Globuleis
Neurotransmetteur
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La Salvia est là, coincée et serrée dans la douille du bang. J’ai déjà la tête tournoyante de mes deux précédentes prises d’essai. Du haut de mes 18 ans, et de mon expérience encore fines des psychédéliques, la sauge divinatoire me préoccupait depuis déjà quelques temps, et me questionnait sur ma capacité à être prêt à plonger dans son monde. Autour de moi je me sens déjà absorbé par la chambre sous pente, éclairée par les leds colorées et brillantes, et bercée d’une ambiance sonore relaxante. Ma compagne qui partage ma vie et mes expériences depuis plusieurs années est assise juste derrière sur le lit, sobre et un œil sur moi.
Doucement, j’avais essayé une première dose très mince, qui avait à peine relevé un décalage entre la réalité et ma perception. La seconde, plus chargée, m’avait encore un peu plus plongé dans mes pensées. Enfin, la 3eme, à la bonne dose, est entre mes mains. Je grille les feuilles et laisse la fumée descendre lentement dans mes poumons, tandis que le son des bulles d’eau qui éclatent fait écho en moi. Surpris par le gout pur et amer de la Salvia, je recrache toute la fumée seulement 2 ou 3 secondes après, et pourtant, mon corps est déjà ailleurs. Je me trouve au cœur d’une autre civilisation, flottante en plein espace, et je suis entouré par des êtres humanoïdes, mais pas humains. Ils sont bien plus singuliers, épurés, comme sortis du dessin animé Il Etait une Fois la Vie, tous d’une couleur rosée, avec un simple visage, et une forme corporelle quasi-identique à chacun.
Ils semblent attendre quelque chose, et m’invitent avec eux, toutefois ils ne parlent pas avec des mots, je sais simplement qu’ils me transmettent une information et que je la comprends.
Rapidement un bus arrive et bien que réticent, il m’emporte avec la foule. Je suis sur le toit, je sens tout l’intérieur de mon corps crépiter et se faire tirer vers l’avant, mais alors que tout semble prendre de la vitesse je me souviens que je ne peux pas partir aussi simplement, en tout cas pas sans celle que j’aime. Le bus semble bloqué par ma faute, on m’invite alors à aller la chercher pour qu’elle vienne avec moi. A cet instant, je reviens en partie dans la réalité, je me redresse sur le lit et me rapproche de ma copine, je balbutie quelques mots pour lui proposer de m’accompagner mais je comprends aussitôt que c’est impossible. Légèrement tourmenté, je me retrouve plongé au milieu de toboggans colorés qui débouchent à nouveau au cœur de la civilisation que j’avais rencontré au préalable, mais cette fois-ci et à seulement quelques mètres de moi passent à une vitesse folle des navettes fixées sur un grand huit. Certains des êtres humanoïdes sont dans ces wagons tournoyants, et alors qu’il me semble évident que je doive monter à bord, 3 individus similaires, mais cette fois-ci jaunes, me barrent la route. Un d’entre eux m’explique alors, légèrement en colère, que ma place n’est pas encore ici, que je ne peux monter à bord car je ne suis pas prêt. L’introverti profond que je suis, qui ne partage son temps qu’avec lui-même ou avec la seule personne qu’il aime, en prend un coup lorsque ces êtres me disent que je ne suis pas suffisamment civilisé, pas suffisamment humain et modeste pour pouvoir les rejoindre. J’essaye vaguement de débattre avec lui ou elle, mais en vain. On me dit alors que je dois encore acquérir de l’expérience et qu’en attendant je vais être assigné à la branche des « confitures ». Perturbé par cette imposition, je refuse, je ne veux pas et pourtant je chute inlassablement dans une salle recouverte de confiture rouge, jusqu’à être prisonnier de 4 murs de confitures.
