves peuvent faire l’expérience d’hospitalisation, d’arrestation voire d'emprisonnement, ou devenir sans-abris.
L’impulsivité est au cœur de ces différents comportements, lorsque l’individu recherche un acte spontané avec une réponse immédiate à sa souffrance émotionnelle. L’intérêt inconséquent porté aux actes immédiats favorise la dépendance, et l’on retrouve l’impulsivité dans d’autres comportements comme la démission d'un travail, l'abandon de relation sociale ou interpersonnelle, les fugues, le shopping, l’acte sexuel non protégé avec un(e) inconnu(e).
Autrement, l’individu s’étant habitué à retrouver impulsivement une satisfaction perdue, il peine à répondre aux actes qui ne sont pas immédiatement récompensées. Ainsi d’un côté il peut être très compétent dans certaines situations, mais totalement inapte en d'autres circonstances (mêmes similaires), si il n’y perçoit pas d’intérêt immédiat et concret. L’individu a alors tendance à ne pas faire front aux problèmes, en restant passif et désappointé, souvent dans l’attente d'une solution provenant de l'extérieur.
Si le fond dépressif des états limites se caractérise par une dépression existentielle, via une diminution du tonus de vie et l’absence de symptômes, au lieu d’une mélancolie où règnerait la culpabilité, au long terme les individus en viennent souvent à culpabiliser et se sentent honteux d'avoir agi impulsivement. La souffrance engageant des actes impulsifs amène à la culpabilité et à la honte, amenant à d’autant plus de souffrance et d’impulsivité pour y remédier, et ceci s'alimentant dans un cercle vicieux devenu automatique.
En phase de tension élevée, un grand nombre des individus atteints du trouble borderline s'automutilent sans nécessairement ressentir de douleur, puisque l'automutilation leur procure dans l'immédiat un sentiment de détente et de soulagement. Ce n'est qu'au bout d'un certain temps que la sensation de douleur apparaîtrait, quand la tension serait redescendue, avec l’excitation du risque. Si l'automutilation est répandue, elle peut se manifester avec ou sans intentions suicidaires, en se différenciant donc des tentatives de suicide. Les raisons de l'automutilation non-suicidaire sont principalement l'expression de la colère, de l'auto-punition, et la tentative d'oublier la souffrance émotionnelle momentanée. Les individus qui y ont fréquemment recours y trouvent un sentiment d'euphorie, comme dans n’importe quelle dépendance.
COGNITIF
Les caractéristiques de pensées communes au trouble de la personnalité borderline sont une faible estime de soi, un sentiment de lâcheté ou de défaitisme, des impressions de déréalisation et de dépersonnalisation quand le phénomène est accentué. L’aspect dissociatif du trouble sert à se protéger émotionnellement en cas de menace extérieure ou d’angoisse intérieure. Aussi l’individu bascule entre deux comportements opposés que sont l’introversion et l’extraversion, parfois en s’embrouillant les idées lorsqu’en société il préfèrerait être seul par exemple, ou inversement lorsqu'en étant seul il voudrait être avec du monde. Si cette source de conflit interne se retrouve chez tout le monde de manière modérée, lors d’une phase active du trouble, l’individu peut se retrouver dans des situations très inconfortables, à cause d’un manque d’accommodation émotionnelle à son environnement.
Au fil du temps la tendance dissociative peut se normaliser pour prévenir de l’anxiété, face à une perte de contrôle de la réalité et un manque de maitrise de soi. Une certaine paranoïa est susceptible d’orchestrer des délires dont l’individu est conscient, mais il manifeste par ailleurs le sentiment d’être mû par une force indéterminée (comme envoûté), d’être suivi, épié et victime d’une méfiance à son encontre.
IMAGE DE SOI
La dépersonnalisation induite par le trouble, perturbe l’image que l’individu a de lui-même. Cette image de soi est changeante et vire au flou, ce qui l'empêche de se reconnaitre dans son individualité. Au delà de cette perception aléatoire de soi, la faible estime de l’individu le fait se dévaluer vis à vis de ses sentiments et expériences. Et en se comparant à autrui pour se faire une idée de la réalité qu’il n’arrive pas à fixer dans son esprit, il tire en conclusions généralisées d’autant plus d’avis défavorables à son égard, perdant ainsi de sa confiance en lui.
