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Rôle de l'intellect et de l'ego

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Deleted-1

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Cet article est une composition de copier/coller et réécriture de différents paragraphes issus d'un article.



L’EGO, PEUT ÊTRE LE MEILLEUR AMI OU LE PIRE ENNEMI


En réalité, l’être humain ne détient que deux facultés créatrices : l’intuition, voix de l’âme, qui lui fournit l’inspiration, et l’imagination, l’instrument de l’intelligence, qui lui sert à former des moules de pensée. Dans cette dynamique, l’imagination, la folle du logis, gonfle le mental de prétentions et d’illusions, ce qui engendre les débordements de l’ego. Voyons comment cela se produit.


LA DYNAMIQUE DE L’INTELLECT - L’intelligence privilégie l’intellect et le mental

L’intelligence constitue la faculté mentale propre à un individu qui permet de connaître, de saisir et de comprendre par la pensée, qui élabore des concepts et des raisonnements, pour s’adapter au mieux à son environnement et aux situations de la vie. Dressée à la sagesse, elle peut recourir à la lumière de l’intuition, pour s’en inspirer, mais elle privilégie habituellement l’intellect ou le mental, source de l’imagination, pour créer un monde à son image et à sa ressemblance. Elle confère le pouvoir d’analyser les réalités dans leur juste perspective et de conserver les faits dans la mémoire.

L’intellect et ses portées dans l’esprit

représente l’outil indispensable à la découverte des solutions des problèmes du quotidien et à la prise de contact avec le monde matériel ou physique, concret, tangible et palpable. Grâce à lui, l’être humain peut explorer le monde qui l’entoure, connaître objectivement les objets et les phénomènes, inventer, comprendre, s’exprimer, par l’intermédiaire des pensées et des jugements ordinaires, emmagasinées dans la mémoire. Il analyse, synthétise, compare, visualise (imagine), induit, déduit, conceptualise, classe, met en ordre, ordonne et raisonne, se donnant, dans l’immédiat, la meilleure perspective, permettant de raisonner et d’expliquer les faits avant d’agir. Il vagabonde sans cesse, curieux de tout saisir, captant et émettant des approximations, au gré des circonstances, cherchant partout des explications logiques et construisant des schèmes imagés, à partir des données acquises antérieurement, bien que nombre d’expériences intimes le dépassent.

Comment s’engendre l’ego dans l’intelligence

L’intelligence est servie par l’intellect ou le mental, la faculté de forger des concepts, qui engendre l’ego ou le petit moi, car il est essentiellement égotique, en ce sens qu’il ramène tout à lui, comme s’il était le centre du monde et que tout devait graviter autour de lui. L’intellect recouvre les idées, les pensées, tout l’aspect rationnel de l’être, tourné vers l’extérieur et attaché à la forme, bien qu’il soit capable d’introspection ou d’un retour sur lui-même. Le problème relève du fait qu’il ne connaît pas de limites et que, jaseur et bavard comme un perroquet, sans cesse actif dans l’état de veille, il cherche à imposer sa vérité relative, de façon souvent tyrannique ou impérieuse, divertissant souvent de la direction intérieure, telle qu’elle est fournie par l’intuition.

L’intellect recouvre si rapidement l’intuition de son interprétation que le sujet en vient à confondre ce jugement avec le message premier, prenant souvent une décision qui le mène à l’échec ou à des demi-réussites. En ce sens, il devient un obstacle à l’évolution. Il empêche de reconnaître les états de conscience dans leur vraie nature, se limitant à l’aspect logique des réalités, parce qu’il s’accroche à sa propre identité, telle que révélée par la personnalité, l’ego ou le petit moi. Ainsi, sans s’en rendre compte, il ne représente bien souvent, dans son affairement et sa fébrilité, qu’une excroissance illusoire et dominatrice des processus cérébraux fondamentaux.

En effet, l’intellect recouvre les processus de l’idéation consciente, mais également toutes les pensées aléatoires incontrôlées, qui surgissent du subconscient, et font surface comme des bulles d’illusions, Par ses divagations, il établit son empire sur un être, lui imposant sa pseudoscience, car il ne tolère que ce qui est ou paraît logique, et il l’amène à réagir de façon réflexe, automatique ou conditionnée, aux pensées qu’il ne contrôle pas, de façon souvent anarchique et erratique.

L’ego peureux ne peut tout saisir

Limité par ses découvertes, l’intellect empêche de saisir la réalité exactement comme elle est, au-delà des apparences ou dans sa perspective globale. Incapable d’embrasser l’immensité du Cosmos et de Dieu, il ne réussit à percer qu’une petite portion de l’Univers, dans son analyse de la Terre, dans sa quête de lumière, d’entendement, de compréhension, de sagesse. Comment mettre l’océan dans un verre à eau ? Partiel, il limite tout, rendant partial, subjectif, relatif et égoïste. Bavard, se prononçant sur tout de façon péremptoire, redoutant tout ce qui lui échappe, s’apeurant d’un rien, il pousse à parler, à faire du vent, et il amène rarement à faire des affirmations qui vaillent la peine qu’on y prête attention.

L’intellect établit des normes rigides, conformistes, conventionnelles et stéréotypées, sous forme de clichés, qu’il impose à la majorité, fondant les coutumes, les usages et les modes. Il enferme dans des schèmes rigoureux et dogmatiques, pourtant formés d’éléments transitoires et mouvants, à une époque donnée. Il amène souvent à rejeter la substance des réalités et à en faire perdre le fond, et il se perd dans les détails, les artifices, les complications et les notions superficielles. Il accorde souvent plus d’attention à la forme qu’au contenu et il amène à des considérations plus symptomatiques que causales.

L’intellect recherche la facilité

C’est lui le maître de la facilité ou de l’expédient qui suggère, par exemple, de prendre une aspirine, quand on a mal à la tête, croyant qu’il y a perte de temps dans le fait d’en chercher la cause, qui n’existe peut-être pas, pour régler le mal en permanence, puisqu’il existe un moyen aussi simple, à la portée, d’y remédier. L’intellect propose toujours des solutions toutes faites, fixées par sa science prétendue, et il réagit à tout de façon aussi mécanique qu’un ordinateur. Ainsi, il établit sa préséance sur les facultés internes, bloquant l’intuition et réprimant la spontanéité, rendant sérieux, rigide, austère, sévère, grave, compassé, perfectionniste, hiératique, condescendant, arrogant, ironique, sarcastique, sceptique, etc. Or, qui n’est pas spontané n’est pas naturel.

L’intellect ne réfléchit pas en terme de véracité d’esprit

L’intellect ne fait aucune différence entre une expérience réelle et une expérience imaginaire et il se laisse monopoliser son attention par l’une et l’autre, dans une alternance à la vitesse de l’éclair. Borné, bruyant, tapageur, répétitif, rebelle, indiscipliné, il engendre des classifications nébuleuses et arbitraires, conformément à ses préférences, morcelant le monde, disséquant les réalités, séparant les êtres, divisant la conscience en aspect naturel et en aspect spirituel ou en aspect concret et en aspect abstrait, devenant la source de la dualité apparente et de toute séparativité relationnelle. Il établit des barrières, réfractaire aux différences et aux exceptions, et il rend difficile l’approche de la globalité et de l’Unité.

