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TripReport - Un premier voyage galactique sous Salvia

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Globuleis
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Globuleis

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13/11/20
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La Salvia est là, coincée et serrée dans la douille du bang. J’ai déjà la tête tournoyante de mes deux précédentes prises d’essai. Du haut de mes 18 ans, et de mon expérience encore fines des psychédéliques, la sauge divinatoire me préoccupait depuis déjà quelques temps, et me questionnait sur ma capacité à être prêt à plonger dans son monde. Autour de moi je me sens déjà absorbé par la chambre sous pente, éclairée par les leds colorées et brillantes, et bercée d’une ambiance sonore relaxante. Ma compagne qui partage ma vie et mes expériences depuis plusieurs années est assise juste derrière sur le lit, sobre et un œil sur moi. 

Doucement, j’avais essayé une première dose très mince, qui avait à peine relevé un décalage entre la réalité et ma perception. La seconde, plus chargée, m’avait encore un peu plus plongé dans mes pensées. Enfin, la 3eme, à la bonne dose, est entre mes mains. Je grille les feuilles et laisse la fumée descendre lentement dans mes poumons, tandis que le son des bulles d’eau qui éclatent fait écho en moi. Surpris par le gout pur et amer de la Salvia, je recrache toute la fumée seulement 2 ou 3 secondes après, et pourtant, mon corps est déjà ailleurs. Je me trouve au cœur d’une autre civilisation, flottante en plein espace, et je suis entouré par des êtres humanoïdes, mais pas humains. Ils sont bien plus singuliers, épurés, comme sortis du dessin animé Il Etait une Fois la Vie, tous d’une couleur rosée, avec un simple visage, et une forme corporelle quasi-identique à chacun.

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Ils semblent attendre quelque chose, et m’invitent avec eux, toutefois ils ne parlent pas avec des mots, je sais simplement qu’ils me transmettent une information et que je la comprends.
Rapidement un bus arrive et bien que réticent, il m’emporte avec la foule. Je suis sur le toit,  je sens tout l’intérieur de mon corps crépiter et se faire tirer vers l’avant, mais alors que tout semble prendre de la vitesse je me souviens que je ne peux pas partir aussi simplement, en tout cas pas sans celle que j’aime. Le bus semble bloqué par ma faute, on m’invite alors à aller la chercher pour qu’elle vienne avec moi. A cet instant, je reviens en partie dans la réalité, je me redresse sur le lit et me rapproche de ma copine, je balbutie quelques mots pour lui proposer de m’accompagner mais je comprends aussitôt que c’est impossible. Légèrement tourmenté, je me retrouve plongé au milieu de toboggans colorés qui débouchent à nouveau au cœur de la civilisation que j’avais rencontré au préalable, mais cette fois-ci et à seulement quelques mètres de moi passent à une vitesse folle des navettes fixées sur un grand huit. Certains des êtres humanoïdes sont dans ces wagons tournoyants, et alors qu’il me semble évident que je doive monter à bord, 3 individus similaires, mais cette fois-ci jaunes, me barrent la route. Un d’entre eux m’explique alors, légèrement en colère, que ma place n’est pas encore ici, que je ne peux monter à bord car je ne suis pas prêt. L’introverti profond que je suis, qui ne partage son temps qu’avec lui-même ou avec la seule personne qu’il aime, en prend un coup lorsque ces êtres me disent que je ne suis pas suffisamment civilisé, pas suffisamment humain et modeste pour pouvoir les rejoindre. J’essaye vaguement de débattre avec lui ou elle, mais en vain. On me dit alors que je dois encore acquérir de l’expérience et qu’en attendant je vais être assigné à la branche des « confitures ». Perturbé par cette imposition, je refuse, je ne veux pas et pourtant je chute inlassablement dans une salle recouverte de confiture rouge, jusqu’à être prisonnier de 4 murs de confitures.

Un éclat de rire me ramène alors dans la chambre, mes propos autour de la confiture avaient surpris ma compagne, j’ai du mal à saisir si je suis concrètement dans la chambre que j’ai quitté juste avant ; le temps semble compressé et écartelé à la fois, l’espace de la pièce n’a plus de mesures, et tout m’apparait comme différent, sauf une chose : ma copine. Je réalise alors à cet instant toute l’essence de la dualité de ce trip : elle est le seul point d’encrage que j’ai et qu’il me reste, d’une part elle me permet de ne pas m’écarter trop de la réalité, d’autre part elle m’empêche de m’aventurer trop loin dans cet autre monde. Je replonge alors dans la civilisation colorée, et cette fois-ci ma vue est plus globale. Je me trouve à quelques centaines de mètres du grand huit, et je me rends compte que c’est une gigantesque sphère gyroscopique, flottante dans l’espace noir, composée de plusieurs anneaux  indépendants les uns des autres et en rotations, accueillants chacun les wagons. Tout tourne si lentement, et pourtant avec une intensité si foudroyante.

(Semblable à ce roller-coaster tiré d’une scène de Rick et Morty :)


 J’aperçois autour les morceaux de planètes habitant la civilisation que j’ai rencontré, la matière en mouvement, comme élastique, ne ressemble à rien de ce que je connais.  
A partir de là, je commence à osciller indéfiniment entre les deux réalités qui s’offrent à moi, toujours en ayant ma compagne comme élément pivot. Je tente de rentrer en contact avec elle, et bien qu’elle me réponde je n’arrive plus à la comprendre son langage. Je lui demande de répéter plusieurs fois, mais le français m’est devenu étranger, je ne suis capable de communiquer qu’avec le langage de l’autre civilisation, en tout cas j’en ai l’impression. Je replonge aléatoirement dans l’espace, et je vois progressivement tout ce monde s’écarter de plus en plus de moi. J’ai un dernier contact avec un des êtres humanoïdes, plus bienveillant que les autres, qui me signifie de ne pas trop m’inquiéter car tout ceci n’existe qu’en moi, c’est une partie cachée à laquelle je suis le seul à avoir accès. Bizarrement, je suis rassuré.

Je finis après un long moment de latence et de jongle entre ces deux espaces à rester raccrocher à la réalité, bien que toujours perdu. J’ai beaucoup de mal à saisir si je suis réellement de retour, et remets en doute tout ce qui m’entoure ainsi que la véracité de ce que m’affirme ma copine. Alors exténué, j’arrive à me dresser sur mes deux jambes, et j’avance à tâtons dans la pièce. Je lève les yeux et regarde droit au travers d’une fenêtre de toit. Le ciel est noir et une seule étoile brille dans le ciel (certainement Venus), elle m’éclaire le front avec un rayon lumineux traversant le ciel, l’impression de proximité que je partage avec est alors très particulière et je saisis que je me suis tant écarté du monde que j’ai vu il y’a quelques minutes, que ce point brillant loin dans l’espace est le royaume civilisé que j’ai entrevu. Cela crée un étrange lien avec la réalité, car cette étoile n’avait rien d’une hallucination, et les deux espaces entres lesquels je jonglais au long de ce voyage semblent alors se toucher du bout des doigts.