Un éclat de rire me ramène alors dans la chambre, mes propos autour de la confiture avaient surpris ma compagne, j’ai du mal à saisir si je suis concrètement dans la chambre que j’ai quitté juste avant ; le temps semble compressé et écartelé à la fois, l’espace de la pièce n’a plus de mesures, et tout m’apparait comme différent, sauf une chose : ma copine. Je réalise alors à cet instant toute l’essence de la dualité de ce trip : elle est le seul point d’encrage que j’ai et qu’il me reste, d’une part elle me permet de ne pas m’écarter trop de la réalité, d’autre part elle m’empêche de m’aventurer trop loin dans cet autre monde. Je replonge alors dans la civilisation colorée, et cette fois-ci ma vue est plus globale. Je me trouve à quelques centaines de mètres du grand huit, et je me rends compte que c’est une gigantesque sphère gyroscopique, flottante dans l’espace noir, composée de plusieurs anneaux indépendants les uns des autres et en rotations, accueillants chacun les wagons. Tout tourne si lentement, et pourtant avec une intensité si foudroyante.
(Semblable à ce roller-coaster tiré d’une scène de Rick et Morty
J’aperçois autour les morceaux de planètes habitant la civilisation que j’ai rencontré, la matière en mouvement, comme élastique, ne ressemble à rien de ce que je connais.
A partir de là, je commence à osciller indéfiniment entre les deux réalités qui s’offrent à moi, toujours en ayant ma compagne comme élément pivot. Je tente de rentrer en contact avec elle, et bien qu’elle me réponde je n’arrive plus à la comprendre son langage. Je lui demande de répéter plusieurs fois, mais le français m’est devenu étranger, je ne suis capable de communiquer qu’avec le langage de l’autre civilisation, en tout cas j’en ai l’impression. Je replonge aléatoirement dans l’espace, et je vois progressivement tout ce monde s’écarter de plus en plus de moi. J’ai un dernier contact avec un des êtres humanoïdes, plus bienveillant que les autres, qui me signifie de ne pas trop m’inquiéter car tout ceci n’existe qu’en moi, c’est une partie cachée à laquelle je suis le seul à avoir accès. Bizarrement, je suis rassuré.
Je finis après un long moment de latence et de jongle entre ces deux espaces à rester raccrocher à la réalité, bien que toujours perdu. J’ai beaucoup de mal à saisir si je suis réellement de retour, et remets en doute tout ce qui m’entoure ainsi que la véracité de ce que m’affirme ma copine. Alors exténué, j’arrive à me dresser sur mes deux jambes, et j’avance à tâtons dans la pièce. Je lève les yeux et regarde droit au travers d’une fenêtre de toit. Le ciel est noir et une seule étoile brille dans le ciel (certainement Venus), elle m’éclaire le front avec un rayon lumineux traversant le ciel, l’impression de proximité que je partage avec est alors très particulière et je saisis que je me suis tant écarté du monde que j’ai vu il y’a quelques minutes, que ce point brillant loin dans l’espace est le royaume civilisé que j’ai entrevu. Cela crée un étrange lien avec la réalité, car cette étoile n’avait rien d’une hallucination, et les deux espaces entres lesquels je jonglais au long de ce voyage semblent alors se toucher du bout des doigts.
20 longues minutes de redescentes s’écoulent ainsi avant que tous les effets s’estompent. Je suis fatigué, remué et acariâtre même avec celle que j’aime et qui m’a surveillé, mon égo a été touché. Je réfléchis et replace tout ce qui s’est passé dans l’ordre. Ce voyage aura durée, bien qu’avec une substance à l’origine mal consommé, prêt de 40 minutes, avec 20 minutes de montée et plateau, et 20 minutes de redescente. Pourtant le temps avait à mes yeux entièrement disparu, cela aurait pu durer seulement quelques minutes, comme des heures entières.