Vis à vis de l’intuition

L’intellect amène à se débattre dans les rets (filets) de la matérialité et de l’esprit matérialiste et il dissipe les énergies d’un sujet dans une quête de compréhension des reflets de la conscience, tels qu’ils apparaissent sur l’écran des phénomènes extérieurs de la vie. Il cherche davantage à appréhender ce qui se passe à l’extérieur de lui qu’en lui et il accumule sans cesse des notions qui encombrent la conscience, faisant une tête bien pleine, mais un cœur sec et renfermé. Par ses raisonnements, l’être humain accorde son attention presque uniquement à ce qui se passe en lui ou à ce que les faits extérieurs déclenchent en lui, ce qui le rend insensible et indifférent aux autres. En général, une personne est d’autant moins intuitive qu’elle est intellectuelle ou d’autant plus intuitive qu’elle est peu intellectuelle.

Le mental est nuisible à la créativité

Le mental agit ainsi comme un architecte rétrograde et nostalgique qui reproduit les vieilles structures du passé, les modifiant légèrement pour leur donne l’apparence d’une nouvelle réalité. Il est la source des habitudes et des routines sclérosantes qui engendrent la monotonie et l’ennui. Mais il compense en cherchant les moyens subtils de les percevoir autrement, en adoptant difficilement des visions nouvelles. Il connaît des désirs comme le corps connaît des besoins. Il est le ferment de la motivation qui meut la volonté, la pousse à l’action, selon ses intérêts. Il fomente les divagations, les émotions et les passions.

L’ego est néanmoins une entité vivante et précieuse

Observateur, curieux, analytique, il est constamment à l’affût des impressions qui proviennent de son environnement. Dès qu’il ne parvient pas à fixer son attention sur un fait, il se rebiffe, se vexe, s’impatiente, et il exprime du mécontentement et de l’irascibilité. De la même manière que le corps s’ankylose, privé d’exercices, il paralyse s’il est limité ou restreint. Car le mental ne reste alerte, aigu et lucide, que s’il est impliqué dans la réalisation d’objectifs au service d’un but. Il faut lui concéder une part de ses désirs, le laisser les satisfaire, pour éviter qu’il entre en dépression et suscite des malaises vagues, difficilement explicables, comme le mal de vivre.

Apprendre à combiner ego et intuition

L’être humain se forme une vision de la réalité en puisant dans les idées qu’il a accumulées dans sa mémoire, de par le passé, et en les combinant différemment. Mais il ne doit pas oublier d’y ajouter l’éclairage de l’intuition, nullement logique, qui lui permet d’accomplir un bond plutôt qu’un pas. Le mental renforce constamment l’ego, si on ne l’utilise que pour accumuler des connaissances, renforcer son pouvoir créateur et améliore son coefficient mental. Il faut maîtriser et dépasser son mental, une force apte à former des concepts, susceptibles d’élever la conscience personnelle et celle de l’Humanité, en lui apprenant à assimiler les choses différemment et à se laisser imprégner par l’énergie intime, au lieu de s’y opposer.

Sinon l’ego réduit le champ de vision

La majorité des gens s‘identifient d’abord à leur corps, à leur milieu et à leur mental, oubliant qu’ils sont d’abord une âme, mue par l’Esprit, qui habite un corps, son véhicule d’expression, mais qui n’est pas ce corps, puisqu’elle en est la Maîtresse. L’intellect représente l’aspect logique, un instrument limité et mortel de l’âme, mais il ne constitue pas la véritable identité d’un sujet : il n’est que temporairement à son service. Or, l’intellect est fort réducteur, en ce sens qu’il interprète tout à partir d’une règle qui établit des extrêmes, qu’il perçoit comme des oppositions irréconciliables, au lieu de les comprendre comme des réalités compatibles et complémentaires, qui ne représentent que l’envers d’un autre aspect, puisque tout reste dans l’unité de son tout et du Tout.

L’intellect dualise son champ de vision et divise l’être craintif

L’intellect conçoit tout ce qui lui échappe en termes de paradoxes, dans une lutte du mal contre le bien, du haut contre le bas, de la droite contre la gauche, de l’homme contre la femme, du jour contre la nuit. Seul le cœur peut réconcilier les contraires apparents. Dans sa perception biaisée, l’intellect engendre la peur, source de multiples confusions, et il amène au repli ou à l’attaque, selon la dynamique du sujet. Ainsi, il divise l’être, l’induit dans le déséquilibre, l’empêchant de recevoir ce qu’il désire, un monde de paix et d’harmonie. Sans cesse actif, interrompant le silence intérieur, il éveille les soucis et les doutes, coupant de l’Esprit qui sait dans la certitude qu’il n’y a rien à craindre, mis à part le fait de craindre. La volonté de comprendre, telle qu’elle s’exprime par le désir de l’intellect, reste légitime. Mais, dans sa froide énergie, il veut tout savoir et tout analyser, pour tout contrôler, ce qui freine l’évolution. Car contrôler n’est pas maîtriser. La maîtrise s’exprime par un commandement confiant, doux et ferme, quand on connaît les lois de l’énergie. Le contrôle s’exerce dans l’effort et la coercition qui engendrent la tension et la contraction. Plus on s’enferme dans son intellect, plus son océan de peurs se gonfle et exprime son tumulte, entraînant dans l’incompréhension, la souffrance et le désespoir.

Le mental est sans compassion

Car, si le mental reste l’instrument du discernement, qui aide à distinguer ce qui plait de ce qui déplaît, ce qui fait du bien de ce qui fait du mal, ce qui nuit de ce qui sert, il ne détient aucune sagesse spirituelle. Il induit dans une démarche visant à préciser tous les détails d’une expérience, à s’accrocher à ses vieilles idées, à surveiller constamment tout ce qui arrive, pour s’assurer que tout fonctionne bien. Mais est-ce s’occuper ou se préoccuper que d’agir ainsi ? Dans un contexte aussi rigide, tout se dérègle, se déglingue et se bloque. Et si les faits ne se passent pas comme prévu, il amène à se culpabiliser, à s’inférioriser, à prendre peur, à se croire à la merci du sort.

Comprendre le fonctionnement de son intellect pour appréhender son ego et sa personnalité

Ce qu’il importe de comprendre, c’est que l’intellect renforce l’ego qui est porté à se croire supérieur à l’Esprit et à la Nature, qu’il s’autorise de tenter de dominer, restant convaincu, même dans les revers, qu’il y parviendra un jour quand sa science sera plus complète. L’intellect cherche toujours des raisons et des explications avant d’agir, entretenant dans l’hésitation, l’atermoiement ou la tergiversation stériles. On ne doit pas l’ignorer complètement et le mettre en tort, car il paralyserait. Mais il faut observer comment il raisonne toujours à partir des programmes qui lui sont familiers, bien connus, fort enlisants. Il induit facilement dans l’étroitesse d’esprit et la froideur du jugement.