20 longues minutes de redescentes s’écoulent ainsi avant que tous les effets s’estompent. Je suis fatigué, remué et acariâtre même avec celle que j’aime et qui m’a surveillé, mon égo a été touché. Je réfléchis et replace tout ce qui s’est passé dans l’ordre. Ce voyage aura durée, bien qu’avec une substance à l’origine mal consommé, prêt de 40 minutes, avec 20 minutes de montée et plateau, et 20 minutes de redescente. Pourtant le temps avait à mes yeux entièrement disparu, cela aurait pu durer seulement quelques minutes, comme des heures entières.
 

La symbolique, l’aspect assez explicite et personnel, ou encore les questionnements qui ont enrobé cette première expérience me laisse penser qu’il est inutile que j’en vienne à raconter qui je suis, mes perceptions du monde et/ou de la vie, et tout simplement parler de ma personnalité. La Salvia est une substance je pense très intime, par son intensité et sa capacité à nous enfermer seulement en nous même, avec nous-même, à l’inverse d’autres substances comme le cannabis, ou même les champignons qui bien que vécus personnellement peuvent se partager, se faire influencer par la présence des autres. Sur moi, l’effet de la Salvia a été assez déroutant et fort en connotations, mais c’est à chacun de faire son expérience pour saisir ce qu’il peut trouver derrière ces feuilles noires…
 
Chouette TR, bien narré, merci pour le partage :)
Je pense que cette dimension "intime" du trip peut pas mal se retrouver sous DMT ou sous dissociatif.
 
Notes post-trip, à tête reposée, quelques temps après cette première prise :

J’ai pour la première fois l’impression de comprendre l’intérêt personnel, identitaire, que pouvait apporter les psychédéliques, bien au-delà de la simple remise en question et de l’amusement. Je ne crois ni en de quelconques Dieux, et ne perçois pas non plus dans la drogue un aspect mystique ou/et surnaturel. A mon gout ce qui est à l’origine de cette duplication des réalités pendants nos prises, cette impression de liberté et de plénitude, de renouveau complet, c’est nos mensonges.
Nous nous mentons constamment à nous même, je pense majoritairement inconsciemment, et le résultat en est que nous savons nombre de choses sur nous que nous refusons de voir, de comprendre, d’accepter. Et qu’est-ce que notre réalité de plus que ce que nous croyons savoir ?

Quand on consomme un produit, et ici je m’appuie sur l’exemple de la Salvia, je pense que nous ne vivons rien d’extranaturel, tout le contenu du trip provient de nous, de notre personnalité. Ce qui se passe c’est qu’on perce toutes nos barrières mentales, y compris et majoritairement celles de notre inconscient, et il s’y trouve nombre de choses que nous ignorons, mais qui pourtant nous appartiennent. Ainsi je crois que notre ennemi principal au cours d’une vie, c’est nous même, et je vois dans la consommation de psychédéliques la possibilité de se rapprocher de cette compréhension du « moi » inconnu, incompris.


J’en viens maintenant à rebondir sur ma propre expérience ci-dessus, et espère offrir un sujet de discussion à certains :

Tout mon voyage était basé sur une dualité de réalités, je n’étais pas complètement plongé dans un autre monde, tout semblait posé comme un calque sur mes yeux tandis que je gardais un pied dans la réalité. Différents éléments très explicites accompagnent également la suite de mon propos, notamment lorsqu’on m’a dit que je n’étais pas suffisamment modeste et civilisé pour entrer dans ce monde, et que plus tard on m’a dit que tout ce monde n’existait qu’en moi. Vous me direz peut-être que je tisse des liens trop facilement entre ces éléments, mais je pense que je me suis parlé à moi-même pendant ce trip, je me suis dit ce que je ne voulais pas entendre, et que pourtant je sais. J’ai en effet un assez gros souci de modestie et d’orgueil, et je pense que c’est le mal qui ronge la plupart d’entre nous Humains. Soit trop peu confiant en soi, soit trop confiant en soi, et ici pour moi j’ai tendance à prendre de haut la plupart des gens et à me penser supérieur à mes congénères. Je vois l’humanité comme un amas de stupidité répugnant, pervers et dépourvu de tout intérêt, et j’aimerais ne pas être Humain rien que pour ça. Je fais tout pour me détacher des groupes sociaux, des civilisations, de la politique et de tout ce qui peut réunir les gens. L’hypocrisie là-dedans c’est que je rejette ce que je suis, un simple Humain, et que vivre complètement isolé n’est qu’un artifice, car pour progresser dans la vie je m’appuie sur ce qu’on fait d’autres avant moi, sur leurs inventions, leurs réflexions et seul je n’aurais pas même pu acquérir une infime partie de ces connaissances, de ce savoir.

Pour continuer, de mon point de vue chacun nait, vit, et meurt sans laisser la moindre trace derrière lui, et cette idée « d’Existence » que nous entretenons n’est que plastique et superficielle. Toutefois, l’erreur que j’ai faite c’est de penser que je réfléchissais plus que les autres, que mes idées étaient mieux construites, et que je connaissais mieux la réalité que tous les autres, et quand je vois autour de moi les propos, et le comportement que tiennent tout un chacun, en particulier ceux de mon âge (la vingtaine), qui semblent s’opposer à une quelconque réflexion, à une maturité de pensée, et/ou à se cultiver, je me rassure dans mon idée que je suis plus fins et réfléchis, et me ferme progressivement à toute discussion avec les autres. C’est un cercle vicieux tellement simple et si dangereux pour autant qu’une fois emporté dans ces rouages, il devient assez complexe de réussir à prendre du recul sur soi-même. On ne s’en remet qu’à soi, en rejetant toute consultation des autres.

Même si être particulièrement confiant en soi a ses avantages, je me suis rapidement retrouvé (en 2 ans) à suffoquer. En effet, l’orgueil et le surplus de confiance en soi amène à faire des choses plus importantes, plus grandes que ce à quoi on pourrait se restreindre, mais seulement sur le court terme, car le rejet catégorique de l’autre finit en cul de sac.« L’Humain est un animal social » et j’ai eu beau chercher la faille dans cette affirmation pendant longtemps, elle est (malheureusement ?) fondée et inévitable. Une quelconque évolution, une volonté de construire quelque chose, passe par la collectivité ; si on souhaite sur le long terme faire justement plus grand, on se doit d’être entouré, de savoir s’ouvrir, et pour moi accepter cela c’est une épreuve.

Toutefois reconnaitre son orgueil afin tenter de lutter contre ne doit pas pour autant signifier vouloir le détruire je pense. L’idéal que cherche tout psychonaute averti est à mon gout un équilibre parfait entre Modestie et Confiance en soi. Malheureusement on ne peut pas faire confiance à son prochain librement, malheureusement on ne peut attendre qu’une personne se comporte de la même manière qu’on se comporte avec elle, la confrontation, le conflit, l’hypocrisie, la violence sont des choses inévitables, mais cela ne doit pas non plus signifier fermer toutes portes à l’autre. Savoir ne pas juger quelqu’un trop vite, à sa manière d’être, de penser, de parler, tout en sachant garder les barrières nécessaires, le recul. Garder une idée d’égalité, d’ouverture tout en se protégeant, en étant capable de défendre ses arrières. Etre au final capable de donner sa chance à l’autre. Ce dosage si fin et complexe, je le cherche encore, et je penche toujours plus vers un comportement défensif, de rejet car cela me semble si difficile de faire confiance à qui que ce soit.

