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Trip or treat 4 - Honte, pourquoi et comment faire avec

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Deleted-1

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PARTIE 3 : La dernière descente vers son apogée, lors de son ascension au plus profond de soi​


La honte à ce caractère irréparable qui ne se partage pas, et Laura comprit que toute sa vie elle serait contrainte de la garder pour elle en n'étant pas toujours honnête, en devant vivre avec sa culpabilité et celles des autres. Tous ensembles se sentant coupable d'être honteux, et honteux d'être coupables.

Retrouvant un peu de sa raison, Laura se remit à intellectualiser ses émotions en s'en distançant, et elle s'en sentit mieux. Elle comprit intuitivement que ce qu'elle venait de vivre était un enchevêtrement de peur, de tristesse et de colère refoulée, dominant sa joie en éclatant au grand jour dans son esprit désinhibé par la drogue. Elle avait décompensé et exprimé dans un délire psychotique toute sa rage, tous ses sentiments d'impuissance, de désespoir et de vide, retenus et contenus depuis trop longtemps qu'elle se blindait derrière un orgueil aussi dur et impénétrable qu'une pesante enclume sans cesse martelée par sa culpabilité.

Elle comprit sans pouvoir se l'expliquer, sans arriver à le verbaliser, qu'elle avait honte d'être confuse, inapte, inexistante et inconsistante, honte d'être étrangère à elle-même, se sentant illégitime d'être une machine mécanique et biologique malgré elle. Mais maintenant qu'elle avait reconnectée avec son intimité, son fond primitif et naturel, avec son enfant intérieur et la personne qu'elle était véritablement, elle éprouva un profond soulagement de s'être retrouvée. Elle avait été sincère avec elle-même, et la sensation d’apaisement et de quiétude qui en suivait valait tout l'or du monde ! Elle ouvrit les yeux et un sourire naïf ravit son visage, sa chambre baignait toujours dans l'obscurité, mais celle-ci ne lui apparaissait plus comme menaçante, Laura avait l'impression de voir dans le noir, de comprendre le pourquoi du comment de tout ce qui la composait, de tout ce qui l'entourait. Elle se sentait en connexion avec son environnement, la drogue poursuivant son action dans le corps de Laura.

Sans le savoir elle avait commencé à pardonner à ses parents de l'avoir mise au monde, d'avoir hérité de leur propre honte, des hontes qu'ils lui ont fait subir malgré eux, sans penser à mal. Désormais elle avait fait sienne sa culpabilité et ses sentiments d'indignation corrélatifs, et elle ne pouvait plus en accuser ses parents parce qu'elle était cause d'elle même, responsable et adulte en assumant sa personne. Laura s'était réappropriée la part d'ombre qu'elle avait clivé jusque là en elle, dépassant son déni et les nœuds narcissiques qui l'immobilisaient et la faisaient souffrir inconsciemment. Maintenant le schéma était clair, dans l'obscurité éclairée de paillettes colorées, elle ne regardait plus les visuels comme l'idiot regardant le doigt lorsqu'on lui montre une vérité, et elle se dit : " Si j'ai honte de moi, c'est parce que je ne colle pas aux idéaux que j'ai en tête, et de là je développe des sentiments de culpabilité que je me masque en me racontant ce que je veux voir de moi, ce qui me distance d'autant plus de ma honte originelle. Je me sens coupable de me défoncer parce que ça déçoit mes parents. "

Laura sur d'elle :

" Il y a donc un schéma en trois points que sont les idéaux, la culpabilité et la honte, et qui tourne en rond, donc qui nous fait tourner en rond. Le sentiment de honte dépend des idéaux que l'on a en soi, ses mêmes idéaux qui par le biais de la morale nous font culpabiliser lorsque l'on ne les respecte pas, ce qui valide son sentiment de honte. Et le pire c'est que l'on ne s'en rend même pas compte, comme lorsque l'on se met dans une situation d'échec en pensant bien faire, et que malgré soi on commet la succession d'erreur qui va nous faire échouer, comme pour valider sa honte d'être inapte. Et vu que tout ça se fait inconsciemment, bien que l'on s'en rende compte après coup avant de tout oublier pour reproduire le même phénomène plus tard, on peut dire que ça nous arrange de nous culpabiliser pour valider ses hontes, toujours sans s'en rendre compte. Comme ça on a plus qu'à se plaindre en accusant autrui ou soi selon qu'on préfère être bourreau ou victime, et ce sans jamais voir quel mécanisme nous détermine à nous culpabiliser, pour ne pas s'avouer ses hontes. "

Laura eut un vertige, elle avait déjà eu cette idée par le passé, le doute s’immisça dans son esprit mais déjà sa pensée avait disparu, avait-elle pensé juste ?