L’intellect au service de la spiritualité

L’intellect doit servir premièrement à poser les bonnes questions à l’âme, pour recevoir intuitivement ses réponses, souvent par le support des ressentis intimes et des symboles de son environnement, qu’il faut analyser pour les comprendre. Car c’est elle qui détient les réponses à toutes ses questions, les solutions à tous ses problèmes et le secret de sa réalisation, pas les livres ni les autres. Deuxièmement, une fois bien éclairé par sa conscience intime, il doit exercer son libre arbitre : fixer des buts clairs, nets et précis; choisir entre des alternatives; clarifier ses intentions; stimuler la volonté à l’agir; mettre en œuvre les moyens de les atteindre. Alors, par la synchronicité, l’âme répondra, en engendrant les coïncidences de temps et de lieu, qui l’aideront à les atteindre. Toutes les autres occupations du mental, à part l’enregistrement des faits dans la mémoire, expriment la redondance d’occupations stériles. On s’instruit mieux dans l’expérience qui passe à travers ses tripes que dans les livres et l’observation de la conduite des autres.

L’intellect emprisonne dans ses illusions, il est inutile de lutter contre, d’où l’intérêt de composer avec

L’intellect emprisonne, dans des connaissances limitées et limitantes, un être pourtant épris d’infini : jour après jour, il épaissit les murs de sa prison et la difficulté de ses obstacles et l’amène à se réfugier dans des illusions sécurisantes. Plus les illusions sont grandes et nombreuses, plus on s’attire la désillusion et les frustrations. On peut entraîner son mental à cesser de vagabonder et de produire des réalités illusoires. On peut commencer par observer son jeu et refuser les pensées qui ne contribuent pas à améliorer son destin. Les pensées créent si on s’appuie sur elles. Alors, le truc consiste à élever son tonus vibratoire pour démagnétiser les pensées parasitaires, ce qui la repousse naturellement. On ne peut obtenir des informations en provenance des niveaux les plus élevés de la conscience, si on entretient le bavardage mental, au cours de ses méditations ou de ses pauses d’intériorisation. En revanche, tenter d’y mettre un terme, c’est l’amplifier. On ne peut s’élever d’un niveau de conscience à un autre sans créer des ouvertures, en renonçant à la dynamique des plans inférieurs, c’est-à-dire, sans y mettre du calme et de l’ordre.


LA DYNAMIQUE DE L’EGO

L’ego, un mot latin, identifie d’abord le sujet conscient et pensant qui constitue l’unité transcendantale du moi, s’il porte une majuscule. Autrement, dans son sens commun, il évoque le culte du moi ou la poursuite exclusive du développement personnel, partant à faire abstraction de l’autre. En français, on parle du «moi», fondement du «je», qui porte à proférer tous ces «me», «mon», «ma» et «mes», indices de l’esprit de possession et de l’accaparement ou d’une affectivité retournée sur soi-même. Il désigne l’individu dans sa perception de l’identité de sa personne, conformément à son image intime, d’être doué de personnalité ou en relation avec sa propre identité. Il recouvre tout ce qui constitue l’individualité ou la personnalité d’un sujet, tout ce qui le porte à s’affirmer dans l’impression d’exclure les autres ou dans le sentiment d’être séparé des autres.

L’ego structure et morcelle

L’ego désigne la personne humaine en tant qu’être conscient de lui-même, à la fois sujet et objet de sa pensée, conscience qui mène à l’attachement exagéré à son véhicule concret d’expression. Il fonde la personnalité dans sa tendance à ne considérer que soi et à adapter ou à interpréter la réalité à partir de sa seule ego-perception. Il est le centre de la prise de conscience qui reçoit les impulsions de l’Esprit par ses cinq sens physiques et son ressenti. Il donne naissance au concept d’un monde structuré, mais divisé en plusieurs dimensions, morcelant la Réalité divine, pourtant une et indivisible. Toutes les perceptions individuelles passent par le canal des processus conscients de l’ego par le biais des stimuli, composés d’ondes électromagnétiques.

L’ego est le «moi» ou le «je»

Le «moi», c’est le mot français qui traduit le mot latin «ego», qui porte à dire «je», donc un synonyme parfait de ce mot. Il réfère à l’identité d’un sujet considéré de façon abstraite, mais rattaché à la perception de soi, à ses intérêts et à ses avantages personnels, ce par quoi on se sent différent des autres. Le moi porte vers l’affirmation du libre arbitre jusqu’à l’excès ou aux extrêmes, réfractaire par nature à l’autorité extérieure et à l’autorité intime de la Conscience supérieure. Il incline vers la satisfaction des affects, des désirs, des appétits, des émotions et des passions.

Diversités des mécanismes de l’ego

Pour faire sa place et occuper ce qu’il dit son territoire, il recourt à ses mécanismes fondamentaux de manipulation et d’agression, tantôt concrets comme la prise de possession, la domination et le culte de la renommée, tantôt subtils comme la projection, la rationalisation, la justification, la sublimation, la compensation, le marchandage, le chantage émotif, la séduction, la flatterie, le parasitage psychique. C’est par le recours à ces moyens que l’être humain a lentement réussi à modifier son environnement et à s’y adapter, mais souvent au détriment de la Nature, qu’il cherche à dominer, et de ses divers règnes, qu’il cherche à s’asservir, à contrôler sans respect, les considérant comme inférieurs, donc à son service.

L’ego tend à s’imposer en dominateur souverain

Car ses impulsions et ses pulsions fondamentales d’agression deviennent impérieuses et impitoyables quand elles ne sont pas tempérées par un système de valeurs transcendant adéquat : il n’est alors motivé que par l’émergence de la personne, qu’il veut éminente et souveraine. Aussi développe-t-il peu à peu une autre impulsion plus subtile, en marge de l’agressivité, qu’il déguise en un sentiment d’affinité, pour établir un lien équilibrant avec le moi des autres, quand il ne peut les maîtriser. Il propose une relation de donnant-donnant, qui ne vise qu’à maintenir ses intérêts dans une mutualité de bons procédés. Mais nous en reparlerons plus loin.


LES DÉFAUTS DE L’EGO

La personnalité identifie le caractère personnel distinct qui, oublieux des intérêts et des droits des autres, pousse vers l’égotisme, l’égoïsme et l’égocentrisme. Elle se fonde sur la surestimation de soi, qui confine à la vanité, à la prétention, à l’arrogance, à la condescendance, à l’individualisme, à l’orgueil, à l’excentricité, autant de témoignages de l’insensibilité et de l’indifférence à la réalité et au vécu des autres. La personnalité conduit à une identification excessive à la matière, conçue comme le monde du paradis artificiel, mue par la pulsion de survie qui porte à assurer l’intégrité de sa forme physique. Elle entraîne dans les comparaisons, l’émulation, la relève des défis, l’esprit de concurrence, les jeux de pouvoir, qui aboutissent dans les oppositions et les rivalités de toutes sortes. Elle réprime ainsi l’intuition, qui fournit les injonctions de la conscience profonde, et la Réalisation spirituelle, l’appel évolutif lancé à tout être. L’ego porte à croire que c’est en accumulant, donc en s’appropriant par addition, qu’on grandit et prospère. Il apparaît comme le grand tricheur, le grand fourbe ou le grand adversaire, le pire voleur de son temps, le pire pilleur de ses énergies et le pire sapeur de sa paix d’esprit, parce qu’il agit comme le maître de la peur, qui fonde sa croyance sur la crainte de disparaître ou de perdre des biens par l’arbitraire de la Nature, des autres ou d’une Force supérieure incohérente ou partiale.

