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Trip or treat 2 - L'ego par la face est

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Deleted-1

Guest
Au départ Laura ne savait pas trop.

Elle sentait que quelque chose la travaillait de l'intérieur, mais sans arriver à identifier quoi exactement. Des sensations éparses la traversaient sans qu'aucune ne se modèle sous une forme de questionnement ou de réponse, et ainsi elle allait à côté d'elle-même. Laura n'était ni malade, ni dans une posture difficile particulière, juste confuse sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle faisait son bout de chemin comme une personne lambda, se berçant d'illusion de la manière la plus naturelle qui soit, même si la gêne se manifestait de plus en plus anxieusement.

Elle partit de la soirée après avoir bu deux verres de rhum, l'ambiance festive ne collait pas avec son humeur comme ce quelque chose non identifiée, ce " ça " la rendait nerveuse en lui nouant l'estomac. Elle sortit un buvard de sa petite cachette, le prit en entier, et s'alluma un spliff pré-roulé en rentrant à pieds chez elle. Ses idées allaient par-ci par là au gré de ses sensations s'alternant par vagues d'émotion, et elle pensa qu'un trip c'était comme la vie, comme une journée, ça montait dans des phases de découvertes de soi et d'émerveillement, d’appréhension de nouveaux phénomènes émotionnels et sensoriels que l'on surmontait, puis ça se stabilisait plus ou moins dans un plateau à l'âge adulte, dans des phases de questionnements existentiels, de convictions, puis à nouveau de doute, d’assurance et d’extase, faisant penser aux successions des hauts et des bas de la vie, selon les crises et aléas traversés. Et enfin ça redescendait jusqu'à la sénilité, jusqu'à la sobriété, où l’on rencontrait des phases de vanité et de nihilisme, ou bien de sagesse et de paix intérieur comme lors de la montée. Cela lui laissait penser à un état de vieillesse lorsque l’on sait qui l'on est et ce que l'on vaut après avoir fait le tour de sa personne en ayant éprouvé le panel de ses émotions, et que l'on est moins sujet à ses passions. La palette de son esprit âgé se composerait alors de mille et une magnifiques couleurs faisant retrouver l’émerveillement des temps passés, de son enfance rêvée avec nostalgie, ou bien au contraire l’aigreur des échecs et insatisfactions répétées aurait terni le tableau, et tout paraitrait sombre, fade et sans saveur...en fait peut être que tout dépendrait de l'enfance que l'on a passé...

Laura qui avait une mémoire visuelle, chercha à fixer sa réflexion sur le temps passant en imaginant une vie s'écouler dans une spirale, avec un schéma sortant d'une représentation temporelle linéaire, elle savait qu'une vision bouddhiste proposait une vision du temps cyclique, et non cartésienne. En rapportant à sa personne ce mouvement de vie circulaire parce que répétitif, cette notion de répétition la travaillant souvent ces temps-ci, elle imagina le temps graviter autour de sa personne, en se disant que son moi tournait toute sa vie autour de son soi, de soi, en soi, dans un processus d'individuation. Tout ça n'était pas très clair dans sa tête, alors pour simplifier la chose elle se la représenta comme ça :​

[img=1750x900]https://image.noelshack.com/fichiers/2017/52/6/1514647308-4-06.jpg[/img][/LEFT]


[img=1750x900]https://image.noelshack.com/fichiers/2017/52/6/1514647730-5-06.jpg[/img][/LEFT]


[img=1750x900]https://image.noelshack.com/fichiers/2017/52/6/1514647800-6-06.jpg[/img][/LEFT]


En marchant Laura se dit que ses schémas n'avaient aucune valeur spécifique, qu’elle les a imaginé pour essayer d’imager et envisager l'inflation ou la récession de l'ego, selon ses investissements narcissiques. En aucun cas ils feraient références, mais elle s’en fichait parce que ça l’aidait à avancer dans sa recherche intellectuelle et sa démarche introspective.​

Arrivée chez elle, Laura s'appliqua à reproduire sur format papier ce dernier schéma, et des milliers d'idées l'envahir. Elle ne sut comment les canaliser et au bout de quelques minutes qu'elle était submergée par des visuels de plus en plus présents, elle décida de s'allonger dans son lit avec de la musique, toute lumière éteinte. L'effet de la drogue lui apparut dans la toile de fond de son esprit en se mouvant dans des formes kaléidoscopiques et symboliques, au travers de nuances de couleurs aux teintes chaudes et froides se succédant dans une myriade de coloris de plus en plus intenses. Mais le plaisir de s’abandonner à cet état de paix intérieure ne dura pas plus de cinq minutes, sa raison l'empêchant de planer sereinement dans son extase troublée par quelques angoisses. Elle tenta de se laisser aller à nouveau à la béatitude, à se laisser envelopper par l'émotion, mais l'angoisse revenait à la charge et toujours troublait son sentiment de plénitude océanique.​