RELATIONNEL
L’individu atteint du trouble borderline s’estime différent des autres, et ayant autant de mal à gérer la proximité que la distance avec autrui, il s’en sent seul et isolé. La solitude le pousse à se rapprocher de son entourage, mais sa méfiance à l’égard des autres pour se prévenir de souffrances morales, ou de la honte faute de s’estimer capable de plaire durablement, l’empêche d’entretenir une stabilité dans ses échanges. Le fait que l’individu vive intensément ses relations ne l’aide pas, lorsque ses émotions ou ses passions le dépassent en le poussant à bout. Les crises qui s’en suivent provoquent des conflits, et la tendance à entrer en confrontation lorsqu’il est critiqué, l’amène à lutter par désespoir, pour ne pas être abandonné ou délaissé.
L’individu est donc particulièrement sensible à la manière dont ses proches agissent à son égard. Il perçoit la gentillesse avec enthousiasme en ressentant une grande joie, quand les agissements perçus comme négatifs le mettront en colère ou le rendront triste. Si l’individu se croit injustement traité, que ça soit avéré ou parce qu’il a sur-interprété un geste ou une parole, il peut réagir impulsivement et avec violence, en accusant de reproches autrui ou lui-même. Il a donc des difficultés à interpréter justement le comportement des autres, et comme sa perception de l'autre est très changeante, Il est donc difficile à l’entourage de cerner l’individu.
L’instabilité des sentiments vis-à-vis des autres varient du positif au négatif après une déception, comme vis à vis de soi lorsque l’individu se sentant bien, en vient à se dévaloriser à trop avoir ruminer une simple pensée devenue négative. Ainsi il peut passer d’une admiration à une dépréciation de soi ou d’autrui en un rien de temps, et dans la plus parfaite ambivalence, éprouver de un amour inconsidéré suivi d’un sentiment de haine intense. Associées aux troubles de l'humeur, cette idéalisation et les colères intempestives, peuvent poser des problèmes relationnels avec la famille, les amis et ou les collègues de travail. Pour mieux comprendre l’individu souffrant de trouble borderline, en désirant fortement garder son intimité et préserver sa confiance, il perçoit généralement le monde comme dangereux ou malveillant sans arriver à faire la part des choses, si ses émotions ne le lui permettent pas.
ORIGINE DU TROUBLE
Le trouble borderline provient d'une hyperactivité du système émotionnel, et d'une perturbation du système de contrôle de ses humeurs, qui sont des plus réactives. De possible prédisposition génétique, et des traumatismes majeurs (ou mineurs mais cumulatifs), sont créateurs d’une tension extrême amenant à cette impulsivité caractéristique, et peuvent donner lieu à des dissociations, une hyperactivité hors des phases de déprime, et des troubles de la concentration. Les expériences traumatisantes sont souvent à mettre en lien avec des négligences affectives ou des abus sexuels durant l’enfance. Autrement on constate une souffrance infantile due à un manque de soins, des violences psychiques ou physiques, du rabaissement et des critiques, des humiliations ou de l'ignorance, et d'un net manque de valorisation, ce qui déstabilise l’estime de soi.
Puisqu’il s'agit d'un trouble du système émotionnel, les enfants atteints ont des difficultés à définir leurs sentiments, à les nommer et les exprimer. Si bien qu’il développe peu ou mal leur la capacité à les maîtriser, pour réussir à résoudre les problèmes provoquées par des pensées perturbatrices ou des sautes d’humeur. D’un sentiment d’insécurité, ils ont ainsi du mal à s’y retrouver dans leurs sentiments contradictoires, et changeant. Ils se sont appris à douter d’eux-mêmes et de leurs propres expériences, en se dévalorisant et en remettant en cause leurs opinions. Sans avis personnels assurés, ils observent et miment le comportement d’autrui, sans jamais renouer avec leur intériorité, dans un travail d’introspection nécessaire, pour réapprendre à interpréter et gérer leurs sentiments. Ils peuvent donc rester de grands enfants tout en étant arrivés à un âge adulte, et continuent alors à souffrir d’inaptitudes les handicapant dans certains domaines.