L’ego tyrannique cherche à donner du sens en interprétant tout

L’ego amène ainsi à nourrir les apparences et l’esprit négatif, lançant dans la quête inextinguible ou inassouvissable des jouissances multiples, de l’agir intempestif et du faire excessif (créer, produire, s’activer, accomplir des performances) pour se donner l’impression d’être et d’exister; d’être utile à quelque chose; d’établir sa notoriété (célébrité pour se faire un nom, pour laisser une trace de son passage sur la Terre, accomplir une œuvre exceptionnelle dont l’Humanité se souviendra ou engendrer une progéniture qui rappellera la valeur de son lignage); et d’accroître son être par l’acquisivité (esprit de possession qui mène à accumuler des biens et des réserves, en cas que (peut-être ou p’t-être bien), comme on dit, on pourrait manquer de quelque chose ou connaître la pénurie ou simplement pour vivre dans le confort et le bien-être).

Ego nuisible et narcissique

S’appuyant sur la peur, l’ego attise le désir, qui devient motivation ou volonté impérieuse de tout contrôler, de tout dominer et de tout maîtriser, qu’on ait le droit ou pas de le faire, au nom de sa survie et de son expansion. Si on le laisse habiller son être de ses illusions et si on se force à agir en conformité avec elles, on se retrouve happé dans un schème aberrant visant à affirmer son être de façon tyrannique. L’ego dépasse rarement la dynamique du donnant-donnant, exprimé dans une apparence de mutualité d’intérêts entre deux personnes. Ce principe primaire de l’échange se fonde sur un schème de comparaison, établi au niveau du mental, non du cœur, pour tenir compte des sentiments et des besoins réciproques de deux êtres.

L’ego, création factice du mental, désigne le masque personnel qui établit une différence aliénante par rapport à sa réalité spirituelle. On l’appelle différemment le «manteau de l’être», la «coquille extérieure», l’«écorce physique», l’«entité psychosomatique». Il englobe tout ce qu’on élabore pour se distinguer ou se démarquer des autres : sa façon de s’adapter à son milieu, d’exercer sa créativité, s’assumer ses besoins et ses désirs, d’exprimer sa volonté, de réagir aux événements, ses sentiments dominants, son apparence physique, ses attitudes et ses comportements, ses talents et ses aptitudes, ses postures et ses gestes, ses qualités et ses défauts, sa forme et son agilité physiques, son éducation, son degré d’acceptation de soi, ses centres d’intérêt, ses croyances et ses connaissances, son degré de maîtrise.

Il recouvre ainsi tous les aspects de la forme, de la sensation, de la perception, du raisonnement et de la conscience, qui deviennent le moteur de ses pulsions spontanées, appelées la deuxième nature. Mais il réfère d’abord à l’image mentale qu’on se forme de soi-même, à partir de ces données, et qui révèle ses traits distinctifs et ses dispositions générales, dans la façon de se sentir, de penser, de parler et d’agir. Il ne s’attache qu’à l’aspect formel des choses et aux résultats apparents, redoutant les normes des autres et de la société.

L’ego déteste les remises en question, car il sait qu’elles grugent son pouvoir, pouvoir qu’il commence à perdre dès qu’on opte pour un choix de vie qui diffère de ses propositions. Il cherche à garder ligoté, sous la coupe de son empire. Alors, au lieu de se soumettre, il préférera souvent mettre du sable dans l’engrenage, d’une façon ou d’une autre. Il amène à tout faire converger vers l’affirmation de soi, en excès ou en carence, mû par les pulsions, les appétits, les désirs, les sentiments, les émotions et les passions. A cause du sentiment d’incomplétude qu’il engendre, il devient le principe de la motivation de prendre à l’extérieur de soi, pour se l’assimiler ou l’intégrer à soi. Ainsi, il amène à croire qu’on ne peut mieux paraître ou prendre davantage d’expansion qu’en puisant chez les autres (choses ou personnes). Il devient rapidement fort accaparant, possessif, captatif, gluant, dominateur et agressif.

Quand on en a trop prit

Laissé à lui-même, l’ego ne cherche que son intérêt et ses avantages, étroit, borné, entêté, d’où il n’engendre, la plupart du temps, que faiblesse, aigreur, division, erreur et peine. Il devrait plutôt servir à fonder une individualité cohérente et intégrée, incliner au partage et à l’échange, inviter à collaborer à l’évolution et au bonheur des autres, après s’être bien servi, et à devenir plus libre et plus lumineux. Mais, exagérant l’importance personnelle, il fomente plutôt tous les sentiments indésirables, rattachés à la notion de pouvoir, qui entravent l’expression de l’amour.

Narcissisme moral

La majorité des problèmes de la société humaine proviennent indubitablement des jeux désolants et dévastateurs de l’ego, cette entité appelée, dans les Textes sacrés, le Grand Adversaire, le Diable tentateur, le Maître de la Sédition, l’Artisan de la Discorde ou le Semeur de zizanie, qui accomplit ses frasques autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il se fonde sans cesse sur son système du deux poids et deux mesures, l’une pour lui et l’autre pour l’autre, certes désireux d’exercer la vérité et la justice, dans ses bonnes intentions, mais d’abord accordé à ses intérêts, à ses avantages et à ses attentes, qui finissent par brimer et limiter les droits des autres Comme on dit, les chemins du Ciel et de l’Enfer sont tous deux pavés de bonnes intentions.

L’ego est le Maître de la Séparativité, de la division, de la réduction, de l’exclusion, selon les préférences et les privilèges, qu’il détermine de façon arbitraire, d’après sa vision étroite du Monde. Toujours très habile pour se masquer derrière des parades subtiles, à se déguiser sous des voiles séducteurs, à inventer des feintes adroites, à se mouler dans des contrefaçons confondantes, à se transformer dans des adaptations factices, qui ne contribuent qu’à maintenir, par diversion, le statu quo, il ne cherche qu’à cacher son identité dans des travestissements multiples.

Ego et paranoïa

C’est lui qui amène un sujet à penser que s’il reprend un autre, c’est pour le faire grandir, mais que si l’autre le reprend, c’est pour l’humilier; que s’il donne un cadeau à un autre, c’est pour lui exprimer son amour ou le récompenser, mais que, si on lui en fait un, ce geste est suspicieux, car il doit viser à l’acheter; que s’il donne beaucoup à l’autre, c’est pour l’aider, d’où il mérite d’être apprécié ou remercié, mais que si l’autre lui donne autant, cela n’est que normal, puisqu’il s’agit d’un dû; que s’il vit en couple, il peut sortir seul pour se divertir ou changer d’air, mais que si l’autre le fait, c’est pour le tromper, le fuir ou perdre son temps; que s’il pense d’abord à lui, c’est pour se ressourcer pour avoir davantage à donner, mais que si l’autre se choisit, il est un égoïste. Car, pour lui, un égoïste, c’est toute personne qui ne pense pas à lui et qui ne le conserve pas en permanence dans la mire de ses préoccupations.