Laura tanguait, Laura hésitait, Laura n'embrassait plus tout l'univers dans une osmose amoureuse absolue.​

Elle se releva et décida de modifier son schéma, en fait non, elle allait en faire un autre, toujours d'après son état du moment. Ayant lu et intégrée quelques notions sur l'ego et le narcissisme dernièrement, elle traça un premier schéma où son narcissisme serait investit de manière équilibrée dans sa psyché, puis un autre où son narcissisme avide de sérotonine et de dopamine aurait investit en quantité son moi alors désinhibé, d'où une inflation de son ego lui ayant procuré ce sentiment d'extase en s'ouvrant au cosmos tout entier. Elle avait dépasser ses censures et autres mécanismes psychiques sous l’influence du produit et déjà elle voulait y retourner, son enfant intérieur l’appelait mais elle ne savait comment le retrouver.​

Laura se dit que les frontières de son moi devaient être surinvesties en narcissisme pour s'être étendues aussi loin que dans la réalité parallèle du grand au delà psychédélique, là où l'on ne peut accéder qu'en étant soi-même? Alors que maintenant elle était redevenue l’ombre d’elle-même, cachée derrière cet ego qui intellectualisait tout le temps ce qu’elle ressentait...puis elle douta de son affirmation, et se perdant dans sa tête, elle décida de se concentrer sur le schéma qu'elle voulait faire avant de dériver jusque là. Laura pensa que la boucle était bouclée, et ça la fit sourire :)

Toujours confuse lorsque ses affects ne trouvaient aucune pensée ou idée pour s'étayer, Laura ferma les yeux quelques secondes et laissa l'émotion l'envahir jusqu'à ce que son intuition lui envoie un flash, dont elle saisit les données inconscientes afin de les exprimer consciemment. La sensation de doute l'interloqua à nouveau et elle laissa faire le travail du négatif en argumentant contre son propre doute. Elle avait vu intuitivement le projet dans son ensemble, mais c'était impossible de l'expliquer tel quel, il faudrait le décomposer en séquences. Oui il valait d'abord expliquer sa vision en détaillant les étapes d'un investissement narcissique, même mieux, autant représenter l'ego dans la personnalité, et développer les phases d'investissement ou de désinvestissement narcissique à partir de là.​

Sans hésiter elle poursuivit son schéma du soi comme ceci :​


[img=1750x900]https://image.noelshack.com/fichiers/2017/52/6/1514648162-7-06.jpg[/img][/LEFT]


[img=1750x900]https://image.noelshack.com/fichiers/2017/52/6/1514648251-8-06.jpg[/img][/LEFT]


[img=1750x900]https://image.noelshack.com/fichiers/2017/52/6/1514648268-9-06.jpg[/img][/LEFT]


[img=1750x900]https://image.noelshack.com/fichiers/2017/52/6/1514648272-10-06.jpg[/img][/LEFT]


Dans quel état était son moi ?

Surement entre les pensées et idées extérieures qu’elles investissaient, et ses affects qui l’animaient de l’intérieur. Laura se sentait bien, contente d’avoir posée par écrit ce qui la motivait au fond d’elle, puis elle se dit qu’en fait si ça se trouve elle avait fait n’importe quoi, que c’était faux et stupide, après tout souvent après trip elle se rendait compte de l’inexactitude de ses pensées boostés à la dopamine, ses idées qui relevaient plus d’une croyance exacerbée en soi, que d’une vérité métaphysique ou scientifique, dites objectives.

Tout s’embrouilla dans sa tête et elle se demanda d'où lui venait cette angoisse ? Quel ressort en elle nuisait à son plaisir, en l'accablant d'autocritiques et de sentiment de doute, de malaise..? De quoi pouvait-elle bien se sentir coupable pour s'empêcher de kiffer ? D'un coup l'intuition jaillit à nouveau en elle et la réponse illumina son esprit ! C'est ça ! Elle éprouvait de la culpabilité. Mais l'émotion de joie ne dura que quelques secondes, déjà Laura se demandait ce qu'il en était de sa culpabilité, comment elle pouvait lui nuire et si il y avait quelque chose à faire pour ne plus en pâtir..? OUI, il y avait quelque chose à faire, aucun doute là dessus, comme son père le lui disait souvent : "il n'y a pas de problème, que des solutions !"

Ce soir elle allait mettre à mal son ego !​



 
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