Peut-être, à vrai dire elle s'en fichait, elle verrait ça plus tard, pour le moment elle se releva et retourna à ses schémas. Parcourant le premier sans comprendre ce qu'elle lisait, Laura décida de se laisser un temps de récupération au lieu de faire la bourrine en se concentrant directement, alors qu'elle en était incapable. "Prend ton temps, rien ne presse, t'es toujours trop speed, j'y vais relax et c'est cool, c'est cooool, c'eeeesssst coooooooooooooool coool cooooooooool".

La dialectique ayant prit, la pensée de Laura revint sur cette histoire de boucle dans laquelle tournait ses idéaux, sa culpabilité et sa honte, et alimentée par sa morale.

" En fait si je suis si angoissée aujourd'hui, c'est parce que j'ai quelques faiblesses et vulnérabilités que je ne m'avoue pas, et qui me font tourner en rond sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Je répète les mêmes conneries sous des formes différentes depuis enfant, et je me suis petit à petit abandonner douloureusement à une mélancolie ignorée, et cachée derrière une idéalisation de ma personne. Mon ego me fait m'idéaliser au point de croire que je corresponds à mes idéaux, et me laisse penser que j'applique des principes justes et bons, pour protéger mon intégrité psychique, ma personnalité fragile. D'un côté c'est indispensable pour ne pas succomber de moi-même, de mon agressivité et de ma cruauté naturelle, mais d'un autre coté je vis dans le déni et le refoulement permanent, et ça me créé des difficultés parce que je ne sais pas comment y remédier, ni de quelle manière m'y prendre pour devenir plus mature et responsable sans m'effondrer moralement parce que je n'aurais pas confiance en moi. "

" Maintenant que j'ai eu accès à mes douceurs et douleurs, à ma grandeur et à ma misère, je sais un peu plus qui je suis, et ce que je vaux, parce que j'ai passé une étape. Je ne sais pas laquelle, je vais le découvrir dans les semaines à venir, mais ce qui est sur c'est que je ne demanderais plus ce qui m'est dû, parce que je vais éviter de chercher indirectement à être loué en me plaignant de mon sort. Les gens ont assez à faire de leur propre culpabilité et de leurs hontes, pour que je continue à faire peser la mienne sur leurs épaules, même si on se soutient mieux tous ensemble de la sorte. En fait il faut que je me préserve de ces gens qui projettent leur culpabilité sur moi, que je les tienne à distance tout en ne projetant pas ma culpabilité sur eux, sauf si l'on est dans un rapport d’entente symbiotique, où chacun aurait intérêt d'épauler et d'être épaulé par un ou plusieurs partenaires. "

Laura pensait au fait que par la culpabilité, la honte se répercutait socialement par la réflexion de ses insuffisance révélées à travers le regard d'autrui, ce qui déstructurait toute personne confrontée à une vision d'elle-même indésirée, parce que dans le reflet d'autrui elle ne correspondrait pas à son image idéale fantasmée. Laura ressortit son article sur la honte, et chercha la partie traitant de la honte vis à vis de ses idéaux :

La honte ne prend pas forcément son origine dans un grand secret. Elle est une marque identitaire qui distingue l'individu d'autrui, et plus la distinction est grande, plus la douleur ressentie peut être prenante. Il est alors terrible que sa propre singularité puisse faire éprouver à l'individu un tel sentiment d'indignité, et le faire se déprécier au point de se dévaloriser en se comparant aux autres, parce que son identité ne correspondrait pas aux normes du groupe auquel il appartient, ou voudrait appartenir. Si la notion d'idéal est indispensable à la compréhension du mécanisme de la honte, il faut distinguer les idéaux collectifs et sociétaux, des idéaux familiaux et parentaux, des idéaux individuels en liens avec l'image idéale qu'a l'individu de sa propre personne.

A la fin de la phrase, Laura ressentit un éclat de lucidité dans sa poitrine et dans sa tête, le trip amorçait sa descente même si l'effet était encore bien présent.