Ego jouisseur

Tourné presque exclusivement vers l’extérieur, l’ego amène un sujet à n’accepter, de l’intérieur de lui, que ce qui appuie ses désirs et ses pulsions, et il oriente principalement son esprit vers l’esprit de possession et les jeux de pouvoir, tels qu’ils s’expriment dans la confrontation, le chauvinisme, la rivalité, la quête de reconnaissance ou de renommée, l’assouvissement de sa jouissance. Il peut même faire prendre les masques du moralisme, du sacrifice, du patriotisme, de la générosité et de l’altruisme, pour acheter l’attention des autres ou mieux les asservir. Car plus un être dépravé refuse d’admettre ses tares, plus il est exigeant pour les autres, pour compenser son manque d’estime de lui-même.

Ego matérialiste

Situé au fondement de la vanité humaine et de l’orgueil spirituel, l’ego peut induire à imaginer tous les scénarios et à revêtir tous les travestissements de la bonne conscience, pour assurer la satisfaction de ses intérêts, de son confort, de son bien-être, dans l’occupation d’un territoire toujours de plus en plus vaste, poussé par la volonté d’assurer son bonheur illusoire. Il se terre autant derrière le matérialisme excessif, la fuite dans la matière, que derrière la spiritualité outrancière, la fuite dans l’Esprit.

L’ego élabore progressivement les comportements répétitifs, les attitudes stéréotypées, les comportements rigides, les réflexes automatiques et les habitudes sclérosantes qui mènent à réagir comme un robot ou un automate. Fondamentalement, il révèle cet aspect du mental analytique et synthétique qui amène à penser, à ressentir, à faire des choix et à agir, exprimant la différence d’un être qui le distingue du moi d’un autre, de l’objet de ses propres pensées, de ses ressentis et de toutes ses autres activités. Il identifie la partie de l’être individuel qui exprime la conscience objective et qui gouverne les diverses expériences individuelles. En plus court, il désigne l’aspect subjectif d’un être ou son expression psychique.

L’ego est contre-intuitif

Mais comment un être qui réprime sans cesse ses intuitions, tout abandonné à ses cogitations et à ses supputations mentales, peut-il répondre à une telle injonction, dont il ne mesure pas l’importance ni la portée? Il n’écoute jamais ses intuitions, qu’il prend pour des fumisteries, à cause de leur illogisme apparent, prend des mauvaises décisions, fondées sur ses suggestions mentales approximatives, aboutit à l’échec ou dans une impasse, pour s’exclamer soudainement : J’aurais donc dû suivre ma première idée! Mais, la fois d’après, il n’agit pas plus sagement.

Ego et orgueil

Il est vrai que l’intelligence, rapide comme la pensée, ne tarde pas à s’interposer entre un sujet et ses intuitions. Elle s’investit alors dans leur analyse, les recouvre de ses jugements limités ou les colore de ses impressions subjectives, généralement issus de sa peur de voir une expérience pénible se répéter, d’aboutir à l’échec, d’être humilié, d’où elle amène un sujet à douter de l’intégrité et de l’efficacité de ses inspirations. Alors, ses jugements ou ses impressions se substituent subtilement à sa première idée, se confond avec elle, lui fournissant une nouvelle donnée qu’il prend pour la première, et il choisit de la suivre. Sur le moment, il ne se rend pas compte qu’il a opté pour la deuxième idée plutôt que pour la première.

Distinction entre orgueil, égocentrisme et égoïsme

On peut appeler cette propension de l’ego à se substituer subtilement à l’intuition, par un intérêt personnel inconscient, une fixation mentale, une prétention éhontée, une spoliation de rôle, une appropriation de pouvoir ou du nombrilisme. L’égoïsme qu’elle sous-tend décrit cette disposition à rapporter tout à soi, à s’accorder un amour immodéré, à se centrer fortement sur ses intérêts, qui fait de sa personne le centre de tout, au point d’oublier les droits des autres. Il traduit cette tendance qui porte à se préoccuper presque exclusivement de son propre plaisir et de ses attentes personnelles, dans une culture du moi, un débordement de la personnalité, une inflation de l’ego, qui amène à employer si souvent le mot je, sans se soucier des besoins et des désirs des autres ou en les reléguant à l’arrière-plan.

Ne pas chercher à tuer son ego

Comprenons bien que l’ego, fondement de l’affirmation de soi et de la découverte personnelle, ne doit jamais être réprimé, annulé, annihilé, dissout, mais qu’il doit simplement être remis à sa place, être ramené à l’ordre de son rôle fonctionnel, être mis de côté quand il n’a pas sa place dans une expérience. Le mental, support privilégié de l’ego, doit aider à analyser les faits pour garder objectif, fournir des alternatives à partir des expériences antérieures, former au discernement (son sens des valeurs), engendrer des moules de pensée clairs, nets et précis, conserver les faits dans la mémoire. La majorité des autres fonctions qu’on lui attribue, qui amènent à museler son intuition, à écarter des véritables priorités de la vie ou à se mêler des affaires des autres, ne serait-ce que pour en juger, devraient être exclues ou réduites au maximum, non par la coercition, mais par l’établissement progressif de bonnes habitudes de mentalisation. Celui qui tenterait de dissoudre complètement son mental se priverait d’un instrument extraordinaire, puisqu’il constitue le véhicule de l’imagination créatrice. En le faisant, il perdrait toute motivation d’agir pour connaître et tout goût de vivre pour expérimenter.


LES IMPOSTURES DE L’EGO - L’égocentrisme

Celui qui accorde une attention prioritaire à son mental, au détriment de son intuition, forme toujours des concepts objectifs qui nient ou écartent les concepts subjectifs de son âme. Un concept objectif rapporte toujours un objet concret à un autre, le reliant à l’instrument qui lui fournit un point de référence. Voilà comment un être très mentalisé développe tant d’attentes à l’endroit d’un autre, ce qui l’amène ensuite à projeter sur lui ses échecs, ce qui est fort injuste. Inconsciemment, il croit pouvoir lui imposer des obligations ou établir des exigences à son endroit. Au début de son développement, un enfant conçoit tout par rapport à lui-même et il ne retient chez les autres que ce qui comble les attentes de sa personnalité ou ce qui flatte son ego. D’où il y a des adultes qui ne sont rien d’autre que des grands enfants qui attendent encore tout des autres et qui croient qu’ils ont le droit d’imposer cette prétention.

Ce concept égocentrique, s’il n’évolue pas, en ramenant au libre arbitre et à la responsabilité personnelle, à l’égard de son destin, sert de frein à l’évolution. D’une part, il écarte le recours si instructif à l’expérimentation personnelle. D’autre part, il enlise dans l’interprétation subjective du mental à l’égard du Monde. C’est justement cette subjectivité qui a amené l’Humanité primitive à croire que la Terre marquait le centre du Monde et que le Soleil et les astres tournaient autour d’elle. Mais la subjectivité amène aussi à réduire la réalité selon son interprétation, qui n’a jamais d’autre degré d’exactitude que son niveau de connaissance et de conscience.

