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TR - première expérience champis

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Chrysallyde
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Chrysallyde

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23/7/11
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Vu que je me sens suffisamment motivé pour écrire ce soir, je vais vous partager ma première expérience avec les champis.

Je devais avoir à peu près 25ans, et ça faisait déjà très longtemps que j'envisageais de tenter les champis. J'étais à l'époque une personne essayant de garder sans-cesse le contrôle, càd, dans mon cas, totalement coupé de mes émotions, et avec une super carapace à toutes épreuves. Ceci explique pourquoi j'avais assez peur de ce qui aurait pu jaillir de mon inconscient une fois libéré, ainsi que mon refus de goûter à ces produits... jusqu'alors, car je me sentis un jour suffisamment armé pour tenter l'expérience. Sitôt dit, sitôt fait... et me voilà donc en route pour un shopping psychédélique: au programme, aller à Maastricht (en train car pas de véhicule propre à ce moment), shopping, et retour à pied le long de la Meuse jusque Liège (+-30km; je l'avais déja fait plusieurs fois; il faisait bon, et je ne voulais pas risquer un contrôle à la frontière).
J'arrive au smartshop (vers 15h):
-'bonjour, je voudrais des champignons hallucinogènes'
-'des mexicains ou des hawaïens?'
-'euh, c'est quoi la différence?'
-'ben les hawaïens sont plus forts..'
-'ok: mettez moi une portion de chaque!'
Petit passage au coffee, et je me lance sur le chemin du retour.
Vu que je connaissais bien le trajet (il suffit de longer le fleuve), je me dis que pour changer, je vais faire le chemin sur l'autre rive. Je marche donc tranquillement tout en fumant pépère, lorsque j'ai l'impression de voir une lueur rose au loin.
En me rapprochant, je remarque qu'il s'agissait des bâtons lumineux utilisés par la police pour faire signe aux conducteurs de se ranger.

détail topographique: J'étais à peu près au niveau de la frontière, à 15km de Maastricht et Liège (1pont pour traverser à Maastricht, puis le suivant après la frontière); j'étais donc coincé sur une bande de terre de quelques centaines de mètres de large maximum entre le fleuve, et l'autoroute.

J'étais totalement dégoutté par mon manque de bol, et je décide de m'enfiler les deux portions ('même si je me fais chopper, ceux-là, ils ne les auront pas!'), et de quitter le route (+-18h).
Je me retrouve donc à avancer à couvert dans un verger pour tenter de contourner/franchir le barrage de police.

Sous les effets combinés du stress et des champis, j'étais physiquement au top: en pleine forme, mes sens pleinement éveillés, et mon cerveau qui réagissait au quart de tour me permettant de trouver des solutions aux problèmes qui se présentaient devant moi. Car après le verger, j'ai dû m'introduire dans deux sociétés avec gardes, chiens... Tout ça pour ressortir quelques mètres au delà du barrage de police.
J'étais tout fier de moi d'avoir réussi! Et la partie de cache-cache avec la police m'avait aussi bien éclaté !
Enfin voilà le pont qui me permet de traverser: au passage, je déchire mon jeans et me blesse légèrement la cuisse sur un écrou qui dépassait un peu trop (+-20h).
Là, ça y est... je suis en sécurité et en terrain totalement connu. Je me détends donc, et j'ai du coup droit à une montée super sauvage des champis.
Il ne m'a fallu que quelque minutes pour passer de l'état 'je suis en pleine forme' à celui de 'zombie total': j'étais tout juste capable de mettre un pied devant l'autre pour continuer à avancer; je ne voyais quasiment plus rien, car la nuit était tombée et je ne voyais plus que de la lumière diffractée (à la place de chaque point lumineux, je voyais une étoile). De temps en temps, je faisais halte en m'allongeant sous les ponts, car j'étais fasciné par le bruit du passage des voitures qui passaient dessus. Je me souviens aussi avoir croisé une voiture de police qui faisait sa ronde. Je revois vaguement la golf de la police (que j'ai reconnue à ses gyrophares) arriver vers moi, et sa fenêtre se baisser une fois arrivée à ma hauteur. J'étais dans un tel état que je ne pense même pas avoir tourné la tête. Un policier s'est adressé à moi, et tout ce que j'ai entendu, c'est 'meumeumeumeumeu'. De toute façon, j'étais aussi incapable de parler... mais ils n'ont pas insisté et ont continué leur chemin tout comme moi. Il faut dire que continuer à marcher dans cet état demande une attention et une concentration énorme (et je n'avais pas le choix de toute façon).

