Pareil pour ce qui est des effets, grOsse et fOrte dissociation entre son moi observateur et son moi expérimentateur, au point de perdre son sentiment de soi.
J'ai clairement abusé de kétamine ces derniers temps en vivant un k-hole quasiment à chaque prise, et au final j'en tirais plus rien d'autre que le fait d'avoir kiffé sentir la montée et la sensation de disparaitre (petite mort intérieure), puis après c'était juste une monstrueuse confusion partiellement angoissante dans les meilleurs cas, sinon ça ressemblait juste à un état de folie totale dans le sens où j'étais incapable de réfléchir à quoi que ce soit, de prendre une décision, et de pouvoir retirer quelque chose de positif du trip, tant la défonce était violente et intense au point d'oublier tout ce que j'avais vécu ou presque en revenant à moi-même (avec quelques fois où j'ai bien cru ne pas revenir tant j'étais barré, à ne plus savoir si ce que je vivais était vrai ou pas, si j'étais dans la réalité, enfin la vraie réalité...bref sale phase psychotique sur perte totale de repère suivie d'amnésie).
Au final à la suite de cet article que j'avais écris sur l'ego death (
http://www.psychonaut.fr/thread-31842-post-593339.html) lui-même basé sur d'autres articles que j'avais écris sur le sujet, je me suis demandé comment aborder le phénomène en allant encore plus loin dans le sujet.
J'avais bien ma petite idée depuis depuis tout ce temps, qui me venait quand je trippais mais que j'oubliais direct après, ou qui ne me parlais plus. En fait hors de l'état de dissolution proche de l'ego death, en étant sobre je ne voyais plus l'intérêt de décrire le phénomène avec des symptômes déjà bien connu et reconnu sur le forum. Bref je tournais en rond jusqu'à ce que je me mette à lire du Damasio, un neurologue qui fait des liens entre philo et neurologie, et là c'est comme si tout c'était éclairé dans ma tête, mon sujet c'était bel et bien à quel moment nait la pensée dans l'esprit, et comment s'édifient les phénomènes mentaux qui fait que l'on est conscient de soi. En gros au départ je réfléchissais sur ce que j'appelais des scénarios intérieurs, qui devaient venir à la suite de mes articles sur la paranoia, en faisant des liens entre délire, construction de la narration en soi, quand on se parle et qu'on se raconte ce que l'on vit en donnant de la consistance (ou pas) à son sentiment d'exister, le tout dans une grille évolutive du phénomène de dissociation, genre dans tel état on se parle comme ceci ou comme cela, en disant "je", "tu", "on", ou juste en usant d'image mental sans même mettre des mots sur ce que l'on ressent, genre quand on est complètement flingué en plein ego death (comme dans un rêve, mais pas forcément éveillé). Autrement dit j'ai pété un câble en voyant beaucoup trop grand, et je me suis perdu en le reconnaissant, mais sans pouvoir l'expliquer.
Donc avec le temps j'ai continué de travailler le sujet sans savoir où j'allais, et j'ai compilé des notes sur le moment où la pensée émerge du corps dans l'esprit, toujours dans l'idée de détailler selon les états de dissociation que l'on peut rencontrer en prenant des drogues, la façon dont les scénarios qu'on se tourne à partir d'images mentales s'établissent malgré soi dans l'esprit. C'est à dire avant que la conscience se les approprie en nous rendant tour à tour narrateur et spectateur de ce que l'on pense et ressent. L'intérêt du trip dissociatif (dans sa phase consciente) étant justement de rester soi-même en remontant le fil de son dialogue intérieur jusqu'au moment où jaillit sa pensée des pulsions de son corps, ce moment où avant même de poser des mots sur ce qu'on vit, on a d'abord sentit la chose venir de soi, en soi, dans une impulsion poussant à une action (un tressaillement par exemple quand on pense à un truc qu'on ne veut pas voir) qui va ensuite mener à une explication justifiant ce tressaillement, et qui par exemple pourrait refouler le fait de ne pas avoir voulu voir ceci ou cela, d'où le fait que le corps fasse un geste précis, genre se gratter le nez, se toucher les parties génitales, suer fortement d'un coup. Ou alors dans le cas inverse (ce quia rrive le plus souvent), l'ego death plonge dans l'inconscience et on prend juste son tarif.
Bref c'est pas évident d'expliquer tout ça simplement, d'autant plus que de passer d'une expérimentation pure et dure sous trip à une théorie qui tient la route, faut trouver les bon biais somatiques et psychiques pour présenter les bailles. C'est pour ça que je m'intéresse au sursaut émotionnelle qui pousse à réguler son homéostasie avant même que la pensée n'intervienne, comme lorsque l'on se gratte quelque part par exemple, c'est une action indépendante de sa pensée, que l'on ne peut que constater en la faisant ou alors après coup. On ne se dit pas "tient je vais me gratter là parce que je ressent cela", ou alors faut avoir son esprit comme collé à son corps pour être en phase entre ses pulsions qui tendent à l'action, et sa raison qui généralement dénie ou refoule ses actes pulsionnels. Le déni et le refoulement faisant partis des mécanismes du clivage, qui peuvent se rapporter aux mécanismes de la dissociation, se retrouve évidemment dans le phénomène d'ego death, et j'ai commencé doucement à mettre tout ça en place pour en faire un article, plus axé sur le K-hole que sur la philosophie de l'ego death, bien que je ne pense pas qu'on puisse dissocier les deux pour faire les liens entre science appliquée au corps et psychologie lors de la phase d'ego death, et pour cela il faut élaborer une métaphysique reliant le corps matériel à l'esprit immatériel en trouvant le moment exact où l'on passe de l'un à l'autre, tout en ne les dissociant pas (ahah).
Damasio a déjà expliqué tout ça, Lacan a détaillé tout le processus hallucinatoire, donc en somme y plus qu'à combiner les deux en parlant de drogues, mais bon c'est pas des sujets simples à comprendre et à manipuler, en tout cas c'est dans cette direction que je me dirige en sachant que c'est du bricolage de psychonaut, mais bon ça peut être intéressant parce que ça recoupe plusieurs disciplines, et l'interdisciplinarité c'est l'avenir aujourd'hui où on a comprit qu'il fallait avoir une vision holistique du corps. Tout le paradoxe est le même que d'habitude, comment parler d'un sujet dans sa globalité sans en démonter tous les aspects avant...un problème humain trOp humain