Enfin, je reviens vers une de mes précédentes réflexions sur ma vision des autres, et en particulier ceux de mon âge qui semblent pour la plupart s’opposer à toutes réflexions. Je suis un penseur, non pas dans le sens que mes idées méritent l’intérêt des autres, mais je réfléchi chaque choses, essaye de trouver un quelconque intérêt à celles-ci en espérant pouvoir toucher un jour ne serait-ce qu’un fragment d’une Vérité, et j’ai le sentiment que tout Psychonaute qui cherche dans sa consommation la réflexion, la recherche plus que l’amusement et le plaisir est forcément aussi un penseur. Toutefois j’en viens à ceci : à quoi bon essayer de tout penser, de tout réfléchir, lorsqu’on sait que quoi qu’on fasse aucunes réponses véritables ne seront jamais entre nos mains, et que tout continuera à nous échapper ? Dans cette simple mesure ceux qui ont peut-être raison c’est ceux qui ne réfléchissent plus, qui se laissent porter inlassablement par le cours du temps et de nos sociétés en essayant de se frayer une place pour se donner l’impression de vivre. A quoi bon chercher plus loin si la seule chose qu’il nous reste c’est accepter passivement notre condition Humaine ?


J’ai finalement transgressé ce que j’ai dit en fin de mon TR, sur le fait qu’il n’était pas nécessaire que je parle de moi, de ma personnalité et de ma vision du monde, car je me suis trompé. Quand on décide de parler de nos expériences personnelles sous drogue, on s’engage inévitablement à parler de notre intimité.

Après ce long retour sur ma première expérience sous Salvia et mes réflexions dessus, je me tourne maintenant vers ceux qui ont su m’écouter. Comme je l’ai dit, si mes pensées sont justes pour moi, les autres seront surement à contre-courant, et je m’ouvre enfin à la discussion, à une discussion essentielle. Seules mes idées n’ont aucuns intérêts, réfléchies par les autres et discutées elles peuvent se briser, se confirmer, s’améliorer, car je pense maintenant avoir compris que la solitude et l’égocentrisme ont leurs limites.


Merci de votre attention, et en attente de réponses.
 
Globuleis a dit:
Toutefois j’en viens à ceci : à quoi bon essayer de tout penser, de tout réfléchir, lorsqu’on sait que quoi qu’on fasse aucunes réponses véritables ne seront jamais entre nos mains, et que tout continuera à nous échapper ? Dans cette simple mesure ceux qui ont peut-être raison c’est ceux qui ne réfléchissent plus, qui se laissent porter inlassablement par le cours du temps et de nos sociétés en essayant de se frayer une place pour se donner l’impression de vivre. A quoi bon chercher plus loin si la seule chose qu’il nous reste c’est accepter passivement notre condition Humaine ?

C'est un peu l'éternel débat Vérité (souvent incarné par les pré socratiques ou ceux influencés par eux en occident) vs Bonheur.
Du coup c'est peut être le moment d'aller voir un peu ce qu'en pensent les grand penseurs qui se sont posés la question avant toi histoire de pas sombrer dans le nihilisme bébête ou la dépression en mode "à quoi bon ?".
De toute manière que ce soit la recherche du bonheur ou de la vérité, les deux sont des leurres qui ne mène pas à grand chose de concret si on ne prend pas un peu de recul sur le sujet.

Nietzsche est celui qui a le mieux synthétiser le problème (en tout cas c'est le plus accessible pour nous je pense) avec son opposition nihilisme actif/passif, le concept de surhomme etc... mais il y a pas mal d'autres penseurs qui ont une approche intéressante du sujet (watts, héraclite d'éphèse, sénèque, krishnamurti...) si ça peut t'aider.
 
Toutefois j’en viens à ceci : à quoi bon essayer de tout penser, de tout réfléchir, lorsqu’on sait que quoi qu’on fasse aucunes réponses véritables ne seront jamais entre nos mains, et que tout continuera à nous échapper ? Dans cette simple mesure ceux qui ont peut-être raison c’est ceux qui ne réfléchissent plus, qui se laissent porter inlassablement par le cours du temps et de nos sociétés en essayant de se frayer une place pour se donner l’impression de vivre. A quoi bon chercher plus loin si la seule chose qu’il nous reste c’est accepter passivement notre condition Humaine ?

Parce que c'est fun
 
Wow je me retrouve bien dans tes réflexions personnelles.

Effectivement l'expérience visionnaire touche à l'intime, dur d'en parler sans parler de soi et de sa vision du monde. C'est d'ailleurs intéressant d'avoir ces deux textes, l'un où tu fournis le minimum d'informations sur toi et le deuxième qui est une analyse plus fine et plus poussée, ils amènent chacun à des questionnements différents.

Je te rejoins aussi sur ta pensée que ce que l'on vit en prenant de la drogue est généré par notre cerveau, il est facile d'y voir du mystique et des déités alors que c'est plutôt des facettes inconnues du soi que l'on contemple. J'ai d'ailleurs développé cette réflexion un gros cran plus en avant lors de ma dernière prise de champignon.

Et pour le sentiment de supériorité intellectuelle par rapport aux autres, d'orgueil, j'aimerais me mentir mais je dois bien avouer que je le ressens de temps à autres, je suis loin d'être un génie mais je me sais plus intelligents que beaucoup, je n'aime pas penser ça, ça n'apporte rien, globalement se comparer aux autres que ce soit pour se glorifier ou se rabaisser, cela n'apporte rien.
En revanche ce sentiment ne m'a jamais fait m'éloigner des autres, ma curiosité reste plus forte. Et au contraire plus j'avance plus je perçois la finesse de chaque individualité et apprends de chaque rencontre. Et les personnes que je pense de prime abord peu réfléchies, ou '' d'esprit simple " ont en eux des vérités saisissantes de justesse.
Il faut apprendre à écouter plus et catégoriser moins. A juger moins et a comprendre plus. On est tous dans le même bain, et tous confrontés à des craintes et espoirs similaires (mort, transmission...) et que ce soit le fruit d'une démarche réflexive et consciente ou non, chacun réagit face à ces problématiques, et ces réactions peuvent toutes nous en apprendre un peu plus sur nous même.
L'intelligence et la réflexion ne sont qu'une facette de la vie, ni nécessaire ni suffisante à l'épanouissement de l'individu.

Et tu l'as compris, le partage et la confrontation des idées (aussi justes puissent-elles nous paraître) est essentiel. C'est une dangereuse illusion que de s'imaginer pouvoir vivre seul, par soi même et pour soi-même. Et ce, aussi doué dans quelques domaines soi-t-on.
 
