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trois mois de microdosing psilo

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion rosiernain
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rosiernain

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30/1/20
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Bonjour,

Depuis trois mois, j’utilise le protocole de Fadiman (microdose au jour J, sobre à J+1 et J+2, nouvelle microdose à J+3) de façon souple, dans le sens que plutôt que de reprendre à J+3, je choisis mon jour pour la nouvelle prise à partir de J+3 en fonction de mon humeur et du planning de la journée;
exemple : microdose mardi ; J+3 c’est vendredi ;
mais ce jour là j’ai prévu une séance d’escalade ; j’ai remarqué que escalade et microdose ne font pas bon ménage ; se retrouver à 15 m de hauteur microdosé n’est pas rassurant du tout, car la partie du cerveau qui d’habitude met rationnellement la peur de coté (« la corde est solide, le partenaire qui assure est fiable »)  est légèrement endormie et je me prend en pleine poire l’impression visuelle du vide ..
Donc pas de microdose vendredi mais plutôt samedi juste avant une session de danse improvisée ou bien dimanche matin pour une journée de solitude ;
j’expérimente : certaines fois je choisis la journée où sont prévues des interactions sensibles, d’autres fois je choisis une journée de solitude.
Autre cas de figure : à J+3 je me sens encore en process de la microdose d’avant ; à J+2 se sont réveillées des émotions anciennes qui me brassent encore ; et bien je prends le temps de les écouter sans microdoser avant de les avoir traversées; et des fois ça prend plusieurs jours.
 
J’utilise des truffes que j’ai acheté sur Z.  (mélange de mexicana et pajaritos) et aussi des champis que j’ai cultivé avec un kit (golden teacher et Mc Kennaï).
 Je ne sens pas vraiment la différence.

Quantité : 3 truffes ou bien un petit champi.
 
Je cérémonialise un peu la prise (je ne le faisais pas au début, ça m’est venu petit à petit) ; je m’adresse à haute voix aux ‘petits frères’ (comme les appelle Maria Sabina ), je pose mon intention.
Et parfois rien que ça, c’est déjà bien émouvant.
Ensuite je les ingère et les mâche lentement .
 
Les effets sont subtils et bien tangibles en même temps :
humeur plus légère, plus joyeuse, plus de facilité à me concentrer (notamment en musique , danse, dessin, méditation), plus de facilité à communiquer avec confiance , ouverture et franchise, plus de faciliter à goûter le présent, plus de subtilité dans la sensibilité.
Contact plus direct avec les émotions.
 
Assez souvent je ressens ça à J et à J+1 , parfois c’est même plus prononcé à J+1.
A J+2 je ne saurais pas dire si c’est encore là ou pas, et ça dépend des fois.
Parfois j’entre en contact avec mes démons (manque affectif, sentiment d’inaccomplissement, manque de confiance) et le contact est plus vigoureux, plus direct et dure plutôt moins longtemps qu’avant.
Ce contact avec l’ombre peut venir à J+2 mais aussi à J+1 et même parfois à J.
 
Exemple : un matin à J+5  (à J+3 je ne me sentais pas disponible pour microdoser, à J+4 ça aurait pu mais je n’en sentais pas la nécessité ), ce matin là, donc, à J+5 je plonge dans une réflexion sur l’âge et je me formule la pensée : « dans 14 ans j’aurais 80 ans » ; cette pensée déclenche une tristesse énorme ; sentiment d’inaccomplissement, tristesse de voir la vieillesse approcher ; je plonge corps et âme dans cette émotion sans chercher à la maitriser.
Une fois que je l’ai laissé me traverser, je me sens plutôt bien, apaisé, et stimulé pour être actif, créatif.
L’après midi j’ai l’élan de prendre une microdose (et tout se passe bien ; j’aurais notamment de très beaux moments à J+1)
 