Spiritualité vs présomption

Chacun colporte avec lui ses propres concepts d’importance et de grandeur exagérés, sous les formes qui les travestissent le mieux, en évitant que ces subterfuges deviennent trop apparents ou risibles. On appelle cela un gonflement ou un débordement d’ego. Il est étrange qu’un être porte autant d’attention à ses artifices quand il n’y a aucune nécessité de le faire, si grand qu’il est de naissance, dans son âme, plus encore dans son Esprit divin. Car cet ego fait obstacle à la manifestation de cet Esprit sublime, en prenant sa place, et il l’empêche d’exprimer sa perfection. Tout progrès spirituel est proportionnel à l’aptitude de pondérer les pulsions exagérées de l’ego présomptueux. Un être est d’autant plus égoïste qu’il est fortement mentalisé, d’autant plus stérile, au niveau intuitif, qu’il est mentalisé. Dans ces conditions, il préfère s’investir dans la satisfaction des seuls besoins et désirs qu’il connaît, ses besoins et ses désirs inférieurs, denses, grossiers, vils, oubliant sa fin. Il s’applique à multiplier ses moyens et accumuler un avoir impressionnant, faisant de l’accumulation des biens sa finalité. Et il porte un regard dédaigneux sur celui qui exprime des aspirations qui lui échappent.

Quand on se place la barre très haute, pour garder le haut du pavé, soutenir ses fausses prétentions, on finit par s’épuiser. C’est ce qui arrive quand on accorde plus d’importance à sa profession qu’à sa vie personnelle, quand on s’impose des responsabilités trop lourdes, quand on se force à répondre aux attentes de ses patrons ou quand on gère un groupe d’esclaves, qu’on ne croit jamais à la hauteur de ses propres attentes. L’ego amène à nier la vérité, même l’évidence, si on ne la juge pas conforme à ses croyances ou à ses possibilités. Il fomente le scepticisme, l’apathie spirituelle et l’athéisme.

Les illusions égotiques

A trop insister sur les excès de l’ego, on pourrait le considérer comme un instrument nuisible et le prendre en aversion. Pourtant, bien orienté, il peut devenir un ressort puissant de la motivation et de l’aspiration. Sauf qu’il déclenche des catastrophes lorsque, pris de sa folie, il cherche à tout s’attribuer et à tout contrôler. Tout être doit se sentir fier de ce qu’il est, de ce qu’il accomplit et réalise, heureux de ce qu’il réussit, s’exalter même que tout aille bien pour lui. Les sentiments de sa dignité et de son mérite restent convenables lorsqu’ils servent à supporter l’estime de soi-même, le désir de prendre sa place légitime au soleil, la motivation de se donner ce qui est licite ou revient à soi de droit. Le problème de l’ego empêche souvent de se percevoir comme on est, amenant plutôt à se percevoir comme on croit être ou voudrait être.

Bonne et mauvaise utilisation de son ego

Celui qui se sert de son ego comme d’un outil de découverte pour connaître sa vérité selon sa réalité, donc pour se ramener à lui-même, afin de se donner un sujet et un objet d’observation, lui accorde sa juste place et lui redonne son noble rôle. Celui qui s’en sert pour se complaire dans les jouissances sensorielles de la Matière, s’empêche de vivre sa réalité évolutive et s’enferme dans un processus involutif.


L’EGO SE LIVRE À DES JEUX PARADOXAUX - Individuation vs individualisation


Par les jeux de l’intellect dominateur, l’ego amène la conscience à s’inverser, à se retourner sur elle-même, au lieu de se tourner vers la Lumière spirituelle. Il porte à se complaire dans les attributs de sa personnalité plutôt que dans Son identité (ou individualité) divine, ce qui revient à se complaire vainement dans ses apparences et à oublier sa réalité, plutôt qu’à vibrer dans la béatitude de son Essence divine. Il force alors à centrer son attention sur sa petite personne et à combler ses attentes, plutôt qu’à motiver à poursuivre sa quête de fusion dans l’Unité, le seul Etat de Bonheur total.

Les contradiction de l’ego

Dans l’intériorisation, l’ego se sent isolé, abandonné, laissé pour compte, mal à l’aise dans le silence vibrant de la Vie, et il s’en désole, car, dans cet état, il n’est plus en mesure de trouver un interlocuteur connu ou reconnaissable et devient incapable de se projeter où il voudrait. Il vit alors une frustration qu’il refuse de reconnaître, ressentant une agressivité larvée, qu’il ne veut admettre. Il peut en venir au suicide, le préférant souvent à la solitude. Son passe-temps favori, c’est de passer d’un opposé à un autre, sans chercher à établir des liens trop significatifs, mais occupé à dégager des critères stricts et des divisions importantes. Toutefois, il se garde de les confronter dans un présent dynamique: il les confie plutôt à la mémoire, ressentant qu’il s’annihilerait en s’absorbant dans un présent vivant, car il n’aurait plus rien à penser, il n’aurait qu’à être et à observer.

Culpabilité inconsciente

L’ego, qui s’identifie toujours de façon illusoire à la pensée centrée sur elle-même, mène une existence trépidante, frénétique et tourmentée, dans la spéculation superficielle. Il s’active sans cesse, car il vit dans la culpabilité inconsciente de se savoir responsable de tout ce qui lui arrive de désagréable, mais de rester tout aussi irresponsable dans ses visées. Il sait ne pouvoir survivre que par les pensées, qu’il forme constamment en pléthore comme son produit et son aliment essentiels, dont il ne pourrait pourtant se passer.

Besoin de combler le vide affectif avec les raisonnements et projections du mental

Voilà pourquoi il abhorre l’instant, qui lui apparaît comme un trou dans la continuité, comme une petite mort temporaire. C’est la même raison qui explique que les grands intellectuels dorment peu. L’ego préfère retourner dans le passé, pour s’en désoler ou s’y complaire de ses exploits, ou plonger dans le futur, pour inventer des rêves éveillés ou des projections d’avenir. Car il a éminemment peur de la mort, qu’il sait inéluctable pour lui, tôt ou tard, mais qui lui rappelle surtout sa vanité, ce qui l’humilie. L’ego se refuse obstinément à reconnaître la seule réalité qui soit, le moment présent, pour s’y concentrer de façon créatrice et évolutive. Ainsi, il remplit le cerveau de son esclave de projections fumeuses, dont il disserte longuement, faisant bien du vent, et il ne croit vivre que s’il est parmi d’autres personnes ou s’il expérimente dans un contexte de variété. Il lui suggère de multiples obligations. C’est le maître des il faut et des je dois. Il vit la double solitude de se sentir séparé des autres et de son Être intérieur.

C’est cette seconde solitude qu’un sujet cherche à fuir dans le mariage, l’implication sociale, l’investissement à fond de train dans son métier, sa carrière ou sa profession, en s’absorbant dans l’acquisivité, les jeux de pouvoir, la quête de renommée, l’accumulation des connaissances, la griserie des plaisirs des sens. Il ignore ainsi l’aisance, la spontanéité, le mouvement libre du présent, et il mène une existence larvaire, triste, sérieuse, sévère, compassée, dans une ambiance alourdie par les relents d’un passé révolu et les brumes d’un futur imprévisible.