Trickster a dit:
C'est un peu l'éternel débat Vérité (souvent incarné par les pré socratiques ou ceux influencés par eux en occident) vs Bonheur.
Du coup c'est peut être le moment d'aller voir un peu ce qu'en pensent les grand penseurs qui se sont posés la question avant toi histoire de pas sombrer dans le nihilisme bébête ou la dépression en mode "à quoi bon ?".
De toute manière que ce soit la recherche du bonheur ou de la vérité, les deux sont des leurres qui ne mène pas à grand chose de concret si on ne prend pas un peu de recul sur le sujet.

Nietzsche est celui qui a le mieux synthétiser le problème (en tout cas c'est le plus accessible pour nous je pense) avec son opposition nihilisme actif/passif, le concept de surhomme etc... mais il y a pas mal d'autres penseurs qui ont une approche intéressante du sujet (watts, héraclite d'éphèse, sénèque, krishnamurti...) si ça peut t'aider.

En effet je n'ai encore que survolé ces grands débats, faute d'avoir pu me renseigner suffisamment sur tout ces sujets.

Merci beaucoup pour ton message et ton aide en tout cas, qui me permet de rattacher mes réflexions égocentrées à des grands courants d'idées et de pensées, et à me renseigner d'autant plus dessus.


Tridimensionnel a dit:
Parce que c'est fun

Fun, c'est le mot qu'il me manquait :)
 
[quote="L']
Wow je me retrouve bien dans tes réflexions personnelles.

Effectivement l'expérience visionnaire touche à l'intime, dur d'en parler sans parler de soi et de sa vision du monde. C'est d'ailleurs intéressant d'avoir ces deux textes, l'un où tu fournis le minimum d'informations sur toi et le deuxième qui est une analyse plus fine et plus poussée, ils amènent chacun à des questionnements différents.

Je te rejoins aussi sur ta pensée que ce que l'on vit en prenant de la drogue est généré par notre cerveau, il est facile d'y voir du mystique et des déités alors que c'est plutôt des facettes inconnues du soi que l'on contemple. J'ai d'ailleurs développé cette réflexion un gros cran plus en avant lors de ma dernière prise de champignon.

Et pour le sentiment de supériorité intellectuelle par rapport aux autres, d'orgueil, j'aimerais me mentir mais je dois bien avouer que je le ressens de temps à autres, je suis loin d'être un génie mais je me sais plus intelligents que beaucoup, je n'aime pas penser ça, ça n'apporte rien, globalement se comparer aux autres que ce soit pour se glorifier ou se rabaisser, cela n'apporte rien.
En revanche ce sentiment ne m'a jamais fait m'éloigner des autres, ma curiosité reste plus forte. Et au contraire plus j'avance plus je perçois la finesse de chaque individualité et apprends de chaque rencontre. Et les personnes que je pense de prime abord peu réfléchies, ou '' d'esprit simple " ont en eux des vérités saisissantes de justesse.
Il faut apprendre à écouter plus et catégoriser moins. A juger moins et a comprendre plus. On est tous dans le même bain, et tous confrontés à des craintes et espoirs similaires (mort, transmission...) et que ce soit le fruit d'une démarche réflexive et consciente ou non, chacun réagit face à ces problématiques, et ces réactions peuvent toutes nous en apprendre un peu plus sur nous même.
L'intelligence et la réflexion ne sont qu'une facette de la vie, ni nécessaire ni suffisante à l'épanouissement de l'individu.

Et tu l'as compris, le partage et la confrontation des idées (aussi justes puissent-elles nous paraître) est essentiel. C'est une dangereuse illusion que de s'imaginer pouvoir vivre seul, par soi même et pour soi-même. Et ce, aussi doué dans quelques domaines soi-t-on.
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Tout d'abord je te remercie pour ton message et le temps passé à l'écrire,

En effet mes deux textes s'opposent et se complètent dans un certain sens, en vérité je n'ai rien appréhendé avant écriture et ils font tous deux œuvres d'une véritable évolution, d'un cheminement entre le trip en lui même et mon retour et réflexions dessus. Quand j'ai écris le trip report, je souhaitais simplement partager une expérience qui m'a secoué sans trop que j'en saisisse les rouages, et en évitant de rentrer dans l'aspect humain et intime qui enrobe ce voyage. Toutefois, ce même voyage m'a après coup fait réfléchir sur mon rapport aux autres, et m'a induit à remonter le courant de ce que j'ai déjà pu faire. L'un engrène l'autre mais tant ce trip a su me remettre en question qu'un fossé s'est creusé entre ces deux moments. 

Ensuite j'aurais voulu savoir ce que tu entends par "un gros cran plus en avant" lorsque tu parles de ta réflexion sur le fait que quand on consomme, on entrevoit seulement le miroitement de nous même ?

Ce que tu dis par rapport au sentiment de supériorité, et de rapport d'intelligence est très juste je pense. je n'avais jamais vraiment tissé de liens entre ce sujet et le concept d'"intelligence", j'en vois maintenant tout à fait l'intérêt. Quoi de plus abstrait et subjectif que l'Intelligence, ça veut tout et rien dire et pourtant je pense que très facilement, et sans même que cela soit conscient, on se forme une idée assez claire de ce qu'on perçoit comme de l'Intelligence. C'est assez dangereux à mon gout car cela peut devenir un argument artificiel, qu'on pense objectif mais qui n'en ai rien, derrière lequel se cacher pour juger l'autre. C'est la voie facile pour ne pas réfléchir et catégoriser l'autre de "stupide", d'"aculturé", et quelque part je l'ai un peu fait en parlant de ceux de mon âge avec qui j'ai beaucoup de mal à engager la discussion. Tu as raison de dire que Intelligence et Réflexions ne sont pas nécessaires, et que nous sommes tous confrontés à de même craintes et espoirs, chacun réagit singulièrement différemment et offre potentiellement aux autres de nouvelles portes peu importe ce qu'il est. 

Merci pour ton apport, tes pensées qui peaufinent encore ce que je cherche. 
Je ne sais pas si c'est le bon endroit pour parler de ça, mais j'ai commencé à lire ta Retrospective Psychonautique, je n'ai encore lu que les premiers chapitres et suis absorbé. En espérant pouvoir en parler une fois lecture finie.
 
Pour le "cran en avant" je développe la réflexion ici. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de voir ma psyché étalée comme une carte devant moi, là c'était sous forme d'entités, mais oui pour moi les psyché génèrent essentiellement des rencontres avec soi-même dans leurs côtés introspectifs.
Pour résumer et remettre en perspective cette réflexion, je dirais que lors de mes premières rencontres avec les psychédéliques j'ai pu ressentir une certaine mysticité dans les substances consommées, comme un "esprit des plantes" ou autre, c'était un ressenti assez fort.
Avec le temps je me suis de plus en plus aperçu que c'était des parties de moi. Et notamment, cet  "esprit"  que certain appellent dieu est à mon sens le lien subtil et profond qu'il y a entre moi et le reste des choses, le voir et le ressentir c'était en fait en prendre conscience d'une manière vraiment puissante et intime. Vivre cette intrication au plus profond de moi, l'assimiler. 
En matière de spirituel, les psychédéliques ont permis chez moi le passage de la théorie (j'avais lu des écrits sur l'intrication fondamentale bouddhiste par exemple) à la pratique d'une manière unique et puissante. 