" Donc si j'éprouve de la honte en restant obnubilé par mes propres problèmes, c'est parce mes idéaux exige de moi d'être parfait, sinon je ne suis rien et je me sens comme inexistante. Alors la honte m'amène dans un repli narcissique nombriliste en investissant mon moi, ce qui fait que mon ego me berce d'autant plus d'illusion que je fuis ce sentiment de honte, de n'être rien, d'où cette culpabilité qui me fait penser que je suis nulle et que je ne vaux rien. C'est pour ça que je me réfugie dans mon intériorité, dans mes rêves nostalgiques de mon enfance perdue, comme la gamine qui pleure mais que je fais taire en même temps au fond de moi. Je l'ai séquestré, bâillonné, ligoté. Putain c'est le bordel dans ma tête. "

Une intuition survint et suggéra à Laura de ne plus s’estimer d’après l’idéal parental, mais d’après le sien, pour ne plus se sentir inconsciemment coupable de trahir ses parents, et soi-même.

Mais dans son état de fébrilité et d'hypersensibilité, Laura fut incapable d’accueillir en elle toute l'importance de cette pensée, et elle y succomba en se déprimant subitement. " Ah voila se dit-elle, c'est ce moment là qu'il ne faut plus répéter, ce moment où je passe automatiquement de la déception à la dépression, parce que c'est mon truc de réagir ainsi. " Toute contente d'elle, Laura écrivit sa pensée sur une feuille, et se dit qu'il était temps de se concentrer sur ses schémas comme initialement prévu, la boucle était bouclée.

Elle tenta de se reconcentrer mais immédiatement tout devenait confu dans sa tête, elle ne trouvait aucun lien, aucun rapport entre son état présent et les schémas dessinés tout à l’heure, elle ne savait plus où elle s’était arrêtée et donc ne pouvait pas s’y retrouver en sachant où reprendre. Elle phasa quelques secondes mais rien ne venait, la magie du trip s’était envolée, et la descente lui imposa de redoubler de rigueur si elle voulait saisir quelques pensées afin de les ramener avec elle dans la réalité.

En continuant de phaser elle cerna dans son esprit une problématique, qu’en était-il de ce qui était vrai ou faux dans sa tête ?

« Si mon moi n’est qu’une projection imaginaire, que mes pensées n’ont aucune prise avec le réel tant qu’elles restent dans mon esprit en ne me poussent pas à l’action ou la réaction, comment savoir si je réfléchis juste ou si je me raconte des histoires ? En prenant le buvard je me suis excité l’ego en m’embarquant dans un délire omnipotent de toute puissance où j’ai épousé le Tout, et en pleine symbiose avec l’univers j’étais dans la plus grande illusion qui me fasse kiffer, celle de retrouver un état de félicité aboslue, comme le bébé que j’étais dans le ventre de ma mère. Puis je me suis mise à angoisser et je m’en suis prise à moi-même en me disant mes quatre vérités, et ça m’a amené à ressentir des émotions puissantes, au lieu de planer dans des sensations fortes. Ah mais ouai en fait c’est ça, je peux me raconter tout ce que je veux, toutes mes pensées sont factices et virtuelles comparées au fait d’éprouver une émotion, une sensation où un sentiment. L’intellect est faux quand le ressenti est vrai, et en m’avouant mes hontes j’étais vraie et sincère parce que je baignais dans l'émotion. »

Laura trouva la dernière réponse qui lui manquait, et lancée elle put se concentrer pleinement sur ses schémas.​


http://www.psychonaut.fr/thread-31676.html
 
"Putain c'est le bordel dans ma tête."

Au moins tu es lucide.
Et ailleurs, c'est comment ?
Si la tête est saturée est-ce qu'on peut basculer sur le coeur ?
Est-ce qu'on peut lui demander de prendre le relai, le contrôle ?
 
Si j'ai mes sensibilités, je ne suis pas des plus sentimental.
Après je ne pense pas qu'on puisse basculer d'un état cérébral à un état affectif sur commande, c'est plus compliqué que ça. Je vois bien l'idée de dialoguer intérieurement avec soi pour donner plus de place au "cœur", mais étant du genre passionné qui peut bouillonner fort avec débordements, je t'assure qu'un peu de raison raisonnée équilibre tout ce "bordel" entre intérieur et extérieur. C'est un équilibre à trouver, à constamment renouveler :)
 
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