Retour chez moi vers 1-2h du mat', bien bien épuisé, mais avec des souvenirs impérissables plein la tête, et finalement ravi de cette expérience qui s'est très bien passée... même si jamais plus je ne me lancerais dans une randonnée aussi longue sous champis, car c'est vraiment hardos 15km à pieds dans cet état!
 
salut

carrément tu fait Maas-Liege à pied woah, original comme setting, t'a eu des bonnes introspections ? des beaux visuels ? ...
 
Bonjour youronworld,

bah, c'était l'été, et j'étais encore tout sportif à l'époque (c'était quand même il y a déja presque 15ans). En plus, je n'avais pas du tout prévu de les prendre "à l'arrache" comme ça: c'est la situation avec les flics et ma rage du moment qui m'ont poussé à tout prendre d'un coup... sans trop savoir dans quoi je m'embarquais !

Cette fois là, je n'ai rien eu au niveau visuel (malgré la dose), et pas grand chose non plus du côté introspectif. Il faut dire qu'au début, j'étais très centré sur mes perceptions (bruits et odeurs) et carrément sous adrénaline, vu le stress avec les flics; et après, j'étais tellement ravagé que j'étais concentré sur l'idée de continuer à avancer: je me doutais que si je me prenais une pause de plus de quelques minutes, je n'arriverais plus à repartir avant le lendemain. A aucun moment je ne me suis donc laissé aller. A cette époque d'ailleurs, l'idée même d'introspection m'était totalement étrangère. En effet, je m'étais coupé de mon propre ressenti et je niais totalement cet état de fait, alors plonger dans l'introspection... mais c'était le début d'un long processus à la recherche de moi-même (et qui me conduirait bien des années plus tard à devenir psychothérapeute), et les prémisses de la fissuration de mon armure.


rem: ce ne sont pas les drogues, mais une psychothérapie qui m'a permis un énorme travail introspectif. Les psychédéliques m'ont "juste" entrouvertes quelques portes.
 
J'ai essayé des Psylocybes de puissance moyenne, entre 10 et 15 grammes, ce qui est censé être une dose normale (mais ça suffit pour retourner l'estomac!)
Les effets visuels sont certes spectaculaires, bien que presque toujours empreints de noirceur, mais ce ne sont pas les seuls effets. Perte de contrôle, intranquillité permanente, paranoia vis-à-vis des personnes et des bruits, exacerbation des images et des pensées, impression récurrente de glisser vers la mort, le trip est devenu interminable. Un enfer. On a l'impression qu'il pourrait se passer n'importe quoi et je pense qu'il peut effectivement se passer n'importe quoi. Si la plupart des personnes en sortent indemnes, il y a un risque de conséquences immédiates ou "post-trip". Et au moins de passer un moment abominable. Quand on y est, ça dure très, très longtemps.
Pour moi les mauvais côtés ont éclipsé les bons.
Je vois déjà les arguments que l'on peut m'opposer: "c'est un mauvais trip parmi plein de bons","chacun le vit différemment","les champignons sont pas mortels, pas addictifs", etc.
OK. Mais moi mon expérience a été effroyable et je le dis. Et je pense vraiment avoir vu le potentiel destructeur de ces trips.

Mon avis, aussi sincère que possible: n'y touchez pas (ou plus). Je ne le ferai plus jamais. Inciter les gens à le faire est un bien mauvais conseil.
 