Après je ne détiens pas la vérité absolue, certaines personnes décrivent des rencontres avec des "entité extérieures" et je ne cherche pas à le remettre en cause,  je dis simplement que dans mon cas je me suis aperçu qu'il s'agissait systématiquement d'éléments qui faisaient parts de moi. 
Les interprétations variables résident aussi je pense dans le fait que ce sont comme je l'ai déjà dis des expériences très personnelles mais aussi impossible à verbaliser complètement.

J'ai hâte de lire ton retour et d'échanger avec toi sur ma rétrospective. Je pense que ce serait mieux de le faire sur le topic de la rétrospective pour que celui reste centré sur l'expérience que tu as  vécue et décrite.
 
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Et notamment, cet  "esprit"  que certain appellent dieu est à mon sens le lien subtil et profond qu'il y a entre moi et le reste des choses, le voir et le ressentir c'était en fait en prendre conscience d'une manière vraiment puissante et intime. Vivre cette intrication au plus profond de moi, l'assimiler. 
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Je ne veux pas paraitre indiscret ou lourd en poussant tes propos, mais cela m'intéresse : J'ai du mal à saisir ou peut être à conceptualiser ce que tu entends par l'idée que ce que l'on appelle Dieu serait en fait le "lien subtile entre le moi et le reste du monde". Serait-il possible que tu affines ta pensée ou que tu la réexplique ? Merci
 
Tu ne l'est pas du tout, ce n'est pas une réflexion évidente à mettre en mots.
Précision qui peut être utile, je n'appartient à aucune religion.

Ce que j'entends par là c'est que initialement quand j'ai entendu parler de dieu, qu'on a essayé de m'expliquer ce que c'était, j'imaginais plutôt ça comme une chose extérieure, omnisciente et omnipotente.
Les représentations que l'on m'en a donnée allaient souvent en ce sens. Dieu fait ci, dieu fais ça, si dieu le veut, représenté comme un grand barbu …
on peut croire qu'il existe ou non, mais à chaque fois c'est un objet extérieur.
J'entendais aussi qu'il était en toutes choses et en chacun de nous. Je trouvais cela bizarre que des religions différentes vénèrent un dieu unique en le disant différent de celui d'autres religions aussi.
J'avais mon avis là dessus et n'avais jamais rien ressenti comme allant dans le sens d'une telle existence.

Mais là ce que j'ai pu vivre à plusieurs reprise - et qui est par delà les mots - c'est une sensation parfaite d'union avec tout les constituants de l'univers, humains comme lointains, je me sentais dépendant de tout le reste et influençant tout le reste, je l'ai perçu comme un lien, une interconnexion forte. Peut être que si j'avais été croyant j'aurais vu dans cette "union" la présence de dieu.
Ce que j'en comprends c'est que ce ressenti n'est pas du à une externalité pas plus qu'il ne peut se réduire à une seule internalité. Il est un peu "moi" un peu "autre" et un peu "les deux", c'est vraiment un lien entre moi et le reste, il ne peut être abordé que dans le paradoxe et l'oxymore.
C'est donc en prenant en compte la façon dont je concevais et pense que beaucoup conçoivent dieu ainsi que ce que j'interprète être ce lien que j'ai éprouvé au plus profond de moi, que je compare ce lien a dieu.

Je ne sais pas si c'est plus clair, je l'espère.
 
[quote="L']
Tu ne l'est pas du tout, ce n'est pas une réflexion évidente à mettre en mots.
Précision qui peut être utile, je n'appartient à aucune religion.

Ce que j'entends par là c'est que initialement quand j'ai entendu parler de dieu, qu'on a essayé de m'expliquer ce que c'était, j'imaginais plutôt ça comme une chose extérieure, omnisciente et omnipotente.
Les représentations que l'on m'en a donnée allaient souvent en ce sens. Dieu fait ci, dieu fais ça, si dieu le veut, représenté comme un grand barbu …  
on peut croire qu'il existe ou non, mais à chaque fois c'est un objet extérieur.
J'entendais aussi qu'il était en toutes choses et en chacun de nous. Je trouvais cela bizarre que des religions différentes vénèrent un dieu unique en le disant différent de celui d'autres religions aussi.
J'avais mon avis là dessus et n'avais jamais rien ressenti comme allant dans le sens d'une telle existence.

Mais là ce que j'ai pu vivre à plusieurs reprise - et qui est par delà les mots - c'est une sensation parfaite d'union avec tout les constituants de l'univers, humains comme lointains, je me sentais dépendant de tout le reste et influençant tout le reste, je l'ai perçu comme un lien, une interconnexion forte. Peut être que si j'avais été croyant j'aurais vu dans cette "union" la présence de dieu.
Ce que j'en comprends c'est que ce ressenti n'est pas du à une externalité pas plus qu'il ne peut se réduire à une seule internalité. Il est un peu "moi" un peu "autre" et un peu "les deux", c'est vraiment un lien entre moi et le reste, il ne peut être abordé que dans le paradoxe et l'oxymore.
C'est donc en prenant en compte la façon dont je concevais et pense que beaucoup conçoivent dieu ainsi que ce que j'interprète être ce lien que j'ai éprouvé au plus profond de moi, que je compare ce lien a dieu.

Je ne sais pas si c'est plus clair, je l'espère.
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Tout est plus clair, merci.

Je me permet de rebondir sur ton propos, sans pour autant savoir si tu attends une quelconque réponse ou discussion en me disant ceci, mais je le fais malgré tout pour prolonger encore ces idées. 

J'ai tout d'abord déjà pu plus ou moins vivre ce sentiment d'unicité totale avec les choses sous Truffes, surement différent du tien, mais toutefois je pense m'en rapprocher. Je comprend que tu fasses le lien entre ce "lien" et ce qu'on appelle communément "Dieu", justement par l'aspect suprême qu'on peut ressentir en sentant ce tout que tu définis très bien : entre le "moi" et tout le reste. 
Toutefois j'y vois ceci : en rapprochant ce Lien à une notion, un concept de Dieu, c'est le rapprocher d'un aspect plus dangereux de réflexion. Par "dieu" on entend "ce qui nous dépasse, nous surpasse, et qui détient les clés d'une connaissance bien plus vaste que la notre, voire totale ; quelque chose qui détient entre autre alors le Sens de la Vie." Donc établir un rapport entre ce sentiment de Lien d'unification à toute chose et dieu, c'est dire que potentiellement dans ce Lien il y'a quelque chose qui nous surpasse, nous transcende. 
Oui nous influençons notre espace et univers, et il nous influence, mais à quelle échelle ? Nous n'avons pas plus d'importance que la moindre petite pâquerette au milieu d'un champs, tel un grain de sable au milieu de l'entièreté de l'univers, nous sommes invisibles et non-essentiels à quoi que ce soit. C'est en ce sens que je trouve cela dangereux de rapprocher ces deux notions, il est vrai que nous faisons partie d'un tout intégrant le "moi" et le reste, mais nous restons, et tout ceci de mon point de vue, sans intérêts ; le danger la dedans c'est de se rassurer dans sa condition humaine, et même si c'est ce que font tout humains je pense qu'il est bien plus sain d'accepter le plus singulièrement possible notre nature temporaire, futile et dénuée de tout intérêt, plutôt que de s'en remettre aveuglement à une espérance que quelque chose d'extérieur à nous, un Dieu, pourra nous apporter un jour des réponses.
 