DIAGNOSTIC
Définit comme « un schéma envahissant d'instabilité dans les relations interpersonnelles, de l'image de soi et des affects, également marqué par l'impulsivité commençant chez le jeune adulte et présent dans un grand nombre de contextes », il faut au moins cinq des neuf critères présents pendant un laps de temps significatif :
- Efforts effrénés pour éviter un abandon réel ou imaginé (sentiment d'être abandonné)
- Mode de relations interpersonnelles instables et intenses, caractérisées par l'alternance entre les positions extrêmes d'idéalisation excessive et de dévalorisation
- Perturbation de l'identité : instabilité marquée et persistante de l'image ou de la notion de soi
- Impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement dommageables pour le sujet (par exemple : dépenses excessives, sexualité chaotique, toxicomanie, alcoolisme, jeu pathologique, conduites à risque, crises de boulimie ou d'anorexie)
- Répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d'automutilations
- Instabilité affective due à une réactivité marquée de l'humeur (par exemple : dysphorie épisodique intense, irritabilité ou anxiété durant habituellement quelques heures et rarement plus de quelques jours)
- Sentiments chroniques de vide et d’ennui
- Colères intenses (rage) et inappropriées, ou difficulté à contrôler sa colère (par exemple : fréquentes manifestations de mauvaise humeur, colère constante ou bagarres répétées, colère subite et exagérée)
- Survenue transitoire dans des situations de stress d'une idéation de persécution ou de symptômes dissociatifs sévères
En somme, le trouble de personnalité limite est principalement caractérisé par :
- La peur du rejet et de l'abandon ;
- L'instabilité de l'humeur ;
- La difficulté à contrôler les pulsions, les actions, les réactions, les actes impulsifs souvent néfastes ;
- Les relations interpersonnelles instables ;
- Une difficulté avec l'intimité ;
- Une dissociation et une méfiance importante en présence de stress.
THÉRAPIE
Il n'existe pas de médicaments spécifiques pour traiter le trouble borderline, mais certains sont prescrits pour soulager certains symptômes associés. Le but de la thérapie est d'amener le patient à comprendre et maîtriser lui-même son problème.
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Pr Évens Villeneuve : « Avoir une personnalité borderline n'est pas un drame en soi… car après avoir acquis une bonne conscience de ses vulnérabilités, les traits de personnalité d'hier générateurs de difficultés (trouble relationnel, chaos intense, sentiment de vide, rage, etc.) deviennent des générateurs de potentialités (intelligence émotionnelle, hypersensibilité, passion, authenticité, spontanéité, compassion, etc.). »
De ces deux comportements principaux que sont l’impulsivité et l’instabilité émotionnelle, le diagnostic du trouble est difficile comme il comprend un large panel de comportements, que l’on regroupe selon cinq catégories pour résoudre ce problème : émotionnel, comportemental, relationnel, cognitif, et l’image de soi.
ÉMOTIONNEL
L’individu est souvent très sensible, il ressent ses émotions plus profondément et plus longtemps que la normale, et celles-ci occupent donc un espace important dans sa vie. L’hypersensibilité favorise une réactivité émotionnelle intense, et l’individu met plus de temps à retrouver un état stable après avoir éprouvé vivement une émotion, surtout négative. Si ses sentiments négatifs s’estompent très lentement, une impression de désorganisation mentale ou de chaos psychique trouble d’autant plus l’individu, qui ne saurait dire de quoi il a peur, mais plutôt qu’il ne sait pas ce qu’il ressent (l'objet intérieur inconnu de l'angoisse). Sans arriver à saisir ou exprimer ses ressentis, l’humeur de l’individu est instable voire incontrôlable, et il en subit les fluctuations malgré lui.