Le respect de soi

Le fait de tout ramener à soi, pour mieux comprendre le déroulement de la vie, aussi parce que seule son expérience personnelle est probante, n’est pas une attitude égoïste. C’est même l’attitude responsable qui ouvre la voie à l’altruisme. En effet, c’est en se comprenant bien qu’on peut mieux comprendre les autres par la suite. Du reste, plus on est comblé, moins on force les autres à combler ses besoins et moins on compte sur eux pour les combler. Il n’y a aucun mal à se donner ce qui comble ses besoins et ses désirs, tout ce qu’on n’a pas, mais qu’on veut obtenir et connaître, loin de là. Il n’y a pas de mal non plus à refuser de faire ce qu’on n’a pas envie de faire ou ce pour quoi on n’a pas la compétence. Cela s’appelle plutôt le respect de soi. Celui qui sait s’occuper de lui-même accroît son énergie et gagne du temps, se permettant de mieux s’occuper de lui-même et de mieux aider les autres. On cultive l’ego si on en fait trop ou si on n’en fait pas assez. On le cultive encore si on s’installe dans la performance, le perfectionnisme, l’activisme, mais également si on s’installe dans l’apathie, le laxisme, le laisser aller, l’inertie, l’indifférence, l’insensibilité.

Aliénation et négation

Celui qui s’engage envers lui-même n’empêche personne d’en faire autant. Celui qui occupe convenablement son territoire, pour y prospérer et y prendre de l’expansion, n’enlève rien à l’autre et n’empêche pas l’autre d’occuper le sien. Il détient même le droit de déloger celui qui se serait immiscé sur son terrain et le revendiquerait comme le sien. Quand on n’accorde pas la priorité à sa vie, à ses pensées, à ses sentiments, à ses ressentis, à ses perceptions, à ses buts, on passe à côté de soi, on se perd dans les attentes des autres, on nourrit leurs projets, plutôt que les siens, d’où on se dépersonnalise et se dévitalise. Alors, rien ne peut prendre de la consistance ni de solidité en soi pour démontrer la véracité de sa quête. En pareil cas, on peut paraître calme et serein, mais il y a fort à parier que tout remue profondément, en soi, et perturbe puissamment son être. On vit forcément dans un mouvement de sourde révolte et un grand sentiment d’aliénation. Et attention quand la marmite éclatera !

Celui qui a appris qui il est, parce qu’il est resté à l’écoute de lui-même et s’est donné ce qu’il voulait, peut avancer vers son but, calme, fier, digne, solide comme un roc. Et c’est ce qui dérange celui qui n’a pas suivi la même démarche et qui l’accuse d’égoïsme. Nul n’a le droit de porter un tel jugement qui trahit des intentions mesquines. Celui qui traite l’autre d’égoïste témoigne de son envie ou de sa jalousie. Il n’accepte pas la réussite de l’autre ou le bien-être qu’il a réussi à se donner. Il croit que l’autre a pris une part qui devait lui revenir sans qu’il ait le moindre effort à produire, mais qu’il ne mérite pas du fait qu’il n’a pas agi. Ainsi, pour échapper à la reconnaissance de son impuissance, il dit trouver abominable que l’autre fasse pour lui-même ce qu’il aurait tellement aimé qu’il fasse plutôt pour lui.

Positionnement de soi dans le Tout

Celui qui veut faire preuve de cohérence et d’intégrité devra reconnaître qu’il favorisera justement le cheminement des autres en suivant la meilleure voie pour lui-même, voie qu’il doit lui-même choisir et se tracer. Le détachement n’implique pas la notion d’un sacrifice imposé, mais celle d’une libération volontaire, dans l’acceptation d’assigner une limite aux débordements de son ego dans les aspects qui sont préjudiciables aux autres, mais aussi à soi-même, parce qu’ils ralentissent l’évolution personnelle. Évoluer, c’est fondre progressivement dans le Tout, en laissant mourir sa personnalité, pour mieux intégrer son identité divine. Quand la personnalité n’a plus raison d’être, il faut la laisser se dissoudre, car on ne perdra jamais son individualité spirituelle, qui est un acquis éternel. Le lâcher prise ou le détachement ne concernent que les éléments qui encombrent la conscience ou qui fomentent la séparativité.


LES PIÈGES DE L’EGO - Paranoïa et clivage de soi

L’ego nie qu’il existe une identité spirituelle qui ne soit pas limitée par la forme physique. Bavard et critique, il parle constamment à travers son monologue intime pour convaincre qu’il faut juger de tout et de tous afin de prévenir les pièges arbitraires qui se dressent tout au long de son existence, pièges inventés pour limiter son expérience ou entraver l’expression de sa vie. Pour parvenir à ses fins, l’ego fait toujours surgir dans ses pensées les aspects négatifs de la vie. Son principal message, fondé sur la peur, veut faire croire que la vie est fondamentalement hostile et inhospitalière et qu’elle s’ingénie à dresser des obstacles arbitraires qui peuvent même devenir mortels. Ainsi, à son avis, il faudrait sans cesse redouter d’être isolé, esseulé, abandonné dans un monde de pénurie, de contraintes de toutes sortes, monde qui impose de chercher ce qu’on peut concevoir de grandiose, mais qu’on ne trouvera probablement jamais.

Clivage et repli égoïste

Ne croyant pas à la plénitude ni à l’unité, il considère l’amour comme suspect et la paix comme redoutable, car ils peuvent émousser la prudence indispensable pour identifier les illusions qui pourraient, à son insu, entraîner sa perte. Aussi vaut-il mieux, à son avis, de s’abandonner aux pulsions gluantes de l’affectivité, dans des jeux de pouvoir, que de se présenter de façon authentique, loyale, sincère, transparence, car on pourrait se faire attraper. Puisque la vie n’exprime qu’un bref intermède dans une période indéterminée et indéterminable, autant prendre d’abord en considération ses propres besoins égoïstes, quitte à s’investir, au besoin, dans des relations de mutualité qui servent les intérêts réciproques et fondent les bons procédés, un moyen d’éviter les confrontations fatales dans la quête de la survie.

Car, pour l’ego, il faut toujours suspecter la sincérité des autres qui représentent, essentiellement, une menace latente. Pour se divertir des coups possibles du sort et s’assurer qu’on garde l’amour à l’écart, il convient de trouver des substituts comme les idoles, représentés diversement par la jouissance physique, les artifices corporels, le sexe, la drogue, le jeu, l’argent, la célébrité, le confort, le bien-être, tous les attraits du monde extérieur, pourquoi pas la projection de ses torts sur les autres, l’inquiétude, l’angoisse, la culpabilité, l’esprit de performance, l’activisme, le perfectionnisme, qui donnent l’impression de vivre intensément.