De manière général le concept de Dieu (au sens large du terme et pas forcement religieux) est souvent défini comme une force (que moi je ressens plutôt comme une "logique") régissant l'univers, avec un sens et une logique qui nous dépasse totalement (ce qui est expliqué dans la plupart des religions à travers certains passage comme l'histoire de Job par exemple qui résume bien la situation). Peut être que cette force détient le secret du sens de la vie (et ça arrive parfois d'avoir l'impression de le comprendre pendant quelques secondes) mais il est clairement pas accessible à nos pauvres petits cerveaux d'humains.

Aussi je suis pas vraiment d'accord sur le fait qu'on aurait une quelconque influence sur cette force, j'ai toujours eu l'impression qu'on la subissait plus qu'autre chose et que notre égo nous permettait d'oublier un peu cette soumission, sinon autant se tirer un balle tout de suite.
J'ai toujours senti une nette distinction entre l'unité qu'on pouvait avoir avec la terre et la nature (où la effectivement on a eu forte influence) et l'unité "cosmique" dont vous parlez, c'est parfois un peu difficile de faire la différence quand on trip.

je pense qu'il est bien plus sain d'accepter le plus singulièrement possible notre nature temporaire, futile et dénuée de tout intérêt, plutôt que de s'en remettre aveuglement à une espérance que quelque chose d'extérieur à nous, un Dieu, pourra nous apporter un jour des réponses.

C'est exactement ça, sauf que c'est plus facile à dire qu'à faire :mrgreen: Mais comme je l'expliquais plus haut croire en Dieu n'implique pas obligatoirement d'avoir des attentes particulières de sa part ou d'espérer quoi que ce soit, c'est un concept très vaste qui malheureusement a beaucoup été limité par les religions (ou les religieux pour être plus précis).
 
Merci de votre échange intéressant @l'huitrerampante et @Globuleis.

Je pense que bcp sur ce forum auront cette vision du Dieu, qui est l'Unité, le Tout ou alors ce lien indivisible que tu décris si bien entre soi-même et l'Univers. On peut mettre plein de mots mais c'est indescriptible.
D'autres parlent encore de Conscience avec un grand C, qui serait ça.


Trickster a dit:
C'est exactement ça, sauf que c'est plus facile à dire qu'à faire :mrgreen: Mais comme je l'expliquais plus haut croire en Dieu n'implique pas obligatoirement d'avoir des attentes particulières de sa part ou d'espérer quoi que ce soit, c'est un concept très vaste qui malheureusement a beaucoup été limité par les religions (ou les religieux pour être plus précis).

Oui les religions ont galvaudé ce nom, en le pointant à l'extérieur. Mais tout dépend quelle tradition aussi, si on prend l'islam il y a eu, le souffisme un courant qui pronait la recherche de Dieu à l'intérieur de soi, il n'y a qu'à lire les poêmes de Rumi.
Ou chez les catholiques, les courants mystiques qui parlaient de la meme chose.
Seulement, les religions étaient avant tout des institutions politiques à la recherche du pouvoir donc cette idée de rechercher Dieu à l'intérieur (donc ne plus se fier aux dogmes, directions donné par les écritures ou l'église mais se fier à soi-meme) était dangereux car les religions risquaient de disparaitre avec cette révélation.
Donc tous ces courants étaient cachés ou mis à mal..

Mais il y aussi par ex, de "vrais chrétiens" (je les qualifie comme tel pour me faire comprendre) qui sont de tradition catholique mais au final ont cette même compréhension de Dieu et de la vie, ils utilisent d'autres termes, ils disent par ex. "le royaume de Dieu se trouve à l'intérieur".
Les mots comptent peu, c'est ce qui est réalisé, compris et vécu qui est important.

Maintenant il y a un courant spirituel qui prone cette aproche mais il y aussi une prise de pouvoir avec un courant qu'on qualifie New-Age ou des doctrines plus subtils sont là. Et donc prise de pouvoir également sur l'individu au lieu de l'émanciper et de le rendre autonome avec la recherche de Dieu à l'intérieur, la connaissance de soi-meme ou de sa relation à l'Univers en soi (pour moi ces 3 termes sont des synonymes en réalité dans le fond).

Aussi je suis pas vraiment d'accord sur le fait qu'on aurait une quelconque influence sur cette force, j'ai toujours eu l'impression qu'on la subissait plus qu'autre chose et que notre égo nous permettait d'oublier un peu cette soumission, sinon autant se tirer un balle tout de suite.

Oui ! Moi aussi je le ressens plus comme si j'étais la "marionette" de cette force. Mais ça me derange pas tant que ça, juste mon égo parfois rale sur certaines choses. Mais j'ai vraiment cette sensation que mon libre arbitre est une vaste blague : plus le temps avance, plus je vois que je ne décide de pas grand chose de ma vie. A la limite j'ai l'illusion de décider de certaines actions mais en tout cas, je ne décide pas du tout de ce que je ressens sur ça, je n'ai aucun libre arbitre.

L'intuition que moi je me fais de tout ça, c'est qu'on peut consciemment merger avec cette force, ne faire qu'un de plus en plus. Peut etre jamais totalement, mais de plus en plus, graduellement. Comme si l'acteur (notre égo) et le scénariste (Dieu ou notre partie supérieure) ne devait qu'Un. Mais pour ça il faut accepter des choses qu'on aime pas, parce que la résistence de l'égo se fait sur ça. Plus contempler/ressentir/accepter que penser/résister/controler.
 
Oui évidemment je fais une généralité. Mais effectivement faut aussi prendre en compte que les soufis représentent aujourd'hui une infime partie des musulmans et qu'ils sont souvent persécutés par les autres courants. Quant aux mystiques chrétiens je sais même pas si ça existe encore de nos jours ! C'est pour ça que je rejette surtout la faute sur les religieux plutôt que sur leur religion. Même les "bons chrétiens" restent très influencés par le Vatican.
Mais sinon je suis tout à fait d'accord avec toi, à partir du moment où la politique, le pouvoir ou la thune prennent le dessus sur la spiritualité c'est fini (y'a qu'à voir les ravages actuels provoqués par l'islamisme, qui n'a pas grand chose à voir avec l'islam).