Cette instabilité émotionnelle a d'importantes répercussions, pouvant effrayer l’individu ne se maitrisant pas, et dont l'excitation émotionnelle intense perturbe généralement sa manière d'agir. D’un sentiment de perte de contrôle générant des angoisses qui augmentent la blessure émotionnelle, l’état de l’individu en proie à un tracas indéfinissable peut alors empirer, et aboutir au désespoir et à une dépression dans le pire des cas. Oscillant dans ses humeurs, l’individu a du mal à se concentrer en restant attentif, et sans vraiment passer d’un sentiment de joie à déprime, il passe plutôt de la colère à l’anxiété, et de la déprime à l’anxiété. Ce qui pousse paradoxalement l’individu dans un repli émotionnel face à l’intensité des siennes, d’où une évolution vers un sentiment durable de vide et d'absence d'émotion.
La sensibilité, l'intensité, et la durée des émotions ressenties peuvent avoir un impact à la fois positif ou négatif pour l’individu. Si celui-ci est souvent idéaliste en ayant un fond adorable et heureux, il pourra ressentir de réelles extases et éprouver de véritables joies de vivre. Cependant, en fonction des aléas de la vie et selon les différents problèmes rencontrés au quotidien, il peut être dépassé par ses sentiments de déception ou frustration, et sombrer dans les méandres de ses émotions négatives, avec toutes les difficultés du monde pour en sortir. S’en suit une intense douleur psychologique plutôt que de la tristesse, de la honte et des sentiments d'humiliation plutôt que de l'embarras, de la colère plutôt que de l'ennui, et une peur panique plutôt que de la nervosité.
Le trouble de la personnalité borderline étant motivé par l’angoisse d’une perte d’objet, l’individu est spécifiquement plus sensible au rejet, à l'isolement et aux sentiments d'échec. Lorsqu’il est confronté à des situations où l’on retrouve ces schémas, l’individu tend à éprouver un sentiment de détresse mentale ou émotionnelle. Ses efforts pour tenter d'échapper ou calmer ses émotions négatives, associés à une dépression s’étant installée progressivement mais durablement, peuvent mener à un comportement suicidaire et d'automutilation, ou à des prises de risque volontaire. Souvent conscient de l'intensité de ses réactions émotionnelles négatives et, sans pouvoir les réguler, l’individu voulant se protéger de lui-même, cherche à les dissimuler quitte à les cacher complètement en paraissant froid et distant.
COMPORTEMENTAL
Face aux sentiments de malaise et de désespoir, et selon les profils des personnes atteintes du trouble de la personnalité limite, chacun trouvera une manière d’agir pour compenser ses souffrances psychiques. On retrouve couramment les abus de drogues pouvant mener à des comportements addictifs, les dysfonctions alimentaires (anorexie et boulimie), l’automutilation, et les comportements à haut risque, qui sont des recours pour diminuer l'état de tension, ou écarter les sentiments désagréables. Faute de ressentir des émotions stables et positives, l’individu ennuyé et se sentant vide intérieurement, cherche des sensations fortes pour pallier à ce manque. Cela peut aller du simple fait de voler un objet, à des pratiques très dangereuses où l’on met sa vie en jeu, tel les sports extrêmes où l’adrénaline fait se sentir vivant. Les cas les plus graves peuvent faire l’expérience d’hospitalisation, d’arrestation voire d'emprisonnement, ou devenir sans-abris.
L’impulsivité est au cœur de ces différents comportements, lorsque l’individu recherche un acte spontané avec une réponse immédiate à sa souffrance émotionnelle. L’intérêt inconséquent porté aux actes immédiats favorise la dépendance, et l’on retrouve l’impulsivité dans d’autres comportements comme la démission d'un travail, l'abandon de relation sociale ou interpersonnelle, les fugues, le shopping, l’acte sexuel non protégé avec un(e) inconnu(e).