Comme tu le dis toi même, ce n'était qu'un mauvais trip, alors je ne vois pas pourquoi tu diabolises autant la chose. Oui ça peut mal se passer, mais il faut bien préparer la chose, oui j'ai vu des bad sous champis mais ce n'est pas pour ça que c'est le DIABLE.
 
giggs_73 a dit:
Inciter les gens à le faire est un bien mauvais conseil.
Ben oui !

Cest kiki incite ici ?
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Blagues à part je te donne juste mon expérience perso :
- J'ai vu 1001 incitations pour boire de l'alcool outre mesure.
- Des potes m'ont proposé d'autres trucs, jamais incité ("iglou, iglou, iglou, il est des noôôôootres, il a bu sa goutte de LSD comme les oôôoôoootres" semble plus rare, et heureusement !)
- Quand j'ai voulu retester les psychédéliques dans de bonnes conditions, j'ai cherché et trouvé des informations ici qui me permettent de prendre (ou pas!) des substances différentes de celles dans ancrées dans les meurs (alcool, tabac, shit/beuh).

En tous cas merci de ton avis, je suis complètement d'accord avec toi sur ce point :
giggs_73 a dit:
il y a un risque [...] de passer un moment abominable. Quand on y est, ça dure très, très longtemps
Ce n'est pas anodin, faisons attention.
J'en profite pour remercier tous les auteurs de TR de bad trips ; trips qui sont sûrement moins agréable à décrire que des bons délires mais qui sont important à partager.
 
C'est vrai qu'on passe un sale moment quand ça dérape, et si on n'a pas trop forcé sur les doses, on en sort "juste" un peu chamboulé pour quelques temps. Pas cool, ok c'est sûr!

En même temps, avec un certain recul, je trouve que ces bad trips ont été très riches d'enseignements à plusieurs niveaux.

Perso, ça m'a bien renseigné:
- déja sur mes limites corporelles en terme de quantité ingérée;
- sur mes propres peurs, dont certaines que je ne soupçonnais même pas;
- sur mes croyances, car c'est quand ça foire qu'on peut remarquer à quoi on essaye désespérément de s'accrocher;
- sur mon rapport à la mort et à la vie.
Ce qui me semble quand même un sacré bon bilan pour une expérience dite ratée.

Bon, c'est sûr que pour voir les choses comme ça, il faut envisager le psychonautisme comme un outil d'introspection, et non juste un divertissement.
 
Vu comme ça Chrysallyde, c'est vrai aussi (qu'un mauvais trip apprends bcp de choses).
Mais certains trips peuvent être vraiment destructeurs comme le dit Giggs_73 et je le comprends tout à fait.

giggs_73 a écrit:
Si la plupart des personnes en sortent indemnes, il y a un risque de conséquences immédiates ou "post-trip".
Pour moi les mauvais côtés ont éclipsé les bons.
Je vois déjà les arguments que l'on peut m'opposer: "c'est un mauvais trip parmi plein de bons","chacun le vit différemment","les champignons sont pas mortels, pas addictifs", etc.
OK. Mais moi mon expérience a été effroyable et je le dis.

Mon avis, aussi sincère que possible: n'y touchez pas. Je ne le ferai plus jamais. Inciter les gens à le faire est un bien mauvais conseil.
si je remplace champis par ayahuasca, cette suite de mots aurait pu sortir de ma bouche également.

Les champis je ne connais pas, mais un ami à fait une dépression de plusieurs mois suite à la prise de psylocibes..
Ca à certainement été un révélateur...mais tout de même.
Prudence les loulous...certaines choses ne sont pas anodines.
 
cio,

ça ne m'étonne pas que l'on puisse faire des bad trips avec des psilo quand au final on les mange comme si c'étaient des chips au milieu du chaos d'une ville... Maria Sabina ferait aussi un bad trip!
 
Au milieu d'une ville actuelle sans le rituel traditionnel, c'est possible !
 
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