La symbolique, l’aspect assez explicite et personnel, ou encore les questionnements qui ont enrobé cette première expérience me laisse penser qu’il est inutile que j’en vienne à raconter qui je suis, mes perceptions du monde et/ou de la vie, et tout simplement parler de ma personnalité. La Salvia est une substance je pense très intime, par son intensité et sa capacité à nous enfermer seulement en nous même, avec nous-même, à l’inverse d’autres substances comme le cannabis, ou même les champignons qui bien que vécus personnellement peuvent se partager, se faire influencer par la présence des autres. Sur moi, l’effet de la Salvia a été assez déroutant et fort en connotations, mais c’est à chacun de faire son expérience pour saisir ce qu’il peut trouver derrière ces feuilles noires…
Doucement, j’avais essayé une première dose très mince, qui avait à peine relevé un décalage entre la réalité et ma perception. La seconde, plus chargée, m’avait encore un peu plus plongé dans mes pensées. Enfin, la 3eme, à la bonne dose, est entre mes mains. Je grille les feuilles et laisse la fumée descendre lentement dans mes poumons, tandis que le son des bulles d’eau qui éclatent fait écho en moi. Surpris par le gout pur et amer de la Salvia, je recrache toute la fumée seulement 2 ou 3 secondes après, et pourtant, mon corps est déjà ailleurs. Je me trouve au cœur d’une autre civilisation, flottante en plein espace, et je suis entouré par des êtres humanoïdes, mais pas humains. Ils sont bien plus singuliers, épurés, comme sortis du dessin animé Il Etait une Fois la Vie, tous d’une couleur rosée, avec un simple visage, et une forme corporelle quasi-identique à chacun.
Ils semblent attendre quelque chose, et m’invitent avec eux, toutefois ils ne parlent pas avec des mots, je sais simplement qu’ils me transmettent une information et que je la comprends.
Rapidement un bus arrive et bien que réticent, il m’emporte avec la foule. Je suis sur le toit, je sens tout l’intérieur de mon corps crépiter et se faire tirer vers l’avant, mais alors que tout semble prendre de la vitesse je me souviens que je ne peux pas partir aussi simplement, en tout cas pas sans celle que j’aime. Le bus semble bloqué par ma faute, on m’invite alors à aller la chercher pour qu’elle vienne avec moi. A cet instant, je reviens en partie dans la réalité, je me redresse sur le lit et me rapproche de ma copine, je balbutie quelques mots pour lui proposer de m’accompagner mais je comprends aussitôt que c’est impossible. Légèrement tourmenté, je me retrouve plongé au milieu de toboggans colorés qui débouchent à nouveau au cœur de la civilisation que j’avais rencontré au préalable, mais cette fois-ci et à seulement quelques mètres de moi passent à une vitesse folle des navettes fixées sur un grand huit. Certains des êtres humanoïdes sont dans ces wagons tournoyants, et alors qu’il me semble évident que je doive monter à bord, 3 individus similaires, mais cette fois-ci jaunes, me barrent la route. Un d’entre eux m’explique alors, légèrement en colère, que ma place n’est pas encore ici, que je ne peux monter à bord car je ne suis pas prêt. L’introverti profond que je suis, qui ne partage son temps qu’avec lui-même ou avec la seule personne qu’il aime, en prend un coup lorsque ces êtres me disent que je ne suis pas suffisamment civilisé, pas suffisamment humain et modeste pour pouvoir les rejoindre. J’essaye vaguement de débattre avec lui ou elle, mais en vain. On me dit alors que je dois encore acquérir de l’expérience et qu’en attendant je vais être assigné à la branche des « confitures ». Perturbé par cette imposition, je refuse, je ne veux pas et pourtant je chute inlassablement dans une salle recouverte de confiture rouge, jusqu’à être prisonnier de 4 murs de confitures.
Un éclat de rire me ramène alors dans la chambre, mes propos autour de la confiture avaient surpris ma compagne, j’ai du mal à saisir si je suis concrètement dans la chambre que j’ai quitté juste avant ; le temps semble compressé et écartelé à la fois, l’espace de la pièce n’a plus de mesures, et tout m’apparait comme différent, sauf une chose : ma copine. Je réalise alors à cet instant toute l’essence de la dualité de ce trip : elle est le seul point d’encrage que j’ai et qu’il me reste, d’une part elle me permet de ne pas m’écarter trop de la réalité, d’autre part elle m’empêche de m’aventurer trop loin dans cet autre monde. Je replonge alors dans la civilisation colorée, et cette fois-ci ma vue est plus globale. Je me trouve à quelques centaines de mètres du grand huit, et je me rends compte que c’est une gigantesque sphère gyroscopique, flottante dans l’espace noir, composée de plusieurs anneaux indépendants les uns des autres et en rotations, accueillants chacun les wagons. Tout tourne si lentement, et pourtant avec une intensité si foudroyante.