Ego et hypocrisie

L’ego refuse d’être interrogé, critiqué et contredit, de rendre des comptes, bien qu’il en demande à tous. Il impose le fait qu’il peut sans cesse faire à sa guise. Il veut constamment plaire, être aimé, accepté, respecté, supporté, adulé, même quand la conduite qu’il propose devient hostile, désagréable et agressive, car il ne peut agir ainsi que pour le bien de tous. Pour lui, le but des relations interpersonnelles vise à faire comprendre à tout le monde qui est le maître et détient le droit de commander, bien sûr lui. Il atteste que tout ce qu’il dit est juste et vrai. Ainsi, si un manque d’harmonie se produit, il ne peut qu’avoir raison, d’où l’autre doit admettre son tort. Chacun doit se rendre compte que si un problème surgit, quelqu’un d’autre doit en assumer la responsabilité, s’en reconnaître la cause et en accepter le blâme, car lui, il reste toujours blanc comme neige.

L’ego stipule qu’il existe une loi pour lui, le sage, et une autre pour l’autre, l’ignorant. La première lui permet d’agir de façon accaparante, possessive, jalouse, envieuse, impérieuse, subjective, suspicieuse, même d’être malhonnête, déloyal, fourbe, hypocrite, manipulateur, cachottier, parasitaire, intimidant, belliqueux. L’autre interdit à qui que ce soit d’en faire autant parce que son niveau de conscience ne le légitime pas. Lui, il peut se permettre toutes les liaisons et les incartades, mais pas l’autre. Ainsi, l’ego établit les lois absolues de toutes les relations interpersonnelles, l’une des premières décrétant que tout autre serait impardonnable de faire quoi que ce soit qui contrerait sa volonté et qu’il mériterait alors une sanction adéquate, forcément rigoureuse et vindicative.

Voilà comment s’exprime l’ego diviseur et séparateur qui impose qu’on accorde plus d’importance aux différences, en soi menaçantes, sources potentielles d’insécurité et d’angoisse, qu’aux similitudes et aux ressemblances. Il recommande de garder le souvenir des douleurs et des souffrances du passé pour se rappeler sans cesse à quel point les relations interpersonnelles peuvent être dangereuses. Il rappelle que la peur, début de la sagesse, reste le meilleur moyen de prévenir les dangers, pour s’en protéger, afin d’assurer sa sécurité et sa paix d’esprit. Il attise constamment les braises des mécanismes de défense et d’agression, amenant à perdre le sourire et la joie de vivre. Le sourire ne doit monter aux lèvres que pour exprimer la politesse, la déférence, la flatterie, l’obséquiosité, la moquerie, le dépit, un mercantilisme voilé. Il peut encore masquer sa tristesse profonde et la grande blessure de son âme.

C’est l’ego qui a engendré le grand aveuglement qui force maintenant à l’Éveil de la conscience. On peut produire cet éveil personnel par l’humour, en apprenant à rire de soi, plutôt que des autres, et par la compassion, qui ouvre aux autres. Il faut cesser de se prendre autant au sérieux et de porter partout son incommensurable vanité. Inutile d’attaquer l’ego de front, ce poltron n’en deviendrait que plus rebelle et récalcitrant. Au fond, il masque un sentiment d’impuissance et d’infériorité et une peur congénitale de disparaître de façon arbitraire. Alors, il faut savoir l’aimer dans ses peurs, sa vulnérabilité et son impuissance.

Dès qu’on se sent perturbé, il faut se demander quelle est cette dimension de son être qui manque de confiance et de sérénité. Il faut l’identifier en allant jusqu’au bout de sa démarche en se demandant le pourquoi du pourquoi de ses malaises, sans faire de concessions, sans faire preuve de fausse indulgence. Il faut se promener, en observateur, dans les méandres de ses raisons, de ses justifications, de ses aversions, de ses projections, de ses prétextes fallacieux, comme si on entrait pour la première fois dans le jardin de son inconscient, pour se familiariser avec eux.

Ego et identifications dans des reflets narcissiques

«Je suis ceci ou cela, ou ceci et cela, cela est appelé l’identification, l’ego (ou le sens de l’ego). Je suis exclusivement et séparément ce que je suis. Ceci est bien évidemment vrai pour toutes choses, l’une par rapport à l’autre. Je suis, c’est le sens singulier de l’expérience totale de l’existence. Tout porte un sens de sa propre signification : un pin, un chêne, un brin d’herbe, une étoile, un tigre, le blé dans le champ… toute chose, sans exception, porte une signification et se trouve en contraste par rapport aux autres choses. Ce sens d’une signification est l’être même, tel qu’il est. Cela ne veut pas dire que l’ego est une chose ; il s’agit davantage d’une indication de ce que l’on pense être. Il peut être compris comme la saisie, ou l’identité attachée. Descartes disait : Je pense donc je suis. Mais en fait, il avait compris ceci à l’envers. Je suis donc je pense. Un enfant n’est pas né en pensant. Un enfant est dénué de pensée. Il est. L’enfant est en fait dépourvu d’ego.

Apprendre à abandonner les sens erronés que donne l’ego à nos interprétations

À ceux qui mûrissent spirituellement – ce qui signifie qu’ils commencent à voir les choses telles qu’elles sont, non colorées par la projection ou ligotées par le conditionnement – il est rappelé sans cesse que le sens de l’ego est l’ennemi d’une compréhension véritable. Ce sens de l’ego doit être abandonné, et il doit l’être complètement, sans quoi aucune clarté n’est possible, tout simplement. Même lorsqu’un sens profond et extrêmement simple de la totalité est compris, même s’il n’est pas une chose, le sens de l’ego est considéré comme une oscillation entre splendeur et ignorance. Le sens de l’ego peut être extrêmement subtil.

Ce n’est pas une question de bien ou de mal, c’est une question de compréhension, ou d’illusion.

L’illusion représente également une grande partie de l’expérience de la vie : elle est l’une des possibilités les plus présentes de façon conséquente, offertes par la vie à chacun et à tout instant. En fait, l’illusion a sans cesse ordonné les choses dans ce monde de façon juste. C’est à travers les limites que nous en venons à connaître ce qui se trouve au-delà d’elles.

Le sens de l’ego est important, il est le lieu où notre expérience est stockée, il est ce que nous en venons à penser de nous-mêmes.

Il ne peut pas, et ne doit pas, être éliminé prématurément, car d’une certaine façon, il est la fondation sur laquelle nous nous tenons. Cependant, cette fondation est, en fin de compte, faite de sable et se modifie par une constante succession d’identités qui traversent notre vie. Plus l’on mûrit, plus l’on va au-delà de ses identités ; et plus l’on se débarrasse de la cape de l’individualité, plus l’on se libère des limites du moi et toi. En fait, ce sens de l’ego n’a aucune réalité, il n’est rien d’autre qu’une expression. Peut-être l’ego peut-il être considéré comme l’attachement -et l’identification- aux conditions de l’expérience humaine. L’état dépourvu d’ego pourrait, lui, être vu comme la condition inconditionnée de l’expérience humaine. Conditionnée parce qu’elle existe, et inconditionnée parce qu’elle n’est pas contrainte par le conditionnement. Quoi que l’ego soit ou ne soit pas, ceci est naturel. Certains le surmontent, de nombreux autres en sont lourdement encombrés, et pourtant, il s’agit là d’une expérience intégrale de la condition humaine.»
 
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