Autrement, l’individu s’étant habitué à retrouver impulsivement une satisfaction perdue, il peine à répondre aux actes qui ne sont pas immédiatement récompensées. Ainsi d’un côté il peut être très compétent dans certaines situations, mais totalement inapte en d'autres circonstances (mêmes similaires), si il n’y perçoit pas d’intérêt immédiat et concret. L’individu a alors tendance à ne pas faire front aux problèmes, en restant passif et désappointé, souvent dans l’attente d'une solution provenant de l'extérieur.
Si le fond dépressif des états limites se caractérise par une dépression existentielle, via une diminution du tonus de vie et l’absence de symptômes, au lieu d’une mélancolie où règnerait la culpabilité, au long terme les individus en viennent souvent à culpabiliser et se sentent honteux d'avoir agi impulsivement. La souffrance engageant des actes impulsifs amène à la culpabilité et à la honte, amenant à d’autant plus de souffrance et d’impulsivité pour y remédier, et ceci s'alimentant dans un cercle vicieux devenu automatique.
En phase de tension élevée, un grand nombre des individus atteints du trouble borderline s'automutilent sans nécessairement ressentir de douleur, puisque l'automutilation leur procure dans l'immédiat un sentiment de détente et de soulagement. Ce n'est qu'au bout d'un certain temps que la sensation de douleur apparaîtrait, quand la tension serait redescendue, avec l’excitation du risque. Si l'automutilation est répandue, elle peut se manifester avec ou sans intentions suicidaires, en se différenciant donc des tentatives de suicide. Les raisons de l'automutilation non-suicidaire sont principalement l'expression de la colère, de l'auto-punition, et la tentative d'oublier la souffrance émotionnelle momentanée. Les individus qui y ont fréquemment recours y trouvent un sentiment d'euphorie, comme dans n’importe quelle dépendance.
COGNITIF
Les caractéristiques de pensées communes au trouble de la personnalité borderline sont une faible estime de soi, un sentiment de lâcheté ou de défaitisme, des impressions de déréalisation et de dépersonnalisation quand le phénomène est accentué. L’aspect dissociatif du trouble sert à se protéger émotionnellement en cas de menace extérieure ou d’angoisse intérieure. Aussi l’individu bascule entre deux comportements opposés que sont l’introversion et l’extraversion, parfois en s’embrouillant les idées lorsqu’en société il préfèrerait être seul par exemple, ou inversement lorsqu'en étant seul il voudrait être avec du monde. Si cette source de conflit interne se retrouve chez tout le monde de manière modérée, lors d’une phase active du trouble, l’individu peut se retrouver dans des situations très inconfortables, à cause d’un manque d’accommodation émotionnelle à son environnement.
Au fil du temps la tendance dissociative peut se normaliser pour prévenir de l’anxiété, face à une perte de contrôle de la réalité et un manque de maitrise de soi. Une certaine paranoïa est susceptible d’orchestrer des délires dont l’individu est conscient, mais il manifeste par ailleurs le sentiment d’être mû par une force indéterminée (comme envoûté), d’être suivi, épié et victime d’une méfiance à son encontre.
IMAGE DE SOI
La dépersonnalisation induite par le trouble, perturbe l’image que l’individu a de lui-même. Cette image de soi est changeante et vire au flou, ce qui l'empêche de se reconnaitre dans son individualité. Au delà de cette perception aléatoire de soi, la faible estime de l’individu le fait se dévaluer vis à vis de ses sentiments et expériences. Et en se comparant à autrui pour se faire une idée de la réalité qu’il n’arrive pas à fixer dans son esprit, il tire en conclusions généralisées d’autant plus d’avis défavorables à son égard, perdant ainsi de sa confiance en lui.
RELATIONNEL
L’individu atteint du trouble borderline s’estime différent des autres, et ayant autant de mal à gérer la proximité que la distance avec autrui, il s’en sent seul et isolé. La solitude le pousse à se rapprocher de son entourage, mais sa méfiance à l’égard des autres pour se prévenir de souffrances morales, ou de la honte faute de s’estimer capable de plaire durablement, l’empêche d’entretenir une stabilité dans ses échanges. Le fait que l’individu vive intensément ses relations ne l’aide pas, lorsque ses émotions ou ses passions le dépassent en le poussant à bout. Les crises qui s’en suivent provoquent des conflits, et la tendance à entrer en confrontation lorsqu’il est critiqué, l’amène à lutter par désespoir, pour ne pas être abandonné ou délaissé.