Enfin bon on va pas pourrir ce TR avec un débat sur les religions :mrgreen:

Oui ! Moi aussi je le ressens plus comme si j'étais la "marionette" de cette force. Mais ça me derange pas tant que ça, juste mon égo parfois rale sur certaines choses. Mais j'ai vraiment cette sensation que mon libre arbitre est une vaste blague : plus le temps avance, plus je vois que je ne décide de pas grand chose de ma vie. A la limite j'ai l'illusion de décider de certaines actions mais en tout cas, je ne décide pas du tout de ce que je ressens sur ça, je n'ai aucun libre arbitre.

Justement une fois qu'on a pris conscience de cette réalité pas très réjouissante et qu'on est émancipé de certaines croyances (religieuses, philosophique, sociale ou autre) ça permet de comprendre que le seul sens de notre vie sera celui qu'on décide de lui donner. Notre libre arbitre est peut être très limité mais il n'est pas non plus totalement inexistant, c'est un peu moins fataliste !
 
Globuleis a dit:
Tout est plus clair, merci.

Je me permet de rebondir sur ton propos, sans pour autant savoir si tu attends une quelconque réponse ou discussion en me disant ceci, mais je le fais malgré tout pour prolonger encore ces idées. 

J'ai tout d'abord déjà pu plus ou moins vivre ce sentiment d'unicité totale avec les choses sous Truffes, surement différent du tien, mais toutefois je pense m'en rapprocher. Je comprend que tu fasses le lien entre ce "lien" et ce qu'on appelle communément "Dieu", justement par l'aspect suprême qu'on peut ressentir en sentant ce tout que tu définis très bien : entre le "moi" et tout le reste. 
Toutefois j'y vois ceci : en rapprochant ce Lien à une notion, un concept de Dieu, c'est le rapprocher d'un aspect plus dangereux de réflexion. Par "dieu" on entend "ce qui nous dépasse, nous surpasse, et qui détient les clés d'une connaissance bien plus vaste que la notre, voire totale ; quelque chose qui détient entre autre alors le Sens de la Vie." Donc établir un rapport entre ce sentiment de Lien d'unification à toute chose et dieu, c'est dire que potentiellement dans ce Lien il y'a quelque chose qui nous surpasse, nous transcende. 
Oui nous influençons notre espace et univers, et il nous influence, mais à quelle échelle ? Nous n'avons pas plus d'importance que la moindre petite pâquerette au milieu d'un champs, tel un grain de sable au milieu de l'entièreté de l'univers, nous sommes invisibles et non-essentiels à quoi que ce soit. C'est en ce sens que je trouve cela dangereux de rapprocher ces deux notions, il est vrai que nous faisons partie d'un tout intégrant le "moi" et le reste, mais nous restons, et tout ceci de mon point de vue, sans intérêts ; le danger la dedans c'est de se rassurer dans sa condition humaine, et même si c'est ce que font tout humains je pense qu'il est bien plus sain d'accepter le plus singulièrement possible notre nature temporaire, futile et dénuée de tout intérêt, plutôt que de s'en remettre aveuglement à une espérance que quelque chose d'extérieur à nous, un Dieu, pourra nous apporter un jour des réponses.

Justement je compare ce lien à dieu (ou tout au moins à ce que je pense être la représentation de dieu pour beaucoup) précisément pour démystifier la chose et dire qu'au final ce que j'ai ressenti et qui se rapproche le plus de ce que mon moi profond associe au concept de dieu, n'est autre que le lien subtil entre tout les phénomènes, j'ai pris conscience que ce lien existait, mais ça reste au fond la conscience d'un phénomène, d'une mécanique. Et ce n'est par conséquent pas  "ce qui nous dépasse, nous surpasse, et qui détient les clés d'une connaissance bien plus vaste que la notre, voire totale ; quelque chose qui détient entre autre alors le Sens de la Vie." Je sais que ce lien ne me "dira" jamais quoi faire ou comment être et ce n'est pas ce que j'en attends.

Et oui j'existe grâce à une infinité d'autres phénomènes qui coexistent (de la présence d'eau sur terre, à tout mes ancêtres en passant par le bon ajustement des constantes fondamentales en physique) et j'influe certes de manière infinitésimale sur le reste, mais j'influe (écrire ce texte va dicter une cohérence magnétique à des millions d'atomes disséminés de par le monde dans divers serveurs de stockage, va provoquer un transfert de photons et d'électrons bien précis dans la fibre et les câbles qui vont faire transiter cette information, cela va engendrer des millions d'échanges synaptique chez ceux qui le liront…) c'est presque rien mais ce n'est pas rien.
Oui mon existence est vouée à se finir vite (encore une fois tout est question d'échelle) et ma mémoire ainsi que tout mes faits ne sont que transitoires et voués à l'oubli. Mais aussi infinitésimale que je soi et que soient mes actes j'existe, je coexiste, influe sur le reste et suis influé par le reste, c'est un fait. 
Et cela ne présuppose effectivement pas d'une quelconque importance ou utilité que je pourrais avoir ce sont des choses différentes, qui s'apprécient avec un œil humain. 

Ce qui me rassure ce n'est pas d'espérer et de m'en remettre à une externalité qui pourrait m'apporter des réponses et que j'appellerais le "Lien" pour ne pas dire dieu. Non c'est très précisément de me sentir minuscule, éphémère et dilué dans l'univers, cet exercice remet en perspective bien des craintes et des angoisses.

Enfin je comprends bien le danger que tu vois et qu'il y a à rapprocher ces états/ressentis du concept de dieu, mais pour ma part je le fais dans une volonté de démystification, de ramener a considérer que le concept de dieu ne soit que la conscience d'un phénomène particulier et pas une pure externalité à laquelle on devrait s'en remettre pour guider sa vie.

ps: ce n'est d'ailleurs pas un hasard si je signe mes messages sur ce forum avec ces quelques vers visionnaires de W. Blake, ils condensent bien la pensée que je viens de développer ici, et qui est une constituante forte de ma construction psychique.
 
Merci pour ces réponses riches tout d'abord,
Je vais essayer de répondre en structurant comme je peux au travers de vos dires. 

Trickster a dit:
Aussi je suis pas vraiment d'accord sur le fait qu'on aurait une quelconque influence sur cette force, j'ai toujours eu l'impression qu'on la subissait plus qu'autre chose et que notre égo nous permettait d'oublier un peu cette soumission, sinon autant se tirer un balle tout de suite.
J'ai toujours senti une nette distinction entre l'unité qu'on pouvait avoir avec la terre et la nature (où la effectivement on a eu forte influence) et l'unité "cosmique" dont vous parlez, c'est parfois un peu difficile de faire la différence quand on trip.