(Semblable à ce roller-coaster tiré d’une scène de Rick et Morty
J’aperçois autour les morceaux de planètes habitant la civilisation que j’ai rencontré, la matière en mouvement, comme élastique, ne ressemble à rien de ce que je connais.
A partir de là, je commence à osciller indéfiniment entre les deux réalités qui s’offrent à moi, toujours en ayant ma compagne comme élément pivot. Je tente de rentrer en contact avec elle, et bien qu’elle me réponde je n’arrive plus à la comprendre son langage. Je lui demande de répéter plusieurs fois, mais le français m’est devenu étranger, je ne suis capable de communiquer qu’avec le langage de l’autre civilisation, en tout cas j’en ai l’impression. Je replonge aléatoirement dans l’espace, et je vois progressivement tout ce monde s’écarter de plus en plus de moi. J’ai un dernier contact avec un des êtres humanoïdes, plus bienveillant que les autres, qui me signifie de ne pas trop m’inquiéter car tout ceci n’existe qu’en moi, c’est une partie cachée à laquelle je suis le seul à avoir accès. Bizarrement, je suis rassuré.
Je finis après un long moment de latence et de jongle entre ces deux espaces à rester raccrocher à la réalité, bien que toujours perdu. J’ai beaucoup de mal à saisir si je suis réellement de retour, et remets en doute tout ce qui m’entoure ainsi que la véracité de ce que m’affirme ma copine. Alors exténué, j’arrive à me dresser sur mes deux jambes, et j’avance à tâtons dans la pièce. Je lève les yeux et regarde droit au travers d’une fenêtre de toit. Le ciel est noir et une seule étoile brille dans le ciel (certainement Venus), elle m’éclaire le front avec un rayon lumineux traversant le ciel, l’impression de proximité que je partage avec est alors très particulière et je saisis que je me suis tant écarté du monde que j’ai vu il y’a quelques minutes, que ce point brillant loin dans l’espace est le royaume civilisé que j’ai entrevu. Cela crée un étrange lien avec la réalité, car cette étoile n’avait rien d’une hallucination, et les deux espaces entres lesquels je jonglais au long de ce voyage semblent alors se toucher du bout des doigts.
20 longues minutes de redescentes s’écoulent ainsi avant que tous les effets s’estompent. Je suis fatigué, remué et acariâtre même avec celle que j’aime et qui m’a surveillé, mon égo a été touché. Je réfléchis et replace tout ce qui s’est passé dans l’ordre. Ce voyage aura durée, bien qu’avec une substance à l’origine mal consommé, prêt de 40 minutes, avec 20 minutes de montée et plateau, et 20 minutes de redescente. Pourtant le temps avait à mes yeux entièrement disparu, cela aurait pu durer seulement quelques minutes, comme des heures entières.
La symbolique, l’aspect assez explicite et personnel, ou encore les questionnements qui ont enrobé cette première expérience me laisse penser qu’il est inutile que j’en vienne à raconter qui je suis, mes perceptions du monde et/ou de la vie, et tout simplement parler de ma personnalité. La Salvia est une substance je pense très intime, par son intensité et sa capacité à nous enfermer seulement en nous même, avec nous-même, à l’inverse d’autres substances comme le cannabis, ou même les champignons qui bien que vécus personnellement peuvent se partager, se faire influencer par la présence des autres. Sur moi, l’effet de la Salvia a été assez déroutant et fort en connotations, mais c’est à chacun de faire son expérience pour saisir ce qu’il peut trouver derrière ces feuilles noires…