L’individu est donc particulièrement sensible à la manière dont ses proches agissent à son égard. Il perçoit la gentillesse avec enthousiasme en ressentant une grande joie, quand les agissements perçus comme négatifs le mettront en colère ou le rendront triste. Si l’individu se croit injustement traité, que ça soit avéré ou parce qu’il a sur-interprété un geste ou une parole, il peut réagir impulsivement et avec violence, en accusant de reproches autrui ou lui-même. Il a donc des difficultés à interpréter justement le comportement des autres, et comme sa perception de l'autre est très changeante, Il est donc difficile à l’entourage de cerner l’individu.
L’instabilité des sentiments vis-à-vis des autres varient du positif au négatif après une déception, comme vis à vis de soi lorsque l’individu se sentant bien, en vient à se dévaloriser à trop avoir ruminer une simple pensée devenue négative. Ainsi il peut passer d’une admiration à une dépréciation de soi ou d’autrui en un rien de temps, et dans la plus parfaite ambivalence, éprouver de un amour inconsidéré suivi d’un sentiment de haine intense. Associées aux troubles de l'humeur, cette idéalisation et les colères intempestives, peuvent poser des problèmes relationnels avec la famille, les amis et ou les collègues de travail. Pour mieux comprendre l’individu souffrant de trouble borderline, en désirant fortement garder son intimité et préserver sa confiance, il perçoit généralement le monde comme dangereux ou malveillant sans arriver à faire la part des choses, si ses émotions ne le lui permettent pas.
ORIGINE DU TROUBLE
Le trouble borderline provient d'une hyperactivité du système émotionnel, et d'une perturbation du système de contrôle de ses humeurs, qui sont des plus réactives. De possible prédisposition génétique, et des traumatismes majeurs (ou mineurs mais cumulatifs), sont créateurs d’une tension extrême amenant à cette impulsivité caractéristique, et peuvent donner lieu à des dissociations, une hyperactivité hors des phases de déprime, et des troubles de la concentration. Les expériences traumatisantes sont souvent à mettre en lien avec des négligences affectives ou des abus sexuels durant l’enfance. Autrement on constate une souffrance infantile due à un manque de soins, des violences psychiques ou physiques, du rabaissement et des critiques, des humiliations ou de l'ignorance, et d'un net manque de valorisation, ce qui déstabilise l’estime de soi.
Puisqu’il s'agit d'un trouble du système émotionnel, les enfants atteints ont des difficultés à définir leurs sentiments, à les nommer et les exprimer. Si bien qu’il développe peu ou mal leur la capacité à les maîtriser, pour réussir à résoudre les problèmes provoquées par des pensées perturbatrices ou des sautes d’humeur. D’un sentiment d’insécurité, ils ont ainsi du mal à s’y retrouver dans leurs sentiments contradictoires, et changeant. Ils se sont appris à douter d’eux-mêmes et de leurs propres expériences, en se dévalorisant et en remettant en cause leurs opinions. Sans avis personnels assurés, ils observent et miment le comportement d’autrui, sans jamais renouer avec leur intériorité, dans un travail d’introspection nécessaire, pour réapprendre à interpréter et gérer leurs sentiments. Ils peuvent donc rester de grands enfants tout en étant arrivés à un âge adulte, et continuent alors à souffrir d’inaptitudes les handicapant dans certains domaines.