Oui tout a fais, je dois m'être mal exprimé et c'est complètement juste de souligner cette distinction entre unité Terre Nature, et unité Cosmique. Je ne pense pas du tout que nous ayons une quelconque influence sur notre Espace, au sens Cosmique, mais bien plus avec notre Terre, qui en elle-même constitue un grain de sable dans cet Espace. Elle nous influence comme nous l'influençons c'est ça que j'appuyais. Le seul lien que je peux percevoir avec l'univers de façon plus globale, c'est nos racines, si on croit au Big Bang, tout part d'un même éclat, de la moindre miette de terre aux plus lointaines Etoiles. Mais notre influence dessus n'en demeure pas moins nulle.
Je vais revenir sur l'idée de soumission à ce Tout en rebondissant sur une autre citation :

GaetanCz a dit:
Oui ! Moi aussi je le ressens plus comme si j'étais la "marionette" de cette force. Mais ça me derange pas tant que ça, juste mon égo parfois rale sur certaines choses. Mais j'ai vraiment cette sensation que mon libre arbitre est une vaste blague : plus le temps avance, plus je vois que je ne décide de pas grand chose de ma vie. A la limite j'ai l'illusion de décider de certaines actions mais en tout cas, je ne décide pas du tout de ce que je ressens sur ça, je n'ai aucun libre arbitre.

Personnellement, je ne suis pas complètement d'accord avec vous, et crois au Libre Arbitre pour une seule raison. Si je ressens aussi la Vie comme une imposition, quelque chose que je n'ai jamais voulu et à laquelle je suis contraint, je vois dans la Mort, là où la grande majorité se voit terrifiée, tétanisée de devoir quitter un jour cette réalité, un véritable cadeau. La mort, c'est l'option de pouvoir mettre fin quand on le souhaite à tout ce cirque vain, quoi de plus cauchemardesque en tout cas pour moi de devoir rester infiniment coincé ici, en ce simple sens et contrairement à beaucoup je trouve la mort particulièrement belle. Ce choix de vie ou de mort qui nous est offert, et même si on ne choisit pas toujours sa fin, c'est la singulière démonstration de notre libre arbitre à mon gout. 


Trickster a dit:
Justement une fois qu'on a pris conscience de cette réalité pas très réjouissante et qu'on est émancipé de certaines croyances (religieuses, philosophique, sociale ou autre) ça permet de comprendre que le seul sens de notre vie sera celui qu'on décide de lui donner. Notre libre arbitre est peut être très limité mais il n'est pas non plus totalement inexistant, c'est un peu moins fataliste !


Et enfin je te rejoins complètement sur ceci, accepter tout ce qui peut toucher notre ego, pour mieux s'en délester, nous permet de vivre bien plus léger. Mais malheureusement, il ne suffit pas de s'en rendre compte qu'une seule fois, j'ai ce sentiment que cela est "cyclique". Si on s'en rend compte une première fois, on va peu à peu prendre cette acceptation comme acquise et replonger dans ce surplus égocentrique, pour finalement revenir à une acceptation plus modeste de notre condition. Nous sommes des êtres en constante évolution, modification, et j'ai le sentiment que ce que l'on pense acquis aujourd'hui, ne l'est pas plus demain. La solution est peut être de ne jamais rien considérer comme acquis, mais encore une fois plus facile à dire qu'à faire, car généralement c'est inconscient. 

Trickster a dit:
Enfin bon on va pas pourrir ce TR avec un débat sur les religions 


Pour finir, vous ne pourrissez, on ne pourrit rien du tout, le TR en lui-même n'a pas vraiment d'importance, ce sont ces discussions, réflexions, qui le sont., sans vraiment savoir vers quoi elles-mènent.  (:


[quote="L']

Justement je compare ce lien à dieu (ou tout au moins à ce que je pense être la représentation de dieu pour beaucoup) précisément pour démystifier la chose et dire qu'au final ce que j'ai ressenti et qui se rapproche le plus de ce que mon moi profond associe au concept de dieu, n'est autre que le lien subtil entre tout les phénomènes, j'ai pris conscience que ce lien existait, mais ça reste au fond la conscience d'un phénomène, d'une mécanique. Et ce n'est par conséquent pas  "ce qui nous dépasse, nous surpasse, et qui détient les clés d'une connaissance bien plus vaste que la notre, voire totale ; quelque chose qui détient entre autre alors le Sens de la Vie." Je sais que ce lien ne me "dira" jamais quoi faire ou comment être et ce n'est pas ce que j'en attends.

Et oui j'existe grâce à une infinité d'autres phénomènes qui coexistent (de la présence d'eau sur terre, à tout mes ancêtres en passant par le bon ajustement des constantes fondamentales en physique) et j'influe certes de manière infinitésimale sur le reste, mais j'influe (écrire ce texte va dicter une cohérence magnétique à des millions d'atomes disséminés de par le monde dans divers serveurs de stockage, va provoquer un transfert de photons et d'électrons bien précis dans la fibre et les câbles qui vont faire transiter cette information, cela va engendrer des millions d'échanges synaptique chez ceux qui le liront…) c'est presque rien mais ce n'est pas rien.
Oui mon existence est vouée à se finir vite (encore une fois tout est question d'échelle) et ma mémoire ainsi que tout mes faits ne sont que transitoires et voués à l'oubli. Mais aussi infinitésimale que je soi et que soient mes actes j'existe, je coexiste, influe sur le reste et suis influé par le reste, c'est un fait. 
Et cela ne présuppose effectivement pas d'une quelconque importance ou utilité que je pourrais avoir ce sont des choses différentes, qui s'apprécient avec un œil humain. 

Ce qui me rassure ce n'est pas d'espérer et de m'en remettre à une externalité qui pourrait m'apporter des réponses et que j'appellerais le "Lien" pour ne pas dire dieu. Non c'est très précisément de me sentir minuscule, éphémère et dilué dans l'univers, cet exercice remet en perspective bien des craintes et des angoisses.

Enfin je comprends bien le danger que tu vois et qu'il y a à rapprocher ces états/ressentis du concept de dieu, mais pour ma part je le fais dans une volonté de démystification, de ramener a considérer que le concept de dieu ne soit que la conscience d'un phénomène particulier et pas une pure externalité à laquelle on devrait s'en remettre pour guider sa vie.

ps: ce n'est d'ailleurs pas un hasard si je signe mes messages sur ce forum avec ces quelques vers visionnaires de W. Blake, ils condensent bien la pensée que je viens de développer ici, et qui est une constituante forte de ma construction psychique.
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Je saisis mieux ta "philosophie de vie" si on peut qualifier ça comme ça, ceci aussi en grande partie grâce à ta Rétrospective Psychonautique où tu détailles d'autant plus ta vision des choses sur ce sujet, avec la Fleur qui ne Fane pas. J'invite d'ailleurs quiconque à la lire, malgré la longueur c'est sincèrement enrichissant : https://www.psychonaut.fr/Thread-Rétrospective-Méta-trip-report-Rétrospective-psychonautique

Je ne vais pas m'attarder plus que ça sur ce sujet ici, je viens tout juste d'en finir la lecture et compte te faire un retour dessus dès que possible sur le Topic, car difficile de faire court pour y répondre. Merci en tout cas de ton apport sur ce TR, de tes réflexions et réponses.
 
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