Au bout d’un mois environ j’ai pris une dose plus forte (j’ai raconté le trip dans un TR « une traversée avec 5g de Hollandia » ); le lendemain du trip j’ai eu un élan très fort de microdoser et je me suis interdit de le faire (je me méfie du  danger d’addiction psychologique); j’ai laisser passer une semaine avant de microdoser à nouveau.
Depuis le trip macrodosé , je ressens de manière plus tangible une sorte de processus à l’oeuvre, un peu comme quand on entre en psychothérapie, que ça marche et qu’on sent qu’il y a un processus de transformation à l’oeuvre.
Je me sens stimulé dans le processus de croissance (vers plus d’ouverture, une meilleure qualité de présence, plus de courage, de confiance, de créativité , d’accueil bienveillant des ombres, etc...) ;
c’est un peu comme une marée montante, à la fois puissante et douce.
Depuis quelques semaines j’ai mis en place une pratique matinale: étirements,  pranayama, mantra  avec improvisation dansée; je me surprends d’avoir envie de le faire chaque matin , alors que mes tentatives d’instaurer une pratique quotidienne avant le microdosage avaient toujours tourné court.
J'ai retrouvé l'élan de dessiner et j'ai fait des dessins spontanés au fusain qui m'ont agréablement surpris. 
(j’avais déjà dessiné un peu mais il y a une vigueur et un équilibre entre liberté et forme  que je ne me connaissais pas à ce point ) , dans la danse aussi l’évolution est tangible (plus de liberté et de centrage) , et aussi dans ma disponibilité pour les autres , l’envie de contribuer , de soutenir. J’ai fait plusieurs (petites) propositions généreuses que je ne me serais pas vu faire il y a quelques mois.

A suivre...
 
Au plaisir de lire vos éventuelles  commentaires, questions, conseils...
 
Merci pour ton retour!

J'ai essayé a plusieurs reprises le microdosing, mais toujours de façon parsemées, un jour par ci, un jour par la. J'aimerai bien essayer de façon plus régulière voir si je perçoit un changement.

Exemple : un matin à J+5 (à J+3 je ne me sentais pas disponible pour microdoser, à J+4 ça aurait pu mais je n’en sentais pas la nécessité ), ce matin là, donc, à J+5 je plonge dans une réflexion sur l’âge et je me formule la pensée : « dans 14 ans j’aurais 80 ans » ; cette pensée déclenche une tristesse énorme ; sentiment d’inaccomplissement, tristesse de voir la vieillesse approcher ; je plonge corps et âme dans cette émotion sans chercher à la maitriser.

C'est "amusant", car je me retrouve osuvent avec ce genre de pensées, alors même que je ne suis que trentenaire ! J'ai peur de laisser le temps passer et de passer a coter de tnat de choses. Tes retours me font d'ailleurs surgir un certains optimisme quand a mon propre chemin :)
 
Sympa ce retour ^^
Tu n'utilise donc pas de balance?
Et intéressant comme approche de prendre ça au ressenti, j'aurais clairement fait une posologie stricteset régulière à ta place mais c'est tout aussi valable de les consommer quand l'envie est présente en fin de compte.
 
snap2 a dit:
Sympa ce retour ^^
Tu n'utilise donc pas de balance?
Et intéressant comme approche de prendre ça au ressenti, j'aurais clairement fait une posologie stricteset régulière à ta place mais c'est tout aussi valable de les consommer quand l'envie est présente en fin de compte.

si, j'ai une balance que j'ai utilisé au début et que je ressors quand j"ai un doute .
Pour le  dosage j'ai suivi les indications du calculateur qui est sur le site de Z. et qui tient compte du poids corporel.
 
suite....

Je commençais à sentir le besoin de faire une pause pour intégrer tout ça; impression que ça faisait beaucoup de mouvement à l'intérieur ; envie de calmer le jeu ;
et par ailleurs j'avais lu qu'il était recommandé de ne pas dépasser 3 mois; une mesure de précaution vu les (faibles ) soupçons qu'à long terme ça pourrait être nocif pour le coeur.
J'étais donc sur le point d'arrêter et le coup de pouce pour me décider est venu de ce que je suis allé écouté Stéphanie Chayet présenter son livre "Phantastica; ces substances interdites qui guérissent" (à paraitre) au séminaire "Etudes psychédéliques" à l'EHESS à Paris.
(exposé passionnant où elle a mêlé histoire personnelle et informations objectives fruits d'une enquête poussée)
J'ai discuté avec elle ensuite et elle m'a vivement conseillé de respecter cette règle des trois mois et cela m'a convaincu.

J'ai senti une petite pointe de nostalgie de dire adieu aux champignons pour quelques temps, un peu comme si j'avais une microaddiction psychologique.
Mais ce n'était pas trop difficile non plus et tout de suite j'ai senti l'ardeur de poursuivre par d'autres moyens, et notamment cette pratique matinale de pranayama et mantras que j'ai mis en place.

Pour info : le programme du séminaire d'Etudes psychédéliques (c'est ouvert au public)
https://enseignements-2019.ehess.fr/2019/ue/2998/

et un article concernant les potentials risques cardiaques :
https://thethirdwave.co/psychedelics-heart-risk/
 
Flûte alors mais il a l'air super intéressant ce séminaire ! SI j'avais su, j'y serais allé
As-tu pris des notes, ou autres qui permettrait de nous en rendre une partie ?
 