DIAGNOSTIC
Définit comme « un schéma envahissant d'instabilité dans les relations interpersonnelles, de l'image de soi et des affects, également marqué par l'impulsivité commençant chez le jeune adulte et présent dans un grand nombre de contextes », il faut au moins cinq des neuf critères présents pendant un laps de temps significatif :
- Efforts effrénés pour éviter un abandon réel ou imaginé (sentiment d'être abandonné)
- Mode de relations interpersonnelles instables et intenses, caractérisées par l'alternance entre les positions extrêmes d'idéalisation excessive et de dévalorisation
- Perturbation de l'identité : instabilité marquée et persistante de l'image ou de la notion de soi
- Impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement dommageables pour le sujet (par exemple : dépenses excessives, sexualité chaotique, toxicomanie, alcoolisme, jeu pathologique, conduites à risque, crises de boulimie ou d'anorexie)
- Répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d'automutilations
- Instabilité affective due à une réactivité marquée de l'humeur (par exemple : dysphorie épisodique intense, irritabilité ou anxiété durant habituellement quelques heures et rarement plus de quelques jours)
- Sentiments chroniques de vide et d’ennui
- Colères intenses (rage) et inappropriées, ou difficulté à contrôler sa colère (par exemple : fréquentes manifestations de mauvaise humeur, colère constante ou bagarres répétées, colère subite et exagérée)
- Survenue transitoire dans des situations de stress d'une idéation de persécution ou de symptômes dissociatifs sévères
En somme, le trouble de personnalité limite est principalement caractérisé par :
- La peur du rejet et de l'abandon ;
- L'instabilité de l'humeur ;
- La difficulté à contrôler les pulsions, les actions, les réactions, les actes impulsifs souvent néfastes ;
- Les relations interpersonnelles instables ;
- Une difficulté avec l'intimité ;
- Une dissociation et une méfiance importante en présence de stress.
THÉRAPIE
Il n'existe pas de médicaments spécifiques pour traiter le trouble borderline, mais certains sont prescrits pour soulager certains symptômes associés. Le but de la thérapie est d'amener le patient à comprendre et maîtriser lui-même son problème.
1. Prise de conscience: Le training vise à l'acquisition d'une certaine forme de prise de conscience. La teneur de l'événement est vécu "consciemment", "sur le champ" et "tel quel (sans évaluation)". Par cet entraînement le patient doit devenir plus conscient quant à sa manière d'agir au quotidien; il peut mieux s'autoréguler afin de trouver un équilibre entre sentiments et raison.
2. Tolérance au stress: Le patient apprend et entraîne les compétences lui permettant de gérer et de surmonter plus rapidement et efficacement les crises, de contrôler les dissociations dont il est victime sans s'automutiler. En plus, il assimile les attitudes préventives lui permettant d'éviter à long terme les situations génératrices de stress et développe les compétences qui l'aident à accepter la réalité de la situation. Il s'agit non seulement d'encourager l'acceptation des faits et des situations immuables mais aussi de poser les bases nécessaires pour les modifications visées.
3. Gestion des émotions: Le patient apprend à reconnaître ses émotions, à en comprendre la signification et les effets. Il s'entraîne à mettre en place des stratégies lui permettant de diminuer les souffrances émotionnelles et la susceptibilité et d'octroyer une place accrue aux sentiments positifs.
4. Relations interpersonnelles et techniques de résolution des conflits: Un travail est effectué au niveau des facteurs touchant aux compétences sociales: défaut d'aptitude, perturbation des idées et mode de pensée, sentiments négatifs, indécision ou manière d'agir dans un contexte difficile. L'objectif de ce module est que le patient réussisse à exprimer ses souhaits, ses objectifs et ses idées et qu'il puisse les mettre en pratique tout en conservant l'estime de soi et le respect des autres. Il apprend donc à évaluer l'objectif en fonction de la situation donnée et à exercer ses compétences pour y parvenir.
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Pr Évens Villeneuve : « Avoir une personnalité borderline n'est pas un drame en soi… car après avoir acquis une bonne conscience de ses vulnérabilités, les traits de personnalité d'hier générateurs de difficultés (trouble relationnel, chaos intense, sentiment de vide, rage, etc.) deviennent des générateurs de potentialités (intelligence émotionnelle, hypersensibilité, passion, authenticité, spontanéité, compassion, etc.). »