Oui, j’ai pris quelques notes ; voici un petit compte rendu (assez sommaire malheureusement; mes notes sont incomplètes).

Stéphanie Chayet commence son exposé en disant qu’elle revient de  New York et qu’elle a des bonnes nouvelles : il y a un grand bon en avant (dans la recherche psychédélique).

1) Deux laboratoires viennent d’être créés : à l’Imperial college de Londres (pour 3 millions de dollars)
The world’s first center for psychedelic research

et à l’université John Hopkins de Baltimore (pour 17 millions de dollars) :
Center for Psychedelic and Consciousness Research

2)Dans les deux cas il n’y a pas eu de financement public; ce sont des fonds privés.

3) « The journal of psychedelic psychiatry » vient d’être lancé.
site du journal : https://www.journalofpsychedelicpsychiatry.org/
numero 1 en ligne :
https://7fc19784-edaf-4431-98b4-205...d/e07c59_71439f4f92fd4cf3ba7404e43db2e893.pdf

4) Denver, Oakland, Santa Cruz, Chicago, Dallas, Portland ont dépénalisé la psilocybine ou s’apprêtent à le faire

Tout cela contraste avec ce qui se passe en France : retard de connaissances, aveuglement; elle évoque notamment le congrès de l’encéphale (janvier 2019).

Elle parle de l’importance à ses yeux du coming out pour faire bouger les lignes.

Elle raconte un peu son expérience personnelle : atteinte d’un cancer à 45 ans elle est désespérée ; une session avec une forte dose de psilocybine la soulage radicalement de l’anxiété liée au diagnostic; comme une ablation de l’anxiété.

Ensuite elle évoque son enquête auprès des chercheurs, les résultats très encourageants : expériences transformatives, bon résultats dans la dépression, addictions, détresse existentielle, toc etc...
et on est sans doute loin d’avoir fait le tour des indications.
Aucune complication parmi les centaines de volontaires.

Elle parle des risques, qui sont minimes si les conditions sont bonnes et qu’on s’assure qu’il n’y a pas d’antécédents psychotiques (le fait d’exclure aussi les personnes qui ont des antécédents psychotiques dans leur famille est une mesure de précaution sans doute excessive selon elle).
Mais bien sûr des expériences difficiles sont toujours possibles.
Elle parle de son expérience de bénévole à Burning Man pour accompagner des personnes en bad trip ; il suffit en général de parler à la personne comme à un enfant de 3 ans, avec une présence calme et rassurante pour calmer le jeu.

Elle prône la possibilité pour chacun d’évaluer le rapport bénéfice/risque comme on le fait lorsqu’on décide par exemple de faire du vélo en ville, ou pas.

Elle parle à nouveau de l’importance à ses yeux du coming out ; elle évoque celui d’Amélie Northomb.

Elle soutient la nécessité d’inventer un modèle d’usage (des psychédéliques) qui permettrait de protéger des mauvais usages, mais qui serait plus large que le modèle médical.
(cf projets de spa en Oregon)

2,7% des femmes et 8% des hommes (en France ?) ont fait usage de psychédéliques ;
comment combler ce ‘gender gap’ (demande-t-elle en souriant ) ?

Une question du public à propos du coming out :
le coming out ne peut il pas être dangereux (en terme identitaire) pour certaines personnes ?
(je n’ai pas noté sa réponse)

Une autre question : avez vous prévu une stratégie de défense pour les plateaux télé si on commence à vous attaquer ?
réponse : non, aucune stratégie prévue.
elle a consulté un avocat avant de publier son livre (l’éditeur ne l’avait pas demandé) pour s’assurer que les risques qu’elle prenait étaient raisonnables
(au regard de la loi qui interdit de présenter les drogues sous un jour favorable)


Voici le lien vers son livre :
https://www.grasset.fr/livres/phantastica-9782246818793
 
C'est intéressant, ça me tente de me lancer aussi dans le micro dosing, ça se fera sûrement cette année
 
Merci pour ce témoignage que je trouve absolument   passionnant, qui me touche et me donne envie de me tourner vers ce type de thérapie. 
Je sais que ce post est un peu ancien mais si par hasard tu repasses dans le coin, j’aimerais connaître ton feed-back à plus long terme. 
As-tu repris le microdosing au terme de ta période de sevrage? Deux ans environ après le début de ta cure, quel regard portes-tu sur cette expérience? 
Dans tous les cas, cela a été un plaisir de te lire
 
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